Aide aux devoirs, ménage, jardinage... Les députés ont voté une mesure qui va faire grincer des dents bien des familles. Ils ont décidé de réduire les aides fiscales accordées aux particuliers qui emploient un salarié à domicile.
00:00Le dossier du Midi BFM, combien vous coûterait le coût de rabot sur les crédits d'impôt pour l'emploi à domicile ?
00:06Garde d'enfants, ménage, jardinage, aide informatique, 5 millions de Français en bénéficient.
00:11Serez-vous touchés ?
00:13Alors pour en parler, Julie Lothel de Lune, présidente de la Fédération des particuliers employeurs de France, est avec nous.
00:20Vous nous direz que ce coût de rabot ne vous convient pas tout à fait.
00:23On sera aussi avec Noémie Vira dans un instant parce qu'elle est avec quelqu'un qui sera concerné directement et qui pourrait se retrouver en difficulté avec ce coût de rabot.
00:34Mais d'abord, Sofiane, le budget prévoit donc un changement de dispositif. Expliquez-nous ce qui va se passer.
00:41Alors il y a plusieurs mesures. La première qui a été votée hier, c'est la plus symbolique, c'est le passage du plafond de 12 000 euros à 10 000 euros par an.
00:50Alors quand on dit ça, c'est 12 000 euros qu'on va déclarer. L'aide, elle est sur 50 % parce que le principe de cette aide, c'est de rembourser 50 % aux particuliers qui embauchent quelqu'un.
00:59Donc ça, c'est la première mesure. La deuxième mesure, c'est qu'en fait, il y avait un plafond.
01:04On autorisait une majoration de 1 500 euros par enfant ou par membre de foyer âgé qu'on avait à charge et qui la permettait d'augmenter le plafond.
01:14Eh bien là aussi, on va l'augmenter jusqu'à 13 000 euros. On arrête ensuite. Donc ça va toucher un grand nombre de personnes.
01:21Et puis, troisième mesure, c'est ces prestations. On utilise des personnes qu'on va rémunérer, des aides à domicile pour des prestations comme le jardinage ou l'informatique.
01:30Donc là, le coup de rabot est plus sévère parce qu'en fait, il y avait un plafond pour chacune de ces mesures. Là, au total, ce sera un plafond de 2 000 euros de dépenses engagées, donc bricolage, jardinage et informatique sur l'année.
01:46Des plafonds qui baissent, ça veut dire peut-être moins d'heures d'aide, une aide qui est indispensable pour certains. C'est le cas, Noémie, du jeune homme. Avec qui vous vous trouvez ?
01:54Exactement, c'est inquiétant. Il faut dire que je suis avec Guillaume qui est particulier employeur. Et pour lui, ce n'est pas un luxe, c'est une nécessité pour sa vie quotidienne.
02:09Qu'est-ce que ça change pour vous ? Vous avez 12 heures d'aide à domicile par jour.
02:14Bonjour, merci pour votre invitation. Alors, ce que ça change pour moi, c'est des petites choses du quotidien.
02:20Et ce coup de rabot me fait très peur dans comment est-ce qu'on va accompagner les gens au quotidien, c'est-à-dire sur l'habillage, le déshabillage, les sorties, la création de travail collaboratif ensemble
02:36et la relation de confiance qu'on pourra avoir demain avec nos salariés.
02:40Alors, on précise qu'aujourd'hui, les personnes en situation de handicap ne sont pas concernées par ce coup de rabot.
02:45Mais est-ce que vous pensez qu'aujourd'hui, on comprend l'importance des aides à domicile ?
02:50Alors, qu'on nous précise aujourd'hui que les personnes en situation de handicap ne soient pas concernées, ça ne nous empêche pas de nous concerner et d'être informés
02:59parce que la politique va très vite et que les changements vont très vite.
03:03Et non, je pense qu'on ne comprend pas suffisamment l'intérêt pour le pouvoir d'agir, l'engagement des personnes en situation de handicap,
03:12qu'elles soient à leur domicile et chez elles, dans un monde où on nous parle de dépendance et d'autonomie.
03:20Eh bien, l'emploi à domicile est un facteur, un vecteur d'autonomie et d'inclusion.
03:24Merci beaucoup, Guillaume.
03:26Ce qui nous explique aussi, c'est que chaque euro économisé sur ces dispositifs peut fragiliser tout un écosystème,
03:32que ce soit des familles aidantes, des femmes de ménage, des gardes d'enfants,
03:37car forcément, avec moins d'aide, les Français réduisent les heures
03:41ou alors c'est aussi du travail non déclaré avec une précarisation accrue pour ces personnes.
03:46Témoignage très important recueilli par Noémie Vira et Julie Lothel de Loume de la Fédération des particuliers employeurs.
03:53Je vous ai vu réagir en entendant ce monsieur.
03:56Oui, effectivement, on est extrêmement sensible sur ces sujets-là
03:58parce qu'en fait, on n'appréhende pas du tout de qui on parle
04:01et de la dangerosité des dispositions et des dispositifs qui peuvent être révisés aujourd'hui.
04:06On parle quand même aujourd'hui de 3,4 millions de particuliers employeurs
04:09qui font appel à 1,2 million de salariés.
04:12Et ils font appel à ces salariés, non pas pour des besoins de confort,
04:15mais bien des besoins de vie.
04:17Monsieur Benhamou le dit, concrètement, si demain il n'a plus d'aide à domicile
04:20qu'il peut venir chez lui, il ne s'habillera pas, il ne sortira pas,
04:24potentiellement il ne pourra pas manger, en tout cas il ne pourra pas vivre comme il le souhaite
04:27et ça, c'est parfaitement inadmissible.
