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  • il y a 5 semaines
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Gilles Bornstein revient sur les questions qui font l’actualité avec Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

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Transcription
00:00Bonjour Maya, bonjour à tous, bonjour Sophie Binet.
00:05Dans 45 minutes, Sébastien Lecornu va affronter deux motions de censure.
00:11Souhaitez-vous que le gouvernement soit renversé ce matin ?
00:15C'est la responsabilité des forces politiques de prendre cette décision.
00:18Je ne rentrerai pas sur ce terrain.
00:20Par contre, ce que je peux vous dire, c'est que le budget présenté par M. Lecornu est catastrophique.
00:24Il est même sur certains points encore plus violent que le budget de François Bayrou.
00:28Je vais prendre un exemple, les malades.
00:31Si ce budget était adopté tel qu'eux, il y aurait un reste à charge de 350 euros par malade.
00:37Ça veut dire, c'est les franchises médicales dont le montant est considérablement augmenté.
00:41Ça veut dire que ça pourrait être 1 400 euros par exemple pour un ménage avec deux enfants.
00:46Taxer les malades, c'est ce qu'il y a de plus injuste comme politique sociale.
00:49Ça serait dans un cas très particulier parce que c'est vous cumulez à la fois les franchises sur les médicaments,
00:55sur les consultations, sur le transport médical.
00:56Tout le monde n'a pas besoin de ça.
00:58Et oui, tout le monde.
00:59Mais qui est-ce qui aurait ce reste à charge de 350 euros ?
01:02C'est les plus malades.
01:03Quelques malades, pas les malades.
01:04Non, pas quelques malades.
01:05Ça peut être des centaines de milliers de malades.
01:07Et taxer les malades, c'est la chose la plus injuste.
01:10Notre sécurité sociale que nous nous sommes battus pour créer il y a 80 ans,
01:14elle fonctionne sur le principe à chacun cotise selon ses moyens et bénéficie selon ses besoins.
01:20Ça, c'est tout l'inverse.
01:21Ça veut dire qu'on sort la carte bleue avant de sortir la carte vitale.
01:24C'est très injuste et c'est très dangereux pour le pays parce que ça ferait exploser le renoncement aux soins, par exemple.
01:30Donc ce budget est très dangereux.
01:32Il faut absolument le modifier en profondeur.
01:34Alors justement, contre le précédent budget, vous aviez organisé deux journées d'action avec les autres syndicats.
01:40Vous dites que ce budget est encore pire, les mêmes causes produisant les mêmes effets.
01:43Est-ce que vous souhaitez de nouvelles journées de mobilisation, de nouvelles journées de grève pour protester contre ce budget à venir ?
01:50Ah oui, bien sûr. Il va falloir se mobiliser parce que ce que nous savons, c'est que...
01:54Se mobiliser, ça veut dire faire grève ?
01:56Ah, ça peut vouloir dire ça, bien sûr.
01:57Et donc, ce que je peux vous dire, c'est que la mobilisation, elle va commencer dès le 6 novembre prochain avec les retraités qui organisent une journée d'action le 6 novembre.
02:05Pourquoi ? Parce que la pilule est particulièrement violente pour les retraités.
02:09Les retraités, d'abord, ça va être les premières victimes de cette explosion des frais de santé parce que c'est eux qui ont besoin de se soigner le plus.
02:15En plus, ils ont une désindexation de leur pension pour 2026.
02:18Et en plus, cette désindexation, elle est gravée dans le marbre puisque ce que dit le projet de budget, c'est que ça durerait jusqu'à 2030 et donc après.
02:26Et la dernière chose, c'est que les retraités aussi auraient une forte augmentation de leurs impôts avec une remise en cause des abattements d'impôts.
02:34Un certain nombre de retraités.
02:35Un certain nombre de retraités, ceux qui ont plutôt des retraites plus confortables.
02:38Oui, mais c'est une triple peine.
02:40On baisse leurs pensions, on augmente leurs impôts et on augmente leurs frais de santé.
02:44Encore une fois, pas pour tous les retraités.
02:46Oui, sauf que la baisse des pensions, c'est pour tous les retraités.
02:49L'explosion des frais de santé, c'est pour tous les retraités.
02:52Je rappelle que les retraités...
02:53Mais la baisse de l'abattement, c'est la baisse de l'abattement, avec l'abattement forfaitaire à 2000 euros, profitera plutôt aux petites retraites et pénalisera les plus grosses retraites.
03:02Sauf qu'en fait, si on fait le cumul de ces trois mesures, on voit que les retraités sont dans le viseur.
03:08Tout ça parce qu'on refuse d'aller taxer les plus riches et d'affronter les multinationales et les rentiers.
03:13Vous avez dit journée d'action pour les retraités.
03:15Très bien, faut-il s'attendre à une journée nationale interprofessionnelle, une grève de tout le monde ?
03:20C'est des choses qui se construisent et qui se débattent.
03:25Et ce qui est sûr, c'est que pour la CGT, l'heure est à la mobilisation.
03:29Parce que s'il n'y a pas de rapport de force, ce budget risque de passer tel quel avec un débat à l'Assemblée qui peut être à haut risque.
03:35Donc il faut absolument que ce budget reste sous la surveillance des travailleurs et des travailleuses
03:40et que nous continuions à garder la main.
03:42Nous sommes en position de force.
03:44Ce gouvernement est fragile comme jamais et donc il faut qu'on continue à garder la main.
