- il y a 14 heures
Redouté pour son franc-parler, et célèbre pour avoir arraché d’innombrables acquittements, il est entré en politique presque par effraction en devenant ministre de la Justice. Une nomination célébrée par certains de ses confrères, décriée par des syndicats de magistrats, mais qui ne l’a pas empêché de se maintenir Place Vendôme quatre années durant. D’où vient cette passion du prétoire ? Quelle est sa conception de la Justice ? Et regrette-t-il son aventure politique ? Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Eric Dupond-Moretti dans l'émission Un monde, un regard. Année de Production :
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00:01...
00:02Ce serait un euphémisme de dire que notre invité n'a pas sa langue dans sa poche.
00:27Non seulement il dit haut et fort ce qu'il pense, mais il en assume aussi les conséquences, car il ne se fait pas que des amis.
00:33Son livre, sa pièce, ses années au ministère de la Justice et ses 36 ans au barreau, rien ne vient démentir ce franc-parler légendaire et redouté.
00:43Les relations tendues avec les magistrats, celles non moins compliquées avec les médias et les journalistes, les griefs vis-à-vis d'anciens ministres,
00:51les petites lâchetés, les pics sournoises, les attaques en règle, notre invité a eu droit à tout et il a su se défendre.
00:58Au point que le cuir est sûrement devenu épais et que peu de choses pourraient le déstabiliser.
01:02À moins que...
01:04Car comment sort-on vraiment de 36 années avec une robe d'avocat qui lui a valu le surnom d'Aquitator et d'Ogre du Nord ?
01:10Et de 4 ans en tant que garde des Sceaux, surnommé ministre des détenus, comment on sort de cela ?
01:15Et de décennies de fascination, répulsion avec les médias, on sort de cela comment ?
01:21Cabossé ? Endurci ? Fragilisé ?
01:24Posons-lui toutes ces questions, bienvenue dans un monde à un regard, bienvenue Éric Dupond-Moretti, merci d'avoir accepté notre invitation au Sénat.
01:31Le Sénat, un lieu que vous connaissez bien et dont vous parlez d'ailleurs dans votre livre,
01:35« Juré craché » paru chez Michel Laffont.
01:37Vous en parlez plutôt en bien d'ailleurs, vous évoquez, je cite,
01:40son rôle de sagesse et de tempérance qui en font un rempart contre les changements trop brusques.
01:46Vive le bicamérisme alors ?
01:48Ah oui, oui.
01:49Vous êtes un ardent défenseur des deux chambres.
01:53Oui, et alors pour ceux qui ne seraient pas de mon avis,
01:55il suffit de comparer ce qu'est devenu aujourd'hui l'Assemblée nationale
01:59et de ce qu'est resté le Sénat.
02:01Je pense qu'on a là la démonstration absolue que vive le bicaméralisme et vive le Sénat.
02:08Et vous avez vécu des moments forts ici, vous en parlez d'ailleurs dans votre livre,
02:11notamment quand il a fallu convaincre cette chambre dite conservatrice
02:15de l'introduction du droit à l'avortement dans la Constitution.
02:17Oui, avec un président Larcher qui a eu la grande honnêteté intellectuelle
02:21de dire qu'il était contre le texte, ce qui ne m'a pas découragé,
02:26mais ce qui m'a donné des ailes pour aller convaincre et convaincre encore.
02:30Et je savais que les sœurs, les mères, les épouses des sénateurs
02:36poussaient pour l'adoption du texte.
02:39Et elles ont été mes alliées, anonymes certes, mais mes alliées, oui.
02:44Un peu comme Robert Badinter lorsqu'il a voulu convaincre le Sénat
02:48qu'il fallait abolir la peine de mort.
02:49Vous aussi, vous avez été confronté à des points de vue très conservateurs.
02:53On le dit que cette chambre est plus à droite, et elle l'est,
02:56la majorité sénatoriale est à droite.
02:58Robert Badinter, auquel vous faites référence à plusieurs reprises
03:00dans ce livre Entretien avec Marc-Olivier Fogiel.
03:03Badinter, ce grand humaniste que j'admire profondément, écrivez-vous.
03:07Comme moi, il avait connu cette transition de l'avocat au ministre,
03:11cette solitude parfois.
03:12Il a été une figure inspirante, Robert Badinter, pour vous ?
03:15Oui, et puis il a eu la grande délicatesse, la grande gentillesse,
03:18la grande chaleur humaine de me donner des conseils.
03:21Je le connaissais lorsque j'étais avocat, évidemment.
03:24Et puis, je l'ai connu davantage, peut-être, lorsque je suis devenu ministre.
03:29On s'est vu à plusieurs reprises.
03:31Il m'a offert des épines et des roses en me disant,
03:33vous connaîtrez d'abord les épines.
03:34Je ne sais pas si j'ai connu les roses.
03:37Il a été proche de moi.
03:41Il m'a notamment rappelé ce qu'il avait vécu.
03:43Je rappelle pour mémoire que des policiers sont place Vendôme,
03:49Jean-Marie Le Pen et place Vendôme.
03:52Et ensemble, ils hurlent « Badinter assassin ».
03:56Et ça va durer longtemps, cette scène qui a beaucoup marqué Robert Badinter.
04:02Voilà, ça c'était pour les épines.
04:04Et il a été décrié.
