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  • il y a 2 semaines
Des milliards sont investis dans l’intelligence artificielle sans garantie de retour immédiat. Alors que quelques géants dominent déjà le marché, la question d’une bulle spéculative plane. Entre course aux financements et usages encore incertains, l’avenir du secteur reste sous tension.

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Transcription
00:00On va parler de ces milliards dans l'intelligence artificielle, est-ce qu'on est face à une bulle prête à exploser ou non ?
00:10Avec nous pour ce débat Gilles Babinet, enfin je dis avec nous à distance, mais il est bien avec nous quand même, Gilles Babinet,
00:16multi-entrepreneur, président de la mission Café IA, et puis auteur d'un récent billet paru dans les échos sur cette interrogation,
00:23IA, bulle ou pas, et avec nous également François Vanécoute, bonjour François, merci d'être en studio,
00:31vous êtes journaliste pour le magazine Économique Challenge et vous suivez également de très près ce sujet.
00:37Alors on a une récente étude du MIT qui nous dit que 95% des projets pilotes d'IA génératives lancés par les entreprises n'aboutissent à pas grand chose,
00:46en tout cas c'est un constat d'échec en matière de retour sur investissement immédiat du côté des entreprises qui font leurs expériences,
00:55vous vous dites, ah ouais quand même ça, ça fait mal, c'est surprenant, ou alors on est face à quelque chose de tout à fait normal,
01:01parce que c'est comme ça que ça se passe dans l'innovation, et bien il faut le temps d'adopter, de trouver la bonne méthode,
01:07et puis aussi de convertir les process, l'entreprise dans son ensemble face à une technologie aussi révolutionnaire.
01:13Donc surprise ou tout est normal, il n'y a pas de quoi s'inquiéter ? François ?
01:16J'aurais plutôt tendance à dire que c'est un signal d'alerte, c'est une certitude,
01:20parce que ce qui nous avait été vendu, c'est que l'IA générative allait se répandre à vitesse grand V dans les entreprises,
01:26là clairement le compte n'y est pas.
01:28Après c'est quelque chose de normal, c'est une nouvelle technologie, il faut rappeler que Tchad GPT a moins de 3 ans,
01:34et aujourd'hui les projets qui ont été évalués, l'étude date d'août 2025,
01:38donc les projets qui ont été évalués sont des projets qui avaient été lancés 2024, peut-être début 2025,
01:44donc on en a encore à un stade où les entreprises ne savent pas trop comment utiliser l'intelligence artificielle.
01:50Ce qui est certain, c'est qu'il faudra du temps, et il n'est pas sûr que toutes les entreprises d'IA
01:54aient le temps que les entreprises s'adaptent à la technologie.
01:57Oui, parce que là on va en parler, il y a un problème de business model aussi.
02:01Gilles, de votre point de vue, comment est-ce que vous interprétez ce résultat ?
02:06Moi je suis effectivement ceux qui disent qu'il y a une bulle, je le dis depuis un certain temps,
02:13et effectivement c'est tout à fait structurel dans le développement de l'économie,
02:19quand vous avez une accélération technologique, vous avez généralement des formations de bulles.
02:24Il y a un bouquin qui est absolument génial, qui s'appelle Irrational Exuberance,
02:29qui a été initialement publié en 2000 et réédité largement amendé après la deuxième crise financière de 2008,
02:38et qui explique qu'au cours de l'ère industrielle, c'est-à-dire les 200 dernières années,
02:44il n'y a eu rien moins que 60 fois où il y a eu des déceptions, des accélérations financières qui ont été déçues,
02:53alors beaucoup sur les marchés immobiliers, mais pas que,
02:57et que finalement c'est quelque chose qu'on ne peut pas vraiment éviter en économie.
03:01Là, le problème que l'on a, c'est qu'il y a pas mal de gens qui observent que,
03:05en réalité, si on retirait les 1 200 milliards qui ont été injectés dans l'IA aux Etats-Unis,
03:13on aurait un billet qui serait en récession.
03:16Et donc ça, c'est un peu inquiétant, parce que ça veut dire que si la bulle éclate,
03:20on peut avoir des répercussions qui vont bien au-delà de l'économie de l'IA stricto sensus,
03:26et qui vont contaminer d'autres segments de l'économie, potentiellement assez durablement.
03:32On peut se souvenir que la bulle du 2000, on a réussi à la dépasser à partir de 2005,
03:39donc il faudra 5 ans avant que, finalement, on se remette à investir dans le domaine de la technologie,
03:45et au-delà de ça que l'économie redémarre.