03:48Ce que je comprends, Sophie Binès, c'est que vous, vous souhaitez une journée d'action
03:51mais que pour l'instant, vous n'avez pas réussi à convaincre les autres syndicats.
03:54C'est des choses qui se débattent et qui se travaillent dans la durée de toute manière.
03:59Le budget sera discuté en novembre et en décembre.
04:03Donc on a aussi une stratégie dans le temps pour se mobiliser au moment où c'est le plus utile.
04:08Ce qui veut dire que vous souhaitez une grève plutôt en décembre.
04:11Non, pas du tout. Je ne vais pas vous dévoiler mes cartes maintenant.
04:14Mais par contre, ce que je peux vous dire, c'est qu'il faut...
04:16Je fais mon métier.
04:17Oui, c'est bien. Mais là, on fait du syndicalisme fiction.
04:20Ce qu'il faut, c'est que les salariés se mobilisent et la CGT va tout faire pour l'organiser
04:25parce que s'il n'y a pas de pression des travailleurs et des travailleuses,
04:28il risque d'y avoir des reculs extrêmement violents pour le monde du travail.
04:32Je vais prendre un dernier exemple.
04:33Les prestations sociales, elles seraient gelées.
04:36Ça veut dire que les APL, les aides au logement, l'allocation adulte handicapé,
04:41les allocations familiales, les bourses des étudiants,
04:45tout ça, ça serait gelé.
04:46Ça veut dire des dizaines d'euros en moins chaque mois.
04:48Ça, pour les hauts fonctionnaires de Bercy, c'est peut-être rien.
04:50Mais en fait, pour des étudiants, pour des personnes précaires,
04:53pour une femme qui galère toute seule avec ses enfants,
04:56c'est la catastrophe.
04:57Ça veut dire qu'on ne peut pas manger à sa faim à la fin du mois.
05:00On est obligé de choisir entre payer ses factures et remplir son frigo.
05:02Ce n'est pas possible de faire des choses comme ça.
05:05La réforme des retraites va être suspendue.
05:07Marie-Lise Léon, votre homologue de la CFDT, dit que c'est une victoire collective,
05:11une grande victoire pour les travailleurs et les travailleuses.
05:15Est-ce que vous savouerez aussi cette victoire ?
05:17C'est une première brèche qui est arrachée grâce à la mobilisation de millions de salariés,
05:21grâce au fait que les organisations syndicales n'ont jamais baissé les bras
05:24et ont continué à mettre ce dossier sur le dessus de la pile.
05:28Non, c'est grâce à la mobilisation de millions de salariés.
05:32Non, franchement, c'est le rapport de force dans le pays.
05:37Après, il faut dire les choses sur ce bouger,
05:40c'est un décalage de l'application de la réforme.
05:44Les 64 ans resteraient dans la loi.
05:47Et donc, pour nous, le problème central, c'est les 64 ans.
05:51Il faut abroger cette réforme et pas seulement décaler son application.
05:55Parce qu'à ce stade, la mesure, c'est seulement pour quelques générations,
05:58la génération née en 1964 et en 1965, qui pourraient partir trois mois plus tôt.
06:03C'est mieux que rien.
06:04On prend, mais le compte n'y est pas par rapport à la violence de cette réforme
06:08qui continuera à s'appliquer.
06:10Nous voulons une abrogation totale.
06:12Quand le PS dit que 3 millions de personnes pourront partir à 52 ans et 9 mois...
06:17Alors, c'est 62 ans déjà, sauf si...
06:19Je dis quoi ?
06:2052 ans.
06:21Donc, c'est 62 ans et 9 mois, sauf si vous avez une très bonne nouvelle à nous annoncer aujourd'hui.
06:2562 ans et 9 mois, si ça me concerne, je suis né en 64.
06:26C'est quand même un progrès, non ?
06:30Alors, c'est pas trois...
06:31Moi, j'attends de voir la mesure, mais a priori, c'est pas 3,5 millions de personnes
06:35qui pourraient partir à 62 ans et 9 mois.
06:37C'est les générations de 1964 et de 1965, ça fait pas 3,5 millions de personnes.
06:42J'avais compris que c'était aussi jusqu'à 68.
06:44Non, en fait, jusqu'à 68.
06:46Après, la réforme, elle continue à dérouler.
06:48Et donc, ils partiraient juste trois mois plus tôt que prévu.
06:51Par exemple, la génération de 1968 aurait dû partir à 64 ans, ils vont partir à 63 ans et 9 mois.
06:58Donc, ils gagnent trois mois, mais la réforme, elle continue à s'appliquer.
07:02Et donc, ça veut dire qu'ils partent quasiment deux ans plus tard que les 62 ans.
07:05Donc, c'est quand même deux ans de perdu pour cette génération-là.
07:09Donc, le problème central, c'est cette réforme qu'il faut abroger.
07:13Nous appelons tous les députés à faire en sorte que cette réforme soit abrogée.
07:16Il y a une résolution qui a été votée très largement à l'Assemblée nationale le 5 juin dernier.
07:21Le Premier ministre s'est engagé à ce que les députés puissent voter librement.
07:26Il doit laisser les députés voter librement et abroger cette réforme.
07:31Sophie Binet, qui souhaite se mobiliser contre le budget, a été l'invité des 4 vérités.
07:36Merci beaucoup. Bonne journée à tous.
07:37Merci beaucoup à tous les deux.
07:39Merci à Virginie Milière, qui a traduit cette interview en langue des signes.
07:42À suivre.
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