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  • il y a 11 heures
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 28 novembre 2025, l'acteur et réalisateur Jean-Paul Rouve. Il joue dans la pièce "Le Bourgeois gentilhomme", au Théatre Antoine, jusqu'au 10 janvier 2026.

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Transcription
00:00Bonjour Jean-Paul Rouve.
00:01Bonjour.
00:01Vous êtes cet acteur et réalisateur tour à tour sensible et drôle, mais surtout profondément humain.
00:06C'est au sein de la troupe comique Les Robins des Bois que le public vous a découvert il y a 30 ans.
00:10Aux côtés de Marina Foyce, Pef, Maurice Barthélémy.
00:13Vous mettrez un bip sur le 30 ans.
00:15Ce qui vous a valu d'ailleurs d'être produit par Catherine Maéot, la directrice du théâtre de la gaieté Montparnasse à Paris,
00:20et par un certain Dominique Faroujia.
00:22Il n'en fallait pas plus d'ailleurs pour mettre un pied dans la porte, d'une part,
00:25et surtout pour entrer dans ce monde du spectacle qui vous a attiré finalement très tôt quand on regarde bien.
00:30Il y a eu les cours du Centre Dramatique National du Nord-Pas-de-Calais
00:32qui vous ont donné envie de fonder votre première troupe de théâtre amateur.
00:37Il y a eu aussi la rencontre avec une certaine Isabelle Nanty,
00:40avec une complicité qui n'a jamais faiblie et qui se déguste à l'image dans vos rôles de Jeff et Cathy Tuche.
00:45Au fil du temps, vous avez su imposer votre style, votre phrasé,
00:49et cette voix qui va avec, votre regard a certes évolué,
00:52mais vous avez su conserver le feu sacré qui vous anime avec des rôles certes comiques,
00:57on pense à podium notamment, mais aussi avec des rôles très forts,
00:59comme celui d'Albert Spaggiary dans « Sans armes ni violences » que vous avez réalisé,
01:05consacré à la vie de cet homme décrié, ce cerveau du casse du siècle,
01:08survenu à la Société Générale de Nice en 1976.
01:12Après votre pièce « J'ai pas l'air » en 2022,
01:14qui vous racontait à travers des chansons en tête à tête avec le public,
01:17aujourd'hui vous êtes à l'affiche de la comédie de Molière,
01:20« Le bourgeois gentilhomme », revisitée par Jérémy Lipman au Théâtre Antoine Dumonté à Paris,
01:24jusqu'au 10 janvier 2026.
01:27Le théâtre, j'ai l'impression qu'il a une saveur particulière pour vous, Jean-Paul Rouve.
01:30Oui, parce que c'est le contact avec le public, le contact direct.
01:34C'est la chose qui manque quand on fait du cinéma et quand on fait de la comédie en plus.
01:37Notre rapport au public, c'est quand on fait la tour des provinces et qu'on va présenter le film.
01:43Mais on n'a jamais ce rapport au rire.
01:45Le rire est toujours décalé pour nous.
01:47On fait un film, on monte, on espère que ça va faire rire.
01:50Et puis après, c'est le public qui décide.
01:52Alors que là, on le vit en direct.
01:55Donc c'est très galvanisant.
01:57On s'adapte aussi.
01:58On travaille, on réfléchit.
02:00Une représentation ne ressemble jamais à une autre.
02:02Quelquefois, on cherche pendant des semaines.
02:05On sait que ça, ça pourrait être drôle, une phrase.
02:07Et on dit pourquoi on n'y arrive pas, pourquoi on n'y arrive pas.
02:09Puis un jour, miracle, on y arrive.
02:11Donc c'est beau ou c'est beau le théâtre pour ça ?
02:13Le texte, il est très dansant du bourgeois gentilhomme.
02:16Vous avez appréhendé ou pas ?
02:17D'être à la hauteur, de pouvoir revisiter ?
02:20J'ai été complètement inconscient sur cette aventure.
02:24Non mais vraiment, vraiment.
02:26Quand Jérémy m'a appelé, il n'y a pas si longtemps que ça,
02:28parce que c'était au printemps dernier,
02:29ce qui est court pour le théâtre en général.
02:31Donc je n'ai pas vraiment eu le temps de réfléchir.
02:33On s'est envoyé des pièces.
02:36J'ai relu des Molières.
02:37J'ai relu le bourgeois que je n'avais pas lu depuis l'école, je pense.
02:40Ce n'est pas une pièce que j'ai travaillée au court-flanc.
02:43Et ça m'a fait tellement rire.
02:45Je trouvais ça tellement moderne.
02:47Je trouvais ça tellement absurde.
02:48Dans les bonnes vannes qui pouvaient presque être du Robin des Bois,
02:52ça me faisait rire.
