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00:00Vous êtes sur France 24 et vous avez raison, bienvenue dans votre journal de l'Afrique.
00:08A la une ce soir, une édition spéciale consacrée à la situation politique à Madagascar.
00:14Le pays est secoué par des manifestations d'une ampleur sans précédent depuis 15 ans, au moins 22 morts.
00:20La jeunesse de la Gen Z se mobilise depuis 10 jours, au départ autour de revendications sociales.
00:26Il réclame à présent la fin de la corruption et la démission du président Ange Rajouel,
00:30qui lui accuse une puissance étrangère d'être à la manœuvre pour déstabiliser le pays.
00:35Et pour en parler, nous recevons Patrick Rajouel, ancien ministre des Affaires étrangères et conseiller diplomatique du président.
00:42Il est en plateau avec nous et en ligne, nous avons Luc Razanajon, réalisateur malgache en liaison depuis Toulouse.
00:51Et pour ouvrir cette édition spéciale consacrée à la situation politique à Madagascar,
00:55à retour sur ces 10 jours de revendications.
00:58D'abord en dénonçant les coupures d'eau et d'électricité.
01:02À présent, les jeunes réclament la démission du président et la fin de la corruption.
01:07Clémence Valère.
01:09On demande juste nos droits.
01:11Ils réclament de l'eau.
01:13Ils réclament de l'électricité.
01:15Ils réclament leurs droits fondamentaux.
01:1925 septembre 2025, la jeunesse malgache se mobilise pour dénoncer les délestages et autres pénuries
01:26qui paralysent parfois les foyers et les entreprises pendant plus de 12 heures.
01:30Les rassemblements pacifiques se retrouvent violemment réprimés par les forces de l'ordre.
01:34L'ONU comptabilise 22 morts et plus de 100 blessés.
01:37Des chiffres que nie le gouvernement.
01:39Pour tenter d'apaiser la colère des citoyens,
01:41le président Ange Rajouel limoge son premier ministre et le gouvernement entier.
01:47Suivant l'article 54 de la Constitution,
01:50j'ai décidé de mettre fin en fonction du premier ministre et du gouvernement.
01:55En attendant la formation du nouveau gouvernement,
01:58ceux qui sont en place assureront l'intérim.
02:01Cependant, ce n'est pas assez pour calmer la jeunesse.
02:04Très vite, les revendications s'élargissent pour dénoncer la corruption
02:07et la mauvaise gouvernance de Madagascar.
02:09Les manifestants accusent le gouvernement de ne pas avoir à améliorer les conditions de vie des Malgaches
02:14depuis la réélection du président Rajouel en 2023.
02:18Le président ne fait que mentir, il ne nous écoute pas.
02:21Tout ce que nous réclamons, c'est qu'il parte.
02:23On veut un changement.
02:25Les syndicats appellent à la grève générale,
02:27la pression populaire reste forte
02:29et l'opposition demande ouvertement la démission du chef d'État.
02:33Sur une vidéo postée sur Facebook,
02:34le président accuse les manifestants d'être manipulés par des influences étrangères
02:38et s'est dit être ouvert à la discussion concernant les problèmes sur l'île.
02:42Ils veulent simplement prendre le pouvoir pour exploiter les mines de Madagascar.
02:49Comme dans d'autres pays d'Afrique,
02:53je suis prêt à vous écouter.
02:55Et par-dessus tout, je suis prêt à aider à trouver une solution pour le pays.
02:59Début octobre, les partisans du gouvernement se mobilisent en soutien du chef d'État.
03:05De leur côté, plus nombreux, les manifestations menées par la Gen Z
03:09continuent sur l'île, qui restent violemment réprimées par les forces de police.
03:13Merci de nous retrouver sur France 24 pour cette édition spéciale du JTA consacrée à la situation politique à Madagascar.
03:21Pour en parler, deux invités ici sur le plateau.
03:23Patrick Rajouel, ancien ministre des Affaires étrangères et conseiller diplomatique du président.
03:28Et depuis Toulouse, le réalisateur Luc Razanajon,
03:31dont le dernier film Disco Africa,
03:33résonne fortement avec la colère actuelle de la jeunesse malgache.
03:37Bonsoir à vous deux.
03:38Monsieur Patrick Rajouel, merci d'être là.
03:40On a entendu le président Rajouel parler d'une tentative de coup d'État numérique
03:46venu de l'étranger.
03:47De quel pays parle-t-on ?
03:49Et est-ce que vous avez des preuves ?
03:51Nous avons naturellement des preuves sur cette cyberattaque massive
03:56qui est associée naturellement à une campagne de déstabilisation.
04:01Il y a effectivement une officine d'État qui a été tout à fait identifiée par nos services,
04:07mais également par d'autres services étrangers.
04:10qui alimentent la jeunesse naturellement par rapport à, disons,
04:17toute la sphère des réseaux sociaux.
04:20Et on parle de quel pays, précisément ?
04:21On parle d'un pays.
04:22Mais lequel ?
04:23Vous ne pouvez pas donner le nom du pays qui déstabilise Madagascar ?
04:26Non, ce pays sait que nous savons.
04:29D'accord, mais vous avez des preuves que vous ne pouvez pas avancer, c'est ça ?
04:32Nous avons des preuves de traçabilité naturellement.
04:36Il y a évidemment des serveurs qui envoient des informations à un certain nombre de jeunes
04:45qui ont déjà été ciblés.
04:48Et ensuite, dès lors que l'on clique sur ce serveur, il n'y a personne derrière.
04:53Nous savons qu'il y a une officine d'État derrière ces serveurs qui titille la jeunesse, si je puis dire.
05:02D'accord.
05:02Vous direz qu'il l'instrumentalise ?
05:04Évidemment.
05:05D'accord.
05:06J'aimerais qu'on entende...
05:07Dans un but de déstabilisation.
05:09De déstabiliser le pays.
05:11Je préfère, je voudrais à présent, si vous voulez bien, qu'on entende Luc Razanajan,
05:16lui qui est depuis Toulouse, qu'on entende sa réaction à ses propos du président.
05:22Luc Razanajan, vous avez dans votre film, notamment entre autres, Disco Africa,
05:27montré une jeunesse lucide, révoltée, mais structurée.
05:31Comment percevez-vous la déclaration du président qui accuse des robots, tout simplement, de manipuler la jeunesse ?
05:40Tout d'abord, bonsoir à tous les téléspectateurs et aussi salutations à vous, monsieur le ministre Manad Jatouk.
05:49Au fait, ce qui se passe, c'est que par rapport au film que j'avais écrit et par rapport au fait que mes propos,
05:58c'est que j'avais écrit ce film il y a dix ans.
06:02Pourquoi ? Parce que c'était un constat qu'il y a des choses qui ne marchaient pas dans le pays
06:06et que la jeunesse était vraiment dans un certain désarroi.
06:11Ça correspond exactement au moment où j'étais revenu de l'école de cinéma au Maroc.
06:16Et surtout, je tiens à saluer qu'avant d'être cinéaste,
06:22moi j'étais travailleur social dans les rues de Tananarive après les crises de 2002.
06:26Et c'est exactement les choses qu'on vit à cette époque-là jusqu'à maintenant.
06:32Donc, par rapport à ce que vous avez dit, monsieur le ministre, je ne suis pas assez d'accord
06:37parce que peut-être c'est vrai qu'il y a des choses qui se passent à côté.
06:42Mais ce qui arrive aujourd'hui, c'est qu'à force d'avoir une jeunesse qui a été délicée pendant beaucoup d'années,
06:51on peut dire pendant une vingtaine d'années, trentaine d'années,
06:55et surtout à force d'avoir une jeunesse qui a essayé de survivre à Madagascar,
07:01c'est des jeunes qui sont diplômés, c'est des jeunes qui ont monté des entreprises.
07:05Mais à cause du fait que le minimum du droit humain, c'est-à-dire l'eau, l'électricité,
07:13et aussi le besoin de vraiment être accompagné par un État responsable,
07:18eh bien, les jeunes sont dans la rue aujourd'hui.
07:20Et je pense que c'est un échec des 65 ans. Allô ?
07:24Oui, oui, oui. Non, non, on vous entend, Luc Razzanajone.
