- il y a 2 jours
Le 27 septembre 2018, Jean-Jacques Debout était l’invité de TV5 Monde. Profondément marqué par la disparition de Johnny Hallyday, il partage son émotion et rend hommage à son ami disparu. Un témoignage poignant d’un proche du rockeur.
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MusiqueTranscription
00:00Bonjour Jean-Jacques Debout.
00:08Bonjour.
00:08Johnny, c'est un peu toute votre vie finalement.
00:11Johnny, oui, ça commence en 1958.
00:18Je débute au cabaret de Patachou sur la place Duterte à Montmartre.
00:23Je chante ma chanson en casquette à galon doré, en capote à bouton doré.
00:31Et un soir, je sors comme d'habitude, toujours vers 11h30 du soir.
00:40Il y avait un jeune garçon qui m'attendait devant,
00:44qui avait comme un caban de marine avec le col relevé comme ça.
00:48Et en moi-même, je me dis, tiens, il me rappelle un peu les photos de James Dean.
00:56James Dean, à l'époque, pas dans la fureur de vivre, à l'est d'Éden.
01:02Et il avait un côté romantique comme ça.
01:06Il y avait quelque chose de James Dean.
01:08Je me dis ça en moi-même.
01:09Il s'approche vers moi et il me dit, vous êtes Jean-Jacques Debout ?
01:13Je lui dis, oui.
01:14Il me dit, ben voilà, moi je suis Jean-Philippe Smet.
01:19J'ai entendu à la radio que vous alliez passer sur Europe numéro 1
01:23dans une émission où la vedette est Gene Vincent.
01:28Il me dit, moi je me passionne pour le rock'n'roll.
01:32Et Gene Vincent fait partie de mes idoles.
01:35Ça me ferait tellement plaisir de le voir.
01:37Est-ce que ça vous ennuierait pas de m'emmener le voir avec vous
01:40ou m'emmener à la répétition ?
01:43Vous allez forcément répéter ?
01:45Je lui dis, oui, c'est après-demain.
01:48Je vous emmène, il n'y a pas de problème.
01:50Et puis là, il me dit, si vous voulez, on descend ensemble.
01:54Parce que je dois rejoindre ma cousine qui m'attend
01:56pour, qui après me ramène chez moi, rue de la Tour des Dames,
01:59c'est-à-dire en bas de la rue Pigalle.
02:01Et on a été dans une brasserie qui s'appelait
02:06Les Pierrots de Montmartre, qui a disparu,
02:08mais la brasserie est toujours là,
02:10qui se trouvait
02:11Place Pigalle,
02:15devant la fontaine de la Place Pigalle.
02:18Il y avait une grande brasserie,
02:19Les Pierrots de Montmartre.
02:21Et dans cette brasserie,
02:23il y avait un juge de boxe.
02:26Et puis,
02:28il avait laissé sa guitare,
02:29il avait une petite guitare
02:30adossée au juge de boxe,
02:35dans laquelle le patron lui donnait des pièces
02:38qu'il mettait pour mettre le disque de Bilalé,
02:43Rock on the Clock.
02:44Et puis,
02:46il accompagnait le juge de boxe,
02:48il chantait plus fort que Bilalé,
02:50et il faisait évidemment
02:51tous les gestes avec ses jambes,
02:54avec ses pieds,
02:56les pas de rock'n'roll,
02:58et la clientèle qui était dans cette brasserie.
03:03C'était une brasserie
03:04où il servait
03:05beaucoup d'hamburgers,
03:07des choses comme ça,
03:07c'était plein.
03:08Les gens se retournaient
03:10et le regardaient très, très étonnés
03:12de voir cet enfant,
03:16parce que c'était encore un enfant.
03:18Il avait 15 ans, 15 ans et demi,
03:20pas plus,
03:22avec ses beaux cheveux blonds et tout,
03:25et il avait l'air d'être comme un archange.
03:28Et alors, il m'avait frappé,
03:30ça m'avait frappé.
03:31Après, il était venu à la table,
03:34on avait pris un verre ensemble,
03:36et puis il m'avait dit,
03:37ben voilà,
03:38j'aimerais me lancer dans la chanson,
03:40je ne connais pas de maison de disques,
03:42parce que je ne connais rien,
03:43mais je lui dis,
03:44moi je suis chez Vogue,
03:45les disques Vogue,
03:46si vous voulez,
03:47je peux parler de vous
03:48à mon directeur artistique,
03:51qui était Jacques Volson,
03:53qui par la suite
03:54a lancé François Zardy,
03:56Dutronc,
03:56et plusieurs personnes.
