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  • il y a 2 jours

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00:00La carte de France de la sécheresse, toute la France en vert, toute, non, un département reste profondément touché par le manque d'eau, les PO, et on en parle avec votre invité Simon Colbock.
00:10Bonjour Hichem Tachrift, vous êtes le directeur du syndicat des nappes de la plaine du Roussillon, il a plu cette année dans les Pyrénées-Orientales, précipitations dans les normales de saison, pour quelles raisons sommes-nous toujours dans le rouge ?
00:23Alors effectivement, depuis un an, il pleut conformément au normal, mais en fait on sort de deux années de sécheresse extrême, puisqu'en 2022, 2023 et 2024, il a plu moins de 50% des pluviométries normales, donc on n'a pas encore réussi à rattraper le déficit cumulé durant ces deux à trois années de sécheresse.
00:44Pour qu'on revienne à des niveaux satisfaisants, il faudrait qu'il tombe quelle quantité d'eau sur les Pyrénées-Orientales ?
00:49Ce qu'on espère, c'est qu'en cette période automnale, on ait un événement méditerranéen qui puisse apporter, en plusieurs jours pour ne pas créer d'inondations, mais de l'ordre de 100-150 mm, ça permettrait quand même au département de sortir la tête de l'eau.
01:03Il faut au moins un épisode méditerranéen là, dans les prochaines semaines, parce que c'est vraiment là que ça se joue, c'est durant l'automne ?
01:09Oui, c'est vraiment la période principale de recherche des nappes, et ça fait plusieurs années qu'on n'en a pas observé, et c'est vraiment ce qui manque actuellement.
01:18Pourquoi est-ce que c'est en automne que les nappes doivent absolument se recharger ? Pourquoi est-ce que ça ne peut pas être le cas en hiver ou au printemps ?
01:24Alors, d'un point de vue climatique, c'est essentiellement à l'automne qu'on a des événements méditerranéens, c'est lié au réchauffement de la Méditerranée pendant l'été, etc.
01:32Et c'est aussi une période où la végétation utilise beaucoup moins d'eau, se met en période végétative, et donc c'est la période où la recharge efficace est la plus importante.
01:43C'est-à-dire que l'eau n'est pas captée par les plantes, et peut donc du coup atteindre les nappes phréatiques à la profondeur de la terre.
01:49Est-ce qu'il y a aussi quelque chose chez nous, de par notre géographie, de par notre urbanisme, de par notre géologie peut-être,
01:55quelque chose qui fait que c'est plus compliqué de recharger des nappes phréatiques dans les Pyrénées-Orientales qu'ailleurs au bord de la Méditerranée ?
02:03Non, chaque région a ses caractéristiques.
02:08Ce n'est pas le cas, puisque jusqu'à une période relativement récente, les nappes sont rechargées.
02:15Non, vraiment, ce qui pose problème, c'est l'absence d'événements méditerranéens en période automnale.
02:19Alors, les climatologues se posent la question, pourquoi il y en a moins maintenant qu'avant ?
02:24Le rôle des Pyrénées qui empêche les arrivées du Sud est en cause,
02:28mais pourquoi ça l'est maintenant alors que ça ne l'était pas avant ?
02:31C'est encore des questions qui restent en suspens.
02:32Notre département, aujourd'hui, en manque d'eau.
02:35Dans le détail, ça donne quoi ? Est-ce qu'il y a des secteurs plus touchés que d'autres ?
02:38Oui, en fait, le département est en rouge sur la carte nationale,
02:41mais à une échelle plus locale, c'est beaucoup plus contrasté.
02:45Il y a des secteurs qui vont plutôt bien.
02:47Lesquels ?
02:48Les bordures côtières sont à des niveaux acceptables.
02:53Par contre, il y a des secteurs qui sont vraiment en très très mauvaise situation,
02:56et notamment le bassin versant du Réar et de la Canterrane,
02:58où là, on observe des niveaux bas, jamais enregistrés jusque maintenant.
03:01Le Réar, pour situer à nos auditeurs, c'est le sud de Perpignan,
03:05c'est cet arc de cercle Poyestre, Saleil jusqu'à Saint-Nazaire, c'est ça ?
