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Avec Brice Homs, artiste et président du Conseil Stratégie Innovation de la Sacem, Leslie Ann Bontemps, avocat spécialisée propriété intellectuelle

Retrouvez Le Numérique pour tous avec Vanessa Perez tous les dimanches à 16h30 sur #SudRadio.
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##LE_NUMERIQUE_POUR_TOUS-2025-11-02##

Catégorie

🤖
Technologie
Transcription
00:00Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:04Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous, l'émission dédiée au digital, à l'innovation et à la tech responsable.
00:10Et aujourd'hui on va parler musique et numérique à l'heure de l'intelligence artificielle.
00:14Vous le savez, tout le monde peut créer, remixer à sa guise aujourd'hui et devenir à son tour un artiste.
00:19Mais dans ce cas, qui est l'auteur quand une intelligence artificielle écrit, compose ou illustre ?
00:25Comment garantir que chaque oeuvre numérique bénéficie à celui ou à celle qu'il a conçue ?
00:29Et comment concilier la liberté de création et la sauvegarde des droits artistiques ?
00:34C'est ce que nous tenterons de comprendre avec nos invités.
00:37Le numérique pour tous, spécial musique et numérique, c'est tout de suite et c'est sur Sud Radio.
00:41Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:44Et pour commencer cette émission, j'ai le plaisir de recevoir Brice Homs.
00:48Bonjour Brice, vous êtes président du conseil stratégie et innovation de l'ASASEM et vous êtes également artiste.
00:54Vous défendez depuis des années les droits des créateurs dans un environnement numérique en pleine mutation.
00:58Mais avant de commencer, expliquez-nous, qui est l'ASASEM, cette gardienne invisible, si je peux l'appeler ainsi, des artistes ?
01:05Oui, merci, bonjour.
01:07Alors je suis avant tout auteur.
01:10Et c'est à ce titre que je suis membre du conseil d'administration de l'ASASEM,
01:15vice-président cette année de son conseil d'administration,
01:17et président du conseil pour l'innovation que nous avons fondé il y a trois ans, sous le parrainage de Jean-Michel Jarre.
01:25Alors l'ASASEM, c'est très simple, c'est un collectif.
01:29C'est important de le rappeler, un collectif.
01:30C'est important de le rappeler, effectivement, c'est un collectif d'auteurs, de compositeurs et d'éditeurs
01:36qui s'est constitué dans les années 1858.
01:41Et l'anecdote est assez drôle, parce que vous allez voir que le droit d'auteur, c'est toujours un combat.
01:48Et ça a toujours été un combat.
01:50Et ça a commencé par un combat au sens propre du terme, puisque c'est parti d'une bagarre dans un café-concert
01:55qui s'appelait Les Ambassadeurs, qui aujourd'hui est le pavillon Gabriel, je crois, en bas des Champs-Elysées.
02:00Et il y avait deux compositeurs, un auteur qui était à table.
02:04Et puis il y avait un petit groupe, un petit orchestre qui jouait, et puis il y avait qu'une chanteuse.
02:08Et puis à la fin du repas, ils ont refusé de payer leur addition.
02:11Donc on leur a dit, mais comment ça se fait ? Vous ne voulez pas payer l'addition ?
02:13Ben non, parce que vous avez joué nos œuvres et vous ne nous avez pas payés.
02:16Le ton est monté, ça a fini en bagarre.
02:19Ils se sont retrouvés au poste.
02:20Ils ont appelé leur éditeur, M. Colombier, qui est venu.
02:23Et ils ont attaqué, en justice, et sur le principe de beau marché, de la propriété intellectuelle, ils ont gagné.
02:33Et donc en gagnant, ils ont monté un syndicat.
02:35Donc la SACEM, au départ, c'est un syndicat.
02:37Et puis ils ont fédéré d'autres auteurs, compositeurs, éditeurs.
02:40Et puis au bout de quelques années, c'est devenu une société qui est la même que nous connaissons aujourd'hui,
02:44qui nous appartient, à nous, ces sociétaires, un peu comme une mutuelle, auteurs, compositeurs et éditeurs.