07:27On va poursuivre la conversation. J'aimerais entendre le ministre sur cette question-là précisément.
07:34On a vu les revendications qui partaient évidemment des revendications sociales,
07:39du manque d'électricité, des délestages d'eau, etc.
07:43Est-ce que cette réalité-là, vous la niez ?
07:45Absolument pas.
07:46Malakour Zandri, je suis tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit, Luc,
07:52dans la mesure où, bien sûr, ces difficultés, nous les vivons tous les jours à Antanarive.
07:58Mais je voudrais surtout dire que nous sommes au pouvoir, effectivement.
08:02Depuis longtemps.
08:03Sauf que cela ne concerne pas que Antanarive.
08:06Ça concerne également les villes de province.
08:08Et dans les villes de province, nous n'assistons pas à des violences telles que nous assistons à Antanarive.
08:15Oui, mais on peut dire que la capitale est quand même plus grande, plus structurée.
08:18Peut-être que c'est là-bas que ces phénomènes-là peuvent être...
08:22Oui, mais Madagascar est composé de 33 millions d'habitants,
08:24qui habitent également sur les régions côtières et dans les hautes terres centrales.
08:29Donc, effectivement, il y a ces problèmes de délestage, ces problèmes d'alimentation en eau.
08:35Je veux simplement signaler qu'Antanarive, la capitale, en 1960, comptait 300 000 habitants.
08:41Aujourd'hui, elle est habitée par 3 millions d'habitants avec le même réseau d'eau, avec le même réseau d'électricité.
08:50Donc, il y a effectivement un problème de transport d'eau et d'électricité depuis un certain nombre d'années,
08:57jusque-à-y compris depuis 1960.
08:59Oui, d'accord, mais attendez.
09:01Le président Rajouel est au pouvoir d'abord en 2009, il a été au pouvoir.
09:05Et là, ça fait quand même un moment pour lancer des...
09:09Il y a des chantiers en matière d'électricité, il y a des chantiers, notamment des fermes solaires,
09:15qui sont en cours de réalisation.
09:18Il y a également des canalisations à Antanarive qui sont en cours de réalisation.
09:22Qui sont en cours depuis 20 ans, en fait ?
09:24Non, qui sont en cours depuis...
09:24Et je rappelle qu'il était déjà maire d'Antanarive avant.
09:27Absolument, depuis 2008, date à laquelle je l'ai connu.
09:30Et moi, je travaille avec lui depuis 5 ans, quotidiennement.
09:34Et je peux vous dire que grand 1, c'est un patriote.
09:37Grand 2, c'est qu'il travaille énormément pour le développement de Madagascar.
09:42Et que grand 3, naturellement, c'est sur lui que repose le pays.
09:46Et si éventuellement une déstabilisation massive de notre population amenait à un éventuel départ,
09:54cela plongerait notre pays dans un chaos infernal.
09:58Alors ça, je vous laisse la responsabilité de ça.
10:00Parlons à présent de la violence.
10:02Madame, nous avons aujourd'hui 1,9 milliard de travaux en cours grâce notamment à la Banque mondiale,
10:09au Fonds monétaire international, à la coopération bilatérale avec un certain nombre de grands pays.
10:14Ces travaux concernent la route, concernent également l'aménagement des villes,
10:19les écoles, des universités, de l'énergie.
10:22Alors si on en croit la jeunesse qui se mobilise actuellement depuis 10 jours dans les rues de Madagascar,
10:27ça ne va pas assez vite à leur goût.
10:29Parlons de la violence, 22 morts selon...
10:32Non, il n'y a pas eu 22 morts, madame.
10:35C'est l'ONU qui dit ça.
10:36C'est un chiffre qui a été annoncé par une agence de l'ONU.
10:39Ce chiffre ne repose sur rien.
10:41Quels sont les vôtres ?
10:42Ce chiffre ne repose sur rien.
10:44Notre représentation diplomatique à Genève a demandé des explications à l'Organisation des Nations Unies.
10:50Ces explications ne nous sont pas parvenues.
10:52Il y a effectivement eu des morts dans ces manifestations-là.
10:55Mais quels sont vos chiffres ?
