Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 6 semaines

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00On le disait en perte de vitesse, mais le mouvement de la jeunesse marocaine s'est à nouveau mobilisé.
00:05Après une pause de dix jours, ils étaient devant le Parlement à Rabat.
00:10Cette première manifestation intervient après le discours du roi Mohamed VI du 10 octobre,
00:15qui n'a pas mentionné explicitement le mouvement.
00:20Et pour aller plus loin et comprendre ce mouvement, né d'un drame dans un hôpital d'Agadir,
00:25il s'est étendu dans tout le pays, plus de 2000 arrestations, des procès lourds,
00:31une jeunesse qui malgré tout continue de se mobiliser.
00:33Que veut vraiment cette nouvelle génération ?
00:35Et le régime marocain peut-il encore l'ignorer ?
00:37On retrouve Mehdi Aliwa, sociologue doyen de Sciences Po Rabat.
00:42Merci d'être avec nous ce soir.
00:44Dites-nous, est-ce que ce mouvement est en train de s'essouffler
00:47ou bien entre-t-il dans une nouvelle phase plus structurée avec, comme on l'a vu, des rassemblements hebdomadaires ?
00:55Soir, merci beaucoup pour l'invitation, merci à vous.
00:59C'est difficile à dire parce qu'en fait, les mouvements sociaux ne s'expriment pas qu'au niveau de leur sortie dans la rue.
01:07Les gens discutent, ça occupe l'espace public et l'espace privé en même temps,
01:11dans les familles, dans les universités, dans le monde du travail.
01:15Donc, ça fait débat.
01:17Et pour l'instant, les débats ne sont pas en pause.
01:20Au contraire, ils grossissent.
01:22De ce point de vue-là, ce mouvement-là a réussi à quelque chose de très fort, à remettre une dimension politique.
01:27Mais certainement que c'était déjà le cas.
01:30Les Marocains étaient déjà en train de se plaindre d'énormément de choses,
01:35sauf qu'on ne les écoutait pas.
01:36Il a fallu, peut-être, ce mouvement-là pour qu'on soit plus à l'écoute.
01:39De ce point de vue-là, difficile à dire s'il s'essouffle ou s'il va continuer.
01:45Ce qui est sûr, c'est que ce qu'il a dit ne va pas s'arrêter à la suite de la sortie de la rue.
01:51Ça, c'est sûr.
01:51Comment vous expliquez l'émergence de ce mouvement de la GNZ ?
01:55Vous en parliez, vous êtes sociologue.
01:58Et est-ce que pour vous, c'est une rupture ou la continuité des contestations sociales dans l'histoire politique marocaine ?
02:05Il y a une certaine ambivalence parce que, d'un certain point de vue,
02:10c'est une rupture avec les anciens mouvements sociaux de post-indépendance
02:14qui se sont battus aussi contre l'autoritarisme, contre tout ensemble de choses.
02:19Mais en même temps, c'est une continuité puisque tous ces combats-là,
02:23même s'ils ont des différences fondamentales,
02:25et ce n'est pas les mêmes périodes marocaines et géopolitiques au niveau africain
02:29ou au niveau international ou au niveau du monde arabe,
02:31il n'empêche que c'est un combat pour la liberté, la dignité et la justice sociale
02:36tel que s'est rappelé dans le slogan de ce mouvement-là,
02:40qui le reprend d'ailleurs à ceux du mouvement du 20 février
02:43à la suite de la chute de Ben Ali et Boubarak en Égypte et en Tunisie.
02:48Donc on est dans une forme quand même de continuité
02:50pour la formation d'un État social et démocratique.
02:54Mais le Maroc a déjà changé,
02:56donc il était déjà en train de devenir petit à petit cet État social et démocratique,
03:00mais certainement pas assez vite.
03:02Il y a des éléments probants pour le montrer,
03:04et cette jeunesse nous le rappelle avec force à travers leur slogan.
03:09Parlons de la réponse au niveau de l'État,
03:12avec plus de 2000 arrestations, dont beaucoup de mineurs.
03:15Peut-on dire que le pouvoir choisit plutôt la voie répressive
03:19qu'une réponse politique ?
03:22C'est difficile parce qu'en principe, la justice,
03:25c'est quand même un monde indépendant.
03:28Il y a une séparation des pouvoirs, même si on sait bien
03:30que dans beaucoup de pays, et dans des pays comme le Maroc,
03:33la justice peut aussi avoir des influences au niveau de l'exécutif.
03:38Mais en toute logique, les magistrats travaillent en indépendance.
03:42Ils utilisent des textes de loi pour appliquer la loi.
03:45C'est qu'au sein de la société marocaine même,
03:47il y a une petite fracture, c'est pour ça que je parlais d'ambivalence,
03:50pour beaucoup d'aînés, ce sont des perturbateurs
03:52qui viennent gâcher la fête d'une image peut-être
03:55qui se sont faite du Maroc, qui n'étaient pas complètement fausses,
03:57mais pas complètement vraies non plus,
03:59puisqu'il y a de lourds problèmes et de lourdes injustices sociales.
04:02Et à la suite des débordements de violences qui ont été exercées,
04:06la réponse a été cinglante.
04:09Mais c'est le cas dans beaucoup d'affaires marocaines.
04:11On a quand même des peines de prison qui sont beaucoup trop lourdes,
04:15disproportionnées par rapport à d'autres pays démocratiques.
04:18Et on a aussi l'utilisation systématique de la préventive.
04:24Donc les prisons marocaines sont pleines.
04:25On a peur qu'on soit une société violente,
04:27alors qu'on n'est pas si violents que ça.
04:29Mais c'est un débat à part, c'est le débat de la justice marocaine.
04:31Alors une dernière question rapide pour conclure.
04:35Le Maroc est-il à l'abri d'un scénario à la malgache ?
04:39On a vu la révolte sociale a fini par obtenir finalement
04:43la tête du gouvernement et la chute du président.
04:46Est-ce qu'un scénario pareil est possible au Maroc ?
04:51Je ne pense pas, mais je n'ai pas de boule de cristal.
04:54Les sociologues ne le sait pas trop,
04:55mais les institutions marocaines sont solides.
04:57C'est des institutions qui reposent sur un équilibre
04:59entre le pouvoir exécutif issu des urnes,
05:02issu du Parlement et une monarchie constitutionnelle
05:05qui est en principe un arbitre,
05:08qui vient parfois même aussi gouverner.
05:11Donc là-dessus, il ne me semblerait pas qu'un type de mouvement révolutionnaire
05:17puisse voir le jour, mais on n'est jamais à l'abri de quoi que ce soit.
05:20Ce qui est sûr, c'est qu'à force de ne pas écouter des colères profondes
05:24et de faire comme si le Maroc, ce n'était que les axes de développement
05:27et d'oublier le reste, peut-être qu'on va finir par agacer une partie de la population.
05:33Mais en tout cas, moi je n'ai aucun indicateur qui me permette d'affirmer ça aujourd'hui.
05:36Au contraire, on va avoir la stabilité et c'est sain d'avoir des mouvements politiques,
05:41même si ça bouscule un peu l'ordre établi.
05:43Merci Mehdi Aloua pour ce décryptage.
05:46Merci beaucoup.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations