- il y a 9 heures
Partie prenante de cet élan, la femme travailleuse - qui n'est l'égale de l'homme que dans l'espace public - incarne la réussite du modèle soviétique. Si l'Armée rouge s'est désormais retirée en URSS, le Kremlin continue de superviser les régimes voisins. Il ordonne la persécution du clergé et la surveillance étroite des croyants. La jeunesse, embrigadée dans les organisations de Pionniers, joue les fers de lance des grandes campagnes politiques. L'une des plus importantes, la collectivisation, oblige les paysans à se séparer de leurs terres ou à subir des confiscations. Alors que les rescapés de l'Holocauste ont cru un temps pouvoir vivre en sécurité derrière le rideau de fer, ils deviennent la cible de la terreur stalinienne. En novembre 1952, à Prague, lors d'un simulacre de procès, quatorze hauts dirigeants communistes, juifs pour la plupart, sont jugés pour des crimes fabriqués de toutes pièces, et condamnés à mort pour onze d'entre eux. Les populations du bloc de l'Est se préparent à des purges impitoyables. Mais le 5 mars 1953, le "Petit Père des peuples" meurt, déclenchant une immense vague d'espoir. Année de Production :
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00:00En décembre 1949, le grand empire de Staline fête les 70 ans de son chef tout-puissant.
00:23Mes parents se souvenaient de ces festivités grandioses, ces rues de Moscou noires de monde et cette joie, sincère ou feinte.
00:36Aucun autre dirigeant de mon pays n'a eu le droit à une telle glorification. Du moins, jusqu'à aujourd'hui.
00:45Rien n'est trop beau pour célébrer celui qui règne sans partage sur une grande partie de l'Europe centrale et ses 85 millions d'habitants.
00:53Sous-titrage Société Radio-Canada
01:23A l'anniversaire de Staline, les dirigeants des pays frères sont parmi les invités d'honneur.
01:36Tous veulent approcher le chef et lui témoigner leur admiration et leur dévouement.
01:40Staline est au sommet de son pouvoir. Le culte de sa personnalité a été imposé à tous les peuples qu'il domine.
01:52Je me souviens qu'à l'époque, j'avais besoin d'un héros, d'un modèle.
02:04Et on m'a dit que Staline était ce modèle, donc je l'ai cru.
02:08On nous a expliqué que Staline, notre père, était très bon et très doux.
02:16Il remplaçait un peu mon père.
02:19Et je lui ai même écrit un poème.
02:20De la Hongrie à l'Allemagne de l'Est, tous les pays du bloc communiste s'efforcent de célébrer celui qui est devenu pour tous le petit père des peuples.
02:35Staline est partout.
03:05Impossible de lui échapper.
03:07Et ceux qui n'en peuvent plus réagissent comme d'habitude, par une blague.
03:13Premier jour, j'allume la radio, Staline.
03:17Deuxième jour, j'ouvre un journal, Staline.
03:21Troisième jour, j'ouvre la fenêtre, un poster de Staline.
03:26Quatrième jour, je n'ose pas ouvrir une boîte de conserve.
03:35Staline Allée, von Kuba.
03:39Au dieser Straße ist der Friede in die Stadt gekommen.
03:45Die Stadt war Staub.
03:48Wir waren Staub und Scherben und sterbensmüde.
03:53Aber sagt, wie soll man sterben?
03:58Hat uns doch Stalin selber bei der Hand genommen und hieß uns unsere Köpfe stolz erheben.
04:05Sagt, wie soll man Stalin danken?
04:09Wir gaben dieser Straße seinen Namen.
04:13De la Staline Allée à Berlin Est,
04:24à la place de la Constitution à Varsovie,
04:27j'ai toujours le sentiment d'être à Moscou
04:29ou dans une autre grande ville russe.
04:35Staline a fait construire des centaines d'avenues,
04:37de bâtiments quasi identiques.
04:40D'abord en Union soviétique
04:41et ensuite partout dans son empire.
04:46Ils sont toujours là,
04:47tels des vestiges de son règne sur cette partie du monde.
04:54Une parfaite incarnation de ce qu'on appelle
04:56le réalisme socialiste
04:58et qui devient le seul style autorisé
05:00derrière le rideau de fer.
05:01Ce réalisme socialiste,
05:05on s'en est moqué
05:07et on l'a détesté.
05:10Pas pour le type d'architecture
05:12auquel il renvoyait,
05:13mais parce qu'il était soviétique
05:15et qu'il nous était imposé.
05:18Quelle est la différence
05:19entre les artistes naturalistes,
05:21impressionnistes
05:22et réalistes socialistes ?
05:24Les naturalistes peignent comme ils voient,
05:28les impressionnistes comme ils ressentent,
05:31et les réalistes socialistes
05:34font comme on le leur demande.
05:39Et c'est Staline qui dirige les artistes.
05:43Il ordonne à ses architectes
05:44de construire à Varsovie
05:46un immense palais de la culture
05:48et de la science.
05:50Le projet est entièrement pris en charge
05:52par l'Union soviétique.
05:55Chaque étape est filmée
05:56par des cinéastes envoyés de Moscou
05:58pour immortaliser ce gigantesque chantier
06:00mené par d'héroïques ouvriers et ouvrières,
06:03tous venus du RSS.
06:07À Varsovie, on l'appelait
06:08le cadeau de Staline,
06:10même si, officiellement,
06:12c'était le cadeau du peuple soviétique
06:13à ses frères polonais.
06:14Pour célébrer le chef russe,
06:20un palais de la culture
06:22aussi grandiose soit-il
06:23ne suffit pas.
06:26Tout comme en URSS,
06:28des villes de Staline,
06:30construites ou rebaptisées,
06:31apparaissent dans les pays
06:32du bloc communiste.
