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  • il y a 2 jours
Dans cette interview exclusive diffusée sur TV5 Monde le 5 août 2019, Jean-Jacques Debout revient sur sa carrière et ses amitiés marquantes. Il partage des souvenirs uniques de ses proches, parmi lesquels Johnny Hallyday, Jacques Brel et Jacques Mesrine. Un témoignage rare et captivant sur ces personnalités hors du commun.

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Musique
Transcription
00:00Bonjour Jean-Jacques, quand on voit le décor, ça rappelle quelques souvenirs ?
00:17Ça me rappelle quand je venais avec mon petit Vaurien, j'arrivais de l'île de Ré et j'arrivais par ici, ici,
00:24où on se donnait rendez-vous avec tous les copains qui avaient aussi des petits Vauriens.
00:28Un Vaurien, c'est un bateau alors ?
00:30C'est pas vous le Vaurien !
00:34Et puis de là, on repartait après sur Oléron.
00:38Et puis une fois Oléron, on revenait directement à l'île de Ré.
00:41Et là, on est à La Rochelle, et là, le public va te retrouver Jean-Jacques.
00:47Ben oui, mais je ne te cache pas que j'ai un trac à couper au couteau.
00:54Encore maintenant le trac depuis tant d'années ?
00:56Oui, de plus en plus.
00:57C'est vrai ?
00:58Et ça marche avec l'âge aussi.
01:00Oui, mais le trac de quoi ? De se dire, est-ce que ce public va...
01:04Comment on va lui parler ? Comment on va partager les chansons ?
01:07Parce que je ne le connais pas bien maintenant.
01:10Tous les amis que j'avais ici, la plupart ne sont plus là.
01:13Beaucoup sont morts, beaucoup sont...
01:16Et je ne sais pas trop à qui je vais m'adresser.
01:18Oui, mais moi, je me dis, ici, il y a eu des hommages à des gens que tu as tellement aimés.
01:22Par exemple, à Charles Trenet.
01:24Ben oui.
01:24Et c'est Charles Trenet qui t'a fait pratiquement débuter.
01:27Qui m'a fait débuter.
01:28C'est vrai ?
01:29Oui.
01:29Et du reste, dans mon tour de chant, je chante deux chansons de lui, toujours, depuis toujours.
01:38Parce que je trouve que le temps passe, c'est vrai.
01:43Mais je trouve que Trenet a quand même été, et toujours, le chef de file de moi, ce que j'appelle la vraie belle chanson française.
01:52Oui, oui.
01:53Par exemple, une chanson de Trenet que tu chantes, ça serait laquelle ?
01:57Un jour, le diable fit une java, qui avait tout l'air d'une mazurka.
02:01Pals à trois temps, il ne savait pas ce qu'il venait de composer là.
02:05Aussitôt la terre entière, par cet air fut enchanté, aux dansings au cimetière, tout le monde la chantait.
02:13Puis un jour, tout devint tranquille, on n'entendit plus de java.
02:17Dans les chants et dans les villes, savez-vous pourquoi ?
02:20Parce que le diable s'aperçut qu'il ne touchait pas de droit d'auteur.
02:24Tout ça, c'était de l'argent de foutu, puisqu'il n'était même pas éditeur.
02:28Allez, remportons notre petite musique, et retournons au francophonie.
02:32Voilà, c'est Jean-Jacques Debout qui chante Trenet.
02:35Alors, tu pourrais aussi chanter, parce qu'il y a des gens qui ont chanté dans tes débuts.
02:39Par exemple, Zizi Jean-Mère, Patachou.
02:41Ah ben, j'ai écrit pour eux.
02:43Oui.
02:43J'ai écrit pour Yves Montand, j'ai écrit pour Juliette Gréco, j'ai écrit pour pas mal de gens.
02:49Oui, oui.
02:50Pour beaucoup d'artistes.
02:50Mais c'est vrai, alors, Patachou te fait rentrer un peu dans les cabarets.
