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00:00Le débat de France 24, il est consacré aujourd'hui à cette rencontre en Corée du Sud entre Donald Trump et Xi Jinping,
00:10la première du second mandat du président américain, six ans après leur dernier tête-à-tête.
00:15Droite douane, terre rare, soja ou encore fentanyl, les deux présidents ont semblé calmer le jeu.
00:21Alors s'agit-il réellement d'une désescalade, d'une trêve ? Est-ce amené à durer ?
00:25On va le voir aujourd'hui avec mes invités. Bonjour Simon Menet.
00:27Bonjour. Vous êtes chargé de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique, responsable du programme Taïwan.
00:33Bonjour Jean-Philippe Béja. Bonjour. Vous êtes sinologue, directeur de recherche au CNRS et au Centre de Recherche International.
00:41Face à vous Alexandre Cateb, bonjour économiste. Bonjour. Fondateur et président de Multipolarity AI.
00:47Et puis je salue également Mélina Huet. Bonjour Mélina. Bonjour Florent. Chroniqueuse internationale bien sûr ici à France 24.
00:52Avant de tous vous donner la parole, les images, les faits, c'est avec Thibaut Francesc.
00:58Une poignée de mains après 1h40 d'échange et aucune déclaration commune.
01:04La première rencontre entre les dirigeants chinois et américains depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a été relativement succincte.
01:12Il ne s'était pas vu depuis 6 ans. Mais le président américain l'a qualifié de grand succès.
01:16Dans son avion qu'il a immédiatement repris après l'échange, il s'est confié aux journalistes sur le contenu des discussions.
01:24Première avancée, un accord sur les terres rares et une réduction des droits de douane sur la Chine.
01:29Il n'y a plus de blocage sur les terres rares. Ça va disparaître de notre vocabulaire.
01:36C'est un accord d'un an et nous l'étendrons ensuite.
01:40Les droits de douane étaient de 57%. Ils passent à 47%.
01:43Nous les avons réduits par rapport au fentanyl.
01:46Car je crois qu'ils prennent vraiment des mesures à ce sujet. On le voit déjà.
01:50Le fentanyl, un sujet majeur pour le président américain.
01:54Cette drogue fait des ravages aux Etats-Unis et il estime que la Chine n'en contrôle pas la circulation.
02:00Sur les terres rares, Donald Trump était furieux après l'annonce par Pékin d'une réduction des exportations.
02:06Ces minéraux sont indispensables à l'industrie américaine.
02:09Au début de la réunion, le président chinois se montrait plutôt optimiste.
02:14Monsieur le président, je suis prêt à continuer à travailler avec vous
02:17pour établir une base solide pour les relations entre la Chine et les Etats-Unis
02:21et créer une atmosphère propice au développement des deux pays.
02:26Les deux dirigeants ont aussi abordé la guerre en Ukraine.
02:30Le président américain assure qu'ils vont travailler ensemble avec la Chine
02:33pour tenter de trouver une issue.
02:36En revanche, ils n'ont pas parlé du dossier majeur de Taïwan.
02:39Un sujet qui sera peut-être abordé lorsque Donald Trump se rendra en Chine en avril.
02:44Dernière annonce après cette rencontre.
02:45Xi Jinping sera ensuite invité aux Etats-Unis.
02:49– Voilà pour les images, avant d'entrer dans le détail des points abordés par les deux présidents.
02:54Sur le fond, est-ce qu'on est là dans une trêve, une pause dans l'escalade des tensions ?
02:58Il n'y a pas de changement de paradigme dans cette relation sino-américaine ?
03:01– Moi, je n'en vois pas particulièrement.
03:04On reste sur une stabilisation et elle vient à point nommé.
03:08Après une escalade des mesures coercitives des deux côtés.
03:12Mais il n'y a pas de changement de paradigme sur la rivalité stratégique, sur la rivalité systémique.
03:17On pourra peut-être revenir plus en détail après, entre les deux Etats.
03:20– Cette escalade, elle devait s'arrêter dans l'intérêt mutuel des deux pays ?
03:23– Oui, je crois que c'était quelque chose de prévu, tout le monde s'y attendait.
03:28Trump a lancé, comme d'habitude en fait, il a lancé de grandes décisions.
03:34Et puis après, il est retourné déjà en arrière beaucoup plus tôt.
03:37Il a commencé au mois de mai à baisser les droits de douane.
03:43Et puis ensuite, c'est reparti en août et puis en décembre.
03:46Donc l'idée, c'est simplement, il fallait avoir une grande victoire.
03:49Alors ce sommet, c'est une grande victoire.
03:53Il s'est battu pour l'avoir.
03:55Je dois dire que Xi Jinping, dans un certain sens, n'était pas du tout chaud.
03:59C'est les Américains qui l'ont annoncé, ils ont insisté là-dessus.
04:02Et maintenant, c'est lui qui dit « it's an amazing meeting ».
04:05On a eu des résultats absolument extraordinaires.
04:08– Bon, c'est son habitude.
04:09– Oui, c'est son habitude.
04:10Mais enfin, si on regarde, c'est effectivement une trêve d'un an et rien n'est résolu.
04:16La concurrence est toujours la même.
04:18Et aucun problème politique n'a été abordé.
04:22Et ça, c'est quand même quelque chose d'important.
04:23Quand on dit les deux plus grandes puissances,
04:26les chefs des deux plus grandes puissances du monde se rencontrent
04:28et ne parlent pas quand même des nombreuses crises qui secouent le monde aujourd'hui,
04:34ça pose quand même problème.
04:35– Économiquement, ça devenait de plus en plus compliqué pour Pékin et Washington.
04:38– Ça devenait de plus en plus compliqué parce que les dernières mesures
04:44qui avaient été annoncées de part et d'autre avaient accentué l'escalade
04:49en fait et les tensions d'un point de vue géoéconomique
04:53puisque les États-Unis ont par exemple étendu leur liste des entités surveillées
04:59ou sur leur liste spéciale à toutes les filiales contrôlées à plus de 50% par ces entités.
05:04Et en rétorsion, la Chine a annoncé ce nouveau régime de restrictions sur les terres rares
05:11qui est beaucoup plus draconien que celui qu'elle avait mis en place au mois d'avril.
05:18Et donc en fait, on est retourné au statu quo qui prévalait avant ces deux annonces
05:23si on accepte les baisses de droits de douane sur le fentanyl de 10 points de pourcentage,
05:31donc les réduisant à 10%, et puis les annonces sur les achats de soja par la Chine,
05:40mais qui finalement, on l'a vu, ce n'est pas forcément quelque chose
05:43qui engage la Chine sur le long terme si on se réfère à de précédents accords,
05:49notamment celui de 2019.
05:51Et on va revenir en détail tout à l'heure sur tous les points des discussions entre les deux hommes.
