- il y a 20 minutes
François-Xavier Bellamy, député européen et vice-président de LR, et Boris Vallaud, député des Landes et président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, sont invités de la Grande matinale au lendemain de la démission du gouvernement de Sébastien Lecornu.
Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
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00:00Et avec Benjamin Duhamel, nous vous proposons ce matin un grand entretien consacré à la crise politique que traverse donc la France.
00:08Deux partis détiennent la clé de l'équation, les socialistes et les républicains.
00:13On va donner la parole à deux figures de ces familles politiques.
00:17Dans quelques minutes, le président des députés socialistes, Boris Vallaud, sera avec nous.
00:24Mais d'abord, nous recevons un eurodéputé vice-président des Républicains, avec lequel vous pourrez d'ailleurs dialoguer au 01, 45, 24, 7000.
00:35François-Xavier Bellamy, bonjour.
00:36Bonjour.
00:37Et merci d'être au micro d'Inter ce matin.
00:39Merci à vous.
00:40Le Premier ministre des missionnaires Sébastien Lecornu a jusqu'à demain soir pour tenter de dénouer la crise politique.
00:49Croyez-vous qu'il puisse y arriver ?
00:52Est-ce que vous pouvez me permettre de dire simplement d'un mot, que nous sommes effectivement le 7 octobre, Pierre Aski le rappelait à l'instant.
00:57Et je voudrais dire aujourd'hui, parce que c'est une date qui marque d'abord mon soutien à toutes les familles des victimes, à toutes les familles des otages,
01:04mais aussi à toute la communauté juive de France qui vit depuis deux ans le retour d'un antisémitisme particulièrement décomplexé.
01:11C'est aussi le contexte de la crise politique que nous vivons aujourd'hui, et qui dit l'urgence d'agir et l'urgence de trouver les moyens d'agir.
01:17Alors est-ce que Sébastien Lecornu peut parvenir à dénouer cette crise politique dans un laps de temps si court, y croyez-vous ou non ?
01:29En fait, pour le comprendre, il faut revenir sur l'origine de cette crise.
01:33Pourquoi est-ce que les Républicains, pourquoi est-ce que Bruno Retailleau ont fait le choix, finalement, de réinterroger leur participation à ce gouvernement ?
01:40Ce n'est pas pour la nomination de telle ou telle personne, ce n'est pas à cause de Sébastien Lecornu, c'est parce que ce dont nous avons compris l'enjeu il y a quelques heures,
01:52c'est le fait que le Président de la République voulait continuer de gouverner le pays comme si rien ne s'était passé.
01:58Après la dissolution, les élections législatives ont donné naissance à cette Assemblée où il n'y a pas de majorité.
02:04Le Président de la République a perdu ces élections et nous ne les avons pas gagnées, bien sûr.
02:08Mais puisque le Président n'a plus de majorité, il faut en tirer les conséquences.
02:13Et nous nous étions engagés autour de Michel Barnier parce qu'au lendemain de cette dissolution,
02:18Emmanuel Macron avait choisi de nommer un Premier ministre qui ne venait pas de son camp.
02:21C'était une manière de tirer les enseignements de cette crise politique.
02:25Aujourd'hui, malheureusement, ce que nous touchons du doigt avec la nomination de ce gouvernement,
02:29c'était le fait qu'Emmanuel Macron ait tenté de revenir en force et de reprendre le pouvoir.
02:33Quand François Bayrou était Premier ministre, ça ne vous dérangeait pas de faire partie d'un gouvernement dirigé par celui qui est détesté par la droite ?
02:41Mais d'abord, pour nous, participer à ce gouvernement a toujours été un choix difficile.
02:44Nous avons été dans l'opposition à Emmanuel Macron pendant huit ans.
02:47Nous avons combattu le macronisme parce que nous pensions que les décisions qui se prenaient n'étaient pas bonnes pour le pays.
02:52Nous avons fait le choix de rentrer dans cette logique de compromis,
02:55non pas parce que nous avions changé d'avis, mais parce que d'abord, nous voulions éviter que le nouveau Front populaire
03:01ne soit le premier bloc parlementaire à l'Assemblée Nationale
03:03et surtout parce que nous voulions faire en sorte que les deux ans qui viennent soient le plus utiles possible au pays.
03:10Notre intention n'a pas changé.
03:12Mais ce qui a changé, c'est que, encore une fois, je le redis,
03:14François Bayrou était sans doute plus indépendant à l'égard d'Emmanuel Macron que ne l'était Sébastien Lecornu
03:18et tout le monde le sait, vous le savez très bien Benjamin Duhamel.
03:21Ce gouvernement, et c'est là qu'était le problème, il a été composé à l'Élysée.
03:24J'ai rarement entendu dire du bien de François Bayrou, mais comme quoi tout arrive.
03:27Mais encore une fois, le but n'est pas de parler de personne.
03:31Les Français sont désespérés par les petites histoires politiciennes.
03:34La seule chose qui compte, c'est de garantir le respect de nos institutions
03:37et le respect de notre démocratie.
03:39Et c'est cela et cela seulement que Bruno Retailleau et notre famille politique a en tête
03:43et c'est cela que nous avons eu à cœur lorsque nous avons pris cette décision.
03:47François-Xavier Bell a mis plusieurs déclarations ce matin,
03:49puisque l'actualité politique se joue minute par minute.
03:52Il y a quelques instants, l'ancien Premier ministre Édouard Philippe
03:55demande une présidentielle anticipée au Président de la République.
03:59Dans un premier temps, un budget qui permettrait d'expédier en quelque sorte les affaires courantes
04:05et un Président de la République qui donc quitterait le pouvoir de façon ordonnée
04:08et une élection présidentielle anticipée.
04:11Est-ce que vous vous joignez à cette demande de l'ancien Premier ministre ?
04:15Il est clair que, d'ailleurs Emmanuel Macron l'avait dit lui-même quand il était, je crois, candidat,
04:20lorsqu'un Président de la République a perdu la majorité des suffrages des électeurs,
04:25une des conséquences possibles, c'est celle qu'avait tiré Charles de Gaulle, est de démissionner.
04:29Mais ça n'est pas non plus une conséquence nécessaire.
04:32Plusieurs Présidents de la République ont déjà perdu les élections législatives
04:35et sont restés en fonction.
04:36Jacques Chirac, François Mitterrand.
04:38Alors c'est ouvert une période de cohabitation.
04:40Et nous, c'est cela que nous disons.
04:41La démission du Président de la République...
04:42C'est ce que vous demandez ce matin.
04:44Le Retailleau ne ferme pas la porte à un gouvernement de cohabitation avec la Macronie.
04:50Le Président de la République, la question de la démission, elle lui appartient.
04:54Mais en revanche, ce que nous avons le devoir de dire, c'est qu'il doit cesser de gouverner le pays.
04:59Et c'est pour cela que nous ne participerons plus à un gouvernement
05:03qui serait dirigé par un macroniste historique.
05:06parce que le grand problème se trouve là, dans une forme de malaise démocratique profond
05:10que cette situation engendre.
05:12Pour être très précis, si je vous suis là, vous dites
05:14une démission du Président de la République, même si elle est ordonnée,
05:18ce ne serait pas souhaitable ?
05:20Je dis seulement que c'est une décision qui lui appartient.
05:23Voilà, cette décision, personne ne peut...
05:25C'est le moment qu'on puisse dire, personne ne peut le contraindre à la prendre.
05:27Dans les institutions de la Ve République, personne ne peut contraindre le Président à démissionner.
05:31En revanche, nous avons le devoir de faire en sorte que le Président ne gouverne plus.
05:35Et finalement, je crois que pour les Français, c'est un peu indifférent.
05:38La seule chose qui compte pour eux, c'est que leur vote soit respecté.
05:42Les Français ont dit à Emmanuel Macron qu'ils ne voulaient plus qu'il ait une majorité.
05:45Il faut que cela se traduise désormais dans l'indépendance du gouvernement à l'égard du Président.
