- il y a 22 heures
Les clefs d'une vie - Marie Lebey
Dans son roman "Les Marquises", elle évoque Jacques Brel. L’occasion de le raconter en ce 9 octobr , 47 ans jour pour jour après son départ.
🗝 Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
________________________________________
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
________________________________________
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
☀️ Et pour plus de vidéos des clefs d’une vie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQVk_MxJ_jFc3Az4Aqy_giC
##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-10-09##
Dans son roman "Les Marquises", elle évoque Jacques Brel. L’occasion de le raconter en ce 9 octobr , 47 ans jour pour jour après son départ.
🗝 Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
________________________________________
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
________________________________________
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
☀️ Et pour plus de vidéos des clefs d’une vie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQVk_MxJ_jFc3Az4Aqy_giC
##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-10-09##
Catégorie
✨
PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Jacques Brel nous a quittés voici 47 ans jour pour jour.
00:10Vous faites revivre l'homme aux chansons immortelles
00:12dans un roman où Paul Gauguin est également présent
00:15afin de rendre votre tableau encore plus vivant.
00:18Bonjour Marie Lobé.
00:20Bonjour Jacques.
00:21Alors je vous avais reçu il y a 3 ans dans les clés d'une vie
00:23pour évoquer votre parcours de comédienne,
00:25votre vie avec Dominique Rocheteau,
00:27votre reconversion dans un roman qui s'appelait La valeur des rêves.
00:30Et là aujourd'hui vous publiez Les Marquises,
00:33un roman aux éditions du Rocher,
00:35un roman où Brel est présent.
00:36Avant de parler de Brel, puisque c'est aujourd'hui
00:38l'anniversaire de sa disparition,
00:40pourquoi avoir eu envie de faire ce livre ?
00:42Vous connaissiez Jacques Brel avant ?
00:43Bien sûr.
00:46J'ai fait ce livre pour mes enfants
00:47et puis je trouve que la vie est tellement,
00:52on est tellement dans la sinistrose
00:54que Brel mettait un peu de bonheur et de lumière dans l'époque
01:04et j'avais envie de le raconter à mes enfants.
01:08Et puis voilà, je voulais comprendre aussi pourquoi
01:12à chaque fois que j'entendais une chanson de Jacques Brel,
01:16j'avais les larmes aux yeux et ça me mettait dans un état comme ça.
01:22Comme Barbara ou Piaf,
01:24cet homme allait directement dans mon âme.
01:27Et dans l'âme de beaucoup de gens.
01:28Alors dans ce livre, il y a également Gauguin,
01:30Gauguin on en parlera tout à l'heure,
01:32on va évoquer Brel car vous en parlez beaucoup dans ce livre
01:35et on va raconter son parcours à travers des dates clés.
01:38La première, c'est le 21 septembre 1953,
01:41c'est sa première audition à Paris au Théâtre des Trois Baudets devant Jacques Canetti.
01:46En fait, Jacques Canetti a été directeur de Radio Cité dans les années 30.
01:49Après la guerre, il a créé ce Théâtre des Trois Baudets
01:51où il a fait débuter Brassens, De Vos et Brel
01:55qu'il avait remarqué chez Patachou.
01:58Et c'est vrai que cette audition était importante.
02:00En fait, je crois qu'il avait fait un 18 tours en Belgique
02:07que personne n'avait écouté.
02:08Il en a vendu 200 à sa famille.
02:10200 à sa famille, exactement.
02:12Sauf qu'il y a un exemplaire qui avait atterri chez Canetti.
02:17Et Canetti était avec Brassens
02:19et en écoutant ce disque, il se dit
02:22« Tiens, ce petit belge, je voudrais le faire venir. »
02:25Et donc Brel débarque en France
02:28avec l'adresse de Canetti, un rendez-vous de Canetti,
02:32mais il ne connaissait personne et personne ne le connaissait.
02:34Il avait pris même un billet de 3ème classe
02:37et le train mettait 6 heures pour venir à Paris
02:39parce qu'il n'avait pas beaucoup d'argent.
02:41Il n'avait pas beaucoup d'argent
02:42mais quoique ses parents l'ont aidé beaucoup,
02:46il avait pris un billet de 3ème classe
02:47parce qu'il voulait laisser plus d'argent à Miche, sa femme
02:51et les enfants.
02:54Donc il ne voulait pas gâcher de l'argent.
02:58Alors Canetti lui dit
02:59« Vous avez un physique pas facile »
03:00mais il l'engage quand même en levée de rideau.
03:02Il l'engage en levée de rideau pour lui faire plaisir
03:06et puis ça ne marche pas.
03:08Je crois que c'était « En levée de rideau » de Mouludji.
03:10Exactement.
03:11Voilà.
03:11Ça ne marche pas et un jour, il n'a pas le temps de dîner
03:14et Brassens qui était là
03:15lui apporte un sandwich en scène
03:17qu'il va manger entre deux chansons.
03:19Ah, ce n'est pas vrai.
03:20Ça, je ne savais pas.
03:21Et Brassens, c'est le seul qui, à ce moment-là,
03:23lui remonte le moral.
03:24Ah oui, et puis c'est le seul qui croit en lui.
03:26Il faut dire aussi qu'à l'époque,
03:29ce n'était pas le brel qu'on connaît maintenant.
03:31Il chantait, ses chansons étaient très troubadours,
03:37moyenâgeuses, mamies.
03:39Il était, ce n'était pas le brel affûté
03:42qu'il va devenir plus tard,
03:45un an, deux ans après.
03:48Son premier passage à la télévision en France,
03:50c'est dans une émission de Jacqueline Joubert
03:52où il sort d'une sorte de cage
03:53et il chante une chanson qui, effectivement,
03:55ne ressemble pas à toute celle qu'il créera ensuite.
04:00Il peut pleuvoir sur les trottoirs
04:02et les grands boulevards
04:03Moi, je m'en fiche, j'ai ma amie
04:04Au près de moi
04:06Il peut pleuvoir sur les trottoirs
04:08et les grands boulevards
04:09Moi, je m'en fiche, j'ai ma amie
04:10Cette chanson, effectivement,
04:12c'est dans l'esprit traîné qu'il adorait.
04:15D'ailleurs, il a dit de traîner un jour
04:16S'entraîner, nous serions tous des comptables.
04:18Mais ce n'est pas encore le style de brel
04:20parce qu'il cherche son style à l'époque.
04:22Ah oui, complètement.
04:24D'abord, au départ,
04:26il écrivait ses textes
04:28pour trouver un interprète.
04:30Et puis, il s'est mis à les interpréter
04:31parce que personne ne voulait de lui.
04:34Et franchement, ce n'était pas bien.
04:37C'est Suzy Delerre, je crois que c'est le...
04:40Brassens l'envoie au...
04:42Je ne me rappelle plus au...
04:44Caveau de la Huchette
04:46ou je ne sais plus quoi.
04:47Non, non.
04:48Brassens a envoyé brel
04:51chez Suzy Lebrun
04:52qui tenait un cabaret à Paris
04:55qui s'appelait L'Echelle de Jacob
04:56qui a engagé brel
04:58à l'essai et ça a marché.
05:00Et Brassens croyait tellement en brel
05:02qu'un jour où brel voulait repartir à Bruxelles
05:04parce qu'il y avait un critique qui avait dit
05:05nous signalons à monsieur brel
05:06qu'il existe d'excellents trains pour Bruxelles
05:08il lui a dit dans un café
05:09continue, tu vas gagner.
05:11Et à l'époque il l'appelait, je pense que c'était l'abbé Brel
05:14vous savez pourquoi ?
05:15Oui, il l'appelait l'abbé Brel
05:16parce qu'il était toujours
05:18avec ce côté Boy Scout
05:21Oui, il avait une sorte de pull
05:23qui ressemblait à une chasuble.
05:24Ah oui, oui, complètement.
05:26Mais...
05:26Oh oui, c'est ça.
05:28Mais aussi cette femme
05:30va lui dire
05:31rase ta moustache
05:32arrête de te mettre de la gomina
05:33et puis à partir de...
05:36Elle l'engage à l'échelle de Jacob
05:38où de temps en temps il passe
05:40et à ce moment-là il commence à apurer son style
05:42être plus profond
05:43et avoir beaucoup moins de clichés
05:46et de se débarrasser
05:47toutes ses oripeaux
05:48et le brel commence à naître.
05:51Voilà, il faut savoir qu'au début
05:52sa profession était théoriquement
05:55de devenir directeur commercial
05:57de l'entreprise Farmilial
05:58qui était une entreprise de carton
06:01brel et compagnie
06:02et ça ne l'intéressait pas du tout.
06:04Ben oui, parce qu'en fait
06:05il a été viré du collège
06:07il faut dire que
06:08son professeur de flamand
06:10il signait ses cahiers
06:11avec la patte de son chasse
06:14donc il était très insolent et tout
06:16il se fait virer de l'école à 17 ans.
06:18Ce qu'il a fait de plus terrible
06:20un jour il arrive avec son cartable
06:22il fait sonner un réveil pendant la classe
06:24il ouvre le cartable
06:26il y avait un réveil cassé.
06:27Ah oui ?
06:28Il faut être fou pour faire ça.
