01:09Vous vivez dans une fiction architecturale, c'est qui Ziva ?
01:14Ziva c'est mon alter ego on va dire.
01:17C'est peut-être pour ça que ce matin je suis plutôt sobre, je n'ai pas revêtu mon costume Ziva.
01:22Mais c'est le personnage que je me suis créé et à travers lequel je m'exprime dans mes intérieurs,
01:29dans le dessin de mes espaces et de mes mobiliers.
01:33J'encourage les auditeurs à aller voir vos réseaux sociaux puisque vous allez comprendre en une seconde ce qu'on est en train d'expliquer.
01:40Ces projets monochrome ils sont super pop, ils sont réclamés, ils sont visités, ils sont suggérés par les magazines du monde entier.
01:46Moi j'avais envie d'inviter cet architecte qui détonne dans le paysage, mais on va raconter ma partie illégale chers auditeurs.
01:52Montez une agence sans aucun contact dans le milieu, ça relevait presque de la fiction.
01:57Alors vous avez créé encore une fois votre propre fiction, on le dit maintenant au micro.
02:00Ouais ouais carrément, je le dis souvent, mon travail il est à la frontière entre le réel et la fiction.
02:07Et pour le coup, même dans ma vie et la manière dont je me suis créé, ça a été quelque chose de très fictionnel.
02:14En fait en France, il faut bien comprendre un truc, c'est que quand on connaît absolument personne,
02:18qu'on n'a pas de réseau et qu'on veut avoir ses premiers projets, on va avoir un client et souvent le client nous demande une référence.
02:25Mais pour avoir une référence, il faut bien avoir un premier projet.
02:28Et du coup c'est un peu le serpent qui se mord la queue.
02:31Et il a fallu que je trouve des stratagèmes on va dire.
02:34Allez dites-le !
02:35Oui, il a fallu contourner un petit peu ça.
02:37Et du coup je me suis créé de faux projets en 3D, en inventant de faux clients, de fausses adresses, de faux espaces, de faux intérieurs,
02:44que j'ai envoyés à toute la presse, ou du moins en tout cas à tous les mails contact-à-robas-quelque-chose.
02:51Donc je ne savais pas si ça allait finir à la poubelle ou si ça allait être vu aux yeux d'un journaliste.
02:56Et puis ça a été le cas en fait, il y a quelques journalistes qui ont mordu à l'hameçon.
02:59Ils y ont cru ?
03:01Ils y ont cru.
03:01Ils se sont mis à parler de vous.
03:03Effectivement, ils ont publié mes premiers projets.
03:05Et grâce à ça, en fait, j'ai pu aller voir mes clients, leur montrant ces premiers projets, faux projets du moins publiés.
03:10Et je leur ai dit, bon ben voilà, je pense que ça y est, je suis légitime.
03:13Non, donnez-moi cette fois-ci un vrai projet.
03:15J'adore cette histoire.
03:18Tout votre parcours, il est hilarant.
03:20Vous avez été biberonné d'ailleurs aux jeux vidéo à Mario Bros, entre autres.
03:23Et vous revendiquez cette esthétique hyper colorée, ludique, presque enfantine.
03:26C'est quoi la pop architecture ?
03:28La pop architecture, c'est une architecture qui est populaire, donc qui prend en tout cas toutes ses références dans le monde de la culture populaire.
03:38Et moi, je parle beaucoup d'une chose, c'est le cartoon corps.
03:41Et j'adore ça.
03:42Et c'est l'idée en fait qu'on puisse potentiellement réenchanter le monde des adultes en passant par des marqueurs liés à celui de l'enfance.
03:50Et du coup, on va aller choper des éléments qui sont des marqueurs comme l'exagération, la caricature, la saturation, le fantasmagorique
03:58pour recréer des univers qui nous font voyager et qui nous sortent un petit peu de notre quotidien parfois un peu morose.
04:06Et quand vous voyez le travail d'Anthony, il y a des pièces entièrement jaunes, des pièces entièrement bleues, des pièces entièrement roses.
04:12Pour se projeter dans un espace, vous dites d'ailleurs qu'adopter une seule couleur du sol au plafond, ça permet de créer un cocon enveloppant.
04:18C'est devenu votre signature, cette couleur qui absorbe tout.
04:21Qu'est-ce que ça provoque chez celui qui vit dedans ? Un petit conseil aux auditeurs d'ailleurs.
04:25Là, on est dans un monochrome rouge, France Inter, mais pour les auditeurs qui nous écoutent.
04:30Oui, mais je décèle quand même un plafond noir et un sol gris.
04:34Ça mériterait un curseur encore plus poussé.
04:38Non, vous n'allez pas nous enfermer dans une boîte rouge.
