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00:00Il a donc troqué son cri militaire pour le costume cravate.
00:03Le colonel Handjanirin investit président de la refondation de la République ce matin à Antananarive, à Madagascar.
00:11Une cérémonie organisée à la haute cour constitutionnelle.
00:14Le nouvel homme fort du pays promet de travailler, je cite, main dans la main avec toutes les forces vives de la nation
00:19afin d'élaborer une belle constitution de la République.
00:23Je vous propose d'écouter un extrait de sa prise de parole.
00:26Le jour d'aujourd'hui marque un tournant historique pour notre pays.
00:33Avec un peuple en effervescence, mu par la volonté du changement et par l'amour profond de sa patrie,
00:42nous ouvrons avec allégresse un nouveau chapitre de la vie nationale.
00:49Nous nous engageons à une rupture avec le passé.
00:53Notre mission principale est de réformer en profondeur les systèmes administratifs,
01:01socio-économiques et politiques de gouvernance du pays.
01:05Cette refondation tant attendue du peuple se déroulera sous notre pilotage et coordination.
01:13Et on accueille tout de suite notre invité, c'est vous, Christiane Rafidine Arrivon.
01:19Bonjour à vous, merci de prendre quelques instants pour répondre à France 24.
01:22Vous êtes politologue, chercheuse associée au SEVIPOF à Sciences Po.
01:26On vient d'écouter à l'instant donc le nouvel homme fort du pays lors de sa prestation de serment.
01:30Le jour d'aujourd'hui, a-t-il dit, marque un tournant historique pour notre pays,
01:33avec un peuple en effervescence, mis par la volonté de changement.
01:36Il promet la rupture. Est-ce que vous, vous y voyez réellement la rupture
01:40ou la continuité dans la longue succession prise de pouvoir par les militaires à Madagascar ?
01:48Le nouveau président promet la rupture dans le sens où le titre d'ailleurs officiel de sa présidence
01:54est président de la refondation.
01:56Et donc le projet de transition est d'élaborer une nouvelle constitution
02:03et mener à des élections générales, donc présidentielles, dans les 18 ou 24 mois à venir.
02:12Donc de ce côté-là, ce qui est annoncé est certainement une rupture
02:15puisqu'il s'agit aussi de dissoudre ou de suspendre les institutions
02:21qui ont été créées par la constitution de 2010,
02:25c'est-à-dire celle qui a été donc élaborée après la prise de pouvoir par Andra Zouel,
02:32coup d'État condamné par la communauté internationale.
02:34La constitution a servi alors de guide pour la sortie de crise
02:39dans les négociations de sortie de crise qui ne sont intervenues que quelques années après, en 2014.
02:46Donc c'était très important en termes de rupture, effectivement,
02:49de proposer comme ligne d'action ce changement de système politique.
02:56Est-ce que c'est légal aussi dans la forme que prend cette rupture qu'il annonce ?
03:05Dans la mesure où il a prêté serment.
03:10Son serment, il l'a fait devant la haute cour constitutionnelle
03:13qu'il a désignée pour être donc le nouveau président de la République de Madagascar.
03:19Et donc, c'est un pouvoir qui a trouvé un fondement constitutionnel
03:25décidé par le juge constitutionnel.
03:27Donc là, c'est évident que ce n'est pas l'accession la plus courante au pouvoir,
03:34mais c'est donc le fondement constitutionnel qui a été trouvé
03:37dans la configuration de vacances du pouvoir,
03:39suite au départ d'Andra Zouel et au fait aussi que le président du Sénat,
03:45qui devait faire l'intérim, est introuvable.
03:47Et qui disait à Christiane Rafidina-Riv,
03:49qu'Andra Zouel, que vous évoquiez à l'instant,
03:51disait encore il y a deux jours qu'il restait le président de Madagascar.
03:55Il n'est plus présent dans le pays.
03:57D'un point de vue, et je reviens encore au droit et à la légalité,
04:01qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
04:02Il y a de facto deux présidents ?
04:06D'un point de vue de la légalité, la haute cour constitutionnelle,
04:10qui est l'instance mise en place par la constitution, a tranché.
04:16C'est un jugement à tranché.
04:20Et donc, du point de vue légal, en tout cas,
04:23c'est en termes de souveraineté de Madagascar,
04:27donc c'est le nouveau président.
04:29Andra Zouel considère, en tout cas d'après ses déclarations,
04:33qu'il est toujours président,
04:36mais même s'il le dit,
04:37il n'a plus l'effectivité du pouvoir de toute façon.