06:29Oui.
06:30Donc il est viré
06:31et donc il rentre dans l'entreprise
06:32donc il est viré
06:33son père le fait rentrer dans la cartonnerie familiale
06:35il a 17 ans
06:36il se fait pousser la moustache
06:38pour se faire respecter
06:40il doit vendre des cartons
06:41et à ce moment-là
06:45il va jouer au football
06:47avec les ouvriers de l'usine
06:50il fait très low profile
06:51dans l'usine de son père
06:52il est très discret
06:54il ne se sent pas évidemment à sa place
06:56et le week-end
06:58il va jouer ses petits textes
07:01dans les hôpitaux
07:02et il rencontre aussi
07:04il va dans l'association
07:09La Franche Cordée
07:10qui était une association catholique
07:13qui aidait les jeunes après la guerre
07:14à retrouver un petit peu d'espoir
07:17et il a une association catholique de gauche
07:21et là il a
07:21ça a été très important dans sa vie
07:24parce que ça l'a
07:25complètement
07:26été sa colonne vertébrale
07:27je pense
07:28de ce qu'il est devenu
07:31Il faut savoir aussi
07:32Marie Lebet
07:33que ses débuts
07:33dans le cabaret
07:34c'est à la Rose Noire
07:35à Bruxelles
07:36où il chante
07:37ses premières chansons
07:38qu'on a totalement oubliées aujourd'hui
07:40et il est payé
07:41je crois
07:41l'équivalent de 1 euro
07:43par spectacle
07:44avec en primu
07:44une bière tous les soirs
07:45et alors ce que vous ne savez pas
07:47c'est que son père
07:48qui avait honte
07:50par rapport au
07:51enfin honte
07:52qui ne voulait pas
07:52que les ouvriers
07:53de l'usine savent
07:54sachent que leur fils
07:56branquignole
07:57dans les cabarets
07:58le week-end à Bruxelles
07:59lui avait dit
08:00tu prends un pseudonyme
08:02et il s'était fait appeler
08:04Jacques Bérel
08:05le fantaisiste
08:06Exactement
08:07et ça ne marchait
08:08ça ne marchait pas du tout
08:09personne ne s'y intéressait
08:10Pas du tout
08:11et en même temps
08:12il va arriver à Paris
08:16il prend le risque
08:17qu'un est-il en gage
08:18il va prendre une chambre d'hôtel
08:20l'hôtel idéal
08:21et puis une petite chambre
08:23pas loin de Pigalle
08:25où il y a plus de cafards
08:26que de nourriture
08:27Ah oui
08:28et puis il est dans la dèche
08:29la plus totale
08:30il est désespéré
08:31il appelle les impresarios
08:32personne ne le reçoit
08:34le soir il traverse Paris
08:37pour chercher des cabarets
08:38et tout
08:39niaite il n'y a rien
08:40Il a un petit carnet
08:42je ne sais pas si vous le connaissez
08:43où il a noté
08:44jour après jour
08:45ses dépenses
08:46et ses recettes
08:47assez extraordinaire
08:49il est à la fondation Brel
08:50aujourd'hui à Bruxelles
08:51on voit la misère
08:52dans laquelle il est
08:52Ah il était dans une misère
08:54totale
08:54oui c'est sûr
08:55avec Barbara aussi
08:56c'est l'époque aussi
08:57avec Barbara
08:58Et Aznavour
09:00qu'il croise
09:01à Montmartre
09:02quand il se produit
09:02dans un cabaret
09:03le tire-bouchon
09:04Exactement
09:05ils font la plonge après
09:06et en fait
09:06on leur autorise
09:07de chanter une chanson
09:09s'ils font la plonge après
09:10C'est un restaurant
09:12il y a la mère Catherine
09:13Geneviève je crois
09:13Il y a Geneviève
09:15et la mère Catherine
09:15ils font tous les deux
09:16et il y a dans ce cabaret
09:18aussi un autre débutant
09:20qui chante
09:20qui s'appelle Jacques Reveau
09:22qui deviendra plus tard
09:23le compositeur de My Way
09:25Bien sûr
09:26et donc ils partent en tournée
09:27faire des petits galas
09:28avec Brel à l'époque
09:29sans imaginer
09:30ce qui va leur arriver
09:31à tous les deux
09:31Est-ce qu'on pouvait imaginer
09:32à l'époque
09:33que Brel deviendrait
09:34une star et une légende ?
09:36Est-ce qu'on pouvait imaginer ?
09:38En tout cas
09:38c'était un être
09:39depuis qu'il est petit
09:40c'était un être solaire
09:42où il arrivait quelque part
09:43tout le monde
09:44il devenait le leader
09:46il y avait
09:46c'était une star
09:48enfin je veux dire
09:49c'était la star
09:50de son école
09:51où qu'il aille
09:52il attirait les gens
09:55et il irradiait
09:56donc après
09:58il a travaillé énormément
09:59la gloire a mis du temps
10:03à venir
10:04et il a travaillé
10:05parce que c'était quelqu'un
10:06qui était doué pour tout
10:08et qui travaillait beaucoup
10:10il y a beaucoup de textes
10:12qu'il a jetés
10:12et c'est quelqu'un
10:15quand il faisait quelque chose
10:16il le faisait avec une minutie
10:18pas comme un amateur
10:20quand il a commencé l'avion
10:21il était capable presque
10:23de piloter des avions de ligne
10:25quand il a pris le bateau
10:27quand il était toujours à l'heure
10:29toujours très méticuleux
10:31mais il disait
10:32le génie ça n'existe pas
10:33il y a 95% de travail
10:35et 5% de génie
10:37bien sûr
10:38et puis je ne sais pas si vous le savez
10:39Brel écrivait ses chansons
10:41debout derrière un chevalet
10:42je sais
10:43parce qu'il voulait souffrir
10:45comme les textes de ses chansons
10:46exactement
10:47il voulait le vivre dans son corps
10:51il l'a montré sur scène
10:54il l'a montré
10:54quand on voit dans quel état
10:56il était en sortant de scène
10:57transpirant
10:59enfin tout son corps
11:00parlait
11:01et c'était un interprète de génie
11:04comme Piaf
11:05aussi Piaf avait ça
11:07oui
11:07et lui était encore
11:08plus investi
11:10dans sa passion
11:11de l'écriture
11:12et de ce qu'il racontait
11:13que Piaf
11:14il faisait aussi
11:15mais autrement
11:15ça c'est la première date
11:17et il y a une autre date
11:18d'ailleurs que vous évoquez
11:18dans votre roman
11:19c'est le 23 juillet 1963
11:22à tout de suite
11:23sur Sud Radio
11:23avec Marie Lebet
11:24pour parler de Jacques Brel
11:25Sud Radio
11:27les clés d'une vie
11:28Jacques Pessis
11:29Sud Radio
11:30les clés d'une vie
11:30mon invité
11:31Marie Lebet
11:32qui a écrit un roman
11:33Les Martises
11:34aux éditions du Rocher
11:35où vous évoquez
11:36entre autres Jacques Brel
11:37et comme nous sommes
11:38le 9 octobre
11:38et qu'il nous a quittés
11:39voici 47 ans
11:40c'est l'occasion
11:41de parler de votre roman
11:42mais aussi de Brel
11:43et j'ai trouvé dans ce livre
11:44une date
11:45le 23 juillet 1963
11:47qui est un souvenir
11:48de concert
11:49à Knocke-le-Zout
11:50en face du casino
11:51devant la plage
11:52vous en parlez
11:53alors est-ce que vous l'avez vécu
11:54ou est-ce que c'est un souvenir
11:55imaginaire ?
