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  • il y a 2 heures
Le SCAF, censé devenir le fleuron de la défense européenne, illustre aujourd’hui les tensions entre la France et l’Allemagne. Ce programme lancé en 2017 vise à créer, d’ici 2040, un avion de combat de 6e génération et tout un système connecté de défense. Mais dans les coulisses, la rivalité entre Dassault (France) et Airbus (Allemagne/Espagne) bloque le projet : partage des tâches contesté, conflits sur la propriété intellectuelle, désaccords sur la direction technique. Alors que le premier prototype est prévu pour 2026, les négociations patinent. L’Allemagne menace de poursuivre seule, tandis que la France affirme pouvoir développer son propre avion. Le projet, estimé entre 80 et 100 milliards d’euros, symbolise désormais autant l’ambition que les limites de la coopération européenne en matière de défense. 

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Transcription
00:00Cet avion de chasse était censé devenir le fleuron de la défense européenne.
00:04Aujourd'hui, il est devenu le symbole de l'impossible collaboration du couple franco-allemand.
00:08S'ils veulent faire tout seuls, qu'ils fassent tout seuls.
00:10Aux racines du conflit, le SCAF, un projet européen hors normes de défense,
00:13piloté par la France, l'Allemagne et l'Espagne.
00:16Dans les coulisses, deux mastodontes de l'aéronautique, Dassault et Airbus,
00:19deux rivaux industriels qui ne parviennent pas à s'entendre.
00:22Et sur la scène médiatique, le projet, censé incarner la coopération européenne,
00:26cristallise les tensions entre la France et l'Allemagne
00:28et pourrait bien se terminer en divorce publique.
00:36En 2017, Berlin et Paris lancent le SCAF, Système de combat aérien du futur,
00:41le plus grand projet militaire européen pour renforcer l'autonomie stratégique du continent.
00:45Moi, je crois qu'on peut être plus fort en tant qu'armée,
00:50réussir à développer une base industrielle de défense et de technologie
00:53qui crée de l'emploi chez nous.
00:54Rejoint en 2019 par l'Espagne, le SCAF prévoit de développer
00:57à l'horizon 2040-2045, un avion de combat de sixième génération,
01:01le New Generation Fighter, des drones d'accompagnement, des satellites
01:04et un cloud de combat destiné à faire fonctionner tout ça.
01:07C'est un projet de coopération industrielle, mais c'est aussi un projet politique
01:11parce que c'est un projet qui illustre notre volonté et notre ambition
01:15pour l'Europe de la défense.
01:17Objectif, remplacer les Rafales utilisées par la France et les Eurofighters utilisés par l'Espagne et l'Allemagne
01:23pour renforcer l'autonomie stratégique de l'Europe et sa puissance commerciale face aux Etats-Unis,
01:28à la Chine et à la Russie.
01:30Pour ça, deux poids lourds du secteur aérien sont nommés à la tête du projet
01:33par les gouvernements des trois pays, Dassault et les filiales allemandes et espagnoles d'Airbus,
01:38rejoints par des dizaines d'autres partenaires comme Thales, Safran ou Indra.
01:41L'enveloppe est donc colossale, elle est estimée entre 80 et 100 milliards d'euros.
01:46C'est évidemment aussi une facture que nous partageons en trois
01:49et que les grands gagnants sont sans nul doute les contribuables espagnols, allemands et français.
01:56La charge de travail entre industriels est elle aussi divisée en trois,
01:59un tiers pour Dassault, un tiers pour Airbus Allemagne et un tiers pour Airbus Espagne.
02:03Une répartition qui est source de crispations depuis le début du projet.
02:07En effet, Dassault, à la tête du projet de l'avion en lui-même,
02:10veut garder la main sur sa conception au nom de son expérience en la matière.
02:13C'est faire de A jusqu'à Z, on l'a démontré depuis plus de 70 ans.
02:17Donc nous, on a les compétences, je souhaite que ça soit le best athlète qui dirige.
02:22Mais Airbus réclame un partage plus équilibré des tâches.
