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Pierre Silviet-Carricart, 58 ans retrouvé dans les eaux sombres du Tibre, à Rome. L'étrange suicide d'un curé dont le nom symbolise à lui tout seul les accusations de maltraitance, de viols et d'agressions sexuelles de Notre-Dame-de-Betharram. Des décennies de bouches cousues et d'omerta, avant que la justice, tardivement ; pousse enfin la porte de l'institution.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:0014h15 c'est l'heure du crime sur RTL
00:05Jean-Alphonse Richard
00:06Le père Sylvie Caricard a mis fin à ses jours alors qu'il se trouvait à Rome.
00:11Son corps a été formellement identifié après avoir été repêché dans le Tibre.
00:15Ancien directeur de l'institution Notre-Dame de Bétaram,
00:19il avait été mis en examen pour viol sur mineurs de moins de 15 ans
00:22et devait être entendu dans le cadre d'une deuxième plainte.
00:25Bonjour, l'abbé Pierre-Sylvie Caricard, retrouvé dans les eaux sombres du Tibre à Rome,
00:34l'étrange mort d'un curé dont le nom symbolise à lui tout seul les sévices de Notre-Dame de Bétaram.
00:40Des décennies de bouche cousue et d'omerta avant que la justice tardivement pousse enfin la porte de l'institution.
00:47Mais que dit vraiment l'enquête ? Bétaram, les murs du silence, l'heure du crime.
00:52La seule émission radio 100% fait diverser tout de suite sur RTL.
01:03Mercredi 3 décembre 1997, les policiers du commissariat de Bordeaux
01:08interpellent un jeune homme qui se livrerait à l'exhibitionnisme.
01:13Le commissaire Roland Allibert, qui dirige la brigade des mœurs, est surpris par l'attitude de ce Franck L, 21 ans.
01:22Prostré, mutique, recroquevillé sur sa chaise, il finit par raconter sa vie et sa sexualité déviante.
01:29Il vide son sac.
01:30Dans son enfance, il a subi des attouchements répétés mais aussi un viol.
01:35C'était au collège lycée Notre-Dame de Bétaram à Pau.
01:39L'agresseur est un prêtre, l'abbé Pierre-Sylvier Caricard, à l'époque directeur de l'établissement.
01:45Il cite un autre homme, le surveillant général Damien S, surnommé Cheval ou préfet Cheval.
01:52Franck ajoute qu'il n'est pas le seul élève à avoir eu affaire à ces deux hommes.
01:56Il dépose alors plainte pour viol et agression sexuelle sur mineurs de 15 ans.
02:01Plainte transmise au parquet de Pau.
02:05Lundi 5 janvier 1998, le juge d'instruction de Pau, Christian Miranda, confie la plainte de Franck, elle, aux gendarmes de la section de recherche.
02:16Enquête tout de suite sensible à Pau, Bétaram, école religieuse privée, est une institution prestigieuse, respectée, connue pour sa rigueur, sa discipline, fréquentée depuis des générations par les notables du coin.
02:30L'adjudant-chef Alain Hontangs se rend à la prison de Gradignan pour y interroger Franck L, écroué, pour l'affaire d'exhibition.
02:40Presque 6 heures de face à face.
02:42A l'issue de cette audition, j'étais convaincu de la vérité de ces déclarations, affirmera le gendarme.
02:48Aucun autre cas de viol ou d'agression sexuelle à Bétaram n'est alors évoqué.
02:53Le juge Miranda souhaite désormais l'audition du présumé violeur, le père Sylvie Caricard.
03:00Le cas du surveillant général Damien S. peut lui attendre.
03:04Le curé réside depuis plusieurs mois à Rome.
03:07La convocation reste en souffrance.
03:10Lundi 25 mai 1998, l'abbé Pierre-Sylvie Caricard, 56 ans, est placé en garde à vue.
03:19Il nie les accusations de Franck L, à l'époque âgée de 11 ans.
03:23A sa mère, Franck, avait pourtant écrit à l'époque ces mots.
03:28Le soir, le père me caresse le ventre, mais je vais essayer d'avoir de bonnes notes.
03:33Au gendarme, Franck a raconté le viol.
03:35C'était en janvier 88. Il venait de perdre son père.
03:39Ce matin-là, à Bétaram, le père Caricard l'a réveillé très tôt pour les funérailles.
03:45Il l'a conduit dans la salle de bain, réservée au curé, et l'a agressé sous la douche.
03:50Le curé dément le viol.
03:52Une confrontation est organisée.
03:54Franck maintient ses accusations.
03:56Le lendemain, 14h, le prêtre est déféré, devant le juge Christian Miranda, pour sa mise à un examen.
04:01Mais au dernier moment, fait exceptionnel.
04:04Le procureur général demande à voir le dossier.
04:09Le gendarme Ontang se souvient que le juge avait évoqué une intervention à haut lieu,
04:15celle du ministre de l'éducation à l'époque, François Béroux, lequel connaît bien l'école de Bétaram.
04:22Le prêtre est toutefois mis en examen pour viol, tentative de viol et écrouer.
04:27Il dit avoir fait une seule erreur, avoir aidé cet élève à prendre sa douche et à se savonner.
04:34Et on va voir ce qu'il va advenir de Pierre-Sylvier Caricard, curé, ancien directeur du collège lycée de Bétaram.
04:42Dans tous les cas de figure, sa mise en cause va ouvrir une faille béante dans cet établissement.
04:48Il faut se délier sur des abus, des maltraitances, des viols, des agressions sexuelles, même si cette boîte de Pandore, il faut bien le dire, va ne rester qu'entre-ouverte.
04:59On ne va pas aller vraiment au bout des choses.
05:01Alors il faut retourner au mois de décembre 1997 avec finalement le point zéro de cette affaire, même s'il y a eu d'autres violences dans cet établissement.
05:13Mais ça c'est le point zéro de l'affaire, c'est l'accusation lancée par Franck L.
05:17Bonjour maître Thierry Sagardoito.
05:20Bonjour Jean-Alphonse Richard.
05:22Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans l'heure du crime.
05:24Vous êtes avocat au barreau de Pau et dans cette affaire vous êtes avocat de parti civil dans ce dossier Caricard, le dossier de ce curé.
05:34Alors effectivement il y a cette accusation de Franck L, elle pèse très lourd parce que ce garçon qui a décidé là enfin de parler après des années de silence,
05:44ce garçon il raconte tout dans le détail ?
05:46C'est appris judiciairement la première plainte pour viol qui vise cet établissement.
05:56Deux ans plus tôt, l'établissement a déjà fait la une de l'actualité avec la célèbre affaire de la baffe donnée par un surveillant de l'établissement
06:04qui a déchaîné beaucoup de commentaires autour des pratiques de l'établissement.
06:10Mais de mémoire c'est la première plainte pour viol qui émerge depuis des décennies de silence et visiblement d'un peu d'obscurantisme.
06:18Voilà c'est le silence derrière les murs, c'est comme ça qu'on appelle cette émission aujourd'hui, c'est l'affaire de Betaram.
06:24Bonjour Alain Esquer.
06:26Bonjour.
06:27Merci beaucoup vous aussi d'être avec nous dans cette heure du crime.
06:31Alors Alain Esquer, vous êtes ancien élève dans l'institution Betaram.
06:35Vous êtes lanceur d'alerte parce que vous avez beaucoup apporté d'informations sur cette affaire
06:44et notamment sur les abus qu'il pouvait y avoir derrière les murs de cette école.
06:48Et vous êtes co-auteur avec Clémence Badaud et Tiffen Piauget du livre Le silence de Betaram aux éditions Michel Laffont.
06:55Alain Esquer, un en mot, Betaram, réputation prestigieuse.
06:59Excellente. C'est une institution plus que centenaire, bien entretenue, des installations sportives haut de gamme
07:09avec deux terrains de tennis, une piscine découverte, pour l'époque c'était quand même extraordinaire.
07:16Ça justifiait des tarifs de scolarité qui étaient élevés et on accueillait toutes les élites basques et bordelaises.
07:26L'image de l'établissement, ce n'était pas forcément celle d'une école où l'on redressait les fortes têtes.
07:33Maître Sagard-Loyte, il faisait allusion à l'instant parce qu'il y a déjà eu des histoires avant cette mise en cause,
07:38cette plainte pour viol. Il y a déjà eu effectivement des histoires autour de Betaram à Alain Esquer.
07:43Dans les années 80, pas vraiment. On parle d'un suicide d'un enfant, d'un autre décédé pour cause de méningite foudroyante.