03:48Et puis depuis, on a eu une bulle en 2008, et on en a eu une autre en 2014,
03:54et ce sont des plus petites bulles, en tout cas dans le domaine de la technologie,
03:58mais néanmoins avec conséquences relativement durables.
04:00En fait, le parallèle avec la bulle Internet des années 2000, il y a eu des perdants,
04:07quand une bulle explose, c'est comme ça, il y a eu aussi des gagnants.
04:11Est-ce qu'on peut faire ce parallèle avec cette bulle autour de l'intelligence artificielle ?
04:16Est-ce que vous voyez qui pourraient être les perdants et les gagnants si ça craque ?
04:19Qu'est-ce qui va se passer en fait ? Quelles conséquences on peut imaginer ?
04:22En fait, ça dépend à quel niveau ça craque.
04:24Les gagnants, fondamentalement dans les grands modèles de langage, on les connaît déjà.
04:28C'est ceux qui sont adossés aux gens du cloud.
04:31Open AI est adossé à Microsoft, Anthropic à Amazon, et Google est adossé à lui-même.
04:36Fondamentalement pour les autres, il n'y a pas 40 solutions, il faut s'adapter, se spécialiser,
04:42comme le fait Perplexity dans la recherche, comme le fait Mistral chez nous avec des modèles d'IA appliqués aux entreprises.
04:48Mais ça veut dire qu'on a déjà un marché verrouillé là, en fait ?
04:50Concrètement, peut-être que d'autres entreprises aventeront d'autres manières de faire de l'IA génératif,
04:56mais il ne peut pas y avoir 50 tchats de GPT sur le marché.
05:00Les utilisateurs ont déjà verrouillé, en quelque sorte, le leadership d'Open AI.
05:06Le gros problème d'Open AI, c'est qu'effectivement, ça marche en soi,
05:11puisque leurs revenus vont être multipliés par plus de 3 en 2025.
05:16Ils vont atteindre 12 milliards de dollars, ce qui est colossal pour une entreprise
05:19qui a lancé son premier produit il y a 3 ans.
05:22D'un autre côté...
05:23Ils vont atteindre 12 milliards de dollars de quoi ?
05:25De revenus, c'est leur objectif en chiffre d'affaires.
05:28Là, ils y sont en rythme annuel.
05:29Leur objectif de chiffre d'affaires 2025, ça va être 12 milliards de dollars contre 3,7 en 2024.
05:35On parle de chiffre d'affaires.
05:36Voilà.
05:37Et le problème, le problème à côté de ça, c'est qu'en termes de consommation de trésorerie,
05:42fin 2024, on nous annonçait 25 milliards de trous de trésorerie d'ici 2029, avant la rentabilité.
05:49Là, c'est passé à 115 milliards.
05:50Donc, ça a été multiplié par 4,6, ce qui veut dire que concrètement,
05:54l'exponentiel de la consommation de trésorerie augmente quand même plus vite que le revenu d'OpenAI.
06:00Et ça, c'est un gros problème parce que si des petites start-up se cassent la gueule,
06:05ce ne sera pas très grave, ce sera une correction de marché.
06:07Si OpenAI n'arrive pas à convertir son modèle et se casse la gueule,
06:11effectivement, ça risque de créer un accident industriel.
06:15Oui. Et c'est-à-dire quoi ? Comme type d'accident industriel ?
06:17Parce que, Gilles, faisiez le parallèle avec cette bulle Internet.
06:21Là, vous l'avez dit, on est dans des dimensions, mais qui n'ont strictement rien à voir.
06:25Quand on parle de Sam Altman qui va chercher des centaines de milliards de dollars,
06:30parce que c'est ça, aujourd'hui, les besoins en financement,
06:33c'est une crise financière mondiale, en fait, à laquelle il faut se préparer ?
06:38Oui. Enfin, pour moi, le plus symptomatique, c'est vraiment ce dîner à la Maison Blanche
06:44où vous avez Martin Zuckerberg qui a annoncé 100 milliards d'investissements.
06:52Et puis, deux, trois minutes plus tard, on le voit et qui se tourne vers Trump en lui disant...
06:56Bon, je ne souviens plus quelle est la phrase exacte, mais en gros, il dit...
07:00Écoutez, j'ai lancé ce chiffre. Je ne sais pas, c'est vraiment...
07:03Je ne savais pas... Je ne savais pas combien vous vouliez que je dise.
07:08En fait, ça n'a l'air de rien, mais c'est très préoccupant.
07:12C'est-à-dire qu'on n'est plus dans un domaine de la mesure du capital investi
07:19avec une volonté de retour sur investissement.
