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  • il y a 15 heures
Entre l'effondrement de la consommation, l'augmentation des coûts de production, les problématiques commerciales et les aléas climatiques à répétition, les viticulteurs font face à un défi économique et social sans précédent, poussant certains d'entre eux à laisser leurs vignes à l'abandon. Pour le sénateur socialiste de l'Aude Sébastien Pla, également viticulteur, "la filière viticole est confrontée à l'une des plus importantes crises multifactorielles de son histoire". Cet été, l'Aude a été confrontée à un méga feu qui a ravagé les Corbières. Certains viticulteurs ont été fortement impactés par cet incendie. Co rapporteur de la mission d'information sur l'avenir de la filière viticole, Sébastien Pla part dans ce reportage à la rencontre des vignerons pour tenter de leur apporter des solutions. Année de Production :

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00:00...
00:00Nous sommes au cœur du pays cathare, non loin des Pyrénées.
00:18Une forteresse imposante, une vue à couper le souffle.
00:22Bienvenue au château de Perpertuse, dans la terre de cœur du sénateur de l'Aude.
00:27Sébastien Plas, 48 ans. Je suis né pas très loin d'ici, en Arbonne.
00:32Je suis vigneron au domaine de Château-Pay-Répertuse.
00:35Je suis la 7e génération, mon fils la 8e.
00:38Donc l'objectif c'est de garder les pieds sur terre et puis de temps en temps témoigner à Paris
00:42de ce qui se passe en province pour pouvoir, à travers la loi et à travers le travail que l'on mène au Sénat,
00:47apporter la voix de celles et ceux que l'on n'entend pas et qui n'ont pas la possibilité de s'exprimer.
00:52Je me suis retrouvé maire d'un magnifique village du Yax-au-Pay-Répertuse et de ce super château-là à l'âge de 23 ans.
01:00Et ma conscience, l'engagement personnel pour les autres m'ont amené progressivement à franchir les échelons.
01:07J'étais conseiller général, puis conseiller régional et plus récemment, il y a 5 ans, sénateur du département de l'Aude.
01:15Pour Sébastien Plat, la vigne est une histoire de famille. Il a repris le domaine de son grand-père.
01:21Désormais, il partage son activité avec son fils.
01:24La viticulture présente ici depuis l'Antiquité. Donc quelque part, c'est notre ADN.
01:30Et je suis engagé pour continuer à la faire vivre, à la soutenir parce que ça fait partie de nos racines.
01:37Et c'est un territoire et un terroir de très grande qualité et qui permet de générer de l'économie partout, puisque la viticulture est présente sur tous les territoires.
01:46Allez, fait bon là ?
01:49Super.
01:49Aujourd'hui, c'est un tas idéal.
01:52Mais depuis quelques années, les aléas climatiques mettent le moral des viticulteurs à rude épreuve.
01:57Tu descends, il y en a un qui descend là, l'autre, et l'autre, il passe là-bas.
02:01Dans l'Aude, après des sécheresses à répétition, les rendements sont de plus en plus faibles.
02:07A l'heure des vendanges, Sébastien Plat constate les dégâts d'un été particulièrement aride sur ses raisins.
02:13En fait, avec le réchauffement climatique, les gros coups de chaleur du mois de juin et du mois d'août,
02:19les raisins, vous voyez, ils sont touchés par les coups de chaud.
02:25Donc ils ne grossissent pas et ils sèchent.
02:27Et ça, ça touche tout le pourtour méditerranéen depuis quelques années.
02:33Après, la vigne, elle souffre aussi de la sécheresse, on le voit.
02:36Ça, les feuilles sèches comme ça, c'est lié à la sécheresse.
02:40C'est un phénomène que l'on ne voyait pas ces dernières années.
02:43Donc ça avait les gros coups de chaleur.
02:45En fait, l'intensité, la chaleur est tellement forte que la vigne est carrément sèche.
02:50Aux aléas climatiques s'ajoutent les ravages des nuisibles, un fléau pour les viticulteurs.
03:02La sécheresse, le fait qu'il n'y ait pas d'eau, en fait, les sangliers rentrent, pètent le grillage, rentrent dans les vignes pour manger les raisins.
03:09Et c'est assez désespérant pour les viticulteurs parce que vous avez travaillé toute l'année.
