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00:00Vous êtes sur France 24, bienvenue dans la semaine de l'écho.
00:07Voici la principale information que nous allons développer pendant cette émission.
00:111h40 de réunion, une poignée de main glaciale, pas de déclaration commune à la fin.
00:17C'était pourtant la rencontre la plus attendue de ces derniers mois.
00:20Donald Trump et Xi Jinping se sont rencontrés ce jeudi en marge du sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique en Corée du Sud.
00:28Rencontre à haute valeur diplomatique et économique et qui s'est soldé par une trêve dans la guerre commerciale.
00:34Washington et Pékin se sont notamment entendus sur l'approvisionnement en terres rares, matériaux essentiels pour nos écrans, pour les voitures électriques
00:43et sur lesquels la Chine exerce un quasi-monopole.
00:47Ça reste un point de discorde entre la Chine et l'Union Européenne qui, elle, cherche sa contre-attaque.
00:52Peut-être l'illustration du déséquilibre économique récurrent entre le vieux continent et le géant asiatique.
01:00Et pour nous aider à comprendre ce qui s'est joué lors de cette rencontre entre les présidents des deux plus grandes puissances mondiales,
01:07Elvire Fabry, bonjour.
01:09Merci d'être avec nous.
01:10Vous êtes chercheuse senior à l'Institut Jacques Delors et spécialiste du commerce international.
01:16Bonjour à Laure Palais, merci d'être avec nous, directrice associée au cabinet de conseil mascaré, spécialiste des relations sino-américaines.
01:25Bonjour à Camille Vachery, fondateur et directeur de VVR International, co-fondateur de Global Alliance.
01:32Vous accompagnez les entreprises européennes et américaines qui veulent s'installer en Chine.
01:37Votre avis de chef d'entreprise nous intéresse énormément.
01:42Et puis nous sommes en liaison avec Emmanuel Véron, spécialiste de la Chine contemporaine, chercheur associé à l'INALCO.
01:50Vous êtes l'un des artisans de ce numéro spécial de la revue Diplomatie consacrée justement à la géopolitique de la Chine.
01:59Mais avant de vous donner la parole, le rappel des faits et récits d'une rencontre qui a fait couler beaucoup d'encre avec Thibaut Francesquet.
02:07Une poignée de mains après 1h40 d'échange et aucune déclaration commune.
02:14La première rencontre entre les dirigeants chinois et américains depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a été relativement succincte.
02:22Il ne s'était pas vu depuis six ans, mais le président américain la qualifie de grand succès.
02:28Dans son avion qu'il a immédiatement repris après l'échange, il s'est confié aux journalistes sur le contenu des discussions.
02:33Première avancée, un accord sur les terres rares et une réduction des droits de douane sur la Chine.
02:40Il n'y a plus de blocage sur les terres rares.
02:44Ça va disparaître de notre vocabulaire.
02:46C'est un accord d'un an et nous l'étendrons ensuite.
02:50Les droits de douane étaient de 57%.
02:52Ils passent à 47%.
02:54Nous les avons réduits par rapport au fentanyl.
02:57Car je crois qu'ils prennent vraiment des mesures à ce sujet.
02:59On le voit déjà.
03:00Le fentanyl, un sujet majeur pour le président américain.
03:04Cette drogue fait des ravages aux Etats-Unis et il estime que la Chine n'en contrôle pas la circulation.
03:10Sur les terres rares, Donald Trump était furieux après l'annonce par Pékin d'une réduction des exportations.
03:16Ces minéraux sont indispensables à l'industrie américaine.
03:19Au début de la réunion, le président chinois se montrait plutôt optimiste.
03:23Monsieur le président, je suis prêt à continuer à travailler avec vous pour établir une base solide pour les relations entre la Chine et les Etats-Unis
03:31et créer une atmosphère propice au développement des deux pays.
03:37Les deux dirigeants ont aussi abordé la guerre en Ukraine.
03:40Le président américain assure qu'ils vont travailler ensemble avec la Chine pour tenter de trouver une issue.
03:45En revanche, ils n'ont pas parlé du dossier majeur de Taïwan.
03:49Un sujet qui sera peut-être abordé lorsque Donald Trump se rendra en Chine en avril.
03:54Dernière annonce après cette rencontre.
03:56Xi Jinping sera ensuite invité aux Etats-Unis.
03:58Alors nous allons longuement parler du fond, mais d'abord un mot de la forme.
04:04Xi Jinping a de façon manifeste imposé une distance assez froide à son homologue américain.
04:11Comment est-ce que vous avez analysé ce que j'appellerais le langage corporel du président chinois Elvira Fabry ?
04:18Écoutez, on voit bien que d'abord ça n'est pas une figure politique, un chef d'Etat qui exprime beaucoup d'émotions habituellement.
04:27Et on voyait bien qu'il n'avait pas envie de faire l'objet d'une mise en scène où il était bousculé,
04:34comme Donald Trump nous a un peu habitués ces derniers mois à voir défiler comme ça,
04:39que ce soit au bureau Oval ou dans d'autres occasions, les chefs d'Etat qui se font un peu humiliés.
04:46Et on a tous prêté une attention particulière, je dirais, à la fameuse poignée de main,
04:50et où on voit que Donald Trump n'arrive pas même à... n'arrive pas à véritablement...
04:58S'imposer ?
04:58Non, oui, s'imposer absolument.
05:02Et je dirais que cet échange, vous avez raison de parler du langage corporel,
05:06parce que finalement ça exprime aussi un peu, ça illustre assez bien le résultat de cet échange.
05:12C'est-à-dire qu'on va y venir.
05:14Mais enfin, il n'y a pas eu d'avancée majeure, quelle que soit la façon dont Donald Trump est pu le clamer à la sortie.
05:21Laure Palais, cette poignée de main, vous l'avez regardée ? Comment vous l'avez analysée ?
05:25Alors effectivement, la communication fait partie de l'art de la guerre,
05:28donc on est obligé d'interpréter.
05:31Et évidemment, ces deux dirigeants sont scrutés par le monde entier.
05:33tant cette relation bilatérale est importante pour l'économie mondiale.
05:38Moi, je ne m'arrêterai peut-être pas tant sur la poignée de main que sur la déclaration de Xi
05:43qui disait que la Chine et les États-Unis devraient être des partenaires et des amis.
05:47C'est ce que l'histoire nous a appris et ce que la réalité demande, exige.
05:52Et vous voyez, à partir de cette déclaration, finalement, son attitude, elle est très posée.
05:56Elle est empreinte de sagesse aussi, probablement.
05:59Il sait qu'il est en position, au moins d'égal, on en reparlera après.
06:05Et donc, en fait, vous savez, le terme de concurrent et de concurrence
06:10n'est pas admis dans le vocabulaire de la relation bilatérale par Pékin.
06:15On parle de partenariat et de partenaires, en fait.
06:21Donc, c'est plutôt dans cet état d'esprit, je pense, que cette poignée de main s'inscrit.