03:59Je peux parler de vous à Volson,
04:03et à Claude Wolf,
04:05qui s'occupe de la presse,
04:08et si vous voulez,
04:08on viendra,
04:09je vais essayer de les décider
04:10pour venir demain vous voir,
04:12et vous ne changez rien,
04:14vous faites ce que vous venez de me faire,
04:16là devant le jukebox,
04:18avec le disque de Bilalé.
04:23Et alors il me dit,
04:24bon, ben d'accord,
04:25à quelle heure, vers quelle heure,
04:26ben je lui dis,
04:27écoutez, moi je sorte chez Patachou,
04:29il est 11h30,
04:31disons,
04:33entre minuit moins le quart,
04:34voilà,
04:35minuit moins le quart,
04:36minuit moins 10,
04:36on sera là.
04:38Et j'arrive à décider Volson,
04:42qui paraissait même intéressant,
04:46je lui dis,
04:46tu sais,
04:47c'est un phénomène,
04:48celui-là,
04:49le jour où il chante sérieusement,
04:51le jour où il ira sur une scène,
04:53tu vas voir,
04:53ça va produire un événement.
04:56Parce que ça se ressentait,
04:57ça se...
04:59Et puis il y avait Claude Wolf qui a dit,
05:02ben moi je vais venir,
05:03ça m'intéresse aussi de voir ton phénomène.
05:07Nous voilà arrivés,
05:08donc ils sont venus me chercher chez Patachou,
05:11après on est descendus à la fameuse brasserie
05:13des Pierrot de Montmartre,
05:15et je leur ai présenté le jeune Jean-Philippe Smet,
05:19qui nous a expliqué que,
05:24ben,
05:24qu'en attendant que sa cousine
05:26vienne le rechercher là,
05:29avec son cousin,
05:30parce qu'à l'époque,
05:30il faisait un numéro de Playmat
05:32à la Nouvelle Ève,
05:35et ben,
05:35pour passer le temps,
05:36il accompagnait Bilalé au juge de boxe,
05:38et il commençait à s'entraîner
05:40pour faire du rock,
05:43et...
05:43et je dois dire qu'il avait un côté...
05:48inattendu,
05:50c'est pas le mot,
05:51il y avait quelque chose de...
05:53de magique,
05:55alors c'est vrai qu'on emploie le mot magique
05:56pour un oui, pour un non,
05:57mais avec une présence irrésistible,
06:02il était irrésistible.
06:03– Et donc,
06:04il va signer...
06:05– Alors,
06:06il vient à la table,
06:07et je lui présente Bolson,
06:09qui était donc mon directeur artistique,
06:11qui lui dit,
06:12écoutez,
06:12ça m'intéresse,
06:13est-ce que vous pouvez venir demain,
06:14rue d'Hauteville,
06:15à mon bureau,
06:16venir avec Jean-Jacques,
06:17il sait où c'est,
06:19et là,
06:19il dit,
06:20mais je viendrai aussi avec mon cousin,
06:22qui s'occupe de mes affaires,
06:23qui s'occupe de moi,
06:24le cousin qui s'appelait Lee Hallyday,
06:25dont il va porter le nom plus tard,
06:29pour que ça fasse un peu américain,
06:31puisque vous savez bien que son vrai nom,
06:33c'était Jean-Philippe Smith.
06:35Et donc,
06:36le lendemain,
06:37on est venu avec son cousin Lee Hallyday,
06:40Bolson lui a demandé quel âge il avait,
06:44bah oui,
06:46lui il a dit 16 ans et demi,
06:48c'était pas vrai,
06:48il les avait pas encore.
06:50Et enfin,
06:52ils lui ont signé un contrat,
06:53et puis ils ont préparé le premier disque,
06:55sur lequel il y avait une chanson
06:57qui s'appelait Laisse les filles,
07:00et puis comme il y avait un titre
07:02qu'il fallait,
07:04pour la maison de disques,
07:06être un petit peu connue,
07:07pour lui faciliter,
07:09disons,
07:11son arrivée dans le milieu
07:13de la chanson,
07:16ils lui ont fait enregistrer
07:18Itsy, Itsy, Petit Bikini,
07:20qui était en fait le succès
07:22que commençait à chanter Dalida.