02:54Dans son cabaret.
02:55Oui.
02:55Oui, et c'est là où je démarre avec ma chanson « Les boutons dorés ».
02:59C'était 58.
03:03Et le succès du disque est arrivé en même temps que Serge Gainsbourg avec le poinçonneur des Lilas.
03:11Oui.
03:11Et avec Serge, on a fait pendant trois ans pratiquement les mêmes cabarets.
03:16C'était lesquels ?
03:17Et alors, on a fait le Collegine, on a fait la Villadès, on a chanté ensemble aussi chez ma cousine.
03:25Et là, il était comment, Gainsbourg, à ce moment-là ?
03:27Il pouvait pas se coucher.
03:29On faisait tous les bars de Pigalle jusqu'à 7-8 heures du matin.
03:36Je lui disais, viens, on rentre, Serge, il faut que je rentre.
03:38Il me disait, non, mais non, on a le temps, on a le temps, on a le temps.
03:41Oui.
03:41Après, on allait manger aux Champs-Elysées dans un truc qui s'appelait, où il y avait le pianiste noir qui s'appelait Joe Turner,
03:51qui avait été le premier pianiste de Frank Sinatra.
03:55Oui, quand même.
03:56Avec Serge, quand je rencontrais, on disparaissait trois jours, plus personne savait où on était.
04:04Tu as connu quand même de sacrés lascars.
04:06À l'école, copain de Jacques Messrine.
04:09Parce que je servais la messe avec lui.
04:12On m'avait choisi pour servir la messe avec lui.
04:15À faire la messe avec Messrine.
04:17Oui, tu sais, il y avait des enfants de chœur à l'époque.
04:21C'était pas un enfant de chœur après.
04:22Non, mais alors il me disait toujours, tu verras, un jour, on parlera de moi.
04:27Et comme quand on allait à Paris le week-end, sa grand-mère nous donnait des places pour aller voir les films de série X à Pigalle.
04:38Puisqu'elle était gardienne à Pigalle.
04:40Et il me disait, tu verras, un jour...
04:45Mais moi, je pensais qu'il voulait être acteur de cinéma.
04:47Puisqu'il me disait toujours, on va parler de moi.
04:50Mais je pensais pas que lui, il pensait à autre chose.
04:53Alors évidemment, les boutons dorés.
04:55Cette chanson qui parlait des orphelins.
04:57Oui.
04:57C'est l'histoire de juillis.
05:03Parce qu'à juillis, quand je suis arrivé, j'avais 7 ans.
05:07Et le général de Gaulle avait demandé à tous les collèges de France d'accueillir des orphelins de guerre.
05:13Parce qu'il n'y en avait pas assez d'orphelinats.
05:16Et alors là, Jacques Mérine, Jacques que j'appelais Jackie, il est devenu le chef de bande de tous les orphelins.
05:24Il leur achetait des chaussures quand ils avaient les semelles qui prenaient l'eau.
05:28Et il demandait à sa mère de l'argent pour eux.
05:31Et il était adoré.
05:33Il faut savoir que c'était quelqu'un qui était adoré par tous ces pauvres gosses.
05:37Oui, en casquette, à boutons dorés.
05:40En casquette, à galons dorés.
05:41Tout au long des jeudis sans fin, voyaient passer les orphelins.
05:46Voilà.
05:46Et puis alors, une rencontre assez rapidement, c'est Johnny.
05:50Ah oui.
05:51Parce que tu vas lui écrire D'où viens-tu Johnny ?
05:55Oui.
05:55La musique de ce film qui va se tourner en Camargue, dans lequel il y a cette chanson Pour moi la vie va commencer, que tu écris pour Johnny.
06:03Oui, il m'avait demandé de venir à Castelnaudary pour rencontrer Réventura, qui était le producteur du film.
06:10Et Réventura avait amené Abel Gans, qui devait faire la mise en scène.