07:54Mais on parle surtout de rigueur, d'autorité, jamais vraiment de mauvais traitement et surtout rien de sexuel.
08:02Il va falloir attendre 1996 avec l'affaire de la gifle, puis l'affaire de 1998 sur le père Caricard pour entendre parler des violences sexuelles.
08:14Alors justement, vous venez me donner son nom, c'est l'abbé Pierre-Sylvier Caricard.
08:18Vous qui connaissez très bien cette institution, vous y avez été élève, je le rappelle, et ça c'est important pour nous, pour mieux comprendre.
08:25L'abbé Pierre-Sylvier Caricard, c'est une personnalité très respectée, très crainte.
08:30Oui, c'est d'abord un enseignant de philosophie, quelqu'un qui est érudit, très instruit.
08:39C'est surtout une personnalité amène, il est sympathique, vous voyez, il n'a aucune violence en lui.
08:47On lui donnerait le bon Dieu sans confession que nos parents adorent, car il est toujours là pour essayer de rendre service,
08:55de s'occuper des enfants, d'aller les chercher à la gare, de les garder le week-end, si les parents le lui demandent.
09:03Il leur donne un petit billet.
09:05Alors effectivement, là, vous décrivez quelqu'un qui serait quasiment inoffensif, parce qu'effectivement, vous l'avez dit,
09:11c'est votre expression, on lui donnerait le bon Dieu sans confession à ce curé.
09:14Mais effectivement, là, il est sur le point, à l'époque, d'être mis en examen.
09:19Il y a cette présentation au juge et il y a le procureur général qui va intervenir.
09:22Maître Thierry Sagardoito, un mot là-dessus, parce qu'il faut bien dire que lorsque quelqu'un est déféré devant un juge d'instruction,
09:29il va être mis en examen.
09:31C'est du jamais vu qu'un procureur général vienne comme ça, juste avant cette mise d'un examen, se mêler de l'affaire.
09:37Qu'est-ce qui s'est passé ?
09:41Maître Thierry Sagardoito, qui a disparu, qui n'est plus avec nous, donc effectivement...
09:46Je suis là, je suis là.
09:47Voilà, on peut se poser la question, pourquoi le procureur général est intervenu à ce moment-là ?
09:53Moi, je n'ai aucune trace, et j'ai lu le dossier à l'époque, je n'ai aucune trace d'une intervention du procureur général.
09:59C'est un élément qui est surgi dans le débat en 2025 sur les déclarations du gendarme Hontan,
10:05lequel a affirmé que lorsqu'il a présenté le père Caricard au juge d'instruction,
10:10le procureur général de Pau, qui est, vous le savez, le supérieur hiérarchique du procureur de la République,
10:15aurait demandé la copie du dossier.
10:16Moi, je n'ai rien vu de tel dans le dossier.
10:19En revanche, le procureur de la République, l'interlocuteur naturel du juge d'instruction,
10:24au moment de prendre ses réquisitions sur le placement en détention,
10:27a demandé à voir le dossier, ce qui est légitime, ce qui est même prévu par le Code.
10:31Je suis très sceptique sur cette affirmation sur laquelle le procureur général a demandé à voir le dossier.
10:37Mais un procureur a fait rapport au procureur général,
10:40lequel ensuite a fait un rapport à la chancellerie,
10:42ça c'est prévu par les textes, c'est habituel et ça se déroule tous les jours.
10:46En revanche, que le procureur général ait vu le dossier,
10:48là, j'ai de gros doutes pour ne pas...
10:50D'autres victimes et un curé mystérieusement suicidé.
10:55Bétarame, les murs du silence, j'ai accompli mon chemin de croix,
10:59je ne supporterai pas de retourner en prison.
11:01L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
11:04L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire de l'école Bétarame à Pau,
11:20fin 1997.
11:22Un ancien élève de l'établissement privé catholique
11:24a déposé plainte pour viol contre l'ex-directeur.
11:27Ce curé a été mis en examen,
11:30les soupçons contre lui ne vont cesser de s'amplifier,
11:32mais il va échapper à la justice.
11:36Mardi 9 juin 1998,
11:39seulement deux semaines après son incarcération,
11:42l'abbé Pierre-Sylvier Caricard
11:44est remis en liberté par la cour d'appel de Pau.
11:47Son avocat a dénoncé une situation indigne.
11:50La cour accepte la version du curé,
11:53lequel dément le viol et certifie
11:54n'avoir pas fait de caresses intentionnelles à l'élève Franck L.
11:59Il reste sous contrôle judiciaire.
12:02Il part vivre chez sa sœur religieuse.
12:04Le juge d'instruction veut maintenant savoir
12:06si le prêtre aurait fait d'autres victimes.
12:09Les enquêteurs entendent d'anciens pensionnaires
12:11de Bétarame scolarisés en 1987 et 1988,
12:16année du viol de Franck L.
12:18La plupart n'ont rien à dire.
12:20Le silence est de mise.
12:22Mais quelques mois plus tard,
12:24Benoît, ancien élève,
12:25écrit au juge Miranda,
12:27Il affirme avoir été violé par Pierre-Sylvier Caricard.
12:30Il raconte les séances de caresses imposées par le prêtre.
12:34Benoît est la deuxième victime officielle.
12:38Un autre jeune homme, Bruno,
12:39vient voir le juge.
12:41Il vient raconter que lui aussi a été violé.
12:44Je ne savais même pas ce qu'il faisait.
12:46Je n'avais pas les mots jusqu'ici pour en parler,
12:48témoigne-t-il.
12:49Mercredi 12 janvier 2000,
12:53le juge Christian Miranda
12:54convonque l'abbé Pierre-Sylvier Caricard.
12:57Il va lui signifier de nouvelles mises en examen.
13:00Sauf que le curé n'est pas là.
13:03Aucun signe de sa part.
13:05Le père Sylvier Caricard serait donc resté à Rome.
13:09Il est là-bas économe général
13:10de la Congrégation des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétarame.
13:15Après avoir reçu sa convocation,
13:17le curé avait adressé une longue lettre
13:20à son avocat, maître Serge Legrand.
13:22« Je ne supporterai pas un autre séjour en prison »,
13:26écrivait-il.
13:27Il ajoutait « J'ai accompli mon chemin de croix.
13:30Je suis au Golgotha,
13:32à savoir la colline où Jésus a été crucifié.
13:35Le religieux répète qu'il n'a jamais violé quiconque.
13:39Il s'en remet à la vraie justice,
13:41à savoir celle de Dieu. »
13:44Mardi 1er février 2000,
13:46un corps est repêché dans les eaux sombres et puissantes du Tibre,
13:50à hauteur de Vitigna,
13:52une commune au sud de Rome.
13:54Le rapprochement est fait avec le père Sylvier Caricard,
13:57dont la Congrégation romaine de Bétarame
13:59a signalé la disparition, le corps.
14:02À longtemps séjourné dans l'eau,
14:04il est méconnaissable.
14:05Un ecclésiastique identifie le curé
14:08grâce à sa carte de visite trouvée dans une poche,
14:11un chapelet et son dentier.
14:13Dix jours plus tard,
14:15les obsèques du curé sont célébrés à Pau.
14:17300 personnes sont présentes,
14:19parmi lesquelles l'épouse de François Bayrou.
14:21Le prêtre qui célèbre la messe
14:24déplore un chantier de démolition
14:26contre un homme affable et sensible
14:29qui a été livré au mensonge.
14:31Trois mois plus tard,
14:32Le juge Mirand sursaut en lisant l'autopsie
14:35adressée par les Italiens.
14:38Le noyer est décrit comme mesurant
14:401,71 m et pesant 80 kg.
14:44Le juge se souvient d'un homme bien plus petit
14:47et beaucoup moins costaud.
14:49Le curé avait déclaré lui-même
14:51une taille de 1,57 m
14:53pour l'obtention d'une carte d'identité.
14:55Le juge soupçonne alors
14:56une substitution de cadavre.
14:58Le mort du tibre est exhumé.
15:01L'étude d'un fémur et l'ADN
15:03confirment qu'il s'agit bien,
15:05finalement, du corps de Pierre-Sylvier Caricard.
15:10Le père-Sylvier Caricard
15:11est donc bel et bien mort.
15:13Il s'est de toute évidence suicidé
15:15en se jetant dans le tibre.
15:17Il ne voulait sans doute pas
15:19affronter à nouveau la justice des hommes
15:21et un retour inélucutable
15:23derrière les barreaux.
15:24On va voir toutefois que le nom
15:25de l'ancien directeur de Bétarame
15:27va continuer à faire beaucoup parler.