11:56je ne sais pas
11:57je ne l'ai pas vécu
11:58parce que j'étais trop jeune
12:00mais tout est vrai
12:01parce que
12:02j'ai fait une enquête
12:04comme une enquêtrice
12:05en fait
12:09la veille
12:10c'était un concert mythique
12:12parce que toute la salle
12:13s'était levée
12:14la salle un peu huppée
12:16s'était levée
12:16pour l'acclamer et tout
12:17et Brel était
12:19avant de monter sur scène
12:20il était mais liquifié
12:22par le trac
12:23il vomissait
12:24de trac
12:25et en plus
12:26ce concert-là
12:28il avait une rage de dents
12:29toute sa vie
12:30il a eu des rages de dents
12:31il a souffert des dents
12:32d'ailleurs
12:32et
12:33il avait une rage de dents
12:35terrible
12:36on lui avait enlevé
12:37deux prémolaires
12:38donc quand il souriait
12:39il avait l'air d'un cheval
12:41enfin c'était affreux
12:43et d'ailleurs justement
12:44ce côté cheval
12:45il s'en est moqué
12:45dans une chanson
12:46j'étais
12:48vraiment
12:50j'étais bien plus heureux
12:52bien plus heureux
12:53avant
12:54quand j'étais cheval
12:55que je traînais
12:57madame
12:57votre landau
12:59jolie madame
13:00dans les rues de Bordeaux
13:02effectivement
13:03il a souffert des dents
13:04quand il écrivait
13:05c'était insupportable
13:06et une de ses filles
13:07la troisième Isabelle
13:08a tenu pendant des années
13:10un centre équestre
13:11et jusqu'en 2015
13:12et aujourd'hui
13:13elle se consacre
13:13aux personnes en fin de vie
13:14donc il y avait
13:15cette passion des cheval
13:16familiale
13:18et c'est vrai que
13:19ces concerts avec Brel
13:20à cette époque
13:21on n'imagine pas
13:22ce que c'était
13:22je crois qu'il en faisait
13:23300 par an
13:24ce qui est impensable
13:25aujourd'hui
13:25ah mais c'était
13:26c'était incroyable
13:28c'était une addiction
13:29il faisait un concert
13:31pratiquement tous les jours
13:32même le dimanche
13:33parfois après le concert
13:35quand un copain
13:36lui demandait
13:36de venir
13:37pour telle association
13:39il refaisait un truc
13:41à 11h du soir
13:43et puis alors
13:45ce que je voulais dire
13:46le truc le plus incroyable
13:47quand même
13:47c'est que c'était
13:48l'époque des hippies
13:49des grosses tournées
13:51à la Johnny Hallyday
13:52avec des camions
13:54truck
13:54des spots
13:55et tout
13:56et lui était complètement
13:57à contre-courant
13:58de son époque
14:00c'était un jeune homme
14:02avec les cheveux courts
14:03en costume
14:03et qui racontait
14:05les tracas
14:07d'un pauvre gars
14:09avec sa boîte de bonbons
14:10ou des vieux
14:11l'histoire des vieux
14:13en Flandre quoi
14:15il était complètement
14:16à contre-courant
14:17de tout
14:17et pourtant
14:18il a réussi
14:18à percer
14:20alors qu'il ne se faisait
14:20pas du tout
14:21il était atypique
14:22il n'était pas du tout
14:23la mode de l'époque
14:25il était atypique
14:26brel jusqu'à ses déplacements
14:28Marie Lebet
14:28alors il avait une déesse
14:30c'était lui
14:31ou Jojo
14:32son secrétaire
14:32qui la conduisait
14:33et dans le coffre
14:34il y avait toujours
14:34deux projecteurs
14:35s'il n'y avait pas
14:36assez de projecteurs
14:36dans la salle
14:37quand il arrivait
14:37oui parce qu'il n'y avait
14:38rien
14:39c'est à dire
14:39contrairement à tous
14:40les autres qui arrivaient
14:41avec du matos
14:42pas possible
14:43lui il prenait
14:44pratiquement le micro
14:46qu'il y avait là
14:47il baladait juste
14:49avec un projecteur
14:50s'ils n'en allaient pas là
14:51il y avait une chaise
14:52les musiciens
14:53et rien d'autre
14:54mais il répétait
14:55chaque geste
14:56chaque soir
14:57avant le spectacle
14:58ah oui
14:58ils arrivaient
14:59bon d'abord
15:00dans les tournées
15:01à chaque fois
15:01ils se faisaient
15:02des restos
15:03c'était des restos
15:06tout le temps
15:06les cinq
15:07il n'y avait pas
15:08beaucoup de femmes
15:08sur la tournée
15:09elles n'étaient pas
15:10tellement acceptées
15:11et donc
15:13ils se faisaient
15:13des gueuletons
15:14pas possibles
15:15Brel repérait
15:16tous les restaurants
15:17sur le parcours
15:20puis ils arrivaient
15:21vers deux heures
15:22et ils répétaient tout
15:23et là
15:23ça rigolait beaucoup
15:24même si lui
15:25il rigolait tout le temps
15:26Brel dans la vie
15:28mais à partir du moment
15:29où il travaillait
15:30je peux vous dire
15:31que c'était
15:32il n'y avait pas
15:34enfin c'était
15:35un professionnalisme
15:36voilà
15:37mais j'ai vu des images
15:38de Brel justement
15:38répétant
15:39et celle de Piaf répétant
15:40c'était le même point
15:41c'est-à-dire Piaf
15:42arrivait à 17h
15:43elle réglait les lumières
15:44et après
15:44elle répétait chaque geste
15:46et changeait
15:47en fonction du public
15:48et de ce sentiment
15:49l'ordre des chansons
15:50c'est une chose
15:51qu'on ne peut plus imaginer
15:52aujourd'hui
15:52alors il se trouve
15:53qu'effectivement
15:55il se concentrait
15:56je ne sais pas si vous le savez
15:57une particularité
15:58pour se concentrer
15:59avant de monter en scène
16:00il cirait ses chaussures
16:01oui
16:02c'est vrai
16:03il remontait ses chaussettes
16:05et puis
16:05près du rideau
16:07il piétinait
16:08comme ça
16:09enfin c'est comme un athlète
16:10quoi
16:11et les concerts duraient
16:1245 minutes
16:13pas une minute de plus
16:14parce que
16:14les rappels
16:15ce n'était pas son truc
16:15non
16:16il ne voulait pas de rappel
16:17et
16:18non non
16:19il ne voulait pas de rappel
16:21et puis
16:21il était très
16:23très proche
16:25et très distant
16:26en même temps
16:26oui
16:27mais il ne voulait pas de rappel
16:28pour une raison
16:29il disait
16:29est-ce qu'on demande
16:29à un comédien
16:30de prolonger une pièce de théâtre
16:31et effectivement
16:32il était le seul
16:33avec Sinatra
16:34et Trenet
16:35à ne pas faire
16:36ce genre de choses
16:36et c'est vrai que
16:38quand on écoute
16:39le public
16:39c'était presque
16:40c'était presque une messe
16:42quand il était en scène
16:43je ne sais pas
16:44si vous avez des images
16:45le public est silencieux
16:47ah oui
16:47c'est ça
16:48comme Barbara
16:49d'ailleurs
16:50les deux sont assez
16:51c'est quelque chose
16:55presque de
16:56pas de religieux
16:57mais de tellement
16:58charismatique
16:59qu'on est suspendu
17:01et on se souvient aussi
17:03de Amsterdam
17:04qu'il a écrit en fait
17:05une nuit
17:06sur une plage
17:07dans le milieu de la France
17:08parce qu'il ne savait pas
17:09quoi écrire
17:10il l'a mis en troisième position
17:11à l'Olympia
17:12en disant
17:12cette chanson ne marchera jamais
17:14à la fin le public s'est levé
17:15et il l'a bissé
17:16et il ne l'a jamais
17:17réenregistré
17:18c'est extraordinaire
17:18mais c'est comme les marquises
17:20cette chanson
17:21il l'a écrite très vite
17:23en une matinée
17:24et il pensait
17:25qu'elle n'allait pas marcher
17:26il voulait la retirer
17:27de l'album
17:27parce que
17:28tant que Brel
17:29ne suait pas
17:31ne travaillait pas
17:32il avait l'impression
17:33que c'était pas bon
17:34alors que
17:35et cette chanson
17:36il l'a écrite
17:37elle est tombée toute seule
17:38et il n'avait pas
17:39on va en reparler
17:40mais il y a une autre chanson
17:41aussi qui est mythique
17:42dans le répertoire
17:43de Brel
17:44et qui reste un mystère
17:45quand on a
17:47que l'amour
17:48à s'enferir
17:51en partage
17:54un jour
17:55du grand voyage
17:57qu'est notre grand amour
18:01et c'est vrai
18:02que cette chanson
18:02il l'a écrite
18:03sans imaginer