05:50Il y a quelques instants, vous disiez, on ne gouvernera plus avec un Premier ministre macroniste,
05:55mais on est prêt à un gouvernement de cohabitation avec la Macronie.
06:00Alors là...
06:01De cohabitation avec Emmanuel Macron ?
06:03Qu'est-ce que ça veut dire la cohabitation ?
06:05Pardon, mais je suis cru comprendre qu'on avait déjà essayé avec...
06:07Vous aviez déjà essayé avec Michel Barnier à Matignon.
06:10On ne peut pas dire que ça ait été couronné de succès.
06:12Ça veut dire quoi un gouvernement de cohabitation avec Emmanuel Macron ?
06:15Aucun Premier ministre qui arrivera dans les circonstances que nous connaissons
06:18n'aura la tâche facile étant donné l'absence de majorité à l'Assemblée nationale.
06:21Mais la condition, encore une fois, je le redis, c'est que le Président ne gouverne plus.
06:25Un gouvernement de cohabitation, ça veut dire que,
06:27comme Jacques Chirac avec Lionel Jospin Premier ministre,
06:30comme François Mitterrand avec la droite à Matignon,
06:33eh bien qu'Emmanuel Macron puisse présider le pays,
06:36le représenter sur la scène internationale,
06:38mais qu'il ne dirige plus le gouvernement de la France.
06:41Or c'est cela qui s'est passé ces derniers jours.
06:43Mais alors qui le dirige François-Xavier Bellamy ?
06:45Parce que quand Bruno Retailleau ne ferme pas la porte à ce gouvernement de cohabitation,
06:48ce qu'on comprend entre les lignes,
06:50c'est qu'il souhaite que de nouveau un membre des Républicains soit appelé à Matignon pour gouverner ?
06:55Non, nous ne revendiquons pas Matignon.
06:57Nous n'avons pas gagné l'élection législative,
06:59donc nous ne prétendons pas pouvoir revendiquer Matignon.
07:02Mais on pourrait imaginer qu'un Premier ministre indépendant soit nommé à Matignon,
07:07issu de la société civile,
07:08quelqu'un qui, en tous les cas, ne soit pas issu du parti macroniste.
07:12Parce que, je le redis, le problème n'était même pas Sébastien Lecornu lui-même.
07:16Le problème, c'est que tout le monde le voit, tout le monde le sait,
07:19tous les observateurs le comprennent.
07:20Avec la nomination de Sébastien Lecornu,
07:22Emmanuel Macron reprenait le pouvoir.
07:23Et c'est cela qui a donné aux Français dans la nomination de ce gouvernement.
07:26Et c'est cela qui a fait que nous avons ressenti, comme des millions de Français,
07:30que la composition de ce gouvernement était en fait une manière d'effacer la dissolution
07:34et de revenir à la situation qui la précédait,
07:37une situation dans laquelle Emmanuel Macron n'aurait jamais perdu une élection.
07:40Un Premier ministre de gauche, François-Xavier Bellamy, vous dites Banco ?
07:44Mais je crois que la gauche n'a pas non plus gagné les élections.
07:47Et il faudrait qu'elle le réalise.
07:48Et le problème, c'est le programme que porte cette gauche
07:51qui a été élue derrière Jean-Luc Mélenchon.
07:53Quand j'entends la gauche, au cours des dernières semaines,
07:55rappeler son obsession pour la création de nouvelles taxes,
07:59de nouveaux impôts, de nouvelles charges,
08:00dans le pays qui est déjà le plus fiscalisé de l'OCDE,
08:03je crois que cette gauche-là serait dangereuse.
08:05Ça veut dire que vous le censureriez si Emmanuel Macron appelait un socialiste à Matignon,
08:10comme le demande par exemple le Premier secrétaire du Parti Socialiste Olivier Faure ?
08:14Ça voudrait dire censure des députés Les Républicains ?
08:16Sur la base de ce programme-là, oui.
08:18C'est ce que Bruno Retailleau a rappelé.
08:20Et je crois qu'un programme comme celui-là serait trop dangereux pour le pays.
08:24Nous sommes rentrés à Matignon, encore une fois, je le redis,
08:27non pas de quêté de cœur ou pour des postes ou des places.
08:29Nous n'avons pas préféré notre parti à notre pays.
08:32Parce que si c'était le cas, d'ailleurs, on aurait sans doute accepté n'importe quoi
08:36pour rester au pouvoir aujourd'hui.
08:38Ce qui nous a fait accepter cette logique de participation,
08:42c'était d'éviter que le nouveau Front Populaire ne rentre au gouvernement.
08:45L'impression que vous donnez ce matin, François-Xavier Bellamy,
08:47c'est une forme de rétro-pédalage par rapport à ce qui a été fait par Bruno Retailleau.
08:51C'est-à-dire que vous quittez le gouvernement, vous expliquez
08:53« Oui, Bruno Le Maire, Sébastien Lecornu ne nous a pas prévenus,
08:56donc on considère que c'est une rupture de confiance. »
08:58Et là, ça devient finalement une cohabitation avec les macronistes.
09:01Pourquoi pas ?
09:02Non, non. Encore une fois, je le redis.
09:04Qu'est-ce que ça veut dire « cohabitation » ?
09:05Ce n'est pas avec les macronistes.
09:06Ça veut dire simplement que le président ne doit plus gouverner.
09:09Ce n'est pas très compliqué, c'est assez simple.
09:11On a déjà connu ça dans notre histoire.
09:12Et les institutions ont déjà montré qu'elles fonctionnaient dans cette configuration.
09:16Quand il y a une majorité alternative.
09:17C'est d'ailleurs ce qui s'était quand Michel Barnier a été nommé Premier ministre.
09:20C'était le sens de ce choix.
09:21Le Président de la République reconnaissait qu'il n'avait plus de majorité,
09:24que le Premier ministre ne pouvait pas être issu de son camp.
09:25La nomination de Sébastien Lecornu et le scénario qui s'est suivi n'était pas le fait de continuer sur cette lancée.
09:31C'était un retour en arrière.
09:32Un retour avant la dissolution.
09:34Comme si on effaçait le vote des Français.
09:36Et c'est cela qui, pour nous, n'est pas possible.
09:38François-Xavier Bellamy, vous êtes entouré de partis qui demandent pour les uns une dissolution.
09:44C'est le cas du Rassemblement national.
09:46Pour les autres, la démission du Président.
09:49Ça, c'est la France insoumise.
09:51Pourquoi ne pas vouloir un retour devant les Français ?
09:54Une dissolution.
09:56On revient aux urnes.
09:57On redonne la parole aux Français.
09:59Vous avez peur d'être sanctionné ?
10:01Non, on n'a aucune raison d'avoir peur.
10:03La vérité, c'est que, encore une fois, je le redis, moi, je respecte nos institutions.
10:06Et la question de la dissolution, le choix de dissoudre, le choix de démissionner,
10:10ces choix appartiennent au Président de la République.
10:12Je ne peux que constater qu'il a créé lui-même une situation...
10:15Il ne demande pas une dissolution.
10:18Mais pardon, simplement un mot pour dire que nous n'avons aucune raison d'en avoir peur.
10:21La force politique qui, depuis un an, relève la tête dans ce pays,
10:24la force politique qui, d'ailleurs, a gagné l'immense majorité des élections législatives partielles
10:29qui ont eu lieu dans ce pays depuis un an, c'est les Républicains.
10:32Ce ne sont pas les macronistes, ce ne sont pas les socialistes,
10:35ce n'est pas le Rassemblement national.
10:37Ce sont les Républicains qui ont augmenté significativement leurs résultats partout en France
10:42et qui ont regagné plusieurs sièges de députés, dimanche dernier encore à Paris,
10:46avec l'élection de Michel Barnier.
10:47Donc nous n'avons aucune raison d'avoir peur.
10:49Simplement, nous, ce que nous voulons pour le pays, c'est de la stabilité.
10:51Les Français veulent y voir clair.
10:53Ils veulent pouvoir prédire et prévoir.
10:55Ils veulent pouvoir investir et s'engager.
10:57Ils ont besoin qu'on leur apporte des certitudes plutôt que de créer de l'incertitude.