04:30On parle de monsieur Benhamou en situation de handicap,
04:32mais en réalité, on parle de tous les concitoyens.
04:35Je pense qu'autour de cette table, à minima, la majorité sont particuliers employeurs.
04:40Donc ce sont des personnes qui ont besoin de faire garder leurs enfants,
04:42des personnes qui ont besoin d'accompagnement à domicile.
04:45Peut-être que je peux attirer l'attention sur les employés familiaux,
04:48parce que c'est un terme qui est un peu galvanisé aujourd'hui,
04:51on ne voit pas trop de quoi il s'agit,
04:52mais quand on parle des femmes de ménage, justement,
04:55qui sont une grande partie des employés familiaux,
04:57on a l'impression aujourd'hui que ce sont des personnes qui viennent,
05:00alors on fait ça de façon très schématique,
05:03à Paris, ce seraient des gens aisés.
05:05Oui, une image de privilégié.
05:06Exactement, sauf que ça ne correspond absolument pas
05:08à la réalité de la situation en France et partout en France.
05:12Les employés familiaux sont surtout embauchés
05:15par des employeurs qui sont des personnes âgées,
05:18la majorité a plus de 60 ans,
05:20et en fait, ce dont on se rend compte,
05:22c'est que ce sont des gens qui viennent chez vous,
05:23il y a une telle ancienneté,
05:25une telle relation personnelle qui se met en place,
05:27qu'ils vont commencer à faire quelques heures chez vous,
05:30et puis après, ils vont continuer,
05:31vous allez leur demander de faire vos courses,
05:32vous allez leur donner votre carte bancaire,
05:34et puis ils vont vous faire à manger,
05:36et en fait, c'est tout un pan de la société
05:38qui a quelqu'un chez lui,
05:40qui peut l'aider à continuer à vivre chez lui,
05:43et en fait, c'est quasiment de l'assistance à domicile,
05:46et sans ces personnes-là,
05:47ce sont des personnes qui ne pourront plus vivre chez eux,
05:50et c'est extrêmement dangereux pour notre société.
05:52Sophia, ce sont les socialistes qui ont proposé ce coup de drabeau
05:54en disant que ces aides,
05:56elles profitaient principalement aux riches,
05:59aux plus aisés, mais ça n'est pas le cas,
06:01en fait, elles profitent à beaucoup de gens.
06:02En fait, ils se sont appuyés
06:03sur le rapport de la Cour des comptes
06:04qui dit qu'effectivement,
06:05le 20% du coût total bénéficie aux plus riches,
06:10aux plus aisés.
06:11Et le montant,
06:12c'est vrai que quand on regarde les montants moyens,
06:14effectivement, ceux qui sont plus riches
06:16vont utiliser davantage ce dispositif.
06:19Donc, effectivement, il y a toute une limite.
06:21Mais ce qu'on oublie de souligner parfois,
06:23c'est que non seulement,
06:24ça permet une déduction d'impôt,
06:26mais c'est aussi un crédit,
06:27c'est-à-dire qu'il y a des ménages non imposables
06:29qui utilisent ce système
06:30et qui, en fait, reçoivent de l'argent en crédit.
06:33Donc, ça touche vraiment toute la population.
06:35Et Julie, c'est important de rappeler
06:36que ce crédit, il a été créé
06:37pour lutter contre le travail au noir.
06:39Et ça a fonctionné.
06:40C'est un crédit d'impôt,
06:41c'est un dispositif qui fonctionne.
06:42Quand il avait été mis en place,
06:43effectivement, c'était pour lutter
06:45contre le travail dissimulé.
06:47En 30 ans, on est passé de 50% estimés
06:49à 20%.
06:50C'était pour permettre à tout un chacun
06:52de pouvoir vivre à domicile.
06:53Il est quand même important aujourd'hui
06:55que l'autonomie et la liberté
06:56ne soient pas des 20 mots.
06:58Chacun a envie de vivre chez lui.
06:59On est une population vieillissante.
07:01On a tous envie de vieillir à domicile.
07:02Parce qu'on parle de la fin de vie,
07:04mais en fait, c'est absolument indispensable
07:05d'avoir ces aides à domicile
07:06quand on vieillit.
07:08En amont, tout à fait.
07:09Et je vous remercie de mettre l'accent
07:11sur ce rapport de la Cour des comptes.
07:13Si on le lit bien dans son intégralité,
07:14ce que vient dire le rapport de la Cour des comptes,
07:16c'est que oui,
07:16il y a une augmentation du coût du dispositif.
07:19Néanmoins, cette augmentation
07:20est avant tout liée aux structures
07:23qui se sont mises sur ce marché-là.
07:25Et je suis navrée de devoir parler de marché.
07:27Parce que nous, en tout cas,
07:28nous concernant,
07:29nous sommes la Fédération
07:30des particuliers employeurs à domicile.
07:33Donc, on est uniquement sur la prise en charge
07:35du salaire et des cotisations sociales.
07:38Et on se rend compte qu'en plus,
07:40c'est un dispositif au-delà du fait
07:41qu'il fonctionne et qu'il ne coûte
07:44qu'un montant très raisonnable.
07:46Nous considérons,
07:47et on a pu faire ces estimations
07:48avec des économistes,
07:49que lorsque l'État verse un euro,
07:51c'est en réalité 80 centimes
07:53que l'État réceptionne
07:55parce qu'il va pouvoir toucher
07:56des cotisations sociales,
07:57parce qu'il y a du chômage en moins
07:59qui va devoir être versé,
08:00parce que c'est du travail en plus.
08:01Typiquement, moi, je le vois bien.
08:03J'étais maman.
08:04Si je n'avais pas eu d'assistante maternelle,
08:06je n'aurais pas pu reprendre le travail tout de suite.
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