18:04que ce serait
18:04la chanson
18:05de la délivrance
18:06il a eu le grand prix
18:07du disque
18:07et il a dit
18:08à l'époque
18:08j'ai débuté
18:09pendant très longtemps
18:10j'ai débuté pendant
18:11trois ans
18:12ça a été très long
18:12c'est vrai que cette chanson
18:13a changé sa vie
18:14oui c'est vrai
18:15et c'est vrai que
18:16sans cette chanson
18:17il ne serait peut-être
18:17pas devenu le Brel
18:18alors il se trouve
18:19que les tournées
18:20se déroulent
18:21mais après le spectacle
18:22il ne se couche pas
18:23il traîne dans les barres
18:24je ne sais pas si vous le savez
18:25à 17h du matin
18:26ben oui
18:27parce qu'il ne pouvait pas
18:29tenir en place
18:30et puis de toute manière
18:31il dort très peu
18:31et après
18:33il ne dort pas
18:33il s'effondre
18:34il s'effondre
18:35c'est-à-dire qu'il faut
18:35qu'il soit épuisé physiquement
18:37parce que pour lui
18:38dormir c'est une perte de temps
18:40c'est quelque chose
18:41c'est la mort
18:42c'est une petite mort
18:43et en fait
18:44en province
18:45avec Jojo
18:46après le spectacle
18:48on est encore
18:49tout excité
18:50donc c'est difficile
18:51de trouver le sommeil
18:52donc en fait
18:53ils allaient au bordel
18:54parce que
18:56pas tellement
18:57pour draguer les filles
18:58parce qu'à la limite
18:58je crois qu'ils ne les regardaient
18:59même pas
19:00ils étaient tous les deux
19:01en train de refaire le monde
19:02c'était uniquement
19:04parce que c'était
19:04les seuls endroits
19:05en province
19:06qui étaient encore ouverts
19:07et où ils pouvaient
19:09parler
19:10devant un verre
19:12et refaire le monde
19:12et Pierre Bachelet
19:14qui est mort trop jeune
19:14qui était le sosie de Brel
19:16un jour il va justement
19:16dans une maison close
19:17on dit
19:18oh monsieur Brel
19:18on ne vous a pas vu
19:19depuis deux mois
19:19non
19:20si si
19:21on l'avait confondu
19:22et puis de temps en temps
19:23il rentre chez lui
19:24et là c'est beaucoup plus calme
19:25quand il est chez lui
19:26avec Thérèse sa femme
19:27silence total
19:28on écoute de la musique classique
19:29on se repose
19:30oui de toute manière
19:31il écoutait de la musique classique
19:32même dans la déesse
19:33pendant
19:34qu'il faisait ses tournées
19:36c'est vraiment
19:36la seule musique
19:37qu'il écoutait
19:38il n'écoutait pas tellement
19:40les autres artistes
19:41de sa génération
19:42il a toujours écouté
19:43de la musique classique
19:44aux marquises
19:45toute sa vie
19:45et jeune aussi
19:46et quand après
19:47alors après il avait deux vies
19:49il avait sa vie
19:51en Belgique
19:52tous les mois
19:52quand il revenait
19:53il était accueilli
19:54comme un chef africain
19:56tout le monde était
19:56c'était la fête
19:59ses filles
20:00l'accueillaient et tout
20:01puis il avait sa double vie
20:03en France
20:03on va en reparler justement
20:05il se trouve que cette vie
20:06avec Thérèse Miche
20:08vous l'avez rencontrée
20:08pendant la Franche Cordée
20:09au départ
20:10c'était une fille très sérieuse
20:11alors Miche
20:12était plus âgée
20:13que lui
20:14ils se sont rencontrés
20:16vers l'âge de 17
20:17lui avait 17 ans
20:18elle devait avoir 20 ans
20:19elle était blonde
20:20aux yeux bleus
20:21tous les garçons
20:23de la Franche Cordée
20:25étaient amoureux d'elle
20:26c'était la plus belle
20:26d'ailleurs il le dit
20:27brelle
20:28et elle trouvait ce garçon
20:29assommant
20:30parce qu'il s'expliculait
20:31tout le temps
20:31lui il trouvait
20:32que c'était une petite
20:33bourgeoise avec sa petite croix
20:35sa petite chemise
20:36ses petites jupes
20:38et puis finalement
20:39un jour
20:39on les nomme pour
20:41s'occuper du réveillon
20:44de la Saint-Sylvestre
20:45il s'embrasse
20:46et deux mois après
20:47il se fiance
20:48c'est extraordinaire
20:49donc c'est le premier
20:50amour de brelle
20:51et il se marie avec elle
20:53quand il se marie avec elle
20:54les parents sont obligés
20:56de signer le registre
20:57de mariage
20:58parce qu'il a
20:5818 ans
20:59ou 20 ans je crois
21:00et elle a 23 ans
21:01donc elle est plus mûre
21:03et ça sera la reine
21:05de son plat pays
21:05et il ne divorcera jamais
21:07et il lui écrira
21:09jusqu'à la fin de sa vie
21:10il se trouve
21:11dans trois enfants
21:12donc Chantal
21:13qui est décédée
21:14France et Isabelle
21:15France qui s'occupe de la fondation
21:16et quand il rentre
21:18à la maison
21:18il surveille les études
21:19les notes sont pas toujours bonnes
21:21et dans ces cas là
21:21il dit
21:21les filles
21:22si vous continuez comme ça
21:23je connais un couvent en Alsace
21:25où vous serez très bien
21:25pour finir vos études
21:26il a été très dur
21:27de ce côté là
21:28il a été très dur
21:29avec ses filles
21:30mais c'est pas ça
21:32c'est que Brel
21:32moi j'ai une photo de lui
21:34de Brel déguisé en Peter Pan
21:36avec ses petites filles
21:37c'est un adolescent
21:39ça a été un enfant
21:41le fils de sa mère
21:42et de son père
21:43très protégé
21:44un enfant uni
21:44il est incapable
21:46d'être père
21:47donc il a des rapports
21:51avec elle
21:51comme des copains
21:54exactement
21:55mais il a tellement
21:56d'autres qualités
21:57voilà
21:57une autre date importante
21:59dans son parcours
22:00c'est le 16 mai 1967
22:02on en parle dans quelques instants
22:04avec Marie Lebet
22:05sur Sud Radio
22:06Sud Radio
22:07les clés d'une vie
22:08Jacques Pessis
22:09Sud Radio
22:10les clés d'une vie
22:10mon invité
22:11Marie Lebet
22:12nous sommes le 9 octobre
22:13et aujourd'hui
22:14ça fait 47 ans
22:15que Jacques Brel
22:16nous a quittés
22:17et vous avez écrit un roman
22:18Les Marquises
22:19aux éditions du Rocher
22:20qu'on va évoquer
22:21tout à l'heure très longuement
22:22mais surtout
22:23vous évoquez largement Brel
22:24et vous évoquez
22:25ce parcours unique
22:27et qui s'est terminé
22:28le 16 mai 1967
22:30à Roubaix
22:30parce qu'on parle toujours
22:32de l'Olympia
22:32exact
22:33mais ce sont
22:34ses adieux définitifs
22:35et parmi les chansons
22:36de son récital
22:37il y a celle-ci
22:38t'as voulu voir Vierzon
22:39et on a vu Vierzon
22:40t'as voulu voir Vezoul
22:43et on a vu Vezoul
22:44t'as voulu voir Ronfleur
22:46et on a vu Ronfleur
22:47t'as voulu voir Hambourg
22:48et on a vu Hambourg
22:48je ne sais pas si vous avez
22:49pris levé
22:49mais à la fin de chaque chanson
22:51il s'est tourné
22:52vers son accordéoniste
22:53en disant
22:53celle-là on ne la refera plus jamais
22:55c'est extraordinaire
22:56ça c'était à l'Olympia
22:57non c'était à Roubaix
22:58exact
22:58parce qu'en fait
22:59tout le monde pense
23:00que la dernière
23:01était à l'Olympia
23:02c'est pas vrai
23:02il est retourné à Roubaix
23:03il a fait une tournée
23:04oui
23:04ou il a débuté
23:06pour quelle raison déjà ?
23:07c'était prévu dans la tournée
23:08ça c'est autre chose
23:09et pourquoi il terminait à Roubaix ?
23:11parce que c'était le plan
23:13prévu dans la tournée
23:14il n'y avait rien
23:14pas d'autre explication
23:15il avait des dates de tournée
23:17fixées par son impresario
23:18Charley Marouani
23:19et Roubaix
23:20était la dernière date
23:21dans le contrat
23:23d'ailleurs cette chanson
23:25Vesou dans le temps
23:25Chauve Marcel
23:26on s'est toujours demandé
23:27ce que ça signifiait
23:28en fait d'après
23:30Marcel Azola lui-même
23:31c'est que Marcel
23:33Chauve Marcel
23:34ça évoque le soleil
23:35dans le nord
23:36qu'on appelle Marcel
23:37ah ouais ?