04:06Et dans une époque où la nuance n'est plus au rendez-vous de nos esprits,
04:11si j'ose dire, où le compassionnel emporte tout sur son passage,
04:15où l'humanisme devient un gros mot, il est pour moi une référence.
04:19Et pardon de le dire, mais là où il est très inspirant,
04:23c'est qu'il a été à contre-courant de l'opinion publique.
04:26On va revenir sur les attaques dont vous avez fait l'objet,
04:28puisque c'est au cœur de votre livre et de votre seule en scène.
04:31J'ai dit oui, que vous avez joué jusqu'à Montréal.
04:34Mais avant, je voudrais une réponse aux questions
04:36que je posais justement en introduction.
04:38Comment on sort de 36 années de barreau
04:41et de 4 ans et 2 mois garde des Sceaux
04:43avec la houle que ça a pu provoquer et que vous savez ?
04:48On en sort cabossé, fragilisé, endurci, seul ?
04:51Robert Badinter, toujours lui, m'avait dit
04:53« Le cœur se brise ou il se bronze ».
04:55Parfois, il s'est brisé, parce que c'était difficile.
04:59Je pense que le poste de garde des Sceaux
05:04est l'un des plus difficiles en ce sens
05:07qu'il est le réceptacle de toutes les critiques.
05:11Dès qu'un crime est commis, c'est le garde des Sceaux.
05:14Le fameux laxisme de la justice,
05:17présenté par l'extrême droite, pour dire les choses clairement,
05:21comme générateur de délinquance.
05:24L'extrême droite dit « La justice est laxiste »,
05:28ce qui est absolument faux.
05:30L'un des grands regrets, d'ailleurs,
05:31c'est de ne pas avoir su convaincre mes compatriotes
05:34de ce que la justice n'est pas laxiste.
05:36Donc, ils disent « Grand 1, la justice est laxiste,
05:40grand 2, pour éradiquer la délinquance,
05:42il suffit d'aggraver les peines,
05:44d'abroger la prescription, etc. »
05:47Donc, il faut lutter contre cela.
05:52Comment on sort de là ?
05:53Le cuir est-il plus épais ?
05:55Le cuir, il est…
05:56Parfois, le cuir…
05:58Par endroit, il est peu épais.
06:00Par endroit, il est bien épais.
06:04Ça supporte le choc et la critique.
06:07Mais c'est parfois difficile, oui, c'est vrai.
06:09Pour la suite, vous ouvrez toutes les portes.
06:11Je vous cite toujours « Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve.
06:14La scène théâtrale, point d'interrogation.
06:16Un cabinet de conseil, point d'interrogation, toujours.
06:18M'occuper des miens, assurément.
06:20Retourner à la barre, qui sait ? »
06:21Il faudra vous appeler à nouveau un jour Maître Dupond-Moretti ?
06:24Peut-être.
06:24Peut-être, oui, c'est ce que j'envisage de faire.
06:26C'est vrai ?
06:27Oui, oui, pas dans l'immédiat.
06:29Et puis, sans doute que je ne ferai plus le…
06:32J'aurai plus la même activité.
06:33En tous les cas, je ne serai peut-être plus dans le judiciaire
06:35comme je l'ai été pendant 36 ans.
06:37Mais la robe d'avocat vous manque ?
06:40Certains aspects de la robe d'avocat, oui.
06:42Quoi ? Qu'est-ce qui… ?
06:43Le débat, le contradictoire.
06:47Ça, c'est quelque chose que j'aime passionnément.
06:50Je trouve que tant que l'on débat, on ne se bat pas, voyez-vous.
06:53Oui, juste.
06:55Dans ce livre, vous réglez pas mal de comptes.
06:57Avec les journalistes, avec les magistrats,
06:59avec des journalistes, avec des magistrats,
07:02certains ministres.
07:03En revanche, aucun compte à régler avec Emmanuel Macron.
07:06Et ça m'a beaucoup frappée dans le livre.
07:08Vous dites « Il vaut tellement mieux que la caricature
07:10qu'on a faite de lui. »
07:11Et je le confesse, j'ai de l'admiration pour cet homme.
07:13Que savez-vous de lui que les Français n'auraient pas perçu,
07:17n'auraient pas compris de lui ?
07:18D'abord qu'il n'est pas jupitérien, comme on peut le dire.
07:22Moi, je connais un homme dans un rapport
07:25qui est un rapport de simplicité,
07:28d'authenticité,
07:29d'humanité, je le dis, parce que je le pense vraiment.
07:35Certes, tout n'a pas été bien fait,
07:37mais un morceau avalé, au fond, n'a plus de saveur.
07:41Vous voyez, on disait autrefois « le quoi qu'il en coûte ».
07:44Et certains de vos confrères disent aujourd'hui
07:46« le n'importe quoi qu'il en coûte ».
07:48Mais à l'époque, tout le monde applaudissait.
07:52Moi, vous savez que j'ai la double nationalité,
07:55franco-italienne.
07:56Et en Italie, à l'époque, on disait « c'est merveilleux
07:58ce qu'a fait Emmanuel Macron.
08:00Gratuité des vaccins, protection des entreprises,
08:03prêts garantis, le chômage partiel,
08:05tout ça, c'était formidable. »
08:07Et aujourd'hui, on dit « non, mais c'est ça
08:08qui a généré la dette abyssale. »
08:11Donc, on est passé de l'admiration la plus totale
08:15à la détestation la plus absolue.
