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Oksana Leuta, comédienne ukrainienne et fixeuse pour la presse étrangère. Sur scène dans le spectacle “Vivantes” du projet Radio Live, jusqu’au 18/10 au théâtre de la Cité Internationale. Et en tournée jusqu'en juin 2026. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-portrait/le-grand-portrait-du-jeudi-16-octobre-2025-2198829
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00:00France Inter, la grande matinale, Sonia de Villers.
00:06C'est l'histoire d'une trentenaire qui avait économisé longtemps pour s'offrir son premier voyage en Asie.
00:13Quand la Russie a envahi son pays, elle rentre, ventre à terre.
00:18Elle est prof de russe au lycée, à Kif, mais elle parle aussi l'anglais et le français, car elle est venue étudier ici le théâtre.
00:26Quand une journaliste de France 2 l'appelle pour lui proposer de devenir sa fixeuse, elle accepte, sans rien connaître du métier.
00:34Elle dit oui, sans savoir ce que ça signifie, servir de guide, d'interprète, d'assistant logistique aux reporters français.
00:42Donc, monter avec eux au front, sillonner les hôpitaux, les morgues, les cimetières, interviewer les soldats, les mères endeuillées, les enfants qui grandissent dans des caves.
00:54Bref, regarder la guerre, les yeux dans les yeux.
00:58Mon invitée s'appelle Oksana Leta et elle n'a pas la même vie que vous et moi, portrait numéro 30.
01:08Bonjour Oksana.
01:10Bonjour.
01:12Quelle expérience vous aviez de la mort avant cette guerre ?
01:17J'étais aux enterrements de mes grands-parents et j'ai lu certaines choses dans les livres et j'ai vu la mort dans les films.
01:31La mort dans les films.
01:31Parce que vous avez accompagné Dorothée Ollieri, qui est donc notre consoeur de France 2, grande reporter de guerre, sur tous les terrains.
01:43Et quand je dis ça signifie sillonner les cimetières, mais aussi les morgues, c'est ce qui vous est arrivé.
01:50C'est-à-dire que d'un seul coup, on regarde la guerre les yeux dans les yeux.
01:54C'est vrai. Je l'ai découvert plutôt au début de 2022.
01:59À ce moment-là, j'étais avec une autre équipe de BFM TV.
02:04Et c'était lorsque la région de Kiev avec Boucha, Irpin et toute cette ville qui ont été libérées.
02:10Et nous sommes entrés dans les villes.
02:12C'est là que j'ai vu pour la première fois la mort si proche.
02:16Les corps, les cadavres dans les rues, dans les caves, etc.
02:20Je pense que c'était à Boucha que j'ai eu cette première expérience difficile.
02:27Et tant qu'on n'est pas allé au front, tant qu'on n'a pas vu ça pour de vrai, on n'imagine pas à quoi ça ressemble, la guerre ?
02:37Je pense que je n'y pensais pas trop, en fait.
02:42J'avais une autre vie, je pensais à autre chose.
02:44Donc je n'essayais même pas d'imaginer la guerre.
02:48Si j'imaginais, c'est vraiment en lisant les livres et en pensant de la guerre comme quelque chose du passé.
02:55De l'histoire, comme je suis allée par exemple voir en Auschwitz.
03:02Des lieux pour moi, ça faisait partie de l'histoire douloureuse sur laquelle l'humanité a appris sa leçon.
03:08Et pourtant, quand vous êtes en Asie et que vous apprenez que les Russes attaquent l'Ukraine, vous rentrez dans votre pays.
03:16Votre premier réflexe n'est pas de fuir la guerre.
03:19Votre premier réflexe, c'est de rentrer dans votre pays en guerre.
03:23Pourquoi ?
03:23Parce que les miens sont là, parce que mes parents étaient là, mes amis étaient là.
03:30Et disons, j'étais à Sri Lanka pour les vacances et je ne pouvais pas continuer les vacances tandis qu'il y a la guerre dans mon pays.
03:39Donc de toute façon, il fallait faire quelque chose.
03:41Je ne pouvais pas continuer les vacances.
03:46Donc au début, je pensais peut-être aller jusqu'à la Pologne et voir comment ça se passe.
03:49Mais une fois là-bas, j'ai compris que je dois être sur place et décider ensemble avec les miens, que faire ensuite.
03:57Vous nous racontez cette chanson ?
04:27Qu'est-ce que c'est ?
04:27C'est la chanson qui s'appelle « On will be me ».
04:30On peut l'entendre pendant le spectacle dans lequel je joue.