04:42Non, mais je l'accorde, ça peut être un peu déstabilisant, mais c'est ce que je recherche aussi finalement,
04:46de déstabiliser la personne, l'arpenteur du lieu.
04:50Et ça, c'est quelque chose qui me plaît.
04:51Quand on crée un espace en monochrome total, on perd un petit peu les notions d'horizontal et de vertical.
04:57Et c'est ce que je recherche en fait.
04:59Du coup, qu'on soit complètement déstabilisé, presque en apesanteur, dans un lieu
05:03où on ne décèle plus ce qui est de l'ordre du mur ou du plafond ou du sol.
05:07C'est comme à l'Elysée en ce moment.
05:08Vous avez dessiné les intérieurs d'artistes comme Squeezie, comme les musiciens Mille,
05:14le comédien Panayotis Pasco ou encore dernièrement Artus.
05:17Comment on fait une maison pour quelqu'un d'aussi personnage qu'eux ?
05:20Est-ce que vous devenez quelque part leur metteur en scène ?
05:24Peut-être, je ne sais pas.
05:26C'est plus de l'ordre d'un dialogue en fait.
05:29Déjà, ils viennent me chercher, je pense, parce que mon propre personnage leur plaît.
05:32Enfin, j'ose l'espérer.
05:35Et ensuite, du coup, il y a tout un système de dialogue et d'entendre vers une direction
05:41qui nous appartient un petit peu à tous les deux et qui nous amène justement à dessiner
05:44cet espace qui à la fois les représente, mais à la fois me représente également.
05:48Vous défendez dans vos références de travail des sous-cultures souvent méprisées,
05:51la télé-réalité, le tuning, les cartoons.
05:53Et quand je vous ai demandé votre livre Totem, vous m'avez cité La Trappe-Cœur
05:57de Salinger, le roman d'un ado allergique finalement au chiquet
06:01qui refuse les rôles qu'on lui colle, qui cherche un endroit, un vrai endroit où respirer.
06:06C'est votre architecture finalement, c'est peut-être ça.
06:07Et puis de faire tomber le masque du bon goût.
06:10Oui, complètement.
06:11Je revendique effectivement absolument tous les goûts et même le mauvais goût
06:15reste un goût qui peut être potentiellement totalement valable à mon sens.
06:21Mais effectivement, il y a cette idée en tout cas du jeu des contrastes.
06:24Et ça, ça me plaît énormément.
06:25Le jeu des contrastes, il crée du rythme et en architecture, on en a besoin de rythme.
06:29Sinon, on s'endort ou on s'encroute.
06:32Et ça, ça ne me plaît pas tellement.
06:33Bon, je voulais vous le présenter ce matin, chers auditeurs, parce qu'on ne sait jamais
06:36d'où vient la vocation et pourquoi est-ce qu'on tient et qu'on se bat comme ça dans la vie.
06:40Alors, j'ai cherché le meilleur ami de votre père, un caricaturiste, toujours en train
06:44de gribouiller des visages.
06:45Vous aussi, vous aviez envie de dessiner des gens avec des petits corps et des grosses têtes.
06:48Ou alors, votre père, technicien d'ascenseur, vous l'accompagnez souvent, petit, dans ses dépannages.
06:53Il vous laissez entrer dans les gaines d'ascenseur et dans ses couloirs étroits
06:56que personne ne voit jamais.
06:57Un privilégié, finalement, ou peut-être l'appartement où vous êtes né à Biarritz,
07:00votre fenêtre donnée sur le stade Saint-Martin.
07:02Et avec votre père, vous avez percé un petit trou dans le grillage pour y entrer plus vite.
07:06Encore une fois, vous avez créé un passage secret.
07:08Alors, c'est peut-être ça, créer des passages, ouvrir des coulisses, garder de l'enfance.
07:12Et en parlant de l'enfance, la passion, elle est née aussi avec ce son passionné
07:16que votre père mettait tout le temps dans la bagnole.
07:18Mike Brandt.
07:19Laisse-moi t'aimer toute une nuit
07:25Tu peux chanter, Antoine.
07:30Voilà, chantez, je vous en prie.
07:32Toute une nuit
07:34Faire avec toi
07:38Le plus long, le plus bon voyage
07:42Tout le monde, allez Ali, pour pimenter sa vie
07:45Je me suis dit
07:46Le faire
07:49Aussi
07:51Alors, je vais le faire direct
07:52Anthony, j'étais contente de vous présenter ce matin
07:57Faut suivre sa voix, finalement
07:59Et puis, il faut y aller à fond
08:00Comme Anthony Autier
08:02Son studio s'appelle Ziva
08:04Z-Y-V-A
08:06Cet architecte, vous pouvez le suivre sur son compte Instagram
08:08Maintenant, vous pouvez aller voir toutes ces images pop
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