15:29C'est le fil rouge
15:30de cette histoire de Bétarame.
15:32Le curé, le père-Sylvier Caricard,
15:34des dizaines de victimes
15:35vont se manifester.
15:38Mais ça, on va le voir
15:39dans la suite de l'heure du crime.
15:41Il faut revenir pour l'instant
15:42à Pierre-Sylvier Caricard.
15:45Encore une fois,
15:45c'est le déclencheur
15:46de toute cette histoire.
15:48Son nom est au centre
15:49de tous les débats.
15:49à cette garde à vue
15:51de Pierre-Sylvier Caricard,
15:53maître Thierry Sagardoito,
15:54avocat à Pau,
15:55avocat de partie civile
15:56dans ce dossier Bétarame.
15:59Devant le juge,
16:01il est très placide,
16:02Pierre-Sylvier Caricard.
16:04Ce n'est pas facile,
16:04une garde à vue.
16:05Mais il tient son cap,
16:07il dit qu'il n'a absolument
16:08jamais rien fait.
16:09Il reste calme,
16:11stoïque.
16:11Il conteste mollement,
16:15sans doute convaincu
16:16que cela suffira
16:18à convaincre le juge.
16:19Moi, je me souviens
16:20d'avoir participé
16:21à la confrontation
16:22dans le bureau
16:23du juge Miranda
16:23avec la première victime
16:26en titre
16:26dans ce dossier.
16:28Et j'ai le souvenir
16:28d'un homme qui,
16:30en quelque sorte,
16:31est confiant,
16:32qui n'affecte
16:33aucune inquiétude particulière.
16:35Il n'est plus détenu
16:36à ce moment-là.
16:37Il a été libéré
16:38sous contrôle judiciaire.
16:40Ce qu'il ignore,
16:40en revanche,
16:41c'est la pléthore de plaintes
16:42qui jailliront plus tard.
16:43Mais ça, effectivement,
16:43on en reparlera.
16:44Oui, bien sûr,
16:45il va y avoir,
16:45là, il va y avoir
16:46une avalanche de plaintes,
16:47des dizaines et des dizaines
16:48de plaintes.
16:49On va les comptabiliser
16:50les unes
16:51après les autres.
16:53Alors, effectivement,
16:54il faut parler
16:54de cette disparition
16:56du père Caricard.
16:58Parce que ça,
16:58vous connaissez bien
16:58le sujet,
16:59maître Thierry Sagardoito.
17:01Je suis à l'époque
17:02avec le regretté
17:05confrère Gérard Boulanger,
17:06artisan du célèbre procès
17:07contre Maurice Papon.
17:09Gérard Boulanger
17:09est un avocat bordelais
17:10et un jour,
17:11en feuilletant le dossier
17:12avec moi,
17:12il fait la remarque
17:15que vous avez évoquée
17:17à l'instant
17:17sur la longueur
17:18du corps repêché
17:19dans le tibre.
17:20C'est vrai qu'à l'époque,
17:21on n'a pas
17:22d'album photo,
17:23on n'a pas de photo
17:24faite par la police italienne
17:26relative
17:27à l'identification
17:28du corps.
17:29Alors,
17:29on nous explique
17:30que le corps
17:30a été abîmé,
17:31mais germe
17:33l'éventualité
17:34d'une possibilité
17:35de substitution,
17:36comme vous l'avez rappelé.
17:37Et là,
17:38on dit au juge,
17:38écoutez,
17:39sommes-nous bien sûr
17:40de la personne
17:41qui est dans la boîte ?
17:43Et le juge d'instruction
17:44a été assez percuté
17:46par cet argument
17:47et il nous a dit,
17:48écoutez,
17:49j'en ai tellement pris
17:50dans ce dossier
17:50que je ne leur donnerai
17:52pas d'office,
17:52mais si vous me le demandez,
17:53je l'accepterai.
17:54Et c'est ce que nous avons fait
17:55et c'est ainsi
17:56que le vendredi
17:5610 novembre demi,
17:58je m'en souviens
17:58comme si c'était hier,
17:59nous sommes allés
18:00donc au cimetière
18:01qui entoure
18:02l'institution
18:04de Bétarame,
18:04au cimetière de Pietate,
18:06et donc le corps
18:06a été exhumé,
18:07conduit au funérarium.
18:09Le corps était
18:10en bon état de conservation,
18:11je me rappelle avoir vu
18:12le visage
18:13du père Caricard
18:16malgré 9 mois
18:17d'inhumation,
18:19ça ne jetait pas de doute,
18:20c'était bien lui
18:21et donc cette thèse
18:22a été refermée.
18:23Il faut bien comprendre
18:24que cet acte fondamental,
18:26l'autopsie
18:27et l'identification du corps
18:28a marqué en quelque sorte
18:30le coup d'arrêt
18:30du dossier.
18:31On n'est pas à l'époque
18:33à aller chercher plus loin.
18:33Alors le père
18:35Sylvier Caricard,
18:36encore une question,
18:36M. Thierry Sagardo-Huto,
18:38c'est certain,
18:39il allait retourner en prison
18:40parce que les plaintes
18:41commençaient à émerger
18:42un peu à droite à gauche,
18:44il allait retourner
18:44derrière les barreaux ?
18:46Alors il faut savoir,
18:47et vous avez fait référence
18:48tout à l'heure à l'arrêt
18:48qui a été prononcé
18:49en mai 98,
18:50il faut savoir que
18:51dans son arrêt,
18:52la chambre de l'instruction
18:52avait dit
18:53les faits sont anciens,
18:54les faits dénoncés
18:55par la première victime
18:56sont anciens,
18:57il n'y a qu'une victime
18:58et donc en l'état,
18:59en gros c'était ainsi
19:00que c'était écrit,
19:01on va appliquer
19:01le principe de précaution.
19:03Quand le juge d'instruction
19:04apprend que la cour
19:05a libéré
19:06Pierre Sylvier Caricard,
19:08je me souviens,
19:08il est extose de colère
19:09et il dit
19:10si jamais je trouve
19:12une deuxième victime,
19:13je le convoque
19:14et là je l'incarcère.
19:15Et donc,
19:16ces mots qui avaient été tenus
19:17par le juge
19:17sont remontés évidemment
19:18aux oreilles de Pierre Sylvier Caricard
19:20par son avocat
19:20et Pierre Sylvier Caricard
19:22sait quand il est convoqué
19:23au mois de février 2000
19:24que ce qu'il attend
19:26à l'issue de l'interrogatoire,
19:27c'est un retour
19:28à la case prison.
19:28Donc,
19:29il va en quelque sorte
19:31fuir la justice
19:32d'une autre manière.
19:33Et c'est ça.
19:33Il finit par se suicider
19:35dans les eaux du Tibre.
19:37Il fuit la justice
19:38et c'est exactement ça
19:39Maître Thierry Sagardoito.
19:40Alain Esquer,
19:42évidemment,
19:42vous êtes avec nous
19:43dans cette heure du crime.
19:45Vous êtes
19:45le lanceur d'alerte
19:47entre guillemets
19:47dans l'affaire Bétarame.
19:48C'est vous qui avez emmené
19:50beaucoup,
19:50beaucoup d'informations.
19:51Vous avez même écrit
19:52un livre sur le sujet,
19:53Le silence de Bétarame
19:55avec Clémence Badaud
19:57et Tifféne Piaugé.
19:58Il y a eu Franck L.
20:00Lui,
20:01c'est la première plainte
20:02qui est déposée.
20:03Et puis,
20:03ils vont suivre,
20:04parce qu'on continue,
20:05on se parle
20:06entre anciens élèves.
20:08On est entendu
20:09par les gendarmes.
20:10On commence
20:11à s'inquiéter.
20:11Puis,
20:11on a aussi envie
20:12de libérer sa parole.
20:14Il y a eu Franck L.
20:15Il va y avoir Benoît.
20:17Il va y avoir Bruno.
20:18les victimes,
20:19elles se manifestent,
20:21mais elles se manifestent
20:21au compte-gouttes.
20:24Oui,
20:24les témoignages
20:26arrivent vraiment
20:27au compte-gouttes.
20:29Il y a Franck,
20:30mais aussi Benoît.
20:32On va mettre
20:3318 mois
20:34pour trouver
20:35une seconde victime.
20:36On fait passer d'ailleurs
20:37Franck
20:37pour un jeune
20:38à la dérive.
20:39Et toute la population locale,
20:41y compris moi-même d'ailleurs,
20:43doutons de la véracité
20:44des dires
20:45du jeune garçon.