02:50Alors, merci pour cette explication historique.
02:52Ça vaut la peine de le réancrer.
02:54Aujourd'hui, on va parler musique et intelligence artificielle.
02:56Mais avant l'intelligence artificielle, il y a eu ce qu'on appelait le streaming et les MP3.
03:00Et j'ai envie de vous demander, aujourd'hui, ça ne rapporte plus, d'être artiste ou musicien, Brice ?
03:04Alors, artiste ou musicien, avec le spectacle Vivancy,
03:09quand on est auteur ou compositeur, on ne vit que de ses droits d'auteur ou de compositeur.
03:14Moi, par exemple, je suis auteur, je ne suis pas performeur.
03:17Je ne chante pas mes chansons sur scène.
03:19Ce sont d'autres artistes qui ont toujours interprété mes textes.
03:23Oui. Et dans ce cas-là, alors, est-ce que ce métier a encore un avenir ?
03:27Ou alors, avec toute cette technologie, on peut se poser des questions ?
03:30Alors, aujourd'hui, c'est très compliqué.
03:31Parce que les revenus du streaming, même s'ils sont en progression chaque année, sont dérisoires.
03:36Parce que c'est un système qui a été conçu en oubliant qu'il fallait payer les droits d'auteur.
03:42Alors, aujourd'hui, on le sait, il y a plein de logiciels ou d'applications en intelligence artificielle
03:46qui vous permettent de croire que vous êtes justement un grand artiste.
03:50On compose deux ou trois choses.
03:51On fait un prompt.
03:52Est-ce que dans ce cas-là, on est effectivement un auteur ?
03:54Ou alors, on spoil, quelque part, comme on dit aujourd'hui, les droits de ceux qui l'ont composé ?
03:59Si je mélange du Beatles, du Mozart et je lui dis « Remixe-moi ça » et je compose ma propre...
04:03Je mets mes propres paroles, quel statut j'ai ?
04:06Alors, il faut distinguer les intelligences artificielles des intelligences artificielles génératives.
04:12Une intelligence artificielle générative avec les applications qui sont sur le marché.
04:17Je passe une commande, ce qu'on appelle un prompt.
04:20Un prompt, c'est une commande.
04:22Expliquez-nous concrètement, alors.
04:23C'est quelques lignes, quelques mots, où je dis « Voilà, je voudrais quelque chose qui fasse un peu du rock des années 60.
04:30Un groupe qui vient de Liverpool, qui fait des chansons entraînantes.
04:35Et puis, j'aimerais bien que sur le refrain, ça soit plus simple comme un autre groupe. »
04:39Donc, je vais donner, je vais passer commande.
04:42Et la machine qui a ingéré le programme, qui a ingéré toutes les œuvres existantes,
04:48il va les retravailler, il va les pulvériser, il va les reconstituer.
04:51Et puis, il va me sortir, à l'arrivée, quelque chose qui ressemble à tout ce qui a été ingéré.
04:57Et surtout, à ce que j'ai demandé.
04:59Il va essayer de se rapprocher de ce que moi, j'ai avec des mots clés.
05:03C'est de la statistique.
05:05Alors là, est-ce que j'ai fait une œuvre ?
05:06Est-ce que je peux prétendre gagner beaucoup d'argent ?
05:08Ou alors, est-ce que j'ai parasité ou même emprunté la propriété intellectuelle d'artiste ?
05:15Ah ben, j'ai carrément utilisé la propriété intellectuelle d'artiste,
05:20puisque toutes ces œuvres ont été utilisées pour « entraîner », c'est-à-dire en fait ingérer,
05:26pour les désosser, les reconstituer, les mixer, etc., les atomiser.
05:32C'est du vol.
05:34Donc, je suis en la loi.
05:35Ce sont nos œuvres qui sont utilisées sans notre accord.
05:40Alors là, c'est là que la SACEM intervient, justement, pour protéger les artistes, dans ce nouveau contexte ?
05:44Bien sûr.
05:46La SACEM a trois vocations.
05:48La première, c'est de protéger, évidemment, les œuvres de ses membres.
05:52Et puis, c'est collecter et répartir.
