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  • 7 weeks ago

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00:00Et puis l'heure d'accueillir notre invité, c'est vous Jean-Raphaël Poitou. Bonjour à vous, vous êtes responsable Moyen-Orient pour Action contre la faim.
00:07Merci de prendre quelques instants pour répondre à nos questions. Il y a depuis l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu, ces images qui nous parviennent et commentées à l'instant par Axel Simon,
00:16de dizaines de milliers de Palestiniens qui tentent de regagner ce qui reste de leur maison. Mais la réalité aujourd'hui, c'est qu'il ne reste absolument rien.
00:24Oui, exactement. Nos collègues qui étaient à Gaza encore il y a deux semaines, la majorité sont partis.
00:34Plus d'une centaine avaient quitté Gaza City et le nord de Gaza au vu de l'offensive israélienne.
00:40Certains ont pu rentrer hier à Gaza City. Ils étaient basés à Dar el Bala ces dernières semaines.
00:47Ils ont mis 10 heures pour faire 15 kilomètres, pour vous donner une idée du trajet qu'ils ont dû parcourir.
00:53Et les retours qu'ils nous donnent, c'est que tout est détruit. Ils ont cette impression que l'armée israélienne a tout détruit à Gaza avant le cessez-le-feu
01:02pour que la vie ne soit plus possible dans le nord de Gaza.
01:06Ce qu'il faut aussi rappeler, c'est que ces familles qui tentent de regagner ce qu'il leur reste de maison, rien, des ruines,
01:13peuvent aussi se retrouver à retrouver des proches toujours sous les décombres. Comment est-ce qu'elles sont préparées à faire face à ça ?
01:22Exactement. C'est une des choses aussi sur lesquelles il va falloir, nous, en tant qu'ONG, les aider à travailler sur ça.
01:30Il y a aussi toutes ces ruines qui cachent des mines ou des engins explosifs,
01:35ce qui fait extrêmement compliquer la recherche, même de biens ou de proches qui pourraient être sous les décomptes.
01:41Donc, effectivement, c'est excessivement compliqué. Et c'est là qu'il est besoin, il est nécessaire de coordonner cette aide humanitaire.
01:48Il y a aussi ces personnes qui sont sans-abri, qui ne peuvent pas s'héberger dans les ruines de Gaza.
01:54On estime à un million de personnes ne disposant pas d'endroits où dormir.
01:58Alors, venons-en justement à cette aide humanitaire.
02:01Dans la mesure où cet accord est entré en vigueur, le COGAT, cet organisme israélien qui doit laisser passer cette aide,
02:09expliquait qu'à partir de ce dimanche, 600 camions devaient de nouveau entrer dans l'enclave.
02:14Que pouvez-vous nous dire sur l'acheminement de cette aide humanitaire ?
02:17En quelle quantité ? Et qui va la distribuer surtout ?
02:20En gros, les Nations unies ont déclaré avoir plus de 170 000 tonnes de nourriture, de médicaments, de produits d'hygiène
02:33qui sont prêts à rentrer dans la bande de Gaza.
02:36À l'heure actuelle, le nombre de points de passage est encore extrêmement limité,
02:40ce qui réduit le flux de camions pouvant atteindre toutes les régions de la bande de Gaza.
02:46Les ONG, elles, comme Action contre la faim, n'ont toujours pas les autorisations pour pouvoir envoyer du matériel à Gaza.
02:55Nous sommes dans l'impossibilité, dans notre cas, d'envoyer depuis le début du mois de mars la nourriture qui est stockée à Amman.
03:03Il y a encore, comme vous l'avez mentionné, le COGAT qui vérifie tout ce qui rentre dans Gaza,
03:09tout ce qui va être détente et qui peut être considéré par les autorités israéliennes, ce qu'on appelle un usage double,
03:14qui pourrait être utilisé par les partis au conflit, les groupes armés à Gaza.
03:20Donc, ça ralentit tout ce processus de faire rentrer de l'aide humanitaire.
03:25Et ensuite, la coordination en tant qu'ONG humanitaire, pour nous, on pousse, il n'y a qu'une seule façon de le faire,
03:31c'est à travers les agences des Nations unies.
