Argentine : victoire inattendue de Milei aux législatives de mi-mandat

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00:01Argentine toujours donc avec Florence Pinault de Villechenon, professeure émérite à l'ESCP Business School,

00:07où vous dirigez le Centre d'études et de recherche Amérique Latine Europe.

00:10Bonsoir à vous, merci d'être avec nous.

00:13Alors quelles sont d'abord les leçons de ce scrutin ?

00:16Les sondages on peut dire se sont littéralement trompés, pourquoi à votre avis ?

00:22Alors merci d'abord pour votre accueil et de m'avoir invitée.

00:26Alors je pense que les commentaires qu'on a envie de faire, c'est qu'on a dès le départ,

00:31on a un personnage qui est un peu à l'instar de l'autre de la Maison Blanche,

00:36est tellement imprévisible, c'est que du coup il vous livre des surprises.

00:40Alors il faut dire que jusqu'à, il y a même je dirais la veille, jusqu'à samedi, vendredi,

00:47la discussion portait sur gagnera-t-il ou gagnera-t-il pas ?

00:54Et en plus, comment est-ce qu'on va présenter les résultats, sachant que là on avait des élections

00:58de portée nationale avec des renouvellements partiels et du Sénat et de la Chambre de députés ?

01:05Et donc là on se retrouve avec un mille qui l'emporte, voyez je suis la presse argentine

01:11de tous les côtés aujourd'hui, il n'y a pas de doute, on salue son succès,

01:16parce que du coup ça lui a permis d'obtenir, alors on est bien sur des renouvellements

01:21partiels de députés et de sénateurs, donc là il en a obtenu des nouveaux,

01:26il en avait déjà un petit peu, il ne pouvait que améliorer sa présence au Congrès,

01:31mais là il en a obtenu 64, 64 députés, 13 sénateurs, donc ça lui crée avec ses alliés,

01:38il y a les alliés de PRO, le Partido Propuesta Republicana de Macri,

01:42qui détenait la capitale depuis toujours, enfin depuis toutes ces années,

01:47et là il atteint une quantité de députés qui va lui permettre,

01:54il est très très près d'avoir le quorum qui lui permettra d'ouvrir une session législative

02:00et d'approuver quoi, et il a déjà atteint le quorum lui permettant de résister

02:09au veto présidentiel, parce que d'ailleurs récemment,

02:13le président Millet avait essuyé des défaites, parce qu'il a émis des vétos

02:18sur des lois qui selon lui compromettaient l'équilibre budgétaire

02:22auquel il est très attaché, du coup c'était revenu chez les parlementaires,

02:29et puis là il n'y avait plus tellement de recettes, de ressources constitutionnelles

02:32pour maintenir un veto contre une majorité.

02:36Alors là aussi, avec les élections récentes, il améliore ce profil,

02:42ce qui laisse présager une certaine, alors on n'est pas du tout dans une majorité absolue,

02:46il partait d'une position très très faible,

02:49mais là ça laisse présager quand même une quantité de députés de voix

02:56lui permettant de, au moins, lancer les grandes réformes,

03:00de poursuivre ces réformes, là en tête,

03:03et qui devraient permettre le décollage du pays,

03:05parce qu'effectivement on atteint, depuis avril, les choses ne s'étaient pas si bien passées.

03:10Alors on va y revenir, on va y revenir, pardonnez-moi Florence Pinovich, non.

03:14Non, non, allez-y, allez-y.

03:15D'abord sur la réaction aujourd'hui, le Pesso argentin, on a vu qu'il s'est envolé,

03:18la bourse de Buenos Aires, le taux d'emprunt de l'Argentine a lui baissé,

03:23il a baissé même fortement, est-ce que l'Argentine va donc pouvoir profiter

03:28du swap américain, donc de Trump, de 20 milliards de dollars ?

03:32Alors théoriquement, elle est bien placée avec ses élections,

03:35et c'était là aussi, j'imagine, la pression que Donald Trump avait mis

03:38sur les épaules du président argentin.

03:41Théoriquement, elle est bien placée, il lui avait demandé de la gouvernabilité.

03:47Avec cela, la gouvernabilité semble plutôt acquise,

03:52alors pas complètement, il va devoir composer,

03:54et c'est là où il faudra être attentif, parce qu'on a une personne

03:59qui a un caractère impétueux, souvent agressif, colérique, rageux.

04:05Alors est-ce qu'il aura toujours besoin ? Il n'est pas complètement autonome,

04:08il aura besoin des forces d'appui.

04:11Donc s'il les obtient parce qu'il change de style de management,

04:18si on peut l'appeler comme ça, il y a des chances pour que cet emprunt soit,

04:27bon on pourrait rentrer dans les détails, mais je crois que ce n'est pas

04:29ce qui nous intéresse ce soir, mais que cet apport de fonds

04:35du trésor américain, états-unien, puisse se transformer dans un décollage argentin

04:43qui s'était un petit peu amorcé, mais qui a un peu, je ne veux pas dire

04:47comme un vol de poule, comme on dit souvent au Brésil,

04:50le vol court et vous vous écrasez après, mais là, les nouvelles n'étaient pas très bonnes,

04:55c'est pour ça que je pense que la surprise a été d'autant plus grande.