04:40Donc, des deux points de vue,
04:42on se retrouve ici face au début, effectivement,
04:45d'un nouveau système politique qui se met en place.
04:48Et ce qui est intéressant à observer d'ailleurs,
04:50c'est que toutes les représentations étrangères
04:52étaient présentes à ce serment d'investiture.
04:55Et on va y revenir, justement, à ces délégations présentes.
04:57Il y avait aussi présents à cette cérémonie
05:00des représentants du mouvement de contestation Gen Z.
05:03C'est d'abord par ce mouvement,
05:05lancé le 25 septembre prochain,
05:07que cette séquence aujourd'hui se tient.
05:09Est-ce que ce qui se passe aujourd'hui
05:10vient clore cette séquence-là ?
05:12Et est-ce que d'une certaine manière,
05:14aussi, on est en train de leur confisquer le mouvement
05:16qui est d'abord parti de la rue ?
05:17Quelle est votre analyse là-dessus ?
05:21Alors, le nouveau président, il y a quelques jours,
05:25a demandé aux manifestants de retourner à leurs occupations,
05:32donc à la vie quotidienne.
05:34Et il a bien précisé que ce n'était pas un ordre,
05:36mais une demande seule-là a été faite.
05:38Donc, il n'y a pas eu de répression,
05:42il n'y a pas eu d'obligation.
05:44Ça s'est réalisé.
05:45Donc, tout le monde s'est tourné vers cette nouvelle phase,
05:48qui est une phase politique et institutionnelle,
05:50du changement, en tout cas.
05:53Et la question qui se pose,
05:55qui est aussi posée,
05:56c'est ce risque de confiscation que vous évoquiez.
06:00Vous disiez ?
06:00Oui, oui, non, je vous en prie.
06:01C'est ce que vous disiez.
06:02Pardon, je vais un peu vite,
06:03parce que le temps va nous manquer.
06:04J'ai beaucoup de questions à vous poser.
06:06Et justement, est-ce qu'il y a un rapport de confiance ?
06:08Je vous en prie, je vous en prie, continuez.
06:11Il y a un rapport de confiance.
06:14Alors, c'est assez remarquable,
06:16dans le sens où le mouvement s'est développé
06:19dans un contexte de défiance généralisée
06:21vis-à-vis du pouvoir en place.
06:24Et quand l'armée, en l'occurrence,
06:29le contingent du CAPSAT,
06:32a refusé de tirer sur la foule
06:34et s'est rapproché
06:36et a rejoint les manifestants
06:38sur la place publique,
06:39ce qui s'est passé à ce moment-là,
06:42ça a été évidemment un basculement significatif
06:45dans le mouvement
06:46et aussi significatif
06:48dans la décrédibilisation du pouvoir en place.
06:52Mais dans le même temps, si on peut dire,
06:55il y a eu une confiance accrue
06:57dans ce contexte-là
06:58vis-à-vis de ces militaires
07:00pour qu'ils puissent donc trouver une solution politique
07:05pour répondre aux revendications.
07:10Et c'est cela auquel nous assistons aujourd'hui.
07:13Donc, la lucidité sur les risques
07:15que cela peut encourir à la démocratie
07:17et notamment pour ce mouvement Gen Z d'un côté,
07:21mais la confiance l'emporte
07:23dans le sens où la population
07:26et la Gen Z,
07:28donc au cœur de cette population,
07:30considèrent que ce pouvoir civil
07:33que les militaires veulent mettre en place,
07:35qu'ils déclarent vouloir mettre en place,
07:37en tout cas,
07:37peut avoir beaucoup plus de chances
07:39de faire aboutir leurs revendications
07:41et de trouver des solutions
07:42déjà au côté matériel,
07:44donc des revendications sociales
07:45et des droits fondamentaux,
07:47l'eau, l'électricité,
07:48mais aussi aux revendications politiques
07:50de changement de système,
07:51de refondation,
07:53tel est le mot en malgache,
07:55traduit en français,
07:56donc qui a été choisi comme ligne politique.
07:59Et Christiane Raffi-Dinariv,
08:01je voudrais vous faire réagir
08:02au mot du président français
08:04il y a trois jours.
08:04Emmanuel Macron a d'abord rappelé
08:06qu'il était important
08:07de poursuivre l'ordre constitutionnel.