06:26Quant à Donald Trump, effectivement, un peu plus fébrile que d'habitude.
06:28On était habitué à un peu plus de folie ou en tout cas de...
06:35D'outrance.
06:36D'outrance, c'est plutôt le terme.
06:37C'est bien le montrer.
06:38Emmanuel Véran, vous êtes d'accord ?
06:42Donald Trump a été déstabilisé ?
06:47Je ne sais pas si on peut dire que Donald Trump a été fondamentalement déstabilisé par cette rencontre.
06:55C'était préparé très en amont.
06:58Trump connaît parfaitement Xi Jinping, si je puis dire.
07:00Il a déjà rencontré l'occasion de son premier mandat.
07:04Et la rencontre ici, non pas sur le territoire chinois, ni sur le territoire américain,
07:08quelque part, faciliter, donner un peu de souplesse, je puis dire, à cette rencontre, d'ailleurs.
07:13Donc, déstabilisé, non ?
07:14En revanche, ce qui est intéressant dans ce fameux langage corporel,
07:17c'est justement le caractère de Trump assez proactif, désinhibé.
07:22Et en face, un Xi Jinping qui, comme vous l'avez rappelé, est plutôt froid,
07:25comme à son habitude, d'ailleurs.
07:27L'économie des gestes, l'économie des regards, d'ailleurs,
07:29puisque vous suivrez pendant l'heure 40 d'échange dans cette annexe de l'aéroport à Poussane.
07:36Enfin, Xi Jinping ne regarde pas droit dans les yeux la plupart de ses corrélégionnaires chinois,
07:42et puis, bien évidemment, la partie adverse américaine, encore moins le président Donald Trump.
07:47C'est quelque part, Xi Jinping, il était là sans être vraiment là, si je puis dire.
07:51Et enfin, pour terminer, pour faire très bref,
07:53il manquait quelqu'un dans cette équipe du côté chinois,
07:56à savoir celui qui est le grand négociateur autour des questions économiques et commerciales,
07:59le fameux Li Chonggang,
08:00ce qui montre bien, on va y revenir probablement après,
08:02que cette rencontre sino-américaine,
08:06l'idée d'abord à apaiser et donner une forme d'apaisement dans la relation bilatérale,
08:11mais que les questions de fond ne sont pas complètement traitées,
08:13ne sont pas complètement purgées.
08:15Camille Varchery, vous, vous êtes un patron,
08:19vous avez l'habitude de signer des contrats,
08:21est-ce que vous auriez signé avec un Xi Jinping
08:24qui avait ce langage corporel qui était tellement à mise à distance ?
08:29Je dirais nécessité fait loi.
08:30Et moi, ce que j'ai vu, en revanche, c'est trois choses.
08:33La première, quand même, c'est se rappeler que le gouvernement chinois et Xi Jinping
08:37sont obligés d'avoir une position extrêmement contrôlée dans chaque mouvement.
08:41Chaque mouvement est préparé, étudié, discuté,
08:44donc rien n'est laissé au hasard.
08:45La deuxième chose, c'est intéressant de voir que c'est Xi Jinping
08:47qui va ouvrir la main vers Donald Trump.
08:49C'est lui qui ouvre la main.
08:51Et ce mouvement-là n'est pas au hasard,
08:52il est tourné sur le côté, il ouvre la main.
08:54Et ça arrive, en fait, au fond du discours de Xi Jinping,
08:56qui est de dire, nous sommes de grande puissance,
09:00chacune avons nos intérêts, il est normal qu'il y ait des passes d'armes,
09:03nous venons de terminer une passe d'armes,
09:05acceptons, pour le bien du monde, de passer à quelque chose de moins offensif.
09:08C'est pour moi ce que je retiens de son discours.
09:10– Alors, Emmanuel Véron l'a rappelé,
09:12la rencontre a été assez courte, 1h40,
09:16sur l'échelle diplomatique, c'est pas très long.
09:19Ça dit beaucoup aussi de ce qui avait été bien préparé en amont,
09:24on n'était vraiment que dans la para, que dans l'image, leur palais ?
09:29– Il y a eu 4 ans de négociations entre Bessent et Elio Ruffeng,
09:33le vice-premier chinois,
09:35qui ont été plus ou moins d'ailleurs aboutis,
09:38parce qu'on a été habitué à Trump 1,
09:40où les affaires étaient plus fluides,
09:43entre notamment Jared Kushner et Lio Ruff, je crois, à l'époque,
09:48qui était vraiment le conseiller économique de Xi Jinping.
09:53Et donc c'est peut-être plus compliqué pour Donald Trump,
09:56aujourd'hui, cette négociation,
09:58parce qu'il est pris entre plusieurs feux
10:00qui n'ont pas les mêmes intérêts.
10:03On pourra y revenir, mais voilà.
10:05– Elvia Fabry ?
10:06– Il faut se souvenir que lorsque Trump a été réélu au mois de novembre,
10:10d'abord les Chinois l'avaient prévu depuis le mois de juillet,
10:13ils s'y attendaient, ce n'était pas une surprise,
10:14et ils préféraient avoir Donald Trump 2 plutôt que Kamala Harris,
10:17parce qu'avec Trump, on peut faire des deals.
10:19Et là, on voit bien que ce qui a été annoncé
10:21ne concerne absolument pas les rééquilibrages
10:24sur lesquels il veut se concentrer.
10:29ça a été simplement les sujets de menaces, d'escalades, de risques,
10:34sur lesquels, finalement, on est revenu en arrière.
10:37Mais il n'y a aucune avancée véritable d'ouverture de marché supplémentaire
10:41pour les intérêts américains,
10:43parce qu'il pouvait en être question,
10:45c'est-à-dire que Donald Trump cherche à obtenir plus d'ouverture du marché chinois
10:51dans certains secteurs, en particulier les secteurs technologiques,
10:53où il pourrait avoir intérêt à investir pour être dans l'écosystème d'innovation chinois
11:00et acquérir un certain savoir-faire.
11:02Il n'en a pas été question.
11:03Finalement, on est revenu sur le début de la présidence de Trump 2,
11:07c'est-à-dire que les Chinois avaient arrêté d'importer du soja,
11:11ce qui provoque une crise parmi les fermiers américains.
11:15Bon, il s'est engagé à nouveau à en importer.
11:19Pour les terres rares, la menace était celle d'appliquer
11:26ces fameuses licences de contrôle
11:27et que le gouvernement puisse décider à qui il en octroyait ou pas.
11:32Ça ne disait pas encore à l'heure actuelle
11:34qu'ils allaient supprimer ces exportations, les bloquer.
11:38Mais en tout cas, ça donnait un levier très fort.
11:40On a une petite, disons qu'on a en effet une sorte de...
11:45On temporise sur un an, on a un peu plus de recul,
11:48et ça calme un petit peu l'inquiétude à travers les marchés mondiaux.
11:53Emmanuel Véron, dans ce bras de fer, qui sort vainqueur finalement ?
