Présent sur le plateau de Face à l'info, le journaliste Marc Menant s'est exprimé sur la situation politique en France, estimant que nous sommes «dans une stabilité des profondeurs».
00:00Alors déjà, ce qui est extraordinaire, c'est qu'on voit les caméras, un grouillement journalistique autour soit de l'Élysée, soit de Matignon et autour des sièges de partis.
00:11Mais les Français là-dedans, on ne les voit pas beaucoup. Alors il faut avoir une oreille assez attentive et on s'aperçoit que de temps en temps, il y a un petit propos qui jaillit.
00:20Il y avait une pleine page dans le Figaro très intéressante aujourd'hui. Et on s'aperçoit de quoi ? Bien qu'ils sont exaspérés, qu'ils sont pour d'autres désabusés ou alors véritablement fatalistes.
00:33Mais il y a des mots qui ressortent. J'ai noté la blague continue. C'est-à-dire que le gars, il est là, vous savez, au comptoir. Moi, j'aimais bien les conversations de comptoir lorsque les bistrots étaient plus nombreux.
00:43Moi, qui ne bois pas, mais j'aimais bien prendre de petits cafés. Et les gars qui étaient là, ils ont dit, t'as vu un peu ce qui s'est passé, là-bas ?
00:49Lorsi, qui continue ! Eh bien, ça amusait les uns et les autres et ça les amuse encore. C'est donc la grande blague, le grand cirque.
00:58C'est l'ère du cynisme politique et de l'individualisme forcené. On s'aperçoit quand même que ces gens-là ont plus de vocabulaire que les trois quarts des politiques.
01:09C'est aussi un signe. Ça signifie que ceux que l'on élit sont malheureusement, malheureusement, l'appauvrissement intellectuel de la nation.
01:17Mais ils ont une place, c'est pour ça qu'ils s'y agrippent. Ils n'ont plus le sens de l'État. Ils n'ont plus le goût de l'intérêt général.
01:24Vous voyez, il y a tout cela. Et dans le même temps, eh bien, il y a le président de la République. Alors, il est là, le président de la République.
01:31Moi, j'imagine, il est enfermé à l'Élysée. De temps en temps, il y a une petite visite. Et puis sinon, il a une sorte d'échiquier.
01:37Ce n'est pas pour jouer au jeu de chèque. Intellectuellement, il n'arrive plus à suivre. Non, non, il joue au jeu de dame.
01:42Et puis, il prend des pions. Il dit, ah, qui que je vais mettre là ? Ça va lui faire plaisir.
01:49Et il n'a pas de difficulté à choisir parce que ça toque à la porte.
01:54Tous ces gens qui le halisent, tous ces gens qui disent, c'est un bon à rien, on ne veut plus de lui.
02:00Eh, mais je suis prêt à venir. Vous m'appelez et je suis à vos côtés.
02:04Alors, on a Olivier Faure, on a Mme Tondelier, on a même des gens d'ailleurs.
02:08C'est-à-dire que partout, il y a ces petits groupuscules des chefs de bande
02:13qui veulent apparaître à côté du président Macron qui n'a plus aucun reflet auprès de la population.
02:22Alors, il était prêt à prendre la parole.
02:23S'il y a un homme qui a pris la parole pendant son temps de pouvoir, c'était lui.
02:27Tous les trois jours, il y a un petit quelque chose à vous dire.
02:29Et souvent, on était catastrophés parce qu'on entre en guerre.
02:33Alors, il y avait la guerre contre le virus, il y avait la guerre contre l'IQA.
02:36Et là, il y a un effondrement, mais il n'y a pas la guerre.
02:40Il n'y a pas la guerre et il y a le socle commun.
02:43Ils nous proposaient quoi, le socle commun ?
02:45D'éviter le chaos avec le RN.
02:48Jamais la France ne tombera aussi bas.
02:51On n'a pas le RN.
02:53On n'a pas le chaos non plus.
02:54Là, ce n'est pas le chaos non plus.
02:56Je pourrais reprendre les propos de Mathieu tout à l'heure.
02:58Non, non, on est dans une stabilité.
03:02La stabilité des profondeurs.
03:04C'est vrai que quand vous êtes au fond des abysses, il n'y a plus vraiment à aller plus bas.
03:09À partir de là, tout va bien.
03:10Je ne l'avais pas mis celle-là.
03:12C'est extraordinaire.
03:13Qu'est-ce qu'on dit de pause les Français quand même ?
03:15Les citoyens qui veulent vous dire qu'ils appellent aux urnes.
03:18Et c'est quand même l'âme de la République.
03:22Démocratie.
03:23De la République et de la démocratie.
03:25Et on oublie d'ailleurs, parce qu'il y a un petit clin d'œil à l'histoire,
03:29le 8 octobre 1789, vous savez ce qui se passait ?
03:33Eh bien, il y avait un gars qui nous arrivait d'Égypte.
03:36Oh, il était un peu piteux parce qu'il n'avait pas réussi,
03:39comme il l'écrivait dans les télégrammes qu'il envoyait en France par bateau.
03:44Non, non, non, non, non, c'était Bonaparte.
03:46Il est parti en déserteur et il a un peu peur de se présenter sur le territoire.
03:51Il vient avec dans la tête d'être le sauveur.
03:54Eh bien, il s'aperçoit qu'il est attendu comme le sauveur.
03:56Et aujourd'hui, les gens attendent un sauveur.
03:59Et au moins, le plaisir ou disons le désir d'affirmer leur conviction dans les urnes.
04:07Le vote, c'est quoi ? C'est une histoire d'amour.
04:09Alors, ah oui, mais n'oubliez pas une chose, il y a une chanson qui nous le dit.
04:13Les histoires d'amour se finissent mal en général.
04:18Alors, quand vous avez votre place, vous n'avez pas envie de la remettre en cause.
04:21D'ailleurs, parce qu'il y a une question à se poser.
04:24Tout le monde dit aujourd'hui, il nous faut une dissolution, enfin pour certains.
04:30Mais pourquoi ils ne démissionnent pas tous ensemble ?
04:33Il n'y a pas besoin d'attendre que le président de la République dissolve.
04:36Si on a le courage de la démocratie, si on a envie de pouvoir convaincre grâce à des arguments,
04:44on se dresse devant le peuple et on attend son verdict.
04:48Chiche les gars, chiche mesdames.
04:50Vous posez vos petites serviettes, vous rentrez chez vous et vous attendez
04:56qu'on vous rappelle si vous en avez donc le courage et l'audace.
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