04:35Le spectacle, la partie vivante de spectacle Radio Live.
04:40Elle est interprétée par Emma Pratt qui chante en toutes les langues.
04:43Là, elle chante en ukrainien.
04:44C'est une chanson traditionnelle ukrainienne.
04:47C'est ma mère qui l'aime beaucoup.
04:49Quand j'ai demandé à ma mère ce qu'elle voulait entendre comme la chanson dans le spectacle, elle a dit...
04:55Alors le spectacle avec deux autres femmes, l'une syrienne et l'autre bosniaque.
04:59Vous montez sur scène et vous dites toutes les trois face au public comment la guerre a percuté vos vies.
05:06Le spectacle, il s'intitule « Vivante ».
05:08Il a été créé par Aurélie Charon.
05:10Aurélie Charon, on la connaît bien à France Culture et à France Inter.
05:13Elle alterne les témoignages radiophoniques et aussi les mises en scène de la parole.
05:18Alors ce spectacle, il va encore se jouer jusqu'à samedi à Paris, au Théâtre de la Cité Internationale.
05:23Et ensuite, il va partir en tournée.
05:26Il y aura plusieurs dates.
05:27Ailleurs, en France, vous pouvez retrouver toutes ces dates sur le site du projet Radio Live.
05:33Et vraiment, je vous invite à voir ça parce que c'est absolument bouleversant.
05:39Est-ce que ça se partage la guerre, Oksana Leta ?
05:43Je vous pose la question parce que c'est des choses qu'on a beaucoup entendues et qu'on a beaucoup lues.
05:48Ceux qui avaient vécu, par exemple, la Seconde Guerre mondiale en France se sentaient complètement coupés de ceux qui avaient fui,
05:55qui étaient partis, par exemple, aux États-Unis, comme s'il y avait quelque chose entre eux qu'ils ne pouvaient pas raconter,
06:01qu'ils ne pouvaient pas partager, ceux qui avaient vécu la guerre et ceux qui ne l'avaient pas vécu.
06:06C'est intéressant ce que vous dites parce que moi, je me sens beaucoup coupée de l'expérience des Ukrainiens qui sont partis.
06:11Parce que c'est les miens qui ont fui le pays et du coup, j'ai l'impression qu'on ne se comprend pas très bien.
06:17Mais pas avec des étrangers. Je ne sais pas pourquoi, mais...
06:21C'est-à-dire tous les copains d'avant, tous ceux qui ont choisi de fuir le pays,
06:25il y a quelque chose qui vous sépare et qui vous éloigne aujourd'hui ?
06:27Et ce n'est pas que la distance géographique ?
06:30On n'a pas beaucoup de choses à discuter.
06:32On reste parfois en contact, mais le contact est difficile.
06:35Le contact est difficile.
06:36Même si maintenant, j'essaie de faire plus.
06:41Tandis qu'avec des personnes étrangères, je pense que l'information et les connaissances se partagent.
06:50Et moi, je le vois pour moi.
06:52Quand j'ai entendu Inès de Bosnie, pour la première fois, pas dans le cadre de Vivante, mais de l'autre spectacle,
06:58parler de son expérience de Mostar, de Sarajevo, comment elle a vécu ces guerres,
07:06ça m'a poussée à lire.
07:08J'ai acheté le livre sur les guerres d'ex-Yougoslavie.
07:12J'ai commencé à écouter les podcasts, donc je pense que c'est quelque chose,
07:17c'est une forme de l'art, mais qui pousse à réfléchir et à chercher plus, et à comprendre plus.
07:26Et j'ai l'impression que parfois, que j'ai compris plus sur ce qui se passait à Rwanda,
07:30en écoutant Yannick de Rwanda, qu'en essayant de lire l'article sur Internet.
07:36Voilà.
07:38C'était sa deuxième mission depuis le début de la guerre.
07:40Frédéric était avec Maxime.
07:41Il s'était avancé jusque dans l'est du pays, là où les combats font rage.
07:45Frédéric filmait et Maxime racontait.
07:47La semaine dernière, déjà, des bombardements les avaient surpris,
07:50comme Frédéric le confiait sur BFM TV.
07:52On pensait être un endroit où on était en sécurité, en fait,
07:55où il n'y avait plus de bombardements, dans une ville, où il n'y avait que des civils.
07:59Et en fait, c'est aussi la réalité de la guerre, c'est que ça tombe absolument partout.
08:02Les rédactions de BFM TV et celles de RMC sont en deuil.