08:18Tout ça me paraît injuste.
08:19Et puis, je vais vous dire,
08:21je pense que le sens de l'honneur
08:23n'est pas un sens interdit en politique.
08:27Et quand je vois…
08:28– Parmi ses troupes, on le lâche.
08:30– Oui, je vois Gabriel Attal,
08:32qui est une création du président de la République.
08:35Édouard Philippe.
08:36Édouard Philippe qui dit, il y a deux jours ou trois jours,
08:39je ne lui dois rien.
08:41Mais si, monsieur Philippe, vous lui devez tout.
08:43Et au fond, vous aviez promis,
08:46lorsque vous avez quitté le gouvernement,
08:48que vous seriez totalement loyal au président de la République.
08:51que nenni, c'est une promesse de nuit qui n'a pas eu le jour.
08:54– C'est important, la loyauté.
08:55– Ah ben, c'est essentiel, écoutez.
08:57– C'est une valeur importante.
08:57– Pardon, et alors,
08:59voilà que quelqu'un qui veut accéder à la présidence de la République,
09:03dénature et détricote la fonction vers laquelle il veut aller.
09:07Parce que, sauf erreur de ma part,
09:09l'élection du président, c'est cinq ans,
09:11c'est un quinquennat.
09:12Et si ça devient ta géométrie variable,
09:15au gré de l'opinion publique,
09:17dont nous savons, vous et moi,
09:18qu'elle est versatile,
09:20alors on détruit la fonction présidentielle
09:22et on détricote la Ve République.
09:25Non, je trouve que ce qu'a fait Édouard Philippe,
09:28je le dis, est scandaleux.
09:31Et il est au fond, à la loyauté,
09:33ce que Richter est au séisme,
09:36une référence, voyez-vous.
09:38Non, c'est pas bien.
09:38– Parlons de votre relation houleuse avec des journalistes.
09:42Quand vous arrivez sur un plateau télé le matin
09:44et qu'on vous demande,
09:45hier, une femme a été tuée par son mari,
09:47quelle est votre réaction ?
09:48Ce que vous ne pouvez pas dire,
09:50c'est que dans un pays de 66 millions d'habitants,
09:52il y aura malheureusement toujours des féminicides.
09:54Vous ne pouvez pas rappeler que le crime
09:56est consubstantiel à notre humanité.
09:58Pourquoi s'interdire de le dire ?
10:00Pourquoi ne pas faire confiance
10:01à l'intelligence du public
10:04qui peut peut-être tout à fait entendre
10:05ce genre de phrase ?
10:06Vous avez raison.
10:08Mais on pense, là, en l'occurrence,
10:11quand on pose la question,
10:12je pense que si je dis ça,
10:14tout le monde va dire,
10:15mais alors, au fond, il est fataliste,
10:17il est totalement cynique,
10:19il s'en fout complètement.
10:20Vous voyez ce que je veux dire ?
10:22Donc, non seulement, vous ne pouvez pas dire,
10:23mais le crime est consubstantiel à l'humanité.
10:25Mais vous ne pouvez pas dire non plus,
10:27il y aura toujours des dingos
10:28pour tuer leur conjoint.
10:32Moi, en lisant ça, je me suis dit
10:33que finalement, les Français pouvaient entendre ça.
10:36Et que peut-être le filtre journalistique
10:38vous empêchait de le dire,
10:39mais que finalement, les Français ont presque envie
10:41d'entendre ce langage de vérité aussi.
10:43Mais je ne peux pas vous dire que vous avez tort.
10:45Et d'ailleurs, si je l'écris,
10:46c'est que je pense, mais peut-être trop tard,
10:49que l'on peut dire un certain nombre de choses
10:51de cette nature.
10:52Et qu'au fond, on crève d'un langage
10:54qui est un langage trop convenu.
10:56Oui, il y a plus de 100 féminicides, 130.
11:00Ça dépend des années.
11:01Le calcul se fait en fin d'année.
11:03Et c'est monstrueux.
11:05Évidemment, c'est monstrueux.
11:08Les Espagnols, qui ont été les précurseurs,
11:10ils ont vu d'abord les féminicides baisser.
11:12Mais de façon très importante, drastique.
11:15Et puis, il y a un seuil en-dessous duquel
11:17on ne réussit pas.
11:19Ça, vous pouvez le dire aujourd'hui ?
11:20Oui, ça, je peux le dire aujourd'hui.
11:22Ça, je l'avais déjà dit, pour le coup.
11:23Mais vous hésitez à le dire,
11:25parce que si vous dites ça,
11:26vous dites, voilà,
11:26le ministre, là,
11:29il fait l'aveu de son impuissance.
11:31Et c'est là, peut-être,
11:32où parfois, on est emporté
11:33vers une dialectique qui n'est pas la bonne,
11:36je le confesse,
11:36mais si je l'écris dans le livre,
11:38c'est que peut-être...
11:38Peut-être un entourage aussi, non ?
11:40Un entourage qui vous empêche de dire ça ?
11:41Oui, bien sûr.
11:41Avec des éléments de langage,
11:43des communiquants.
11:43Vous ne pouvez pas dire un truc pareil.