07:25Et quand le disque est arrivé
07:26à Europe numéro 1,
07:28Lucien Maurice,
07:29qui était le directeur de la station,
07:32avait pas dû apprécier tellement
07:33le disque,
07:36enfin je ne sais pas,
07:38et il avait ce qu'on appelait
07:39le disque des auditeurs,
07:42c'était une émission qui passait le soir
07:44sur les nouveaux disques
07:45qui venaient de sortir.
07:46Et puis il a passé donc
07:48Itsy, Petit Bikini,
07:50par Johnny,
07:52et puis il a dit,
07:54écoutez, voilà,
07:54c'est un jeune chanteur
07:55qui s'appelle Johnny Hallyday,
07:56vous venez de l'entendre,
07:58je prends le disque,
08:00je le casse,
08:01il l'a cassé devant le micro,
08:02en deux,
08:03et je vous promets
08:05que vous ne l'entendrez pas
08:06une seconde fois.
08:08C'est comme ça
08:08que ça commence pour Johnny.
08:11Incroyable.
08:12Et oui,
08:13et Johnny le pauvre,
08:16il était démoralisé
08:17parce que lui,
08:18il avait écouté l'émission
08:20depuis chez lui,
08:22en se disant,
08:22ça va être formidable,
08:24c'est mes débuts,
08:26et alors,
08:27chez Vogue,
08:28évidemment,
08:29tout le monde était,
08:31son entourage,
08:34on était tous
08:34un petit peu déçus
08:36que ça commence comme ça.
08:39Et puis,
08:39Claude Wolff a organisé,
08:42après ça,
08:42il y a eu quelques galas.
08:44Moi,
08:44j'ai fait un gala
08:45à Namur,
08:46en vedette,
08:47où j'avais en première partie
08:48Johnny Hallyday,
08:50Johnny qui était
08:51à l'opéra de Namur,
08:53carrément,
08:54et ça ne s'était pas
08:56trop mal passé,
08:57les gens trouvaient
08:58ça bizarre un peu
08:59parce qu'ils n'étaient pas
09:00habitués à ce genre de musique
09:02et ce genre de gestes
09:04et la gestuelle de Johnny
09:06les étonnaient.
09:08Mais il était tellement beau
09:09que les gens le regardaient,
09:12quand même,
09:13ils forçaient l'admiration.
09:16Et puis,
09:22un mois après,
09:23Claude Wolff a organisé
09:25un concert très important
09:27avec un impresario
09:29qui s'appelait Georges Leroux.
09:31Ils ont fait la fameuse soirée
09:33au Palais des Sports,
09:36là où il y avait
09:36Richard Anthony,
09:38il y avait Johnny,
09:39c'était, disons,
09:40les premiers rockers
09:45de l'époque.
09:47Et Johnny qui a tout remporté,
09:50qui a soulevé la foule,
09:53qui a fait un triomphe,
09:54ça a été de la folie.
09:56Oui.
09:56Regardez, écoutez ça,
09:59Jean-Jacques Debout,
10:01cette chanson-là.
10:03Pour moi,
10:09la vie va commencer
10:11En revenant
10:15dans ce pays
10:17Là où le soleil
10:20et le vent
10:21Là où mes amis,
10:23mes parents
10:23avaient gardé
10:25mon cœur d'enfant
10:27Pour moi,
10:29la vie va commencer
10:31C'est une chanson
10:33que vous composez,
10:34Jean-Jacques Debout.
10:35Oui.
10:35C'est un énorme succès
10:36pour Johnny.
10:37Oui.
10:38C'est-à-dire que
10:38Johnny me demande
10:40de faire sa première partie
10:41dans sa première tournée.
10:42On va passer à Castelnodary
10:45et il me dit
10:47« Reste avec moi
10:48pour dîner ce soir »
10:49car le producteur
10:50Réventura,
10:52Réventura qui était
10:53l'oncle de Sacha Distel
10:54mais qui entre-temps
10:55était devenu
10:56un producteur de cinéma
10:58très important,
11:00avait amené
11:00le metteur en scène
11:01Abel Gans.
