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00:00Générique
00:00Bienvenue dans le débat, il est consacré à la Côte d'Ivoire avec la très large victoire d'Alassane Ouattara au premier tour de la présidentielle
00:12avec 89,77% des voix à annoncer la commission électorale indépendante.
00:20Il est réélu donc pour un quatrième mandat à la tête du pays.
00:23Ses résultats devront être confirmés par le Conseil constitutionnel.
00:26La CEI a également dit que le taux de participation était de 50,10%.
00:33Le scrutin s'est globalement déroulé dans le calme.
00:36On va y revenir.
00:37Quelles leçons peut-on en tirer ?
00:39Économie, relations extérieures, sécurité, quels sont finalement les grands défis à relever pour Alassane Ouattara pour ce quatrième mandat ?
00:45On va poser ces questions à mes invités.
00:47Francis Patindé est avec nous ce soir.
00:48Bonsoir.
00:49Bonsoir.
00:49Vous êtes maître de conférence à Sciences Po Paris.
00:51Bienvenue dans le débat.
00:52En face de vous, Cédric Abba.
00:53Bonsoir.
00:54Bonsoir.
00:54Journaliste, écrivain, chercheur associé et président du Centre international d'études et de réflexions sur le Sahel.
01:00Bienvenue.
01:00Nous avons Stéphane Ballon, rédacteur en chef Afrique à France 24.
01:05Bonsoir Stéphane.
01:05Bonsoir Stéphanie.
01:06Et puis Antoine Glazer.
01:07Bonsoir.
01:08Journaliste, écrivain et spécialiste de l'Afrique.
01:10Bienvenue à vous également.
01:12Avant de démarrer ce débat, direction tout de suite Abidjan, puisque Julia Guggenheim, notre correspondante, est bien sûr sur place.
01:18La commission électorale qui a donc annoncé cette large victoire d'Alassane Ouattara il y a quelques instants.
01:24Oui, effectivement, c'est donc une victoire écrasante.
01:31Et dès le premier tour qui se profile, c'est le un coup KO, comme son parti l'avait répété à l'envie ces dernières semaines.
01:40Il est donc loin devant Jean-Louis Billon qui a fait 3%.
01:44Simone-Evée de Bagbo, l'ex-épouse de Laurent Bagbo, qui a fait 2,42%.
01:49Aoua Delmelo et Henriette Lagou, eux, ont fait moins de 2%.
01:53Ce sont toujours des résultats provisoires.
01:56Des recours peuvent être déposés pendant 5 jours devant le Conseil constitutionnel,
02:00qui aura ensuite 7 jours pour les examiner avant de proclamer les résultats définitifs.
02:07Le président de la commission électorale indépendante a également annoncé le taux de participation
02:14qui est donc de 50,1% pour cette élection.
02:19C'était un des enjeux majeurs également de cette élection.
02:23Merci Julia. Julia Guigalheim, donc en direct de Babidjan.
02:27Avant de démarrer ce débat, je vous propose justement un portrait d'Alassane Ouattara
02:31qui devra donc entamer son quatrième mandat.
02:33C'est tout de suite.
02:3414 ans qu'il est au pouvoir en Côte d'Ivoire.
02:38A 83 ans, Alassane Ouattara entame son quatrième mandat.
02:42Une victoire de plus, après un scrutin relativement calme, selon lui.
02:46Je constate avec cette élection que la paix est venue,
02:51que les uns et les autres sont sortis pour voter, et je voudrais les remercier.
02:56Le gouvernement avait justement interdit toute manifestation en marge du scrutin
03:00où l'opposition avançait divisée et affaiblie.
03:03Deux des principaux candidats de l'opposition, Tijan Thiam et Laurent Gbagbo,
03:08ayant été interdits de se présenter.
03:10Un tour de vis pour éviter de revivre la présidentielle de 2010.
03:15A l'issue du scrutin, Alassane Ouattara est désigné vainqueur par la commission électorale,
03:20mais le résultat est invalidé par le Conseil constitutionnel,
03:23qui acte la réélection du président sortant, Laurent Gbagbo.
03:26S'en suivent plusieurs mois de guerre civile avant l'arrestation de Gbagbo.
03:303000 personnes meurent dans le pays.
03:33Depuis, Alassane Ouattara, économiste de formation,
03:37affiche sa volonté de réconcilier les Ivoiriens et de reconstruire le pays.
03:41Écoles, universités, hôpitaux, les infrastructures sont modernisées,
03:44et la croissance de la Côte d'Ivoire bondit de 8% en moyenne par an entre 2012 et 2019.
03:51En 2020, le décès de son dauphin et une réforme de la constitution
03:55permettent à Alassane Ouattara de se représenter.
03:58Les élections sont alors boycottées par l'opposition
04:00et des violences intercommunautaires en marge du scrutin font 85 morts.
04:05Aujourd'hui, le pays reste divisé.
04:08Si une partie de la population salue ses réussites économiques,
04:11une autre déplore la vie chère et une croissance qui ne profite pas à tout le monde.
04:17Stéphane, les premiers enseignements de ce scrutin qu'il faut dire,
04:22ces résultats sont encore provisoires puisqu'il doit y avoir une confirmation du Conseil constitutionnel
04:27qui a cinq jours pour confirmer les résultats.
04:33Qu'est-ce qu'on peut retenir de ce scrutin ?
04:36Que tout s'est passé comme c'était prévu finalement.
04:41On s'attendait à une victoire d'Alassane Ouattara qui avait face à lui des candidats
04:49qui n'étaient pas portés par des grands partis politiques.
04:56On avait des doutes, on avait des inquiétudes.
04:59En tout cas, c'était l'élément qui était surveillé, le taux de participation.
05:01– Alors 50,1%, c'est correct, ça veut dire qu'un Ivoirien sur deux s'est déplacé pour aller voter.
05:10– Et encore, parce que si on compare à 2010 par exemple, où on a atteint un pic de 80%,
05:16c'est une baisse significative.
05:20Et même si on compare à la dernière présidentielle où on a frôlé les 54%,
05:25ça reste une baisse significative.
05:28Et j'ajoute à cela, c'est-à-dire que…
05:30– Donc ils ont un peu boudé le scrutin ?
05:31– Ils ont boudé le scrutin.