05:56On l'a noté avant la rencontre, Donald Trump, il a annoncé une relance immédiate
06:00des essais d'armes nucléaires américaines.
06:0233 ans que ce n'était pas le cas, Mélina.
06:04Évidemment, c'est une façon de montrer les muscles avant d'arriver à la table des négociations, c'est du classique.
06:08Oui, oui, bien sûr. Alors, c'est toujours intéressant de voir que c'est intervenu effectivement
06:13juste avant sa rencontre avec Xi Jinping, annonce du département de la défense
06:17ou du ministère de la guerre, pardon, parce que c'est maintenant...
06:20C'est comme ça qu'il s'appelle désormais.
06:21C'est comme ça qu'il faut l'appeler.
06:23Elle intervient avant cette rencontre, mais elle intervient aussi dans un contexte plus global
06:27où Vladimir Poussin a quand même, c'était dimanche dernier, testé un drone sous-marin à capacité nucléaire.
06:33C'est-à-dire que dimanche, on l'a vu, le chef du Kremlin s'était félicité de cet essai final réussi.
06:40Donc le missile de croisière, vous en avez parlé un petit peu avec Elena Voloshin sur ce plateau.
06:44Le bourré Vesnik, le messager de la tempête, c'est un vieux sujet.
06:48C'est-à-dire que dès 2018, il était déjà question de ce bourré Vesnik.
06:53Et je reprendrai le terme que m'a rappelé d'ailleurs Elena Voloshin sur les termes utilisés par Vladimir Poussin
07:00qui dit que de toute façon, les armes, c'est fait pour être utilisé.
07:02Donc ça arrive aussi quand même dans ce contexte-là.
07:04Il y a aussi eu...
07:04Il y a aussi une réponse à la Russie.
07:05– Exactement, drone sous-marin, Poseidon.
07:08Donc c'est une réponse à la Russie.
07:10Après, il faut regarder un petit peu s'il y a eu des précédents,
07:13en tout cas dans ces annonces de « on va refaire des essais nucléaires ».
07:17Eh bien c'est le cas.
07:18J'ai regardé, c'était en 2020, c'est-à-dire il y a quasiment six ans maintenant.
07:22Déjà, les médias états-uniens à l'époque avaient fait part d'une velléité de la part de l'administration Trump
07:26de reproduire, de reprendre ces essais nucléaires.
07:30Au final, rien n'a été fait, comme d'habitude.
07:32Et comme vous l'avez dit, les derniers essais datent de 1992.
07:35– Pour revenir sur ces discussions, c'est la raison économique qu'il a emportée finalement aujourd'hui,
07:39on peut le dire comme ça ?
07:40– Oui, oui, complètement, parce que c'était le focus des différentes discussions
07:43et des différents livrables qu'on a pu voir étaient essentiellement économiques.
07:47Et comme le disait Jean-Philippe, sur les dimensions géopolitiques, sur l'Ukraine,
07:50Trump dit qu'il en a parlé, le communiqué chinois ne le mentionne pas.
07:53Sur Taïwan, aucun des deux partis n'en ont parlé.
07:56Idem sur d'autres problèmes, sur le Moyen-Orient, sur d'autres aspects,
08:00on n'en a pas entendu parler non plus.
08:02Donc c'est vraiment cette discussion économique,
08:05et c'est ce qui ressortait d'ailleurs du communiqué chinois.
08:07– On n'est pas là dans un match, mais est-ce qu'on peut se demander
08:08qui sort gagnant de cette rencontre ?
08:10– Plutôt la Chine.
08:11– Plutôt la Chine, quand on peut voir sur les différents livrables,
08:15la surenchère le 9 octobre sur l'exportation des terres rares,
08:19c'était un levier diplomatique en amont de la discussion,
08:22elle est simplement revenue sur cet aspect-là.
08:23Ensuite sur TikTok, elle reste très évasive.
08:27Sur le fentanyl, soit a priori il y a des étapes et un effort chinois
08:33pour coopérer davantage.
08:34– Mais c'est encore flou pour l'instant.
08:35– Mais c'est encore flou aussi.
08:37Et sur la dynamique globalement et les problèmes plus fondamentaux,
08:40dont on pourra parler aussi sur le système économique chinois,
08:45sur toutes ces dimensions qui sont plus fondamentales
08:47dans la rivalité avec les États-Unis,
08:49la modernisation de l'appareil militaire,
08:51la modernisation technologique ou tout ça,
08:54tout ça reste sur la table et reste problématique aussi.
08:58– Un mot aussi sur la méthode.
08:59On l'a vu, les Chinois sont arrivés avec plein de choses
09:02à négocier autour de la table.
09:03Est-ce que finalement, ce n'est pas une sorte d'adaptation
09:06de la Chine aux méthodes de Donald Trump ?
09:08– C'est-à-dire qu'il y avait des problèmes essentiels,
09:11c'était d'obtenir un retour à des droits de douane
09:16relativement normaux.
09:19– Quoi plus raisonnable.
09:20– Voilà, raisonnable.
09:21Et donc, ils sont venus pour ça.
09:24Ils avaient, comme disait très justement mon prédécesseur,
09:28ils avaient lancé des mesures extrêmement dures en octobre.
09:33Ils sont simplement revenus sur ces mesures.
09:35Ça n'a pas changé grand-chose.
09:37Et dans ces conditions, l'autre chose qu'ils voulaient,
09:39c'était essentiellement une question d'avoir des droits de douane plus bas
09:43et de montrer, parce qu'il faut bien voir que ces sommets,
09:46c'est quelque chose d'important dans les relations bilatérales,
09:48mais c'est aussi important vis-à-vis du pays de l'intérieur.
09:53Or, Xi Jinping n'est pas dans une position aussi forte
09:55que peuvent l'affirmer certains commentateurs,
09:58et il était important pour lui d'avoir une certaine victoire.
10:02Or, il a montré qu'en résistant aux États-Unis,
10:07qui est quand même la plus grande puissance du monde,
10:09même si on dit qu'aujourd'hui elle est en déclin,
10:10mais à la première puissance du monde,
10:12on a réussi à les faire reculer, parce que c'est ça qui se passe.
10:16Ce que vont dire les Chinois, bien sûr, c'est qu'il est très important
10:21que les deux pays coopèrent pour que la paix mondiale, etc.
10:24Mais l'important, c'est, regardez, nous avons résisté,
10:28nous ne sommes pas couchés, et les Américains ont reculé.
10:32Donc, moi, Xi Jinping, vous avez vu, je défends les intérêts de la Chine,
10:36je suis de plus en plus fort.
10:37Et c'est effectivement, dans une certaine mesure,
10:40l'une des conséquences de la politique complètement délirante de Trump,
10:45qui est une politique non consistante,
10:48qui est de renforcer la légitimité de Xi Jinping.