10:57Il y a eu effectivement des morts dans ces manifestations-là.
11:00Et je veux personnellement m'incliner sur la mémoire de toutes ces personnes décédées.
11:06Mais je veux également apporter tout mon soutien fraternel aux manifestants qui sont blessés
11:11et également aux forces de défense et de sécurité qui ont été beaucoup blessés au cours de ces manifestations extrêmement violentes.
11:19Mais comment vous justifiez cette répression face à des jeunes gens ?
11:22Il n'y a pas de répression.
11:25Il y a simplement la mise en œuvre de procédures de maintien de l'ordre.
11:30Et notamment le 25 septembre.
11:32Le 25 septembre, il y a eu pendant toute la journée, jusqu'à 17h, une procédure de maintien de l'ordre.
11:39C'est à partir de 17h que les choses se sont aggravées.
11:42Je voudrais qu'on entende Luc Razanadjon depuis Toulouse.
11:46Vous, vous êtes en contact avec ces jeunes manifestants.
11:49Comment vivent-ils cette répression ?
11:52En fait, c'est très simple.
11:55C'est qu'il y a des choses qui se passent dans le pays.
11:59Et en fait, tout ça, pourquoi ?
12:01Parce qu'on empêche les gens de juste manifester.
12:05Et comme ce qui se passe ici en France, qu'est-ce qui empêche l'État malgache
12:10de laisser manifester pacifiquement ces gens-là dans la rue ?
12:14Et que les forces de l'ordre, comme ici en France, comme dans tous les pays démocratiques,
12:19qu'est-ce qui empêche l'État de les accompagner dans ces revendications-là ?
12:23Parce que, monsieur le ministre, actuellement, ce qui est en train d'arriver,
12:27c'est qu'à force de ne pas écouter et à force de faire des répressions,
12:32vous savez ce qui va arriver.
12:35C'est exactement ce qui s'est passé en 2009.
12:38C'est exactement ce qui s'est passé en 2002.
12:40Et même, ça va être encore plus violent.
12:42Parce qu'on voit qu'il y a beaucoup de répressions qui se passent dans le pays.
12:47Donc, ce que je disais tout simplement, c'est qu'il faut laisser les gens s'exprimer.
12:53Un mot, justement, Patrick Rajouel.
12:57J'aimerais, en 2009, le président déclarait vouloir mettre fin à la dictature, à la corruption.
13:02On se rappelle qu'il y a eu un mouvement populaire qu'il a porté au pouvoir.
13:06Est-ce qu'il, finalement, est-ce qu'il est devenu ce qu'il combattait ?
13:08Non, absolument pas.
13:09Absolument pas.
13:10Madagascar est un État de droit.
13:12Et je voulais rebondir sur ce qu'a dit notre jeune compatriote.
13:16Il n'y a pas de répression violente à Madagascar.
13:19Il y a simplement la mise en œuvre de procédés de maintien de l'ordre.
13:25Et s'agissant des discussions, le président de la République a appelé les jeunes de Gen Z à discuter lundi dernier.
13:33Depuis lundi dernier, à son retour de New York,
13:36où je l'accompagnais pour la 80e Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies,
13:42le président de la République a reçu la société civile, le patronat, les églises, le corps diplomatique, les hauts fonctionnaires.
13:51Il y a un dialogue.
13:52Nous sommes un État de droit.
13:53Et le président, que je connais bien, est un homme qui est ouvert sur quelque chose de très important à Madagascar, le FIAVAN.
14:03C'est-à-dire la solidarité, l'écoute et la fraternité.
14:06D'accord, on vous entend.
14:07Merci beaucoup.
14:09Merci.
14:10Malheureusement, le temps nous est compté.
14:13Le débat est terminé.
14:14Je suis désolée.
14:16Merci à vous deux.
14:17Merci Patrick Rajouel d'être venu.
14:19Merci à Luc Razanadjon.
14:21J'aurais aimé que ce soit plus long.
14:22Mais merci pour vos éclairages sur cette crise qui secoue Madagascar.
14:25C'est la fin de cette édition spéciale.
14:27Restez avec nous, car l'actualité continue sur France 24.
14:29Merci à Luc Razanadjon.
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