06:16Et Johnny me dit, mais qui c'est ce vieux-là, qui c'est ?
06:19Je lui dis, tu ne te rends pas compte, c'est Abel Gans.
06:22C'est lui qui a fait le plus grand chef-d'oeuvre du cinéma français, le Napoléon d'Abel Gans.
06:28Et il me dit, tu crois qu'il l'a connu ?
06:30Ça, c'est Johnny.
06:33C'est Johnny.
06:34C'est Johnny qui se produisait il y a encore 3 ans, 4 ans ici, pour Francophonie sur la Grande Seine.
06:39Je pense à lui aujourd'hui, bien sûr, je pense à lui.
06:42Et puis il venait souvent à l'île de Ré quand j'avais ma maison.
06:44Oui, alors, tu as vécu avec un an quasiment, c'est ça ?
06:48Oh, plus, plus, mais plus.
06:50Et puis il a même vécu à Paris à la maison.
06:53Mais on venait, j'avais une maison à Saint-Martin de Ré.
06:56On venait passer tous les Noëls pendant 5-6 ans, on est venu ici.
07:01Je lui avais même trouvé une maison que je lui avais fait acheter et il n'y est jamais venu.
07:07C'est vrai, alors évidemment, il faut parler de cette rencontre avec Chantal Goyard,
07:11qui était comédienne pour Godard.
07:14Oui, oui.
07:15Et ça fait plus de 50 ans, l'histoire entre vous, bien sûr.
07:20Alors, on dit qu'elle, elle vit le jour et toi, tu vis la nuit.
07:24C'est vrai, ça ?
07:24Plus maintenant.
07:25Plus maintenant ?
07:26Non.
07:26Et là, elle revient au Palais des Congrès, dans mon spectacle, Le Soulier qui vole.
07:32Elle revient à partir du mois d'octobre, pour trois représentations.
07:42Oui, mais tu lui as écrit des chansons que la France entière chante encore.
07:46Le Chasseur.
07:46Ah non, mais ça marche toujours.
07:50Bécassine.
07:51Et puis, bon, des chansons pour les enfants, des grandes comédies musicales.
07:55Et ça, c'était un bonheur.
07:56Et là, je suis content parce qu'elle va aller faire 10 représentations en Chine,
08:01avec mon spectacle.
08:02Oui, formidable.
08:03Alors que tout le monde me disait, oh, dans un an, la petite Chantal Goyard, on ne la reverra plus.
08:08Et ça fait 50 ans bientôt que ça dure.
08:11Ça dure et ça continue.
08:12Alors, si on revient en arrière, tu écris pour Sylvie Vartan, mais ça, c'est important.
08:16Oui, oui, comme un garçon de les cheveux.
08:19Comme un garçon.
08:20Je porte un blouson.
08:21Oui.
08:22Il y en a un an, ça s'appelle Tous mes copains.
08:24Je crois que c'est la première.
08:25C'est la première qui a marché.
08:26Tous mes copains, quand je les vois passer.
08:30Ça, c'était quand j'ai appris que ça marchait.
08:32Je n'en revenais pas parce que moi, je lui avais écrit ça, disons, d'une façon un peu naïve.
08:40Je ne pensais pas que ça pouvait prendre des proportions comme ça.
08:43Oui.
08:43Je chante pour Soigny.
08:45Oui.
08:45Alors ça, c'était au cours d'un numéro 1 de Marietti et Gilbert Carpentier.
08:49Quel souvenir, ça, Jean-Jacques.
08:51Tous ces numéros 1.
08:51J'ai travaillé pendant 11 ans pour eux.
08:54Oui.
08:55Incroyable souvenir.
08:55Les numéros 1, c'était de la télévision complètement folle.
08:58Oui, oui.
08:58Comment ça se passait ?
09:00Préparer des shows avec des déguisements.
09:02On allait la semaine chez Marietti et Gilbert et on imaginait les numéros 1 avec André Flédéric,
09:12qui était le réalisateur.