11:45Oui, bien sûr.
11:45Vous avez raison, oui.
11:47Parlons des magistrats.
11:48Autre corporation avec laquelle
11:50ce fut tendu,
11:51et s'est tendu,
11:52sur le syndicat de la magistrature,
11:54vous écrivez qu'il redondique ouvertement
11:56son mélanchonisme,
11:57et je vous le dis toujours,
11:58il participe à la fête de l'humanité
12:00aux côtés de gens
12:00qui y prônent la désobéissance civile.
12:02Je comprends donc
12:03qu'un justiciable puisse avoir
12:04la trouille d'être jugé
12:05par un membre du syndicat
12:06de la magistrature.
12:07Absolument.
12:08On est dans un moment
12:09très compliqué pour la justice,
12:10vous l'avez dit,
12:11pour les magistrats,
12:12qu'on critique beaucoup,
12:13dont on critique les décisions.
12:14Comment apaiser les choses ?
12:15Alors, pardon,
12:17je vais élargir un peu la focale.
12:19Oui.
12:20D'abord, moi, je pense que
12:21les magistrats,
12:22ils ont évidemment bien le droit
12:23d'être syndiqués.
12:24D'abord, ce sont des citoyens
12:25comme les autres.
12:25Donc, il n'y a pas de raison
12:26qu'on les considère
12:27comme des sous-citoyens
12:28avec moins de droits
12:29que vous, que moi.
12:30Ils ont le droit.
12:32Mais ce qu'on attend
12:33d'un magistrat engagé
12:34politiquement, syndicalement,
12:36sur le terrain religieux,
12:37peu importe,
12:38c'est qu'il sache s'abstraire
12:40de ses convictions,
12:42de ses a priori,
12:43lorsqu'il juge.
12:44Et qu'au fond,
12:46l'impartialité soit
12:47la seule boussole.
12:48Et ça, c'est possible.
12:50Moi, j'ai connu
12:50de très bons magistrats de gauche,
12:53de très mauvais de droite
12:54et réciproquement.
12:57Et réciproquement.
12:58Je rappelle d'ailleurs
12:58qu'il y a eu un syndicat
13:00de magistrats d'extrême droite,
13:01on n'en parle plus,
13:02mais enfin,
13:03son patron a même été condamné
13:04pour des propos antisémites.
13:06Monsieur Terrail.
13:07Bon.
13:07Alors, évidemment,
13:08quand le syndicat
13:09de la magistrature dit
13:10Macron, Le Pen,
13:12deuxième tour de cauchemar,
13:14moi, je pense qu'ils sont
13:15en dehors des rails.
13:17Ils ne devraient pas dire ça.
13:18Parce qu'ils accréditent
13:19l'idée dans la tête
13:20de nos compatriotes
13:21que la justice est ultra-politisée.
13:23Et ensuite,
13:24quand Mme Le Pen
13:25ou M. Sarkozy
13:26sont condamnés,
13:27ils sortent ces phrases-là,
13:29ces formules,
13:30et ils disent,
13:31vous voyez,
13:31moi, j'ai été jugé
13:33par un juge,
13:35une juge,
13:36ultra-syndiquée
13:37et donc ultra-politisée.
13:39Et la décision
13:40est une décision politique.
13:41Ce n'est pas comme ça
13:42que ça marche.
13:42Mais ce n'est pas comme ça
13:44que ça marche.
13:44Oui, bien sûr,
13:45que leur prise d'opposition...
13:46D'ailleurs, moi, à l'époque,
13:47j'avais demandé
13:48au Conseil supérieur
13:48de la magistrature
13:49si le syndicat pouvait tout dire.
13:52On m'a répondu oui.
13:53Je ne suis pas d'accord,
13:53moi, avec ça.
13:55Je pense que...
13:56Devoir de réserve,
13:57devoir de retenue.
13:57Oui, revendiquer
13:58davantage de moyens,
14:00se plaindre
14:00d'un certain nombre de choses.
14:02Oui, évidemment.
14:03Et il y a beaucoup
14:03de travail à faire.
14:04On a augmenté les budgets,
14:05mais il y a encore
14:06beaucoup de choses à faire
14:07d'un point de vue
14:08nombre de magistrats,
14:11nombre d'assistants,
14:12de justice, etc.
14:14Mais faire des déclarations
14:15ultra-politiques,
14:17les gens, ils se disent
14:18mais moi,
14:19si je suis jugé
14:19par ce magistrat-là,
14:21je vais être jugé
14:22par quelqu'un
14:22qui n'est pas
14:23quelqu'un d'un partiel.
14:24Il y a une rupture
14:24de confiance.
14:25Exactement.
14:27Justice des mineurs,
14:28MeToo,
14:28évasion sanglante
14:29de Mohamed Amra,
14:31le narco-banditisme.
14:32Je ne vais évidemment
14:32pas divulguer tout ce qui est
14:34dans votre livre
14:34parce qu'il est très riche,
14:36mais peut-être quand même
14:37un mot du bilan
14:38dont vous considérez,
14:39de votre bilan,
14:40dont vous considérez
14:41que vous n'avez pas
14:42à rougir.
14:43Et je vous cite,
14:43le ministère était
14:45de 7,6 milliards d'euros
14:47en 2020,
14:48le budget.