03:14Vous êtes passé à travers les conditions de météo, à travers les maladies, vous avez une belle récolte.
03:18Et puis au dernier moment, vous constatez que les sangliers mangent les raisins.
03:23Alors cette année, en termes d'évaluation, j'ai perdu 5 tonnes de raisins.
03:27Donc ce qui est colossal, 5 tonnes de raisins, ça fait une trentaine d'hectolitres de vin.
03:31Ça fait à peu près 20 000 euros de perte sur le domaine.
03:39Confronté à une crise inédite par son ampleur, la filière viticole tente de s'adapter.
03:48Sur le domaine de Sébastien Plat, on mise sur des cépages plus robustes, issus d'Italie et d'Espagne, comme l'explique son fils Axel.
03:57On s'est battus pour récupérer les dernières vignes de blanc qu'il y avait dans le pays parce qu'on n'en avait pas.
04:01Et on a planté 2 hectares cette année d'un cépage espagnol de Galice.
04:06Des cépages qui sont adaptés ici et en plus, le cépage espagnol, oui, qui sont résistants quand même aux fortes chaleurs.
04:13Jeune agriculteur, Axel Plat croit à l'avenir de la viticulture dans l'Aude, mais n'exclut pas d'autres cultures.
04:20Avec l'état actuel, ça fait réfléchir à faire autre chose.
04:24Il y a d'autres, comment dire, comme les amandiers, ça s'adapte très bien ici, les oliviers aussi.
04:28Même peut-être faire de la lavande comme il faut en Provence.
04:31Ça peut être intéressant, c'est toujours des idées qu'on garde dans la tête au cas où, si vraiment, il y a des années extrêmes et qu'on ne s'en sort plus.
04:37Mais actuellement, nous, notre objectif, c'est surtout se baser sur de nouveaux blancs un peu exotiques qui s'adaptent bien aux coins
04:44et développer un gros marché de blancs qui a complètement disparu ici dans les Corbières.
04:47Là, ça a commencé à presser, du coup, il va falloir peut-être pomper.
04:55C'est ici que se construit l'agriculture de demain, parce que le réchauffement climatique, ça va continuer.
04:59Des incendies, il n'y en a pas que sur le porto méditerranéen, il y en a en Bretagne aussi aujourd'hui.
05:03Donc ce qui se passe ici, il faut que ce soit vraiment un laboratoire pour éviter que demain, ce soit l'intégralité du pays qui soit impactée.
05:11Membre de la mission d'information du Sénat sur l'avenir de la viticulture, Sébastien Plas veut apporter des solutions à la filière.
05:25Entre l'effondrement de la consommation, la hausse des coûts de production et les aléas climatiques, les viticulteurs sont pris à la gorge.
05:33On est au creux de la vague, vraiment au plus profond. On ne voit pas d'avenir.
05:38Et tout le monde est convaincu. Il faut réduire les surfaces, il faut réduire les volumes. C'est plus adapté.
05:47Donc ça passera par de l'arrachage, par de la distillation.
05:50Et puis après, ça veut dire des structures comme la nôtre, on va perdre.
05:54Comme tout est le cas, vos coopératives, on va perdre des volumes.
05:57Et donc, comment on va tourner ? Il va falloir se réorganiser avec des plans sociaux, tous les amortissements qu'on a, comment on va faire, les investissements.
06:07Si dans l'Hexagone, la viticulture représente près de 400 000 emplois directs et indirects, en Languedoc-Roussillon, la récolte est en constante baisse, moins 15% en 5 ans.
06:20La question, en fait, c'est le revenu et la valorisation. C'est ça qui ressort dans cette mission d'information.
06:26Pour prétention, simplement de faire un diagnostic très clair et très lucide de la situation de la filière en France.
06:33Parce que la viticulture est un des secteurs économiques majeurs pour le pays.
06:37Il faut savoir que ça pèse 100 milliards d'euros de chiffre d'affaires globalement.
06:40Et elle contribue à l'excédent de la balance commerciale.
06:43La viticulture française, aujourd'hui, est à la croix des chemins.
06:46Des crises, il y en a eu tout le temps, tout au long de l'histoire.
06:48Mais celle-ci, elle est polie, plurifactorielle.
