00:00On accueille tout de suite notre invité, c'est vous Antoine Renard.
00:03Bonjour à vous, vous êtes directeur du PAM pour la Palestine.
00:05Merci beaucoup de prendre quelques instants pour répondre aux questions de France 24.
00:08Vous étiez pendant plusieurs jours à Gaza, à Gazaville, à Der Albala et à Kanyounes notamment.
00:14Quelle est la dernière image Antoine Renard que vous avez en tête au moment où l'on se parle ?
00:21Pour moi le plus important c'est de voir soudainement ce flux de population qui remonte vers la ville de Gaza.
00:26J'y étais lundi dernier justement pour voir quelles étaient les conditions avant même que nous étions dans ce qu'on appelle maintenant ce cessez-le-feu qui se met doucement en place.
00:36Et la route principale qui s'appelle El Rachid était complètement vide.
00:40Et vous imaginez que depuis maintenant deux jours, depuis midi, vous avez un flux constant de population qui remonte vers le nord
00:49pour voir qu'est-ce qui reste justement de leur lieu d'habitation, de là où ils étaient il n'y a même pas un mois.
00:56Donc je crois que le plus important pour nous maintenant c'est de voir ce flux qui remonte vers le nord,
01:00de voir des populations qui également ont beaucoup d'attentes par rapport à ce cessez-le-feu.
01:05Et je crois que le plus important c'est d'assurer qu'on puisse les atteindre où qu'elles soient.
01:10Alors justement comment est-ce que vous allez pouvoir les atteindre ?
01:12Comment coordonner cette aide humanitaire ?
01:14L'un de vos confrères humanitaires tout à l'heure disait qu'il fallait des abris pour au moins un million de personnes
01:18qui n'ont nulle part où dormir aujourd'hui dans l'enclave.
01:23Ce qui arrive pour l'instant c'est qu'on avait réussi, je dirais, malgré le fait qu'on n'était pas dans des conditions de cessez-le-feu,
01:29d'amener déjà plus de nourriture.
01:31Puisque pour rappel, le 22 août, les conditions de famine avaient été confirmées justement dans le nord de Gaza.
01:36Donc je crois que le plus important pour nous c'est que le flux qu'on avait déjà réussi à amener,
01:41rien que sur, je dirais, les six dernières semaines,
01:44on avait amené pratiquement 45% de tout ce qui est produits alimentaires de base.
01:48Mais par contre ce flux n'arrivait malheureusement plus dans le nord de Gaza.
01:52Donc l'essentiel maintenant, au-delà des 600 camions par jour,
01:55c'est le fait que tous les différents points d'entrée dans Gaza soient effectifs.
02:00Nos équipes étaient hier matin justement dans la zone de Zikkim qui est vraiment dans le nord de Gaza.
02:06Ce point d'entrée-là est vraiment la possibilité pour tous ceux qui sont encore dans la ville de Gaza.
02:12Si cette aide n'arrive pas à travers Zikkim,
02:14clairement nous aurons des difficultés vu les mouvements des populations actuelles.
02:18Donc tous les points d'entrée doivent être ouverts.
02:20Et il faut maintenant que les populations arrivent vraiment à avoir,
02:24pas simplement l'aide alimentaire, c'est l'aide médicale,
02:26c'est justement tout ce qui est abri, également l'accès à l'eau.
02:29Donc c'est un flux continu maintenant qu'on espère, en tant qu'humanitaire.
02:33On a les moyens, on a tout ce qu'il faut, on l'a fait en janvier 2025.
02:36On espère que les conditions qu'on avait eues à l'époque vont être répétées avec le cessez-le-feu.
02:41Mais pour bien comprendre ce que vous dites Antoine Renard,
02:44c'est que ces 600 camions d'aide humanitaire promis par le COGAD conformément à l'accord,
02:48pour l'instant ils n'entrent pas, ils sont contrôlés, ils sont ralentis.
02:52Qu'est-ce qui se passe concrètement ?
02:55Pour l'instant vous avez justement le fait qu'il va y avoir,
02:58et on est vraiment encore très tôt dans toutes ces conditions de cessez-le-feu.
03:01Vous allez avoir demain, normalement, la remise des otages.
03:05Et ces fameux 600 camions par jour se mettent en place.
03:08Ils se mettent en place de manière graduelle, mais par contre, on a tous les moyens pour que ça soit effectif.
03:12On a la nourriture qui est en Égypte, on l'a également à Ashdod, qui est le port en Israël.
03:18Et également en Jordanie, on doit s'assurer également que le couloir jordanien fonctionne.
03:22Donc maintenant je dirais que c'est un travail continu.
03:24Il y a également les congés qui sont les congés pour l'instant juifs.
03:27Donc du coup, le plus important pour nous, c'est d'assurer qu'en moyenne, 600 camions par jour arrivent.
03:34Et donc ça fait 4200 camions par semaine.
03:36Je crois qu'il y a moyen de pouvoir le faire en tant qu'humanitaire.
03:39Maintenant, on doit s'assurer que la volonté politique, avec les médiateurs, avec les différents belligérants de ce conflit,
03:45s'assure qu'on atteigne les populations.
03:47D'accord, mais pour l'instant, cette aide, elle est vraiment conditionnée à la libération effective des otages.
03:53Donc ça pourrait avancer d'ici demain, pas avant.
03:56Alors que le CCC est en vigueur depuis 48 heures.
04:00Tout à fait, mais ça avance déjà parce que lorsqu'on voyait les derniers jours,
04:04on avait beaucoup plus de camions qui commençaient à entrer.
04:07Maintenant, ce qui se passe, c'est que vous avez une forte, je dirais, congestion des camions
04:10parce qu'il n'y a que deux points d'entrée.
04:12C'est Karen Shalom et c'est Kisoufim.
04:14C'est totalement insuffisant par rapport au volume qui est nécessaire.
04:18Hier soir, pour vous dire comment est-ce que nous travaillons pratiquement 24 heures sur 24,
04:22nous avions des équipes qui sont parties à 10 heures du soir de Der Al-Bayla
04:25pour aller à la Sécre-en-Shalom et elles sont arrivées à 2h30 du matin.
04:28C'est vous dire que le travail est continu
04:30et nous allons nous assurer, en tant qu'humanitaire, de faire notre perte du travail.
04:34Nous avons tous les moyens pour le faire.
04:35Merci beaucoup Antoine Renard.
04:37Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions sur France 24.
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