10:51Alors, je ne sais pas si c'était sa volonté,
10:54il avait déjà fait ça un petit peu avec Poutine,
10:56et aujourd'hui, l'une des caractéristiques de Trump,
11:00c'est de taper sur ses alliés et d'être accommodant avec ses adversaires.
11:04Là, on en a encore un nouvel exemple, me semble-t-il.
11:07Xi Jinping a été très dur dans les négociations ces derniers mois, ces dernières années.
11:11Xi Jinping est le seul grand leader mondial qui a résisté à Trump, on peut le dire.
11:17Si on compare la réaction de la Chine à celle de l'Union européenne,
11:22c'est le jour et la nuit.
11:23Il y a encore peut-être Vladimir Poutine qui lui résiste.
11:26Oui, enfin, parmi les grands pôles économiques mondiaux.
11:30Donc, on voit bien que la Chine, en fait, a des atouts qu'elle a fait valoir,
11:34notamment sur les terres rares.
11:37Et c'est quelque chose qui n'avait pas forcément été, d'ailleurs, tout à fait anticipé,
11:42je pense, par l'administration Trump,
11:44et qui a conduit à ce virage à 180 degrés, finalement,
11:48d'une posture d'escalade et de confrontation,
11:52qui était conforme à ce qu'on avait observé lors du premier mandat de Donald Trump,
11:57à une posture beaucoup plus accommodante,
12:00voire une certaine forme de détente géoéconomique et géopolitique,
12:06qui pourrait augurer une amélioration des relations à moyen-long terme,
12:13même si cette rivalité stratégique, comme ça a été dit par mes collègues,
12:18reste entière aujourd'hui.
12:21– Dans le détail, il y a donc eu ces discussions sur le fentanyl,
12:24Donald Trump a décidé d'abaisser de 20 à 10% les droits douanes
12:26qui avaient été appliqués en début d'année à la Chine.
12:29Le fentanyl, c'est évidemment un problème de politique intérieure pour le président américain.
12:33– Absolument.
12:34Alors, c'est intéressant de voir comment il présente ce problème au niveau national,
12:40c'est-à-dire que c'est toujours une question aussi de politique nationale,
12:42comme vous l'avez dit à juste titre,
12:44c'est-à-dire qu'on fait des annonces avec des bilatérales
12:46et des annonces avec des partenaires internationaux,
12:48mais il y a un impact sur le niveau national.
12:50On se dit, nous, vu d'Europe, c'est un souci de santé publique majeur.
12:55Lui, il ne le présente pas du tout comme ça,
12:56il le présente comme les gangs internationaux sont responsables du trafic de drogue mortelle
13:01et donc ça figure parmi les principales menaces pour la sécurité nationale de notre pays.
13:05C'est comme ça qu'il le présente.
13:07Le fait est que dans tous les cas, c'est effectivement un problème majeur.
13:10Mais ce n'est pas que sous Donald Trump,
13:12c'est-à-dire que c'est un problème auquel ont été confrontés également Obama avant lui
13:16et Biden avant lui. La différence là, c'est qu'il obtient,
13:20alors on pourra reparler des engagements,
13:22mais en tout cas, il y a le début d'une piste.
13:26Moi, j'aime toujours revenir sur la sémantique.
13:27Vous parliez effectivement, on l'a vu dans le sujet de Thibaut Francesquet,
13:31il y a toujours des termes très vagues qui sont utilisés.
13:33Grand succès.
13:35On s'est entendu sur, je cite, presque tout.
13:37On a conclu un accord commercial qui pourrait être signé assez bientôt.
13:41On aurait pu écrire les déclarations de Trump même avant la rencontre.
13:44Absolument, mais comme dans toutes les bilatérales,
13:46tous les grands entretiens, les grandes réunions finalement.
13:49C'est-à-dire que même en 2019, lors de leur dernière réunion,
13:52on aurait pu presque anticiper finalement cette rencontre.
13:54Oui, parce que sur le fentanyl, on l'a dit,
13:56la Chine n'a pas vraiment précisé les mesures qu'elle comptait mettre en place.
14:00Non, tout à fait.
14:00Et en 2019, à ce moment-là, il y avait déjà eu des négociations
14:04entre Trump et les Chinois.
14:06sur le fentanyl pour dire, la Chine, vous devez faire plus de choses
14:09pour contrôler tout simplement les flux de fentanyl qui sortaient de Chine,
14:13qui étaient à ce moment-là produits là-bas.
14:15Il y a eu des mesures qui ont été prises.
14:16Donc, la Chine peut montrer sa bonne volonté et agir.
14:21En revanche, ce qu'on voit, c'est que les précurseurs,
14:24donc les ingrédients qui composent le fentanyl et qui viennent de Chine,
14:28continuent d'irriguer, par exemple, les cartels mexicains,
14:31qui ensuite alimentent le marché américain.
14:33Et là, la Chine n'a pas montré sa bonne volonté de le faire,
14:36mais parce qu'aussi, ce n'est pas dans son intérêt, tout simplement,
14:39à agir contre ces activités criminelles en particulier.
14:42Et ça, on le voit sur d'autres sujets,
14:44sur, par exemple, la fraude au télécom en Asie du Sud-Est.
14:47La Chine agit sur certains aspects,
14:49mais pas sur le trafic d'êtres humains, etc.
14:51Idem, on a aussi de leur paillage illicite en Guyane française,
14:54où on a des Chinois qui sont impliqués.
14:56Et idem, là-dessus, la Chine aussi n'agit pas nécessairement.
14:59Donc, voilà, c'est en fonction de ses intérêts purement et simplement.
15:03– Sur le fentanyl, Xi Jinping, il gagne dans ce dossier, en tout cas ?
15:07– Écoutez, oui.
15:08– Il obtient une baisse des droits de douane.
15:09– Il obtient la baisse des droits de douane.
15:11Il s'engage à contrôler les flux,
15:14mais il n'est pas toujours possible de le faire, pour être dit.
15:16Et ça rappelle effectivement ce qui s'est passé en 2019.
15:19C'est-à-dire qu'il y a eu toutes sortes d'engagements
15:21qui n'ont pas été des engagements concrets,
15:23qui n'ont pas été chiffrés,
15:25et qui, au bout d'un an, avaient complètement disparu
15:27et personne ne les respectait plus.
15:29Donc, je crois que c'est quelque chose…
15:30Alors, c'est toujours un peu le cas dans les grands sommets.
15:33On a des grandes déclarations,
15:34et puis après, il faut se mettre au travail.
15:36Le diable est dans les détails, comme on dit.
15:38Mais très probablement, on aura beaucoup de réticences
15:42de la part des Chinois.
15:43C'est-à-dire que pour les Chinois, comme vous le dites,
15:45ce n'est pas du tout quelque chose d'essentiel.
15:48C'est essentiel pour Trump, c'est essentiel pour les États-Unis.