06:52Et donc, elle n'a jamais été aussi grave.
06:55Un secteur en crise, dans un département qui a connu en août un méga-feu,
07:00le plus vaste incendie en France depuis 1949.
07:03Dans l'Aude, 17 000 hectares sont partis en fumée.
07:07C'est un désastre.
07:09Tout est détruit, tout est calciné.
07:12On va voir le maire de Coustouge, Paul Berthier,
07:17qui est un jeune maire, l'un des plus jeunes maires du département,
07:21qui est aussi vigneron et qui a tout perdu.
07:25A la fois ses vignes, mais aussi son village, sa commune,
07:28a été totalement détruite par l'incendie.
07:30Même les vignes n'ont pas réussi à arrêter le feu tellement
07:33qu'il était d'une puissance incroyable.
07:36Tout est détruit, les habitations sont détruites.
07:40Un paysage lunaire.
07:46A Coustouge, le maire est encore sous le choc.
07:50Tout a brûlé autour du village.
07:51C'est dur, c'est encore dur.
08:05Ce sera dur.
08:06Hier, il y avait un beau chantier bénévole à 35 bûcherons
08:10qui ont été nettoyés, déboussaillés, broyés, des arbres calcinés.
08:17La mairie de Luc nous a fait la logistique, une pailla.
08:21Non, non, mais il y a des choses belles qui s'organisent malgré ce drame.
08:25C'est ça les cormières.
08:26C'est ça les cormières.
08:27Voilà, c'est une maison que j'ai fait évacuer
08:34parce que le pompier ici m'a dit
08:36faites-les évacuer.
08:37Et là, tu vois, on voit bien
08:38que les vignes ont vraiment fait par feu
08:41pour protéger ces maisons.
08:44Voilà, une vignes qui s'est sacrifiée,
08:45une vignes où il y avait des raisins,
08:47une vignes où c'était entretenu.
08:48Et on voit sur quelques pieds après
08:51l'intensité de la sève a fait écran à ce feu
08:56et a permis de sauver en l'occurrence ici
08:59un caveau familial et ensuite après le village.
09:02Donc voilà.
09:03Pour ce maire, lui-même viticulteur,
09:06c'est le coup de grâce.
09:07Paul Berthier a perdu ses 6 hectares de vignes.
09:10Il songe à arrêter.
09:12Ça fait 3 hivers qu'il ne pleut pas ici.
09:143 hivers.
09:15Au village, on a nos sources qui se sont taries.
09:19Là, ce n'est plus un climat méditerranéen.
09:21On est en climat semi-aride.
09:23Voilà, les raisins qui auraient pu être vinifiés.
09:25Donc là, bien sûr, ça se passe de commentaire.
09:27C'est invinifiable.
09:28C'est invinifiable.
09:29Et plus loin, ce sont des raisins
09:31qui sont trop fumés pour pouvoir les vinifier.
09:35Ce drame qui nous a touchés,
09:39j'aimerais qu'il puisse servir
09:40pour les autres territoires.
09:42Parce qu'on s'est rendu compte
09:44que personne n'est préparé
09:46à vivre un incendie d'une telle ampleur.
09:48Les pompiers n'avaient jamais vu ça.
09:50Cette violence,
09:51cette soudaineté,
09:52cette vitesse.
09:54Donc je crois que personne n'était préparé.
09:55A la cave coopérative de Talleyrand,
10:04Sébastien Plat retrouve Ludovicrou,
10:06président de la chambre d'agriculture de l'Aude.
10:09Salut, c'est bon.
10:10Merci de venir nous voir.
10:12Il pointe du doigt les vignes laissées en friche.
10:15Dans l'Aude,
10:165000 hectares ont été arrachés,
10:18ce qui a favorisé la propagation des flammes.
10:20Comme on est dans une zone
10:21où il y a des terres
10:22qui sont peu fertiles
10:23et où il y a peu de pluie,
10:25finalement,
10:26quand les terres sont abandonnées
10:27par la viticulture,
10:28elles sont abandonnées tout court.
10:29Donc de l'enfrichement.
10:31Et là,
10:31on n'est pas dans des forêts
10:32domaniales du nord de la France.
10:35On est dans de la forêt méditerranéenne.