03:34Sans elles, nous serions incapables de pouvoir répondre rapidement aux besoins actuels à Gaza
03:40qui sont énormes, comme vous pouvez vous l'imaginer.
03:44Mais pour être très clair et faire suite à ce que vous dites,
03:48on sait par exemple que l'Égypte aussi a dit que 400 camions étaient envoyés vers l'enclave palestinienne aujourd'hui.
03:55Ça veut dire que pour l'instant, il y a toujours ces contrôles.
03:57Pour être tout à fait clair et précis, qu'est-ce qui entre au moment où l'on se parle ?
04:02On est déjà à plus de 48 heures depuis l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu.
04:06À l'heure qui rentre, nous avons par exemple du matériel pour traiter les cas de malnutrition.
04:12Donc ça, c'est des matériels que nous avons, de la nourriture que nous avons grâce à l'UNICEF.
04:16Par exemple, il y a de la nourriture qui rentre.
04:19Il faut encore faire rentrer des matériels tels que de l'essence.
04:23Juste avant le cessez-le-feu, il y avait en gros 190 000 litres qui rentraient chaque semaine à Gaza
04:31pour pouvoir faire fonctionner la bande de Gaza, pour pouvoir faire fonctionner les hôpitaux,
04:35pour pouvoir faire fonctionner toute cette distribution.
04:37On estime à 1,9 million le nombre de litres nécessaires chaque semaine.
04:42Donc ça, c'est aussi un élément qui doit rentrer, qui n'est pas encore garanti.
04:45Il y a encore une façon de faire rentrer de l'argent pour faire du cash, pour faire revivre un peu ce marché.
04:52Il y a beaucoup de choses encore à l'heure actuelle qui sont en attente.
04:55Qu'est-ce que vous pouvez nous dire, Jean-Raphaël Poitou, de cette fondation humanitaire pour Gaza très contestée ?
05:02Certains témoins à Gaza disent avoir vu au moins deux sites être démantelés.
05:08Je n'ai pas encore des informations pour vous confirmer ça.
05:11Mais il y a encore cette volonté de la part du gouvernement israélien et appuyé par le gouvernement américain
05:17de maintenir ces sites de distribution.
05:20Sites que nous, organisations humanitaires, nous dénonçons.
05:23Nous ne considérons que ce n'est pas la façon de conduire des opérations humanitaires
05:27en mettant en danger la vie des personnes.
05:29Il est important de savoir que ce sont aux ONG, aux acteurs humanitaires, aux Nations Unies
05:34de se déplacer où les personnes sont et non obliger ces personnes à risquer leur vie
05:39pour pouvoir avoir un kilo de vie.
05:42Et vous, vous êtes entravé dans cette mission qui est la vôtre aujourd'hui ?
05:46Oui, comme je le disais, nous, à l'heure actuelle, nous avons dû tout évacuer Gaza City il y a deux semaines.
05:51Tous nos entrepôts ont été détruits.
05:53On doit retrouver, reconnecter avec les communautés.
05:56Tous ces déplacements insensifs constants de population est très difficile pour nous
06:01à traiter de la, par exemple, la malnutrition.
06:04On doit s'assurer d'un suivi sur plusieurs mois des enfants malnutris.
06:08Le fait aussi d'être en communication avec les communautés,
06:11le fait qu'elles se sont déplacées, ça rend difficile de réorganiser des distributions.
06:16Et le fait aussi que nous n'ayons plus ces entrepôts, comme je disais,
06:19qui ont été détruits. Nous ne pouvons pas vivre avec beaucoup de stocks.
06:22Donc, on est toujours en flux tendu et on dépend aussi des Nations Unies
06:25pour recevoir ces provisions.
06:28Vous parliez à l'instant de la malnutrition, de la famine.
06:31Soyons clairs, c'est ce que disaient les Nations Unies l'été dernier.
06:33500 000 personnes, au moins, étaient menacées de famine dans l'enclave palestinienne.
06:37Pour être clair, là encore une fois, même si l'aide humanitaire entre,
06:40même si ces populations ont accès à la nourriture,
06:42votre présence, celle d'humanitaire, est essentielle.