05:55Voilà.
05:56J'ai envie de vous demander, quand on fait un prompt, est-ce qu'on peut lui dire « fais-moi un tube » dans ce contexte-là ?
06:00Alors, on peut toujours lui demander de faire un tube, mais si...
06:03Est-ce que ça va produire un tube ? Est-ce qu'en mixant de tubes, est-ce qu'on a un tube ?
06:06Alors, si jamais c'était le cas, je pense qu'on le saurait depuis longtemps.
06:11Ce qui fait un tube, ce n'est pas tellement de copier des tubes précédents, c'est que ça plaise aux gens.
06:16Et ce qui va plaire aux gens, ce qui va les toucher, ce qui va leur rester dans la tête, personne ne peut le savoir.
06:23Donc, on peut utiliser toute, j'allais dire, la science qu'on voudrait pour créer un tube.
06:29Si ça suffisait à en faire un, ça se saurait.
06:31Qu'est-ce qui fait, selon vous, Brice, le succès d'une musique ? Et qu'est-ce qui fait qu'on va provoquer, effectivement, ce statut de tube ?
06:39Alors, le succès, personne ne sait. Ce qui fait un succès, c'est tout le mystère et c'est toute la beauté de la création.
06:44Je ne sais pas si ça va marcher. Mais c'est ce que moi, je vais mettre, moi, artiste, créateur, je vais mettre à l'intérieur.
06:52Comment génère une émotion ? Est-ce qu'une intelligence artificielle peut générer une émotion quand elle compose un morceau ?
06:58Une intelligence artificielle ne peut pas générer, ce n'est pas quelque chose qui pense.
07:03Une intelligence artificielle, c'est quelque chose qui fait des statistiques et qui répond à votre prompt en disant, voilà, dans les mots-clés que vous avez donnés,
07:11le mot le plus probable dans la suite qui va arriver, c'est celui-là.
07:15Donc, elle va effectivement faire un calcul mathématique de probabilité qui va essayer de vous satisfaire.
07:20Et vous voyez, quand on passe un prompt, on passe une commande et la machine, le programme, il va essayer de vous satisfaire,
07:27de vous donner quelque chose le plus près possible de ce que vous avez demandé.
07:30Un artiste, c'est l'inverse. Un artiste, il va essayer de se connecter à vous, il va essayer de vous...
07:36Le rôle d'un artiste, la vraie question, c'est à quoi ça sert l'art ? À quoi ça sert la culture ?
07:41Un artiste, il est là pour déranger. Il est là pour dire autre chose. Il est là pour dire quelque chose qui n'a pas été dit.
07:48C'est ce qu'on ne dit pas. Quand Paul Éloard dit la Terre est bleue comme une orange,
07:53qu'est-ce qu'il vous suggère ? Il vous suggère ce qu'il ne dit pas. Elle est ronde.
07:58Et vous voyez, c'est toute la poésie, c'est toute l'émotion, c'est toute la beauté.
08:01Tout d'un coup, on voit la Terre, on voit l'orange, on voit quelque chose, il y a une émotion qui naît.
08:05Et ça, ça part de quelque chose d'humain qui est de ressentir une émotion devant cette beauté et d'avoir envie de vous la transmettre.
08:12Et c'est ça, nous, notre vraie valeur d'artiste, c'est d'essayer d'avoir cette capacité de transmettre,
08:23mais aussi de recevoir des émotions. C'est quelque chose d'humain.
08:27Mais ça, vous l'évoquez, quand un artiste est sur scène, justement, il va se connecter à son public
08:30et en temps réel, il va pouvoir ajuster quelque part ce qu'il partage avec le public.
08:35Une intelligence artificielle va figer un morceau, on le fige aussi sur un disque,
08:40mais on ne peut pas comparer, justement, ces deux approches.
08:42Si on arrive à reproduire de manière ultime, justement, ce qui se passe et ce que transmet un artiste,
08:48une IA ne peut pas le faire pour vous ?