11:03Il voulait que ce soit
11:04Abel Gans
11:04qui soit le metteur en scène
11:06du premier long-métrage
11:07de Johnny.
11:08Et alors
11:09on est tous à table
11:11et il est là
11:11là où je parle
11:12à peu près
11:13une heure du matin
11:14et Réventura
11:17dit à Johnny
11:17« Oui, mais tu sais
11:18que tu vas tourner
11:19dans 15 jours
11:20et il faut une chanson
11:22pour le film. »
11:24C'est le moment
11:24où tu arrives en Camargue
11:25et il y a une chevauchée
11:27dans les étangs
11:28de Vacaresse
11:29avec tous les taureaux
11:32qui te suivent
11:32et tu es tellement content
11:34de retrouver ta famille
11:35qu'il faut une chanson
11:36qui soit un peu
11:37une chevauchée
11:38comme un peu
11:38dans les films de cow-boy
11:40me dit Réventura.
11:41Mais il me dit
11:42« Jean-Jacques,
11:42le problème,
11:43c'est que je repars
11:43à Paris de ma matin
11:44à 9h
11:45et il faut que je fasse
11:46orchestrer la chanson
11:48pour que dans 15 jours
11:50Johnny puisse tourner
11:51le film
11:52en arrivant en Camargue. »
11:55Alors il y avait
11:55un piano
11:55dans l'hôtel de France,
11:57un petit piano.
11:58La propriétaire
11:59ne voulait pas.
12:00Nous voilà tous les deux
12:01là maintenant.
12:02Ça c'est à Paris,
12:03au square des Batignolles,
12:05avant qu'ils partent
12:07en Camargue.
12:08dans le film.
12:10Et la dame dit
12:14« Je vous interdis
12:15de toucher au piano
12:15parce que tout
12:16mon hôtel est plein,
12:17vous allez me faire
12:18fuir l'hôtel,
12:19ce n'est pas possible. »
12:20Johnny a eu l'idée,
12:22il a dit
12:22« Je vais aller chercher
12:23des serviettes
12:24dans ma chambre,
12:25mon peignoir,
12:26mes serviettes,
12:27on va bourrer
12:28tout ça
12:28de serviettes,
12:30comme ça
12:30ça sera assourdi,
12:32on n'entendra pas. »
12:34Et puis j'ai commencé
12:34à faire
12:35« Tan, tan, tan, tan »
12:36pour moi la vie va commencer
12:37en revenant dans ce pays.
12:39Pendant ce temps-là,
12:40Réventura,
12:42derrière le menu
12:44du restaurant,
12:45marquait les notes
12:46et les paroles
12:47que je lui disais.
12:48Et c'est comme ça
12:49qu'il est reparti
12:50le lendemain matin
12:51à 9h à Paris
12:52avec la chanson finie
12:55que j'ai appelée
12:56« Pour moi la vie va commencer »
12:58et quand le disque est sorti,
13:01ça a été une traînée de poudre.
13:02Alors c'est vrai
13:03que le disque
13:04avait été aidé
13:04par la sortie du film
13:06et il s'en est vendu
13:08comme ça.
13:09Je n'aime pas dire les chiffres,
13:10je n'aime pas dire les mots,
13:11ce n'est pas un critère.
13:12Mais enfin,
13:13pour la première chanson
13:14que je lui écrivais,
13:166,5 millions d'albums vendus
13:18de « Pour moi la vie va commencer »
13:22qui était évidemment
13:23la musique du film.
13:24Je ne vous cache pas
13:26que les bras m'en tombaient
13:28parce que d'abord
13:29je ne m'y attendais pas.
13:30Je n'avais pas fait ça
13:31dans le but
13:32que ça marche
13:33à un point pareil.
13:35Et là,
13:36si vous voulez,
13:37après tout s'est enchaîné.
13:38Tout s'est enchaîné.
13:40C'est une histoire d'amitié
13:41aussi incroyable
13:42avec Johnny et Jean-Jean.
13:43Oui,
13:43je l'adorais
13:44et lui,
13:45il me l'a bien rendu.
13:48Puis après,
13:49il m'a emmené chanter
13:50dans l'océan indien
13:51avec lui,
13:52il m'a emmené partout.
13:53On se perdait de vue
13:54par moment
13:55mais on se retrouvait toujours.
