La chronique éco : Nos ingénieurs sont-ils en train de partir ?

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L'éclairage économique d'Éric de Riedmatten sur un sujet d'actualité.

Transcript

00:00Batailler la zone, c'est se tirer, partir.

00:03C'est l'exposition d'Alain Souchon dans une chanson que vous connaissez sûrement.

00:06Alors, non, c'est inquiétant mais ça ne m'étonne pas.

00:08Pourquoi ça ne m'étonne pas ?

00:10Parce que les salaires aujourd'hui sont devenus insuffisants pour vivre normalement,

00:14surtout quand vous avez fait de grandes études, de belles études.

00:18C'est ce que dit vraiment noir sur blanc le président du SYNTEC.

00:21Le SYNTEC, c'est une fédération qui regroupe 3000 entreprises en France,

00:25dans le numérique, des écoles d'ingénieurs, des entreprises de l'ingénierie.

00:29Et il appelle, en fait, le Premier ministre, il lance un appel au Premier ministre, au nouveau Premier ministre.

00:34Surtout ne dégradez pas le coût du travail, surtout ne touchez pas aux hautes rémunérations.

00:39Et il a raison, la France dit-il encore, c'est le pays qui taxe le plus les emplois qualifiés.

00:44Et le risque, si vous continuez de taxer ceux qui gagnent de l'argent,

00:48qui créent de la richesse en France, l'exode va s'accélérer tout simplement.

00:52Cet exode, on le voit déjà, on le constate déjà.

00:55Oui, alors l'expatriation, ça a toujours existé depuis longtemps.

00:59On part pour tenter sa chance à l'étranger.

01:01Mais l'étude qui a été faite par Ipsos BVA est intéressante, parce que là, on parle du haut du panier.

01:07C'est quoi le haut du panier ?

01:08Eh bien, ce sont les polytechniciens.

01:10Ce sont les diplômés de grandes écoles, de belles écoles, comme Supélec, Supaéro, Lémin.

01:14Alors là, j'ai été sidéré.

01:1657% des jeunes, le haut du panier, c'est vraiment ceux qui sont super diplômés.

01:2157%, ils sont tentés, je dis bien tentés, de quitter la France.

01:25Et ils se posent la question.

01:26Ils disent, non, en France, il n'y a plus, ce n'est pas agréable, il n'y a pas de reconnaissance de notre travail.

01:30On est mal payé.

01:31Si je pars à l'étranger, ça sera sûrement plus intéressant.

01:34Et le président de cette fédération Sintec dit, attention, il faut surveiller ce phénomène comme l'huile sur le feu.

01:41Parce que c'est une lente hémorragie et on se demande comment ça va s'arrêter ou comment on va inverser cette tendance.

01:47On pense tous à l'interview du patron de l'ENGER, cette semaine dans le point, Eric Kitschewek,

01:52qui conseille aux entrepreneurs, aux jeunes de quitter la France s'ils veulent monter une entreprise.

01:57C'est quand même triste.

01:58C'est quand même triste.

01:58C'est-à-dire qu'on va garder tous ceux qui ne créent pas, qui ne créent pas d'emplois, qui ne créent pas de richesses

02:02et tous ceux qui veulent créer de la richesse, créer des emplois, développer le pays, le faire grandir, le rehausser, sont tentés de partir.

02:11On sait où ils vont ?

02:12Alors, où ils vont ? D'abord, il y en a 9 ou 10% qui partent vraiment.

02:16C'est le point qu'il faut savoir.

02:17Où ils vont ? Je ne vais pas vous surprendre.

02:19En Suisse.

02:20La Suisse, pourquoi ? Parce que c'est là que les salaires sont les plus élevés.

02:23Et on pense toujours à la Suisse au chocolat.

02:24Non, il y a énormément d'industries, de petites industries qui marchent très bien.

02:28La Suisse fait d'ailleurs un PIB très important, création de richesses.

02:31Et il y a des écoles d'ingénieurs comme Polytechnique Lausanne, notamment au Zurich.

02:35Alors, d'ailleurs, le président de la marque française Lippe, vous vous rappelez les montres Lippe ?

02:39Oui.

02:39Ils sont à Besançon.

02:41Il était mon invité de l'émission L'hebdo de l'écho.

02:43Il me disait, je me bats pour retenir les Français, les ingénieurs français, les techniciens français.

02:49Parce que de l'autre côté de la frontière, ils gagnent le double.

02:52C'est vrai, quand vous regardez les salaires au Canada, États-Unis, Allemagne, où les salaires sont supérieurs à la France.

02:58Moi, je vais vous donner l'exemple des États-Unis.

02:59Si, peut-être qu'Harold va confirmer, l'équivalent d'un ingénieur, l'équivalent salaire, c'est 85 000 euros brut par an.

03:0685 000 euros brut par an.

03:08Alors qu'en France, c'est 56 000 euros.

03:10C'est le salaire moyen brut d'un ingénieur.

03:12Ça, ce sont les chiffres de l'école de commerce ECU.

03:14Alors bon, après, la France, elle a des atouts.

03:16Elle a la sécurité sociale, elle a la retraite, les protections sociales.

03:19Donc, ça retient quand même les jeunes.

03:20Mais ce qu'il faut retenir comme message final, c'est que la France qui gagne, elle doit soutenir ses ingénieurs et elle doit les encourager.

03:28Ça, c'est le message qui doit être passé au plus haut niveau.

03:29Sous-titrage Société Radio-Canada

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