12:00Alors effectivement, on aurait tendance à dire,
12:03selon les lectures, les différents commentaires,
12:05que ce serait un site Jinping qui sortirait vainqueur
12:07et donc une autre la Chine de cette rencontre
12:10parce que les Américains auraient reculé ou baissé la garde.
12:13Je ne suis pas persuadé qu'on peut conclure à ce stade,
12:16après une heure quarante de rencontres,
12:18et plusieurs points sur le Fintanil, vous l'avez évoqué,
12:21sur les terrains, vous l'avez évoqué,
12:24et puis sur un ou deux autres points,
12:25mais beaucoup de points n'ont pas du tout été abordés,
12:28que si Jinping sort vainqueur.
12:29Autrement dit, on est à mon avis plus dans la logique
12:32du protocole diplomatique,
12:34envoyant un message réciproque,
12:37tant du côté américain que chinois,
12:39d'une forme d'apaisement,
12:40qui confirme l'idée d'une escalade par palier,
12:45d'une rivalité systémique qui n'est absolument pas réglée,
12:48où il y a une conflictualité latente,
12:50et il y a une forme,
12:51on va y revenir dans l'émission,
12:53de réorganisation mondiale,
12:54des chaînes d'approvisionnement,
12:56centrées d'un côté sur la Chine,
12:58de l'autre sur les États-Unis.
13:00Et les quelques éléments qui ressortent
13:02de la négociation, en tout cas de la rencontre d'hier,
13:06ne viennent absolument pas remettre en question
13:09cette réorganisation du monde.
13:11Au contraire, ils sont, j'allais dire,
13:13microcolins, tout petits,
13:15vraiment réduits par rapport à ces grands enjeux,
13:17ces grands enjeux de fonds structurels,
13:19de réorganisation géoéconomique du monde,
13:21et stratégiques.
13:22Alors, palier, match nul, balle au centre,
13:25on peut résumer à ça alors ?
13:26Alors, désescalade, pas de nouvelle direction,
13:30vous l'avez dit, moi je voudrais rebondir,
13:32alors oui, moi je pense match nul,
13:34en tout cas, un an, pour voir comment ça va évoluer,
13:39parce que Xi Jinping tient ce levier des terres rares
13:42comme un levier très très important dans les négociations.
13:47Mais c'est vrai qu'il y a des sujets
13:49sur lesquels qui n'ont pas du tout été abordés,
13:52je pense aux droits humains, je pense au climat,
13:55il y a des tas de sujets qui n'ont pas,
13:57et comme vous l'avez dit,
13:58qui étaient plutôt des sujets des démocrates avant,
14:00et qui aujourd'hui ne sont plus du tout traités.
14:05Mais, et voilà.
14:08Camille Varcherie, on est là face à une trêve
14:11qui va donc durer un an, éventuellement renouvelable,
14:15on a vraiment l'impression qu'on est sur une durée déterminée.
14:18Comment est-ce que, quand on est patron,
14:20on vit cette espèce de temporalité,
14:23cette espèce de mise entre parenthèses ?
14:26Alors, d'abord, pour revenir à la question de qui a gagné,
14:29moi, je pense que c'est important de voir que,
14:31évidemment, personne n'a gagné,
14:32puisque c'est une bataille au long cours.
14:34Néanmoins, la Chine a su montrer sa capacité de résistance,
14:38et donc inspirée, et politiquement,
14:41je pense que c'est un coup intéressant.
14:43Mais de l'autre côté, là où elle a perdu,
14:44c'est qu'elle a été obligée d'actionner son levier des terres rares,
14:47qui est un levier qu'elle a,
14:48et qui, finalement, va crisper l'Europe,
14:51et peut-être les États-Unis, bien sûr, contre eux.
14:54Et ça, c'est dommage, parce que, finalement,
14:56plus on utilise nos armes, et moins on peut les réutiliser.
14:58Donc, c'est pour ça que je pense que c'est un match nul.
15:00Maintenant, comment est-ce qu'on vit à travers ça ?
15:03Moi, je reviens des États-Unis,
15:05et je peux vous dire deux choses.
15:06Les gens du Dakota du Nord sont très contents de cet accord,
15:09parce qu'avec 16 milliards de soja sur les bras,
15:13destinés à la Chine, et finalement vendables co-chinois,
15:16c'était extrêmement important.
15:18Je pense que Kelly Armstrong, le state représentatif,
15:24est très heureux de ça.
15:25Maintenant, pour les Français et l'Europe,
15:27la question, c'est comment on se positionne,
15:29et on va y revenir, parce qu'il faut arriver à se positionner,
15:32sinon la prochaine année va être difficile.
15:34Elvira Fabry ?
15:35Ce que l'on voit, c'est surtout une réaffirmation
15:37de la dépendance du marché américain au marché chinois,
15:40parce que, là, vous évoquiez le soja,
15:43il y a aussi la question des puces de Nvidia,
15:46les semi-conducteurs de Nvidia.
15:48Il y a quelques semaines, dans la presse,
15:49le PDG de Nvidia critiquait les mesures mises en place
15:55par les États-Unis qui avaient restreint les exportations
15:58des puces de dernière génération vers la Chine.
16:00Les fameuses Blackwell, c'est ça ?
16:02Absolument, parce que la décision du Parti communiste chinois
16:07a été de demander aux entreprises de ne plus importer de puces,
16:11pas simplement toutes les générations de puces Nvidia,
16:16c'est-à-dire se passer de l'approvisionnement de Nvidia.
16:19Et on a vu s'effondrer complètement la part du marché de Nvidia en Chine,
16:24passer de 50% à 0% en quelques semaines,
16:31alors que là, Donald Trump a dû renégocier, finalement,
16:35un accès au marché chinois,
16:37en redonnant, en signifiant que Nvidia était à nouveau autorisé
16:41à exporter vers la Chine.
16:42C'est ce que demandait d'ailleurs le PDG de Nvidia.
16:45Oui, oui, absolument.
16:46Mais finalement, là, on perd un petit peu des repères
16:50dans la politique de Donald Trump
16:51entre les critères de sécurité nationale
16:54qui faisaient qu'on n'exportait plus vers la Chine
16:57ces dernières générations,
16:58et puis finalement, ce qui relève purement d'un deal commercial
17:02et du leadership de cette entreprise à l'échelle mondiale.
17:06Alors, je voudrais qu'on regarde une courbe ensemble,
17:10celle du déséquilibre de la balance commerciale
17:12entre les Etats-Unis et la Chine
17:14au bénéfice donc de Pékin.
17:17Les Etats-Unis ont importé l'équivalent
17:19de 439 milliards de produits chinois l'an dernier,
17:22alors que les exportations américaines vers la Chine
17:25ont pesé moins de 145 milliards de dollars.
17:28Comment est-ce qu'on explique ce déficit ?
17:31Il s'est bâti. Sur quoi, leur palais ?
17:35Alors, il y a aussi...
17:36En fait, la Chine a été un révélateur pour les Etats-Unis
17:42vraiment des excès du libre-échange,
17:49de la dollarisation, etc.