11:01Merci François-Xavier Bellamy d'avoir été au micro d'Inter ce matin.
11:06Il est 8h35 et ce grand entretien spécial se poursuit dans un instant.
11:13France Inter.
11:15Nicolas Demorand.
11:16Benjamin Duhamel.
11:18La grande matinale.
11:19Il se poursuit avec vous, Boris Vallaud.
11:21Bonjour.
11:22Bonjour.
11:22Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, député des Landes.
11:27Merci d'être au micro d'Inter aujourd'hui.
11:30Même question qu'à François-Xavier Bellamy pour commencer.
11:33Est-ce que vous croyez à la possibilité que Sébastien Lecornu trouve une solution à la crise d'ici demain soir ?
11:41Écoutez, j'ai du mal à comprendre avec quelle légitimité supplémentaire il revient, j'allais dire, dans cette discussion.
11:48Porteur de quelles propositions nouvelles, je ne le sais pas non plus.
11:52Pourquoi réussirait-il en 48 heures ce qu'il n'a pas réussi à faire en 27 jours ?
11:57Je me suis demandé, alors que nous y étions disposés, pourquoi il ne nous avait jamais proposé de compromis.
12:01Aucun accord, mais parce qu'il était incapable de le faire avec son propre bloc central.
12:04Il y a des gestes qui ont été faits, Boris Vallaud, sur la fiscalité, sur la pénibilité concernant la réforme de retraite.
12:10Il y a quand même des choses qui vous ont été proposées.
12:12C'était moins que ce que nous avait proposé François Bayrou neuf mois avant.
12:16Et puis par ailleurs, le budget qui a été déposé devant le Haut Conseil aux finances publiques était celui présenté par François Bayrou le 15 juillet dernier.
12:25Je dois dire que je ne sais pas si M. Lecornu sait lui-même quelles sont ses latitudes et où il va.
12:31Le président de la République le sait-il lui-même ?
12:33Je n'en suis pas certain parce qu'on a du mal à comprendre les décisions successives qu'il a pu prendre.
12:38On va parler dans un instant de ce que vous demandez puisque vous appelez, vous les socialistes, à être appelés à Matignon.
12:44Mais juste avant, même question qu'à François-Xavier Bellamy, sur cette déclaration il y a quelques instants de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe
12:49qui appelle, singulier pour un ancien proche du président, à une présidentielle anticipée.
12:56Un budget pour expédier les affaires courantes, un président de la République qui organiserait son départ et une élection présidentielle anticipée.
13:02Est-ce que vous considérez que c'est une bonne façon de tenter de dénouer la crise politique ?
13:08Ce que je comprends c'est qu'il y a parmi les anciens macronistes une sorte de course à qui se défera le plus rapidement possible de cet héritage.
13:21Mais ils ont gouverné avec lui pendant 8 ans.
13:25Ça n'est pas notre option, ça n'est pas l'option des socialistes au moment où nous parlons.
13:29Est-ce que c'est une option ? Sans doute, elle appartient à qui ? Au président de la République lui-même.
13:33Sur la demande qui est celle des socialistes d'être appelés à Matinot, je voudrais qu'on fasse, Boris Vallaud, un tout petit peu d'arithmétique.
13:42Quand on compte les parlementaires de gauche, je mets la France insoumise, et on reviendra sur les relations pas forcément évidentes que vous avez, c'est un euphémisme.
13:48Ça fait un peu plus de 190 députés. Ce qu'on appelle le socle commun, c'est 210.
13:53Est-ce que vous pouvez nous expliquer par quel miracle vous réussiriez à tenir au gouvernement avec moins de députés que ceux qui sont aujourd'hui
14:02et qui de fait ne réussissent pas à rester au pouvoir et à trouver des compromis pour que la France soit dotée d'un budget ?
14:08D'abord, vous me parlez d'un bloc central qui n'existe plus. Il a explosé avec la déclaration de M. Retailleau quelques heures après la nomination du gouvernement.
14:20Par ailleurs, moi je fais la chronique...