06:34En Allemagne,
06:35ça sera à Stalinstadt,
06:37en Pologne,
06:37Stalingrod,
06:39en Roumanie,
06:39Orashul Staline,
06:41en Bulgarie,
06:42Staline,
06:43et en Hongrie,
06:44une ville soeur de terre,
06:46Staline-Varoche.
06:48C'est un projet conçu en URSS,
06:51un grand chantier
06:51à la soviétique
06:52où la ville se construit
06:54pour servir aux besoins
06:55d'une usine sidérurgique.
07:00Miklo Schneiri
07:01a travaillé toute sa vie
07:02dans cette usine.
07:03Il y a commencé à 15 ans
07:05comme apprenti soudeur
07:06pour finir ingénieur,
07:08chef de l'unité de production.
07:12Si l'entrée
07:16est à la fois belle
07:17et impressionnante
07:18et si grande,
07:19c'est parce qu'autrefois
07:2010 000 personnes
07:21travaillaient dans cette usine.
07:28Là,
07:28on voit un tableau
07:30qui symbolise
07:30d'un côté
07:31la production du fer
07:32et de l'autre
07:33l'agriculture
07:35au service des ouvriers.
07:37Du pain et du blé
07:38y sont notamment représentés.
07:39Il s'agissait
07:43de relier
07:44la vie des villages
07:44et celle des villes,
07:46d'établir l'amitié
07:47entre les ouvriers
07:48et les paysans.
07:52Une entrée typique
07:53pour une usine
07:54du bloc de l'Est.
07:56On glorifie
07:56les travailleurs,
07:58bâtisseurs du communisme.
07:59Sur ces images,
08:04on voit
08:05qu'à la place
08:05de la ville
08:06de Staline,
08:07il y avait
08:08d'immenses champs
08:09de maïs
08:09et de vignes.
08:13Duna Pantola
08:15pouvait être considérée
08:16comme une ville
08:17commerçante
08:18et prospère.
08:21Miklos vivait ici
08:22avec sa mère
08:22et sa grand-mère
08:23quand a débuté
08:24le chantier.
08:24Ils ont fait venir
08:29des centaines
08:30de personnes
08:30sur les chantiers
08:31de construction
08:32et ils leur ont installé
08:34d'immenses camps
08:35de tentes
08:36à proximité.
08:39C'était le plus souvent
08:40des personnes marginales
08:42qui étaient envoyées
08:43à Stalineville.
08:47La situation
08:48était telle
08:48que si on sortait
08:50la nuit,
08:51on risquait
08:51de se faire poignarder.
08:53Il y avait
08:54toutes sortes
08:55de gens
08:56qui traînaient
08:56par là.
08:59Utiliser des prisonniers
09:00sur les chantiers
09:00industriels,
09:02une méthode
09:02bien rodée
09:03en Union soviétique.
09:06Toute l'usine
09:09a été construite
09:10selon des plans
09:11soviétiques.
09:14Des machines
09:17et autres équipements
09:18ont été importés
09:19du RSS.
09:20Ici,
09:23on voit
09:23sur le côté
09:24du support
09:24du cylindre
09:25l'inscription
09:26NKMZ
09:27en cyrillique,
09:29ce qui signifie
09:30que les Russes
09:31avaient fourni
09:31ce matériel.
09:35Les ouvriers
09:35travaillent jour et nuit.
09:37L'usine
09:37et la ville
09:38sont achevées
09:38en seulement
09:39quatre ans.
09:39On voit
09:44à quel point
09:45les maçons
09:45travaillaient dur.
09:48Ils portaient
09:49souvent
09:49leurs propres
09:50vêtements
09:50en lambeaux
09:51parce qu'on ne
09:53leur en fournissait
09:54même pas
09:55pour le travail.
09:57Mais ils
09:58travaillaient
09:59avec enthousiasme.
10:00Il y avait
10:05beaucoup de femmes
10:05parmi eux.
10:08Souvent,
10:08trois à quatre
10:09femmes travaillaient.
10:11Mais parfois,
10:12il y en avait
10:12dix.
10:15Il se pourrait
10:16que je vois
10:17ma mère
10:17ou ma grand-mère
10:18sur ces images.
10:23Il y a eu
10:24beaucoup de mariages
10:25ou d'histoires
10:26d'amour
10:26dans cette ville.
10:27Beaucoup
10:34de couples
10:36se sont rencontrés
10:37et mariés
10:38ici.
10:39Et leurs enfants
10:40ont fréquenté
10:41la même école
10:42que moi.
10:44Ma mère
10:44a connu
10:45mon père adoptif
10:46ici.
10:49Ces images
10:49d'ouvrières,
10:50fières de leur travail,
10:52auraient pu
10:52être tournées
10:53chez nous.
10:55En URSS,
10:56on nous a toujours
10:56dit que c'était
10:57la révolution de 1917
10:59qui avait libéré
10:59les femmes
11:00et proclamait
11:01leur égalité
11:01avec les hommes.
11:06La femme travailleuse
11:07et communiste
11:08devient ainsi
11:09une incarnation
11:10de la réussite
11:11du système soviétique.
11:15Et comme dans
11:16tous les autres domaines,
11:17l'Europe centrale
11:18va suivre l'exemple
11:19du grand frère russe.
11:20Déjà en 1952,
11:26en Allemagne
11:27de l'Est
11:27sort ce film
11:28Destin des femmes.
11:30Il va avoir
11:31un immense succès
11:32avec plus de 5 millions
11:34d'entrée.
11:34de l'Etat
11:37C'est la sache, qu'il n'y a moins que la hélite de la valeur de la monde de la femme producée.
11:43Il s'agit de nous depuis 1945, au contraire à l'Université,
11:48il s'agit de l'État de l'Université.
11:50Nous construisons une nouvelle société.
11:53Mais il y a encore beaucoup de problèmes qui doivent être résolés.