02:25Le problème, c'est que les trois pays ne viennent pas avec le même savoir-faire.
02:28La France, avec le Rafale, est le seul pays européen qui sait réellement tout seul
02:32pour se voir un avion de A à Z, tandis que les Allemands, par exemple,
02:35ils ont à peu près un tiers de l'Eurofighter aux côtés des Anglais, des Espagnols et des Italiens.
02:41Résultat, le projet patine.
02:42Et déjà en 2022, la ministre de la Défense espagnole s'inquiétait des retards pris.
02:46Le projet est freiné par ses rivalités, mais aussi par la question sensible de la propriété intellectuelle
03:03sur laquelle Dassault refuse de céder.
03:05Par exemple, l'Allemagne doit produire 30%, doit développer 30% de l'avion de stress de 6ème génération.
03:11Sauf que quand on leur dit faire 30%, ils ne disent pas on va faire la guerre électronique et l'intelligence artificielle.
03:15Ils veulent avoir 30% de la totalité.
03:17C'est-à-dire, par exemple, des commandes de vol pour lesquelles Dassault est champion du monde
03:21des décennies et des décennies de recherche, ils veulent savoir en faire 30%.
03:24Sauf que ça leur donne accès à la totalité du code.
03:27Et logiquement, ça reviendrait à faire du pillage industriel au détriment de la France et de Dassault.
03:31Donc on a logiquement un désaccord entre la France qui refuse de perdre ses technologies
03:36et Dassault qui, jalousement, garde son effort industriel familial qui date d'un demi-siècle.
03:42Et on a de l'autre côté les Allemands qui disent, de toute façon, les Français ne peuvent pas le faire sans nous.
03:45Donc ils vont bien être forcés de céder industriellement.
03:49Aujourd'hui, alors que le projet doit entrer en phase 2 dès 2026,
03:52avec le premier vol d'un démonstrateur, sorte de prototype de l'avion,
03:55les tensions s'exacerbent et Dassault Aviation ne cache plus son agacement devant la presse.
03:58Ici, on sait faire. Donc je veux bien que les Allemands grondent.
04:01Ici, on sait faire. S'ils veulent faire tout seuls, qu'ils fassent tout seuls.
04:03On demande juste une chose, une petite chose.
04:06Donnez-nous la capacité de driver le programme.
04:09C'est-à-dire, dans la gouvernance, je n'accepterai pas qu'on soit à 3 autour de la table
04:14pour décider de toute la technique qu'il y aura à faire pour faire voler un avion
04:19qui sera un avion de très haut niveau.
04:21Face au blocage actuel, l'Allemagne envisage de continuer le projet sans la France.
04:25Parmi les pistes explorées, Berlin pourrait se rapprocher de la Suède ou du Royaume-Uni,
04:29voire même pourrait continuer uniquement avec l'Espagne.
04:32La France, de son côté, assurée via l'un de ses responsables auprès de l'AFP,
04:36être prête à développer seule un futur avion de combat
04:38si les discussions avec Berlin et Madrid sur le programme du SCAF viennent à échouer.
04:43Une position qui rejoint donc celle exprimée par Dassault Aviation.
04:46Réellement, avec d'autres partenaires, l'Inde, les Émirats, peut-être d'autres partenaires européens,
04:50on aurait certainement plus de liberté d'action.
04:53Faire un avion dans lequel on aurait un leader clair,
04:55un petit peu comme le Britannique le font avec les Japonais, les Italiens et peut-être les Suédois.
04:59Quand on a un leader clair qui assume une plus grosse partie de la charge de travail,
05:03logiquement, la charge est mieux répartie technologiquement et industriellement.
05:07Et on arrive souvent à faire un appareil qui va être plus abouti pour moins cher au final.
05:10Mais malgré tous ces désaccords, en septembre dernier, le chancelier allemand,
05:14alors en visite en Espagne, affirmait sa volonté de voir le projet se faire.
05:40Et on arrive souvent à ce projet qui peut réaliser.
05:42Et on arrive souvent à ce projet qui peut réaliser.
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