08:05Le directeur de la chaîne d'information, Marc-Olivier Fogiel, a exprimé sa tristesse hier à l'antenne.
08:11Frédéric, c'est Frédéric Leclerc-Himoff.
08:13Il avait donc 32 ans.
08:15Il a été tué par un éclat d'obus pendant une mission d'évacuation dans le Donbass.
08:20Et Oksana, quand vous dites que les premières équipes que vous avez accompagnées comme fixeuses
08:24dans ce terrain de guerre qui est votre propre pays, c'est l'équipe de BFM.
08:31C'était France 2 et BFM.
08:32Je tournais entre deux.
08:34Entre les deux.
08:35Donc vous avez été au plus près de ce drame.
08:39J'étais dans le même véhicule avec Frédéric.
08:42C'était un grand véhicule blindé d'évacuation, mais j'étais à l'arrière.
08:46C'est ça.
08:47Et vous avez compris ce qui s'est passé à ce moment-là ?
08:49J'ai compris après, parce que je ne voyais pas le devant.
08:53Quand j'ai entendu l'explosion et j'ai vu le trou dans la paroi, je pensais que l'éclat
08:59a juste percé le paroi de derrière.
09:03Donc on s'est allongé par terre avec Maxime et je ne savais pas ce qui s'est passé devant.
09:07J'ai compris que le véhicule s'accélérait, mais j'ai compris qu'une fois qu'on est sorti, toute l'ampleur de le drame.
09:17Et vous avez perdu un tympan dans cette explosion ?
09:23Les deux étaient un peu déchirés, mais je me suis fait soigner en faisant les exercices spécials et mettant des gouttes.
09:31Et ça, ça va bien.
09:32Votre maman habite la banlieue sud de Kiev.
09:36Et évidemment, elle le raconte parce que parfois, elle monte avec vous sur scène quand elle peut venir en France.
09:40Ou alors, quand il y a assez d'électrificité à Kiev, vous l'appelez.
09:44Et donc, elle arrive au milieu du spectacle.
09:46Et elle dit son angoisse.
09:49Elle dit son angoisse très très forte quand elle sait sa fille au front ou s'approchant tout près des terrains de guerre.
09:57Oui, je pense qu'elle ne ment pas, mais en même temps, elle me connaît très bien.
10:03Comme parfois, quand Aurélie lui demande, est-ce qu'elle me disait de revenir de Sri Lanka ?
10:10Est-ce qu'elle me disait qu'il fallait revenir ?
10:11Elle répond, je disais de ne pas revenir, mais au fond de moi, je savais qu'elle allait revenir.
10:16Ma fille, donc, elle me connaît très bien.
10:18Elle sait que, de toute façon, je vais faire ce que je veux faire.
10:22C'est ça, quand vous avez décidé quelque chose de ça.
10:25Donc, comment vous faites pour la rassurer ?
10:27Je lui envoie la première chose que j'ai faite après la mort de Frédéric.
10:34Quand j'étais connectée à l'Internet, j'ai envoyé le message à ma mère en disant « Je suis en vie ».
10:40Parce que je savais qu'elle allait le voir à la télé ou ailleurs.
10:42Donc, c'était important pour moi de lui dire.
10:45Donc, c'est juste des petits messages, envoyer des petits messages, des petites photos, des petits textos pour chaque jour lui donner une petite nouvelle.
10:53Mais comment vous tenez, Oksana ?
10:54Comment vous tenez face aux horreurs ?
10:58Ce n'était pas votre métier d'être journaliste de guerre.
11:02Vous étiez prof, vous étiez prof, vous étiez actrice, vous travaillez sur des spectacles.
11:08Comment on tient face à ces horreurs ?
11:11Récemment, j'ai vu sur Internet un mème très amusant qui me caractérise bien.
11:17C'est une conversation entre le champignon et un oiseau.
11:20Et un oiseau a dit au champignon...
11:20Vous êtes le champignon ou vous êtes l'oiseau ?
11:22Oui, le champignon.
11:23Il dit au champignon.
11:24En anglais, il dit « Pourquoi tu n'écoutes pas tes émotions ? »
11:30« Why don't you hear your feelings ? »
11:32Et un champignon lui répond « No feelings, just doings ! »
11:35Je pense que c'est un peu moi, oui.
11:37Ça veut dire que depuis le début de la guerre, vous vous êtes coupée de toutes vos émotions ?
11:42Non, je sens les émotions.
11:44Mais je me suis coupée plutôt de réflexion.
11:49Je pense que je me sauve dans l'action.