17:50Et le Covid en particulier a mis en exergue
17:53cette ultra-dépendance à la Chine
17:56et c'est à ce moment-là que vraiment,
17:58il y a eu un wake-up call, on va dire,
18:01en bon français aux Etats-Unis.
18:03Vous parlez d'hyperdépendance,
18:04mais certains parlent d'interdépendance.
18:06Quand on regarde le déséquilibre,
18:10on a plutôt l'impression que la Chine
18:11est la grande gagnante pour l'instant.
18:13La Chine, vous savez, le chiffre que Donald Trump déteste,
18:16c'est le surplus commercial de la Chine,
18:18c'est 1000 milliards de dollars globalement
18:20et le déficit global commercial des Etats-Unis,
18:23c'est 1000 milliards, vous voyez.
18:24Et ça, c'est un chiffre qu'il ne supporte pas
18:26parce que ça met en exergue, effectivement,
18:29l'asymétrie des deux pays.
18:32Et vous savez que le commerce extérieur,
18:34la balance commerciale, c'est une obsession
18:36pour Donald Trump depuis toujours.
18:39Il l'a rappelé dans son livre
18:40L'art de la guerre.
18:41Il a cette obsession de réduire le déficit.
18:46C'est d'ailleurs le livre de Maya Kendall
18:47qui en parle très très bien, il me semble.
18:50Il y a aussi une dépendance de la Chine
18:53au marché américain,
18:54de même qu'au marché européen.
18:56Parce que finalement, cet ascendant de la Chine
18:59qui exporte tous ses biens de consommation courante
19:01vers les Etats-Unis,
19:03le résultat, c'est aussi qu'elle est dépendante à ce marché.
19:05C'est pour ça qu'en menaçant d'imposer
19:10des droits de douane très importants
19:12en réponse aux menaces de Donald Trump,
19:14il était prêt aussi à assumer un coût économique
19:17important pour les exportateurs chinois.
19:19Emmanuel Véron, interdépendance,
19:21les deux ne peuvent pas se passer de l'autre ?
19:25Absolument, c'est probablement l'une des grandes clés,
19:28mais qui, dans le même temps,
19:30est une des clés qui limitent la possibilité de la guerre.
19:32C'est-à-dire quand vous avez deux grandes puissances
19:34comme le sont la Chine et les Etats-Unis,
19:36qui sont très interdépendantes économiquement,
19:39technologiquement et commercialement parlant,
19:41c'est ce que vous venez d'évoquer,
19:44eh bien on a une possibilité de limiter la guerre à ce start
19:48parce que l'un aurait trop perdre vis-à-vis de l'autre
19:50et récite pourtant.
19:52Ce qui est fondamental ici, c'est ce que vous avez dit,
19:54c'est la balance commerciale chinoise,
19:56le surplus à l'export,
19:58cette gigantesque machine à l'export chinoise
20:00qui, malgré l'écrit, ne faiblit pas
20:02les rentes elles-mêmes se rendent très dépendantes,
20:05ça avait été précisé,
20:06du marché européen,
20:07des marchés nord-américains,
20:09en Asie, etc.
20:10De toute façon, c'est des grands marchés unifiés,
20:12consommateurs,
20:14mais réciproquement,
20:16l'Europe,
20:18l'Amérique du Nord,
20:19est également très dépendante de cette Chine.
20:22Ce qui est intéressant d'observer,
20:23c'est que depuis plusieurs années,
20:24et c'est accéléré depuis la sortie de la période Covid,
20:27la Chine cherche à sanctuariser de nouveaux marchés,
20:31notamment en dehors du marché nord-américain,
20:33du marché états-unien,
20:35de 300 et quelques millions de consommateurs.
20:38Pourquoi ?
20:39Parce qu'elle cherche à sortir de ses surcapacités commerciales,
20:42elle cherche à contourner ses sanctions
20:43et ses difficultés de l'administration,
20:46hier Biden, aujourd'hui Trump,
20:48avec les droits de douane,
20:50et donc cherche à pousser ses produits,
20:52que ce soit des produits à technologie avancée,
20:54d'autres technologies en Europe,
20:56qui est le grand marché facile,
20:57captif et très formidable,
20:59mais également aujourd'hui,
21:00le marché africain,
21:01même s'il n'est pas très gros,
21:02le marché latino-américain,
21:03le marché au Moyen-Orient
21:04et ailleurs en Asie,
21:05et on retrouve ici,
21:07si vous puis dire,
21:08l'expansion commerciale chinoise
21:09qui répond depuis plusieurs mois
21:11à la guerre tarifaire,
21:13aux guerres commerciales de Trump
21:15et ses fameux droits de loi.
21:16Camille Varchéry, une réaction ?
21:17Alors, je voulais rajouter quelque chose
21:18qu'on voit un peu moins,
21:20c'est qu'en fait,
21:20historiquement,
21:21on a transféré à la Chine
21:22tout ce qui était polluant
21:25et puis tout ce qui était
21:26à faible valeur ajoutée,
21:27puis après,
21:28ils se sont mis à apprendre
21:29et à produire et à exporter
21:31des choses à forte valeur ajoutée,
21:33mais maintenant,
21:34ils produisent et ils exportent
21:35des choses innovantes
21:36dont même les Américains ont besoin.
21:38Et je prends, pour exemple,
21:40toute la partie pharma.
21:41Avant 2019,
21:42la Chine ne créait aucune nouvelle molécule.
21:46Là, la Chine est passée
21:47numéro un de fabricants
21:49et de licensing de molécules au monde,
21:51et ces molécules,
21:53les Américains en ont besoin.
21:54On va retrouver la même chose
21:55avec les robots,
21:56on va retrouver la même chose
21:57avec l'IA.
21:58Donc, en fait,
21:58on a une Chine
21:59qui va se rendre indispensable,
22:01même pour l'Europe
22:01et même pour les Américains,
22:03s'ils veulent continuer
22:04à rester forts au niveau mondial.
22:06Et ça, il ne faut pas l'oublier,
22:07et ça change beaucoup de choses.
22:08C'est dangereux ?
22:09Alors, on voit souvent la Chine
22:11comme un danger.
22:12Moi, je vis là-bas depuis 25 ans
22:13et je vois la Chine
22:14comme une opportunité.
22:16Mais ne soyons pas non plus...
22:18Il ne faut pas être naïf.
22:19Naïf, mais ne soyons pas naïfs
22:21avec les Américains,
22:22ne soyons pas naïfs
22:23avec les Indiens,
22:24ne soyons pas naïfs
22:25avec les Chinois.
22:26Ben, moi, Elvira,
22:26ça fabrique.
22:27Ce qui est préoccupant
22:28avec la Chine,
22:28c'est que Xi Jinping
22:29a décidé de faire évoluer
22:31la Chine vers plus
22:32d'autosuffisance.
22:33Donc, se passer, en fait,
22:34des composants,
22:35des intrants
22:36qui viennent de l'étranger.
22:38Et au contraire,
22:39que le reste du monde
22:39soit de plus en plus dépendant
22:41à l'usine chinoise.
