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Robert Badinter, l’homme qui a porté l’abolition de la peine de mort, entre au Panthéon ce jeudi 9 octobre. Il fut le collaborateur et l’avocat de L’Express dès sa création.

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Transcription
00:00Robert Badinter a commencé à travailler avec l'Express dès la naissance du journal en 1953
00:06et il y est resté jusqu'en 1979.
00:10En 1953, c'était vraiment la naissance du journal et lui-même était très jeune, il débutait, il avait 27 ans.
00:16Robert Badinter défendait déjà un autre journal qui s'appelait Les Echos
00:19et qui était aussi la propriété de la famille Servan-Schreiber, donc de fait propriétaire de l'Express.
00:25Il épousait en fait toutes les causes du journal.
00:27Il était pour l'indépendance de l'Algérie, il était pour Madès France.
00:32Je pense qu'il n'était pas de ces avocats de la presse qui, en général, mettent le pied sur le frein en disant
00:37« Attention, l'article, vous risquez un procès, etc. »
00:40En revanche, il se rendait au journal chaque soir de bouclage et il épluchait vraiment les articles très minutieusement
00:47pour voir toute la copie à risque, il la regardait et ensuite il pesait avec la direction les risques de procès ou de saisie
00:55puisque le journal a été saisi et à répétition pendant toute la guerre d'Algérie.
01:08Robert Badinter avait des relations d'amitié, des liens d'amitié avec Jean-Jacques et Françoise,
01:13on les appelait comme ça au journal.
01:15Il était fasciné par l'audace de Jean-Jacques et par le talent de Françoise.
01:21Il était épaté vraiment par son sens de la formule.
01:25Il m'avait dit qu'elle avait l'art d'extirper le venin judiciaire tout en conservant le venin politique
01:33parce qu'en fait, évidemment, elle corrigeait quand même.
01:36C'est bien d'être saisie, mais enfin pas tous les jours.
01:38La dernière fois que j'ai rencontré Robert Badinter, c'était en 2023.
01:42Il m'a dit que Jean-Jacques était le plus grand multirécidiviste que j'ai rencontré dans toute ma carrière d'avocat.
01:49Et en fait, dans sa bouche, c'était un vrai compliment.
01:51Il adorait ça en fait et il s'est beaucoup battu.
01:54Du coup, ça lui permettait aussi de se battre contre les saisies, contre les condamnations pour diffamation.
02:00En même temps, il frissonnait un peu devant les transgressions innombrables
02:05que Jean-Jacques Saint-Venche-Rébert s'autorisait.
02:08Robert Badinter est resté avec l'Express à plus de 20 ans, de 26 ans.
02:13Et donc, il a traversé beaucoup de régimes.
02:15Il y a eu toute la période de la guerre d'Algérie qui a été très dure,
02:17avec des relations extrêmement tendues, pour ne pas dire plus, avec le pouvoir,
02:22de cache-cache judiciaire.
02:24Mais en revanche, avant l'arrivée de Gisca, il y a vraiment eu un tournant
02:28et un moment où l'Express et Robert Badinter ont joué ensemble la grande cause de Robert Badinter,
02:36mais qui fut aussi celle de l'Express d'ailleurs.
02:38C'était en 1972 et c'était pour l'abolition de la peine de mort.
02:41Je suis retournée le voir en 2023, pour l'anniversaire de l'Express.
02:55Il était extrêmement attendri en parlant de son passé, de son passé avec l'Express,
03:00de ces causes-là qui lui avaient été si chères,
03:02de ces gens comme Jean-Jacques et Françoise,
03:06qui les considéraient comme des êtres d'exception.
03:09Il était toujours aussi admiratif de ce couple et de ce journal.
03:13Manifestement, c'était un souvenir qui le bouleversait encore.
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