05:33Et même si on pousse la logique un peu plus loin,
05:36vous voyez que le corps électoral en Côte d'Ivoire se situe autour de 14 millions de personnes.
05:42Finalement, on a réussi à inscrire à peu près 9 millions de personnes.
05:48Et sur ces 9 millions de personnes, seuls 50% ont voté.
05:53Donc il y a un désamour, je pense qu'on peut le dire, entre les Ivoiriens et la politique.
06:00Donc tous ces éléments-là étaient des éléments qui étaient surveillés en amont,
06:04qu'il fallait surveiller, et ça se confirme.
06:07Et quelle autre leçon tirait de ce scrutin ?
06:12On craignait des débordements parce qu'il y avait en face des candidats
06:15dont le dossier n'a pas été retenu par le Conseil constitutionnel,
06:19qui ont boudé ce scrutin, dont les partisans ont appelé à des manifestations.
06:24– Donc Tidia Thiam et Laurent Gbagbo.
06:27– Tidia Thiam et Laurent Gbagbo.
06:27Mais on se rend compte que dans l'esprit des Ivoiriens,
06:31les violences post-électorales précédentes sont encore très présentes.
06:37Il y avait du mécontentement, mais il y avait aussi cette volonté
06:41de ne pas revivre les violences du passé.
06:44– Je pense que dans la configuration dans laquelle on est allé aux élections,
06:50justement, un des principaux enjeux, c'était le taux de participation,
06:54puisque en amont déjà, comme il a été bien rappelé,
06:57les deux principaux partis, le PDCI du président Tidia Thiam
07:03et le PPACI de Laurent Gbagbo, n'ont pas pu avoir de candidats.
07:07Et un des enjeux, justement, dans ce contexte-là, c'était le taux de participation.
07:11Et lorsqu'on décrypte le taux de participation, lorsqu'on l'affine,
07:15on remarque qu'il y a des parties où le taux est très élevé
07:19et des parties où il est moins élevé.
07:21– Beaucoup plus élevé au nord.
07:22– Voilà, le nord, qui est le fief de Ouattara, a connu des scores au-delà de 80%.
07:28Il y a même des régions où on a voté au-delà de 90%, alors qu'au sud, le taux est beaucoup plus bas.
07:33Je crois qu'à partir de là, on va y revenir sans doute,
07:36un des défis du président Ouattara sera de se comporter en président de tous les Ivoiriens,
07:42y compris le nord comme le sud.
07:43– Antoine Glaser, 89,77% pour Alessand Ouattara.
07:48– Il y avait la fameuse phrase du Cid, de Corneuil,
07:51« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
07:55C'est vraiment ce qui se passe.
07:57En plus, c'était « à vaincre sans péril », il n'y avait aucun péril,
08:00puisque les deux grands partis, les deux grands leaders n'ont pas pu se présenter.
08:03Et c'est sans gloire, parce que c'était un pays totalement verrouillé,
08:0944 000 policiers, 700 manifestants arrêtés, 70 qui ont pris trois ans de prison.
08:16Donc c'est un pays totalement sous-cloche, verrouillé.
08:19Alors bon, on va expliquer qu'il y a des problèmes au nord, etc.
08:23Mais très honnêtement, je ne pense pas qu'Alassand Ouattara,
08:28il savait bien qu'il allait repasser.
08:30– Mais là, le score est très important, Antoine Glazer, 99,77%.
08:35– Oui, mais ce n'était pas un jour électoral, c'était un jour ordinaire,
08:41sauf s'il y a eu un certain nombre, malheureusement, de morts dans le nord, etc.
08:46Mais c'était un jour ordinaire.
08:49D'ailleurs, on a bien vu, toute la journée de samedi, il ne se passait rien.
08:52C'était un pays sous-cloche.
08:54– Francis Petit-Indé, vos enseignements de ce scrutin ?
08:57– Il n'y avait pas de suspense.
08:59– Tout le monde savait qu'Alassand Ouattara, il est réélu,
09:03d'autant plus qu'il était face à des seconds couteaux.
09:06Il faut dire, il faut appeler les choses par l'un, non ?
09:08Les deux ténors de la classe politique étaient absents.
09:11Donc, ce qui m'intéresse, moi, aujourd'hui, c'est de savoir
09:14ce que le président Ouattara va faire de sa victoire,
09:18et ce qu'il va faire, il attend faire du quinquennat à venir.
09:22Il ne faut pas oublier quand même des choses,
09:25c'est que le président Ouattara fait partie du club restreint,
09:29sélect, des présidents les plus âgés d'Afrique,
09:32et fait partie du top 10 des présidents.
09:34– 83 ans, je ne me trompe pas.
09:35– Parmi les 10 présidents africains les plus âgés,
09:38et maintenant, il est en place d'intégrer un autre club,
09:42un cercle, le cercle des présidents qui ont longévité à la tête de l'État.
09:47– Quatrième mandat.
09:49– Quatrième mandat, pour quoi faire ?
09:50– Et ce sont des septennats à chaque fois.
09:52– Et je fais remarque, un quinquennat.
09:54Un quinquennat, un quinquennat, c'est pour le Cameroun.
09:56– D'accord, c'est le septennat, c'est le cours Cameroun.
09:58– Ce qui est important, c'est de savoir, il y a cinq ans,
10:01le même président Ouattara avait un dauphin tout désigné,
10:05Amalugon Koulibaly, et malheureusement, le pauvre est décédé
10:08avant l'élection, le scrutin.
10:11Donc, s'il caracté le rêve, déjà, il y a cinq ans,
10:14de se faire remplacer, je me demande pourquoi il l'a fait,
10:16il sollicite un quatrième mandat.
10:19Il aurait pu, il a eu quand même, là, quasiment,
10:22depuis 2000 et 2006, il a eu le temps de…
10:28– Et Dieu sait s'il y a autour de lui,
10:29il y en a un certain nombre qui sont proposés.
10:31– Parce que ce qu'on voit souvent, on croit que c'est chez les adversaires
10:34qu'il y a l'appétit de diriger un pays.
10:37Mais en fait, non.
10:37– Absolument.
10:38– Le proche entourage du président Ouattara,
10:40il y a des gens qui piafent depuis des années.
10:45– Et qui sont tenus à bout de gare pour faire…
10:46– Il faut qu'ils s'approchent trop du pouvoir, du fauteuil.