11:56Et si nous voulons de l'éloignage,
11:58dans lequel la femme de la femme est aujourd'hui,
12:00nous devons être réalisés.
12:02Il doit être réalisé par le droit de la femme.
12:05Un droit pour la protection de la mère, et ainsi un droit pour la protection des enfants.
12:10Nous vivons dans le temps-là d'une grande environnement sociale,
12:13qui fait d'autres plus de forts.
12:16Auguste Bébel écrit dans son livre « Les femmes et le socialisme »
12:20« Il n'y a pas d'éloignement de l'humanité sans l'obligation sociale des femmes. »
12:28Ils avaient besoin de notre force de travail.
12:31Une bonne part de la population active d'hommes travaillait pour les organes de sécurité de l'État
12:36et son appareil administratif surdimensionné.
12:40À 14 ans, Gisela est entrée en apprentissage pour devenir conductrice de train.
12:46Elle a tout de suite été embauchée à la station centrale de Berlin-Est.
12:49« En tant que femme célibataire, on trouvait assez rapidement un emploi et on recevait des aides.
13:01Les enfants étaient pris en charge dans les jardins d'enfants et les crèches quand ils étaient bébés.
13:07Pour les mères célibataires, il existait des crèches à la semaine où elles déposaient l'enfant le lundi et venaient le chercher le samedi.
13:18Sinon, elles n'auraient pas pu travailler.
13:21« À partir du moment où on avait 18 ans, on pouvait se marier. C'est ce que j'ai fait. On s'est mariés en décembre, l'année de mes 18 ans.
13:33Et au bout de quelques années, si ça ne se passait pas bien, on pouvait se séparer assez facilement en RDA, même en tant que femme.
13:42Le divorce ne coûtait pas très cher. Ça dépendait des revenus. On devait payer une certaine somme et on redevenait une femme libre.
13:55Dans l'espace public, nous étions égales aux hommes.
13:58C'est à la maison que les choses n'avaient pas bougé.
14:02Ici, la révolution n'avait pas eu lieu.
14:05Les courses, le ménage, la cuisine, une charge quotidienne qui se rajoutait à la journée de travail.
14:13Mais à l'époque, les femmes étaient heureuses de revivre en paix, de pouvoir faire la fête et de s'amuser.
14:24À Berlin, on croit dans un avenir meilleur.
14:27En cet hiver 1950, la nouvelle république démocratique allemande n'est plus une zone d'occupation soviétique.
14:32Désormais, les Allemands de l'Est ont leur propre gouvernement, leur ministère, leur administration locale.
14:41Moscou autorise ce nouvel Etat à créer une armée, des services de renseignement et une police.
14:50Même les camps et les prisons passent sous son contrôle.
14:52C'était peu de temps après notre libération.
15:00Enfin, un peu après parce qu'on n'était plus aussi maigres.
15:04Barbara Kirchner et sa mère sont libérées après quatre ans d'une détention sans aucun jugement.
15:12Être libérée, ça voulait dire que j'allais enfin recevoir des habits.
15:16On m'a donné une paire de chaussures, des bottes russes en feutre et aussi un manteau.
15:22Après ça, on nous a remis un billet pour prendre le S-Bahn jusqu'à Berlin-Schöneberg.
15:28Je n'avais encore jamais vu un escalier.
15:31Tout ce que je voyais était nouveau pour moi.
15:35Et là, j'ai vu un escalier.
15:38Et j'ai dû marcher aussi, sur mes petites jambes rachitiques,
15:41qui n'avaient fait que quelques pas en été devant les baraquements.
15:46Je n'étais pas habituée.
15:48Ma mère me traînait sur le trottoir.
15:51Je n'avais jamais vu un immeuble.
15:53J'avais peur de tous ces gens.
15:55Et encore bien plus des voitures.
15:57Mais on y est arrivé.
16:00Mes grands-parents vivaient encore là.
16:03Ils ont ouvert la porte et ils ont vu leur belle-fille et leur petite-fille.
16:12Comme Barbara et sa mère, de nombreuses personnes détenues sans jugement
16:17sont libérées lorsque la direction des prisons passe sous administration est-allemande.
16:22Les prisonniers condamnés par les soviétiques s'attendent eux aussi à être libérés.
16:27C'est le cas de Jochen Stern, qui purge alors une peine de 20 ans de prison.
16:31On avait repris espoir.
16:36On allait enfin pouvoir expliquer à l'administration allemande ce qui s'était passé
16:41et que la plupart de nous étaient innocents.
16:46Hélas, on se trompait complètement.
16:49Parce que pour eux, on était les pires ennemis de la jeune RDA.
16:52Alors, on s'est accrochés aux fenêtres et on a hurlé,
16:59on est innocents, on va saisir l'ONU.
17:02Ça faisait une invraisemblable chorale.
17:05Mais la police populaire s'était préparée à toutes les éventualités.
17:14Et elle a envoyé des unités qui ont fait irruption dans les salles.
17:17Il y a eu beaucoup de blessés.
17:23Le sang a coulé.
17:26Deux ou trois jours plus tard, la porte de la cellule s'est ouverte
17:32et un colonel russe est entré.
17:35Et là, dans un Allemand un peu approximatif, il a dit
17:40« Vous, si vous avez des problèmes, dites-moi ».
17:43« Dites-moi ».
17:44On a répondu « On était beaucoup mieux avec vous les Russes qu'avec les Allemands ».
17:51Le colonel était aux anges.
17:53Mais oui, ça va toujours mieux avec les Russes.
17:56C'était inouï.
17:58C'était typique des Russes.
18:00Mais on en a profité.
18:01C'était très bien.
18:03C'était très bien.
18:05C'est ainsi que l'URSS dirige dorénavant les pays frères.
18:09Officiellement, les soviétiques se sont retirés.