15:51Alors, pour rappeler aussi quelque chose,
15:53on peut rappeler un petit peu d'histoire,
15:54mais au fond, dans une certaine mesure,
15:57le siècle de milliation de la Chine a commencé
15:59avec ce qu'on appelle la guerre de l'opium,
16:02lorsque la Grande-Bretagne, le Royaume-Uni,
16:06utilisait de l'opium pour financer ses achats de thé et de soie.
16:12Alors, dans une certaine mesure, c'est une revanche de la part de la Chine.
16:19Et Xi Jinping, lui-même, aime beaucoup se comparer à Lin Zesu,
16:23qui est celui qui avait osé réagir contre les impérialistes britanniques.
16:30Simplement, à l'époque, la Chine n'était pas forte.
16:33Elle a été immédiatement balayée par les canonnières anglaises.
16:36Aujourd'hui, Xi Jinping dit, moi, je suis à la tête d'une Chine qui est forte,
16:41qui peut imposer ses volontés à l'ennemi.
16:44Et, je répète, encore une fois, ça renforce sa légitimité à l'intérieur.
16:49Et c'est un élément très important aussi.
16:53Alors, je crois qu'effectivement, il faudra qu'on regarde dans les années qui viennent
16:59ce qui va se passer, dans les mois qui viennent, pardon,
17:01ce qui va se passer pour le Fintanil, mais on pourra dire, on va voir ça aussi après,
17:06avec les terres rares et avec les autres accords.
17:08Je pense qu'on n'a pas du tout encore d'accord véritable
17:13et que les choses peuvent très bien retourner en arrière sans problème.
17:16Un commentaire, Alexandre Catelle ?
17:18Oui, je pense que tout a été dit sur cette question.
17:21On voit que c'est une diplomatie transactionnelle
17:25qui a surtout pour objectif d'envoyer des messages,
17:30notamment à une audience domestique, enfin nationale, aux États-Unis.
17:36Il faut rappeler qu'on approche des élections de mid-terms aux États-Unis l'année prochaine.
17:41Donc, cet accord-là avec la Chine, ou cette trêve,
17:44s'inscrit aussi dans cette dynamique pour Trump et pour ses soutiens,
17:51pour justement se concentrer sur les problèmes nationaux
17:54et pour peaufiner sa stratégie pour ces élections de mi-mandat.
18:01L'un des dossiers pendant les 1h40 de discussion qui ont été abordées,
18:05c'est aussi les puces.
18:06Donald Trump a dit dans son vol retour qu'il avait été question de vente de puces Nvidia,
18:10mais pas celle.
18:11Dernier cri, difficile du coup d'évaluer l'ampleur des engagements américains dans ce dossier ?
18:18Oui, là aussi, la question de Nvidia…
18:22On l'a compris, c'est très faux.
18:23Oui, tout est assez clou pour le moment.
18:25Nvidia, Jensen Huang, le PDG, œuvrent pour pouvoir envoyer et exporter des chips,
18:32des puces vers la Chine.
18:34Ils considèrent que c'est un argument, un investissement,
18:38que ça va permettre de soutenir l'RD du groupe.
18:40Tout le monde n'est pas d'accord avec cette analyse,
18:42et moi non plus, dans la mesure où il y a la question d'aider globalement la Chine
18:48à renforcer son avancée dans l'IA,
18:51parce que c'est des puces qui vont lui permettre,
18:53comme on l'a vu avec DeepSync par exemple,
18:55de renforcer et d'accélérer son rattrapage technologique.
19:00Et voilà, il y a cette question des puces qui reste en suspens,
19:03parce que là aussi, on n'a pas une réponse exacte.
19:06Donald Trump dit que ça devra se dealer entre l'État chinois et l'entreprise.
19:09Voilà, mais donc c'est une ouverture, en quelque sorte.
19:11– Oui, Alexandre Cateb, c'est un dossier crucial évidemment, c'est puce.
19:15– Pour moi, c'est le dossier majeur.
19:18C'est le dossier majeur qui structure toute cette rivalité aujourd'hui,
19:21parce que ces puces, non seulement elles permettent une domination économique,
19:25on le voit avec l'intelligence artificielle,
19:27ce que ça génère comme retombée et ce que ça va générer encore dans le futur,
19:32et puis il y a la dimension militaire évidemment,
19:34puisqu'aujourd'hui, ces puces seront de plus en plus utilisées dans le domaine militaire.
19:39Donc on voit qu'en fait, aux États-Unis, il y a deux camps,
19:43celui des faucons qui ont une perspective beaucoup plus géopolitique
19:47et qui ont peur que la Chine rattrape les États-Unis,
19:50notamment avec des capacités de calcul dans le domaine militaire,
19:53grâce à ces puces NVIDIA, notamment celles de dernière génération,
19:58qui sont totalement exclus d'ailleurs des discussions, les puces Blackwell.
20:01Là, on parle des puces de la génération précédente, dites H20,
20:05sur lesquelles portent les débats.
20:08Maintenant, il y a l'autre camp qui est un camp beaucoup plus porté
20:11par la Silicon Valley ou Wall Street,
20:13qui lui est plus, veut faire des profits
20:16et considère que la Chine, c'est un grand marché
20:18sur lequel on ne peut pas faire l'impasse.
20:21Et donc, la dimension géopolitique finalement pour eux,
20:24ce n'est pas un argument valable.
20:26Et le patron de NVIDIA fait tout pour essayer de promouvoir cette vision-là.
20:32– C'est finalement un argument industriel,
20:34la Chine n'arrive pas à produire des puces aussi performantes
20:36que celles qui sont produites aux États-Unis, en tout cas pour l'instant.
20:38– Actuellement, et si on regarde le dernier plénum
20:41du comité central du Parti communiste,
20:44ils ont décidé de mettre le paquet sur le développement,
20:47justement, de ces hautes technologies
20:49et des puces de dernière génération
20:52et peut-être d'une prochaine génération.
20:54Alors moi, je ne suis absolument pas spécialiste
20:55et donc je suis totalement incapable de dire s'ils sont capables de le faire.
20:59Mais ce qui est certain, c'est qu'ils se sont retrouvés dans une position
21:04qui rappelle celle de Mao Zedong dans un sens,
21:08qui est compter sur ses propres forces.
21:10Et donc l'idée, c'est de développer les technologies chinoises
21:14parce qu'on voit qu'on ne peut pas compter entièrement sur ce qui se passe.
21:19Mais ça n'empêche pas, au contraire, de négocier avec les États-Unis
21:22pour essayer d'obtenir ces technologies les plus avancées.
21:26Donc c'est, comme disait Mao Zedong lui-même,
21:29ce marché sur les deux jambes.
21:31D'un côté, on développe ses capacités technologiques
21:35et de l'autre, on essaye d'acheter aussi les technologies les plus élevées.