20:46Il faut imaginer
20:47le tollé à l'époque
20:48des notables
20:49qui défendent
20:50bec et ongle
20:50ce prêtre.
20:52Je vais retrouver
20:53des correspondances
20:54qu'il envoie
20:55vers des garçons mineurs
20:56alors qu'il est placé
20:57sous contrôle judiciaire
20:59en jurant
21:00qu'il n'a jamais
21:01rien fait de mal.
21:03Effectivement,
21:03c'est un petit peu
21:05l'envers du décor.
21:05Je vous remercie
21:06Alain Esquer
21:06de nous dévoiler
21:08ces informations
21:09qu'on ne connaît pas
21:10forcément.
21:11Alain Esquer,
21:12il y a quelque chose
21:13qui me trouble
21:14un petit peu
21:14dans cette histoire
21:15parce qu'on a compris
21:16Pierre-Sylvier Caricard
21:18c'est le numéro 1.
21:19Lui, il fallait
21:19le mettre en examen.
21:21Le juge voulait
21:21le mettre en prison.
21:23Son nom est sorti,
21:24etc.
21:25Mais dans la première plainte,
21:27il y a le surveillant
21:28en chef,
21:29Damien S,
21:30le préfet cheval
21:32comme on l'appelle,
21:33on se demande
21:33d'ailleurs
21:34il tire son surnom,
21:35le préfet cheval.
21:37Lui, l'enquête,
21:38l'a complètement oublié ?
21:40C'est l'exemple même
21:42dans Laïc
21:43qui sombre
21:44dans la plus absolue
21:45ignominie,
21:46commettant des tortures,
21:47des humiliations,
21:48à répétition,
21:48alternant entre les coups
21:50et les agressions sexuelles.
21:51C'est un individu
21:52extrêmement dangereux.
21:54en 1999,
21:56il est quand même
21:57entendu
21:57par le gendarme
21:59Hontang
22:00dans le cadre
22:01de l'enquête
22:02Caricard
22:02et curieusement,
22:04l'enquête
22:05ne se dirige
22:06que vers
22:07le père Caricard
22:07et il échappe
22:09au radar
22:10de la justice.
22:11Et c'est là
22:12où il y a,
22:13à mon sens,
22:13un manquement
22:14particulièrement grave.
22:15Oui,
22:15c'est un des mystères
22:17de cette enquête.
22:18On ne sait pas pourquoi
22:18cet homme,
22:19pendant des années,
22:20est resté entre parenthèses
22:21alors qu'il y avait bien
22:22une information judiciaire
22:24ouverte
22:24des langues
22:25qui se délisent
22:26sur de vieilles histoires
22:28oubliées.
22:29Bétaram,
22:30les murs du silence,
22:31il avait jeté son dévolu
22:32sur de jeunes garçons
22:33fragilisés.
22:34L'enquête de l'art du crime,
22:35combien de victimes,
22:36de viols
22:37pour l'ancien directeur
22:38et si les agresseurs,
22:39curés et surveillants
22:40se comptaient par dizaines
22:42à suivre ?
22:43Dans un court instant
22:44sur RTL.
22:46L'heure du crime.
22:47Jusqu'à 15h
22:48sur RTL.
22:5014h15.
22:52Jean-Alphonse Richard
22:53sur RTL.
22:54L'heure du crime.
22:56Mes parents m'ont accompagné,
22:57on a fait la visite,
22:58on a été dans le bureau
22:59du directeur
23:00et à la fin,
23:02le directeur se lève
23:03et me met une gifle.
23:05Il n'y a pas de réaction
23:06de la part de mes parents.
23:07Vu qu'ils n'ont pas réagi,
23:09c'est sûr et certain
23:09que sur mon dossier,
23:10il s'est dit
23:11là, on peut y aller.
23:12Là, on peut y aller.
23:12Au programme aujourd'hui
23:14de l'heure du crime,
23:15l'affaire Bétarame.
23:16À partir de la fin
23:17des années 90,
23:18plusieurs plaintes
23:19pour maltraitance,
23:20mais aussi des viols
23:21et des agressions sexuelles.
23:23Plaintes sont déposées.
23:24Menacé de prison,
23:25un curé
23:26et ancien directeur
23:27s'est suicidé.
23:28l'établissement va être
23:29pour la première fois
23:30condamné.
23:32Janvier 2001,
23:33un an après le décès
23:34du père Sylvie Caricard,
23:36maître Gérard Boulanger,
23:38avocat de Franck L,
23:39première victime du curé,
23:40porte plainte au civil
23:41contre l'institution
23:43de Bétarame.
23:44Il déplore un défaut
23:45de surveillance.
23:46On s'aperçoit alors
23:47que depuis des années,
23:48l'établissement est visé
23:50par les accusations.
23:51En février 1996,
23:52Jean-François Séris,
23:54un artisan de peau,
23:55avait déposé plainte
23:57pour coups et blessures
23:58volontaires
23:58et traitements inhumains
24:00et dégradants.
24:01Son fils, Marc,
24:0214 ans,
24:03avait été frappé
24:04par un surveillant.
24:05Il avait été laissé
24:06à la porte
24:07pendant une heure,
24:08pieds nus,
24:09en slip et t-shirt
24:10par une température
24:12de zéro degré.
24:13J'avais froid,
24:14je ne sentais plus mes jambes,
24:15j'ai voulu rentrer,
24:16le surveillant m'a giflé
24:17et m'a remis au perron,
24:19témoignera Marc.
24:21La pratique du perron,
24:23une mise au piquet forcée
24:24sous la statue de la Vierge.
24:26Le surveillant
24:27avait été condamné
24:28à une amende
24:29mais il avait été maintenu
24:31à son poste.
24:33Lundi 25 septembre 2006,
24:35la cour d'appel de peau
24:36condamne au civil
24:37le collège de Bétharam.
24:38L'établissement
24:39est civilement responsable
24:41du viol
24:42et des agressions sexuelles
24:43commises par
24:44M. Sylvie Caricard,
24:46écrivent les magistrats.
24:47L'arrêt indique
24:49que le curé
24:49avait jeté son dévolu
24:51sur deux victimes,
24:52Franck et Benoît,
24:53à une époque
24:54où ils étaient fragilisés
24:56par la perte récente
24:57de leur père respectif.
24:59Les témoignages
25:00de ces deux élèves
25:01sont parfaitement crédibles,
25:02est-il écrit.
25:03Curieusement,
25:04la décision judiciaire
25:05passe à l'époque
25:06totalement inaperçue.
25:08Et à ce moment-là,
25:12on va compter,
25:13selon les gens
25:15qui s'occupent
25:16de cette affaire
25:16et qui ont transmis
25:18beaucoup de procédures
25:20à la justice,
25:20on va compter,
25:21le chiffre,
25:21il était,
25:22Farhan,
25:22250 plaintes
25:24qui auraient été émises
25:26en une quarantaine d'années
25:28au sein de l'institution.
25:30250 plaintes,
25:31autant vous dire
25:31qu'il y en a très très peu
25:32qui sont parvenues
25:34dans les mains
25:35de la justice.
25:36Alain Esquer,
25:38vous avez,
25:38vous,
25:38comptabilisé
25:39toutes ces plaintes
25:40que, encore une fois,
25:41le chiffre,
25:42il était farant,
25:42250 plaintes,
25:44c'est vraiment énorme.
25:46Pourquoi personne
25:48ne dit rien ?
25:50On peut dire
25:51que c'est beaucoup,
25:52mais c'est peu à la fois,
25:53car sur les 50 dernières années,
25:55on peut évaluer
25:56à 5 000
25:57les enfants
25:58qui sont passés
25:59par l'institution.
26:00Mais ce qui est
26:01quand même déterminant,
26:02c'est que les enfants,
26:03ils en parlaient.
26:04Mais à l'époque,
26:04on ne les croyait pas.
26:06Et il faut comprendre
26:06que tout était
26:07cadenassé
26:08et qu'in fine,
26:09cette omerta
26:10a été fatale
26:11et a permis
26:11la perpétuation
26:12des crimes.
26:13C'est ça,
26:13c'est le silence,
26:14finalement,
26:14qui a permis
26:15aux choses
26:16de prospérer
26:16jusqu'à ce qu'il y ait
26:18ces déclics
26:19et que certaines personnes
26:20osent,
26:20finalement,
26:21venir témoigner.
26:22Alors,
26:23Bétarame,
26:24l'institution,
26:25elle va être condamnée
26:26tout de même.