10:49– Alassane Ouattara, donc, réélu pour ce quatrième mandat.
10:53Un mot, justement, pour finir sur cet âge,
10:56parce qu'on parle toujours de l'âge,
10:57on parlait de l'âge de Biden à l'époque,
10:5983 ans dans un pays où la population est quand même très jeune,
11:03Stéphane Ballon.
11:03Et puis même les autres candidats, d'ailleurs, ils avaient au moins plus de 60 ans.
11:08Ce hiatus entre cette jeunesse et leurs élites, ça aussi, c'est quand même quelque chose qui marque.
11:15– C'est peut-être, finalement, un des éléments qui justifient aussi cette participation faible, si je puis dire.
11:24Parce que quand vous avez une population majoritairement jeune
11:29et qui ne se reconnaît pas dans la classe dirigeante,
11:33c'est difficile de la mobiliser.
11:35Et pendant toute la campagne, et même l'après-campagne,
11:38nos correspondants, nos envois spéciaux qui étaient sur le terrain le disaient.
11:41Quand on parle aux jeunes, ils disent tous la même chose.
11:45C'est-à-dire qu'on nous demande d'aller voter pour que nos vies changent.
11:48Mais au final, le résultat est le même.
11:51C'est la même classe dirigeante qui est là et qui est là depuis très longtemps.
11:57– 70% des Ivoiriens ont moins de 35 ans.
12:01– 70% ont moins de 35 ans.
12:03– Exactement.
12:03– Donc, il est difficile de se reconnaître dans un président qui a de 83 ans.
12:08– Et ça fait partie aussi des choses qui ont un peu, disons,
12:13pollué, à mon avis, le débat préélectoral, finalement.
12:16Parce qu'on est finalement resté autour des mêmes personnes,
12:20entre Ouattara à qui on conteste un quatrième mandat.
12:24Laurent Gbagbo, qui était déjà l'adversaire de Ouattara en 2010,
12:30et qui lui-même, dans une interview, a dit
12:31« Ah, mais je n'étais pas intéressé par la candidature. »
12:35J'y suis allé finalement parce que Ouattara y allait aussi.
12:37– C'est incroyable, c'est comme si…
12:39– Et finalement, il n'a pas plu.
12:40– C'est comme si l'après-oufouettisme,
12:42c'est comme si l'après-oufouettisme n'avait jamais démarré.
12:44C'est ça qui est incroyable.
12:46On a toujours eu trois hommes dans un bateau.
12:48À un moment donné, vous aviez vraiment Alassane Ouattara,
12:51qui était allié avec Laurent Gbagbo contre Henri Conant-Bédier.
12:54Henri Conant-Bédier a été remplacé par Tijan Tiam.
12:57Maintenant, vous avez Tijan Tiam avec Laurent Gbagbo contre Alassane Ouattara.
13:02C'est vraiment trois hommes dans un bateau.
13:04C'est comme si ce pays n'arrive pas à se réconcilier.
13:08Parce que réconciliation, ça veut dire justice.
13:10Il n'y a pas la justice.
13:11Et donc, c'est un pays qui reste quand même très écartelé.
13:15– Je crois que la faible inclusion des jeunes,
13:19leur faible association à la gestion du pouvoir,
13:22explique aussi leur priorité.
13:24On a vu dans le reportage que la croissance n'est pas très bien partagée.
13:28– On va y revenir d'ailleurs.
13:29– Parce que si les jeunes ne sont pas associés à la décision,
13:32ça veut dire que leur priorité aussi du pays ne tient pas compte,
13:35sans doute, de leurs préoccupations.
13:36Parce que paradoxalement, au moment où l'économie ivoirienne se porte bien,
13:40le chômage de jeunes, lui, il reste se préoccuper.
13:42– Les jeunes diplômés en particulier.
13:45– Juste un mot sur l'âge.
13:47Sur l'âge, on sacralise les vieux en Afrique.
13:51C'est des sages, à condition qu'ils soient, justement, sages.
13:55Et une des sagesses, c'est de ne pas solliciter trop de mandats.
13:59Vous voyez ?
13:59Donc c'est ça.
14:00Parce qu'on peut être jeune et ne pas être au diapason avec la jeunesse.
14:04Et je vais vous donner un exemple.
14:06Dans certains pays du Sahel, la gouvernance est jeune.
14:09Mais pourtant, la Côte d'Ivoire, au niveau économique,
14:12c'est quand même beaucoup mieux que ces pays-là.
14:15– Là, je ne le dis pas tout.
14:16– Là, je ne le dis pas tout.
14:17– Madagascar.
14:18– Madagascar aussi.
14:20– Oui, voilà. Je ne le dis pas tout.
14:21– Un mot sur le taux de croissance, justement.
14:23On en parlait.
14:23Le FMI, qui prévoyait en 2013 déjà,
14:26le FMI parlait du deuxième miracle ivoirien.
14:29Plus de dix ans plus tard, finalement, la croissance est toujours…
14:31Elle est de 6,5% en moyenne entre 2021 et 2024.
14:36C'est largement au-dessus de la moyenne régionale,
14:38qui est plutôt à 3%.
14:40Stéphane, est-ce qu'on peut dire qu'en Côte d'Ivoire,
14:43il y a quand même Abidjan, les 5 millions d'habitants,
14:45qui concentrent la majorité de l'activité économique,
14:47et puis le reste de la Côte d'Ivoire ?
14:49– Oui, c'est une… je vais dire factuellement, c'est vrai.
14:53De manière générale, si vous voulez, sur le plan macroéconomique,
14:59évidemment, quand on prend les indicateurs,
15:01ils sont bons, que ce soit la croissance,
15:04les investissements directs et étrangers.
15:08La Côte d'Ivoire est attractive pour les investisseurs.
15:12C'est un fait, mais quand vous poussez l'analyse plus loin,
15:16vous voyez qu'en fait, c'est une richesse créée finalement
15:20par des multinationales qui s'accaparent finalement…
15:24– Un peu offshore.
15:24– L'essentiel de la richesse créée,
15:28et d'ailleurs, c'était une des principales critiques au bilan d'Alassane Ouattara.
15:32On a créé de la croissance, on a créé des infrastructures.
15:35C'est beau Abidjan le soir quand vous y êtes avec les ponts et la lumière, tout ça.
