Henri Guaino : «Derrière cette joie mauvaise, il y a aussi une sorte de haine de sa propre nation, qui est aussi une forme de haine de soi. Ce procès est une sorte de meurtre symbolique de quelqu'un qui a été président.»
00:00La plupart des gens qui éprouvent cette joie mauvaise ont fait le sentiment qu'ils iront beaucoup mieux à chaque fois qu'un puissant tombera à terre.
00:12Or ils n'iront pas forcément beaucoup mieux à chaque fois qu'un puissant tombera à terre, ça risque même d'être l'inverse.
00:18On a oublié les leçons de l'histoire, on a oublié la révolution française, on a oublié que parfois le puissant qui tombe ça n'est jamais que le premier d'une longue série.
00:27Donc moi je crois qu'il y a derrière aussi cette joie mauvaise une sorte de haine de sa propre nation.
00:36Puisque là il ne s'agit pas de n'importe qui, encore une fois il s'agit d'un ancien président de la république.
00:40Et il y a une haine de sa propre nation qui est une forme de haine de soi, simplement quand une nation se remplit de haine de soi,
00:47elle n'est plus capable de résister à tout ce qui menace de la faire disparaître.
00:51Et ça c'est l'enjeu de cette histoire, c'est l'enjeu de ce procès.
00:55C'est-à-dire que ce procès, pardon Philippe Bégère, mais c'est une sorte de meurtre symbolique.
01:01C'est le meurtre symbolique de quelqu'un qui a été président, ça n'est pas par hasard.
01:05On le condamne après avoir fait rentrer la justice dans la raison d'État.
01:09Parce que, allez voir un salaud.
01:14Alors, c'est l'ordinaire de la raison d'État.
01:18On va avoir des salauds parce qu'en allant voir des salauds, on peut sauver des vies.
01:23Personne ne sait ce que le salaud a dit à Hortefeux et à Guéant, personne ne le sait.
01:28Mais en soi, aller voir un salaud n'est pas un sujet qui relève, qui signe la culpabilité des uns et des autres.
01:36Et pour ça que j'ai appelé ça un coup d'État judiciaire contre la séparation des pouvoirs,
01:41c'est que ce procès n'a tenu que sur une chose, à part un faux document au départ,
01:46sur l'idée qu'il y avait un pacte de corruption parce qu'il y avait une contrepartie.
01:51Cette contrepartie, c'était quoi ?
01:52La seule contrepartie.
01:54C'est même pas l'argent.
01:56C'est la seule contre l'argent, soi-disant, qui aurait financé la campagne,
02:01qu'on n'a pas retrouvée, ni dans le patrimoine de Nicolas Sarkozy, ni dans sa campagne.
02:04Cette contrepartie, c'était la politique extérieure du ministre de l'Intérieur,
02:08puis du président de la République, qui a été au cœur de tous les débats.
02:11Et ça, ça n'aurait jamais dû être jugé par un tribunal correctionnel.
02:15Ça, ça aurait dû être jugé pour la partie ministre de l'Intérieur par la Cour de justice de la République.
02:21Mais c'était le minimum.
02:23Or, le tribunal ne sait pas qu'on a refusé de se prononcer sur cette question avant le procès
02:26et s'est prononcé négativement à la fin du procès en disant
02:29« Ah oui, mais certes, il était ministre de l'Intérieur, mais il était aussi candidat.
02:33Et donc, on a décidé que ce qu'il faisait, c'était le candidat qui le faisait.
02:38Et comme on n'a rien trouvé de ce qu'on le reproche d'avoir fait,
02:43on a dit « Oui, mais il ne pouvait pas ignorer ce que les autres... »
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