13:57Oui,
13:57on va entendre Johnny
13:58qui chantait
13:59« Retire la nuit ».
14:00Ce qui caractérise
14:01c'est cette voix aussi,
14:02cette jeunesse.
14:03Il avait une voix déchirante,
14:05il avait une voix magnifique.
14:08Ça,
14:08j'adorais ça,
14:09cette scène
14:10avec Catherine Denner.
14:11Oui.
14:12ça ira ?
14:17Formidable.
14:18Je suis si contente
14:19d'être tué
14:19à quelque chose.
14:21Ça ne m'arrive jamais.
14:22C'est tout de même
14:22pas vous
14:22qui allez me remercier ?
14:23Si.
14:26Retiens la nuit
14:29pour nous deux
14:31jusqu'à la fin du monde.
14:34C'est incroyable,
14:35cette jeunesse,
14:36ce visage,
14:37Jean-Jacques Derroux.
14:37Ils sont beaux tous les deux.
14:39Quand vous revoyez ça,
14:41vous vous dites quoi,
14:41Jean-Jacques ?
14:43Ça me fait plaisir
14:45et en même temps
14:46parce que c'est un grand
14:47retour en arrière
14:48et je me dis
14:49au fond,
14:52grâce à ces images,
14:54Johnny est toujours là.
14:56Moi,
14:56je ne pense qu'à ça.
14:58Mais de toute façon,
14:58Johnny sera toujours là
15:00parce que,
15:01vous savez,
15:02il fait partie
15:03de ces êtres
15:04qui ne peuvent pas disparaître.
15:06Jacques Brel,
15:07c'est pareil.
15:08On ne peut pas
15:09se passer de Jacques Brel.
15:10On ne peut pas
15:11se passer d'Edith Piaf.
15:13Il y a des artistes
15:14comme ça
15:14qui ne peuvent pas...
15:17Alors,
15:17Johnny,
15:18bien sûr,
15:19ça va être triste
15:19tout ce qui va se passer.
15:21Ça l'est déjà.
15:23Les mots sont même
15:25trop pauvres
15:26pour pouvoir expliquer
15:27ce que moi,
15:28je ressens.
15:29Mais,
15:32grâce au film,
15:34grâce aux disques
15:35et grâce aussi
15:36à cette présence magnifique
15:39de Johnny
15:40qui n'a aimé
15:43toute sa vie
15:44que le public,
15:45je peux vous le dire
15:45parce que
15:46ce n'était pas un problème
15:48pour lui,
15:49le public,
15:49mais il l'aimait tellement
15:50que moi,
15:52je sentais que le public
15:53était comme le sang
15:54qui coulait
15:55dans ses veines.
15:57Et du reste,
15:58quand ça faisait
15:58un petit moment
15:59qu'il n'avait pas chanté
16:00devant le public,
16:02il commençait par moments
16:03à devenir...
16:05Il était triste,
16:08il piquait des crises
16:09un peu,
16:10il pouvait même
16:11être désagréable.
16:12Il disait à son agent
16:13« Mais alors,
16:14quand est-ce que je rechante ?
16:15Quand est-ce que je vais
16:15rechanter devant le public ? »
16:17C'est quelqu'un
16:18qui ne pouvait pas
16:19se passer de son public.
16:20Et son public
16:21faisait partie intégrante
16:23de lui-même,
16:25de l'intérieur de lui.
16:27Il vivait avec le public
16:29à l'intérieur de lui.
16:30Ce qui fait que,
16:31je pense,
16:32qu'il avait cette présence
16:34et qu'il était extraordinaire.
16:37Regardez même,
16:39si on regarde
16:39les autres artistes
16:40de sa génération,
16:43le plus magique de tous
16:45a toujours été Johnny,
16:46puisque tout le monde
16:48l'appelait le patron.
16:49Vous le savez.
16:50– Oui.
16:50Le pénitencier,
16:51par exemple,
16:51va entendre des chansons.
16:53Il transcende finalement
16:55des titres.
16:55C'est le sommet
16:57de la variété française.
16:58– Pour moi,
16:59c'est le plus grand.
17:01– Oui.
17:01– Là, aujourd'hui,
17:03aujourd'hui,
17:05c'est un archange
17:05qui s'est envolé
17:07vers le ciel,
17:09mais que je considère
17:10comme avoir été
17:10le plus grand,
17:12le plus grand showman,
17:13en tout cas,
17:14le plus grand showman
17:15de la chanson française,
17:17de toute sa génération.