05:00Est-ce que ça l'a aidé justement à emporter un tel score,

05:03le discours de Trump juste avant l'élection, disant que s'il était élu,

05:08il aurait droit, l'Argentine aurait droit à ce swap ?

05:11Ça a joué sur les électeurs ?

05:12Alors écoutez, c'est très intéressant votre question,

05:16parce que maintenant, aujourd'hui, on est lundi et on a les résultats derrière nous.

05:22Donc ils sont là, ils sont acquis avec des élections propres et transparentes.

05:26Donc moi je peux dire, je dirais, et beaucoup le disent,

05:29qu'on a deux facteurs qui ont contribué à ce succès, il faut l'appeler comme ça.

05:34D'une part, c'est l'aide américaine, états-unienne, très explicite, très appuyée,

05:40et aussi le fait qu'il s'est trouvé avec une opposition qui a réussi à peu près

05:46à s'articuler à l'unisson, mais sans pour autant qu'elle offrir un front très soudé

05:54et qui a été incapable de générer des options qui soient capables de séduire cet électorat

06:00que pourtant elle connaît bien, parce que le péronisme est au pouvoir depuis quelques décennies.

06:06Donc on a deux facteurs, mais ce qui est intéressant dans votre question,

06:10c'est que figurez-vous qu'il y a quelques jours, 48 heures,

06:14on se demandait si finalement cette aide américaine n'allait pas jouer, avoir un contre-effet,

06:20parce que le président Trump, maladroitement,

06:24ou les pieds dans le plat, ou très sincèrement,

06:29avait prononcé une phrase qui a jeté à nouveau le trouble dans un pays qui est très nerveux,

06:35en disant « attention, on va débloquer cette aide si le président l'emporte

06:40et s'il assure la gouvernabilité ».

06:42Donc les Argentins qui pensaient le gouvernement qu'il allait obtenir un prêt

06:47pour gagner les élections, au fait, finalement, ils sont revenus,

06:51la délégation est revenue de Washington avec l'idée qu'effectivement,

06:54il fallait d'abord gagner les élections pour avoir le prêt.

06:56Donc ça a jeté une confusion, mais vous voyez que tout cela maintenant,

07:00bon, maintenant c'est derrière nous.

07:01Je pense qu'effectivement, sur l'électorat, ça a joué,

07:04mais surtout aussi beaucoup, la crainte de revenir à une politique qui est chériste,

07:11qui a laissé beaucoup de frustration depuis 20 ans.

07:14Rapidement, les réformes drastiques de Milley ont fait que l'inflation est passée

07:18de 160% lors de son arrivée au pouvoir à 30% cette année.

07:22Il y a eu des coupes budgétaires très fortes,

07:24donc un licenciement massif de fonctionnaires.

07:27Alors, qu'est-ce qu'il va faire, là ?

07:29Quelle est la prochaine réforme ?

07:31A priori, c'est la réforme du marché du travail.

07:34Donc là, ça risque d'être dur.

07:36Comment le vivent les Argentins, finalement ?

07:39Alors, écoutez, moi, je pense, bon, là,

07:41ils doivent être ceux qui ne voulaient pas de l'option Kirchneris.

07:45Ils sont en train de fêter dans la rue.

07:48Alors, comment est-ce qu'ils vont le vivre ?

07:50On va voir.

07:51Ça va dépendre, je reviens sur le style de leadership qu'il va avoir

07:55et sa capacité à pouvoir dialoguer et créer des consensus avec des alliés,

08:00parce qu'il en a.

08:02Donc, que va-t-il faire ?

08:03Moi, je crois que les prochaines…

08:04Il a tenu le pari contre l'inflation, il a été tenu pratiquement,

08:09et le pari pour la réduction du déficit budgétaire également.

08:13Les prochaines batailles, ça va être effectivement lancer trois réformes ambitieuses

08:17qui, au fait, était quelque part contenues dans la fameuse loi Leyde-Basse,

08:23ce qui avait été voté l'an dernier.

08:24Ça avait été un succès parce qu'elle était sortie vraiment au forceps,

08:27mais qui n'a pas pu appliquer encore et qui porte sur la réforme du marché du travail,

08:32la réforme également des retraites et la réforme fiscale.

08:37Alors, avec cela, en principe, il espère enlever, faire sauter les verrous

08:42qui bride la croissance argentine et libérer les énergies.

08:46Alors, on va voir. Effectivement, il a quand même une société qui est arrivée

08:50avec lassitude aux élections, d'où, je répète, le coup de pouce américain décisif,

08:58le manque de portée du message péroniste également à l'ingrédient décisif.

09:05Mais maintenant, attention, il y a une population qui l'attend, qui est fatiguée.

09:08On sait qu'elle est fatiguée.

09:09Donc, à lui, il va devoir déployer des talents, des talents d'empathie,

09:16de propension à écouter pour faire en sorte que cette aide ne soit pas perdue

09:23et aboutisse avec la croissance que tout le monde attend à peine de ses voeux.

09:29Merci beaucoup, Florence Pinault de Villechenon, professeure émérite à l'ESCP Business School.

09:35Merci beaucoup.

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