09:15Et on marquait nos idées, on marquait tout.
09:18Et puis Marietti, elle ficelait tout.
09:21Et puis, trois jours après, on commençait à aller filmer au plateau 17, début de Chaumont.
09:28Et c'est comme ça que se faisaient les numéros 1.
09:32Parce qu'à l'époque, toutes les vedettes de la chanson qui participaient au numéro 1 étaient tous copains.
09:38Il n'y avait pas d'agents qui disaient « Ah ben non, tu n'iras pas parce que je ne sais pas comment... »
09:44Il n'y avait pas de tabou.
09:47Alors, je faisais faire un curé à Alain Souchon, je faisais des sandatours pour manger des petits fours.
09:56On faisait des fois un peu n'importe quoi, mais c'était ce qui était drôle.
10:01Mais aujourd'hui, on ne pourrait plus faire ça.
10:03Oui, oui.
10:04Moi, je pense aussi évidemment à d'autres chansons de toi.
10:07Mais je pense à « Redevien Virginie », qui est une merveilleuse chanson.
10:11Oui, j'avais écrit à l'île Maurice, à côté de Johnny.
10:18On était partis à l'île Maurice passer 2-3 jours parce qu'on avait chanté à la Réunion.
10:23Et puis, je lui dis « Tu vois, c'est l'endroit où il y avait une pierre où il y avait marqué que le Saint-Gérant avait fait naufrage.
10:32Et que c'est ce qui avait donné l'idée à Bernardin de Saint-Pierre d'écrire le roman « Paul et Virginie ».
10:39Et en fait, Bernardin de Saint-Pierre avait piqué la femme de Pierre Poivre.
10:45Et c'est Maët de Labourdonnais, qui était le gouverneur de l'île de France, ce n'était pas encore Maurice à l'époque,
10:50qui l'a fait partir à l'île de Bourbon, qui est devenue après l'île de la Réunion.
10:55Et c'est là qu'il a écrit le fameux roman « Paul et Virginie ».
10:58« Pour un jour, une nuit, redevient Virginie ».
11:02Et là, ça part.
11:02Il a chanté ce soir.
11:03Et c'est une chanson.
11:04Parce qu'au fond, c'est quoi une chanson, Jean-Jacques ?
11:06Comment ça vient, l'idée ? Une mélodie ? Comment ça ?
11:10C'est quelque chose qui, dans le subconscient, germe.
11:17Et sans arrêt, sans arrêt, on n'arrête pas de se la chanter.
11:20On chante d'abord le début, puis après, puis on se dit « Oui, mais là, il va falloir que je trouve un pont ».
11:25Alors, on chante le pont, on chante, et puis on finit par, on finit par un jour, par terminer la chanson.
11:33Et puis, on va au studio, et puis on l'enregistre.
11:36Alors, des fois, ça ne marche pas.
11:38Et puis, des fois, ça marche pas.
11:39Oui, oui.
11:39Celle-là, elle a marché dans le monde entier, à peu près.
11:42Jean-Jacques, c'est un bonheur de se revoir.
11:45Ici, les francopholies, rendent hommage et saluent l'incroyable artiste que tu es.
11:51Ce mot de cette chanson pour Johnny, c'est pour moi, la vie va commencer.
11:55J'ai l'impression que ça représente vraiment toute ta vie, ça.
11:58C'est qu'au fond, il y a un appétit de vivre, il y a un appétit.
12:01Et puis, Raymond Ventura, lui, avait dit « Mais Johnny, tu tournes dans 15 jours en Camargue, il te faut une chanson.
12:09Tous les films ont une chanson. »
12:11Il dit « Oui, oui, je suis bien conscient. »
12:13Et bien, il dit « Pourquoi on ne demanderait pas à Jean-Jacques, puisqu'il est là ? »
12:16Et alors, dans l'hôtel de France, à Castelnaudary, il y avait un petit piano.