21:39C'est un problème évidemment très important
21:41puisque les Chinois mettent le paquet sur l'intelligence artificielle
21:45et donc c'est sans aucun doute l'une des questions
21:49qui va se poser au cours des prochains mois
21:52et surtout des prochaines années.
21:53Parce qu'il s'agit d'une tendance à très long terme.
21:57Mélina, est-ce que la vente de ces puces américaines à la Chine,
21:59ça ne pose pas aussi peut-être un problème de sécurité nationale pour les États-Unis ?
22:02Si, vous l'avez bien dit.
22:03De toute façon, il y a des problèmes d'entraînement de l'IA.
22:06C'est-à-dire que même les puces dont on parle,
22:08qui effectivement sont les puces Nvidia H20,
22:10même bridées,
22:12elles peuvent servir,
22:13en tout cas ce n'est pas moi qui le dis,
22:14ce sont des experts à l'entraînement de l'IA
22:16et notamment à des fins militaires.
22:17Donc là, c'est ce que vous disiez tout à l'heure,
22:19c'est-à-dire qu'il y a deux visions qui s'opposent,
22:21une vision purement mercantile
22:23et derrière, une vision géostratégique.
22:25Et donc, on se retrouve avec le même souci
22:27qui avait été évoqué, encore une fois,
22:29je reviens un peu en arrière,
22:30par l'administration précédente qui est celle de Biden,
22:32puisque début décembre,
22:34donc avant que Donald Trump arrive à la Maison-Blanche,
22:37Biden avait déjà restreint
22:39l'exportation vers la Chine de semi-conducteurs
22:42et aussi des équipements pour les fabriquer,
22:44pas seulement les semi-conducteurs.
22:46Et il invoquait déjà les risques
22:47pour la sécurité nationale des États-Unis,
22:49donc le risque, il est très, très bien identifié.
22:51Après, la question, c'est toujours de savoir
22:53qui et qu'est-ce que Donald Trump écoute,
22:57c'est-à-dire une visée stratégique géopolitique à long terme
23:00ou bien des profits très court-termistes
23:04d'une certaine partie de la...
23:06On a peut-être notre idée.
23:08Disons que oui, il y a aussi, encore une fois,
23:10visée électoraliste.
23:11D'ailleurs, j'aimerais bien revenir juste sur ce qu'on disait
23:13par rapport aux différences de stratégie
23:15sur le fait que la Chine,
23:16eh bien, effectivement, peut-être s'inspire
23:19de la méthode Trump pour appuyer du poing sur la table, etc.
23:24Mais je pense qu'il y a...
23:25En fait, on ne peut pas comparer les deux
23:26pour la simple et bonne raison que, d'un côté,
23:29il y a une puissance, les États-Unis,
23:30qui, si Donald Trump ne brille pas un troisième mandat
23:33pour une raison X ou Y,
23:35est quand même contraint par le temps.
23:37Et je parle sous votre contrôle,
23:38mais la Chine, ce n'est pas juste Xi Jinping,
23:40c'est aussi un parti, c'est aussi un pays
23:43qui, dans le temps, peut se permettre, en fait,
23:45d'appuyer sur la pédale de frein,
23:47parce que, de toute façon, derrière,
23:49il y a une entité, il y a un parti.
23:51On peut davantage prendre le temps,
23:52dites-moi si je me trompe,
23:53que Donald Trump qui veut aller très, très vite aussi.
23:55Bien sûr, on peut aller plus tôt,
23:57mais il y a quand même un certain nombre de contraintes
23:59qui pèsent sur le Parti communiste chinois,
24:00même s'il n'y a pas d'élection, etc.
24:02Il y a un problème de développement de l'économie.
24:04Actuellement, on est dans une mauvaise situation économique en Chine,
24:07ce qui n'est pas apparu, mais c'est le cas.
24:10Et il y a effectivement cette espèce de...
24:14Le Parti communiste est obligé de se lancer,
24:19de continuer la croissance pour garder sa légitimité,
24:23pour éviter qu'il y ait d'énormes problèmes sociaux.
24:25Et il y a d'énormes problèmes sociaux en Chine.
24:27Vous avez un vieillissement de la population
24:29qui est extrêmement rapide.
24:31Il y a un chômage des jeunes
24:33qui est de plus en plus développé.
24:36et un désintérêt pour les grandes campagnes lancées par Xi Jinping.
24:42C'est le mouvement qu'on appelle de s'étendre.
24:45Ça s'appelle « Trumping » en chinois.
24:47C'est-à-dire que les jeunes ne veulent plus se lancer,
24:49travailler comme des fous, comme ont fait leurs parents.
24:53Et finalement, la grandeur de la nation,
24:57c'est quelque chose qui est bien sûr important,
25:00mais c'est secondaire par rapport à leur confort dans la vie.
25:04Donc je crois qu'il y a de ce côté-là
25:06un changement de mentalité en Chine
25:09qui est quelque chose de très important.
25:10Alors, il n'a pas produit tous ses effets,
25:12mais on va voir ça.
25:14C'est aussi quelque chose auquel il faut s'intéresser.
25:17Mais pour revenir sur les puces,
25:20quand on parle des puces,
25:22il y a quand même une question qui est essentielle,
25:23qui est au centre.
25:24C'est TSMC et c'est Taïwan.
25:27C'est quand même les Taïwanais,
25:29c'est TSMC qui fabriquent les puces les plus avancées,
25:34pas seulement de Vidya.
25:35C'est véritablement très important.
25:37Oh, Trump a mis énormément de pression sur Taïwan
25:40en obligeant le patron de TSMC à investir.
25:45Alors, c'était 100 milliards de dollars.
25:47Il avait déjà décidé sous Biden
25:50d'investir quelque chose,
25:52mais là, il a dit 100 milliards de dollars.
25:54Et en plus, il met une très forte pression sur Taïwan,
25:58y compris pour qu'elle développe en même temps
26:00et qu'elle consacre une part de plus en plus importante
26:02de son PIB à la défense nationale.
26:07C'est une question centrale,
26:09cette question de Taïwan et cette question des puces.
26:12Donc, si Trump laisse tomber Taïwan,
26:15et aujourd'hui, c'est extrêmement difficile
26:17de dire quelle est sa position.
26:19Alors, je sais que l'ambiguïté stratégique
26:21a toujours été au cœur de la politique américaine,
26:24mais en l'occurrence, on s'inquiète beaucoup à Taïwan
26:27du fait que Trump serait capable
26:29de faire un grand deal avec les Chinois
26:34et il sacrifierait Taïwan.
26:36Donc, dans une certaine mesure,
26:38le fait qu'on n'ait pas abordé la question de Taïwan
26:40aujourd'hui au cours de ce sommet
26:43est peut-être quelque chose de plutôt positif
26:46dans la mesure où les Taïwanais étaient très inquiets
26:49que Trump les lâche.
26:51Donc, c'est simplement une autre question.
