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  • il y a 4 semaines

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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1, 10h-11h30 avec Thomas Hille et votre invité ce matin Thomas.
00:05Oui, je reçois ce matin le directeur actuel du RAID, Guillaume Cardi.
00:09Merci d'avoir pris quelques minutes de votre temps précieux pour venir nous parler en ce 23 octobre,
00:14une date importante pour vous, puisqu'il y a 40 ans, jour pour jour, le 23 octobre 1985,
00:20a été créée cette unité d'intervention exceptionnelle, le RAID, auquel Canal Plus consacre une série documentaire.
00:26C'est pour ce type d'opération que je suis rentré au RAID.
00:34Un gilet explosif, c'est une bombe humaine intelligente.
00:37Interpeller des individus fanatiques, c'est l'inter où il y a eu la plus grosse prise de risque.
00:43Le fait qu'il y ait à l'intérieur de l'appartement cinq enfants, c'est forcément une pression supplémentaire.
00:47On est en train de négocier.
00:48Comment on détermine le bon moment ?
00:50C'est l'instinct policier.
00:52Il savait, il avait compris, lui, que cette intervention allait marquer l'histoire.
00:59RAID, derrière la légende, c'est une immersion dans les coulisses de certaines grandes opérations du RAID.
01:05Pourquoi avoir accepté, Guillaume Cardi, de lever un peu le voile comme ça sur votre travail ?
01:11Les gens nous voient rarement.
01:13On intervient souvent avant 6 heures du matin.
01:16Donc, quand les gens se lèvent et partent au travail, nous, on est déjà passé par là et on a interpellé ceux qu'on devait interpeller.
01:21Donc, c'est vrai que c'est une unité un peu mystérieuse que les gens voient parfois à travers des reportages.
01:28Mais là, on allait un peu plus en profondeur avec des témoignages vraiment marquants et très riches sur des événements marquants.
01:35Donc, voilà, c'était intéressant à l'occasion de nos 40 ans de partager un peu ça avec nos concitoyens.
01:40Et puis, pour une fois, on a la chance de voir ces hommes.
01:42C'est-à-dire que ceux qui sont évidemment en activité aujourd'hui sont masqués, cagoulés.
01:48Mais pour les anciens, là, on peut les voir, ils peuvent témoigner.
01:52Donc, ça rajoute aussi une patte humaine au RAID.
01:54C'est ça.
01:55Alors, les anciens, on les appelle les dos argentés parce qu'ils ont une expérience comme les gorilles dans la savane.
02:00Voilà.
02:00Et puis, à l'arrière, sur notre dos, on a RAID qui écrit aussi en couleur argent.
02:05Et donc, ces contacts comme ça intergénérationnels, c'est très important pour nous.
02:11C'est l'esprit vraiment du RAID.
02:13C'est cette passation de tradition entre les anciens et les plus récents.
02:19Et ça, c'est très important.
02:20On essaie de le développer lors des cérémonies notamment, où les anciens viennent remettre leur écusson au nouveau.
02:27Voilà.
02:27Donc, c'est vraiment ce lien entre les anciens et puis les nouveaux opérateurs qui vont ensuite prendre la suite, qui est important.
02:34Et on la sent, cette solidarité entre tous ces hommes.
02:37Et c'est vrai que le RAID, c'est un nom qu'on a tous entendu aux informations, sans même toujours très bien savoir ce qu'il recouvre,
02:43sans même savoir ce que veut dire cet acronyme RAID.
02:46Alors, il y a bien quatre mots derrière, même si le nom RAID, on l'apprend dans le doc, a été choisi avant même la signification de chacun des mots.
02:54Vous pouvez nous les redire.
02:55Alors, recherche, assistance, intervention, dissuasion.
02:58Et ça couvre tout le panel de nos missions, qui est extrêmement varié.
03:02Et ça va à des interpellations d'individus dangereux, recherchés pour terrorisme, narcotrafic, grand banditisme,
03:10les mesures aussi de protection vis-à-vis des plus hautes autorités de l'État en France,
03:15et aussi les ambassadeurs à l'étranger.
03:17Et puis, toutes les interventions liées aux crises de grande intensité,
03:23notamment les forcenés, les prises d'otages.