18:12Mais en réalité, leur conseiller supervise chaque département de l'administration.
18:15En Hongrie, pas besoin du NKVD soviétique, le chef communiste Mathias Rakoshi, le plus fidèle élève de Staline, organise lui-même les purges.
18:27Tous ceux qui ne suivent pas à la lettre sa ligne politique sont suspects.
18:33Il y a trois sortes de gens en Hongrie.
18:39Ceux qui ont été en prison.
18:41Ceux qui sont en prison.
18:43Et ceux qui attendent d'aller en prison.
18:48On raconte que Staline aurait dit à Mathias Rakoshi que la Hongrie était un pays religieux
18:55et qu'il n'y avait pas de quoi être fier.
18:59La religion est trop présente, aurait dit Staline.
19:05Rakoshi est ensuite rentré de Moscou et il a décidé de mettre fin à ça.
19:13Chaque mot de Staline était un ordre.
19:18La première victime de Rakoshi, le cardinal Mizanti, le très populaire chef de l'église catholique.
19:24Inculpé de trahison, conspiration et non-respect des lois du régime, il est torturé et condamné à perpétuité.
19:34Mais ce n'est que le début de la grande purge qui va s'abattre sur le clergé et sur les simples croyants.
19:39Le 25 juin 1950 au matin, la VH, la police politique, a envahi le monastère franciscain Duyadvan.
19:53Elle a choisi exprès la sortie de la messe pour effectuer cette opération.
20:01Les fidèles ont dit qu'ils ne se laisseraient pas faire.
20:03Mais en fait, il y avait déjà une liste de personnes à arrêter.
20:10Le nom de mon père était dessus alors qu'il était en déplacement ce jour-là et qu'il possédait un document qu'il attestait.
20:17Et le 27 juin, jour de la fête de Saint-Laslo et de l'anniversaire de mariage de mes parents, nous étions à table quand la VH a sonné à la porte.
20:31Ils sont entrés, l'un d'eux a tiré sur la nappe avec les plats dessus et a dit « Les bourgeois festois ».
20:37Ils ont dit à mon père qu'il devait être interrogé et ils l'ont emmené.
20:43À partir de ce moment, je me souviens de tout. C'est resté gravé dans ma mémoire.
20:48Mon père a pris sa veste et il nous a dit qu'il reviendrait bientôt.
20:53Nous ne l'avons revu que trois ans plus tard.
20:56Nous sommes restés seuls, ma mère, mon petit frère de trois ans et moi.
21:01J'avais huit ans.
21:02Son père est envoyé dans un camp de travaux forcés.
21:09Et selon les règles du goulag soviétique, la famille, Pirochka, sa mère et son petit frère, sont arrêtés à leur tour.
21:19On nous a placés dans une sorte de bergerie dans laquelle on a dû apporter de la paille.
21:24On aurait dormi dessus s'il n'y avait pas eu tous ces rats qui nous attaquaient parce qu'on leur prenait leur territoire.
21:35Je me souviens que lorsqu'on emmenait ma mère au travail, le soir, elle me disait de ne pas dormir pour que les rats n'arrachent pas les oreilles de mon frère.
21:44Face à ces répressions, l'Église cherche à trouver un terrain d'entente avec le pouvoir et invente une nouvelle théologie.
21:52Le socialisme est très fort à éloge, c'est-à-dire, dans l'évangélisme.
21:59Le socialisme est beaucoup plus fort à nous, comme le capitalisme.
22:05Le socialisme est un peu plus fort à l'éloge du socialisme.
22:08Le socialisme est un peu plus fort à l'éloge et le plus grand éloge que l'homme.
22:11Mais faire l'éloge du socialisme ne va pas suffire.
22:19Quelques mois après le début des purges, le clergé au grand complet est convoqué au Parlement pour prêter publiquement allégeance au régime.
22:26Malgré tous les efforts du clergé, l'Église catholique va rester sous l'étroite surveillance de l'État, comme d'ailleurs toutes les religions dans le bloc communiste.
22:53Quand un fonctionnaire sortait d'une église, des informateurs avertissaient le secrétaire du parti.
23:05La personne en question recevait ensuite une sanction disciplinaire, ou bien elle était remplacée.
23:15« On a eu un président du conseil de notre région dont la femme, décédée, a été enterrée religieusement à l'Église. Eh bien, il a été renvoyé. »
23:31Même le mariage à l'Église est mal vu. Le pouvoir fait la promotion de la cérémonie civile. Et si on tient à le faire célébrer par un prêtre, il faut trouver une paroisse où personne ne connaît les futurs mariés.
23:42« Nous avons pris le train un matin et nous sommes d'abord allés à la mairie où a eu lieu la cérémonie civile. Ensuite, nous sommes allés à l'Église et là, mon beau-frère nous a mariés. Après ça, nous sommes tous remontés dans le train pour rentrer chez nous. »
24:07« Une cérémonie très simple. Pas de restaurant, pas de photographe, rien. »
24:14« Nous avons fait un mariage sans prétention. Mais Dieu merci, notre vie commune n'en a été que plus belle. »
24:24« Et en Pologne, le pays le plus catholique d'Europe centrale, l'Église subit le même sort. Le pouvoir ferme les hôpitaux et les cliniques gérées par les religieux, interdit l'enseignement du catéchisme à l'école et arrête les prêtres. »
25:12« Et de notre soutien envers celui qui avait été persécuté. »
25:19« Aller à l'Église dans tous les pays du bloc communiste devient une forme de résistance au régime, une façon d'exprimer son désaccord. »
25:29« Et le clergé est condamné à vivre en marge du système. »
25:34Pourtant, Joachim Gauck, futur président de l'Allemagne unifiée, décide de devenir pasteur.