26:26On est en 2006,
26:27c'est au civil.
26:29Maître Thierry Sagardoito,
26:30vous êtes avocat
26:30au barreau de Pau.
26:31On ne va pas rentrer
26:31dans les détails juridiques,
26:33évidemment.
26:34Vous défendez
26:34des partis civils
26:35dans ce dossier
26:36Caricard.
26:38C'est une avancée,
26:39quand même,
26:40cette condamnation
26:40aux civils.
26:41On ne peut plus
26:41condamner le curé
26:42puisqu'il est décédé.
26:44Donc,
26:44l'action publique
26:45est éteinte.
26:49En raison
26:50de l'extinction
26:50de l'action publique,
26:51c'est-à-dire
26:51l'absence de perspective
26:52d'un procès un jour
26:53aux assises,
26:54les portes se fermeraient
26:55s'ils ne saisissaient pas,
26:57dans un délai rapide,
26:59la juridiction civile
27:01pour faire condamner
27:02l'établissement
27:02en lieu et place.
27:04Alors,
27:04c'était symbolique
27:04parce que
27:05une juridiction judiciaire
27:07a quand même dit
27:07qu'il s'était déroulé
27:08à l'intérieur
27:09de cet établissement
27:10des actes criminels
27:12préjudiciables
27:13aux intérêts
27:14de notre client commun
27:15à l'époque,
27:16mais la réparation
27:19demeurait symbolique.
27:21Elle n'était
27:21que financière.
27:23Alors,
27:23il y a,
27:23en 2003,
27:26la justice
27:26va noter
27:27qu'il y a
27:28une ambiance
27:29malsaine
27:30qui existait
27:30au sein de l'école.
27:32C'était déjà
27:32un pas,
27:33Thierry Ségard-Oyteau.
27:35Oui,
27:35une ambiance malsaine.
27:37On parle de violence
27:37physique,
27:38c'est l'affaire de 1996.
27:40On parle de viol.
27:42Quelques plaintes,
27:43semble-t-il,
27:44mais c'est assez difficile
27:45à cerner,
27:46se manifesteraient
27:47au début
27:47des années 2000
27:48et tout reprend
27:49comme si de rien n'était.
27:51La preuve est que,
27:53aujourd'hui,
27:53dans le dossier criminel
27:54ouvert en 2025,
27:56on trouve
27:57des agissements
27:58qui se sont
27:59poursuivis
28:00en 1990
28:01alors que l'affaire
28:02Caricard
28:02secoue l'établissement
28:04et y compris
28:05dans le courant
28:06de la décennie
28:07des années 2000.
28:08C'est-à-dire qu'en réalité,
28:09comme cela a été dit
28:10tout à l'heure,
28:11certains des mis en cause
28:12du premier dossier
28:141996-1998
28:16sont encore aux fonctions
28:17et continuent leurs exactions
28:18comme si de rien n'était.
28:20Encore deux questions,
28:21Thierry Ségard-Oyteau,
28:21parce que c'est très important.
28:23Il y a eu des inspections,
28:24évidemment,
28:25dans cet établissement
28:26qui se sont succédés.
28:27Une école,
28:28même privée,
28:29évidemment,
28:29elle est toujours inspectée
28:31et assez régulièrement.
28:32On a toujours conclu
28:33que tout était normal.
28:35Alors,
28:35il faut rappeler
28:36qu'en 1996,
28:38François Bayrou,
28:39alors ministre
28:40de l'Éducation nationale,
28:42demande au rectorat de Bordeaux
28:43de dépêcher un inspecteur.
28:45L'inspecteur en question
28:46se rend sur place.
28:48Son rapport va d'ailleurs
28:49être mis
28:50sur la place publique
28:51cette année,
28:52en 2025.
28:52on voit qu'en réalité,
28:54c'est une inspection
28:55extrêmement sommaire.
28:58Je crois qu'il a demandé
29:00à voir ce qu'on pouvait
29:01lui montrer.
29:02Je pense que le ménage
29:03avait été fait,
29:03tout le monde était sur 131
29:04et puis finalement,
29:06rien n'a filtré.
29:07Et de ce rapport,
29:08il n'est finalement
29:09rien ressorti,
29:10aucune sanction,
29:11aucun rappel à l'ordre.
29:12Bref,
29:13rien qui soit de nature
29:14à faire trembler
29:15à l'intérieur de l'établissement
29:16et surtout à faire évoluer
29:18les méthodes pédagogiques.
29:20Et ma dernière question
29:21pour vous,
29:22elle suit celle-ci
29:23très directement
29:24parce qu'effectivement,
29:26on parle de mauvais traitements,
29:27une discipline de fer,
29:28des punitions,
29:29tout ça paraît presque
29:30moyenâgeux parfois.
29:32Mais qui couvre
29:33ces agissements ?
29:34Maître Thierry Sagard-Dorito,
29:35qui couvre ?
29:36Je ne suis pas certain
29:37qu'il faille parler
29:38de couverture.
29:39Je pense qu'en fait,
29:40la charte éducative,
29:42c'était celle
29:42d'un établissement
29:43à la réputation excellente
29:44dans lequel on pouvait
29:46envoyer des élèves
29:47parfois en but
29:48à une forme d'autorité
29:49ou de discipline.
29:51Et donc,
29:52la technique des baffes,
29:53la technique du perron,
29:54c'était sur la place publique
29:55parce que tout ce que vous avez
29:56décrit de moyenâgeux
29:58à l'instant
29:58est déjà dans les articles
30:00de presse
30:00de 1996 et 1998.
30:02Aujourd'hui,
30:03si l'éducation nationale
30:05lisait pareils articles
30:06de presse,
30:06je suis certain
30:06qu'il y aurait
30:07d'abord des inspections
30:09immédiates
30:10et peut-être même
30:10une fermeture
30:11de l'établissement.
30:12A l'époque,
30:12tout le monde
30:13l'aise faire.
30:14On n'est pas
30:14dans le même prisme.
30:16Rappelez-vous,
30:17depuis,
30:17il y a eu
30:17l'outro,
30:18il y a eu
30:18une quantité d'affaires
30:19de violences sexuelles,
30:21de viols
30:21qui ont défrayé.
30:22Et donc,
30:22on a porté
30:23sur la protection
30:24à l'enfance,
30:25je crois,
30:25une attention
30:26beaucoup plus accrue.
30:27Mais nous sommes
30:28à l'époque,
30:29fin 90,
30:30début 2000
30:31et je crois
30:31que le rapport
30:32et le regard
30:32ne sont pas du tout
30:33les mêmes.
30:35Alain Esquerre,
30:36on entend ce que dit
30:36maître Thierry Sagardoito,
30:38vous êtes,
30:38je le précise,
30:39ancien élève,
30:40lanceur d'alerte
30:41dans l'affaire
30:41Bétarame,
30:42vous avez révélé
30:43beaucoup,
30:43beaucoup de plaintes
30:44et d'affaires.
30:45D'ailleurs,
30:45vous essayez
30:46de fédérer
30:47toutes les personnes
30:49qui auraient eu
30:50affaire
30:51à des choses
30:52terribles
30:53au sein de l'établissement.
30:54Alain Esquerre,
30:55est-ce qu'on peut parler
30:56de crimes étouffés ?
30:58J'ai tendance
31:00à dire que,
31:01oui,
31:02c'est une affaire
31:03d'Omerta
31:03qui est de cacher
31:05volontairement
31:06ce que l'on sait.
31:07On peut parler
31:08d'Omerta
31:08pour les violences physiques.
31:10Par contre,
31:10pour les violences,
31:11sexuelles,
31:13je parlerais plutôt
31:14de déni.
31:15C'est le cas,
31:16comme je le disais
31:16précédemment,
31:17de ces parents
31:18qui refusent
31:19d'admettre
31:20la parole
31:20de leurs enfants
31:21face à leurs
31:22agressions.
31:24Il y a ce déni
31:25aussi collectif
31:26de se dire
31:27mais ce n'est pas
31:27possible que nous
31:28vivions à côté
31:29d'un établissement
31:30où il s'est passé
31:31de telles choses.
31:33Près de 30 ans
31:34après la première
31:35plainte pour viol,
31:37d'autres gardent à vue.
31:37Bétarame,
31:39les murs du silence,
31:40il plaçait ses élèves
31:41préférés,
31:42ses chouchous,
31:43tout près de sa chambre
31:44puis il les invitait
31:45à entrer.
31:46L'enquête de l'heure
31:47du crime.
31:47On se retrouve dans un instant
31:48sur RTL.