08:49Une IA ne comprend pas ce qu'elle fait. Elle fait des maths, elle fait des statistiques,
08:53elle a emmagasiné des œuvres. Après, c'est un shaker, on secoue et on ressort quelque chose
08:59en fonction de la demande qui va aller piocher et mettre statistiquement des choses bout à bout.
09:04Il n'y a aucune intention, il n'y a aucune dédicace, encore moins de dédicace de soi.
09:08Parce qu'il n'y a personne, c'est personne qui parle.
09:11Vous voyez, ce sont simplement des ajustements de mots qui ressembleraient le plus possible
09:15à quelque chose que quelqu'un aurait pu dire comme ça.
09:18Mais il n'y a pas d'intention, il n'y a pas d'adresse, il n'y a pas de...
09:21Où est le cadeau ?
09:22Alors, vous disiez tout à l'heure qu'effectivement, une intelligence artificielle
09:26à qui vous demandez de faire un mix avec des morceaux d'Elton John,
09:31des Beatles, avec une intention et répréhensible par la loi, justement.
09:36Comment vous protégez les artistes ? Parce qu'aujourd'hui, on peut tous dire
09:39et des millions de gens se servent de logiciels pour leur faire justement ces promptes.
09:42Comment vous arrivez à protéger avec ce volume de promptes qui sont faits chaque jour ?
09:46Alors, le volume est énorme.
09:48Il faut savoir que Deezer nous disait que...
09:53L'application Deezer, oui.
09:54L'application Deezer, qui est une application de streaming comme Spotify,
09:57si on veut nommer, mais aujourd'hui, les morceaux issus de l'intelligence générative artificielle
10:06qui sont uploadés, donc qui sont proposés sur cette plateforme, c'est 28%.
10:11Donc, ça veut dire que sortent de ces petites usines, entre guillemets,
10:16à reconstituer des ersatz de chansons, et je ne parle pas d'œuvres.
10:21Enfin, une œuvre, c'est quelque chose qui est créé par un humain,
10:26viennent en concurrence directe avec nos œuvres, dans une proportion qui est énorme.
10:32Et là, il y a un véritable problème, parce qu'on utilise nos œuvres
10:35pour fabriquer quelque chose qui ressemble à des œuvres
10:39et qui vient en concurrence directe sur les mêmes canaux, sur les mêmes endroits avec nos œuvres.
10:45Donc, il y a une dilution de la valeur des œuvres,
10:49parce qu'évidemment, c'est moi qui reviens aux auteurs et aux compositeurs
10:52qui, déjà en streaming, ne touchent pas grand-chose.
10:54Brice, j'ai envie de vous demander, est-ce que le combat est perdu d'avance avec ces plateformes,
10:58parce que c'est bien de ces plateformes dont on parle,
11:00qui utilisent et qui remixent les droits ?
11:02Ça, c'est ma première question.
11:03Et la deuxième, qui est en la loi ?
11:04La plateforme ou le compositeur ou l'humble utilisateur que nous sommes
11:10qui va poser une question à ces plateformes pour devenir un artiste à ses heures perdues ?
11:15Alors, le combat, il n'est pas perdu, parce qu'il n'a pas encore commencé.
11:22Nous, ce qu'on demande, c'est une transparence.
11:26Quelles sont les œuvres utilisées ? Quelles sont les œuvres ingérées ?
11:28Et ça, ces sociétés doivent être capables de dire qu'ils ne veulent pas.
11:32Donc, c'est aux législateurs de les contraindre.
11:34Et nous sommes en Europe en possibilité.
11:36Nous sommes le marché.
11:37Nous sommes en capacité, normalement, de dicter nos lois.
11:41Donc, on demande aux législateurs de nous protéger là-dessus.
11:45Contre les plateformes ?
11:46Contre les plateformes, enfin, contre l'utilisation par les plateformes de nos œuvres sans notre accord.
11:53Le droit d'auteur, c'est un droit.
11:55À partir du moment où on prive une communauté d'un droit qui est le sien,
12:01pour faire du profit de façon extrêmement cynique et extrêmement, j'allais dire, généreuse,
12:11quel est le droit d'après que l'on confisque ?
12:15Avez-vous l'impression qu'on vous écoute aujourd'hui ?