26:52C'est votre sentiment également ?
26:53Complètement.
26:53C'est ce que j'allais dire sur Taïwan.
26:55C'est positif que ça n'ait pas été abordé
26:57et c'est encore plus positif que Marco Rubio,
26:59donc le secrétaire d'État américain,
27:00ait clarifié un peu plus la position américaine
27:03en réaffirmant le soutien américain à Taïwan.
27:06Et comme le disait Jean-Philippe,
27:07c'était un point d'extrême vigilance
27:09et de crainte des Taïwanais
27:11que l'administration Trump change son langage
27:14vis-à-vis de Taïwan,
27:15notamment en disant que les États-Unis
27:17ne s'opposent à l'indépendance de Taïwan,
27:21là où la position actuelle n'est pas tout à fait la même.
27:23– Il avait déjà fait du travail auprès de Joe Biden,
27:25mais ça n'avait pas été concluant, Xi Jinping.
27:27– Oui, tout à fait.
27:28– Alexandre Kateb ?
27:30– Je pense que cette question est importante,
27:33mais il ne faut pas oublier que Donald Trump
27:36s'inscrit dans une doctrine géopolitique
27:40qui est celle des grandes puissances
27:44et des zones d'influence de chaque grande puissance.
27:48C'est le monde multipolaire
27:49qui l'a finalement, je dirais, adopté, cette réalité.
27:54Et dans le cadre de cette réalité,
27:56finalement, Taïwan, ça devient une question secondaire.
27:59C'est une carte, certes, dans les négociations,
28:02mais à moyen long terme,
28:04on ne voit pas quel est l'intérêt pour les États-Unis.
28:05Enfin, dans la perspective Trumpienne,
28:08de continuer à défendre Taïwan,
28:12qui le reconnaît, elle-même fait partie de la Chine.
28:15Donc, à partir du moment où vous avez
28:16les capacités de production de puces
28:19qui sont rapatriées aux États-Unis, par exemple,
28:22la question de Taïwan perd de son intérêt
28:25au niveau économique.
28:26– Avec la construction, je crois, à venir
28:28d'une usine en Californie pour les puces.
28:29– Exactement, cette construction a déjà commencé
28:31à l'époque de Biden.
28:34Et donc, je pense que dans la vision du monde de Trump,
28:40en fait, chaque grande puissance doit garder son influence
28:44sur sa zone et finalement se soucier un peu moins
28:50de ce qui se passe ailleurs.
28:51Et d'ailleurs, je crois qu'il y a une révision
28:54de la doctrine stratégique américaine
28:55qui a été annoncée il y a quelques jours
28:57et qui, justement, constitue un recul
29:00par rapport à cette volonté de projection globale
29:05en repriorisant le homeland,
29:07c'est-à-dire le territoire national,
29:09par rapport à la projection mondiale
29:13que les États-Unis avaient auparavant.
29:15– Jean-Philippe, déjà, vous l'y intervenez.
29:16– Oui, je crois que ce n'est pas la multipolarité
29:19de la position de Trump.
29:20C'est les zones d'influence.
29:22C'est quelque chose de très différent.
29:23Et à cette occasion, justement, on peut regarder.
29:27Trump est arrivé en Corée avant-hier
29:30et il est reparti immédiatement
29:32après sa rencontre avec Sidine.
29:35– Pas de conférence de presse.
29:36– Pas de conférence de presse.
29:37– A priori, les Américains en voulaient une,
29:38mais pas les Chinois.
29:39– Les Chinois n'en voulaient pas.
29:40Ça, c'est une chose.
29:41Mais surtout, c'est demain que commence
29:43le sommet de l'APEC.
29:45L'APEC, ce sont tous les pays
29:47qui sont riverains du Pacifique.
29:49C'est-à-dire essentiellement
29:50des alliés des États-Unis.
29:52Donc, le fait que…
29:54Alors, Trump a rencontré
29:56un certain nombre de membres de l'APEC,
29:58mais en bilatéral à chaque fois.
30:00Et il refuse absolument…
30:02Il laisse le champ libre à Xi Jinping
30:04qui, lui, arrive pour rencontrer Trump d'abord,
30:07mais reste, pendant les trois jours,
30:09au sommet de l'APEC.
30:11Et ce sera lui la grande puissance,
30:13ce sera lui le représentant le plus important
30:15à ce sommet de l'APEC.
30:16Ce qui, d'un point de vue géopolitique,
30:18et même du point de vue de Trump,
30:19et de « make America great again »,
30:22est complètement absurde.
30:24Parce que, évidemment,
30:26il refuse toute multipolarité, justement.
30:29Il pense que c'est une seule puissance
30:31qui peut…
30:32Ce sont des grandes puissances
30:33qui doivent se parler.
30:34Mais là, c'est une occasion manquée,
30:36absolument incroyable.
30:38Le sommet de l'APEC,
30:39il aurait pu, justement,
30:40se mesurer avec ses JNP
30:42et montrer, d'ailleurs,
30:44qu'il avait une plus grande influence
30:45sur cette région que la Chine.
30:47Parce que c'est le cas, encore.
30:50Mais est-ce que ça va être le cas
30:51à la fin du mandat de Trump ?
30:53C'est beaucoup moins clair.
30:54Donc, il a, là encore,
30:56laissé le champ libre à Xi Jinping.
30:58– Oui, je voulais juste
31:00revenir sur ce terme de multipolarité,
31:01parce que la multipolarité,
31:05c'est justement cette coexistence
31:06entre les grandes puissances
31:08et le fait qu'il n'y ait pas
31:10une puissance unique
31:12qui puisse prétendre
31:13à l'hégémonie mondiale.
31:14Cette idée, en fait,
31:17aujourd'hui, implicitement,
31:19elle est reconnue
31:20par de nombreux décideurs
31:21et analystes aux États-Unis,
31:23même si elle s'exprime en creux
31:25à travers ces différentes actions.
31:28Et je pense que c'est ce qu'on constate.
31:30Ça ne veut pas dire le multilatéralisme.
31:31Justement, ce qui manque,
31:32c'est une approche de coopération
31:34un peu plus, je dirais,
31:35institutionnalisée
31:36entre les grands pôles de puissance.
31:38Mais on en est au début
31:39de cette réalité multipolaire.
31:40Et je pense qu'il y a des tâtonnements
31:42qui vont faire
31:43qu'un équilibre
31:44va peut-être émerger demain
31:46et qui va permettre
31:48d'éviter une confrontation
31:49entre ces puissances.
31:50Mais le postulat implicite
31:52que les États-Unis
31:54ont perdu leur hégémonie
31:55sur le monde,
31:56je pense que ce postulat
31:57a été intégré
31:58par Donald Trump.
32:00Pour moi.
32:00– Simon Menet ?
32:01– Je ne suis pas tout à fait d'accord.
