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Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique

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Transcription
00:00L'édito politique Patrick Cohen, le crash test d'une assemblée surpuissante.
00:05Imaginez douze individus enfermés dans une pièce et interdits d'en sortir sans un accord unanime sur une décision à prendre.
00:12Douze citoyens libres de leur choix, mais prisonniers de leurs préjugés,
00:16dont ils vont un à un se défaire par la magie de la discussion raisonnée et de la délibération.
00:21Vous avez reconnu l'argument de douze hommes en colère,
00:24chef d'oeuvre de Sidney Lumet avec Henri Fonda en juré numéro 8,
00:27qui bâtit un consensus inespéré à force de persuasion.
00:31Film admirable et fascinant auquel je pense à chaque fois qu'il est question de responsabilité individuelle
00:37et de décision collective, en me demandant si dans la vie réelle,
00:41un juré solitaire parviendrait à ébranler les certitudes de onze de ses semblables.
00:46Et je dois vous dire que l'air du temps intolérant et sectaire m'emmène assez loin de la foi humaniste de Lumet.
00:52Et c'est ce que va expérimenter l'Assemblée nationale ?
00:55En quelque sorte, oui, si le cornu échappe à la censure, avec 577 hommes et femmes,
01:01nous ne sommes plus en 1957,
01:03sommés d'accouchés d'un budget de l'État en 70 jours et d'un budget de la Sécu en 50 jours,
01:08dans une Assemblée qui n'a jamais été aussi morcelée et polarisée,
01:12qui n'a jamais eu un tel poids sous la Ve République,
01:15puisque l'exécutif a promis de lui laisser la main comme dans un régime parlementaire,
01:19face à des finances publiques qui n'ont jamais été aussi dégradées,
01:22et avec un risque d'élections anticipées qui n'ont jamais paru aussi proches.
01:27Soit une crise budgétaire qui exige de prendre des mesures courageuses, donc impopulaires,
01:32et une crise politique qui invite à faire le contraire.
01:35Ce n'est pas faire injure aux députés que de penser qu'ils sont sûrement moins soucieux
01:39de l'équilibre du budget que de l'humeur de leurs électeurs,
01:43à l'instar déjà de ces députés LR qui, contrairement à leurs dirigeants,
01:46n'ont pas oublié qu'une quinzaine d'entre eux, au moins, doivent leur élection de 2024
01:50à un front républicain qui risque de ne plus avoir lieu en cas de dissolution,
01:55parmi lesquels Laurent Wauquiez lui-même, qui a profité au second tour face au RN,
02:00du retrait de son adversaire écologiste.
02:02Les arrière-pensées électorales sont devenues écrasantes sur tous les bancs.
02:06Et donc, Patrick, vous ne croyez pas à la possibilité de compromis ?
02:09Le budget 2025, le dernier budget adopté en février, était le fruit d'un compromis, on l'a oublié.
02:16C'était le budget Bayrou, que la gauche trouvait trop postéritaire et la droite trop dépensier.
02:21Mais au moment de le faire passer par 49-3, ni les socialistes, ni le RN n'avaient voté la censure.
02:27Cette fois, plus de 49-3, le RN est revenu à sa posture anti-système
02:31et le PS à sa position de pivot.
02:33Alors, on peut toujours rêver d'un sursaut de responsabilité,
02:37mais objectivement, rien n'invite à la sagesse dans le climat actuel.
02:41Tout conduit à confondre le compromis avec la capitulation de l'adversaire,
02:46l'intérêt électoral avec la démagogie,
02:48la revendication avec l'exigence et l'exigence avec la surenchère.
02:53Nos 577 hommes et femmes en colère ont toutes les chances de le rester.
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