12:18Alors, aujourd'hui, on nous écoute.
12:21Ça ne veut pas dire qu'on fait quelque chose.
12:22Nous sommes allés au Parlement européen avec Bjornulveus, il n'y a pas très longtemps, demander ces choses-là.
12:32Et Mme Roberta Metzola, qui était à ce moment-là encore la présidente du Parlement européen, nous a dit,
12:37mais je ne comprends pas.
12:39Pourquoi vous ne négociez pas avec eux ?
12:41On lui a dit, mais parce qu'ils ne veulent pas.
12:43Donc, un combat à suivre.
12:45Merci beaucoup, Brice Holmes.
12:47Je rappelle que vous êtes auteur, président du Conseil Stratégie et Innovation de la SACEM.
12:50Restez avec nous, on marque une courte pause et on se retrouve dans quelques instants
12:53dans le numérique pour tous sur Sud Radio.
12:55Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Perez.
12:59Et pour continuer cette émission spéciale musique et numérique,
13:02nous avons le plaisir d'accueillir Maître Leslie-Anne Bontemps.
13:05Bonjour Leslie-Anne, vous êtes avocate spécialisée en propriété intellectuelle,
13:10donc vous défendez les artistes, les auteurs, les compositeurs.
13:13Face aux mutations que provoquent aujourd'hui notamment les intelligences artificielles.
13:18Alors, pour commencer, j'ai envie de vous demander que l'on soit musicien, peintre ou photographe
13:22avec l'intelligence artificielle, qui détient les véritables droits de celui qui a créé une œuvre
13:28en remixant l'existant ?
13:30Alors, bonjour Vanessa.
13:32Alors, pour vous répondre à cette question, en réalité, ça peut être les deux.
13:37Si je prends par exemple l'exemple d'un DJ qui va remixer plusieurs morceaux connus,
13:45ça peut être du Céline Dion, du Beyoncé, du Lady Gaga.
13:49Si finalement, il arrive à obtenir, par son apport créatif et par sa personnalité,
13:55à créer quelque chose d'original, eh bien, on va pouvoir considérer qu'il y a une œuvre
14:01qui a été créée, on appelle d'ailleurs ça des œuvres dérivées, qui sont sur la base d'œuvres existantes.
14:08Mais, pour autant, cette nouvelle œuvre va être protégeable par le droit d'auteur,
14:14mais il doit, effectivement, obtenir les autorisations des œuvres...
14:19Il, c'est l'artiste, l'artiste compositeur qui...
14:22Oui, là, pour mon exemple, on va dire le DJ, par exemple.
14:25Il doit obtenir les autorisations des auteurs dont il a emprunté les œuvres pour sa nouvelle œuvre
14:31et, effectivement, les rémunérer, rémunérer les droits d'auteur.
14:36D'accord.
14:37En revanche, s'il n'y a aucun apport créatif, aucune empreinte de sa personnalité,
14:42eh bien, là, on ne peut pas considérer qu'il y a une œuvre
14:43et donc, il n'y a pas de droit d'auteur.
14:45D'accord, très clair.
14:46Alors, après, pour l'internaute qui va publier une image
14:48qui est générée par intelligence artificielle sur Instagram, par exemple,
14:52est-ce qu'il devient auteur de cette image ou simple utilisateur de l'outil ?
14:55On va prendre un exemple concret, je ne sais pas, la Joconde ou autre,
14:58je la remixe ou je fais du Warhol avec, qu'est-ce qu'il en est ?
15:01Alors, tout dépend, finalement, du rôle qu'il va jouer dans la génération de l'image.
15:08C'est-à-dire que si, effectivement, il écrit,
15:11« Tiens, dessine-moi la Joconde avec des lunettes de soleil, par exemple. »
15:16Bon, on lui sort la Joconde avec des lunettes de soleil.
15:18Là encore, on n'a aucun apport créatif de la part de l'utilisateur.
15:22Il est juste utilisateur d'un outil qui lui a généré une nouvelle image.
15:25D'accord.