17:20Et de toutes les générations
17:21confondues,
17:21c'était vraiment
17:23le grand,
17:25grand, grand, grand artiste.
17:27– Johnny.
17:27– Je vous dis.
17:28– Je vous dis.
17:28– Pour moi,
17:39ma mère
17:40a donné
17:42sa robe
17:44de mariée
17:47« Je vous dis jamais. »
17:51– Vous parlez de l'homme.
17:53Vous l'avez tellement aimé,
17:54Jean-Jacques,
17:55l'amitié.
17:56– J'avais une petite maison
17:58à l'île de Ré
17:59dans laquelle
17:59on prenait le train
18:01à Paris,
18:03mais à l'époque,
18:04il y avait des bacs,
18:05il n'y avait pas le pont.
18:07Alors,
18:07on dormait à La Rochelle
18:08en arrivant
18:10et c'est simplement
18:11le lendemain
18:11qu'on prenait le bac
18:12pour aller sur l'île de Ré.
18:14Alors,
18:15quand on arrivait
18:16à La Rochelle,
18:19ça me rappelle
18:19des souvenirs.
18:20– Cette photo-là, oui.
18:22– Oui.
18:23Alors,
18:23quand on allait
18:24à La Rochelle,
18:25c'est là où
18:25je lui remets
18:26une lettre,
18:28on lui disait,
18:28non,
18:28un revolver,
18:29je lui remets
18:30dans le fil.
18:31Je lui dis,
18:31il faut toujours
18:32écouter le conseil
18:33des vieux,
18:33ça pourra te servir.
18:34Et on arrivait
18:37à La Rochelle
18:38et on allait
18:38dans les boîtes
18:39à La Rochelle
18:40près de la tour
18:41des quatre sergents,
18:43il y avait une boîte
18:44qui s'appelait
18:45La Boucane.
18:48Et dès qu'on arrivait,
18:50dès que Johnny arrivait,
18:52il y avait
18:52tous ces fans
18:54qui l'entouraient
18:55et qui voulaient
18:56danser à côté de lui.
18:58Il y avait les filles
18:59qui se faisaient engueuler
19:00par leurs mecs
19:00parce qu'il n'y en avait
19:01plus pour Johnny.
19:02Alors,
19:03il y avait les marins
19:04qui voulaient casser
19:04et qui engueulaient
19:06la fille
19:07parce qu'il disait,
19:08oui,
19:08ce n'est pas parce que
19:09c'est Johnny Hallyday
19:10que tu dois me laisser tomber.
19:11Et ça se terminait
19:12en pugilat,
19:13en bagarre,
19:14pas possible,
19:15dans cette boîte
19:16en bas de la tour
19:18de La Rochelle
19:20devant le port
19:21puisqu'on ne pouvait
19:22partir que le lendemain
19:23sur l'île de Ré
19:24à cause des bacs.
19:26Et on a passé
19:27comme ça
19:28plusieurs années
19:30à faire ça.
19:31Oui.
19:31Si vous avez
19:32une seule image
19:33Jean-Jacques
19:33à garder de Johnny,
19:34c'est quoi ?
19:35La dernière image,
19:37c'est aux obsèques
19:38de
19:39Mireille d'Arc.
19:42Il était très ami
19:43de Mireille d'Arc.
19:43Il l'aimait beaucoup
19:44et moi aussi.
19:45J'aimais beaucoup Mireille.
19:47Le hasard a fait
19:48que quand il est arrivé
19:49dans l'église
19:51de Saint-Sulpice,
19:53le hasard a fait
19:53qu'il était assis
19:54juste en face de moi.
19:56Et à un moment,
19:57il s'est retourné.
19:58Il m'a vu.
19:59Moi, je me suis levé.
20:00on s'est embrassé
20:02et il m'a dit
20:03j'espère qu'on ne s'embrasse pas
20:05pour la dernière fois.
20:07Et moi,
20:08je voyais au fond
20:08de ses yeux.
20:10On voyait une tristesse
20:12sur son visage quand même.
20:15Mais je n'avais trouvé
20:16pas trop mal quand même.
20:18Je m'étais dit
20:19il peut peut-être
20:20quand même s'en sortir.