14:49Il a passé la barre
14:50des 10 milliards
14:51en 2021
14:51et devait atteindre
14:5211 milliards en 2024.
14:54Des moyens pour lesquels
14:55je me suis battue.
14:56Écrivez-vous comment ?
14:57Comment on convainc
14:58Bercy
14:59dans un moment
15:00où les finances publiques
15:02sont dans un état
15:02catastrophique ?
15:03On plaide ?
15:04On plaide,
15:05mais d'abord on plaide
15:06auprès du président
15:06de la République
15:07dès les premiers jours
15:08en disant
15:09« moi je suis le témoin
15:10de ce que la justice
15:12a besoin de moyens ».
15:15Vous savez,
15:16en 2017,
15:17il n'y a pas de Wi-Fi
15:18dans les tribunaux,
15:19il faut quand même
15:19se souvenir de ça.
15:20On part de très très loin.
15:22On a augmenté les budgets,
15:23on a embauché
15:24comme personne ne l'a fait.
15:27Ça faisait partie du deal.
15:29Ensuite,
15:29oui,
15:30il faut aller évidemment
15:30à Bercy,
15:31il faut plaider,
15:32il faut dire que c'est important,
15:33que la justice
15:34c'est notre pacte social,
15:35qu'on a besoin
15:35de faire des efforts,
15:37on compare avec
15:37les différents pays européens,
15:39on mouille la chemise.
15:41C'est d'être avocat
15:42dans ces moments-là ?
15:42Bien sûr,
15:43et pour obtenir
15:44une loi de programmation
15:45dont on dit aujourd'hui
15:46qu'elle sera respectée.
15:48Parce que la justice
15:48en a tout simplement besoin
15:49et que nous avions
15:50beaucoup de retard
15:51et qu'il n'est pas
15:52complètement résorbé.
15:54On va aller sur un terrain
15:55un petit peu plus personnel
15:56parce que ça fait partie
15:57de l'émission,
15:58c'est aussi le principe.
15:59Vous êtes né à Maubeuge,
16:00dans le nord de la France.
16:02Votre père était ouvrier
16:03métallurgiste,
16:04votre mère femme de ménage,
16:06d'origine italienne,
16:07vous me dites,
16:07si je me trompe.
16:08Vous perdez votre père
16:09à l'âge de 4 ans
16:10et je crois que vous dites
16:12que c'est de là
16:13que part un premier
16:14grand sentiment d'injustice.
16:16C'est le cas ?
16:16Oui, c'est l'injustice
16:17originelle, bien sûr.
16:19Devenir avocat,
16:20c'était aussi une manière
16:21de réparer les injustices
16:22pour les enfants cabossés
16:24par la vie,
16:25par les épreuves de la vie.
16:26C'était aussi...
16:27Sans doute.
16:28Sans doute.
16:29Mais beaucoup
16:32d'avocats pénalistes
16:33ont revendiqué
16:34le fait d'avoir perdu
16:37leur père
16:38comme étant
16:39un véritable trompe-là.
16:41Robert Badenter,
16:42bien sûr.
16:42On y pense tous les deux,
16:43évidemment.
16:44Hervé Témime,
16:45Polac et beaucoup d'autres.
16:48Mais voilà,
16:49c'est l'injustice
16:51du début
16:52qui fait qu'on a peut-être
16:53envie,
16:54inconsciemment,
16:55mais nécessairement,
16:56de réparer des choses.
16:56Je lisais aussi
16:58que c'était par détestation
16:59de la peine de mort
17:00que vous aviez été traumatisé
17:01notamment par l'exécution
17:02de Christian Ranucci
17:03le 28 juillet 1976.
17:06Vous vous souvenez
17:06de ce que vous avez ressenti ?
17:07Je me souviens de ça
17:08comme si c'était hier.
17:09Je ne sais pas pourquoi
17:09d'ailleurs ça me frappe.
17:12Je parle de romantisme
17:13parfois un peu morbide
17:14que ressentent
17:15les adolescents.
17:17Parce que vous aviez
17:18quel âge à ce moment-là ?
17:19J'ai 16 ans.
17:20Vous avez 16 ans à ce moment-là ?
17:21Je n'ai aucun lien
17:21avec la justice.
17:22Je n'ai personne
17:23qui s'occupe de justice.
17:24Mais cette exécution
17:25vous traumatise ?
17:26Me frappe, oui.
17:27Me bouleverse.
17:29Et ça a été facile
17:30de se tourner vers
17:30des études d'avocat ?
17:33Ça a été facile.
17:36Oui, c'est pour moi
17:37une vocation.
17:38Moi, je n'ai pas eu
17:38à tergiverser beaucoup
17:41en me disant
17:41qu'est-ce que je vais faire ?
17:43Je vais faire pompier,
17:44vétérinaire.
17:46C'était une évidence.
17:47C'est une évidence pour moi.
17:48Ça et rien d'autre.
17:49Et c'est vrai que
17:50vous arrivez dernier
17:52au barreau de Lille
17:53mais premier au concours
17:54d'éloquence ?
17:55Non, c'est pas tout à fait.
17:55C'est ce que j'ai lu ?
17:56Ça reste pas tout à fait ça.
17:57Alors, rétablissons la vérité.
17:58J'arrive au centre
18:00de formation professionnelle.