07:22D'ailleurs, il a fait aussi des déclarations en disant...
07:25Mon objectif, ce n'est pas forcément de gagner de l'argent, c'est d'être le leader.
07:28Et il n'est pas le seul à avoir fait ce type de déclaration.
07:31Donc, vous êtes dans une situation qui n'est plus contrôlée,
07:34qui, pour moi, a toutes les caractéristiques d'une bulle.
07:39La seule question qui se pose, c'est atterrissage en douceur au crack.
07:44L'atterrissage en douceur, on l'a souvent dans la technologie.
07:46Par exemple, il y a une bulle crypto il y a deux ou trois ans.
07:50On n'en a pas parlé.
07:51Ça s'est dégonflé.
07:52Beaucoup de gens ont perdu de l'argent.
07:54Souvent, d'ailleurs, des petits porteurs, entre guillemets.
07:56Mais ça s'est, malgré tout, bien passé.
08:00Ça n'a pas entraîné l'économie réelle.
08:02Là, je pense que ça va être plus difficile d'arriver à ce résultat,
08:07parce qu'on continue à accélérer.
08:09Ce que je disais, je crois, je ne sais plus si c'est dans mon papier des échos,
08:12mais en gros, sur les six derniers mois, le Nasdaq a pris 40 %.
08:19Dans les huit ou dix derniers mois avant la crise de mars 2000,
08:27le Nasdaq avait pris 60 %.
08:29Donc, on est vraiment sur une forme d'accélération assez verticale.
08:34Les similitudes sont quand même très importantes.
08:37Les déclarations inconséquentes,
08:39qui avaient d'ailleurs poussé le président de la Fed,
08:43Alan Grispan, à parler d'exubérance irrationnelle,
08:47le titre d'ouvrage que j'évoquais tout à l'heure,
08:50eh bien, on est vraiment dans cette situation.
08:52Donc, il me semble que pour les Européens,
08:55la question, c'est vraiment de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
08:59On a été moins vite, on a rélevé moins de capitaux.
09:02Il ne faudrait pas qu'on ralentisse aussi vite.
09:05C'est-à-dire qu'en fait, l'objectif, c'est d'avoir une sorte de continuité,
09:08raisonnable dans la façon dont on traite ces sujets-là,
09:13et d'avoir une route qui est probablement une route différente
09:16de celle qu'ont les Américains.
09:19Il doit y avoir beaucoup d'argent gâché.
09:21On peut probablement gâcher beaucoup moins
09:23et avoir des rendements qui sont supérieurs à ce que l'on observe aux États-Unis.
09:27Mais est-ce qu'on n'a pas un problème de surestimation de la technologie aussi ?
09:33Est-ce qu'on ne risque pas de déchanter quant aux capacités de transformation
09:38de l'intelligence artificielle générative, en particulier, dans l'entreprise ?
09:44On parle des promesses maintenant.
09:46Oui, alors l'IA générative, c'est très bien, mais il y a mieux, il y a l'IA agentique.
09:49Est-ce qu'on n'est pas dans une course à la surestimation
09:53qui peut faire aussi exploser une bulle, finalement,
09:55quand on s'aperçoit qu'on retombe sur ses pieds ?
09:57Finalement, ce n'est pas si génial que ça.
10:00Ces outils ne sont pas fiables pour l'instant.
10:03En soi, l'IA agentique, déjà, c'est une sorte de rebranding de l'IA générative.
10:07Parce que tous ceux qui disaient, on fait des modèles de langage,
10:09disent maintenant, on fait des agents.
10:10Alors, il y a des capacités qui se sont ajoutées.
10:12Il y a des vrais progrès technologiques.
10:15Moi, j'ai pu voir avec un développeur
10:18comment les outils d'IA permettaient de coder.
10:21C'est absolument impressionnant.
10:22Donc, il y a un énorme potentiel dans plusieurs domaines.
10:25Maintenant, de là à dire que ça va transformer
10:26toute l'économie et tous les métiers,
10:29on est encore dans une phase un peu d'euphorie technologique.
10:31On n'est pas encore dans la phase où on est en train de se dire,
10:33bon, on a le plan idéal.
10:36En réalité, on a ça, ça et ça comme problème
10:38et on ne sait pas si on va réussir à les dépasser.
10:40C'est comme l'IA qui était censée remplacer les journalistes.
10:44Le problème, c'est qu'aujourd'hui, elle n'est pas assez fiable.
10:46Une IA générative peut être fiable pour faire du centre d'appel
10:49et elle est déjà pour rédiger des mails types
10:51parce qu'on n'a pas besoin d'un taux de réussite absolu.