20:22Et j'ai eu quand même
20:25le pressentiment
20:25que je l'embrassais
20:26pour la dernière fois.
20:27Je me suis dit
20:28il faut chasser
20:30ce sentiment de ta tête
20:31parce que
20:32c'est lui qui m'a dit ça.
20:34Si ça se trouve,
20:34je t'embrasse
20:35pour la dernière fois.
20:36Et la dernière image
20:37que j'ai de lui,
20:38c'est forcément celle-là.
20:40C'est celle-là,
20:40c'est celle où on se regarde.
20:43Il tourne la tête,
20:43il va vers Alain Delon
20:45qui était en larmes
20:45pour consoler Delon.
20:47Après,
20:47ils sont partis
20:48tous les deux
20:49par l'allée du côté
20:51pour éviter
20:51un peu les paparazzis.
20:53et c'est la dernière fois
20:56dans ma vie
20:57que je le vois.
21:00Et tout de suite,
21:01ça me rappelle aussi
21:01la première fois
21:02où il était venu m'attendre
21:04à la sortie du cabaret
21:05pour me demander
21:06de l'emmener à l'Olympia
21:07voir son idole,
21:09Jean Vincent.
21:11Merci beaucoup.
21:11C'est-à-dire
21:12beaucoup d'années
21:12avaient passé.
21:1460 ans ?
21:15Oui.
21:15Et j'avais eu le temps
21:16quand même,
21:17enfin,
21:17je ne suis pas
21:18pour parler de moi,
21:20mais aujourd'hui,
21:21je garde ces chansons
21:23que j'ai écrites
21:24pour lui,
21:24si vous voulez,
21:25je les garde
21:26dans mon cœur
21:26parce qu'il les a
21:28tellement bien chantées
21:29que ça me fait
21:32forcément
21:33beaucoup,
21:35beaucoup,
21:35beaucoup de...
21:37Je ressens
21:38beaucoup de choses
21:39quand je l'entends
21:40chanter,
21:41même toutes les autres
21:42chansons,
21:43puisque j'ai vu
21:44pratiquement créer
21:45toutes ces chansons.
21:46On ne s'est jamais quitté,
21:48c'était...
21:49Il me disait
21:49c'était mon grand frère,
21:50moi je me disais
21:51c'est mon petit frère,
21:53même quand on ne se voyait pas,
21:55on se téléphonait,
21:56l'un savait toujours
21:57ce qu'il faisait l'autre.
21:59Merci beaucoup,
22:00Jean-Jacques Debout,
22:00pour ce beau témoignage
22:02pour Johnny.
22:04On pense à Laetitia,
22:05on pense à ses enfants,
22:06on pense à tous ses fans
22:07et à tout le monde.
22:08Et à Sylvie aussi,
22:09qui a vécu 20 ans avec lui
22:11et qu'il l'a tellement aimé,
22:14ainsi que David
22:15et la petite Laura,
22:19je pense aussi à eux
22:20parce qu'ils l'ont aimé beaucoup.
22:23Sylvie avait toujours
22:23gardé Johnny dans son cœur.
22:25Oui,
22:26il regardait comme ils sont beaux.
22:27Ils étaient mythiques,
22:28vous savez.
22:29C'est mythique l'histoire.
22:31L'histoire Johnny-Sylvie,
22:33c'est quelque chose
22:33qui ne pourra jamais s'effacer.
22:35Regardez comme ils sont beaux.
22:36Ils étaient plus beaux
22:39que la beauté.
22:40C'était...
22:42Je sais que pour tout le public français,
22:49l'époque Johnny-Sylvie
22:51reste quelque chose de...
22:54Vous savez,
22:54un peu comme reste pour les Américains
22:57et les Anglais,
22:58mais même dans le monde.
23:01Cette image d'Elizabeth Taylor
23:03avec Richard Burton,
23:05c'était pareil pour eux.
23:10Merci beaucoup, Jean-Jacques.
23:12Merci beaucoup
23:12pour ce beau témoignage.
23:14Encore une fois,
23:15Johnny Hallyday
23:15restera là,
23:17toujours ?
23:17Ah oui, bien sûr.
23:19Il est là déjà.
23:20Il est là.
23:22Merci.
23:22Sous-titrage Société Radio-Canada
23:31Sous-titrage Société Radio-Canada
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