22:43Et en effet,
22:44des produits les plus basiques
22:46jusqu'aux produits
22:47les plus sophistiqués.
22:49Technologie,
22:49il est les plus innovante.
22:50Ce qui veut dire
22:51qu'il y a un risque pour nous
22:52de dépendance future
22:53encore beaucoup plus importante.
22:54Puisqu'on parle de dépendance,
22:56justement,
22:56après cette rencontre,
22:57la Chine a fait un geste.
22:59Elle va suspendre
22:59pour un an
23:00ses restrictions
23:01sur les terres rares.
23:02On l'a dit.
23:02C'était un des axes
23:03de la contre-attaque chinoise
23:05dans la guerre commerciale
23:06qui l'oppose à Washington.
23:08Réduire les exportations
23:09de terres rares
23:10pour provoquer la pénurie
23:11et donc la flambée des prix
23:12sur des matériaux
23:14sur lesquels Pékin
23:15exerce un quasi-monopole mondial.
23:17Les terres rares,
23:18cruciales,
23:18elles sont essentielles,
23:20vraiment essentielles
23:21à la production
23:21de produits de haute technologie.
23:23Tellement essentielles
23:23que ce jeudi,
23:24la Commission européenne
23:25a reçu une délégation chinoise
23:27et que le sujet
23:27va être au menu
23:29d'une réunion
23:29des ministres de l'énergie
23:30du G7 au Canada.
23:32Tout le monde cherche
23:33à réduire sa dépendance
23:34à la Chine.
23:36Explication Valérianne Gauthier.
23:37Cérium,
23:40Néodyme
23:41ou encore Disprosium,
23:43ils font partie
23:44des 17 éléments métalliques
23:45similaires
23:46regroupés
23:47dans la famille
23:48des terres rares.
23:49Mais elles n'ont de rares
23:50que le nom.
23:51Elles sont en fait
23:52relativement répandues
23:54sur la planète
23:54et surtout,
23:55on les retrouve
23:56dans de nombreux objets
23:57de notre quotidien
23:58smartphone,
23:59ordinateur
24:00et télévision.
24:02Plus stratégique encore,
24:03les métaux rares
24:04sont omniprésents
24:05dans l'industrie
24:06de la défense
24:07puisqu'ils sont indispensables
24:09à la fabrication
24:10de missiles,
24:11de radars
24:12et de moteurs d'avions.
24:14Pékin détient
24:15le quasi-monopole
24:16sur le traitement
24:17de ces éléments.
24:18La Chine assure
24:19plus des deux tiers
24:20de la production mondiale
24:22et contrôle presque
24:23la totalité
24:24de leur raffinage.
24:26Cette erreur
24:27lui offre donc
24:28une arme redoutable
24:29dans la guerre commerciale
24:30lancée par Donald Trump
24:31depuis son retour
24:32à la Maison Blanche
24:33en représailles
24:35aux droits
24:35de douane américains.
24:36Le ministère chinois
24:37du commerce
24:38avait menacé
24:39d'en restreindre
24:39drastiquement
24:40les exportations
24:42à partir du 8 novembre.
24:44Pékin a finalement
24:45joué l'apaisement
24:46en décidant
24:47d'un répit
24:48valable un an,
24:50une épée
24:50de Damoclès
24:51qui reste toutefois
24:52suspendue
24:53au-dessus
24:53de la tête
24:54des dirigeants
24:55et des industriels
24:56occidentaux.
24:58Alors,
24:59leur palais,
25:00un an de sursis,
25:01une épée de Damoclès,
25:02on vient de l'entendre,
25:03pour dire que la Chine
25:04garde le doigt
25:04sur la gâchette.
25:06Mais est-ce qu'elle a
25:06intérêt à activer
25:08ce levier ?
25:10Alors,
25:10d'abord,
25:10il faut rappeler
25:11que la sécurité
25:12est vraiment
25:12l'enjeu
25:13de cette guerre commerciale.
25:15On peut le rappeler,
25:16la sécurité de l'État
25:16parti pour la Chine
25:17et la sécurité nationale
25:19côté américain.
25:21Parce que tout ce que fait
25:21Donald Trump
25:22avec les droits d'ouane,
25:22il le fait au nom
25:23de l'Emergency Act
25:24qui est une loi
25:26de 1975
25:26qui lui permet
25:27de contourner
25:28le Congrès,
25:28etc.
25:29Mais pour répondre
25:30à votre question,
25:32oui,
25:32c'est probablement...
25:34Enfin,
25:34ça laisse un sursis
25:35d'un an,
25:36ça inquiète beaucoup
25:36l'opinion à Washington
25:38et les entreprises aussi.
25:40Vous avez parlé
25:40de Nvidia,
25:41mais en contrepartie
25:42de ces terres rares,
25:45les États-Unis
25:45ont un compte
25:47d'avance
25:47sur les semis.
25:48On parle des entreprises
25:49Camille Ferreri.
25:52quand vous parlez
25:53avec vos clients,
25:54ces clients
25:55qui veulent s'installer
25:56sur le marché chinois,
25:58qu'est-ce qui vous remonte
25:59du terrain ?
26:00Qu'est-ce qui vous raconte ?
26:01Alors,
26:01la première chose
26:02qu'ils nous racontent,
26:03c'est qu'il y a
26:04des opportunités
26:05vraiment intéressantes,
26:06mais ça va très vite.
26:07Et c'est toute la problématique.
26:09C'est comment mettre en place
26:10une organisation
26:11qui est capable
26:11de s'adapter.
26:12Et finalement,
26:13c'est ce que l'Europe
26:14et les États-Unis vivent aussi.
26:16C'est comment mettre en place
26:17des règles,
26:18des négociations,
26:19des positions
26:20qui puissent évoluer très vite.
26:22Et je pense que c'est ça
26:23vraiment le maître mot.
26:24Ils vont très vite.
26:25Alors,
26:26ce jeudi,
26:27la Commission européenne
26:27recevait une délégation chinoise
26:29pour discuter justement
26:31du sujet des terres rares.
26:32Quelques jours auparavant,
26:33avant la rencontre
26:34Xi et Trump,
26:37Ursula von der Leyen,
26:37la présidente de la Commission,
26:39disait que l'Union
26:40se concentre
26:41sur la recherche
26:42de solutions
26:43en coopération
26:44avec Pékin,
26:45tout en se disant prête
26:46à utiliser
26:47tous les instruments
26:48à disposition
26:49pour réagir,
26:50c'est nécessaire.
26:51C'est quoi ces instruments ?
26:52De quoi parle-t-on exactement ?
26:53Alors,
26:54la Commission européenne
26:56a déjà mis sur la table
26:57il y a déjà
26:58plus de deux ans
26:59une stratégie,
27:00le Critical Mineral Act,
27:02qui a fixé des objectifs
27:03pour les États membres,
27:04puisque c'est au niveau
27:04des États membres
27:05qu'il faut s'organiser,
27:06de diversification.