23:38c'est pour ça la vraie raison
23:40ah je ne savais pas
23:40alors
23:41Brel a fait ses adieux
23:42quand il les fait au départ
23:44quand il les annonce
23:45personne n'y croit
23:46personne n'y croit
23:48et sauf Brel
23:50Brel lui croit
23:51de toute manière
23:51il en avait marre
23:53et puis c'est un
23:54Brel
23:55il est toujours à la recherche
23:57de quelque chose
23:58il se remet tout le temps
23:59en question
23:59il en avait marre
24:00il avait l'impression
24:01de se parodier
24:01il en avait marre aussi
24:04de cette
24:04de la fatigue
24:06de dormir dans des hôtels
24:08de l'alcool
24:09il avait l'impression
24:11qu'il se répétait
24:11et il voulait faire autre chose
24:13oui
24:14et en même temps
24:14quand on voit
24:15ses déclarations
24:16au début des années 60
24:17il dit
24:18je ne serai pas
24:18chanteur toute ma vie
24:19j'ai envie de faire du théâtre
24:21d'écrire des livres
24:21de voyager
24:22et d'ailleurs
24:23Philippe Bouvard
24:24m'a raconté un jour
24:24que Brel lui a dit
24:26en premier
24:26je vais arrêter la scène
24:28Bouvard ne l'a pas cru
24:30et n'a pas publié l'article
24:31donc c'est parce que
24:32effectivement
24:33personne n'y croyait
24:34et Brel a dit
24:34c'est curieux
24:35personne ne veut que je commence
24:36personne ne veut que je m'arrête
24:37exact
24:38parce qu'il avait beaucoup d'humour
24:39oui
24:39et c'est vrai que
24:41il en avait tellement assez
24:44il pensait vraiment avoir tout dit
24:45tout dit sur scène
24:47sur scène oui
24:48parce que c'était trop fatigant
24:50il sentait que son corps lâchait
24:52quoi
24:52parce qu'il dormait très très peu
24:54et il avait envie de faire autre chose
24:57et puis quand Brel dit quelque chose
24:59il ne le dit pas deux fois
25:00il le fait
25:00c'est quelqu'un qui fait ce qu'il dit
25:01alors le dernier soir est mythique
25:04en novembre 1966
25:05je crois qu'il y a 20 minutes de rappel à l'Olympia
25:07il arrive en chaussette
25:09dans son peignoir rayé
25:11parce qu'il ne pouvait pas faire autrement
25:14il ne pouvait pas faire autrement
25:15mais moi quand je vois ça
25:17j'ai les larmes aux yeux
25:20et puis lui pas du tout
25:22je crois qu'il était vraiment content d'arrêter
25:24oui
25:24et d'ailleurs ce qu'on ne sait pas toujours
25:26c'est qu'après ses récits à l'Olympia
25:28pendant les 15 jours
25:29il allait chez Suzy Lebrun donner un récital
25:32pour la remercier de l'avoir aidé au début
25:34quand personne ne croyait en lui
25:36et il a sauvé Suzy Lebrun
25:39de la faillite à cause de ça
25:41parce que ça c'était quand même une qualité de Brel
25:42c'était un homme d'honneur de parole
25:45et qui était d'une générosité
25:47pour les gens qui l'avaient aidé
25:48il ne l'oubliait jamais quoi
25:51il n'oubliait jamais ça
25:52et donc il était capable de traverser la France
25:55pour un ami
25:56pour venir en aide à un ami
25:58ou quelqu'un qui l'avait aidé
25:59il faut savoir que Suzy Lebrun
26:01on ne le sait pas assez
26:01était une femme presque inculte
26:04elle ne savait pratiquement ni lire ni écrire
26:05elle avait une enveloppe
26:06où elle mettait l'argent
26:08des artistes dedans
26:10et elle récupérait l'enveloppe
26:12à la fin de chaque
26:13après le service
26:15quand quelqu'un avait pris l'argent
26:16mais elle avait un talent exceptionnel
26:18pour découvrir les talents
26:19et puis elle nourrissait tout le monde
26:20elle faisait il paraît
26:21les meilleures omelettes de Paname
26:23et le petit Brel
26:25quand elle lui a dit
26:26d'enlever la Gomina
26:27et sa petite moustache
26:28il crevait de faim
26:30ils allaient tous bouffer chez elle
26:33et il la remerciait pour ça
26:34et puis il y a une autre chanson mythique
26:36dans le parcours de Jacques Brel
26:37chanson mythique aussi
26:53alors la question
26:55est-ce que vraiment cette chanson
26:57est dédiée à Suzanne Gabriello
26:58qui partageait sa vie à l'époque
26:59Marie Lebet
27:01qui sera
27:02qui sera
27:03en tout cas ce que je sais
27:04c'est que moi j'ai le souvenir
27:05quand j'étais petite
27:06à l'âge de 10 ans
27:07mon père est rentré à la maison
27:08avec Suzanne Gabriello
27:10et il m'a dit
27:12tu vois
27:12qu'il y avait une tête
27:14de deux femmes
27:15d'un certain âge
27:16un peu
27:17enfin c'était pas la jolie fille
27:19qu'elle était avant
27:20et il m'a dit
27:21c'est
27:22c'est la femme pour qui
27:25Brel a écrit
27:26c'était son banquier
27:27c'est la femme pour qui
27:28Brel a écrit
27:29ne me quittait pas
27:29alors on dit que
27:31moi je crois que c'est
27:32toutes les femmes
27:33parce que
27:33normalement
27:35on dit que c'est
27:36Suzanne Gabriello
27:37mais je crois que
27:39vous savez souvent
27:40un auteur
27:41met plusieurs personnes
27:43dedans
27:43et c'est peut-être
27:44personne de précis
27:46alors il se trouve que
27:47Suzanne Gabriello
27:47était la fille
27:48d'un grand chansonnier
27:49Gabriello
27:49elle débutait
27:50d'ailleurs
27:50et Brel a eu un coup
27:51sous-tout pour elle
27:52elle habitait Montmartre
27:53il allait dans le café
27:54en face
27:55la suivre
27:56pour vraiment
27:57essayer de
27:58lui parler
27:59parce qu'il n'osait pas
28:00au début
28:00et puis ils sont partis
28:01en tournée ensemble
28:02et effectivement
28:03il y a eu cette liaison
28:04cette liaison qui s'est terminée
28:05qui a duré longtemps
28:06qui a duré longtemps
28:07qui a duré longtemps
28:09et il était
28:10je crois que c'était son
28:11il est tombé
28:12vraiment amoureux d'elle
28:13quoi
28:13ah et complètement
28:14alors
28:15Mich était au courant
28:17Mich a toujours dit
28:18que cette chanson
28:18n'était pas dédiée
28:19à Suzanne Gabriello
28:20donc ça rejoint un peu
28:21votre thèse
28:21moi je serais tentée
28:23de le croire
28:23parce que
28:24ça peut être aussi bien
28:26pour Mich
28:26ça peut être
28:27pour toutes les femmes
28:28de toute manière
28:28oui car Brel
28:30il ne faut pas le cacher
28:31est resté marié
28:32mais il a eu
28:33plusieurs double vies
28:34comme Albert Camus
28:35oui oui oui
28:37il a eu plusieurs double vies
28:38et il a aimé
28:40mais il s'est marié
28:41à l'âge de 18 ans
28:43enfin
28:44ou de 20 ans
28:45enfin je veux dire
28:45il a vécu quoi
28:47parce que
28:47bien sûr mais pendant
28:48des années
28:49et moi je l'ai appris
28:50quelques années
28:51après sa mort
28:52il y a eu Sylvie
28:53qui vivait à Paris
28:54dans le 15ème arrondissement
28:55où il avait
28:56Sylvie Rivet
28:57qui était une ex
28:58de Gainsbourg
28:59et qui était attachée
29:00de presse
29:00chez Philips
29:01et il a vécu
29:0310 ans
29:04avec elle
29:05et personne ne l'a su
29:06personne
29:07ne le savait
29:09et comme une
29:10comme un deuxième mariage
29:12mais
29:12mais c'était Brel
29:13de toute manière
29:13il n'aurait jamais
29:14il est passé
29:17il avait du mal aussi
29:18de quitter une femme
29:19pour une autre
29:19mais de toute manière
29:20il s'était engagé
29:21avec Mich
29:23et donc
29:23il n'aurait
29:24jamais divorcé
29:25et voilà
29:27et Sylvie d'ailleurs
29:28en a eu marre
29:28parce qu'elle se sentait
29:29comme une femme de marin
29:30en attendant son homme
29:32qui était sur les routes
29:33de France
29:33complètement
29:34alors il se trouve donc
29:35il arrête l'Olympia
29:36avec l'Olympia et Roubaix
29:38et puis il va revenir
29:39deux ans plus tard
29:40avec un spectacle
29:41dont la chanson principale
29:42est devenue culte
29:44L'homme de la Mancha
29:59au théâtre des Champs-Elysées
30:00je ne sais pas si vous avez vu
30:01des images de ce spectacle
30:02bien sûr
30:03j'en ai vu
30:03mais ce que je veux dire
30:04c'est que Don Quichotte
30:05c'est vraiment Brel
30:07enfin c'est Brel
30:09c'est vraiment un rôle
30:11qui lui
30:11lui colle à la peau
30:13où il a
30:13c'est le même genre
30:16de personnage
30:17c'était vraiment un rôle
30:18pour lui
30:18en fait il voit ce spectacle
30:19un jour à Broadway
30:20dans sa version originale
30:22il a le coup de foudre
30:23il demande les droits
30:24au producteur
30:25le producteur dit oui
30:26à condition que vous jouiez
30:27le rôle
30:28il connaissait Brel
30:29Brel ne voulait pas au début
30:31il a accepté
30:32et ça a été vraiment
30:33des moments de folie
30:34parce que c'était aussi
30:34encore plus dur
30:35que de se retrouver
30:36à l'Olympia
30:37pendant 45 minutes
30:38je ne sais pas
30:39il y avait au départ
30:40Dario Moreno
30:41voilà et après
30:42il y a eu quelqu'un d'autre
30:44en fait
30:45Dario Moreno
30:46qui était à l'époque
30:47une grande vedette
30:48faisait en choupant ça
30:49il avait le physique
30:50pour ça
30:50et les premières représentations
30:52ont lieu à Bruxelles
30:53et puis il y a un arrêt
30:54et il va disparaître
30:55dans des conditions mystérieuses
30:57dans le hall
30:58d'un aéroport
30:59avant de prendre l'avion
31:00il a été assassiné
31:01on ne sait pas
31:02si c'est une histoire
31:03mais non
31:03je ne savais pas
31:04oui
31:04on ne sait pas
31:05ce qui s'est passé
31:05est-ce que c'est une histoire
31:07de garçon
31:07parce qu'il aimait des hommes
31:08est-ce qu'il a été rançonné
31:10on n'a jamais su
31:11et Robert Manuel
31:12qui était à l'époque
31:13à la comédie française
31:14qui était un fan de Molière
31:15et qui avait repris
31:16le théâtre de Marigny
31:17a repris le rôle
31:19en 4 jours
31:19incroyable
31:21je ne savais pas
31:22et ça a été
31:23un immense succès
31:24oui
31:24alors en revanche
31:25le spectacle
31:26je ne sais pas vous le savez
31:26a perdu de l'argent
31:27car ça coûtait tellement cher
31:29tous les soirs
31:30qu'il perdait de l'argent
31:31et Jean-Jacques Vital
31:32qui était le producteur
31:33avait dit
31:34on va se rattraver
31:34pendant la tournée
31:35mais Brel n'a pas fait la tournée
31:37et pourquoi ?