10:54Mais si on fait un parallèle avec un autre type d'IA,
10:56l'IA prédictive,
10:57aujourd'hui, l'IA prédictive a à peu près 10 ans.
11:00Elle commence à être utilisée pour faire de la maintenance prédictive, par exemple.
11:04Mais en médecine, étant donné que c'est une boîte noire
11:06et qu'il y a de temps en temps des erreurs,
11:07on ne peut pas laisser une IA faire un diagnostic de cancer
11:10en disant que le pourcent de diagnostic raté,
11:13tant pis, c'est des morts pour la science.
11:15Donc oui, l'IA générative va s'imposer dans plusieurs domaines.
11:19On pense au code notamment.
11:21Mais de là à infuser dans toute l'économie
11:23et dans tous les secteurs d'activité,
11:25et notamment dans des secteurs comme l'industrie, la finance ou la défense.
11:28C'est là aussi on s'aperçoit des limites technologiques, finalement.
11:31de la déception de la promesse.
11:34On risque de voir le taux d'adoption infléchir.
11:36On risque de voir les investissements être moins spontanés
11:41du côté de l'économie réelle.
11:43Ça peut participer de la bulle.
11:44Il y a un autre point, parce que je vois que le temps file,
11:46sur lequel je voulais faire réagir en particulier Gilles Babinet.
11:51C'est le point environnemental.
11:53Il y a effectivement ce délire des besoins de financement,
11:57mais il y a aussi, on n'arrive même pas à mesurer
12:00les besoins énergétiques.
12:02Et est-ce que finalement, on ne va pas atteindre la limite
12:04de l'intelligence artificielle et de ses promesses
12:07et de ses capacités, aussi parce qu'on aura atteint
12:09une limite environnementale, Gilles ?
12:14Oui, oui, alors effectivement, mais tout cela participe
12:16du même enjeu.
12:17C'est-à-dire qu'en réalité, on est en train de toucher
12:20la limite de ce qu'on appelle les modèles de langage,
12:24les modèles d'attention.
12:26Ça serait un peu long d'expliquer pourquoi,
12:29mais ces modèles, finalement, sont extrêmement énergivores.
12:34Donc, il y a beaucoup de gens, et il se trouve que j'ai eu
12:36un débat là-dessus, pas plus tard que ce matin,
12:39sur le fait qu'en réalité, on doit passer à d'autres modèles.
12:45Donc, il y a plusieurs challengers, notamment les modèles de monde.
12:48Et si ces modèles venaient à se développer rapidement,
12:53il n'est pas impossible qu'on ait une rupture aussi
12:57sur le plan énergétique.
12:59Ces modèles sont extrêmement efficaces d'un point de vue énergétique
13:02par rapport à ce que l'on connaît aujourd'hui avec les LLM.
13:05Donc, moi, je pense que, finalement, il y a une sorte de convergence
13:08entre le rendement des capitaux qui n'est pas là,
13:11les usages qui ne sont pas là,
13:12les technologies qui sont en train de toucher un mur.
13:14Et donc, on va avoir une sorte de trou, en réalité.
13:19La question, c'est de savoir si ça va durer ou pas.
13:23Et je ne sais pas, évidemment, répondre à cette question.
13:28Mais on va shifter vers quelque chose de différent
13:31et probablement pour le meilleur.
13:33Et d'un point de vue économique,
13:35est-ce que l'Europe est prête à encaisser
13:38une explosion de bulles de l'IA générative ?
13:41Ou est-ce qu'on est plus ou moins à l'abri, de votre point de vue ?
13:44Fondamentalement, l'Europe n'est pas invitée dans la course, aujourd'hui.
13:47Est-ce que ça ne nous met pas à l'abri ?
13:49Enfin, je ne sais pas.
13:50On aura, s'il y a une déflagration aux États-Unis,
13:53de toute façon, l'épargne européenne est tellement exposée
13:56au marché américain qu'il y aura des conséquences.
13:58Il y aura des conséquences sur l'activité
13:59de nos grandes entreprises aux États-Unis.
14:01Après, pour nos startups,
14:02aujourd'hui, on a une startup qui fait des modèles de langage,
14:05qui est le français Mistral.
14:07Leur dernière levée, c'est 1,7 milliard d'euros.
14:10C'est, par exemple, 7 fois moins
14:12que ce qu'a levée Anthropique en parallèle.
14:14Donc, il peut y avoir de la casse,
14:16et il va y avoir de la casse,
14:17parce qu'il y a aussi eu une euphorie.