31:49Retour aujourd'hui
32:03dans l'heure du crime
32:04sur l'affaire Bétarame,
32:05la prestigieuse école
32:06catholique de Pau
32:07est dans la tourmente
32:08depuis les accusations
32:08de viol contre
32:09un ancien directeur
32:10en 1998.
32:12Les plaintes
32:13vont se succéder
32:14au fil des années.
32:1527 ans plus tard,
32:16le dossier est rouvert.
32:19Jeudi 1er février 2024,
32:21le procureur de Pau
32:22ouvre une nouvelle
32:24enquête préliminaire
32:25sur l'affaire Bétarame.
32:26Les plaintes,
32:27en effet,
32:28s'accumulent.
32:29Les enquêteurs
32:29reçoivent ainsi
32:30112 lettres
32:32dénonçant des faits
32:33de viol,
32:33d'agression sexuelle
32:34et de violence
32:35recensés depuis
32:36les années 80.
32:38Les victimes mineures
32:39au moment des faits
32:40décrivent unanimement
32:41le climat de terreur
32:43qui régnait
32:44au sein de l'école.
32:45Des gifles,
32:46des coups de pied,
32:47des violences gratuites,
32:48mais aussi des attaques
32:50à caractère sexuel,
32:51des viols
32:51et des agressions.
32:52Les noms de 11 hommes
32:54religieux et laïcs
32:55sont cités,
32:57mais seuls 3
32:58sont encore en vie.
33:01Mercredi 19 février 2025,
33:033 suspects.
33:04Le curé Henri L.,
33:0694 ans,
33:07le surveillant en chef
33:09Damien S.,
33:1069 ans,
33:11surnommé Cheval,
33:12déjà cité,
33:13lors de la toute première
33:14plainte pour viol,
33:15fin 97,
33:16et le surveillant Patrick M.,
33:1859 ans,
33:20sont placés en garde à vue
33:21pour viol aggravé
33:22et agression sexuelle aggravée.
33:25L'ancien curé
33:25reconnaît une seule agression sexuelle
33:28au préjudice d'une victime,
33:29même si ce garçon
33:31avait de son côté
33:32dénoncé plusieurs attaques.
33:34Le père L.,
33:36ressort libre de sa garde à vue.
33:37Les faits sont prescrits.
33:39Le surveillant Damien S.
33:41est lui accusé de viol
33:42par une victime,
33:44d'agression sexuelle
33:45par 18 autres
33:46et de violence
33:48par 55 ex-élèves.
33:51Pas de poursuite non plus,
33:53les faits sont prescrits.
33:55Seul le dernier gardé à vue,
33:57Patrick M.,
33:58en poste à Betaram
33:59jusqu'en 2024,
34:00ancien chef des scouts
34:02à l'école,
34:03est mis en examen
34:04pour viol
34:05entre 1991
34:06et 1994
34:07et agression sexuelle
34:10en 2004.
34:10Il est placé
34:11en détention
34:12d'anciens pensionnés
34:13racontent
34:14qu'il plaçait
34:15ses élèves préférés,
34:16ses chouchous,
34:17près de sa chambre
34:18et les invitait
34:19à venir y passer
34:21un moment.
34:24Les choses bougent
34:25donc
34:25et la justice
34:26réagit,
34:27se met en action
34:28ou plutôt
34:29se remet en action
34:30parce qu'il y a eu
34:30des coupures incessantes
34:31dans ce long dossier
34:33des investigations
34:33sub-et-aram.
34:35On est en février 2024
34:36et effectivement
34:37le procureur de Pau
34:38y déclenche
34:39eu une enquête
34:40préliminaire.
34:41Les gendarmes
34:41sont à l'oeuvre
34:42et puis on voit
34:42ce que ça donne.
34:43Il va y avoir
34:43des mises en examen.
34:45Alain Esquerre,
34:45vous êtes avec nous
34:46dans cette heure
34:47du crime ancien élève,
34:48lanceur d'alerte
34:48dans cette affaire
34:50de bête à rame.
34:52Il faut le reconnaître,
34:53presque 30 ans après,
34:55c'est enfin une enquête
34:56qui est,
34:57j'ai envie de dire,
34:57digne de ce nom.
34:59Alors,
34:59j'aimerais tellement vous dire
35:01qu'à l'heure actuelle,
35:01on traite sérieusement
35:02ce dossier
35:03mais ce n'est malheureusement
35:05pas encore le cas.
35:07Les moyens d'investigation
35:08ne sont pas
35:09à la hauteur
35:09de l'enjeu.
35:10Il faudrait pour être efficace
35:11écrire à tous les parents
35:13et élèves
35:14sur les 25 dernières années
35:15pour avoir une idée précise
35:17de ce qui s'est passé.
35:19Le temps désormais
35:20ne joue plus
35:21en notre faveur.
35:22Ces trois mises
35:23en garde à vue,
35:23évidemment,
35:24sont qu'une petite partie
35:26de l'iceberg
35:26parce que beaucoup
35:27sont décédés
35:29et j'attends,
35:31c'est un procès
35:32évidemment aux assises
35:33qui permettra
35:34de faire davantage
35:35la lumière
35:36sur cette affaire.
35:37Alors Alain Asker
35:38vient de le dire
35:39Maître Thierry Sagardo-Outo,
35:40vous êtes avec nous
35:41dans cette heure du crime,
35:42avocat au barreau de Pau,
35:43avocat de plusieurs parties
35:44civiles dans ce dossier.
35:46Alain Asker,
35:46il dit voilà,
35:47la montre,
35:48elle joue contre la justice,
35:49c'est toujours le cas
35:50parce que les gens meurent,
35:51les gens disparaissent,
35:52les témoins s'éclipsent,
35:53donc il n'y a plus grand monde
35:54effectivement
35:55qui peut venir
35:56comme ça témoigner,
35:58apporter sa parole.
35:59Est-ce qu'on n'a pas
36:00trop attendu
36:01dans cette histoire ?
36:02D'abord je voudrais rendre
36:03un immense salut
36:06au travail d'Alain Asker
36:09parce qu'il faut quand même
36:10bien comprendre
36:11qu'entre 98-2000
36:13que nous avons évoqué
36:14à l'instant
36:14et 2024-2025,
36:16il y a un quart de siècle
36:17qui s'est écoulé
36:18durant lequel,
36:20judicieusement,
36:20il ne s'est rien passé.
36:22Cet immense trou
36:23dans la raquette
36:24est évidemment
36:25un problème majeur
36:27parce que,
36:28comme vous l'avez dit,
36:29certains des mis en cause
36:30sont décédés,
36:31d'autres sont devenus
36:33plus âgés,
36:34ont perdu la mémoire
36:35et puis la plupart
36:36ont bénéficié
36:37de l'effet prescription.
36:39Oui, c'est ça.
36:39Évidemment,
36:40lorsque,
36:41et ça c'est quand même
36:42extraordinaire,
36:43lorsque Alain Asker
36:44prend son bâton de pèlerin,
36:46qu'il me pardonne
36:46l'expression et la comparaison,
36:47quand il prend son bâton de pèlerin,
36:49qu'il réunit
36:51sur un site Facebook
36:52toute la parole souffrante
36:54d'anciens élèves
36:55qui viennent
36:56vider leur sac,
36:59évoquer cette mémoire
37:00traumatique
37:01de leurs années
37:02d'adolescence,
37:03de jeunes adultes
37:04et qu'il réussit
37:05à fédérer tout cela
37:06pour déclencher
37:08un travail judiciaire,
37:09c'est déjà quelque chose
37:10d'extraordinaire
37:11et ça mérite d'être souligné
37:12parce que je crois
37:13que c'est l'un des rares dossiers
37:14qui démarre
37:14sur un site Facebook.
37:16Et puis ensuite,
37:16évidemment,
37:17la justice reçoit
37:18toutes ses plaintes.
37:19Moi, je me souviens
37:19avoir rencontré
37:20Alain Asker
37:21en décembre 2023
37:22et lui avoir dit
37:23un peu de façon
37:24tristement prophétique,
37:25attention,
37:26l'effet prescription
37:27va jouer à fond.
37:27Et malheureusement,
37:28il y a beaucoup d'appelés,
37:30il y aura peu d'élus
37:31et aujourd'hui,
37:32c'est malheureusement le cas
37:33parce que dans le dossier
37:34criminel qui est en cours
37:34et dans lequel je suis partie civile
37:35pour l'une des deux victimes
37:37pour lesquelles les faits
37:37ne sont pas prescrits,
37:39nous n'avons que deux victimes.