02:53Ben, Molière est super rire, évidemment.
02:55Je me suis dit, allez, allons-y.
02:57Mais vraiment, la fleur au fusil.
02:59Puis après, on m'a dit, tu sais qu'il y a lui qui a joué cette pièce.
03:02Il y a lui, il y a lui, il y a lui.
03:03Il y a Rému, il y a...
03:05Waouh !
03:05Et heureusement que je ne savais pas.
03:07Michel Serrault.
03:08Michel Serrault, Christian Clavier, Louis Seignier.
03:11Enfin bon, tous, ils l'ont tous joué.
03:13Donc je lui ai dit, bon, ben voilà, je ne savais pas, tant mieux.
03:15On va parler de l'habit.
03:17L'habit fait le moine, dans ce cas présent.
03:19Oui, pour le coup, il ne fait pas le moine.
03:22C'est déjà, grosse performance que de le porter.
03:27C'est un costume improbable, on ne va pas se dire.
03:29Il y a un clin d'œil à la folie des grands d'œurs.
03:32Il y a un clin d'œil à Louis de Funès.
03:33Exactement.
03:34Quand il arrive, le bourgeois, c'est le matin.
03:36Il n'a pas encore sa tenue de bourgeois, parce qu'il n'a pas son costume.
03:38Donc il arrive en pyjama.
03:40Aujourd'hui, il sera en pyjama.
03:42Donc il est en tenue de nuit.
03:44Et donc il y a un bonnet de nuit.
03:46Les gens dormaient qu'un bonnet de nuit à l'époque.
03:47Et j'ai demandé au costumier, au chef costumier, de me faire une référence.
03:52J'ai dit, fais-moi le bonnet de Louis de Funès dans La folie des grandeurs.
03:55Donc voilà, c'est un long bonnet de nuit avec un pompon.
03:59Et c'est mon hommage à Louis de Funès, que j'admire plus que tout en comédie.
04:05Le roi de la rupture et tout.
04:07Donc voilà, c'est un petit hommage à Louis de Funès.
04:09Ce qui est assez fort, effectivement aussi, c'est que symboliquement,
04:13ça veut dire beaucoup de choses, que l'habit ne fait pas le moine.
04:16Ça veut dire qu'il faut apprendre à découvrir les gens, ne pas les juger trop facilement.
04:21Encore une fois, on est dans le vrai et ça n'évolue pas, ça.
04:24Mais ça n'évolue pas, les a priori.
04:26Ce qu'on veut être, l'image qu'on veut donner, le paraître,
04:32vouloir accéder à un monde qui n'est pas le sien.
04:34Regardez avec les réseaux sociaux, les gens qui suivent des personnes en disant
04:40« je veux être comme lui » alors qu'on sait que c'est factice, qu'il y a des filtres.
04:43Aujourd'hui, c'est des filtres sur un écran, mais là, c'était le filtre de l'habit.
04:46Ça ne change pas et c'est pour ça que ça ne se démode pas à Molière.
04:50Je pense que ça ne changera jamais.
04:53L'être humain est fait comme ça.
04:54Quand vous étiez petit, votre père était ouvrier.
04:57Vous avez toujours été très fier de ça, de dire que vous aviez grandi pas à pas,
05:03franchi chaque échelon, vous êtes allé chercher sans aucun piston,
05:07parce que c'est de ça qu'il s'agit.
05:09Vous rêviez à quoi, vous, justement ?
05:10Je rêvais d'un ailleurs.
05:13Je ne savais pas lequel, parce que je n'avais pas conscience.
05:16Je savais, alors c'est paradoxal, parce que j'étais très heureux dans mon enfance,
05:21au milieu où j'étais.
05:22Je suis né à Dunkerque et tout, qui n'est pas une ville facile,
05:24mais j'ai été très heureux.
05:25Je n'avais pas conscience de ça.
05:27Mais je savais que je voulais faire autre chose, aller ailleurs, partir.
05:32Je sais que j'avais ce besoin-là.
05:34Alors, je ne savais pas encore comment.
05:36Et c'est quand j'ai découvert les films, quand je voyais des films à la télé.
05:39Je me disais, ah, ça me plaît bien, ça me faisait rêver, en fait.
05:43Donc, oui, puis je suis très fier.
05:46Non, comme vous le disiez tout à l'heure, je vous disais le travail, la fatigue physique.
05:49Moi, j'ai grandi avec un père qui est rentré fatigué du travail.
05:53Donc, j'ai eu très tôt cette notion que tout se fait avec la beurre.
06:00Et j'ai abordé ce métier comme cela, comme un artisan, si vous voulez.
06:05Pour moi, c'est presque un métier manuel.
06:08Paradoxal, mais c'est presque un métier manuel acteur, j'ai l'impression.
06:11C'est presque un métier manuel.
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