27:08C'est-à-dire,
27:08à la fois,
27:09pour la mine,
27:11l'accès aux minerais,
27:12et donc terres rares,
27:14on en a dans l'Union européenne,
27:15mais les autres,
27:16on a un peu de lithium
27:17en France,
27:18tous les minerais
27:18dont on a besoin,
27:19il va falloir aller les chercher
27:20là où ils sont,
27:21bien entendu.
27:22Donc c'est à travers
27:22les accords commerciaux
27:23et des accords commerciaux
27:25ad hoc,
27:26en particulier
27:26des partenariats
27:27spécifiques
27:28avec le Canada,
27:29le Kazakhstan,
27:30la Namibie,
27:31l'Indonésie,
27:32là on vient de signer,
27:33qui visent à,
27:35bien entendu,
27:36au sein du Mercosur
27:37et le Chili,
27:38qui visent à assurer
27:39cet approvisionnement
27:41européen.
27:41À verrouiller
27:42donc l'approvisionnement.
27:43Absolument.
27:44Et qu'il n'y ait pas
27:45de discrimination,
27:46qui puisse en tout cas
27:47pénaliser les Européens.
27:48Ensuite,
27:49il y a le raffinage
27:50et il y a le recyclage.
27:53Et pour ça,
27:54il nous faut investir
27:55dans la recherche
27:56pour développer
27:57des procédés
27:58qui sont plus verts,
27:59d'autant plus que
28:00de toute façon,
28:01ça fait déjà quelques mois
28:01que la Chine a mis
28:02des restrictions aux exportations
28:04des technologies
28:05de raffinage.
28:06Donc même pour,
28:07si on voulait utiliser
28:08ces technologies
28:09pour produire en Europe,
28:10on aurait déjà des problèmes
28:11d'accès à ces technologies.
28:13Et il nous faut en plus
28:14développer des procédés
28:15qui sont plus propres.
28:17Mais ça,
28:17c'est déjà engagé
28:18depuis un moment.
28:19Simplement,
28:19les États membres
28:20n'avancent pas assez vite.
28:22On voit bien
28:23qu'il y a urgence.
28:24Et là,
28:24le délai que l'on a
28:25d'un an,
28:26de toute façon,
28:27il est problématique.
28:28Déjà,
28:29cet engagement
28:30peut tomber à l'eau
28:31d'ici un mois.
28:33Xi Jinping
28:33ne se priverait pas
28:34de décider
28:35d'imposer des restrictions
28:37s'il le souhaite.
28:38De toute façon,
28:40développer ses capacités
28:41de minage,
28:42de raffinage,
28:42recyclage,
28:43ça prend du temps.
28:44Donc il faut surtout
28:45accélérer,
28:46se coordonner au niveau européen
28:47pour développer des capacités
28:48en commun
28:49et avancer plus vite.
28:50Alors,
28:50cette délégation
28:51qui est venue cette semaine,
28:52il se trouve que ça tombe
28:53à un moment
28:53où il y a cette passe d'armes
28:55entre Xi et Trump.
28:58Mais dès le sommet
29:00franco-chinois,
29:01pardon,
29:01franco-chinois,
29:02UE-Chine,
29:04de fin août,
29:05de fin juillet,
29:05décidément,
29:06de fin juillet,
29:07c'est déjà quelque chose
29:08auquel travaillait
29:10la Commission européenne
29:11d'assurer une garantie
29:13des exportations
29:14de minerais critiques
29:16au sens large
29:16et donc une sorte
29:17de corridor
29:18pour sécuriser
29:21l'approvisionnement
29:21des entreprises européennes.
29:24Camille Bercherie,
29:24est-ce que ce dossier
29:26des terres rares,
29:27on parle de façon
29:28très spécifique,
29:28mais est-ce qu'il n'est pas
29:29symptomatique,
29:30est-ce que ce n'est pas
29:31l'illustration
29:31d'un déséquilibre structurel
29:34qui existe entre la Chine
29:35d'un côté,
29:36l'Occident de l'autre
29:37et plus spécifiquement,
29:38l'Europe ?
29:39Alors oui,
29:40et on le voit bien,
29:40c'est surtout au niveau
29:41de l'industrie.
29:42On a laissé partir
29:43notre savoir-faire industriel
29:44et la question aujourd'hui,
29:45c'est comment
29:46le ramener ?
29:47Et je voudrais prendre
29:47une minute sur ce sujet
29:49parce que je pense
29:49qu'il est vraiment central.
29:51Ma vision,
29:52en travaillant tous les jours
29:53avec des industriels français
29:54et en aidant aujourd'hui
29:56deux sociétés françaises
29:57à avoir des transferts
29:58de technologie
29:58de la Chine
29:59vers la France,
30:00c'est que pour réindustrialiser,
30:02il ne suffit pas
30:02d'avoir juste
30:03une volonté politique
30:04parce qu'il faut cinq choses.
30:06La première chose
30:06qu'il faut,
30:07c'est des clients.
30:08Et on voit que très souvent,
30:09les clients préfèrent avoir
30:10des usines qui tournent
30:10plutôt que des usines
30:11en devenir.
30:12La deuxième chose
30:13qu'il faut avoir,
30:14c'est des équipements.
30:15Et là,
30:16par exemple,
30:16pour le raffinage
30:17des terres rares,
30:19il faut des équipements
30:20et le temps de monter
30:20et d'être capable,
30:21ça va être extrêmement low.
30:22La troisième chose
30:23qu'il faut,
30:23c'est du savoir-faire.
30:24Et on voit bien
30:25avec l'échec
30:26de tous les projets batterie,
30:27Norsevolt,
30:28c'est le plus grand exemple,
30:29c'est un manque de savoir-faire.
30:31Donc il faut un transfert
30:32de savoir-faire,
30:32transfert d'équipements.
30:33La quatrième chose,
30:35c'est des composants
30:35parce que si vous n'avez
30:36pas les composants,
30:37si vous n'avez pas les matières,
30:38vous ne pouvez rien,
30:39il faut beaucoup de temps
30:40pour monter un écosystème
30:42de sociétés capables
30:43de fabriquer les composants.
30:44Et enfin,
30:45c'est l'argent.
30:45L'argent,
30:46l'Europe,
30:46on l'a.
30:47Mais le reste,
30:47on ne l'a pas.
30:48Et moi,
30:48ce que je dis,
30:48c'est que si on ne s'appuie pas
30:50sur du savoir-faire chinois,
30:51on va mettre énormément de temps.
30:53Donc,
30:53Emmanuel Véron,
30:54on a besoin,
30:56l'Occident en tout cas,
30:56a besoin de la Chine.
31:01C'était en tout cas
31:02probablement la prophétie
31:04qui devient israéliste
31:06par elle-même,
31:07autoréalisatrice,
31:08pensée,
31:09analysée par les élites chinoises
31:11à Pékin depuis 30 à 40 ans.
31:13En misant sur,
31:14comme disait Deng Xiaoping,
31:15le slogan est devenu assez célèbre,
31:17on n'a pas vraiment de pétrole,
31:18mais on a des terres rares.