14:22Qui ne ferme pas la porte à retour à gouvernement et qui parle d'une possible cohabitation avec la Macronie.
14:26Donc, visiblement, Bruno Retailleau n'est pas tout à fait en phase de Bruno Retailleau du mardi avec le Bruno Retailleau du dimanche.
14:31Ça c'est possible, chacun règle ses contradictions avec lui-même comme il le peut.
14:35Et puis c'est vrai que j'entendais votre invité précédent oublier qu'il avait gouverné avec et pour Emmanuel Macron depuis plus d'un an.
14:43Moi je regarde la chronique de ces derniers mois. Je vois un Premier ministre républicain qui a échoué.
14:49Je vois un Premier ministre centriste, auquel nous avions accordé la possibilité de donner au pays un budget.
14:58Et quelle opposition a été capable de cela dans la Ve République ?
15:01Qui a échoué. Je vois un Lecornu qui lui aussi a échoué, pris en étau entre l'intransigeance du Président de la République
15:10et l'intransigeance de son bloc central et singulièrement des Républicains.
15:14Eh bien je dis aujourd'hui que les socialistes peuvent être l'une des solutions pour sortir le pays de l'ornière.
15:22Et nous avons la parfaite conscience qu'il n'y a pas de majorité absolue dans cet hémicycle, si ce n'est une.
15:29La majorité absolue des députés qui ont été élus dans le cadre du Front Républicain et qui pour beaucoup d'entre eux l'ont oublié.
15:35Mais cela ne nous dit pas comment est-ce que vous pourriez tenir sans être renversé ?
15:39Eh bien en dialoguant, en acceptant le principe des compromis sur la base de ce que nous portons
15:43et avec l'idée que les Français doivent être entendus dans les revendications de rupture qui ont été les leurs.
15:52Vous savez, moi je n'ai pas obligé M. Lecornu à parler de rupture de forme et de fond.
15:57Je ne l'ai pas obligé à faire la promesse de renverser la table.
16:00Mais je crois aussi que ce ne sont pas avec les mêmes que l'on peut accomplir, c'est sans genre de cas.
16:05Moi la seule chose qui me préoccupe, c'est la stabilité du pays compte tenu du grand désordre international,
16:10de l'impatience des Français, des incertitudes du monde économique.
16:14Mais pourquoi faire cette stabilité ? Pour changer concrètement la vie des gens.
16:17Voilà pourquoi nous avons proposé des mesures de justice fiscale.
16:20Pas de façon cosmétique comme ça nous avait été proposé dans les récentes discussions.
16:25Mais en disant, il est normal que celles et ceux qui ne participent pas suffisamment à la solidarité nationale
16:30le fassent désormais au nom de la justice fiscale et du patriotisme économique.
16:35C'est la raison pour laquelle nous avons proposé des mesures pour le pouvoir d'HR.
16:38Moi je vois trop de gens dans ma circonscription qui ne vivent plus de leur travail.
16:41On a besoin de remplir les réfrigérateurs, de remplir les réservoirs d'essence,
16:44de faire en sorte que les services publics, l'école, l'hôpital,
16:48soient à la hauteur de ce que les Français en attendent,
16:50parce qu'ils payent des impôts, parce qu'ils cotisent.
16:52Boris Vallaud, pour convaincre de votre volonté de compromis,
16:56pour convaincre Emmanuel Macron de vous appeler à Matignon,
17:00est-ce que vous les socialistes, vous seriez prêts à discuter,
17:05par exemple de la suspension de la réforme des retraites,
17:10dire on n'est pas que bouté sur ce point-là,
17:12discuter de la taxe Zuckman pour dire
17:16que ce n'est pas une ligne rouge, on peut voir les choses autrement ?
17:21Ou non, il n'y a pas de discussion sur ces points-là qui sont des points durs ?
17:25Non, je vais reprendre chacun des deux sujets.
17:27Nous avons dit, y compris à M. Lecornu,
17:28écoutez, si ce n'est pas la taxe Zuckman,
17:30qu'il faut trouver un autre mécanisme pour rétablir la justice fiscale,
17:33pour faire en sorte que les milliardaires soient taxés de la même manière
17:36que chacune et chacun des Français.