03:25Et ces missions, elles se sont un peu étendues, j'ai l'impression, dans le temps,
03:28parce qu'au départ, à la création du RAID, il y avait 80 policiers qui avaient été sélectionnés, entraînés.
03:34Aujourd'hui, vous êtes combien ?
03:34Tout à fait. On est six fois plus, on est 500.
03:36Et puis, initialement, il y avait un échelon central qui se situe à Bièvre,
03:40qui est l'état-major du RAID.
03:42Et aujourd'hui, on a 16 antennes sur tout le territoire national.
03:44Et les opérateurs, ils ont des spécialités qui sont très variées.
03:48On en découvre quelques-uns dans cette série doc.
03:50Les spécialistes des effractions, des tirs de haute précision, des négociateurs, des médecins.
03:56En fait, les métiers, ils sont multiples au RAID.
03:58Tout à fait. Alors, chaque opérateur qui rentre au RAID pendant deux années a des missions assez généralistes.
04:04Et ensuite, il peut passer des spécialités.
04:06Chaque opérateur a entre une et quatre spécialités.
04:09Quel est le profil ? Parce qu'on les voit dans cette série documentaire sur Canal.
04:12Alors, on en voit quelques-uns. Mais quel est le profil des gens qui sont au RAID ?
04:15Est-ce qu'il faut être policier avant, par exemple ?
04:17Voilà. Il faut être policier, bien évidemment.
04:19Dans tous les corps de métier ?
04:20Voilà. Tout à fait. C'est une unité qui est reliée directement au directeur général de la police nationale.
04:26Donc, il faut être policier. Il faut avoir un petit peu, quand même, d'expérience.
04:30Et puis, après, vous passez des sélections qui sont très dures pour pouvoir intégrer le RAID.
04:34Donc, on recherche plusieurs profils.
04:35Alors, les qualités essentielles, historiquement, telles que développées par Ange Mancini,
04:41notre premier chef du RAID, c'était l'humilité et l'humour.
04:45Et donc, c'est vrai que c'est important. En plus, vous recevez Titov.
04:48C'est parfait.
04:49Vous êtes surpris qu'ils disent ça, d'ailleurs. Humilité et humour. On ne pense pas tout de suite à ça.
04:52Si, parce qu'il faut savoir déjà prendre du recul par rapport à nos missions,
04:56la difficulté de nos missions. Mais ça, c'est la difficulté du métier de tous les policiers au quotidien.
05:02Donc, il faut savoir relativiser. Et pour relativiser, l'humour, c'est bien.
05:06C'est en plus du courage, en plus du sang-froid.
05:09Le courage, le sang-froid. Il y a énormément de qualités. Il y a des qualités physiques, bien évidemment.
05:14Il faut être résistant. Il faut être déterminé. Il faut être très intelligent aussi.
05:19Parce que ce n'est pas uniquement des brutes épaises qui vont casser des portes pour interpeller des gens.
05:23Il y a tout un tas de doctrines qu'il faut acquérir, qu'il faut ensuite mettre en œuvre.
05:28C'est des schémas tactiques qu'il faut connaître sur le bout des doigts.
05:31Et donc, tout ça, ça demande une forte capacité d'apprentissage et de restitution.
05:34J'ai lu d'ailleurs, vous parlez de brutes épaises, mais j'ai lu qu'il y avait aussi un petit pourcentage de femmes au RAID.
05:38Voilà, 10% de femmes. Alors, aujourd'hui, il n'y en a plus en intervention.
05:43Mais à l'origine, dans les années 2000, il y avait un groupe de recherche et d'investigation
05:50qui était spécialisé dans les missions de surveillance de filature
05:54et qui a été notamment très actif sur la traque d'Yvan Colonna.
05:57Et là, à l'époque, il y avait des femmes vraiment sur le terrain.
06:00Et alors, en fait, le gros de votre travail, Guillaume Cardi, on n'en entend jamais parler.
06:04J'ai lu qu'en 2024, vous avez été saisie à 1500 reprises
06:08et la moitié du temps pour des interpellations à domicile d'individus dangereux ou armés.
06:14Tout ça, ça reste en dessous des radars médiatiques. On n'en parle pas.
06:17Est-ce que c'est une volonté de votre part ?
06:20Alors, 1500, effectivement, saisine l'année dernière.