37:40Deux victimes sur lesquelles
37:41un mis en examen
37:43actuellement détenu
37:44devra répondre
37:45un jour de ces faits.
37:45Tous les autres
37:46sont entendus,
37:47j'allais dire,
37:48à titre de simple renseignement
37:49et c'est tragique pour eux
37:50parce qu'ils ont un besoin
37:51de justice,
37:52ils ont besoin de dire
37:53ce qu'ils ont subi,
37:53ce qu'ils ont vécu
37:54et malheureusement,
37:55la justice ne peut plus.
37:57Donc évidemment,
37:58cet immense trou noir
37:59de 25 ans
37:59aura été un énorme
38:01caillou dans la chaussure.
38:02Alors vous peignez
38:03exactement le bon tableau,
38:04maître Thierry Sagardoito,
38:05c'est effectivement
38:06souvent le cas
38:06dans les affaires judiciaires,
38:08on en parle beaucoup
38:09dans l'heure du crime,
38:10la prescription,
38:11cette terrifiante prescription
38:12qui prive très souvent
38:14les victimes
38:15d'avoir des réponses
38:16à leurs questions,
38:16leurs questions si longues
38:17parfois depuis des années,
38:19notamment dans les affaires
38:20de disparition.
38:21Alors il y a un homme
38:22qui est toutefois
38:23mis en examen,
38:24il a été croué,
38:25vous venez de le dire,
38:26c'est Patrick M,
38:27le surveillant,
38:29qu'est-ce qu'on lui reproche
38:30exactement ?
38:30Est-ce que les faits
38:31sont vraiment
38:32très précis contre lui ?
38:34On lui reproche
38:35des faits de viol
38:36et des faits
38:38d'agression sexuelle.
38:39Le viol sur une victime,
38:42les agressions sexuelles
38:42sur une autre.
38:44Mais les choses
38:46sont expliquées,
38:47c'est-à-dire que
38:48ce n'est pas uniquement
38:49des paroles,
38:51les gendarmes
38:51ont travaillé sur ce cas.
38:52Alors évidemment,
38:54d'abord,
38:54il y a un effet
38:55réverbération
38:56qui s'attache
38:57à l'immensité
38:58des plaintes
38:58qui visent également
39:00cet ancien
39:01de l'établissement.
39:04Il est toujours
39:04difficile de nier
39:05quand vous avez
39:0625,
39:0730,
39:0740,
39:0750,
39:08100 personnes
39:08qui viennent dire
39:09exactement la même chose,
39:10même si elles ne sont
39:10entendues qu'à titre
39:11de renseignement.
39:13Mais il faut bien
39:14comprendre aussi
39:15que
39:15cet homme,
39:17et c'est assez
39:18inhabituel,
39:19avoue
39:20l'effet criminel
39:21et conteste
39:23l'effet délictueux
39:24d'agression sexuelle.
39:25En général,
39:25c'est l'inverse.
39:26La tendance plutôt
39:27à reconnaître
39:27les attouchements
39:28et contester
39:28les viols,
39:29là,
39:29c'est l'inverse.
39:30Il n'en donne pas
39:31moins que
39:31le dossier est sérieux.
39:33D'ailleurs,
39:34depuis son incarcération
39:35il y a maintenant
39:35presque 7 mois,
39:37il n'a pas encore
39:37formulé une seule
39:38demande de mise
39:40en liberté,
39:40ce qui laisse à penser
39:41tout de même
39:41qu'il y a du vrai
39:43dans ce qu'on lui reproche
39:44et il ne tient pas
39:45à faire du tapage
39:45autour de sa mise
39:46en examen
39:46et de son incarcération.
39:48Alain Esquer,
39:48je reviens vers vous,
39:49c'est une avancée,
39:51c'est une reconnaissance
39:52pour les victimes.
39:52Là,
39:53il y a une personne
39:53qui est mise en examen
39:54qui va peut-être
39:55être jugée un jour.
39:57C'est un premier pas.
39:59Oui,
39:59le soulagement,
40:00il est à plusieurs niveaux.
40:02Déjà,
40:02de médiatiser l'affaire,
40:04de permettre
40:04au sein même
40:06de nos propres familles
40:07de pouvoir aborder
40:08sans tabou
40:09cette question-là
40:10et puis
40:11d'être enfin
40:12entendu par
40:14une institution
40:15qui s'appelle
40:15la justice.
40:17Mais vraiment,
40:18moi,
40:18j'insiste
40:19sur ce caractère
40:21libératoire
40:22de pouvoir
40:23vraiment aborder
40:25cette question
40:25sans tabou
40:26et sans honte.
40:27L'école
40:28va enfin
40:29reconnaître
40:30sa responsabilité.
40:31Bétaram,
40:32les murs du silence,
40:33sachez comment ça fait mal
40:34à chacun d'entre nous
40:35de nous retrouver ici
40:37pour dénoncer
40:37l'OMERTA,
40:39l'enquête de l'heure du crime.
40:40Je vous retrouve tout de suite
40:40sur RTL.
40:42L'heure du crime
40:43présentée par
40:44Jean-Alphonse Richard
40:45sur RTL.
40:4914h15h,
40:50Jean-Alphonse Richard
40:51sur RTL.
40:53L'heure du crime.
40:54Dans l'heure du crime,
40:55l'affaire Bétaram,
40:56depuis presque 30 ans,
40:57le fonctionnement
40:58de cette école privée
40:59catholique de Pau
41:00défrait la chronique,
41:02un curé
41:02mis à l'examen
41:03pour viol
41:03en 1998,
41:05un surveillant
41:05en 2025
41:06après la relance
41:08de l'enquête.
41:09Malgré les prescriptions,
41:10les victimes
41:11demandent toujours
41:12la vérité.
41:14Mars 2025,
41:16la Congrégation des Pères
41:17de Bétaram reconnaît
41:18sa responsabilité
41:20dans les violences
41:21physiques et sexuelles
41:22dénoncées par les plaignants.
41:23Elle confirme
41:24que la Congrégation
41:25indemnisera
41:26toutes les victimes.
41:28celles-ci regrettent
41:29que la plupart des suspects
41:30bénéficiaient
41:31de la prescription.
41:32Tout cela n'est pas terminé.
41:34On a du mal à croire
41:35par exemple
41:36que le surveillant
41:37chef cheval
41:38se soit arrêté
41:39du jour au lendemain,
41:40confie une victime
41:41au journal
41:4220 minutes.
41:45Samedi 15 février 2025,
41:47Alain Esquer,
41:48porte-parole des victimes,
41:49avait lancé
41:50à François Bayrou,
41:51alors Premier ministre,
41:52entendez
41:53comment ça fait mal
41:55à chacun d'entre nous
41:56de nous retrouver ici
41:58pour dénoncer
42:00l'Omerta.
42:02Il y a des gens
42:02qui maintenant
42:03sont confrontés
42:04par le problème
42:05de la prescription
42:06parce qu'ils n'ont pas
42:07parlé suffisamment tôt.
42:08Mais si Carica
42:09était resté
42:10à la maison d'arrêt de Pau,
42:11peut-être qu'il ne se serait
42:12pas suicidé,
42:13peut-être qu'il serait allé
42:14devant les assises,
42:15même sûrement,
42:16n'aurait pas perdu
42:1710 ou 20 ans.
42:19La voix d'Alain Hontang,
42:21ancien adjudant
42:22chef de la gendarmerie,
42:23c'est lui qui avait mené
42:24une bonne partie
42:25de l'enquête
42:25sur Betaram,
42:27qui avait entendu
42:28les premiers plaignants,
42:30il avait recueilli
42:31beaucoup de dépositions,
42:33il a aussi été entendu,
42:36l'ancien gendarme,
42:36par la commission d'enquête
42:38à l'Assemblée nationale,
42:39c'était le 10 avril 2025.
42:42Maître Thierry Sagardoito,
42:44on vous retrouve
42:45dans cette heure du crime,
42:46alors là,
42:47les questions,
42:47elles sont importantes.
42:49La première que je peux
42:50vous poser,
42:51vous êtes avocat
42:51Apo, avocat
42:52des partis civils
42:53dans ce dossier,
42:55enfin,
42:56la congrégation
42:56de Betaram
42:57reconnaît sa responsabilité
42:59dans les violences physiques.
43:01Alors vous allez me dire,
43:01c'est très très tardif,
43:02ça date de mars 2025,
43:05mais voilà,
43:05c'est officiel,
43:07effectivement,
43:07on reconnaît
43:08qu'il y a eu
43:08des abus sexuels
43:10au sein même
43:11de cet établissement.