14:19Je pense notamment à la startup d'Agentic H,
14:22qui a levé 220 millions concrètement
14:24sur la base de 5 CV et un PowerPoint,
14:26sans avoir de vrais produits derrière.
14:29Mais on n'a pas non plus...
14:32La bulle des valorisations,
14:34c'est quand même état en 2022 en France.
14:36Depuis, les entreprises qui lèvent
14:38sont quand même des entreprises qui travaillent
14:39et qui ont des produits.
14:40Oui, Mistral fait aujourd'hui 300 millions d'euros
14:42d'affaires de chiffres récurrents annuels.
14:46Oui.
14:47Donc, on a une certaine maturité.
14:48En tout cas, on s'emballe moins.
14:51Le fait de moins s'être emballé,
14:53c'est qu'on tombera moins haut aussi.
14:54On tombera moins haut.
14:55Mais on aura la déflagration, évidemment,
14:57si ça crache du côté de l'économie américaine.
15:00Comment est-ce que vous voyez justement
15:02la position de l'Europe, Gilles, là-dessus ?
15:04Est-ce que vous dites qu'il y a une autre voie
15:06peut-être pour l'Europe sur l'intelligence artificielle ?
15:09Si on a peut-être plus de prudence,
15:11plus de lucidité,
15:13on parlera plus de retard de l'Europe ?
15:14On parlera finalement de sagesse ?
15:18Oui, enfin, l'Europe reste très en retard.
15:21C'est vraiment indubitable.
15:22J'étais récemment dans un sommet sur ce sujet
15:26à propos du retard européen.
15:28Et on compare les Américains,
15:31les Chinois et les Européens.
15:33Les Européens, c'est des gens
15:34qui sont très bons sur le plan académique.
15:37On est quasiment,
15:39si on prend l'Europe avec le Royaume-Uni,
15:41à un tiers des publications scientifiques.
15:44Donc, on tient notre rang dans ce domaine.
15:47Mais si on prend le capital,
15:48on est aux alentours de 10% du capital.
15:51Donc, c'est vraiment très, très en retard.
15:53Je trouve qu'on rattrape.
15:54Je pense que ça pointe d'ailleurs
15:56à ce point de déficience de l'organisation
15:58structurelle des institutions européennes
16:00et du marché des capitaux européens.
16:03C'est des choses qui sont bien connues
16:04et très bien identifiées,
16:06notamment par le rapport Draghi.
16:08Maintenant, la question,
16:09c'est de savoir si on a envie de se bouger
16:10ou finalement de se faire reléguer
16:13aux oubliettes de l'histoire
16:14à l'occasion de cette révolution technologique.
16:16Parce que je crois qu'en réalité,
16:18c'est de ça dont on s'est dit.
16:20Juste, je ne peux pas parler de la Chine.
16:23Elle est dans cette bulle aussi,
16:24vous diriez ça ?
16:25La Chine, c'est très étrange
16:27pour beaucoup de nouvelles technologies.
16:29C'est pareil dans le quantique.
16:30C'est une boîte noire.
16:31C'est-à-dire qu'on ne sait pas exactement
16:33ce qu'ils font.
16:33On sait qu'ils avancent,
16:34on sait qu'ils investissent.
16:35Ce sont des priorités nationales
16:37qui ont été définies par Xi Jinping lui-même.
16:40Maintenant, la Chine,
16:40on en entend parler une fois
16:42tous les six mois.
16:42Il y a eu la petite secousse
16:44DeepSync en janvier
16:45qui avait réussi à sortir
16:47des modèles plus efficaces.
16:49Là, DeepSync a ressorti
16:51des améliorations de ces modèles
16:52qui gagnent encore une fois
16:54en efficacité.
16:55Mais pour le moment,
16:57je suis incapable de vous dire
16:59combien la Chine investit
17:00exactement en cette technologie
17:01et si leurs modèles vont finir
17:04par faire un bon technologique.
17:06Pour le moment,
17:08je pense que quasiment personne
17:09n'est capable de dire
17:10exactement où va la Chine
17:11et si la Chine est en avance
17:13ou en retard.
17:13Merci beaucoup
17:15de nous avoir éclairés
17:16sur ces sujets.
17:17François Vanécoute,
17:18journaliste pour le magazine
17:19Économique Challenge
17:19et Gilles Babinet,
17:21président de la mission
17:22Café IA,
17:23d'avoir été avec nous également.
17:25C'est la fin de notre débat
17:26mais Smartech continue
17:28à s'intéresser à ce qui se passe
17:29du côté du business
17:30dans le mobile.
17:31Sous-titrage Société Radio-Canada
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