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  • il y a 2 jours
mavERIC, créateur de contenu et critique de mode est l'invité de Daphné Burki.

Retrouvez « Nouvelles têtes » présenté par Daphné Bürki sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes

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Transcription
00:00Ma nouvelle tête aujourd'hui s'appelle Maverick.
00:02Critique mode, libre penseur et pas du genre à se contenter d'un communiqué de presse.
00:07Il est suivi par des dizaines de milliers de personnes sur ses réseaux
00:10et il fait trembler l'entre-soi de la mode avec des vidéos virales
00:13qui commencent toujours par cette même gifle sonore.
00:16Vous me faites tout se chier.
00:18C'est du Maverick dans le texte.
00:20Demain, la Fashion Week de Paris démarre.
00:23Mais pas n'importe laquelle.
00:2576 défilés, 36 représentations officielles
00:28et surtout 15 créateurs qui prennent la tête de grandes maisons cette saison.
00:31C'est le plus grand mercato de la mode depuis des années.
00:35Autant dire que tous les projecteurs sont braqués sur les podiums
00:37et surtout sur ceux qui l'observent autrement.
00:40Comme Maverick.
00:41Maverick, lui, il regarde la mode comme un langage social, politique et émotionnel.
00:46Maverick, c'est un dérivé d'Eric, son vrai prénom,
00:48avec un K à la fin ajouté au blason.
00:50C'est un clin d'œil à Madonna et à sa maison de disques Maverick dans les années 90.
00:54Ses modèles, Pete Burns, Vivienne Westwood, Madonna.
00:58Ses vidéos virales, il y a des portraits hyper puissants de Grace Jones,
01:01de Thierry Mugler, de Beyoncé
01:03et des analyses fines sur la fast fashion,
01:05les esthétiques toxiques type clingirl
01:08ou encore les héritages racistes dans la mode.
01:10Il dit tout haut ce que beaucoup dans ce milieu n'osent même pas penser tout bas
01:15et il le dit avec style.
01:17Vous me faites tout ce chier.
01:20Avant d'exposer ce propos brillant, ensuite référencé, incarné.
01:24De toute façon, il le dit lui-même, moi je suis touché par un syndrome incurable,
01:27le besoin irrépressible de prouver aux gens qu'ils avaient tort avant même qu'ils ne s'en rendent compte.
01:31Et puis en creusant bien sur mon invité, j'ai appris que Maverick, il était bouddhiste.
01:36Alors ma première question, elle est toute simple.
01:38Bonjour Maverick.
01:39La compassion, ça existe au premier rang d'un défilé ?
01:42Le ?
01:43La compassion, ça peut exister au premier rang d'un défilé ?
01:46Non.
01:47Mais il va falloir l'installer très rapidement, surtout pour cette Fashion Week
01:51avec tous les nouveaux créateurs dans ces nouvelles maisons
01:55qui débutent avec leur nouvelle collection.
01:58Il faudra beaucoup de compassion et surtout d'empathie.
02:01Oui, parce que certains auditeurs, je pense,
02:03et puis d'autres gens, même à France Inter, pourraient penser que dans le milieu de la mode,
02:07on est plus proche du bal des vanités que d'un chemin spirituel.
02:10Comment on fait cohabiter, justement, comme vous, la compassion dans un milieu obsédé par la rareté,
02:16par l'exclusivité, on va dire, même la domination symbolique ?
02:21Avec un parpaing pour les balancer au visage des mauvaises personnes
02:25et beaucoup de méditation et de l'encens.
02:29Alors je vais raconter, vous avez travaillé dans la mode pendant des années.
02:31D'abord en l'observant de très près, en interviewant les plus grands
02:35et puis vous vous êtes mis en retrait.
02:37Et vous êtes revenu en mars dernier avec un compte qui a, je vous jure, explosé
02:41au moment où la critique mode, elle avait disparu.
02:44Certainement étouffée par des partenariats d'influenceurs
02:47ou encore des courbettes de la presse.
02:49Et il se trouve que dans le questionnaire que je vous ai envoyé,
02:51vous m'avez cité une saison en enfer de Rimbaud
02:54parmi les oeuvres qui vous ressemblent le plus.