18:01J'arrive premier
18:02et je sors dernier.
18:04Mais pourquoi je sors dernier ?
18:05Parce que j'ai séché
18:06des tas de cours
18:07dont je me moquais
18:08mais éperdument.
18:08Par exemple,
18:09la loi de 48
18:10sur les loyers,
18:11je m'en fiche complètement.
18:13D'accord.
18:13Et lorsque je séchais,
18:15j'allais m'asseoir aux assises
18:17et j'écoutais les grands ténors
18:20de l'époque,
18:21Pelletier, Leclerc.
18:24Voilà, ça, ça me fascinait.
18:26Donc, oui,
18:27j'ai loupé beaucoup de cours
18:28et naturellement,
18:29le temps perdu ne se rattrape jamais.
18:32J'ai été sanctionné au sortir de…
18:35Voilà.
18:35Et après,
18:36j'ai gagné un concours
18:36d'éloquence, effectivement.
18:38À la lueur de celui
18:39que vous êtes aujourd'hui,
18:40quel conseil donneriez-vous
18:41au petit garçon que vous étiez ?
18:43Qu'est-ce que vous lui diriez
18:43avant qu'il ne se lance dans la vie ?
18:45Au petit garçon que j'étais ?
18:46Ouais, ouais.
18:50Deviens ce que tu es,
18:51sois ce que tu deviens.
18:53C'est une façon de se tenir.
18:55De ne pas s'affranchir
18:57de ses valeurs
18:57quand la maturité
18:59vous a permis
19:00de les déterminer,
19:02de les affiner,
19:04d'en faire une ligne
19:06de conduite.
19:07Voilà une ligne de conduite.
19:09Vous parlez aussi souvent
19:10de votre mère.
19:11Elle a accompagné
19:11toutes les épreuves
19:12de votre vie.
19:13On vous voit l'appeler
19:13dans le documentaire
19:14d'Alex Darmon et Mathieu Marès,
19:16Éric Dupond-Moretti,
19:17le ministre qui ne devait pas l'être
19:18lors du procès
19:19qui débouchera d'ailleurs
19:20sur votre relax
19:21le 29 novembre 2023.
19:23Et vous racontez aussi
19:24sa réaction touchante
19:25et un peu déconnectée,
19:26vous le dites vous-même,
19:27quand vous lui annoncez
19:27que vous êtes nommé
19:28garde des Sceaux.
19:29Qu'est-ce qu'elle vous dit ?
19:29Vous nous rappelez cette phrase ?
19:30D'abord,
19:31deux mots de contexte.
19:32Moi, je sais que je suis pressenti
19:34pour être ministre,
19:34évidemment,
19:35parce que j'ai eu des contacts
19:36avec le président de la République,
19:37avec le Premier ministre.
19:38Et on en a les coulisses
19:39dans le livre d'ailleurs,
19:40c'est intéressant.
19:42Ma mère,
19:42je ne l'ai pas tenue informée
19:44parce que 85 ans à l'époque,
19:4889 aujourd'hui,
19:49c'est une dame fragile,
19:52on va dire comme ça.
19:54Donc, je ne veux pas l'embêter
19:55avec tous ces trucs.
19:55Mais quand j'ai, moi,
19:56la certitude,
19:57après un coup de fil
19:58du président de la République
19:59que je fais de venir
19:59garde des Sceaux,
20:00je l'appelle.
20:02Là, elle me dit,
20:03mes gamins,
20:05parce qu'elle m'appelle gamin,
20:06qui est-ce qui va laver ton lard ?
20:08Oui, oui.
20:09Et au fond…
20:10Qu'est-ce qu'elle dit,
20:11cette phrase de votre mère ?
20:12Elle dit,
20:13je me rassure
20:14et je vais vers des choses
20:15que je connais
20:16et que je maîtrise
20:16parce que le reste,
20:17je ne maîtrise pas.
20:18Qu'est-ce que c'est
20:18que devenir ministre de la Justice ?
20:20C'est tellement énorme.
20:21Bon.
20:22Donc, oui,
20:22elle se rassure comme ça.
20:23Elle me rassure aussi
20:24parce que ce monde-là
20:25a été le mien.
20:27Bon,
20:27et puis ça n'a pas duré
20:28très longtemps tout ça
20:29parce que,
20:30comme je le rappelle,
20:33le syndicat,
20:34l'union syndicale des magistrats,
20:35par la bouche de sa présidente,
20:36Mme Parizeau,
20:38dans les dix minutes
20:39qui suivent
20:40l'annonce de ma nomination,
20:41dit dans tous les médias
20:43que c'est une déclaration de guerre.
20:48Donc,
20:48j'ai préféré
20:48les mots de ma mère,
20:49voyez-vous.
20:50Et qu'est-ce que ça a structuré en vous,
20:53cette enfance,
20:54des origines dont on a parlé,
20:56d'être fils d'immigrés italiens ?
20:58– Ben,
21:00pardon,
21:00moi j'ai du mal à entendre
21:02que l'immigration
21:02n'est pas une chance
21:03pour notre pays.
21:05L'immigration
21:05qui nous amène des gens
21:06qui viennent commettre
21:07des actes de délinquance,
21:09ce n'est pas une chance.
21:10Ça, c'est sûr.
21:11L'immigration
21:12de ceux qui viennent ici
21:13illégalement,
21:13ce n'est pas une chance.