43:12C'est un aveu,
43:14mais qui ne change pas
43:14grand-chose,
43:15parce que tout le monde
43:16savait ce qui s'y passait.
43:17Et en réalité,
43:18c'est au pied du mur,
43:19contrainte et forcée,
43:20que la congrégation
43:21a fini par reconnaître
43:23ce qui était l'évidence.
43:25Vous avez compris,
43:26Alain Esquerre
43:26et tous ceux
43:27qui sont avec lui
43:28veulent davantage.
43:29Ils veulent comprendre
43:30comment l'État
43:31a à ce point
43:32dysfonctionné
43:33dans le contrôle
43:34de ces institutions
43:37passées sous contrat
43:38avec des établissements
43:40privés.
43:42Ils veulent aussi,
43:43évidemment,
43:44comprendre comment,
43:45finalement,
43:46les institutions
43:47ont à ce point
43:48fermé les yeux.
43:49Il faut se souvenir
43:49que lorsque des gamins
43:50fuyaient de Bétaram,
43:52la gendarmerie de Naï,
43:53qui était à quelques kilomètres
43:54de là,
43:55les ramenait à l'établissement.
43:57Alors, on nous dit
43:57qu'ils ne savaient pas
43:58ce qui s'y passait,
43:59mais enfin, quand même,
44:00il y avait des signaux
44:02d'alerte
44:02qui pouvaient indéniablement
44:04poser difficulté.
44:06La question fondamentale
44:07de Bétaram,
44:08c'est, finalement,
44:09de savoir comment
44:10cette chape de plomb
44:11a pu se créer
44:12et comment elle a pu
44:13durer aussi longtemps
44:14pour abriter
44:15et favoriser
44:16l'impunité
44:17de ces bourreaux.
44:18Mais, justement,
44:19alors ça,
44:19c'est important
44:20ce que vous dites,
44:21Mathieu Sagar-Doyto.
44:22Qu'est-ce qu'ils vous disent,
44:22vous, vos clients,
44:23victimes de Bétaram,
44:25là-dessus ?
44:26Pourquoi il y a eu
44:26ce silence aussi long ?
44:27Qu'est-ce qu'ils vous racontent ?
44:29Alors, d'abord,
44:30il y a ce qu'ils me racontent,
44:31mais il y a surtout
44:31ce que je constate.
44:33Vous avez très opportunément
44:35rappelé que le gendarmentant,
44:36qui a été le directeur d'enquête
44:38à la section recherche,
44:39a eu beaucoup de mal
44:40entre 98 et 2000
44:42à recueillir des témoignages.
44:44Alors, est-ce que c'était
44:44la pudeur,
44:46la honte,
44:46la peur des représailles,
44:48le fait,
44:49la crainte aussi
44:49de ne pas être cru ?
44:50Parce que je parlais tout à l'heure
44:51du séisme d'outreau.
44:53Et avant cela,
44:54il y avait aussi cette crainte
44:55de ne pas être cru,
44:56de ne pas être écouté.
44:58Il y avait aussi,
44:59j'allais dire,
45:00d'une certaine manière,
45:01la tolérance des familles
45:02qui ne voulaient pas entendre.
45:03Je crois que beaucoup
45:04ont aussi fermé les yeux
45:05et les oreilles
45:06sur ce que les enfants
45:08pouvaient rapporter.
45:09Après tout,
45:10c'était une charte
45:11éducative tolérée.
45:12Vous avez vu les choristes,
45:13vous avez vu le célèbre
45:15et tristement célèbre
45:16château du fond de l'étang
45:17avec son nom
45:19de surveillant rachin.
45:20Vous avez en quelque sorte
45:21une photo en vrai
45:22de ce qu'était Bétarame.
45:24Alain Esquerre,
45:25vous êtes également avec nous
45:26dans cette heure du crime,
45:27lanceur d'alerte
45:27dans l'affaire Bétarame.
45:28Vous êtes l'une des personnes
45:29qui connaît évidemment
45:30le mieux ce dossier.
45:31Je vous remercie encore
45:32d'avoir accepté
45:33notre invitation.
45:34Alors, il y a des plaintes
45:35qui sont toujours déposées
45:36aujourd'hui,
45:38qui continuent à être déposées
45:39contre le père
45:40Sylvie Caricard.
45:42Même si c'est symbolique,
45:43évidemment,
45:43il est mort ce curé.
45:45On ne s'en prend pas à un mort.
45:47Le père Caricard,
45:49il est décédé.
45:50Point.
45:50Ce qui nous importe,
45:51c'est vraiment les vivants.
45:53Et ce n'est pas
45:54de l'ordre du symbole,
45:55c'est vraiment
45:56un devoir mémoriel.
45:58Et surtout,
45:59de permettre à ces victimes
46:01d'être reconnues
46:02et respectées
46:03en tant que telles.
46:04Et d'entendre
46:05autour de soi
46:06« Oui, je te crois,
46:08ça fait énormément de bien ».
46:09Il faut arrêter
46:10de culpabiliser les victimes,
46:12car parler reste
46:14un épisode compliqué.
46:15Et d'autant plus
46:16que certains,
46:16ils ont parlé.
46:17Ils ont parlé à leurs parents,
46:18ils ont parlé à leurs grands-parents,
46:20mais on ne les a pas cru.
46:23François Bayrou,
46:24alors évidemment,
46:24on en a beaucoup parlé,
46:25Alain Esquerre,
46:25de François Bayrou
46:26dans cette histoire.
46:27Nous,
46:28ce n'est pas l'angle
46:28du tout politique
46:29qu'on aborde,
46:30vous l'avez compris,
46:31dans « L'heure du crime ».
46:31On a essayé
46:32de retracer cette enquête,
46:34ces difficultés,
46:35ces méandres.
46:36François Bayrou a été
46:37en première ligne.
46:38Il ne savait rien,
46:39c'est ce qu'il a dit.
46:40Il ne connaissait pas
46:41le curé Sylvie Caricard.
46:43Les victimes,
46:43elles ne l'ont pas cru,
46:44François Bayrou ?
46:45Ce qui est sûr,
46:47c'est qu'il n'a pour moi
46:48jamais couvert
46:49les actes pédocriminels
46:51commis à Bétharame.
46:52Par contre,
46:53et comme tous les parents,
46:55il n'a pas voulu voir
46:56que ce n'était
46:57ni son intérêt politique,
46:59d'ailleurs,
47:00d'en parler,
47:01ni personnel.
47:02Les chartillements
47:03corporels classiques
47:05sont admis par lui.
47:07Par contre,
47:08le niveau de perversité
47:09sans nom des éducateurs
47:11de l'institution,
47:12il ne peut évidemment
47:13l'imaginer.
47:14Même sa fille Hélène,
47:15ne lui dit rien.
47:17Elle ne va même pas prévenir
47:18ses plus jeunes frères
47:19qui vont aller
47:20à l'institution de Bétharame
47:21de ce qui les attend là-bas
47:23et de ce qui risque
47:24d'y voir.
47:25Quelle image
47:26vous avez en tête
47:27encore aujourd'hui
47:28Alain Asker
47:29de Bétharame ?
47:31Le souvenir
47:32que j'en ai
47:33de Bétharame,
47:34c'est la terreur,
47:35c'est la peur
47:36d'aller à l'école,
47:37c'est les pleurs
47:38et cette violence
47:41qui a brisé
47:43une partie
47:43de moi.
47:44d'autant plus
47:45que j'étais tellement
47:47fidèle chrétien
47:49que je voulais
47:49être prêtre.
47:52Aujourd'hui,
47:52j'ai l'impression
47:52de remplir ma mission
47:54de prêtre en fait
47:54davantage
47:56que d'être
47:56dans la congrégation
47:58de Bétharame
47:59ou de servir
48:00l'église.
48:01le sentiment
48:02que j'en ai,
48:03c'est un sentiment
48:04plutôt de tristesse
48:05et de perte
48:06parce que
48:07mon histoire
48:08personnelle
48:09aurait dû être différente.
48:10Merci beaucoup
48:12Alain Esquer
48:14et Maître Thierry
48:14Sagarda-Outo
48:15d'avoir été
48:16les invités
48:16de l'heure du crime.
48:17Merci à l'équipe
48:17de l'émission
48:18et à la crise
48:18en chef
48:19Justine Vigneault.
48:20Préparation
48:20Lisa Canales,
48:21Pauline Descillons,
48:22réalisation en direct.
48:24Nicolas Godet.
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