25:41« Quand on est dans l'opposition à un régime, on a besoin de quelque chose à quoi se raccrocher. Les gens ont besoin d'un repère s'ils veulent garder leur cap. »
25:55« Enfant, je n'aurais jamais eu l'idée de devenir pasteur. Je n'avais rien d'un sein. J'aimais le sport, les filles et la musique. Je n'imaginais vraiment pas prononcer des vœux pastoraux.
26:08Mais je voulais étudier une autre matière que celle que proposaient les Léninistes. »
26:14« Le pouvoir fait tout pour séculariser la société. Même la fête de Noël devient plutôt laïque, célébrée comme une simple réjouissance de fin d'année.
26:27Mais chez moi, en Union soviétique, la fête de Noël était interdite. Le pouvoir nous a quand même laissé le nouvel an.
26:34Et le père Noël a été remplacé par le grand-père Gel. Au moins, il était autorisé à nous apporter des cadeaux.
26:44Les communistes ne s'intéressent pas seulement au père Noël, ce sont les organisations de scouts qui sont dans leur viseur.
26:52Comme en URSS après la Révolution, ils se les réapproprient en changeant leur idéologie et leur nom.
27:02« C'était une très vieille association de scouts du nord de Budapest et j'en étais membre.
27:09Elle existait toujours en 1947 et le pouvoir, après l'avoir nationalisée et restructurée,
27:17l'a transférée dans l'Union des pionniers à laquelle nous avons automatiquement été intégrés. »
27:24Selon l'idéologie révolutionnaire, il faut modeler la jeunesse pour créer une nouvelle race d'hommes.
27:31Le bâtisseur du communisme.
27:32Dans mon enfance, à l'école primaire, à 9 ans, on nous a remis solennellement le foulard rouge des pionniers.
27:44La question de faire partie ou non de ce mouvement ne se posait pas.
27:48On ne nous donnait pas le choix.
27:52Nous étions trop jeunes pour prendre au sérieux les slogans communistes qu'il fallait répéter.
27:56Pour beaucoup, c'était une sorte de jeu.
28:03« Je me suis même inscrit aux pionniers des chemins de fer parce qu'ils offraient des tartines de beurre et du chocolat chaud au petit déjeuner.
28:13Je n'ai pas hésité une seconde, je les ai rejoints, même si je considérais leur chef comme le mal incarné. »
28:25Ce qui me revient à l'esprit, ce sont les camps de pionniers au lac Balaton.
28:30On y allait chaque été et c'était bien.
28:35C'était un véritable camp avec ses différentes activités et ses jeux qui nous réunissaient.
28:40Une école, nous, les jeunes pionniers, on chantait, on participait déjà au défilé et on était contents de faire comme les grands.
29:07Il y avait toujours une fête organisée pour n'importe quelle occasion.
29:16Il régnait une ambiance plus joyeuse que dans notre vie de tous les jours.
29:22Un charme discret propre à cette époque.
29:25Elle était chef de groupe.
29:37« Oui, j'ai été chef d'un groupe de pionniers pendant longtemps.
29:40Les enfants et les adultes adoraient ce genre de structure.
29:44On était tous contents d'en faire partie et on ne faisait pas de politique, jamais. »
29:49« Pas de politique, pas de politique du tout. »
29:52« La politique n'avait pas sa place. »
29:56Pionniers sont politiques ?
30:01Dans notre parti du monde, il n'y avait aucune association, aucune initiative publique qui ne soit pas politique.
30:08Il fallait réunir les enfants pour les contrôler.
30:11Les endoctriner d'une façon ludique, mais les endoctriner quand même.
30:15« On devait réciter le texte du serment dans lequel on jurait fidélité à la patrie. »
30:27« Oui, mais on devait réciter aussi. Je dirais la vérité. Je respecterais mes parents.
30:34Je ferais mon devoir et que sais-je encore. Je serais fidèle à mon pays. »
30:42« Et surtout, chaque pionnier doit jurer de respecter les valeurs socialistes et de défendre sa patrie. »
30:49« Pendant la guerre froide, il y avait deux camps.
30:53Celui de l'impérialisme et celui de la paix, qui était le nôtre.
31:02C'était ça, le contexte idéologique dans lequel je suis né.
31:06Ce qui explique que tous les enfants avaient compris qu'il y avait deux camps dans le monde
31:12et qu'il fallait se battre pour le socialisme soviétique et contre l'impérialisme.
31:19C'est quelque chose que les pionniers comprenaient très jeunes.
31:23« Et puis, il y avait les jeux militaires, des compétitions entre unités.
31:32On jouait à la guerre.
31:35Et aussi, les jeux d'orientation dans la forêt.
31:40On nous apprenait à utiliser une boussole, par exemple.
31:44Ça, j'aimais bien.
31:45Il y avait aussi des exercices plus physiques.
31:51On devait lancer des grenades.
31:53Beaucoup d'entre nous avaient du mal à soulever ces engins de 2,5 kg.
31:58Mais on finissait par y arriver.
32:02Parce qu'en cas de guerre, il fallait savoir le faire.
32:08Être pionnier n'était que la première étape.
32:10Vers 14 ans, on les quittait pour adhérer à la jeunesse communiste.
32:19Ces jeunes étaient l'espoir et la vitrine du régime.
32:22Les meilleurs représentants du peuple, nous disait la propagande officielle.
32:26Mais la réalité était un peu différente.
32:32Quand je suis entré au lycée, je suis automatiquement devenu membre de la jeunesse communiste.
32:37C'était comme ça pour tous les lycéens, sans exception.
32:41Qu'il s'agisse d'élèves d'origine paysanne, ouvrière ou intellectuelle, peu importe.
32:48Mais tout ça n'était qu'un vaste mensonge.
32:55Je dirais que ce n'était pas par conviction communiste que les gens s'inscrivaient dans les organisations de jeunesse,
33:01mais pour pouvoir faire carrière ou faire des études.