21:15Mais le propos
21:16méritait d'être nuancé
21:17parce que je pense
21:19que tel qu'il a été dit
21:20par Bruno Retailleau,
21:23il a blessé
21:23un certain nombre de gens.
21:25Vous savez,
21:25on est tous le fruit
21:26de son histoire,
21:27moi,
21:27vous,
21:29et donc,
21:30ça fait partie
21:31des choses
21:31qui nous forment.
21:33Je parlais ensuite
21:34de lignes conductrices,
21:35ça fait partie
21:36des lignes conductrices
21:38que l'on doit
21:39à son enfance.
21:40– On va explorer
21:40une autre facette
21:41de votre personnalité
21:42avec une archive
21:43que je vais mettre
21:44entre vos mains
21:44et que je vais décrire
21:45pour les gens
21:45qui nous écoutent.
21:46C'est une archive
21:46délivrée par nos partenaires,
21:47les archives nationales.
21:48Nous sommes là
21:49en 1977
21:50à Rambouillet.
21:51Valéry Giscard d'Estaing
21:52pose en majesté
21:53devant le butin
21:54d'une partie
21:55de chasse présidentielle,
21:57des centaines de faisans
21:58et autres volatiles
21:59et des hommes
22:00au garde à vous.
22:01Et là,
22:01je m'adresse
22:02aux passionnés
22:02de chasse
22:03que vous êtes.
22:04Jamais une telle image
22:05ne pourrait aujourd'hui
22:06être mise en avant.
22:07On est d'accord,
22:08ce ne serait plus possible.
22:09Vous ne le feriez pas
22:10vous-même,
22:10j'imagine.
22:12– Non.
22:12– Sinon,
22:13l'époque ne permet plus ça.
22:14– Non,
22:15l'époque ne le permet plus.
22:16Bon.
22:18Mais on va dire
22:19que ces chasses dites
22:20présidentielles
22:22ont été aussi
22:24des lieux
22:24où s'est exercée
22:25la diplomatie,
22:26par exemple.
22:28Les rapports
22:29entre des politiques,
22:32des partenaires économiques,
22:33etc.
22:34Bon.
22:35La chasse,
22:35aujourd'hui,
22:37on la veut
22:38plus sélective,
22:39plus écolo.
22:41– Plus encadrée.
22:42– Plus encadrée,
22:43mais moi,
22:43j'insiste,
22:43plus écolo
22:44parce que je suis chasseur
22:45et écolo.
22:46– D'accord.
22:46Vous continuez de chasser ?
22:47– Oui, bien sûr.
22:48Certains vont hurler
22:49en disant comment
22:50ça n'est pas possible.
22:51C'est antinomique,
22:52ça n'est pas du tout.
22:53Mais bon.
22:54Mais oui,
22:54ça,
22:55on ne pourrait plus aujourd'hui.
22:56– Vous avez déjà participé
22:57à des chasses présidentielles ?
22:58– Non,
22:58jamais.
22:58– Comme ça,
22:58non.
22:59Et puis,
23:00pour vous dire les choses,
23:01moi,
23:01je suis fauconnier,
23:03donc c'est une chasse
23:03ultra sélective.
23:05– D'accord.
23:05– C'est un gibier,
23:07deux gibiers maximum
23:07par jour.
23:08Et donc,
23:09ces tableaux-là,
23:09ce n'est pas possible.
23:10Voilà.
23:10– Je la reprends.
23:11– J'ai aussi des photos
23:16à vous proposer.
23:17– Et c'est aussi un rituel
23:18dans cette émission.
23:19Alors,
23:19la première photo,
23:20la voici,
23:21c'est une affiche du film
23:23Les Tuches.
23:23Vous la voulez entre les mains ?
23:25Allez,
23:25je vous la laisse.
23:25– Oui,
23:25je la veux entre les mains,
23:26d'autant que Jean-Paul Roux
23:27va être un copain.
23:29– Oui.
23:29Alors moi,
23:30je vous la montre
23:30parce que,
23:31effectivement,
23:32– Ils sont habilisés,
23:32d'ailleurs.
23:33– Exactement.
23:33J'explique pour nos téléspectateurs,
23:35donc à ce moment-là,
23:36Jeff Tuches devient
23:36président de la République,
23:37donc ce sont des gens simples
23:38qui accèdent au pouvoir
23:39et qui mettent leur code,
23:41leur bon sens aussi.
23:42Et j'ai pensé à cette affiche
23:44en lisant votre chapitre
23:44sur les questions au gouvernement,
23:46très théâtrales,
23:47et sur le Conseil des ministres
23:48où l'huissier arrive
23:50et hurle le nom du président
23:52de la République,
23:52l'arrivée du président
23:53de la République.
23:54Ça fait partie des scènes aussi
23:55dans ce film.
23:57Est-ce que les hautes sphères
23:58du pouvoir manquent un peu
23:59de simplicité et de bon sens ?
24:02– C'est une question difficile.
24:04Sans doute,
24:05mais en même temps,
24:07mais en même temps,
24:08ça n'est pas rien
24:09l'arrivée du président
24:10de la République.
24:10On ne peut pas tout banaliser.
24:12– Ces codes-là, vous vont ?
24:13– Ce n'est pas
24:14« Salut Manu ».