31:38parce que je pense
31:38qu'à l'époque
31:39il était déjà malade
31:40c'est-à-dire que
31:41c'est les premiers signes
31:41de la maladie
31:42mais il ne le savait pas
31:43en tout cas
31:43parce qu'il a appris après
31:44non mais je pense
31:45qu'il y a eu
31:46des premiers signes
31:46de maladie
31:47c'est ce que raconte
31:48la légende
31:48qui sont nés
31:49pendant Don Quichotte
31:50pendant l'homme
31:50de la Hancha
31:51et qui ont empêché
31:52Brel
31:53d'aller jusqu'au bout
31:55de l'aventure
31:55c'est assez étonnant
31:56mais c'est comme ça
31:57alors c'est vrai
31:58que c'était un autre Brel
31:59qu'on découvrait là
32:00oui
32:01Brel
32:02acteur
32:04enfin un homme de scène
32:05il a toujours été
32:06un homme de
32:07c'était la scène
32:08quand même
32:09après le cinéma
32:10c'est autre chose
32:10quand il a fait du cinéma
32:12évidemment
32:13bon il a rencontré
32:15comment il s'appelle
32:17il a rencontré
32:19Claude Lelouch au départ
32:20non Claude Lelouch
32:21mais Lino Ventura
32:22et Lino Ventura
32:23il s'est noué
32:24entre une énorme amitié
32:26c'était son Jojo à lui
32:28comme pour
32:30c'était
32:31c'était un peu
32:32comme Jojo quoi
32:34le même genre de personnage
32:35ils sont extrêmement
32:37bien entendu
32:38il a fait quelques films
32:39mais je pense que
32:41là où on voit
32:43le film qui lui ressemble le plus
32:45c'est Fanfon la Tulipe
32:46où on voit le vrai Brel
32:47après il y a
32:49l'emmerdeur
32:50l'emmerdeur
32:51c'est génial
32:53mais
32:54mais surtout
32:56grâce à ça
32:57il a appris le cinéma
32:58instinctivement
33:00et il a eu envie
33:01Brel de devenir réalisateur
33:02ah bah ça c'est Brel
33:03il veut toujours aller plus loin
33:04donc il a voulu être réalisateur
33:06il a fait un film
33:07que personne ne connaît
33:08enfin personne ne connaît
33:10bien sûr que vous
33:11vous le connaissez
33:11avec Barbara
33:12qui s'appelle France
33:13et qui est un chef-d'oeuvre
33:15je pèse mes mots
33:16c'est son premier film
33:17c'est complètement
33:18ça se passe
33:19en Belgique
33:20Barbara joue une femme
33:22mystérieuse
33:23Léonie
33:23Léonie
33:24et le film est magnifique
33:27et après il a fait un deuxième film
33:31Far West
33:32qui était complètement raté
33:33qui est passé au festival de Cannes
33:36tout le monde
33:36il s'est fait assassiner
33:38la critique l'a assassiné
33:40et Brel en a été meurtri
33:42et a voulu
33:43c'est là où il a voulu partir
33:45à l'autre bout du monde
33:46et quitter le monde du showbiz
33:49de la presse et tout
33:51parce que son amour propre
33:52était complètement
33:53après ce festival de Cannes
33:56et après Far West
33:57il se trouve que Barbara
33:58était une grande amie à lui
34:00il disait
34:01elle a un grain
34:02et un beau grain
34:03et donc ils ont tourné ensemble
34:05elle a fait ça pour lui
34:06et Far West
34:07c'était un souvenir d'enfance
34:09les terrains vagues
34:10de son quartier
34:11où il s'imaginait
34:12en train d'être un cow-boy
34:13sur les routes de l'ouest
34:14c'est le point de départ
34:15et effectivement
34:16le film n'a pas marché
34:17il y avait Daniel Evenou
34:18dans ce film
34:19dans les deux films
34:20dans les deux films
34:20oui
34:20et la blessure
34:23c'est le genre de blessure
34:24qui ne peut jamais
34:25se cicatriser
34:26car quand Brel
34:27est blessé quelque part
34:28il ne s'en remet pas
34:29il ne s'en remet
34:30oui
34:30vous avez tout à fait raison
34:33il ne s'en est jamais remis
34:34et il était quand même
34:36très
34:36très susceptible
34:39fragile
34:39très
34:40très fragile
34:41enfin fragile
34:42c'est pas le mot
34:44il était
34:45c'était un artiste
34:46et tout
34:46oui
34:47voilà
34:47c'était un artiste
34:49et donc il avait ses sentiments
34:50et effectivement
34:51il a été blessé
34:52et plus tard
34:53il a voulu refaire
34:54de la scène
34:54et du cinéma
34:56et je pense que
34:56s'il avait vécu
34:57en tout cas
34:57c'est ce que m'a expliqué
34:58un jour
34:58Charlie Marouani
34:59son impresario
34:59il serait remonté sur scène
35:01quelques années plus tard
35:02ça genre
35:03on n'en sait rien
35:04ça en tout cas
35:05je le tiens
35:06de son impresario
35:07qui a vécu avec lui
35:08jusqu'à ses derniers jours
35:09qui a partagé sa vie
35:10ça c'est le Brel
35:12effectivement
35:12qu'on connait
35:14et puis le Brel
35:14vous l'évoquez dans ce livre
35:15qu'on va évoquer à travers la date d'aujourd'hui
35:18le 9 octobre 2025
35:19à tout de suite sur Sud Radio
35:21avec Marie Lebet
35:22Sud Radio
35:23les clés d'une vie
35:24Jacques Pessis
35:25Sud Radio
35:26les clés d'une vie
35:27mon invité
35:27Marie Lebet
35:28donc 9 octobre aujourd'hui
35:30l'anniversaire des 47 ans
35:32du départ de Jacques Brel
35:33et puis à cette occasion
35:34je vous ai invité
35:35parce que vous connaissez bien le sujet
35:37mais vous avez écrit ce roman
35:38Les Marquises
35:39aux éditions du Rocher
35:40qui est un roman
35:41qui est inspiré
35:43d'une des dernières chansons de Brel
35:45C'est vrai que cette chanson
36:01il a la voix intacte
36:02alors qu'il a un demi-poumon en moins
36:04C'est incroyable
36:05ça m'a fait penser à Johnny Hallyday
36:07dans son dernier
36:08sa voix était intacte
36:10quelques mois avant de mourir
36:13et Brel se vidait comme un tube de dentifrice
36:16il n'avait plus de
36:17et quand il a enregistré ça au Marquis
36:21sur sa petite mini-cassette
36:22de rien
36:25il n'avait qu'une dentifrice
36:27et de ne pas arriver à la fin de la phrase
36:29alors il y avait l'homme de maison
36:31qui mettait une couverture sur les perruches
36:34qui allait chasser les coques du cimetière
36:36qui descendait dans son jardin
36:37parce qu'il suffisait que le coq fasse cocorico
36:39il devait recommencer au début
36:41c'est quelque chose d'incroyable
36:43sa voix est intacte
36:46alors qu'il s'est soufflé
36:49mais moi j'ai assisté
36:51à l'enregistrement d'une chanson de ce dernier album
36:53Edi Barclay m'a fait un cadeau
36:55m'a dit tu le dis à personne
36:56tu viens
36:56je suis allé au studio Hoche
36:57et j'étais en coulisse
36:59dans la régie
37:00et j'ai vu Brel arriver
37:01salué par les musiciens
37:04car ils étaient au grand complet
37:05se mettre, chanter une chanson
37:07c'était les remparts de Varsovie
37:10la refaire une fois
37:12écouter les deux prises
37:13et s'en aller
37:14avec les musiciens
37:16qui étaient debout
37:17et l'applaudissaient
37:18on m'a raconté ça
37:19c'était extraordinaire
37:20alors ce livre
37:21pourquoi ce livre aujourd'hui
37:22effectivement
37:22et pourquoi les marquises
37:24sont-ils au coeur
37:26de ce livre
37:27Marie Lobé
37:28d'abord j'ai été aux marquises
37:32et quand j'ai été aux marquises
37:35dans le petit cimetière
37:36je me suis demandé
37:37comment deux génies
37:38si on parle du livre
37:39bien sûr
37:40comment deux génies
37:42comme Brel et Gauguin
37:43se sont retrouvés là
37:45dans cette île perdue
37:47au milieu du Pacifique
37:48oui car Gauguin est enterré
37:49à côté de Brel
37:50est enterré à côté de Brel
37:51et surtout
37:52j'ai trouvé beaucoup
37:53finalement de points communs
37:55tous les deux au même âge
37:56se savaient condamner
37:58et ont choisi
37:59ces îles
38:01pour passer
38:02les deux dernières années
38:03qu'il leur restait à vie
38:05alors je me suis dit
38:05mais pourquoi
38:06et en fait
38:07quand on va là-bas
38:08c'est tellement
38:08la nature