15:40– Deuxième plus grande ville d'Afrique de l'Ouest, derrière l'église.
15:42– Dans ce même Abidjan, vous avez deux, j'allais dire,
15:46deux Abidjans qui vivent, qui coexistent.
15:52Vous avez le Abidjan, je caricature un peu,
15:55l'Abidjan du quartier des plateaux,
15:57vous avez des entreprises, des jeunes cadres qui…
16:02– Dynamiques.
16:03– Dynamiques, qui profitent de cette croissance-là,
16:05qui sont dans l'activité économique.
16:07Et puis vous avez l'Abidjan des quartiers populaires
16:10où les infrastructures ne sont pas au niveau.
16:13Je rentre, j'étais à Abidjan en septembre,
16:16j'allais à l'aéroport, j'étais d'ailleurs avec Cédic ici présent.
16:21Parfois vous passez devant des infrastructures,
16:23vous vous en êtes étonné, c'est pas la Côte d'Ivoire qui est vendue.
16:28Donc il y a de la croissance, il y a de la richesse qui a été créée.
16:33Le défi désormais c'est de faire que cette croissance économique
16:38devienne de la prospérité.
16:40– Oui, de la plus inclusive, comme on dit dans le jargon.
16:43– Exactement.
16:43– Vous êtes d'accord Cédic puisque vous y étiez…
16:45– Non, non, je pense que Stéphane…
16:47– On a l'impression qu'on retombe toujours sur les mêmes problématiques.
16:49– Il y a un problème de croissance, de la répartition de la croissance.
16:55C'est vrai que la Côte d'Ivoire affiche 8%, 6%,
16:58entre 6 et 8% depuis un certain nombre d'années,
17:02depuis une demi-douzaine d'années presque.
17:05– C'est pour ça qu'il parlait du miracle ivoirien.
17:06– Du point de vue de l'impact sur l'assiette de la ménagère
17:10ou sur son panier, ça ne se ressemble pas.
17:13Donc il y a, je crois, il faut trouver une meilleure clé
17:17de répartition de la richesse.
17:19Et de ce point de vue, on sait que la croissance ivoirienne,
17:21elle est portée par un certain nombre de produits,
17:24de matières premières, que ce soit le café, le cacao.
17:27Et du point de vue du prix d'achat, il y a eu des efforts,
17:30mais on n'est pas arrivé à un niveau où ça peut permettre
17:33d'avoir un impact sur la vie quotidienne des producteurs
17:37de café et de cacao.
17:38Je crois que la Côte d'Ivoire a fait un premier pas,
17:41celui d'avoir une première transformation de la matière
17:44première avant son exploitation, ce qui peut avoir
17:46de la valeur ajoutée.
17:47Il faut que ça se poursuive pour que le producteur de cacao
17:50puisse bénéficier du café qui est vendu, du chocolat qui est vendu en Suisse.
17:55– Vous parlez de toutes les contradictions de cette filière cacao,
17:57finalement les petits agriculteurs n'en profitent pas vraiment.
18:00– Non, là il y a une augmentation du prix avant les élections,
18:04bon le prix électoral, mais ce n'est pas un hasard.
18:07Mais en fait 80% de l'activité économique c'est sur Abidjan,
18:13c'est quand même impressionnant.
18:15Et il y a le reste du pays, alors bon il y a une loi de cajou,
18:18la nacarde, puis on ne parle pas de ce qui rapporte réellement
18:20dans ce pays, il y a du pétrole, du gaz, des mines, des minerais,
18:25on ne parle toujours que du cacao.
18:26– Pourquoi on ne parle pas du pétrole, du gaz ?
18:28– Eh bien parce qu'on n'en parle pas, parce qu'il y a des grands groupes
18:30qu'ils exploitent, mais je peux vous dire qu'il y a beaucoup de gens
18:33qui sont intéressés par la Côte d'Ivoire, dans le secteur minier,
18:35dans le secteur du gaz, du pétrole, pour les centrales thermiques.
18:38Donc c'est un pays qui est vraiment à des richesses quand même
18:42relativement importantes comparées à ses voisins,
18:45et très honnêtement ça ne ruisselle pas, comme on dit toujours.
18:49Je veux dire, il y a les gens, enfin quand on voit 40% de la population
18:52est encore en dessous du seuil de pauvreté.
18:54– C'est ça, j'ai même vu un chiffre, vous dites 40% aujourd'hui ?
18:57– Oui, 40%.
18:58– C'est un chiffre plus ancien.
19:00– Et l'espérance de vie n'est toujours que de 62 ans, je veux dire.
19:05C'est un pays, quand vous avez ce qu'on appelle aux Nations Unies
19:09les indices de développement humain, je veux dire,
19:11la Côte d'Ivoire devrait être vraiment dans le haut du panier
19:13des pays africains, et ce n'est pas du tout le cas.
19:16– Pourquoi alors Francis Patindé ?
19:18– C'est vrai que la Côte d'Ivoire, c'est la Côte d'Ivoire
19:21qui aujourd'hui porte toute l'Afrique de l'Ouest,
19:24et surtout les pays de lui et moi,
19:26les pays faisant partie de la zone franc en Afrique.
19:29C'est l'économie ivoirienne qui porte, tous les experts vous diront ça.
19:33Et même les pays comme le Mali, comme le Burkina en profitent.
19:37C'est grâce au président Alessandro Ouattara
19:40qu'on n'a pas fermé le robinet au Mali, par exemple.
19:42– Oui, alors il y a des problèmes aujourd'hui, on va y revenir.
19:44– Voilà, et aussi le Burkina, il y a des tensions entre les deux pays,
19:49mais malgré ça, moi j'ai vu des banquiers, j'ai vu des experts récemment,
19:53la Bâche était en Côte d'Ivoire, moi aussi, il n'y a pas très longtemps,
19:56le président Alessandro prêche l'apprisement, ne pas les étrangler.
20:00Donc c'est une économie qui est bien.
20:02Mais c'est vrai que quand je vais en boîte, en Côte d'Ivoire,
20:05ça je fais une petite révélation, je fais en boîte de nuit,
20:08je fais trois boîtes de nuit en nuit-nuit,
20:11il y a des gens qui claquent de l'argent des jeunes,
20:13les trentenaires qui claquent de l'argent comme je n'en ai jamais vu.