02:56Et c'est un texte écrit par quelqu'un qui plaque tout,
02:58qui traverse l'ombre et qui revient un petit peu plus lucide.
03:01Est-ce que c'est ce que vous avez vécu vous aussi ?
03:04Oui, ça c'est sûr.
03:07Pour la simple et bonne raison que quand j'ai débuté dans la mode,
03:10ce n'était pas un choix de carrière, c'était vraiment par accident.
03:14C'était le résultat d'un concours de circonstances.
03:20On m'a mis ça sur un plateau d'argent et je ne savais pas quoi faire de ma vie.
03:23Donc j'ai fait ok, soyons fous.
03:24On va le dire parce que vous venez très très loin du milieu de la mode.
03:28Votre père a été prothésiste dentaire, votre mère au foyer.
03:31Des études de comptabilité plutôt subies que choisis.
03:34En fait, vous n'avez pas les codes du métier comme on dit.
03:37Et justement, c'est ça que je trouve chouette dans votre parcours.
03:40Qu'est-ce que ça apporte à la mode de venir d'un monde qu'on ne regarde pas ?
03:45Ça apporte, je suppose, une certaine vision un peu détachée,
03:50plus réelle.
03:53En tout cas, je ne me sens pas emprisonné par des mensonges
03:57qu'on pourrait éduquer à certains étudiants
03:59au cas où si j'aurais fait une école de mode.
04:05La mode, moi, je l'ai vraiment vécue parce que je l'ai apprise sur le tas.
04:09Et surtout parce qu'à la base, j'aimais juste m'habiller
04:11et qu'on pensait que j'aimais la mode alors que ce n'était absolument pas le cas.
04:15J'en avais absolument rien à faire de la Fashion Week.
04:16Donc, je voulais juste être flamboyant et beau.
04:20Qu'est-ce que vous aimez dans la mode ?
04:23J'aime le fait d'avoir appris que de se vêtir peut être une armure.
04:29En tout cas, c'est la manière dont je vois la mode.
04:32Ça me permet d'être vraiment en alignement avec ce que je suis physiquement et spirituellement.
04:36Moi, je ne peux pas vous décrire. Vous pourriez vous décrire ce matin à la radio ?
04:40Qu'est-ce que vous êtes physiquement ?
04:42Non, je vais tout simplement citer mon ami Pete Burns
04:47qui était plus ou moins similaire comme moi.
04:53Il n'était ni transgenre, il n'était ni non-binaire
04:58parce que de toute manière, à notre époque, ces termes n'existaient pas
05:01vu que je suis un boomer.
05:03Mais non, lui, il disait juste qu'il était Pete
05:07et moi, je suis juste donc du coup Eric.
05:09C'est trop facile de se catégoriser comme ça.
05:14Mais boomer, mais vous avez quel âge ?
05:16On ne dit jamais son âge dans la mode.
05:17Je suis née à une époque où Michael Jackson était encore noir.
05:19Mais ce Maverick sur les réseaux sociaux que je vous conseille vraiment de suivre,
05:27ce n'est pas son premier coup d'éclat.
05:28Il y a une dizaine d'années, je vous raconte,
05:30parce qu'il a publié une interview d'Azedin Alaya
05:32qui avait fait l'effet vraiment d'une déflagration dans la mode.
05:36C'était la première fois qu'un créateur de cette envergure...
05:38Donné son âge.
05:39En tout cas, parler aussi librement de Karl Lagerfeld.
05:41Dana Wintour, qu'il n'est mieux pas du tout,
05:43dont il se manque même du système de la mode,
05:45de la nécessité de savoir tout faire soi-même.
05:47Et vous avez reposté d'ailleurs en avril dernier cette interview dans son intégralité.
05:51Elle est devenue l'air de rien, un texte fondateur à ce moment-là.
05:54Vous vous souvenez de ce jour où Azedin Alaya vous a reçue
05:57alors que vous lui avez juste envoyé un petit mail
05:58que vous ne veniez pas de ce milieu-là et qu'il vous a fait à manger ?
06:02Oui.