12:21Et gentiment, la patronne m'avait permis d'en jouer un petit peu.
12:26Et j'ai écrit la chanson le soir même.
12:28Et Réventura, derrière le menu, relevait tout ce que je lui chantais.
12:33Et c'était « Pour moi, la vie va commencer. »
12:36Voilà, elle est née comme ça, la chanson.
12:38Qu'est-ce qu'elle disait, cette chanson ?
12:39Grâce à Johnny, quand même.
12:40« Pour moi, la vie va commencer. »
12:43« En revenant dans ce pays, là où le soleil et le vent, là où mes amis, mes parents, avaient gardé mon cœur d'enfant. »
12:50Et on imagine Johnny à cheval, là, qui serait là, à La Rochelle.
12:55Il venait beaucoup à La Rochelle.
12:56Il avait quoi à l'époque ?
12:58Il avait 18 ans, 17 ans ?
12:59Oui, 18 ans.
13:0018 ans.
13:0117, 18 ans.
13:02Et qui chevauchait la mer en attendant la vie extraordinaire qui était devant.
13:07Et la tienne de vie aussi, Jean-Jacques.
13:09Quelle vie !
13:09On en a fait des conneries avec Johnny, si tu savais.
13:12Mais toi, quelle vie !
13:13Quelle vie incroyable !
13:14Oui, c'est vrai.
13:15Aujourd'hui, je me rends compte.
13:17C'est peut-être ça qui me rend un petit peu triste.
13:19Pourquoi ?
13:20Parce que j'ai beaucoup d'amis, comme Johnny, que je sais que je ne le reverrai plus.
13:28J'avais beaucoup d'amis ici.
13:31J'étais très copain de Foulquier.
13:33J'allais à la pêche la nuit, à la Pibale, avec son père et lui.
13:37Et j'avais beaucoup d'amis que je sais bien que je ne reverrai pas.
13:40Bon, enfin, je ne suis pas là pour faire de la pleurniche.
13:45Mais disons que c'est assez éprouvant pour moi d'être là.
13:48Oui.
13:49Et en même temps, le public va te dire qu'il adore ce que tu es.
13:54Ta liberté, ta franchise.
13:57J'espère.
13:58J'espère.
13:58Mais enfin, on n'est jamais sûr de rien.
14:01La pétoche, hein ?
14:02Joli sens, hein ?
14:04Et comment ?
14:05Parce que les heures tournent.
14:06On va sonner les trois coups.
14:11C'est Jean-Jacques Debout qui va arriver sur scène.
14:14Je ne pensais pas qu'à 79 ans, je me retrouverais là un jour,
14:18quand je venais sur le port de La Rochelle avec ma mère qui me tenait par la main,
14:22parce qu'elle avait, comme j'aimais les bateaux,
14:25je me précipitais sur tous les bateaux.
14:27Elle avait peur que je tombe dans l'eau ou carrément sur un bateau.
14:31J'étais ami avec Maurice Elmas, dont le papa avait été le maire de La Rochelle,
14:37d'Elmas Vielgeux, qui avait été tué par les Allemands dans son bureau.
14:42Le père, le père.
14:43J'ai connu tout ça ici.
14:45Et là, maintenant, tu vas chanter.
14:48Voilà.
14:49Comme au premier jour.
14:50J'espère, j'espère.
14:52En pensant à qui ?
14:55En pensant à Traîné ?
14:56En pensant à...
14:57Oh, je...
14:58À Gabin.
14:59Tu as chanté Gabin.
15:00Oui.
15:00Tu as chanté...
15:01J'ai bien connu aussi.
15:02Oui.
15:04Ben, je vais surtout penser à Johnny,
15:06parce que je suis venu souvent avec lui ici.
15:08C'est moi qui lui ai fait découvrir La Rochelle.
15:11Bon, puis après, il venait aux francopholies.
15:14Mais on a passé à peu près six ans avant même qu'il y ait les francopholies.