32:02Et moi, je rejoindrai, Jean-Philippe,
32:04sur la dimension
32:04des sphères d'influence
32:05qui est très importante
32:06et dont on sent
32:07qu'elle guide la diplomatie
32:08de Trump vis-à-vis
32:09de la frontière,
32:11vis-à-vis de l'Amérique latine,
32:13mais également vis-à-vis
32:13de la Chine,
32:14qui reste la priorité
32:15après le homeland
32:17de l'administration Trump.
32:19Et Taïwan reste un sujet
32:20extrêmement important
32:21pour les Américains.
32:23D'abord,
32:24c'est un intérêt militaire,
32:26stratégique.
32:27Il y a toujours
32:27cette question de Taïwan
32:28qui ferme la profondeur stratégique
32:30de l'armée populaire
32:31de libération.
32:32Il y a la dimension
32:32des semi-conducteurs
32:34qui reste fondamentale
32:35parce que même
32:35s'il y a ces usines
32:36aux États-Unis,
32:38les chips les plus avancés,
32:39elles restent produites
32:39à Taïwan.
32:41Et puis,
32:41il y a d'autres aspects.
32:42Il y a une coopération
32:43de défense,
32:44de sécurité
32:45entre Taïwan
32:46et les États-Unis
32:46qui est extrêmement importante.
32:48Le radar
32:49le plus proche
32:49des États-Unis
32:50vis-à-vis de la Chine,
32:52il est à Taïwan,
32:53le radar militaire.
32:54Donc,
32:55là-dessus,
32:56oui,
32:56il y a des discussions
32:57en interne
32:58vis-à-vis de
32:58est-ce qu'on va
32:59sur une clarté stratégique,
33:02une ambiguïté stratégique ?
33:03Est-ce que Taïwan,
33:04c'est un intérêt vital ?
33:07Est-ce que c'est un intérêt crucial là-dessus ?
33:08Oui,
33:09il y a des discussions
33:09et je pense qu'elles sont
33:10très importantes à avoir.
33:12Mais en revanche,
33:13le soutien militaire
33:14et un soutien
33:16en matière de coopération
33:18et d'aider Taïwan
33:19à renforcer sa défense,
33:21soutien américain,
33:21il reste là.
33:23Tant que ces puces
33:23seront fabriquées à Taïwan,
33:25Donald Trump
33:26ne lâchera pas le territoire ?
33:27On peut se dire ça,
33:28mais encore une fois,
33:30la seule chose qu'on sait
33:30avec Donald Trump,
33:31c'est qu'on ne sait rien.
33:32Donc,
33:32moi,
33:32j'aimerais être aussi optimiste.
33:33Mais honnêtement,
33:35la question de Taïwan
33:36sur les administrations précédentes,
33:38effectivement,
33:39à la fois une collaboration militaire,
33:42à la fois une collaboration économique,
33:44un point clé géostratégique
33:46dans l'Asie et dans le Pacifique.
33:49Mais si,
33:51et je dis bien si,
33:52c'est un succès,
33:53effectivement,
33:54alors ça prendra du temps,
33:55ce ne sera pas sous le mandat de Trump,
33:57la création,
33:58la fabrication à domicile
34:00de ces puces
34:00qui sont effectivement
34:01d'une supériorité technologique
34:03largement,
34:04largement avancée
34:06par rapport à ce qui est produit
34:07partout dans le reste du monde.
34:09Je vais juste faire
34:09une petite parenthèse
34:10par rapport à ça,
34:11même au niveau européen,
34:12il y a des questions
34:12qui se posent
34:13sur la souveraineté technologique
34:15avec des tentatives,
34:16je crois que c'est au Danemark,
34:18sur ces questions
34:18sur des puces ultra avancées.
34:22Si,
34:23finalement,
34:23il y a cette souveraineté-là
34:25au niveau états-unien,
34:26on peut se poser la question,
34:28à très long terme,
34:29bien sûr,
34:29du soutien états-unien
34:32à Taïwan.
34:33Et puis,
34:34il y a la question,
34:35juste pour revenir aussi
34:37sur le volet géostratégique,
34:39le problème,
34:40c'est que soutenir
34:42une puissance
34:43comme Taïwan,
34:44dont Donald Trump
34:46se fiche,
34:47en fait,
34:47de la souveraineté territoriale,
34:49effectivement,
34:50de toute façon,
34:51ce serait compliqué
34:52quand lui-même,
34:53qui se dit non-interventionniste,
34:55a des velléités,
34:56qui de faire du Canada
35:01un cinquantinième état des États-Unis,
35:03qui d'aller au Groenland
35:05comme si c'était un territoire
35:06qui lui était dû.
35:08Il y a quand même une ambiguïté
35:09aussi géopolitique
35:10de Donald Trump là-dessus.
35:11Donc,
35:11c'est difficile,
35:12moi,
35:12je trouve d'y voir clair.
35:13On parlait d'utilisation militaire
35:15de ces puces.
35:16L'objectif,
35:17le grand objectif de la Chine,
35:18c'est que son armée dépasse
35:19un jour celle des États-Unis.
35:21En tout cas,
35:21au moins qu'elle soit
35:22l'équivalente
35:23à celle des États-Unis
35:24et que la Chine puisse
35:25régner dans sa zone d'influence,
35:28justement,
35:28puisqu'on parlait
35:28de zone d'influence,
35:29donc dans toute la région.
35:31Elle est loin aujourd'hui
35:31de l'armée chinoise
35:32de l'armée américaine ?
35:33Alors moi,
35:33je ne suis pas du tout
35:34spécialiste
35:35de questions militaires.
35:38Ce que l'on dit,
35:39c'est qu'elle se développe
35:40très rapidement.
35:40Je crois qu'elle est loin derrière,
35:43mais que le taux de rapidité
35:46de développement
35:46du hardware militaire
35:50est extrêmement rapide en Chine.
35:53Donc, est-ce qu'ils rattraperont
35:55les États-Unis
35:55dans 5 ans,
35:56dans 10 ans, etc.
35:57Et qui, en tout cas,
35:58veut une place toujours plus grande
35:59dans la gouvernance mondiale ?
36:00Disons que oui, absolument.
36:02La Chine pense qu'elle a,
36:05en tout cas,
36:06au minimum dans sa région,
36:08il lui est dû d'être
36:09la puissance dominante.
36:10Alors, elle vous dira
36:11qu'elle ne cherche pas
36:12le Parti communiste chinois
36:14vous dira toujours
36:14qu'on ne cherche pas
36:15l'hégémonie.
36:16La Chine n'a jamais été hégémonie.
36:17Elle n'a jamais rien conquis,
36:20ce qui est totalement faux,
36:21d'ailleurs, historiquement.
36:22Mais enfin, bien sûr,
36:24il est important d'avoir,
36:26dans cette région,
36:27d'avoir essentiellement
36:28soit des alliés,
36:29soit des pays
36:31qui n'osent pas
36:32vous résister.