20:17Donc il y a des golden boys, il y a des nouveaux riches
20:19qui claquent beaucoup d'argent, mais à côté, à côté,
20:23mais il y a des gens qui vivent en misère noire, si je puis dire,
20:27et qui n'arrivent pas à faire deux repas par jour.
20:31C'est évident, c'est cette route, il y a des déguerpies,
20:34il y a des gens qu'on a chassés de leur quartier
20:36parce qu'il fallait assainir, mais assainir et on ne les recasse pas ailleurs.
20:40Donc il y a plein plein de problèmes sociaux et je pense que le nouveau mandat de Ouattara,
20:45ça devrait être en priorité consacré au social.
20:49Oui, Stéphane Ballon, oui.
20:50C'est aussi un peu le propre des modèles, j'allais dire, néolibéraux,
20:57je suis arrivé, qui ne sont pas, ce n'est pas une croissance pro-pauvre, j'allais dire.
21:03On crée de la richesse à travers les grands travaux, les investissements étrangers.
21:12Le défi, c'est l'étape d'après, c'est arriver à créer, j'allais dire, un environnement économique.
21:19Alors il y a eu une classe moyenne qui a émergé.
21:21C'est ce dont parlait Francis, mais en fait, c'est arriver à créer un écosystème d'entreprises locales,
21:30de PME locales qui participent à cette création de richesses.
21:36Vous parliez, Antoine parlait de pétrole, de minerais.
21:40C'est vrai, la Côte d'Ivoire n'est pas encore un grand producteur de pétrole.
21:43Il y a eu des découvertes importantes qui ont été faites, notamment par Rénie.
21:48Mais on parle là des secteurs qui ne créent pas de l'emploi.
21:51C'est des secteurs qui attirent des capitaux, mais ça ne crée pas de l'emploi.
21:55L'enjeu, et c'est là où il va falloir travailler pour, j'allais dire, apaiser un peu les esprits en Côte d'Ivoire,
22:03c'est créer un système, un écosystème autour de ces industries-là, que ce soit le cacao, l'ennui, etc.
22:09Ou comme dit Cédic, la transformation.
22:11La transformation est pour créer de l'emploi, parce que c'est ça qui va permettre de réduire les inégalités
22:16et de provoquer finalement ce ruissellement qu'on n'a pas aujourd'hui.
22:20En particulier dans les zones rurales, Antoine Glazer, dans le Nord-Ouest.
22:24Manifestement, l'État finance des jeunes sans diplôme pour qu'ils puissent créer leur exploitation.
22:28Mais est-ce qu'il le fait suffisamment ?
22:29Ça faisait partie en tout cas des projets d'Otah avant.
22:32Est-ce qu'il va mettre l'accent là-dessus ?
22:33Pour être un peu désagréable, c'est très difficile d'investir autant dans les services de sécurité,
22:40dans l'armée, etc.
22:41Je veux dire, même si c'est un pays prospère sur le plan financier, il y a des limites.
22:48Il y a beaucoup d'emprunts en eurobond et autres, mais au bout d'un moment, il y a des choix aussi stratégiques.
22:54Les choix stratégiques, franchement, depuis un certain temps, on voit beaucoup plus des sociétés israéliennes
22:59de cyber-renseignements qui viennent à Bidjan pour verrouiller l'affaire,
23:04quand vous avez quand même 44 000 policiers, gendarmes, etc.
23:09Il faut les habiller, il faut les équiper, il faut les payer.
23:11Je veux dire, les priorités, récemment, ça a plus été dans le domaine de sécurité,
23:16à juste titre, par rapport à ce qui se passe aussi dans le Sahel.
23:19Par rapport, je ne dis pas que c'est nul, etc.
23:23Mais c'est vrai que les priorités, depuis un certain temps, par rapport à ce qui se passe dans le Sahel
23:28et par rapport à une situation électorale, pour ne pas que ça dérape, ça a plutôt été dans le sécuritaire.
23:35Donc vous devancez un petit peu, justement, la progression de ce débat.
23:38Intéressant d'y revenir sur cette partie sécurité, avec cette montée du djihadisme dans les pays voisins.
23:43Vous disiez, justement, Francis Patindé, qu'il n'avait pas étouffé les pays du Sahel,
23:48les fameux pays de l'AES, mais en ce moment, au Mali, on voit bien qu'ils sont en train d'arrêter
23:53les exportations, justement, ivoiriennes, qu'il y a des tensions de plus en plus fortes,
23:58que le djihadisme progresse dans ces trois pays, donc Mali, Niger et Burkina Faso.
24:04Il y a eu d'ailleurs un certain nombre d'attaques du Burkina Faso en Côte d'Ivoire.
24:11Donc où est-ce que ça en est, effectivement ?
24:13Est-ce qu'il y a eu une réorganisation de la force militaire et sécuritaire ivoirienne face à ces menaces ?
24:20Par rapport à la Côte d'Ivoire, aujourd'hui, les djihadistes maliens sont, dans la région Sikaso, à Zégua.
24:29Zégua, c'est la dernière ville qu'on franchit pour aller, pour entrer en Côte d'Ivoire.
24:33Quand moi, j'ai fait ça par la route, à l'époque plus faste et tout, mais ils sont là.
24:39Donc les transporteurs qui viennent de Côte d'Ivoire, qui rentrent en territoire malien,
24:44ça c'est sûr que les djihadistes leur font la fête, pour les carburants et tout.
24:49Mais la Côte d'Ivoire, je veux dire, techniquement, l'électricité, ils donnent une partie de l'électricité,
24:54ils fournissent une partie de l'électricité au Mali, et le président a donné des instructions,
24:59je ne le tiens pas de l'ivoirien, mais je le tiens du côté malien, pour qu'on ne ferme pas le robinet.
25:03Ça a été la même chose. Vous savez qu'un ministre, le ministre des Finances du Burkina Faso,
25:09il vient d'être désigné président du conseil des ministres de l'UMOA.
25:14Et certains états ne voulaient pas qu'on désigne.
25:16Ça a mis du temps, en même.
25:17Ça a mis du temps, absolument.
25:18Mais certains états de l'UMOA, ils ne voulaient pas du tout.