38:10est tellement
38:11belle et funèbre
38:12et que
38:14Olivier de Kersosan
38:15me disait
38:16que c'était
38:17c'est une île
38:18qui laisse présager
38:19ce que sera
38:19le monde d'après
38:20c'est pas du tout
38:22Tahiti
38:23le Lagon
38:24tout ça
38:25c'est une île
38:25avec une beauté
38:27incroyable
38:29mais cruelle
38:30dure
38:30austère
38:31et d'ailleurs
38:32qui ressemblait à Brel
38:33et je pense
38:34que ces deux artistes
38:36ont voulu
38:37transcender la mort
38:40avec la nature
38:41on se sent tout petit
38:42peut-être que ça aide
38:43à imaginer
38:45le monde d'après
38:46et j'ai pensé ça
38:48on sait que
38:49Gauguin est mort
38:49dans la misère
38:50en vivant dans une baraque
38:52mais vous avez vu
38:52et vous le décrivez
38:53dans ce livre
38:54Marie Lebet
38:55la maison de Jacques Brel
38:55qui était quelque chose
38:57de très modeste
38:57alors non
38:58la maison de Jacques Brel
39:00en fait
39:00elle a été rasée
39:03parce que
39:03c'était une maison
39:05très modeste
39:06avec un toit en tôle
39:07en bois
39:07avec quelques pièces
39:09enfin c'était
39:10du mire
39:10Brel n'a jamais été
39:12intéressé par les maisons
39:13la décoration
39:14il se fout
39:16de l'endroit
39:16où il dort
39:17c'était pas un homme
39:18qui s'attachait à ça
39:20ce qu'il voulait
39:21c'était
39:21ce qu'il y avait
39:22dans son assiette
39:23et être bien habillé
39:25mais il se foutait de ça
39:26alors la maison
39:27c'était une petite maison
39:28en tôle
39:28avec un toit en tôle
39:30des murs en bois
39:32et
39:32elle a été rasée
39:34parce qu'elle était
39:34imbibée d'eau
39:35et d'ailleurs
39:36le climat est tellement
39:37humide là-bas
39:37qu'on se dit
39:38mais comment
39:38ce type qui avait mal
39:40au poumon
39:41qui était malade
39:41a choisi de vivre
39:43en hauteur
39:43avec un climat pareil
39:44c'était pas bon
39:45pour lui
39:46et la maison
39:47donc je l'ai pas vue
39:49mais j'ai vu des photos
39:49plus qu'elle a été rasée
39:51et ils ont construit
39:52une maison après
39:53par contre
39:53quand j'étais là-bas
39:54j'ai vu les propriétaires
39:55et
39:57en fait
39:58ce que j'ai vu
40:00c'est que j'ai vu
40:01des photos
40:01et donc je me suis attachée
40:03et tous les témoignages
40:04aux objets
40:04donc j'ai raconté
40:05les objets
40:06qu'il y avait
40:06dans cette maison
40:07alors il se trouve
40:08que le point de départ
40:09de votre roman
40:10c'est un jeune garçon
40:12qui est envoyé
40:13aux marquises
40:13par sa grand-mère
40:14et elle dépense
40:15l'équivalent d'un tableau
40:16pour qu'il puisse
40:17découvrir cette île
40:18exactement
40:20et sa grand-mère
40:21lui demande
40:21de déposer
40:22du sable
40:23de Knoch-le-Zout
40:24sur sa tombe
40:26et en fait
40:27sa grand-mère
40:28qui s'appelle Moïra
40:29son petit-fils
40:30ne sait jamais
40:31si Jacques Brel
40:32a été son amant
40:33ou pas
40:33il ne le saura jamais
40:35parce que
40:35même si tout est vrai
40:37dans ce livre
40:38j'ai tenu
40:38à ce qu'il soit
40:39poétique
40:40voilà
40:42et donc
40:43il va aller là-bas
40:44et
40:45voilà
40:47et après
40:48il faut lire le livre
40:49voilà
40:49et il y a un autre personnage
40:50qui arrive
40:51qui est envoyé
40:52pour faire
40:52une étude sur Brel
40:55c'est un académicien français
40:56qui arrive là-bas
40:58pour justement
40:58pour Gauguin
41:00alors
41:00parce qu'en fait
41:01j'ai fait un roman
41:03même si tout est vrai
41:04c'est un roman
41:05donc j'ai fait partir
41:06deux bateaux
41:06ce qui est comme ça
41:07dans la réalité
41:08un bateau
41:09style Le Ponant
41:10où il y a un académicien
41:11qui est en train d'écrire
41:12une série sur Gauguin
41:14et un cargo
41:15où il y a ce jeune étudiant
41:16en littérature
41:17envoyé par sa grand-mère
41:18qui va retracer
41:20la vie de Brel
41:21parce que je voulais
41:21que
41:22l'idée du voyage
41:24c'est la traversée
41:25c'est les préliminaires
41:26c'est l'idée
41:27qu'on s'en fait
41:27et donc
41:28c'est une espèce
41:29de traversée initiatique
41:30je voulais que
41:31la vie de ces personnages
41:33avant de les retrouver
41:34aux marquises
41:36on est en tête
41:37leur vie
41:38leur existence
41:39et Gauguin a eu
41:40une vie assez agitée
41:41qui a commencé
41:42en France
41:43il y a eu le Danemark
41:44il y a eu plein de pays
41:44ça n'a pas été simple
41:46pour Gauguin non plus
41:46avant de se retrouver
41:47aux marquises
41:47mais alors Gauguin
41:48il avait un talent inouï
41:50pour se mettre
41:50tout le monde
41:51à dos
41:52c'est-à-dire
41:53c'était un anarchiste
41:55qui
41:56je pense
41:57à mon avis
41:58je pense qu'il devait
41:59être bipolaire
42:00et qu'il avait
42:01des crises comme ça
42:02où il s'emportait
42:03il était détesté
42:04et où qu'il aille
42:05tout le monde
42:06finissait par le détester
42:07sauf au marquise
42:09son voisin
42:09Thioca
42:10qu'il aimait beaucoup
42:11le pasteur
42:12mais il s'était mis
42:13à dos
42:15tous les missionnaires
42:16mais il faut dire
42:17qu'en arrivant
42:17qu'est-ce qu'il fait
42:18il fait une statue
42:19du grand missionnaire
42:22de l'époque
42:24de lui
42:25à poil
42:25avec sa maîtresse
42:26devant son
42:27donc ça ne pouvait pas
42:28forcément se passer bien
42:29en fait
42:32vous évoquez dans ce livre
42:33pourquoi Gauguin
42:34est arrivé
42:35il a fait un héritage
42:36pour arriver au marquise
42:37il a eu un peu d'argent
42:38alors qu'il n'avait rien
42:39et il avait connu
42:41quelques soubresauts
42:41dans son parcours
42:42notamment à Papette
42:44je crois
42:44où vous évoquez
42:45le roi Pommard V
42:47qui était le dernier roi
42:48de Tahiti
42:49on a oublié
42:50qu'à Tahiti
42:51avant de devenir une république
42:52il y avait un roi
42:53et ce roi a tout vendu
42:54à la république française
42:55moyennant
42:56la région d'honneur
42:56et quelques sous
42:57et il arrive
42:58le jour de la mort
42:59Gauguin arrive à Tahiti
43:00le jour de la mort
43:01du roi
43:02mais toute sa vie
43:03il a vécu
43:04dans la musère
43:05la plus totale
43:06à un moment
43:06il a eu un petit héritage
43:08d'un nom
43:08qu'il a dilapidé
43:10dans les bars
43:11en invitant tous ses copains
43:12il n'avait plus rien
43:13mais à la fin de sa vie
43:14quand il est parti
43:14au Marquise
43:15il a vécu
43:16un tout petit peu mieux
43:17parce que
43:18Vollard lui donnait
43:20de l'argent
43:20tous les mois
43:21et qu'il avait une bande
43:22de copains
43:22mais il a vécu
43:24dans la misère
43:25la plus noire
43:26et dans ce livre
43:27vous évoquez
43:28un film mythique
43:30qui est les révoltés
43:31du Bounty
43:32et notamment
43:33Tarita
43:33la femme de Marlon Brando
43:35Marie Levé
43:35oui parce que
43:37c'est bizarre
43:38dans les tableaux
43:38de Gauguin
43:39les femmes sont assez
43:40en masse
43:41et ont des attaches
43:42les hommes sont plutôt
43:43féminins
43:44bizarrement
43:44quand on voit les cavaliers
43:45sur la plage
43:46ont des corps
43:47plutôt graciles
43:48et les femmes
43:49sont assez en masse
43:50avec des attaches
43:51comme ça
43:52belles
43:52mais un peu
43:53avec des grosses attaches
43:55et en fait
43:56les femmes plus fines
43:57comme
43:58c'est celles
43:59qui ont
43:59des ascendances
44:01chinoises
44:02et effectivement
44:04Tarita
44:04c'était une figurante
44:05dans le film
44:06La Vautée du Bounty
44:07exactement
44:07Marlon Brando
44:08l'a remarqué
44:09a exigé
44:10qu'elle rentre