15:25En revanche, s'il fait des précisions,
15:30bon, j'aimerais que, je ne sais pas, moi, la Joconde soit en fond,
15:34mais qu'elle soit modifiée de telle manière,
15:37que moi, j'y apporte tel ou tel élément,
15:41et que ce soit disposé dans tel environnement.
15:45Enfin, voilà, qu'il apporte des instructions.
15:48Là encore, c'est quelque part un apport créatif, une réelle création.
15:52On pourra éventuellement considérer que l'image
15:56pourra être protégeable par le droit d'auteur.
16:02Mais en fait, tout dépend réellement du rôle qu'il va jouer
16:06dans la génération de cette image.
16:10Plus on guide la machine, plus on lui donne des instructions,
16:13et plus ensuite on adapte,
16:14c'est-à-dire que, par rapport à ce qui aura été sorti par la machine,
16:19lui, après, il fait des adaptations, il retravaille.
16:22Là, effectivement, on pourra peut-être considérer
16:24qu'il est plus créateur qu'utilisateur de la machine.
16:29Prenons l'exemple également d'un étudiant qui va créer un court-métrage,
16:32parce que de plus en plus, des films sont créés
16:34avec de l'intelligence artificielle.
16:36Imaginons que le logiciel s'inspire d'autres œuvres.
16:39Est-ce qu'il y a risque de plagiat sans le savoir ?
16:42Oui, on en revient un petit peu à ce qui a été dit tout à l'heure.
16:47Oui, parce qu'effectivement, il y a des œuvres qui ont été utilisées.
16:54Donc, effectivement, il peut y avoir contrefaçon.
16:59Si la contrefaçon n'est pas avérée, on peut avoir du parasitisme
17:03si on a des œuvres qui sont reconnaissables.
17:06Donc, c'est très important quand même pour la personne
17:09qui utilise l'intelligence artificielle
17:10de vérifier le résultat de la machine,
17:14d'éventuellement écarter des extraits qui peuvent être reconnaissables.
17:18Ou alors, si vraiment il veut les utiliser,
17:20d'aller obtenir les autorisations nécessaires.
17:24Ou alors, tout simplement, d'utiliser du contenu libre de droit.
17:28Mais ce que vous évoquez, en fait,
17:30tout le monde peut s'improviser artiste aujourd'hui.
17:33Donc, ça veut dire que vous êtes hyper sollicité
17:34ou alors qu'on attend une législation
17:36qui va mettre un petit peu d'ordre dans tout ça ?
17:38Parce que tout le monde peut être un petit peu hors la loi.
17:39Oui, mais disons que tout le monde ne peut pas vraiment s'improviser artiste
17:46parce que cet apport créatif et la personnalité de l'auteur,
17:51tout le monde ne l'a pas.
17:53Moi, personnellement, je ne suis pas persuadée
17:55de pouvoir avoir cet apport-là.
17:59Donc, si vous voulez, effectivement,
18:02c'est vrai qu'il y a des vraies interrogations.
18:05Et de toute façon, toutes ces problématiques-là
18:07sont très, très débattues en ce moment.
18:08Il y a des vrais sujets.
18:10Donc, oui, j'ai quand même pas mal de sujets.
18:15Leslieanne, si vous deviez donner trois réflexes,
18:16trois réflexes simples, trois conseils
18:18à un jeune créateur numérique pour protéger ces œuvres,
18:21je dis bien pour les protéger et pour se protéger aussi,
18:24quels seraient ces conseils ?
18:25Alors, pour que ce soit simple,
18:27je vais donner trois mots-clés.
18:29Ça va être tracer,
18:31verrouiller et contrôler.
18:32tracer, ça va être de conserver toutes les preuves d'intériorité de son œuvre.
18:39Donc, ça va être les fichiers originaux,
18:42des brouillons.
18:42Ça va être de pouvoir dater, surtout,
18:44sa création.
18:46Et s'il a fait appel, par exemple, à de l'intelligence artificielle,
18:50ça peut être aussi intéressant de conserver son historique de recherche,
18:55l'historique de ses instructions qu'il a données à l'intelligence artificielle.