11:54Donc je remplis ma vie avec...
11:56Je fais plein de choses.
11:57Je fais le théâtre et le fixing.
12:01Et puis j'ai écrit un livre sur le fixeur avec Morteza Begboudi.
12:04Donc je fais plein de choses et je n'ai pas le temps de réfléchir.
12:08Donc quand on n'a pas le temps de réfléchir, on ne réfléchit pas.
12:12Et du coup, on a moins peur.
12:13Est-ce qu'il y a un moment quand même, vous sentez que tout ça a eu de l'impact sur vous ?
12:18Que tout ça est rentré, que tout ça a quand même percuté votre morale, votre sommeil, vos rêves, vos cauchemars ?
12:29Je n'ai pas de cauchemars, mais la guerre sûrement impacte l'état de tous les Ukrainiens.
12:36Non seulement de ceux qui vont au plus proche de l'île de front.
12:38Parce que presque chaque nuit, nous avons les bombardements.
12:41Donc c'est déjà compliqué de ne pas faire les nuits.
12:44Mais moi, je l'ai senti bien, évidemment.
12:47Après, je me suis adressée aux spécialistes.
12:50Je prends les antidépresseurs, maintenant, ça va mieux.
12:54Je vous propose d'écouter Vladimir Yankelevitch, très grand philosophe français, juif,
13:00qui était professeur avant la guerre en France,
13:05qui s'est caché d'abord, qui a enseigné sous de fausses identités,
13:10puis qui ensuite est rentré dans la résistance.
13:13Là, on est longtemps après la guerre.
13:14C'était une interview, une archive de l'ORTF.
13:16Et l'Allemagne d'aujourd'hui, comment la regardez-vous ? Elle vous fait peur ?
13:19Moi, je ne la regarde pas.
13:21J'ai horreur de ce pays-là, je ne crains pas de le dire.
13:24Je n'y vais jamais.
13:25Je n'accepterai pas que mes livres soient traduits en allemand.
13:27Et depuis la guerre, je n'ai jamais mis les pieds là-bas.
13:30Je ne tiens pas à les revoir, n'est-ce pas ?
13:32Avec leur nickel tout brillant, leur marque, leur gros ventre.
13:36Ils nagent dans l'opulence.
13:38Je les vois suffisamment comme ça.
13:39Je n'ai pas envie d'y aller.
13:40Et si on vous dit que ces propos sont un peu racistes, qu'en pensez-vous ?
13:44J'ousserai les épaules.
13:45Ce n'est pas comme moi, je puisse tenir des propos racistes.
13:47Étant donné ce que j'ai souffert, ça me fait pousser les épaules.
13:50Je ne dis pas ça parce que ce sont les Allemands.
13:52Je dis ça parce que ce sont des gens qui ont bonne conscience,
13:54qui s'en fichent complètement.
13:55Ils ne savent même pas de quoi on parle.
13:56Vous étiez prof au lycée et vous étiez prof de russe, Oksana.
14:02Et le russe, vous n'avez plus du tout envie de l'enseigner.
14:06Vous diriez comme Vladimir Yankélévitch, le russe, c'est fini ?
14:09Je partage tout à fait ce qu'il dit.
14:13Pour moi, c'est fini parce que je ne veux plus apporter les valeurs.
14:18Je n'ai rien à raconter sur la Russie contemporaine de ce que j'aimerais bien ramener dans mon pays.
14:23Et on ne peut pas enseigner la langue qu'en apprenant les significations de mots.
14:29Il faut l'enseigner par l'histoire, par la culture, par les valeurs, par l'actualité.
14:33Et je ne veux pas le faire maintenant.
14:35Je ne pense pas que c'est quelque chose...
14:38C'est-à-dire qu'on n'est pas réduit à faire de la grammaire russe et des cours d'orthographe.
14:43Donc enseigner le russe, ça veut dire enseigner la littérature russe, la poésie russe, la musique, l'art, la peinture.
14:51Ça me fait physiquement mal de parler de poussines.
14:53Ça me fait physiquement mal de Dostoevsky.
14:55Oui, c'est absurde de le faire en restant sous les bombardements russes en même temps.
15:01Et pourtant, Dostoevsky n'a pas grand-chose à voir avec Poutine.
15:04Oui, mais Dostoevsky a quelque chose à voir avec la langue russe.
15:09Et vu que c'est très compliqué parce que Poutine dit maintenant, là où il y a la langue russe, c'est la Russie.
15:15On va vous envahir parce qu'il dit que le prétexte d'envahir l'Ukraine, c'est protéger la population russophone.