36:34Évidemment,
36:35Taïwan,
36:36c'est quand même
36:36quelque chose de gênant.
36:37Mais, d'un autre côté,
36:39la Chine essaye aussi
36:41de devenir
36:42une puissance mondiale.
36:43On a vu qu'elle est intervenue
36:45dans les relations
36:46entre l'Arabie saoudite
36:47et l'Iran.
36:48Vous me direz,
36:49c'était en fait quelque chose
36:50sans lendemain.
36:51Mais qu'elle intervient
36:52de plus en plus
36:53en Amérique latine aussi.
36:55Elle essaye d'être présente
36:56dans ces régions.
36:57Alors, ce qu'on appelle
36:58les routes,
36:58les routes de la soie,
36:59c'est-à-dire,
37:00en chinois,
37:00ça se dit
37:01une ceinture,
37:02une route.
37:02C'est moins poétique.
37:04Donc, ces routes-là
37:05sont en train
37:06de se développer
37:07et il y a une tentative
37:08véritablement de la Chine
37:09d'être présente
37:11dans l'ensemble
37:12des continents
37:12pour assurer
37:13à la fois
37:14ses apprévisionnements
37:15en matière première
37:16mais aussi
37:17pour développer
37:19sa puissance
37:20à l'égard
37:21du reste du monde.
37:22Maintenant,
37:22est-ce qu'elle est
37:23au même niveau
37:24que les États-Unis ?
37:25Sans doute pas.
37:26Et elle sait très bien
37:28qu'il faut attendre son heure
37:29et dans ces conditions,
37:30les tensions qui peuvent exister
37:32de temps en temps,
37:33les Chinois sont quand même
37:34très attentifs
37:35à ne pas les faire déraper
37:37trop.
37:38Mais là encore,
37:39je n'ose pas trop me prononcer
37:41parce que je pensais
37:42la même chose
37:43de Poutine
37:43en 2022,
37:45en 2024
37:46et malheureusement,
37:47il est allé au-delà
37:48de la logique.
37:49Cette question
37:49de la gouvernance mondiale,
37:50elle est très importante.
37:51Oui, tout à fait.
37:52Et peut-être pour revenir
37:52très rapidement
37:53sur la modernisation militaire
37:54aussi parce que globalement,
37:55la modernisation militaire
37:56et la gouvernance mondiale,
37:57ça fait partie des deux aspects
37:58qui aussi nourrissent
37:59cette rivalité stratégique
38:01entre les États-Unis
38:02et la Chine
38:02dont on parlait
38:02au début de l'émission.
38:04D'abord,
38:05sur l'armée populaire
38:06de libération,
38:07il y a un objectif
38:07très clair.
38:09D'ici 2049,
38:10l'armée populaire
38:10de libération
38:11doit dépasser,
38:12surpasser les États-Unis.
38:13Ensuite,
38:14sur la dimension
38:14de gouvernance,
38:16idem,
38:17la Chine est de plus en plus
38:18claire et offensive
38:20dans ce domaine.
38:21En septembre,
38:22à l'occasion
38:23de l'organisation
38:24de coopération Shanghai,
38:25la Chine a mis en avant
38:27une nouvelle initiative globale,
38:28l'initiative globale
38:29de gouvernance.
38:30Elle suit trois autres
38:31initiatives globales,
38:32dont l'initiative globale
38:34de sécurité,
38:34où on voit
38:35une volonté réelle
38:37de la Chine
38:37de promouvoir
38:39ses normes
38:39et pratiques,
38:41en particulier dans le domaine
38:42de la sécurité publique,
38:43et avoir des plateformes alternatives
38:47et surtout aussi réformer
38:48en partie le système existant
38:50pour notamment
38:52délégitimer le leadership
38:54américain
38:54et remplacer aussi
38:55ce leadership américain.
38:57Bon, on a fait à peu près
38:57le tour des discussions.
38:59Dernier mot ?
39:00Juste un mot sur l'armée,
39:02puisque quand même...
39:03Vous n'étiez pas spécialiste
39:04militaire il y a quelques instants.
39:04Non, c'est vrai,
39:05pas du tout,
39:05mais d'un point de vue politique,
39:06on peut parler de l'armée.
39:07Or, très récemment,
39:09Xi Jinping a limogé
39:10deux ministres de la Défense
39:12et le vice-président
39:13de la Commission militaire centrale
39:15qui est l'organisme
39:17qui dirige l'armée.
39:18Dans une certaine mesure,
39:19ça rappelle un peu
39:20ce que Staline avait fait
39:21en 1938
39:22où il avait décapité
39:24la direction de l'armée rouge.
39:27C'est quelque chose
39:28de très bizarre
39:29et il faudra voir...
39:30Il y a au niveau
39:31de la politique intérieure chinoise...
39:32Alors, si le Parti communiste
39:34est opaque,
39:35l'armée populaire de libération
39:36est encore plus opaque,
39:38mais en tout cas,
39:38ce qui est en train
39:38de se passer aujourd'hui
39:40au niveau du rapport
39:42entre Xi Jinping
39:43et des gens
39:43qu'il avait même promus
39:44au sommet de l'armée,
39:46c'est quelque chose
39:47auquel il faudra
39:48faire très attention.
39:49On peut se pencher rapidement
39:50sur la suite.
39:51Est-ce que cette trêve,
39:51elle est amenée à durer,
39:52selon vous,
39:52Alexandre Katev ?
39:53Cette trêve,
39:55elle va dépendre,
39:56évidemment,
39:57de l'évolution
39:57de la situation politique
39:59aux États-Unis,
40:01notamment des élections
40:02de demi-terme
40:02et de la pression
40:04qui sera mise
40:05par les faucons
40:06qu'on compte
40:08dans les deux camps,
40:09à la fois chez les démocrates
40:10et chez les républicains.
40:11Bon, ce sera dans un an
40:12à l'émi-terme.
40:13Oui, mais on s'y prépare déjà.
40:15Et donc,
40:16il y a des campagnes électorales
40:16qui vont commencer là,
40:18en janvier,
40:19c'est demain.
40:20Et dans ce cadre-là,
40:21tous ces candidats
40:23vont s'opposer
40:24à une toute normalisation
40:26durable avec la Chine.
40:27Donc moi,
40:28je ne suis pas très optimiste,
40:29en fin de compte,
40:30sur le caractère structurel
40:31aujourd'hui de cette trêve.
40:32Et quand c'est intéressant,
40:33ça passe toujours trop vite.
40:34Merci à vous quatre
40:35d'avoir participé
40:36à ce débat sur France 24.
40:38Vous restez avec nous.
40:38L'information continue
40:39sur notre antenne.
40:40Sous-titrage Société Radio-Canada
40:45Sous-titrage Société Radio-Canada
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