18:58Ensuite, verrouiller, ça va être par des contrats,
19:03par des écrits,
19:04donc des contrats de licence,
19:05des contrats de cession,
19:07éviter les mentions toutes faites,
19:11tout droit cédé,
19:12faire en sorte au maximum
19:13de préciser l'usage,
19:18les supports qui sont autorisés.
19:21Et enfin, contrôler,
19:22ça va être de surveiller au maximum
19:24sur les plateformes en ligne
19:27et dès qu'on constate un usage frauduleux de sa création,
19:32c'est intervenir, réagir très très vite
19:34par des constats,
19:38ça peut être des constats du huissier,
19:39et ensuite faire cesser
19:42en adressant un courrier de mise en demeure
19:45ou en intentant une action judiciaire.
19:48Donc, le rôle du législateur
19:50est de plus en plus important,
19:51on va dire,
19:51par rapport à ces plateformes.
19:53Oui, oui, oui.
19:54Et c'est en cours,
19:55mais il y a encore, je pense,
19:59peut-être trop de vides juridiques
20:02à ce niveau-là, effectivement.
20:04Merci, Leslie Anne, bon temps.
20:06Brissom, je me retourne vers vous,
20:07parce qu'est-ce qu'on a l'impression
20:08qu'on est en train de vivre un combat
20:10entre toutes ces grandes plateformes
20:11d'intelligence artificielle
20:13et tout ce collectif, on va dire, d'artistes ?
20:16Est-ce qu'on est dans ce contexte-là,
20:17avec cette zone grise,
20:18et là, on est un peu dans un bras de fer ?
20:20Pour l'instant, on est dans le bras de fer.
20:22Nous, ce qu'on leur demande,
20:24et nous, ce qu'on veut,
20:24parce que c'est formidable, attention,
20:26il faut quand même...
20:27L'intelligence artificielle,
20:28c'est formidable,
20:30et même nous, on s'en sert
20:31comme d'un outil.
20:33La question, c'est sur
20:34l'intelligence générative
20:35qui utilise nos œuvres,
20:37encore une fois,
20:38sans notre accord.
20:39Donc, nous, ce qu'on leur dit,
20:40et ce qu'on veut,
20:41c'est, faites des licences.
20:43Et nous,
20:44ce qu'on aimerait qu'ils comprennent,
20:45c'est que nous sommes
20:46des facilitateurs.
20:48Parce que nous avons
20:49cette culture,
20:50nous avons des millions d'œuvres,
20:52nous avons des deals
20:53avec tout le monde,
20:54on sait faire ça,
20:55on représente
20:56tous les créateurs,
20:58auteurs, compositeurs
20:59et leurs éditeurs.
21:00C'est tellement plus simple
21:01d'avoir un guichet unique.
21:02Ça s'appelle
21:02la gestion collective.
21:04Et c'est à ça
21:05que la SACEM est dédiée.
21:07Donc, qu'ils viennent
21:08et que le législateur,
21:10s'il le faut,
21:11les pousse à venir
21:13négocier,
21:13faire des licences avec nous.
21:15Et effectivement,
21:16nous mettons en place
21:17aussi des outils.
21:19On a créé un outil
21:20qui s'appelle Music Start.
21:21Et là,
21:21on peut horodater
21:22en quelques clics
21:24son œuvre.
21:25C'est adossé une blockchain,
21:26c'est protégé.
21:27Ça ne veut pas dire
21:28qu'on peut percevoir,
21:29mais on peut assumer
21:31et proclamer
21:32la traçabilité
21:34de l'antériorité
21:36de cette œuvre
21:36à un moment donné,
21:38à un instant précis.
21:39Merci beaucoup,
21:40Brissoms.
21:41Comme d'habitude,
21:41le dialogue au service
21:42de l'Harmonie.
21:44Le numérique pour tous,
21:44c'est fini pour aujourd'hui.
21:45Et pour prolonger la discussion,
21:47on se retrouve sur vos réseaux sociaux
21:48préférés
21:49et ceux de nos invités.
21:51Il est temps pour moi
21:51de vous souhaiter
21:52une excellente fin de week-end
21:53et de vous dire
21:54à la semaine prochaine.
21:55Sous-titrage Société Radio-Canada
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