33:03Prenons l'exemple de la première de la classe.
33:09Une jeune femme qui passe son bac et obtient l'équivalent de 20 sur 20.
33:16Elle demande à s'inscrire en médecine.
33:18Elle est refusée.
33:20Elle n'est pas membre de la jeunesse allemande libre.
33:23Ça ne figure pas dans le refus, mais elle sait pourquoi elle n'a pas été retenue.
33:26Le pouvoir s'appuie sur la jeunesse communiste.
33:33Elle va être le fer de lance de toutes les grandes campagnes politiques.
33:38À commencer par l'une des plus importantes, la collectivisation.
33:44L'industrie a été nationalisée dès la fin de la guerre.
33:48Maintenant, c'est le tour de l'agriculture.
33:50On crée donc des fermes collectives, les col-cause.
33:53On nous a obligés à aller à la campagne
34:00pour convaincre les paysans d'adhérer aux coopératives agricoles.
34:05C'était donc une adhésion forcée.
34:10Une immense machine de propagande se met en place.
34:14Chaque village a le droit à une visite des représentants du gouvernement
34:17pour convaincre les paysans de mettre en commun leurs terres et leurs outils
34:21pour produire ensemble.
34:23C'était la politique de l'époque.
34:28L'objectif était de tout collectiviser.
34:33Enric Dabkowski a toujours vécu ici.
34:37Sa famille possède cette ferme depuis presque 200 ans.
34:40Pendant la campagne de collectivisation,
34:48lui et ses parents refusent de rejoindre la coopérative malgré les pressions.
34:51« Il y a eu une énorme pression sur les petits agriculteurs
35:02pour qu'ils rejoignent ces prétendues coopératives des col-cause.
35:07Une vingtaine de personnes dans le village se rassemblaient dans une exploitation commune. »
35:14Ceux qui acceptent croient aux promesses de la modernisation,
35:19du travail moins dur, de récoltes plus abondantes,
35:23d'une vie meilleure.
35:24« Il y avait de l'agitation, une campagne de propagande.
35:34J'ai le souvenir enfant de la tension qui régnait au début de la création des col-cause dans les années 50.
35:40Ce système n'était sans doute pas adapté au contexte polonais,
35:44ce qui explique que les paysans n'en voulaient tout simplement pas. »
35:47« Beaucoup ne comprennent pas pourquoi ils doivent se séparer de leurs terres,
35:54de leurs bêtes, de tout ce qui appartient à leur famille depuis des générations.
35:59Les polonais et les hongrois, voisins directs de l'URSS,
36:03sont terrifiés à l'idée de subir la collectivisation à la soviétique
36:06et de connaître à leur tour une grande famine,
36:09comme celle qui, avant la guerre, a décimé des villages entiers
36:12de l'autre côté de la frontière, en Ukraine.
36:17« Il y avait un paysan qui refusait catégoriquement d'intégrer la coopérative.
36:25Quand on refusait, on risquait d'être emprisonné.
36:33Soit il signait, soit il allait en prison.
36:36Il a fini par signer.
36:39Et il y avait aussi les coulacs. »
36:42« Coulac », un terme importé de l'URSS et qui désignait des paysans riches.
36:47Autant dire, des ennemis du peuple.
36:50Le mot est entré dans les langues d'Europe centrale.
36:54« Tous ceux qui possédaient entre 15 et 20 hectares de terres cultivables
37:01étaient qualifiés de coulacs.
37:03Ça signifie que toutes leurs récoltes étaient prises,
37:10les greniers vidés et le blé confisqué.
37:15On leur laissait à peine de quoi vivre.
37:19Et il arrivait même qu'ils soient emprisonnés. »
37:25Mais les coulacs résistent.
37:26En Pologne, ils arrivent à rester en dehors des coopératives.
37:31En contrepartie, l'État envoie des émissaires chargés de prélever au moins un tiers de toute leur production.
37:36« Ces obligations étaient tellement contraignantes pour les agriculteurs
37:45qu'il était impossible de les remplir.
37:48Les prétendus équipes se rendaient dans les villages en camion.
37:54Mais quand quelqu'un les apercevait, la nouvelle se répandait dans tout le village grâce aux bouches à oreilles.
38:03Et les villageois fuyaient partout où ils pouvaient.
38:10Je me souviens qu'il restait encore des cratères d'explosion de bombes près de chez mes parents.
38:16Les habitants portaient leurs affaires et s'y cachaient.
38:19Parce que si quelque chose n'était pas caché, c'était réquisitionné.
38:22« On les a forcés, ni plus ni moins.
38:37Ils ont été contraints de se taire et d'obéir sans discuter au Parti communiste.
38:46Les gens se sont résignés.
38:48Il n'y avait pas d'autre choix.
38:52Il fallait faire ce qu'on vous ordonnait de faire.
38:57Il fallait se taire.
39:00Et se contenter d'effectuer son travail. »
39:06À la campagne, les paysans comprennent vite qu'il n'y aura ni salut,
39:09ni vie tranquille en dehors du Parti communiste.
39:14Alors il vaut mieux en devenir membre,
39:16même si on ne s'est jamais intéressé au marxisme.
39:18Un simple paysan demande à rentrer dans le Parti communiste.
39:26À la Réunion, on l'interroge.
39:28« Quelle est votre opinion politique ? »
39:30« J'ai l'opinion de la une du journal du parti. »
39:34« Toujours ? »
39:35« Absolument toujours. »
39:37« Ça ne vous arrive jamais d'avoir une opinion personnelle ? »
39:41« J'en ai parfois, mais je ne suis pas du tout d'accord avec. »
39:46« Il y avait des assemblées générales, des réunions politiques dans les villages,
39:52et les gens y allaient souvent de leur plein gré.