17:38si nous devons travailler à trouver une solution
17:41pour que ce ne soit pas les PME qui payent 50% d'impôts sur les sociétés,
17:45de plus que les multinationales.
17:47Je suis désolé, mon boulanger,
17:48il paye proportionnellement plus d'impôts
17:51que des grandes entreprises du CAC 40.
17:53Ce n'est pas normal.
17:53Eh bien, nous y sommes disposés.
17:55Quand on parle de la réforme des retraites,
17:56vous savez qu'on est pour l'abrogation et le retour à 62 ans,
17:59et que c'est nous qui avons évoqué la question de la suspension,
18:01qui est déjà, vous avez compris,
18:03pas le programme, rien que le programme.
18:04Mais ça n'est pas un caprice.
18:05Il y a dans les conditions dans lesquelles ont été adoptées
18:08cette réforme des retraites,
18:09dans la brutalité démocratique,
18:11la nécessité d'une réparation.
18:13Ce n'est pas une question de caprice ou pas.
18:15C'est que vous ne cessez d'appeler les uns et les autres
18:18à des compromis,
18:19à comprendre qu'ils ne sont pas majoritaires,
18:21à comprendre qu'ils n'ont pas gagné les élections.
18:23Force est de constater que vous ne les avez pas gagnés non plus.
18:25Sauf que quand on vous entend ce matin,
18:27sur la question de la fiscalité,
18:28sur la question de la retraite,
18:29vous dites, là-dessus, on ne bougera pas.
18:31Est-ce qu'à un moment donné, vous aussi,
18:32il n'y a pas un certain nombre d'évolutions à faire ?
18:34Je viens vous dire qu'on était ouverts,
18:36par exemple, s'agissant de la taxation des très grandes fortunes,
18:39dont je comprends que certains patrons d'entreprises,
18:42de PME, du commerce et de l'artisanat,
18:46pensent qu'il faut le faire.
18:47J'ai entendu les patrons de grandes entreprises
18:48dire qu'il fallait le faire.
18:50Nous, nous sommes ouverts à la discussion.
18:51Et je vous demande,
18:53qui, dans l'histoire de la Ve République,
18:55toute opposition qu'il est,
18:57a été capable de nouer un compromis ?
18:58Qui a donné, par la négociation,
19:01par le compromis,
19:02un budget très imparfait au pays,
19:04qui n'est pas le nôtre ?
19:05Eh bien, nous sommes dans ces dispositions d'esprit,
19:07dans un esprit de responsabilité,
19:08mais il faut que gouverner soit utile
19:10à la vie des Français.
19:11C'est la seule façon de faire reculer le Front National.
19:13Un point important, Boris Vallaud,
19:14puisque demeure évidemment la possibilité
19:16que vous ne soyez pas appelé à Matignon.
19:17Tout à l'heure, à votre place, Gabriel Attal,
19:19quand je l'interrogeais sur la possibilité
19:21que les macronistes décident
19:24d'une suspension de la réforme des retraites,
19:26si c'était un tabou,
19:26il ne répondait pas.
19:28Et son silence, d'une certaine manière,
19:29était éloquent.
19:29Si, dans les 48 heures,
19:32pour dénouer la crise,
19:33Sébastien Lecornu vous dit
19:34« On est OK,
19:35on suspend la réforme des retraites »,
19:36est-ce que vous pourriez vous contenter
19:38de cela pour dire
19:39« Bon ben, effectivement,
19:39ça commence à ressembler à un compromis ».
19:41Mais si, on n'a jamais refusé
19:44de rentrer en discussion,
19:46d'être utile à la vie des Françaises
19:47et des Français, tout de suite.
19:49Mais nous avons aussi eu l'habitude
19:51d'être régulièrement trompés,
19:53y compris par M. Bayrou,
19:55avec lequel nous avions conclu un accord.
19:57Je vous donne juste un exemple.
19:59Nous avions demandé dans la discussion
20:00avec François Bayrou
20:01d'augmenter la prime d'activité.