31:20Il y a eu un choix stratégique
31:22de la Chine,
31:23il y a un peu plus
31:23d'une trentaine d'années maintenant,
31:25de peser dans ce secteur-là,
31:27minier et industriel,
31:28ce qui vient d'être parfaitement
31:29résumé et démontré
31:31par les copanélistes,
31:33nos amis en plateau.
31:36Et donc,
31:37d'avoir ce poids stratégique,
31:38de rendre dépendant
31:39aux truies,
31:39notamment la clientèle,
31:40et notamment ici l'Europe,
31:41puisqu'il est question
31:42de la relation sino-européenne
31:44dans le cadre des terres rares.
31:45Donc,
31:46il y a bien une prophétie autorisatrice,
31:47il y a bien une stratégie
31:48qui est derrière chinoise.
31:50Et effectivement,
31:50aujourd'hui,
31:51avec la possibilité de dire,
31:52eh bien,
31:52vous avez besoin de technologie,
31:54vous avez besoin de savoir-faire,
31:55vous avez tout perdu
31:55avec la désindustrialisation
31:57sur les 30 dernières années
31:58ou 40 dernières années,
31:59eh bien,
31:59nous sommes en mesure aujourd'hui,
32:01nous autres Chinois,
32:02de vous servir,
32:04de vous procurer
32:06ces services,
32:07cette ingénierie,
32:08ce savoir-faire,
32:08voire même des sujets
32:10de financement.
32:11Donc ça,
32:12c'est le premier point.
32:12Le deuxième point,
32:13c'est qu'il a été question
32:14du temps
32:15de la Commission européenne
32:17et plus largement
32:17des institutions européennes.
32:19Les Chinois ont tout intérêt
32:20à ce que les discussions,
32:21les réflexions,
32:22les commentaires
32:22se poursuivent
32:23à l'échelle européenne,
32:24parce que ça permettra
32:25de continuer
32:26d'avoir cette asymétrie
32:27et cette forte dépendance
32:28à la Chine
32:29qui est un levier formidable
32:30pour plus généralement
32:32la géopolitique
32:33du lien transatlantique,
32:34autrement dit,
32:35d'avoir une Europe
32:36qui est fragile,
32:37fragilisée,
32:38dépendante
32:38contre les mains
32:39de la Chine
32:39face au duopole
32:40sino-américain.
32:43Oui,
32:43alors,
32:44je voudrais rebondir
32:45à ce que c'est effectivement
32:46sur la partie européenne.
32:48On a trois axes
32:49de réponse,
32:50diversification,
32:51partenariat,
32:52riposte.
32:53C'est un peu un triptyque
32:53qui est en train
32:55d'être mis en place,
32:56mais à 27,
32:57ce n'est pas évident.
32:58On l'a vu avec l'accord
32:59entre les États-Unis
33:00et l'Union européenne
33:02cet été.
33:03On a fait beaucoup
33:04de concessions
33:05parce qu'on avait
33:07notamment les données,
33:08les données économiques
33:10qui pouvaient être
33:10un levier.
33:11Mais reparlons de la Chine,
33:12effectivement.
33:13Moi, ça fait 20 ans
33:15que je circule aussi
33:15entre les trois continents.
33:18On a eu beaucoup
33:18de transferts technologiques.
33:21C'était un gros mot
33:22à Washington.
33:23Enfin, Washington
33:24accusait vraiment
33:25la Chine
33:25de vol de propriétés
33:26intellectuelles.
33:27Moi, je n'irais peut-être
33:28pas jusque-là.
33:29C'est vrai qu'il y a eu
33:29probablement...
33:30Oui, il y a eu
33:31du transfert.
33:32Les entreprises
33:33étaient forcées
33:34de faire des transferts
33:35de technologie.
33:35Oui.
33:36Alors après,
33:37il y a aussi
33:37des négociations
33:38qui ont été
33:40probablement ratées
33:41et le mot réciprocité
33:42était un gros mot
33:43il y a encore 10 ans
33:44pour beaucoup,
33:47surtout des politiques,
33:48qui ne voulaient pas
33:48dire des entreprises.
33:49Vous voyez ?
33:50Vous pouvez voir
33:50un retour de flamme ?
33:52En tout cas,
33:53c'est ce que dit
33:53l'ambassadeur de Chine
33:56en France
33:57dans une interview
33:58qui explique
33:59effectivement
34:00on va repasser
34:01dans un modèle
34:02où on va vous retransférer
34:03du savoir-faire.
34:05Bon,
34:06c'est peut-être exagéré,
34:08mais en tout cas,
34:09on va être obligé
34:10de coopérer
34:11et notamment
34:11sur la partie
34:13climat,
34:13environnement,
34:14parce que
34:14c'est un agenda
34:15qu'abandonne
34:17l'administration Trump
34:19actuellement
34:19et laisse le leadership
34:21à la Chine.
34:22Donc Chine,
34:23Etats-Unis,
34:24au milieu de l'Europe
34:25qui est prise en étau,
34:27comment est-ce que
34:27les Européens
34:28doivent-ils se positionner
34:30pour tirer
34:31leur épingle du jeu
34:31s'ils ont encore
34:32des leviers à actionner ?
34:34Alors il n'y a pas
34:34que les Européens,
34:36il y a le Japon,
34:37la Corée du Sud,
34:37le Canada,
34:38l'Australie,
34:39enfin tout le monde
34:39est pris en étau
34:41finalement
34:41entre les Etats-Unis
34:42et la Chine
34:43parce qu'on subit
34:45les répercussions
34:45de cette escalade
34:47parce que c'est quand même
34:48une escalade
34:49à laquelle on assiste.
34:50Les deux systèmes
34:50sont en train
34:51de se structurer
34:53institutionnellement,
34:54les instruments,
34:55la Chine a répliqué
34:56toutes les mesures
34:57que les Etats-Unis
34:57ont prises
34:58qui peuvent servir
34:59de levier de coercion.
35:00On a vraiment l'impression
35:01qu'il y avait
35:01des décisions miroirs
35:04en fait.
35:05Exactement,
35:05des décisions,
35:06exactement.
35:07Et là on vient juste
35:08de redescendre une marche
35:09mais dans une confrontation
35:12qui va rester historique.