25:22Et c'est Ouattara qui a payé de tout son poids pour qu'on laisse le ministre,
25:26qui est par ailleurs très compétent, ce ministre.
25:28Oui, mais ils sont dépassés un peu par ce qui se passe du côté des djihadistes.
25:32Le défi sécuritaire est déjà présent en Côte d'Ivoire.
25:35Il n'est pas loin.
25:37Beaucoup se souviennent simplement de l'attaque de mars 2016 à Grand Bassam.
25:43Mais après Grand Bassam, il y a eu cinq attaques djihadistes dans la zone de Kouafalo,
25:47sur la frontière avec le Mali, dont celle de 2021.
25:51Il y a eu beaucoup de soldats ivoiriens qui sont tombés.
25:53Donc la menace est déjà présente en Côte d'Ivoire.
25:56Qu'est-ce qu'ils ont sécurisé justement la frontière avec le burkula ?
26:00À mon avis, ce que les Ivoiriens sont en train de faire et qui peut marcher,
26:03c'est ce que le Sahel n'a pas fait.
26:05C'est-à-dire mettre l'accent aussi sur le chômage de jeunes.
26:08Empêcher que les jeunes soient recrutables.
26:10Et il y a un plan aujourd'hui que la Côte d'Ivoire est en train de développer
26:13pour faire en sorte que les jeunes qui sont au nord ne soient pas recrutables.
26:17Parce que c'est ça aussi le vrai défi.
26:19Et ça, il faut mettre beaucoup d'argent.
26:21La priorité, si on met tout l'argent dans les contrats avec les Israéliens
26:25ou dans l'acquisition des moyens militaires,
26:28en laissant les jeunes de côté, on risque d'avoir les mêmes erreurs que le Sahel.
26:31Et on sait que les Américains qui sont partis du Sahel aujourd'hui
26:35font la cour à la Côte d'Ivoire pour pouvoir installer une base.
26:39Parce qu'ils savent que le défi djihadiste est là.
26:42Il n'est pas loin de...
26:43Les Américains pourraient donc instaurer une base de drones dans la Côte d'Ivoire.
26:46Ils voulaient une base de drones.
26:48Apparemment, ça a été refusé.
26:50Mais quand on parle djihadiste, il faut comprendre ce qui se passe dans cette région.
26:53Vous avez les éleveurs.
26:55Vous avez quand même 80 000 Burkinabés qui sont descendus en Côte d'Ivoire.
26:59C'est chassé par justement les djihadistes.
27:03Et puis vous avez...
27:04On va regarder la carte.
27:05On en parle très rarement, mais vous avez quand même 4 millions de Burkinabés
27:11qui sont là depuis le temps d'Oufouette-Boigny et qui travaillent en Côte d'Ivoire.
27:15C'est deux pays qui ne peuvent pas vraiment s'affronter,
27:20même s'il y a des problèmes au niveau politique entre eux,
27:23même s'il y a eu des enlèvements à un moment donné,
27:25même si vous avez des volontaires Burkinabés.
27:28Mais effectivement, c'est impossible que ces deux pays se déchirent quelque part.
27:35Il y a trop d'intérêts liés.
27:37Quand vous avez des communautés, pareil pour le Mali,
27:41il y a 2 millions de Maliens qui sont en Côte d'Ivoire.
27:45Ce sont des populations qui sont de plus en plus mélangées, mixées.
27:49Et donc, mais...
27:50Mais en revanche, c'est le frontière.
27:52C'est dit qu'il a raison.
27:53C'est le problème aussi parce qu'on pense aux djihadistes.
27:55Mais les djihadistes, simplement un jeune,
27:57s'il a besoin à un moment donné d'argent,
27:59il va commencer à...
28:01On va lui dire, prends ce camion, on va chercher des armes.
28:03Il ne va pas avoir les armes au départ.
28:04Il va simplement être payé.
28:06Puis il ne va pas avoir...
28:07S'il n'a pas de boulot, il va finalement se retrouver avec des djihadistes,
28:11mais sans avoir aucune idéologie et condition.
28:14Y compris les Ivoiriens, donc du Nord, Stéphane Ballon.
28:17Parce que...
28:17Ce que dit Antoine renvoie finalement à la nécessité d'une coopération régionale.
28:22Parce que ce que dit Sédic sur les mesures qui sont prises
28:26dans les régions frontalières, que ce soit en appui aux jeunes
28:30pour leur donner la possibilité, soit de créer leurs propres affaires
28:35ou d'être formés pour trouver un emploi,
28:38ou même des mesures sécuritaires.
28:41Le renforcement de la présence militaire, c'est très bien.
28:44Mais cela ne suffit pas.
28:46Tous les experts vous le disent.
28:47On ne peut pas lutter contre cette question sécuritaire
28:52quand il n'y a pas de coopération entre, d'une part, le Burkina et le Sénégal.
28:56– Alors justement, il y a une coopération aujourd'hui entre ces pays et la Côte d'Ivoire ?
28:59– Non, aujourd'hui, il n'y a pas...
29:01C'est pour ça qu'il faut trouver le moyen d'apaiser les relations
29:04entre notamment le Burkina et la Côte d'Ivoire.
29:08Et même entre tous les pays de la zone.
29:11Il y a eu à une époque ce qu'on appelait, je crois, c'est le processus d'Akra.
29:16– C'est ça, l'initiative d'Akra.
29:16– L'initiative d'Akra qui permettait aux pays de la région
29:21de travailler, que ce soit sur les échanges de renseignements.
29:26Mais ça n'a pas tenu longtemps.
29:29Il faut retrouver le moyen de collaborer, de travailler,
29:33de se donner des appuis, que ce soit militaires,
29:39sur le plan des équipements.
29:40– C'est même essentiel pour que la prospérité du pays continue.
29:43– Absolument, absolument.
29:44– Parce que sans sécurité, et lorsqu'on voit que le groupe de soutien à l'islam
29:47et aux musulmans, le JNIM, justement affilié à Al-Qaïda,
29:49organise au Mali en ce moment un blocus sur le carburant
29:52d'importer des pays voisins, dont la Côte d'Ivoire,
29:57on voit bien qu'il y a quand même un vrai problème.
30:00Ce qu'on appelait cette expansion du djihadisme vers les côtes,
30:04il y a toujours ce problème.