06:24On a multiplié par 2 notre activité en 7 ans.
06:30Donc, nous, on ne communique pas. On est un peu les hommes de l'ombre.
06:34On fait notre travail, on interpelle, on remet aux services enquêteurs
06:37les individus interpellés et puis ensuite, on passe la main.
06:41Et vous avez l'impression que ça n'intéresse pas les médias ?
06:44Si, bon, on parle un petit peu quand même dans la presse régionale,
06:46quand généralement le RAID se déplace, il y a toujours un petit filet quand même sur le quotidien régional.
06:53Donc voilà, mais nous, on ne recherche pas la publicité.
06:55Nous, on est là pour faire notre travail, tout simplement.
06:57Et alors, vous, Guillaume Cardi, vous avez été nommé à la direction du RAID en janvier 2024,
07:00quelques mois donc avant les JO de Paris.
07:03Le procureur national antiterroriste Olivier Christen a dit que 3 attentats ont été déjoués en lien avec ces Jeux Olympiques.
07:11Est-ce que le RAID est intervenu là, par exemple, sans que le public ne le sache ?
07:15Alors, on intervient à peu près à hauteur de 15% de notre activité d'interpellation.
07:19C'est lié à des actes de terrorisme.
07:21Donc, je ne vais pas rentrer dans le détail des affaires qu'on a pu mener,
07:26mais très régulièrement, toutes les semaines, on intervient, notamment en appui de la DGSI,
07:30pour interpeller des individus qui sont impliqués dans des affaires de terrorisme.
07:35Et alors, la série doc de Canal+, elle revient sur des histoires qui ont marqué l'histoire du RAID,
07:40parfois de manière très douloureuse, comme à Riss Orangis en 1989.
07:44Un homme déséquilibré, retranché chez lui, plusieurs hommes, même c'était le gang des postiches.
07:50Ils vont abattre deux membres du RAID, Fernand Setter et Christian Caron.
07:54Christian Caron, qui avait trois enfants.
07:57Et l'un d'entre eux raconte dans le doc le jour où les collègues de son père sont venus lui annoncer la terrible nouvelle.
08:03Un collègue de mon père se poste devant moi et, en fait, il me saisit à peine sorti de la voiture.
08:14Et, en fait, il m'attrape dans ses bras et je sens le froid sur son corps.
08:24Il est encore en tenue, il est tout en noir.
08:30Et rapidement, il va me prononcer ses mots.
08:35Il va falloir être fort.
08:37Je comprends très rapidement à ce moment que je ne reverrai plus mon père.
08:41Ça fait partie, évidemment, des témoignages très touchants de ce doc et cet homme qu'on appellera JC.
08:48Il témoigne un visage couvert parce que 13 ans après la mort de son père, il va à son tour intégrer les équipes du RAID.
08:54Il fait partie de vos équipes aujourd'hui, Guillaume Cardi ?
08:56Oui, tout à fait. Alors, le gang des postiches, c'était un petit peu avant.
08:59Là, c'était un individu retranché, forcené, qui a fait usage de son arme sur les collègues.
09:03Effectivement, il y a eu deux opérateurs décédés.
09:06Il y en aura un troisième un peu plus tard, en 1996, sur une opération en Corse.
09:10Donc, JC, effectivement, c'est le fils de notre opérateur qui est décédé ce jour-là.
09:17Et c'est vraiment touchant, ce témoignage.
09:19On sent qu'il y a vraiment une vocation qui est née dans son esprit à ce moment-là.
09:24Voilà. Et donc, il fait ça pour son papa, comme il le dit très bien.
09:29Et puis, d'ailleurs, il va sur des missions très difficiles puisqu'il travaille à l'heure actuelle à l'étranger, sur des terrains.
09:36Mais ça veut dire que le RAID français est présent à l'étranger, alors ?
09:39Tout à fait. On assure la sécurité de l'ambassadeur au Liban et en Syrie.
09:44Voilà. Et puis, on était aussi en Afghanistan jusqu'à l'évacuation de l'ambassade de Kaboul,
09:50qui a eu lieu en août 2021 et donc a été réalisé aussi par le RAID.
09:54Donc, on intervient aussi à l'étranger, soit sur les interventions, soit sur des missions aussi de formation.
10:00On forme beaucoup de groupes aussi à l'étranger.