39:55Certains s'y rendaient en espérant en tirer profit.
39:57Ils ne faisaient pas ça par idéologie,
40:02ni parce qu'ils pensaient que c'était bien et juste,
40:05mais parce qu'ils se disaient
40:07« Si je rejoins le parti, je pourrais obtenir un poste plus facilement,
40:12ou bien mon fils ira dans une meilleure école. »
40:17Tout le monde joue le jeu.
40:19Il y a la vraie vie et l'image qu'en donne la propagande,
40:22qui s'éloigne de plus en plus de la réalité.
40:24Dans toute l'Europe centrale, comme chez nous en URSS,
40:48les actualités étaient réalisées selon le même scénario immuable.
40:51Avec le même commentaire, dans la même langue de bois.
40:55Ainsi, les actualités filmées deviennent une série de spots publicitaires
41:09pour promouvoir un seul sujet, la politique du parti.
41:13En Hongrie, les médias se lancent dans une nouvelle campagne,
41:18initiée par Rakoshi.
41:20Un impôt obligatoire appelé l'emprunt volontaire pour la paix.
41:24J'ai commencé à enseigner en 1950.
41:32Et toute personne qui travaillait devait d'abord souscrire à un emprunt d'État
41:38pour une période de trois ans.
41:41C'était déduit du salaire et on nous avait dit qu'on serait remboursé.
41:45Dix ans plus tard environ, on l'a effectivement été,
41:49mais à hauteur de la valeur correspondant à l'époque où on avait souscrit l'emprunt.
41:54Il arrivait que les responsables, des membres du parti,
42:03vous demandent combien vous vouliez mettre.
42:08Eh bien moi, je n'ai pas eu à leur dire.
42:11Ils avaient déjà inscrit la somme que je devais verser.
42:14Au début, mon salaire mensuel devait s'élever à 500 forintes.
42:23Et sur ces 500 forintes, je devais en donner 100.
42:29Même plus tard, quand il est passé à 1000 forintes,
42:33j'ai dû consacrer un quart de cette somme aux emprunts d'État.
42:37C'était obligatoire.
42:38Comment cet argent prélevé sur les maigres salaires de Sandor et Lenkebella
42:45pouvait-il protéger la paix dans le monde ?
42:48On l'ignorait.
42:50Ce qui était sûr et martelé par les médias au quotidien,
42:54c'est que le bloc communiste était menacé.
43:00Les pays capitalistes occidentaux étaient opposés à l'Union soviétique.
43:08Ils voulaient contrôler les pays que l'armée rouge avait libérés
43:11pour les retourner contre l'URSS.
43:16C'était ça le fondement de la pensée à l'époque.
43:22Les impérialistes occidentaux voulaient renverser le socialisme.
43:30En réponse à l'agresseur capitaliste,
43:32l'URSS met en place le mouvement international pour la paix
43:36et fait venir les communistes du monde entier
43:39à ces congrès organisés chaque année
43:40dans différentes villes du bloc soviétique.
43:47Les participants à ces rassemblements
43:49doivent montrer à l'opinion publique internationale
43:52que l'URSS est en première ligne dans ce combat pacifiste.
43:56Staline, qui a gagné la guerre, va maintenant garantir la paix.
44:22Cette paix dont tous les Européens ont besoin
44:25pour reprendre une vie normale
44:27et oublier les morts, les destructions,
44:29les camps d'extermination.
44:32C'est d'autant plus important pour les Juifs
44:34qui sont rentrés chez eux.
44:39Parmi ceux qui reviennent,
44:41la famille de Béla Schwarzman.
44:43Ils s'installent en Silesie,
44:44au sud-ouest de la Pologne.
44:46Sa mère dirige une école yiddish
44:49où son père enseigne également.
44:52C'est une des institutions juives
44:53qui renaissent dans le pays après-guerre.
44:55Il existait une société sociale et culturelle
45:04des Juifs en Pologne.
45:06C'était une structure contrôlée par les autorités,
45:10par les communistes, bien évidemment.
45:13Mais c'était en même temps
45:14le lieu d'une vie sociale et culturelle très riche.
45:19Les survivants font tout
45:20pour reconstruire la vie de leur communauté
45:22après la tragédie de la Shoah.
45:26Et chaque année, depuis la fin de la guerre,
45:28Juifs et non-Juifs commémorent
45:30le soulèvement du ghetto de Varsovie
45:32contre les nazis.
45:42Ça se passait au mémorial
45:46qui avait été érigé en 1948.
45:48Difficile d'imaginer une foule plus dense.
45:53Une véritable marée de personnes
45:55venues pleurer ceux qui étaient morts.
46:00Elles espéraient aussi
46:01que leur présence en aussi grand nombre,
46:04malgré les massacres pendant la guerre,
46:07leur permettrait d'une manière ou d'une autre
46:09de vivre en sécurité.
46:11de vivre en sécurité.
46:15Le pouvoir communiste
46:16tient à montrer que les crimes contre les Juifs
46:18seront punis comme tous les crimes des nazis.
46:22En novembre 1947,
46:24à Cracovie,
46:26le gouvernement polonais,
46:27avec l'aval de Staline,
46:29organise le procès public
46:30de 40 membres du personnel d'Auschwitz.
46:33Et pour la première fois,
46:35on juge aussi bien des gardiens
46:37que des dirigeants.
46:38Parmi les accusés,
46:42la chef du camp des femmes à Birkenau,
46:45Maria Mandel,
46:47et un des derniers commandants d'Auschwitz,
46:49Arthur Liebhanchel.
46:55Le tribunal prononce 23 sentences de mort,
46:5816 peines d'emprisonnement.
46:59En URSS aussi,
47:05les Juifs se sentent protégés par l'État.
47:07Ils se sont battus dans l'armée rouge,
47:09sur tous les fronts de la guerre.