10:37Donc c'est des allumettes
10:37à ciel ouvert.
10:38Et c'est ça qu'on appelle
10:40la déprise agricole.
10:41Et donc dès qu'il y a un feu,
10:42toutes ces friches s'enflamment.
10:45Et donc là où avant,
10:46l'agriculture a finalement
10:47cloisonné les massifs
10:49et protégé les villages.
10:50Aujourd'hui,
10:51le feu passe d'un massif à l'autre,
10:53traverse des villages
10:54et il arrive ce qu'il est arrivé.
10:55Il faut absolument
10:56que tout le monde
10:58se retrousse les manches
10:59pour qu'il y ait
11:00un changement de paradigme.
11:02Ça fait 40 ans
11:03qu'on est dans la déprise
11:03agricole et viticole
11:04dans ce territoire.
11:06Aujourd'hui,
11:06on arrive au bout.
11:07Soit il y a un changement
11:08profond qui se fait,
11:10soit c'est un territoire
11:12qui va se désertifier
11:14dans tous les sens du terme.
11:15Si c'est le schéma
11:16qui se mettait en place,
11:17le prochain méga-feu
11:19est en route, quoi.
11:20Bonjour, ça va ?
11:21Bonjour, monsieur le sénateur.
11:23Bienvenue,
11:24monsieur le sénateur.
11:26À quelques kilomètres de là,
11:28Sébastien Pla
11:28se rend au domaine
11:29Saint-Eutrope.
11:30Cette année,
11:31les cuves restent vides.
11:32Dans la famille Verdal,
11:33vignerons depuis
11:34cinq générations,
11:36on n'a jamais vu ça.
11:36C'est inédit, quoi.
11:39Un méga-feu
11:40est inédit
11:42parce qu'on ne va pas rentrer
11:43un kilo de raisin
11:44au château de Saint-Eutrope.
11:45C'est du jamais vu.
11:46C'est difficile.
11:48C'est difficile moralement
11:49et on se pose
11:51de sérieuses questions
11:52pour l'avenir, quoi.
11:53Et tout simplement
11:53parce qu'il ne faut pas se leurrer.
11:56Une année sans récolte,
11:57c'est une année sans commerce
11:58et sans commerce,
12:00sans rentrée de chiffre d'affaires.
12:01Quelle entreprise
12:02peut se relever de ça ?
12:03Donc celle-là,
12:05peut-être,
12:06on la fera lundi.
12:09Dans la famille Malric,
12:10on est viticulteur
12:11de père en fils.
12:12Mathieu diversifie son activité
12:14en parallèle du travail
12:15de la vigne,
12:16incertain et peu rentable.
12:18Fraîchement installé,
12:19il a investi
12:20dans un cheptel
12:21de 50 brebis
12:22et dans des panneaux solaires.
12:23De l'octobre-novembre
12:33jusqu'à quasiment en mars,
12:35elles sont uniquement dans les vignes,
12:37chez moi et chez des collègues.
12:38Et en fait,
12:39ça me permet d'un déjà
12:40de nettoyer cette herbe.
12:42En plus,
12:42ça fait un peu de fumure.
12:43En ce moment,
12:44surtout vu le climat qu'on a,
12:46avoir une culture unique,
12:49ça peut marcher,
12:50mais c'est quand même,
12:51je trouve,
12:52beaucoup plus dangereux.
12:54Moi, j'ai préféré
12:54un peu diversifier,
12:56avoir une partie viticulture,
12:57une partie levage.
12:58J'ai même une partie solaire
12:59parce que j'ai fait mon hangar
13:00et j'ai financé les panneaux.
13:02Donc l'un dans l'autre,
13:03avoir les deux,
13:03ça permet de jongler un petit peu.
13:08Se diversifier,
13:09c'est l'une des pistes
13:10empruntées par certains vignerons
13:12pour faire face
13:12aux aléas climatiques.
13:14Mais pour Sébastien Plat,
13:16l'avenir de la viticulture
13:17passe avant tout
13:18par un soutien de l'État
13:19et une meilleure répartition des aides.
13:21pulls me
13:23out into the open sea
13:29My toes
13:33dangle
13:34for a place
13:37to stand and be
13:40par un soutien de l'État
13:41et une meilleure répartition des aides.
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