03:08Oui, et puis même en amont, on peut remonter jusqu'à Trouillasse, etc.
03:14C'est du jamais vu, donc, le niveau des nappes phréatiques sur le Réar ?
03:17Sur ce secteur-là, non.
03:19Depuis qu'on enregistre, ça fait plus de 20 ans, c'est des niveaux qu'on n'avait jamais enregistrés.
03:22Après, il y a également la vallée de la Gli, qui a beaucoup souffert en 2023-2024,
03:28où les niveaux s'améliorent depuis un an grâce à la pluie-métrie qui est revenue.
03:33Mais on reste quand même à des niveaux inférieurs au niveau de crise.
03:37Une question peut-être de Néophyte, mais quand une nappe se vide,
03:42est-ce qu'elle peut encore se recharger après, ou est-ce que c'est fini pour toujours ?
03:46Non, non. Alors déjà, la nappe n'est pas vide.
03:48Oui, mais si jamais elle se vidait.
03:50Et non, non, c'est le cycle de l'eau.
03:53Donc, s'il pleut, si l'eau s'infiltre, ça recharge les nappes.
03:56Parce que là, je me mets à la place des agriculteurs qui sont installés dans la zone du Réar,
04:00ils ont de quoi être inquiets quand ils vous entendent.
04:02Jamais il y a eu aussi peu d'eau dans nos nappes sur le bassin du Réar.
04:05C'est ça. Mais comme je le dis, c'est vrai que c'est des niveaux bas jamais connus.
04:11Ça ne veut pas dire que la nappe est vide.
04:12Par contre, ça apporte d'autres problèmes.
04:13Ça apporte des problèmes de qualité.
04:16Il y a effectivement des forages, notamment par la production d'eau potable,
04:19pour lesquels on suit, notamment les services de l'État,
04:21suivent de près l'évolution du niveau des nappes.
04:23Oui, l'agence régionale de santé.
04:25C'est ça, tout à fait, qui suit ça de près.
04:29Après, la question qui se pose, c'est aussi sur ce secteur,
04:32le problème qu'on a, c'est qu'au-delà de la crise qu'on a connue,
04:35la crise sécheresse qu'on a connue ces deux dernières années,
04:37on a aussi un problème structurel.
04:38C'est-à-dire que depuis 20 ans, on a une tendance à la baisse.
04:41Et nous, ce qu'on souhaite juguler, c'est cette tendance à la baisse
04:45pour vraiment assurer la pérennité de la ressource sur le très long terme.
04:48Je reviens sur ce que vous avez dit.
04:49Vous dites qu'on a un problème de quantité.
04:51Et quand on a un problème de quantité, on a un problème de qualité aussi de l'eau.
04:54Tout à fait.
04:55C'est-à-dire que l'eau qui reste dans les nappes, elle est moins propre ?
04:58Elle est susceptible, elle est plus facilement polluée, tout à fait,
05:01par différents mécanismes.
05:02Alors sur la bordure côtière, ça s'explique facilement,
05:04puisque si le niveau de la nappe baisse trop,
05:06on peut avoir des intrusions d'eau saline de la mer.
05:09Mais on peut avoir les mêmes phénomènes en terre.
05:11À partir, plus la nappe est basse, plus elle va avoir tendance à aspirer,
05:14entre guillemets, l'eau superficielle ou l'eau moins profonde.
05:18Et donc apporter éventuellement des polluants.
05:22Et comme il y a moins d'eau, il y a moins de dilution.
05:24On n'est pas sortis de l'auberge, on l'a bien compris.
05:27Et on souhaite qu'il pleuve.
05:28Pas trop fort pour éviter les inondations,
05:30mais c'est vraiment là, dans les prochaines semaines,
05:32les prochains mois, que ça va se jouer.
05:33Merci beaucoup Hichem Tachrift.
05:35Merci à vous.
05:35Je rappelle que vous êtes le directeur du syndicat des nappes de la plaine du Roussillon.
05:38Bonne journée.
05:39Bonne journée, au revoir.

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