47:12Dès les premiers jours
47:13de l'invasion nazie en 1941,
47:16Staline a mis en place
47:17le comité antifasciste juif
47:19pour solliciter l'aide du monde occidental.
47:23Les grands intellectuels y participent,
47:25comme le réalisateur Eisenstein
47:27ou l'écrivain Ilya Ehrenbourg.
47:30Il est présidé par le metteur en scène
47:32Mick Oels.
47:32Mais le nazisme vaincu,
47:53Staline trouve que le comité
47:55est devenu trop indépendant.
47:57Et dans la guerre froide naissante,
47:58il soupçonne ses membres
48:00d'être plus juifs que soviétiques.
48:05En janvier 1948,
48:07Mick Oels est assassiné
48:09par les services secrets.
48:11La majorité des membres du comité
48:12est arrêtée.
48:1413 d'entre eux sont exécutés
48:15en une seule nuit.
48:18Ainsi commence la campagne
48:19du Kremlin contre les Juifs,
48:22accusés d'être des cosmopolites
48:23sans racines.
48:28Sous la pression de l'Union soviétique,
48:30les lieux d'enseignement du yiddish
48:33ont été fermés petit à petit,
48:35car il s'agissait de la manifestation
48:37d'un nationalisme malsain,
48:40alors que, comme chacun sait,
48:41le pouvoir prenait l'internationalisme.
48:44C'est le début d'une grande purge
48:47et les pays frères
48:48sont sommés d'y participer.
48:51Il faut trouver des traîtres
48:52au plus haut niveau du pouvoir.
48:55La chasse aux ennemis du peuple
48:56est ouverte,
48:57en Hongrie,
48:58en Bulgarie,
48:59en Pologne.
49:01Mais c'est en Tchécoslovaquie
49:02qu'a lieu le procès
49:03le plus emblématique.
49:04A Prague,
49:06en novembre 1952,
49:0814 responsables
49:09du Parti communiste
49:10sont jugés.
49:11Le secrétaire général du PC,
49:13Rudolf Slansky,
49:14le ministre des Affaires étrangères,
49:17sept vice-ministres.
49:34C'est un grand procès,
49:47comme on en a vu à Moscou.
49:49Devant les caméras,
49:51les accusés reconnaissent des crimes
49:52fabriqués de toutes pièces.
49:53Prominél jsem se těžce
49:57na zájmech
49:58československého lidu.
50:02Proto dnes právem
50:03stojím zde,
50:05před tímto soudem,
50:07před lidově demokratickým
50:08československým soudem.
50:11Jako společný
50:12Krudolfa Slanského
50:14a židovský buržuazní nacionalista
50:16účastnil jsem se
50:17na nepřátelských akcích,
50:19které byly organizovány
50:21americko-anglickými imperialistami
50:23a jejich agenturou
50:25v Izraeli
50:27včeles ben burjone.
50:30Fin novembre 1952,
50:33Slanský
50:33a dix autres accusés
50:34jsou soudemnés à mort
50:35et trois
50:36à la prison
50:37à perpétuité.
50:40La majorité d'entre eux
50:41avaient des origines juives.
50:50Ma grand-mère m'a souvent parlé
50:51de cet hiver 1953
50:53comme du moment
50:54le plus dramatique
50:55de toute l'époque
50:56d'après-guerre.
50:58L'intelligentsia soviétique
51:00retenait son souffle.
51:02On s'attendait
51:02à ce que Staline
51:03déclenche
51:03les pires purges
51:04qu'on n'ait jamais connus.
51:05de l'intelligentsia
51:06de l'intelligentsia
51:07«Москва, дорогие товарищи и друзья,
51:205 марта в 9 часов 50 минут вечера после тяжелой болезни скончался Иосиф Виссарионович Сталин».
51:50Музыка
52:03«Ле наphasили свою бит��도록 stop…»
52:07«Ле нания лябвок».
52:11брали львокắt по тебе греу.
52:16Шансболг though Иосиф Виссарионович Лефrit Едем yepрекомат.
52:20Il a crevé.
52:32Ça a été ça, ma réaction.
52:34Je me souviens que lorsque j'ai quitté la maison pour aller à l'école,
52:39ma mère m'a dit, ne rie pas.
52:42Souviens-toi qu'aujourd'hui, tu n'as pas du tout le droit de rire.
52:44Le secrétaire de l'organisation de la jeunesse communiste du lycée était en larmes.
52:55Et nous, on nous conduisait comme un troupeau sur la place des héros
52:59pour qu'on se recueille devant la statue de Staline.
53:02Je suis parti immédiatement après, mais j'avais envie de le poignarder.
53:14J'étais dans un camp d'internement quand Staline est mort.
53:33Le commandant nous a demandé par mégaphone de pleurer
53:36parce que notre père venait de mourir.
53:40J'ai pleuré à chaud de larmes.
53:41J'étais la seule imbécile à pleurer dans le camp.
53:47D'où la réaction de mon amie quand je lui ai dit,
53:50ses nerfs ont dû lâcher.
53:51Elle m'a répondu, il est tient aussi, idiote.
54:04Tout le monde attendait un miracle.
54:07Les gens étaient sûrs que les choses allaient changer.
54:17Je ne sais pas ce qui leur faisait croire ça.
54:23Mais une chose est sûre,
54:24c'est que nous étions tombés si bas,
54:26politiquement et socialement,
54:29que ça ne pouvait pas être pire.
54:32Ça ne pouvait que s'améliorer.
54:34Derrière le rideau de fer,
54:40la mort du dictateur déclenche une vague d'espoir.
54:44L'espoir que Staline emportera dans sa tombe,
54:46le système qu'il a imposé.
54:53Comme on le disait au gulag,
54:55l'espoir meurt en dernier.
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55:06L'espoir
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