06:04J'étais très intimidé déjà parce qu'il y avait cette énorme table dans sa cuisine
06:10qui se trouve à son atelier à Rue de Moussy dans le Marais.
06:13Et je pensais que je serais mis au fin fond de la table.
06:17Mais non, il m'a placé vraiment à côté de lui.
06:20Il m'a servi deux fois dans mon assiette.
06:22Il m'a forcé à manger.
06:23Il m'a goinfré en disant que j'étais trop maigre.
06:26Mais c'était quelqu'un d'une générosité incroyable avec son temps,
06:29avec sa parole,
06:31qui m'a soutenu jusqu'à sa disparition.
06:35Et ce qui m'a touchée, c'est l'authenticité qui se permettait dans son discours
06:41et qu'il n'y avait aucun tabou pour lui, en tout cas,
06:45de discuter d'Anna Wintour ou de...
06:48C'est peut-être ça votre héritage en tout cas.
06:50Azedin Alaya, c'est votre grande honnêteté justement sur le milieu de la mode.
06:55Lorsque je vous ai demandé quelle était votre première fois,
06:57qui est une question ambiguë, je sais Sonia,
06:59vous m'avez répondu, je la réserve pour Pedro Pascal ou Ricky Martin,
07:03ce qui m'a fait évidemment bouillir de rire.
07:04Mais une première fois, c'est aussi une première émotion,
07:07un premier miroir.
07:10Et pour vous, hier comme aujourd'hui,
07:13c'est Mylène Farmer.
07:17Et ce titre, sans contrefaçon,
07:19dans votre travail, vous passez justement votre temps
07:22à dénoncer ce qui sonne faux dans la mode,
07:24les copiés-collés d'archives,
07:25les discours sans ancrage,
07:27les héritages racistes repeints en storytelling
07:29de certaines maisons de couture,
07:30ou ce capitalisme qui s'achète des slogans féministes insupportables,
07:34Est-ce qu'on peut encore faire de la mode aujourd'hui,
07:37sans contrefaçon ?
07:38Non.
07:40Non, parce que la mode est devenue un système.
07:45Parce que la mode est devenue un énorme système
07:47qui est contrôlé par plusieurs groupes
07:49et plusieurs annonceurs.
07:55Mais je pense sincèrement qu'il y a quand même
07:57une vraie communauté qui a ce besoin,
08:00en tout cas, de sincérité et de transparence.
08:04Notamment, on l'a vu avec Elias, par exemple,
08:08qui a commencé.
08:08Elias, qui est un autre jeune critique mode
08:10qui est en train d'exploser en ce moment.
08:12Donc il avait commencé,
08:13et j'ai trouvé son discours très pertinent
08:15et très rafraîchissant.
08:18Et en réfléchissant, je me dis qu'il a su fédérer
08:21une communauté qui permette en tout cas
08:24cette quête d'authenticité.
08:27Aujourd'hui, démarre la Fashion Week de Paris.
08:30Au moment où le luxe recule,
08:31la face fashion explose,
08:32les jeunes créateurs s'étouffent.
08:33Vous commencez toutes vos vidéos,
08:34encore une fois, par...
08:35Vous me faites tout ce chier.
08:38Qu'est-ce que vous avez envie de dire,
08:39aujourd'hui, à cette industrie ?
08:41Est-ce qu'on peut d'ailleurs encore dire
08:42quelque chose aujourd'hui ?
08:45Laissez la parole aux jeunes créateurs
08:48et soutenez-les.
08:50Il y en a marre de voir les mêmes têtes
08:51sur ces chaises musicales.
08:54Honnêtement, ça me donne la nausée.
08:56J'ai envie de mettre l'un de vos sons préférés
08:59quand vous dites ça.
09:00David Bowie, Heroes.
09:01Moi, je suis d'accord avec vous.
09:02On a une jeune scène extraordinaire en France.
09:05On les soutient.
09:06Lui, il s'appelle Maverick.
09:07M-A-V-E-R-I-C-K.
09:09Vous pouvez le suivre sur ses réseaux sociaux.
09:10Ça vous fera du bien.
09:11Merci à vous.
09:11Merci.
09:13M-A-V-E-R-I-C-T-A.
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