30:06– L'objectif, je pense, je passe le contrôle de Cédic,
30:09qui est très spécialisé dans ça,
30:10c'est que le djihadisme, c'est d'étouffer le régime malien.
30:14– Leur objectif, c'est ça, c'est d'étouffer totalement,
30:18ils bloquent les apports, les camions qui viennent du Sénégal,
30:23qui viennent de Côte d'Ivoire, qui viennent de partout.
30:25Non, ils veulent les étouffer.
30:26Et aujourd'hui, vous avez dû entendre parler de la rentrée scolaire.
30:29– Il n'y a pas eu de rentrée scolaire.
30:31– Jusqu'au 10, jusqu'au mois de novembre,
30:36parce qu'il n'y a pas de carburant.
30:38Mais ce que je voulais ajouter, Antoine a parlé des réfugiés,
30:42des gens qui sont venus, les Burkinabés, qui sont venus au nord de la Côte d'Ivoire.
30:46Moi, je travaille un peu pour le ACR, donc ils sont plusieurs milliers.
30:49Mais la Côte d'Ivoire a écarté le ACR.
30:51C'est géré directement par la Côte d'Ivoire, qui sédentarise cette population.
30:56Le ACR apporte seulement une expertise, mais tout le financement est ivoirien.
31:01– Un mot, donc, Sédic Abba, pour terminer sur cette expansion,
31:04expansion du djihadisme vers les côtes.
31:07– Oui.
31:07– Est-ce que c'est pire aujourd'hui, avec ce qui se passe au Mali ?
31:10Les risques sont plus grands ?
31:11– Non, l'agenda des djihadistes, il n'a pas changé.
31:13Ils veulent exporter la menace du Sahel vers le golfe de Guinée.
31:17Et sur ce plan, ils progressent.
31:19Les villes de Caille, de Sikasso, Caille sur la frontière avec le Sénégal,
31:23Sikasso n'était pas concerné par la menace.
31:25Donc l'extension géographique se poursuit et les djihadistes ont cet agenda.
31:29D'où l'urgence, comme a dit Stéphane, de construire une réponse transnationale.
31:34On a vu dans l'approvisionnement du carburant, le fait que les Ivoiriens et les Maliens n'arrivent pas à coordonner l'approvisionnement,
31:43fait que dès que l'approvisionnement quitte la Côte d'Ivoire, entre dans le territoire malien,
31:48il ne peut plus être assuré jusqu'à Beboko.
31:50– Ça va être un des grands défis.
31:53– Ah oui, il faut construire une réponse.
31:55Et je crois que la bonne nouvelle, c'est qu'il y a longtemps, la crainte qu'on avait, c'était la rupture entre la CDAO et l'AES.
32:02Aujourd'hui, chacun a compris qu'il est dans l'intérêt de chacune des parties de poser des passerelles.
32:08Et il y a des discussions, justement, à mon avis.
32:10Un des points d'accord entre la CDAO et l'AES pourrait être justement le défi sécuritaire.
32:15– Pour qu'on comprenne, il y a la CDAO, l'AES, ils ne sont plus dans la CDAO.
32:20– L'AES, donc les trois pays, dont on parlait du Sahel, le Mali, le Burkina, etc. et l'AES, ils ne sont plus dans la CDAO,
32:28la communauté des États-Unis d'Afrique de l'Ouest, mais ils sont dans l'union économique et monétaire.
32:32– Ils ont créé en preuve.
32:33– Ils ont toujours le France AFA entre eux.
32:34– Oui, voilà.
32:35– Ils ont toujours le France AFA.
32:36Un mot sur les relations, justement, avec la France.
32:39Antoine Glazer, quid, justement, des forces militaires françaises.
32:43Il y a eu, là aussi, une réorganisation avec les autorités ivoiriennes.
32:49– Absolument, ça a été très rapide, le 43e BIMA, enfin, je veux dire, les Français sont…
32:53En fait, la base de Côte d'Ivoire, finalement, de 43e BIMA, ça servait de base arrière stratégique
33:00pour l'ensemble des militaires françaises dans le Sahel.
33:03Une fois que, déjà, il n'y a plus ces militaires françaises dans le Sahel,
33:05ça a beaucoup moins d'intérêt pour la France.
33:07Et surtout, compte tenu du souverainisme à monté des jeunes
33:11et qui voulaient virer la France de Côte d'Ivoire, comme ça s'était passé dans le Sahel,
33:15il y a toujours des militaires français.
33:17– Il y en a combien ?
33:18– Il y en a 100, 200, enfin, c'est encore variable.
33:23Ils ne nous ont pas donné de chiffres précis, mais ils sont beaucoup plus dans la formation.
33:27Ils ont débaptisé le 43e BIMA, ils ont donné le nom d'un Ouattara,
33:31d'ailleurs, le premier chef d'état-major de la Côte d'Ivoire.
33:34Et donc, ils ont ivoirisé, mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas encore une sécurité
33:39ou des grandes oreilles françaises, mais il y a aussi des grandes oreilles israéliennes
33:44ou de tous les pays.
33:45– Il y a la Chine, bien sûr, qui avait dans les mines, au BTP, au Nigeria.
33:48– Alassane Ouattara, il y a, comme les autres chefs d'état,
33:51il a le monde entier dans sa salle d'attente.
33:53Il ne faut pas se le rire, il a les Turcs, il y a le monde entier maintenant sur l'Afrique.
33:57Et vous allez voir avec l'histoire…
33:59– Les Américains maintenant aussi.
34:00– La stratégie, vous allez voir avec Trump sur la stratégie minière en Afrique,
34:05il ne va pas laisser…
34:06Lui, c'est fini.
34:07Les pays qui disaient qu'ils étaient vraiment une expression horrible
34:12« le trou du cul du monde », là, c'est fini ça.
34:16Maintenant, avec les minerais, etc., contre la Chine,
34:19vous pouvez vous dire que Trump, il va revenir très, très vite en Afrique.
34:22– La Chine, qui est effectivement un des grands partenaires de la Côte d'Ivoire,
34:26Stéphane, investit dans les mines d'or, dans le BTP.
34:28Et puis, il y a aussi les Turcs, les Marocains, les Indiens,
34:30comme vous le disiez, ils sont tous là.
34:32La France est 2,4 milliards d'euros en 2024 d'investissement.