35:14Donc évidemment
35:14pour le reste du monde
35:15ça veut dire
35:15une réorganisation
35:17des chaînes de valeur
35:18mais qui va être
35:19très complexe
35:19parce qu'on voit bien
35:20que le schéma même
35:21Chine plus 1
35:22devient moins évident,
35:24c'est-à-dire
35:24continuer à produire
35:25en Chine
35:26mais aussi dans un autre
35:27État membre
35:27pour diversifier
35:28ou produire en Chine
35:29pour la Chine,
35:30aux Etats-Unis
35:30pour les Etats-Unis
35:31ça devient aussi
35:32moins évident
35:33parce que d'un côté
35:34et de l'autre
35:35ils font davantage
35:36attention aux composants,
35:37c'est-à-dire
35:37composants américains
35:38aux composants chinois
35:39pas simplement
35:39le produit fini
35:40donc ça va devenir
35:41de plus en plus complexe
35:42pour les entreprises
35:43et pour l'Union Européenne
35:44en un mot
35:45s'il y a un objectif
35:47c'est l'unité
35:48c'est-à-dire qu'il s'agit
35:49plus simplement
35:50de se coordonner
35:52prendre le temps
35:53on n'a plus le temps
35:54donc c'est peser
35:55à l'échelle
35:56de l'unité unique
35:57L'heure n'est plus
35:57à la cacophonie
35:58Ah non
35:59il n'y a plus de
36:00la cacophonie
36:00va exposer
36:02tous les Etats membres
36:03tous les secteurs économiques
36:04et ça
36:05le scénario
36:06il est écrit
36:06donc s'il n'y a pas
36:07un bond en avant
36:08de coordination
36:09et d'approche stratégique
36:11oui en effet
36:13le bilan sera très négatif
36:14dans peu de temps
36:15Ça ça vous fait réagir
36:16comme hiberture
36:17Oui alors moi
36:18je voudrais arriver
36:18avec un peu d'optimisme
36:19dans le fin
36:20pour dire une chose
36:21d'abord
36:22la Chine
36:23c'est effectivement
36:241000 milliards
36:24d'excédents budgétaires
36:25nous l'Europe
36:26je ne sais plus
36:27400 ou 500 milliards
36:28de pertes
36:29et les Etats-Unis autant
36:30il est normal
36:31de vouloir changer
36:33cette balance
36:33je trouve même
36:34que ça doit être central
36:35dans la politique européenne
36:36parce que notre argent
36:38part en Chine
36:39néanmoins
36:40ce qui arrive aujourd'hui
36:42c'est qu'il faut
36:42réindustrialiser
36:43pour réindustrialiser
36:44j'en ai parlé
36:45il faut notamment
36:46s'appuyer sur la Chine
36:47la question c'est
36:48que font les Etats-Unis
36:49et là on s'aperçoit
36:50que cette vision
36:51très agressive
36:52finalement des Etats-Unis
36:53par rapport à la Chine
36:54a un impact direct
36:55sur les Américains
36:56et des usines chinoises
36:57qui arrêtent de s'implanter
36:58aux Etats-Unis
36:59non pas parce qu'ils ne le veulent pas
37:00parce qu'en fait
37:01ils sont prêts à faire
37:01du transfert techno
37:02à des conditions
37:03très intéressantes
37:03et même transférées
37:05mais ils ne le veulent pas
37:06parce que les Américains
37:07ne le veulent plus
37:07c'est-à-dire
37:08les gens aux Etats-Unis
37:10refusent les usines chinoises
37:11donc ça c'est une opportunité
37:13intéressante pour nous
37:14Emmanuel Véran
37:15est-ce qu'on peut dire
37:16qu'aujourd'hui
37:17la Chine rend
37:18au reste du monde
37:19la monnaie de la pièce ?
37:23Oui en tout cas
37:24c'est dans le discours
37:26du régime
37:26du parti Etat
37:28que de vouloir être
37:29dans une rhétorique
37:30un peu de revanche
37:32revanchard
37:33ce qui est intéressant
37:34c'est que
37:35ce que l'on est en train
37:36de vivre aujourd'hui
37:36et ce qu'on est en train
37:37d'évoquer
37:38autour du plateau
37:39sur les questions technologiques
37:41sur les questions industrielles
37:42les questions commerciales
37:43et finalement derrière
37:43en toile de fond
37:44des arbitrages politiques
37:46tout simplement
37:46sont pensés
37:48depuis au moins
37:49trois à quatre décennies
37:50en Chine
37:50et ont gardé
37:52un certain cap
37:53si je puis dire
37:54aujourd'hui
37:55sur ces trois
37:57à quatre dernières décennies
37:58ce qui montre bien
37:59qu'il y a cette fameuse
38:00volonté
38:01non pas que revanchard
38:03mais de donner un cap
38:04à la Chine
38:04notamment au régime
38:05au régime du parti Etat
38:07et de s'appuyer
38:09sur les fragilités
38:10de l'Om
38:13en Occident
38:14en Europe
38:14aux Etats-Unis
38:15etc.
38:16et pour finir
38:17très brièvement
38:17c'est ce qui vient justifier
38:19je pense
38:19le caractère assez agressif
38:21en tout cas
38:21particulièrement
38:23tonitruant
38:23et proactif
38:25de l'administration
38:26Trump aujourd'hui
38:27mais qui avait déjà commencé
38:28avec la fin
38:29du deuxième mandat Obama
38:30est pleinement
38:31pleinement commencé
38:32avec son premier mandat
38:33il y a un peu moins
38:34de dix ans maintenant
38:35donc fondamentalement
38:36et j'en terminerai par là
38:37si on ne veut pas sortir
38:39de l'histoire
38:39côté européen
38:40on a ce besoin
38:42de réindustrialiser
38:43de réindustrialiser
38:44intelligemment
38:45et ne pas complètement
38:46se rendre dépendant
38:47des capacités
38:48ingénierie
38:49industrielle chinoise
38:50parce qu'ils continueront
38:51à la fois
38:51de nous faire payer
38:52et d'avoir des mesures
38:54de rétorsion
38:55une fois qu'on a
38:55des process industriels
38:56sur le territoire européen
38:58quel que soit
38:59le secteur industriel
39:00soit du nucléaire
39:01les fameuses terres rares
39:02qu'on a évoquées
39:02leur traitement
39:03leur raffinage
39:04soit l'industrie automobile
39:05ou le faire ouvrir
39:06à cet instant
39:07Voilà ça ce sera
39:08le mot de la fin
39:09de cette semaine
39:10de l'écho
39:11il me reste juste
39:12une toute petite minute
39:13pour vous remercier
39:14tous les quatre
39:15merci Elvire Fabry
39:17de l'Institut Jacques Delors
39:19merci Laure Palais
39:20du cabinet de conseil
39:22Masqueret
39:23et merci à Camille Vercherie
39:24fondateur directeur
39:25de VVR International
39:27cofondateur de Globe Alliance
39:28et merci à vous
39:29Emmanuel Véron
39:30d'avoir été en liaison
39:31avec nous
39:32je rappelle que vous êtes
39:32spécialiste de la Chine
39:34contemporaine
39:34chercheur associé à l'INACO
39:36on va remontrer
39:37la couverture
39:38de la revue
39:40Diplomatie
39:41avec un numéro spécial
39:42consacré justement
39:43à la géopolitique
39:45de la Chine
39:46lecture éminemment
39:48intéressante
39:49en cette période
39:51merci à tous
39:52d'avoir suivi
39:53cette semaine
39:54de l'écho
39:54c'est la fin
39:55mais reste avec nous
39:56l'information continue
39:58sur France 24
40:04de la Chine
40:06de la Chine
40:08de la Chine
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