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  • 7 weeks ago

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00:00Dans l'actualité également, la guerre en Ukraine.
00:02Vendredi dernier, Donald Trump a sommé une énième fois Vladimir Poutine de mettre fin à la guerre qu'il a lancée en février 2022.
00:09Le locataire de la Maison Blanche a menacé de livrer à Kiev des missiles de croisière Tomahawk en cas de refus.
00:16Volodymyr Zelensky et Donald Trump doivent s'entretenir ce vendredi à Washington.
00:20On vous retrouve dans la capitale américaine.
00:21Mathieu Mabin, bonjour.
00:23Ces menaces, elles peuvent être mises à exécution ?
00:26C'est crédible ?
00:30Oui, mais d'abord, rappelons un peu ce que sont ces missiles Tomahawk.
00:35On parle de missiles long porté, vous l'avez dit, qui peuvent frapper des cibles à 1600 km de leur site de lancement.
00:41Mais attention, ces systèmes d'armes sont conçus pour être tirés depuis les airs ou depuis la mer.
00:47C'est-à-dire depuis des avions, compatibles avec ces systèmes d'armes évidemment, ou depuis des destroyers ou des sous-marins.
00:54Ça veut dire concrètement que la livraison de ces missiles ne suffirait pas.
00:59En dehors du fait qu'elle incarne, c'est vrai, cette livraison, une volonté diplomatique de faire plier Moscou, ça c'est incontestable.
01:06Elle impliquerait également la mise en œuvre des plateformes de lancement que l'on vient d'évoquer.
01:10Or, à ce jour, l'armée ukrainienne ne dispose pas en nombre suffisant, en tout cas d'aéronefs adaptés,
01:16et encore moins d'une flotte furtive capable d'embarquer des tomahawks.
01:20Sur le champ de bataille global de l'Ukraine, cette annonce en forme de menace, c'est à peu près clair,
01:27prend donc une dimension supérieure à tout ce que l'on a pu observer jusqu'à présent.
01:31C'est ça que ça veut dire.
01:32Il ne s'agit pas là de livrer quelques chars devenus globalement obsolètes sur le terrain,
01:37en tout cas depuis la guerre des drones, ni même quelques F-16,
01:40mais bel et bien de donner une autre dimension au conflit.
01:44Plus personne ici, d'ailleurs, dans l'entourage du président, ne s'embarrasse plus de prudence
01:49quand il s'agit d'évoquer une quelconque forme d'escalade.
01:53Dans l'esprit de Donald Trump, et surtout dans la manière dont il formule les choses,
01:57sur l'Ukraine en tout cas, la seule personne qui peut sauver l'Ukraine aujourd'hui,
02:01c'est le président américain.
02:02Et peu importe que Vladimir Poutine continue à afficher une certaine forme de confiance
02:06en ses opérations militaires en Ukraine.
02:08La réalité, c'est que le plus vaste pays du monde est incapable de venir à bout de l'armée ukrainienne, concrètement.
02:17Celui sur qui il faut néanmoins garder un œil, en revanche,
02:20et celui qui finalement est le seul sur la planète à pouvoir faire fléchir Donald Trump,
02:25c'est Xi Jinping.
02:26Rappelez-vous de son discours de la place Tiananmen,
02:29quand le numéro 1 chinois a exposé la toute-puissance de son armée
02:32en y assortissant un chapelet d'expression de défiance à l'égard du président américain.
02:38C'est d'ailleurs de cela que Vladimir Poutine tire sa confiance, dans le fond,
02:42bien plus en tout cas que des performances piteuses de son armée sur le champ de bataille.
02:47Aujourd'hui, la seule chose qui empêche Donald Trump de dire aux Européens
02:51« Allez-y, libérez l'Ukraine, on est derrière vous », c'est bien la réaction que cela susciterait à Pékin.
02:57Il faut aussi imaginer que sur la lancée de l'accord de cesser le feu à Gaza,
03:01le président américain veut conclure un nouvel accord, accord qui semble aujourd'hui bien lointain.
03:08Vous avez absolument raison de lier ces deux actualités qui sont pourtant distantes et tellement différentes.
03:14Dans l'esprit de Donald Trump, la page du Moyen-Orient est quasiment tournée, c'est vrai.
03:19On connaît désormais la méthode Trump, cette manière de procéder qui ne ressemble à aucune de celles de ses prédécesseurs,
03:25c'est le moins qu'on puisse dire.
03:27Bien sûr, il gardera un œil sur le déroulement des prochaines phases de l'accord, attention,
03:31mais son but était avant tout la libération des otages et surtout un cessez-le-feu à Gaza,
03:37redevenir l'homme de la paix qu'il a promis d'être.
03:40Le fait qu'il a obtenu et qu'il a pu célébrer sa victoire en Égypte cette semaine,
03:45cela a d'abord eu comme effet d'assommer littéralement toute velléité de l'opposition démocrate ici.
03:50C'est un petit détail qu'il faut préciser.
03:53Ne serait-ce que de s'exprimer, cette opposition démocrate, sur quelque sujet que ce soit,
03:58y compris sur l'incapacité de l'État fédéral à disposer d'un budget, d'ailleurs.
04:02Et oui, maintenant, il va pouvoir s'emparer du dossier ukrainien,
04:05donc avec autant de tact diplomatique, c'est-à-dire sans aucune forme de tact,
04:10mais en obéissant aux seules règles qu'il connaît, dans le fond, celles du rapport de force entre nations.
04:16L'Amérique est la plus forte militairement, c'est un fait, et sans doute économiquement,
04:20c'est un fait également pour le président américain.
04:23Ce sont les seules légitimités qui comptent.
04:26Tout le reste n'est que bavardage de diplomates, selon lui.
04:29Souvenez-vous de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre et du portrait qu'il a fait de l'ONU.
04:33L'ONU qui ne fait pas, selon lui, partie de l'équation de la reconstruction de Gaza,
04:37et encore moins de la constitution d'une force de sécurité dans l'enclave palestinienne.
04:43S'agissant de l'Ukraine, Donald Trump semble avoir admis que le chemin du dialogue avec Moscou est fermé,
04:49jusqu'à nouvel ordre, ni plus ni moins.
04:51La grande messe en Alaska, vous vous en souvenez, cet été, a accouché de ce qu'elle promettait, c'est-à-dire de rien.
04:57Le président américain vit depuis, avec la frustration d'avoir offert à Vladimir Poutine une visibilité qu'il ne méritait pas.
05:05Or, Donald Trump n'est pas véritablement connu pour composer avec la frustration.
05:10Sa position, depuis quelques semaines maintenant, a donc diamétralement changé,
05:15fini les menaces de couper les vivres à l'OTAN.
05:17Bien au contraire, l'organisation transatlantique est le dernier levier qui lui reste pour contraindre, cette fois militairement, Moscou.
05:25Et rappelons pour finir que le président américain a même évoqué la reconquête totale des territoires perdus en Ukraine.
05:31Et voilà typiquement le genre de perspective qui peut effectivement faire douter Moscou.
05:36Une Amérique qui alimenterait financièrement et via son industrie de défense,
05:41une armée ukrainienne et les armées européennes,
05:43qui sont désormais tenues par quelques engagements préalables quand même,
05:47cela permettrait à Donald Trump de tenir sa parole,
05:49pas un seul soldat américain sur le sol ukrainien,
05:52et de faire le bonheur du complexe militaro-industriel américain,
05:55en facturant ses prestations à la coalition des volontaires pour l'Ukraine.
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