34:36Toujours 1 000 sociétés françaises installées en Côte d'Ivoire.
34:39C'est un record, d'ailleurs, en Afrique francophone.
34:42– Oui, la Côte d'Ivoire reste un partenaire stratégique,
34:47que j'allais dire, de la France en Afrique de l'Ouest.
34:51Mais il n'y a pas que la France.
34:53On parlait tout à l'heure de croissance économique en Côte d'Ivoire.
34:56Si on considère que c'est un gâteau, le gâteau a grossi.
35:03Mais ceux qui viennent ne prennent pas…
35:05– Il y a eu très convoité ce gâteau.
35:07– Ce gâteau sont nombreux.
35:08C'est-à-dire qu'hier, vous aviez la France qui était très présente
35:12et qui était dans une position dominante.
35:14Aujourd'hui, on a la Chine qui est dans une position dominante
35:17sur le plan commercial.
35:19Mais vous avez aussi les Turcs.
35:21Vous avez en fait tout le monde.
35:23Et là aussi, ça a été une…
35:25J'allais dire une des réussites de Ouattara, quoi qu'on dise.
35:30C'est-à-dire avoir réussi finalement à diversifier les partenaires.
35:34Et au-delà des partenaires, même si l'économie reste encore très extractive,
35:40là aussi, il y a eu une certaine diversification aussi quand même.
35:43C'est-à-dire que là où on était essentiellement cacao,
35:46aujourd'hui on parle de la nacarde qui est devenue une des matières
35:50très exportées par la Côte d'Ivoire.
35:53On parle des mines, du pétrole.
35:54Donc il y a…
35:56La France reste un partenaire important, mais la France n'est plus…
35:59– Oui, la Côte d'Ivoire, la Côte d'Ivoire elle-même cherche
36:03dans ce partenariat avec la France à trouver des équilibres.
36:06– Des équilibres, absolument.
36:07– Là, la Côte d'Ivoire a ouvert une ligne sur Paris.
36:09Parce que la France a trois vols, deux vols, Air France et Corsair sur Abidjan.
36:14Et Air Côte d'Ivoire a l'ambition de batailler dur pour avoir beaucoup de fréquences.
36:19– Peut-être que la Turquie-Cherlac va savoir.
36:21– Peut-être que la Turquie-Cherlac.
36:22– Mais en fait, la France a bénéficié d'une rente politique pendant des décennies
36:27et c'est fini, c'est la rente politique.
36:29– C'est fini, mais justement, les chiffres montrent qu'elle est quand même bien là.
36:32– Oui, mais enfin, il faut voir ce que finance aussi l'Agence française de développement.
36:35Enfin, on est entre nous.
36:36Mais je veux dire, il faut voir les accompagnements financiers de la France
36:41pour maintenir ses entreprises.
36:43– Vous avez quand même aussi les gros groupes.
36:45Vous avez Orange, vous avez Bouygues.
36:47– Mais il y a encore des machines de la France-Afrique.
36:53parce que je veux juste rappeler qu'hier, il y a eu un communiqué de PPACI et de PDCI-RDA,
37:00les partis de Bagbo et de Tidantiam, rappelant que l'ambassadeur de France actuel,
37:09M. Béliard, donc l'ambassadeur de France à Abidjan, a été à une cérémonie
37:14et il portait la tenue, il y avait les figures de Mme Mouattara.
37:19C'est vrai que ça s'est passé il y a quelques mois, ils ont rappelé ça dans leurs derniers communiqués.
37:25– Oui, c'est rappelé que c'est considéré comme une émission de la France.
37:31– Non, Antoine, Antoine, le dit mieux que moi, la Côte d'Ivoire a été, avec le Gabon,
37:36une des vitrines de la France-Afrique.
37:37Il reste encore des vestiges parce que la présence française
37:41et les leviers de l'économie sont encore gardés par…
37:44– Il reste des vestiges.
37:45– Alassane Mouattara est francophile quand même, Stéphane Ballong, non ?
37:50– Il est mondialisé, il est mondialisé, il n'est pas forcément francophile.
37:54– Il parle très bien anglais, il a fait une partie de son parcours au FMI,
37:59il a fait des études à Philadelphie.
38:03– Bon, un mot, je fais un dernier tour de table conclusif,
38:07quelle va être la première décision qu'il devrait prendre ?
38:10– Non, moi je crois qu'il faut que Ouattara, et c'est là la faiblesse de son bilan,
38:14c'est sur le plan de la réconciliation.
38:16Il y a encore des gens qui ont été mis en prison et je crois qu'il faut…
38:21– La réconciliation, Antoine Bézère.
38:23– Il faut qu'ils réconcilient les Ivoisiers.
38:24– Première décision qu'il devrait prendre…
38:26– Réconciliation et ruissellement social, que des gens…
38:29Comme on dit en Côte d'Ivoire, le bitume, ça ne se mange pas.
38:32Il faut donner autre chose que du bitume et des ponts.
38:34– Stéphane Ballong.
38:35– Non mais la réconciliation, il faut remobiliser les Ivoiriens
38:42autour de la question politique.
38:44Quand on voit ce taux de participation qui nous a été communiqué aujourd'hui,
38:48on ne peut pas raisonnablement accepter que les Ivoiriens
38:53soient à ce point détachés de la chose politique.
38:57– Francis Patindé, la première décision qu'il devrait prendre ?
38:59– C'est de faire en sorte que la Côte d'Ivoire à l'avenir ressemble
39:02à un pays comme les Seychelles.
39:05Vous savez que le sixième président de Seychelles a été investi hier
39:09dans l'anonymat total, Patrick Hermini, élu démocratiquement.
39:13Sixième président de ce pays, les micros-états insulaires africains,
39:17sauf les Comores, donnent de beaux exemples.
39:20Il faudra que la Côte d'Ivoire, mais également les autres pays africains
39:23s'inspirent des micros-états insulaires africains.
39:26– Merci beaucoup, Cédric Abba, Stéphane Ballon, Antoine Glazer, Francis Patindé.
39:30Merci à vous tous d'avoir suivi cette émission consacrée
39:33à cette présidentielle en Côte d'Ivoire.
39:35Vous la retrouvez sur les réseaux sociaux, sur YouTube.
39:39Je vous dis à demain.
39:39– Sous-titrage ST' 501
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