24:15C'est comme ça
24:16que le syndicat de la magistrature
24:17interpellait le président
24:18de la République.
24:19« Hey Manu, c'est mort ».
24:21Moi, je dis,
24:21mais alors,
24:22si vous,
24:23vous allez devant un tribunal,
24:24quelles qu'en soient les raisons,
24:25civil, commercial,
24:26pas forcément pénal,
24:28et que le président,
24:28vous l'appelez Bébert
24:29ou Polo,
24:30vous allez voir,
24:31vous allez être poursuivi
24:32pour outrage.
24:33Donc, je ferme cette parenthèse.
24:34– Donc, les règles,
24:35les codes,
24:35les convenances ?
24:36– Les symboles,
24:38c'est important.
24:39– D'accord.
24:39– Voilà.
24:39– Une deuxième photo,
24:41la voici,
24:41celle-là, je la garde.
24:43Il s'agit d'Adama Kamara,
24:44qui est un ancien détenu,
24:45et pour dissuader les jeunes
24:46de se mêler à des rixes
24:47et à des règlements de comptes
24:48entre bandes rivales,
24:49et pour qu'ils cessent de croire
24:50que la prison
24:51est un endroit
24:52où l'on vit bien,
24:53où l'on fait du sport
24:54et où l'on joue
24:55aux jeux vidéo,
24:56il a reconstitué sa cellule
24:57dans un camion
24:58et il leur fait visiter
24:59à ces jeunes.
25:00Qu'est-ce que vous pensez
25:00de cette initiative ?
25:01– Formidable initiative.
25:03Mais je trouve qu'on parle mal
25:04de la prison en ce moment,
25:05vous voyez ?
25:06– Bon, alors il y a ceux
25:06qui disent…
25:08– Mais parce qu'il y a
25:08un nombre record de détenus aussi,
25:09il faut le dire.
25:10– Oui, bien sûr,
25:11vous avez raison.
25:12Mais il y a ceux
25:13qui racontent aux gens
25:14que c'est l'hôtel trois étoiles.
25:17Ce qui est un scandale absolu.
25:19Mais la prison,
25:21c'est à la fois, évidemment,
25:22mettre la société
25:24à l'abri d'un individu dangereux,
25:26c'est aussi punir,
25:28il faut l'assumer,
25:29mais c'est aussi réinsérer.
25:31Et aujourd'hui,
25:33c'est un triptyque
25:34qui ne marche plus
25:34sur trois pattes.
25:36Oui.
25:37Et moi,
25:38ça m'inquiète beaucoup
25:38parce que régler la délinquance
25:41en incarcérant,
25:43très bien,
25:44mais ces gens-là sortent
25:45à un moment.
25:45– J'ai une dernière question
25:46qui est en lien
25:47avec le décor qui nous entoure.
25:49Nous sommes entourés
25:50de quatre statues
25:51qui représentent
25:52chacune une vertu.
25:53Il y a la sagesse,
25:54la prudence,
25:55et je vous vois sourire
25:56parce qu'il y a aussi
25:56la justice, évidemment,
25:58et l'éloquence.
25:59Ce serait trop facile
26:00si vous choisissiez la justice.
26:02Laquelle de ces vertus
26:03vous parle ?
26:03Laquelle avez-vous envie
26:04de défendre ?
26:05Laquelle est la vôtre aujourd'hui ?
26:06La justice avait dit
26:07que Casamayor,
26:08qui était le fondateur
26:09du syndicat de la magistrature,
26:11est une erreur millénaire
26:12qui veut que l'on ait attribué
26:13à une administration
26:14le nom d'une vertu.
26:15– Ah oui.
26:16– Donc, je ne choisis pas la justice.
26:17– D'accord.
26:18– Parce qu'elle est parfois
26:19merveilleusement humaine,
26:20mais parfois terriblement humaine.
26:21– L'éloquence,
26:24l'éloquence, c'est très important,
26:26mais c'est le vecteur
26:28d'une expression.
26:31Ce qui compte,
26:32c'est ce qui est dit.
26:33Alors évidemment,
26:34l'enveloppe,
26:36le paquet cadeau,
26:36c'est important.
26:38Enfin, si le paquet cadeau est vide,
26:40bon, je ne choisis pas l'éloquence.
26:41– D'accord.
26:42– Qu'est-ce qui reste ?
26:43– La sagesse et la prudence.
26:44– Vous avez le droit
26:47de ne pas en choisir.
26:48– Non, non, non,
26:48la prudence…
26:50– Non, ce n'est pas votre truc non plus.
26:51– Non, ce n'est pas trop mon truc,
26:52la prudence non.
26:52– Et la sagesse.
26:53– La sagesse, oui.
26:54– La sagesse, d'accord.
26:55Eh bien, c'est votre choix.
26:56Magnifique.
26:57– C'est mon choix.
26:57– Merci.
26:58Merci Éric Dupond-Moretti
26:59d'avoir été notre invité
27:01dans Un monde à un regard.
27:01Merci à vous de nous avoir suivis
27:02comme chaque semaine.
27:04Émission à retrouver en replay
27:05sur notre plateforme
27:06publicsénat.fr
27:07et bien sûr en podcast.
27:08À très vite.
27:09Merci beaucoup.
27:14– Sous-titrage ST' 501
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