15:20C'était l'époque où il avait fait le Johnny Circus.
15:26Tu te souviens, c'est du Johnny Circus ?
15:27Ah ben oui, bien sûr.
15:28Avec une caravane.
15:30Ben voilà.
15:30Qui se promenait partout dans l'île de Ré, près de La Rochelle, à Fouras, Châtelayon.
15:37J'ai fait des tournées avec Jacques Brel, où on a chanté à Châtelayon.
15:40Pour moi, c'est beaucoup...
15:41Vous ne deviez pas vous coucher tôt avec Jacques Brel non plus.
15:44Oh là là, il était pire que Johnny.
15:46Les gens croient qu'il était très raisonnable.
15:48C'était...
15:51C'était pas...
15:52C'était...
15:52Mais ils étaient Belges tous les deux.
15:55C'est pour ça ?
15:56Et un jour, il m'avait dit...
15:58Il me dit, tu vois, mon cher Jean-Jacques, bien que nous soyons Belges tous les deux, Johnny et moi,
16:05je pense qu'on ne fait pas tout à fait le même métier.
16:07Ah bon ?
16:08Oui.
16:08C'est-à-dire ?
16:09Ben, je ne sais pas.
16:10Alors, j'avais répété à Johnny, qui m'avait dit, c'est bizarre, pourquoi il dit ça ?
16:14J'ai vu il y a trois jours, il m'a dit qu'il m'aimait beaucoup.
16:17Non, mais je lui dis, il ne m'a pas dit qu'il ne t'aimait pas.
16:20Il m'a dit, bien que vous soyez Belges tous les deux, vous ne faites pas tout à fait le même métier.
16:25Alors, il avait été le voir au Théâtre des Champs-Elysées, quand il jouait l'homme de la mancha,
16:32pour lui demander ce que ça voulait dire et tout.
16:34Puis, on avait été après dîner au bar des théâtres en face et puis...
16:40C'était... Non, mais...
16:42Parce que Brel, il n'avait pas la langue dans sa poche.
16:44Ah oui ?
16:45Il l'envoyait bien.
16:46Ah oui, il disait quoi, par exemple ?
16:48Oh, ben...
16:50Dès que quelque chose le...
16:56Ben, par exemple, il avait commencé sa tournée à Nior.
17:01Et il avait dit à Roland Hubert, son producteur, il avait dit, je ne veux plus jamais revenir à Nior.
17:07Alors, Roland Hubert, il lui dit, mais pourquoi la salle était bien ?
17:11Bon, ce n'était pas plein, mais il y avait quand même 300 personnes.
17:15C'était sa première tournée en vedette.
17:17Je me souviens, parce que moi, j'étais en première partie.
17:20Et il a dit, non, je ne reviendrai plus jamais, jamais de ma vie chanter à Nior.
17:28Et Roland Hubert, tous les ans, il essayait de le faire revenir à Nior.
17:32Et il n'y a jamais eu moyen.
17:34Il n'y a jamais eu.
17:35Ça n'a jamais été possible.
17:36Merci beaucoup, Jean-Jacques.
17:38Qu'est-ce qu'on peut te dire ?
17:40Allez, la scène t'attend, comme au premier jour.
17:43Comme au premier jour, oui.
17:45Ici, à La Rochelle.
17:46J'espère que mon cœur ne va pas y rester.
17:48Tout va bien.
17:50C'est Jean-Jacques Debout.
17:51Et on a l'occasion ici de lui dire qu'on l'aime, Jean-Jacques.
17:55Merci.
17:55Merci, Jean-Jacques.
17:57Merci à vous.
17:58En tout cas, ça me fait très, très chaud au cœur d'être là aujourd'hui.
18:00On se quitte avec un petit Johnny, comme ça, pour se dire au revoir.
18:04On l'écoute.
18:05Merci, Jean-Jacques.
18:06Merci à vous.
18:06Rien ici, non, rien n'a changé.
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