10:03Et alors, chaque épisode est consacré à une histoire en particulier.
10:07Il y a un épisode qui est consacré évidemment à l'année 2015, où le RAID est particulièrement sous tension.
10:12Jean-Michel Fauverg, alors patron du RAID, dit qu'ils étaient sûrs que quelque chose allait se produire compte tenu du contexte international.
10:19Ça fait partie aussi de votre travail de surveiller tout ce qui se passe partout dans le monde, j'imagine.
10:23Tout à fait.
10:23Et de voir en fonction de ça.
10:24On a des échanges beaucoup avec l'étranger.
10:26Et donc, l'horreur arrivera finalement le 13 novembre 2015.
10:30Vous, Guillaume Cardi, vous allez être l'un des premiers policiers, je le disais tout à l'heure, à entrer dans le Batatlan.
10:36A l'époque, vous n'êtes pas encore au RAID.
10:37Vous êtes adjoint au chef de la BAC de nuit de Paris.
10:40Je sais que vous ne voulez pas trop parler de cette histoire, mais je me demandais simplement comment on se remet d'une telle mission.
10:46Est-ce que pour tous ces hommes, il y a des cellules psychologiques qui sont prévues après pour vous aider ?
10:51Alors, tous les policiers qui sont intervenus, quel que soit leur service ce soir-là, ils ont été marqués, bien évidemment.
10:57Et puis, pas uniquement les policiers, même les pompiers, les médecins, voilà.
11:02Après, il y a des sasses de décompression.
11:04On a des psychologues qui travaillent avec nous.
11:07Donc, il y a des debriefings psy, soit individuels, soit collectifs.
11:11Et il y a un suivi, voilà.
11:12C'est vrai que culturellement, dans la police, on ne voulait pas trop parler de ses émotions.
11:16Mais voilà, il y a beaucoup de choses qui ont évolué au fil des ans.
11:20Et maintenant, la parole est beaucoup plus libre.
11:22Donc, les policiers n'hésitent plus à se confier à des professionnels s'ils en ressentent le besoin.
11:28Et vous en parlez, j'imagine, aussi beaucoup entre collègues.
11:30Ça fait partie aussi de la thérapie, finalement.
11:32Voilà. Alors, au sein du RET, c'est une grande famille.
11:34Effectivement, les groupes travaillent pratiquement 24 heures sur 24 ensemble.
11:38Donc, ils se connaissent tous.
11:39Et ça permet aussi d'avoir, on va dire, une petite surveillance collective et réciproque, bienveillante.
11:45En tout cas, ce que l'on voit bien dans ce doc, dans ces 40 ans d'histoire du RET,
11:48c'est comme vous avez dû à chaque fois vous adapter à de nouvelles menaces, de nouvelles méthodes pour ne pas vous faire dépasser.
11:53Essayer de rehausser aussi le niveau, rehausser les moyens.
11:56C'est un peu une course sans fin.
11:57Ça peut donner aussi cette impression-là.
11:59C'est ça. C'est toujours la lutte entre le glaive et le bouclier.
12:04Il faut essayer de trouver les contre-mesures pour s'opposer à ceux qui, en face, sont très ingénués aussi
12:09et qui ont des gros moyens financiers.
12:11Mais nous, on a des gros moyens financiers.
12:12Et puis, surtout, au-delà des moyens financiers, on a notre vocation qui est plus forte que tout.
12:17Et donc, ça, finalement, après, on est toujours gagnant.
12:21Elle est très belle, cette vocation.
12:23Merci beaucoup.
12:24Merci, Guillaume Cardi, patron du RET.
12:27On vous recommande vraiment cette série documentaire RET, derrière la légende.
12:31Les six épisodes extrêmement bien réalisés sont à voir sur l'application Canal+,
12:35seront diffusés en deux parties demain, puis le 31 octobre sur Canal+, Doc.
12:40Merci encore.
12:41Merci à vous.
12:41Et Culture Média continue sur Europe 1, juste après les infos de 10h30.
12:45Oui, avec un total changement d'ambiance, puisqu'on sera avec l'humoriste Titov pour son nouveau spectacle showbiz.
12:51Et puis, un rendez-vous à ne pas manquer sur Europe 1, tous les soirs, du lundi au jeudi, de 21h à 22h.
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