20:03Il ne l'avait pas accepté, dont acte.
20:05En réalité, dans l'exercice de ses fonctions,
20:07il l'a baissé de 600 millions d'euros
20:08en avril dernier.
20:09Vous ne répondez pas à ma question.
20:11Si demain, on vous dit
20:12« suspension de la réforme des retraites »,
20:13est-ce que ça ressemble à un compromis ?
20:15Nous regarderons les choses
20:16et nous demandons
20:17« Et quelles sont vos intentions, par ailleurs,
20:19sur le reste du budget ? »
20:22Il y a 2,3 milliards d'économies
20:25sur les franchises médicales.
20:28Il y a 2,5 milliards d'euros
20:29sur les pensions de retraite,
20:30sur les minima sociaux.
20:32Vous comprenez que ce n'est pas acceptable.
20:33Il y a 400 000 Français
20:34qui vont rentrer dans l'impôt sur le revenu
20:35du fait du gel du barème.
20:38On a besoin de parler de tout cela.
20:40Moi, je veux de la justice
20:42pour que les Français vivent mieux.
20:43Quand ils vont au boulot,
20:44qu'ils se disent
20:44« Quand je rentre le chauffeur chez moi,
20:46je peux remplir mon frigo,
20:47je peux élever mes enfants correctement,
20:48je peux aller à l'hôpital
20:49et être correctement soigné. »
20:52Franchement, c'est quand même
20:54un pari que nous devons collectivement faire
20:57et auquel je crois
20:58que les Français peuvent mieux vivre
20:59avec un peu plus de justice.
21:01Si tout cela échoue,
21:03Emmanuel Macron a dit
21:04qu'il prendrait ses responsabilités.
21:06Ce qui peut vouloir dire
21:07une nouvelle dissolution
21:09de l'Assemblée nationale
21:10dont tous les sondages,
21:12vous le savez, Boris Vallaud,
21:14c'est le Rassemblement national
21:15qui est en tête.
21:17Et très largement,
21:19vous êtes prêt à prendre le risque
21:21d'un RN gagnant les élections
21:23parce que vous n'aurez pas été capable
21:26de trouver des compromis ?
21:29Je le répète,
21:31les seuls qui ont su nouer des compromis
21:33alors qu'ils étaient en opposition
21:34avec un gouvernement
21:35qu'ils ont combattu depuis des temps,
21:36c'est nous.
21:37Ceux qui avons fait
21:38des contre-propositions budgétaires
21:39fin août pour donner
21:40un terrain de discussion,
21:41c'est nous.
21:42Ceux qui avons accepté
21:43de ne pas censurer a priori
21:45et d'aller à la discussion
21:46avec M. Lecornu,
21:47c'est nous.
21:48Ne vous trompez pas.
21:49Vous êtes d'une souplesse
21:50quand il n'y a plus de Premier ministre,
21:51Boris Vallaud,
21:52alors qu'il est inversement proportionnel
21:54à la vôtre
21:55quand il y a un Premier ministre.
21:56Oui, sauf que la démonstration
21:58qu'on a faite, c'est
21:58oui, nous sommes exigeants,
21:59mais oui, nous arrivons à des choses
22:00quand nous rentrons dans une discussion.
22:02Là, aujourd'hui,
22:03M. Lecornu ne nous a pas proposé d'accord
22:05parce qu'il n'avait pas été capable
22:06d'en faire avec son socle commun.
22:07N'inversez pas l'ordre des responsabilités.
22:10Celle du Président de la République
22:11est éminente
22:12et celle de ceux
22:13qui l'ont soutenu depuis 8 ans aussi.
22:15Boris Vallaud,
22:16merci d'avoir été ce matin
22:18au micro de France Inter.
22:20Je rappelle que vous êtes
22:21président du groupe socialiste
22:23à l'Assemblée nationale
22:24et député des Landes.
22:26Il est 8h46.
22:28Ça a été le deuxième.
22:28Merci.
22:29Merci.
22:29Merci.
22:29Merci.
22:29Merci.
22:30Merci.
22:30Merci.
22:31Merci.
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