15:22Donc vu qu'on ne veut pas être envoyé, tué, etc., etc., c'est normal qu'on mette la distance entre son propos et ce que nous vivons.
15:31Et maintenant, même si Pouchkine ou Dostoevsky n'ont rien à voir avec Poutine concrètement, mais ils ont à voir quelque chose avec l'empire russe, avec toute cette politique coloniale et impérialiste de la Russie.
15:47Donc ce n'est pas le bon moment de l'amener en Ukraine.
15:52Et puis, pour moi, j'ai le droit de le refuser maintenant, vu que ce que je suis en train de vivre dans ma vie.
16:00C'est de la haine que vous ressentez ?
16:02Alors, est-ce que je peux dire que j'ai la haine envers tous les Russes ? Non.
16:06Parce que j'ai une amie russe qui a vécu en Ukraine pendant plusieurs années et a dû fuir avec deux enfants, comme toutes mes amies ukrainiennes.
16:16Ou dans l'armée ukrainienne, il y a trois bataillons russes.
16:20Donc je ne déteste pas la nation ou le passeport des gens, mais l'État et les 70% de gens qui soutiennent cette guerre, qui est la guerre génocidaire, à mon avis, je le hais.
16:35Oui, je le déteste.
16:36Et vous pensez qu'il y aura un après ? Un après ? Une manière pour les Russes et les Ukrainiens de se retrouver ?
16:43Une manière pour les Ukrainiens de lire à nouveau les grands textes russes qu'ils ont tant aimés d'enseigner cette langue ?
16:49Je pense que c'est quelque chose à quoi peuvent réfléchir les pays européens.
16:53Mais quand c'est la question de survie, pour nous, on ne pense pas à ça.
16:57L'après arrivera quand on sera après.
16:59Maintenant, on ne voit pas encore la fin de cette guerre.
17:01On ne sait pas comment ça va se terminer.
17:04Donc c'est trop tard de réfléchir sur l'après.
17:08Il y a des femmes qui sont entrées dans l'armée ukrainienne.
17:11Elles sont très nombreuses et même leur fonction, leur statut, les tâches auxquelles elles sont dévolues sont en train d'évoluer.
17:19Est-ce que vous vous êtes posé la question, vous, de prendre les armes, d'aller vous battre ?
17:24C'est vrai. L'Ukraine, je crois que c'est une des armées européennes où il y a le plus de femmes.
17:30Ce qui a changé, c'est qu'avant, même si les femmes étaient artilleuses ou fantassines,
17:39c'était quand même écrit dans leur passeport militaire qu'elles travaillaient la cuisine.
17:44C'était horrible.
17:46Maintenant, ils ont vraiment gagné le vrai statut de combattantes.
17:48Pour ma part, je me suis posée cette question au début de la guerre.
17:54Là, j'ai l'impression que je trouvais ma place en étant fixeuse.
17:57Et à vrai dire, je pense que je n'ai pas suffisamment de courage pour le faire.
18:01J'ai beaucoup de respect envers les femmes qui le font.
18:04si la mobilisation des femmes devient obligatoire et que je suis récordée et gérée.
18:11Pour l'instant, ce n'est pas le cas.
18:12Non, pour l'instant, ce n'est pas le cas.
18:13Mais comme beaucoup de gens, je n'ai pas très envie d'aller mourir sur le front.
18:21Mais après, s'il le faut, il le faut.
18:24Mais je vois beaucoup de mes amis qui sont maintenant dans une telle situation
18:30où ils ne vont pas volontairement.
18:32Mais quand on leur donne une lettre, ils vont.
18:36Voilà.
18:36Mais oui, je n'ai pas de courage pour y aller toute seule.
18:41Le courage, vous l'avez quand même parce que vous n'êtes pas partie,
18:44que vous accompagnez les journalistes dans des endroits extrêmement dangereux
18:47où vous assistez à des choses absolument effroyables
18:50et que c'est aussi grâce à vous que le monde entier connaît cette guerre.
18:54et que le monde entier met des mots et des images sur cette guerre.
18:58Et ça, évidemment, c'est fondamental.
18:59Merci Oksana Leta.
19:01Je rappelle que Radio Live, c'est le site sur lequel vous pouvez trouver toutes les informations
19:05pour voir ce spectacle totalement bouleversant
19:07où trois jeunes femmes partagent la guerre et la façon dont elle a impacté leur vie.
19:11Merci Oksana.
19:12Merci beaucoup, Diakou.
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