08:09Il a également salué cette jeunesse
08:10mobilisée et politisée.
08:12Il a également, dans le même temps,
08:14mis en garde
08:15contre la récupération de ce mouvement
08:18par des factions militaires
08:19ou d'ingérence étrangère.
08:20Qu'est-ce qu'il faut comprendre
08:21à travers ce terme
08:22d'ingérence étrangère,
08:23d'après vous ?
08:25Je ne me permettrai pas
08:26de dire ce que le chef de l'État
08:28a en tête quand il dit ça,
08:29mais dans le contexte géopolitique,
08:34donc depuis quelques années déjà,
08:36dans l'océan Indien
08:37et particulièrement Madagascar,
08:38il y a une compétition
08:39de plus en plus ravivée
08:41entre puissances,
08:43donc au sens des grandes puissances,
08:45mais aussi avec l'arrivée
08:46de nouveaux acteurs,
08:47donc les puissances émergentes,
08:48la Russie, la Chine,
08:50l'Afrique du Sud,
08:51qui sont des acteurs importants
08:54de la vie internationale
08:56de la région,
08:58mais qui sont aussi
08:59des acteurs importants
09:00donc de la communauté internationale
09:03à Madagascar.
09:04Et il est clair que,
09:07pour qu'un pays comme Madagascar,
09:09très pauvre,
09:10puisse garder sa souveraineté,
09:13l'État de droit est évidemment
09:14à quelque chose de très important
09:16et donc c'est sans doute
09:18dans ce sens-là
09:19puisque le projet maintenant
09:20est de changer de constitution,
09:22mais de le faire
09:23dans les règles démocratiques,
09:24dans les règles de changement
09:26constitutionnel,
09:27de constitution,
09:28si on peut dire,
09:29en tout cas de légitimité
09:30d'un pouvoir
09:31qui change de système politique.
09:34Et le souci pour la démocratie
09:37est évidemment un souci pour tous.
09:40Mais qui peut,
09:41d'une certaine manière,
09:42surveiller le respect
09:45des engagements pris aujourd'hui,
09:47la tenue de ces élections
09:48annoncées d'ici deux ans,
09:50qui pourrait observer
09:51ce qui suit de presse
09:53que, par exemple,
09:54les acteurs du collectif Gen Z
09:55auraient un vrai rôle politique
09:57à exercer ?
10:00Le revendique, en tout cas,
10:02ils se disent mouvements citoyens
10:03et en tant que citoyens,
10:05participer au débat public,
10:08à l'élaboration des problèmes publics
10:10et donc au rôle que pourraient jouer
10:13les pouvoirs publics
10:14dans la solution des problèmes
10:16qui sont identifiés,
10:18diagnostiqués,
10:20donc auxquels on cherche
10:21une solution dans le pays,
10:24avec, mais pas en dehors
10:26ou contre les citoyens.
10:29Donc, c'est certain
10:30qu'ils peuvent, évidemment,
10:32continuer à jouer ce rôle-là.
10:34Ils peuvent aussi,
10:35ils l'ont déjà annoncé,
10:37participer au pouvoir politique,
10:39institutionnel,
10:40donc on verra si ça se fait
10:41puisqu'on annonce
10:42à un Premier ministre
10:44un gouvernement très rapidement.
10:46Ils peuvent aussi, évidemment,
10:48contribuer de façon
10:49beaucoup plus dans le temps long
10:50pour constituer,
10:52élaborer peut-être
10:53une nouvelle configuration
10:55de leur mouvement
10:56en termes politiques,
10:58pourquoi pas de partis politiques,
10:59mais il y a eu un tel travail
11:01de décrédibilisation
11:03des partis politiques
11:04que la socialisation politique
11:06des jeunes
11:07et de l'ensemble des citoyens
11:08à Madagascar
11:09se trouve marquée
11:11par cela
11:12décrédibilisation
11:13venue de discours
11:15de l'extérieur de Madagascar,
11:16mais aussi à l'intérieur
11:17de Madagascar.
11:19Merci.
11:19Et pourtant,
11:19ce sont les partis politiques
11:20qui structurent la vie politique.
11:22Merci beaucoup, Christiane.
11:23L'Assemblée nationale
11:24est un garde-fou,
11:25il n'est pas dissous.
11:26Et ce sera le mot de la fin.
11:27Merci beaucoup,
11:28merci d'avoir pris le temps
11:28de répondre à nos questions
11:29sur France 24.
11:30Merci à tous.
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