06:46La façon de réalimenter ces corps, si je peux parler comme ça,
06:49nécessite un accompagnement approprié, adapté, médicalisé ?
06:54Exactement. Il nécessite un suivi de ces personnes.
06:57Ce n'est pas juste en leur donnant une barre vitaminée
06:59qu'elles vont pouvoir se rétablir.
07:01Il y a un suivi qui doit être fait sur la progression du poids
07:05qu'ils prennent au fur et à mesure.
07:06Il ne faut pas leur donner n'importe quel type d'aliments
07:08parce que ça peut être aussi dangereux pour leur santé.
07:10C'est pour ça qu'il est besoin d'avoir maintenir ce cessez-le-feu,
07:13que ce cessez-le-feu se transforme en un accord de paix permanent
07:16pour qu'on puisse travailler dans des conditions adéquates,
07:19pour que les familles puissent se déplacer,
07:22pour que nous puissions aller voir ces personnes
07:23et que ces personnes bénéficient d'un support sur plusieurs mois
07:27et donc garantir cet endré de nourriture, de matériel thérapeutique
07:31qui permettront de changer la donne au niveau de la malnutrition.
07:34La bonne nouvelle, c'est que tout existe pour pouvoir sauver ces personnes.
07:38Il faut juste avoir la volonté politique de faire en sorte
07:41que tout cela rentre à Gaza et que les acteurs humanitaires
07:43aient accès à toute région de la bande de Gaza.
07:47Jean-Raphaël Poitou, cette aide humanitaire qui est de nouveau acheminée,
07:51elle est possible aussi parce qu'il y a ce cessez-le-feu qui est entré en vigueur.
07:55Est-ce que tout de même, l'humanitaire que vous êtes,
07:57vous regrettez que cette aide humanitaire soit conditionnée à un cessez-le-feu ?
08:02Elle aurait dû pouvoir être acheminée avant même cet accord ?
08:05Exactement. L'aide humanitaire ne peut pas être politisée,
08:09l'aide humanitaire ne peut pas être conditionnée à quelque décision que ce soit.
08:15On a juste l'espérance de ne pas revoir ce qui s'est passé au début de l'année,
08:20c'est-à-dire qu'à la fin de la première phase, les hostilités ont repris.
08:23Et pour être tout à fait honnête, les premiers éléments que nous transmettent
08:27les personnes qui sont en tournée à Gaza et nos équipes,
08:30il y a beaucoup moins d'espoir à l'heure actuelle,
08:32vraiment avec cette incertitude de la fin de la phase 1 par rapport au début de l'année.
08:39C'est-à-dire, vous craignez qu'une fois la libération des otages et cet échange de prisonniers actifs,
08:45vous vous y préparez ?
08:47C'est pour ça, oui, on y prépare,
08:49parce qu'on ne peut pas aussi être à chaque fois en train de redéplacer tous nos matériels,
08:53reconstruire à Gaza et devoir requitter Gaza.
08:57C'est ce qui s'est passé plusieurs fois et c'est très dur logistiquement.
09:01Donc effectivement, c'est un des scénarios que nous avons sur la table,
09:03la possibilité que cette phase 1 n'aille pas plus loin.
09:07D'un mot, quelques secondes, vous auriez aimé, vous, humanitaire que vous êtes,
09:10être associé aux discussions, aux négociations, de se cesser le feu, de jouer un rôle pleinement ?
09:18Je pense qu'effectivement que les ONG,
09:20au moins avec la coordination des Nations Unies,
09:22doivent être incluses dans ce plan de paix qui est prévu.
09:26Mais c'est surtout la société palestinienne qui doit être impliquée dans ce plan.
09:30Et ce plan doit aussi, et je me permets d'ajouter,
09:33ne doit pas oublier la Cisjordanie,
09:35parce que la Cisjordanie actuelle n'est pas prise en compte dans son plan de paix.
09:41Merci beaucoup Jean-Raphaël Poitou.
09:43Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions sur France 24.
09:45Je rappelle que vous êtes le responsable Moyen-Orient pour Action contre la faim.
09:48Merci.
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