44:11dans le film
44:11pour travailler
44:12elle a eu le rôle
44:13principal
44:13c'est la mère
44:14de Cheyenne
44:15ils ont trois enfants
44:16ensemble
44:16et c'est la mère
44:17de Cheyenne
44:17et c'est vrai
44:18que
44:18Brel et Gauguin
44:20sont
44:21et on le comprend
44:22dans le livre
44:22deux inventeurs
44:24chacun à leur manière
44:25Brel a inventé
44:26une forme de chanson
44:27et Gauguin
44:28est l'un des maîtres
44:28de l'impressionnisme
44:29Oui
44:30alors la différence
44:31entre les deux
44:31c'est que
44:32si vous préférez
44:33si je n'ai pas trouvé
44:36dans la personnalité
44:37de Paul Gauguin
44:38la lumière
44:39qui irradiait
44:40dans ses tableaux
44:41parce que c'était
44:41un type assez sinistre
44:43un sinistre personnage
44:44dans la vie
44:45qui n'avait aucune empathie
44:47alors
44:47est-ce que
44:48c'était parce qu'il était
44:49un peu bipolaire
44:50mais
44:50il n'avait que son travail
44:52qui était sa religion
44:55et il n'avait pas
44:56d'empathie
44:56et il a fait du mal
44:57à beaucoup
44:59de jeunes femmes
45:01là-bas
45:01il a laissé 15 enfants
45:02dont il ne s'est pas occupé
45:03il a filé la séphilise
45:04à toutes les
45:05Vahinées
45:06les mères de ses enfants
45:08enfin bon
45:08c'était un sinistre personnage
45:10On ne peut pas imaginer ça
45:10aujourd'hui
45:11il serait en prison
45:11évidemment
45:12Bien sûr
45:12alors
45:13et ma question était
45:15comment un personnage
45:17aussi sinistre
45:17peut peindre
45:19ces petites victimes
45:20ce prédateur de Vahinée
45:21peut peindre ces petites victimes
45:22avec tant de
45:23une lumière aussi biblique
45:26et comme des vierges
45:27de la Renaissance
45:28magnifiques et tout
45:29tandis que Brel
45:30dans la vie
45:31a été
45:31en tout cas
45:32aux marquises
45:33a aidé la population
45:35a été généreux
45:36a vraiment
45:37s'est donné aux autres
45:40quoi
45:41il était extrêmement sympathique
45:43il prenait l'avion
45:44il avait son avion personnel
45:45et il partait
45:47chercher le courrier
45:48sur une île lointaine
45:50une voisine
45:51pour ramener le courrier
45:53aux habitants
45:53de l'île
45:54Oui
45:54et par exemple
45:55un jour
45:55il y avait un petit garçon
45:57qui était entre la vie
45:58et la mort
45:59et il a emmené
46:01ce petit garçon
46:02dans son avion
46:03il est parti le soir
46:04il a demandé aux habitants
46:06de monter avec leur voiture
46:07pour éclairer la piste
46:08et il a emmené
46:10c'était 5 heures d'avion
46:11pour l'emmener
46:12à l'hôpital
46:12à Tahiti
46:13c'était le premier vol
46:14de nuit d'ailleurs
46:15entre
46:15les marquises
46:17et Tahiti
46:17Oui
46:18l'avion et le bateau
46:19c'était vraiment
46:19les deux passions de Brel
46:21il a acheté la scoille
46:22où il a commencé
46:23à faire un tour du monde
46:24et s'il n'était pas tombé malade
46:25il ne se serait pas arrêté
46:26aux marquises
46:27Non
46:28en fait
46:28vous savez quoi
46:29le problème
46:31c'est quand il est à
46:31d'abord
46:32c'est un miracle
46:34qu'il ne soit pas mort
46:35parce qu'il est parti
46:36dans des conditions
46:38c'est incroyable
46:40qu'il soit arrivé
46:40déjà aux marquises
46:41et en fait
46:42il était déçu
46:44par son bateau
46:44il trouvait que son bateau
46:45n'avait pas de talent
46:46parce que son bateau
46:47était trop lourd
46:48il n'avait plus physiquement
46:49la force
46:51de diriger
46:52un espèce de bateau
46:53comme ça
46:54avec des cuivres
46:55des bois
46:55lourds
46:56où il fallait au moins
46:57dix personnes dessus
46:58et lui il était seul
46:59avec Madly
47:00heureusement
47:01Madly était là
47:03parce qu'elle l'a
47:03beaucoup beaucoup aidé
47:04sur le bateau
47:05Au départ il y avait France
47:06sa fille
47:07mais qui n'a pas tenu le choc
47:08et qui un jour
47:09est partie
47:10et est partie brusquement
47:11et son père l'a regretté
47:12je crois
47:13Oh ça c'est une tragédie
47:15c'est une mésentente
47:18entre une fâcherie
47:20qui est terrible
47:23et pour l'un
47:24et pour l'autre
47:24Mais France aujourd'hui
47:26défend la mémoire
47:26de son père
47:27en sachant qu'il y a
47:28cette blessure
47:28qui n'a jamais cicatrisée
47:30Oui
47:30et elle défend
47:31formidablement bien
47:33la mémoire de son père
47:35alors aussi
47:36une chose
47:37c'est quand
47:37je suis arrivée
47:38aux marquises
47:39et que
47:40j'ai vu
47:41je me suis penchée
47:42sur la tombe
47:43et que j'ai vu
47:43la sculpture
47:45de Jacques Brel
47:46et Madely
47:47ça m'a fait un petit choc
47:49parce qu'en fait
47:49j'étais venue
47:50pour voir
47:50le grand Paulette
47:52qu'il était
47:52et je ne comprenais pas
47:54pourquoi il y avait
47:54ce portrait
47:55de Jacques Brel
47:56et de Madely
47:56qui étaient encore vivantes
47:58et puis
47:59pas de la famille
48:01aussi
48:01et en fait
48:03on voyait le couple
48:05et moi
48:05j'étais venue voir
48:06Jacques Brel
48:07et pas
48:08l'homme
48:09l'artiste
48:11et pas l'homme
48:12Madely a été très importante
48:14dans sa vie
48:14les dernières années
48:15après on l'a totalement oublié
48:17elle a vécu
48:17avec quelqu'un d'autre
48:18de célèbre avant
48:19je ne sais pas si vous le savez
48:19c'est Alain Delon
48:20oui je sais
48:21voilà
48:21et Brel et Delon
48:24disaient
48:24on est beaux frères
48:25tous les deux
48:25puisqu'on a connu
48:26la même femme
48:27et c'est vrai qu'aujourd'hui
48:29Brel représente
48:30pour la génération
48:31quelque chose
48:31qui n'existe plus
48:32ah oui
48:33d'ailleurs je ne sais pas
48:35comment il réagirait
48:36dans le monde
48:37aujourd'hui
48:39dans le monde
48:39si
48:41enfin dans cette espèce
48:43d'époque
48:44un peu glauque
48:44dans laquelle on vit
48:45je ne sais pas
48:48je ne sais pas
48:49s'il aurait eu sa place
48:52en tout cas
48:52il n'est pas mort
48:54de son cancer
48:54mais il me dit
48:55en fait il venait à Paris
48:56quelques jours
48:56il se cache
48:57dans les toilettes
48:58de l'aéroport
48:59d'Orly
48:59pour échapper
49:00au paparazzi
49:01et il prend froid
49:03et c'est comme ça
49:04qu'il va se retrouver
49:05à l'hôpital
49:05sous un pseudonyme
49:06et nous quitter
49:07le 9 octobre 78
49:09à l'hôpital
49:10franco-musulman
49:11de Bagnolet
49:13je crois
49:13exactement
49:13voilà
49:14écoutez
49:15ce livre
49:15ce livre permettra
49:17de retrouver
49:17Brel, Gauguin
49:18effectivement
49:19avec des points communs
49:20que personne n'avait évoqués
49:21les marquises
49:22et c'est un roman
49:24un roman vrai
49:25finalement
49:25Marie Lebet
49:26ah oui tout est vrai
49:28mais après
49:28moi j'ai voulu surtout
49:30faire partager
49:31tout le bonheur
49:33que j'ai eu
49:34de passer ces deux années
49:35avec Brel
49:36et tout
49:36tout ce qui m'a
49:37la lumière
49:38de fréquenter
49:40un personnage
49:41comme ça
49:41une lumière
49:42qui à mon avis
49:42n'est pas près
49:43de s'éteindre
49:43non
49:44ça s'appelle donc
49:45les marquises
49:45ces auditions du rocher
49:47merci Marie Lebet
49:48merci de l'avoir écrit
49:49et merci de connaître
49:50aussi bien Jacques Brel
49:51merci à vous
49:52avec les univis
49:52c'est terminé
49:53pour aujourd'hui
49:53on se retrouve bientôt
49:54restez fidèles
49:55à l'écoute de Sud Radio
Recommandations
48:59
|
À suivre
49:34
49:42
49:21
49:30
50:01
49:35
49:57
49:14
49:50
49:15
49:06
50:06
49:40
48:29
48:57
48:19
50:27
48:44
47:22
50:11
48:58
48:39
49:42
50:45
Écris le tout premier commentaire