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  • il y a 3 mois
Alain Bauer, professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers, était l'invité du Face à Face sur RMC et BFMTV ce vendredi 19 septembre. Il est revenu sur l’affaire du policier agressé à Tourcoing. 

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Transcription
00:00Alors, j'ai écrit depuis très longtemps que la relation entre la police et la population,
00:05quand il y avait confrontation, se traduisait essentiellement par le moment où des policiers
00:09arrivaient au mauvais moment, au mauvais endroit, pour interrompre quelque chose.
00:13Il fallait qu'ils arrivent, ils étaient l'élément perturbateur par rapport au contrôle territorial
00:18de ceux qui tiennent, entre guillemets, les quartiers, les cités, les espaces, bref, tout ce qu'on veut.
00:24Là, ça a beaucoup changé. D'abord, parce qu'on a commencé à agresser massivement des pompiers.
00:28Et on ne peut faire aucun des reproches aux pompiers que ceux que, traditionnellement, on donne aux policiers.
00:33Contrôle officiel, les pompiers ne contrôlent rien, tutoiement, ils ne tutoient pas,
00:37agression, ben non, ils viennent pour sauver des gens, etc.
00:40Et puis, on est arrivé au guet-apens. On n'a pas besoin que les policiers ou les pompiers arrivent,
00:44on les fait venir pour les agresser, avec des faux incendies, des fausses bagarres, des faux incendies.
00:51Donc, on leur tend un piège.
00:52On leur tend un piège. Et là, on est arrivé à un niveau extrêmement élevé.
00:55Et donc, là, quelque chose a changé dans la relation.
00:59Pas seulement avec les policiers, avec tous.
01:00Ils portent un uniforme. Postier, infirmier, situation aux urgences,
01:04où on vient vous sauver parce que vous êtes dans une situation très grave.
01:08Et pourtant, il y a des bagarres de plus en plus nombre.
01:09Les urgences sont de plus en plus protégées contre les patients et leurs familles.
01:14Voire même ceux qui viennent finir quelqu'un qu'ils n'ont pas réussi,
01:18dans le cadre notamment d'un conflit.
01:19Donc, ça n'est plus un espace, en quelque sorte, sacré ?
01:21Non. L'uniforme, les services publics en global,
01:25je parlais à mes collègues instituteurs, qui sont mes collègues,
01:28on n'enseigne pas aux mêmes élèves et ni à le même âge,
01:30mais je comprends bien la souffrance qui est la leur,
01:32la peur qui est la leur par rapport à l'agressivité générale.
01:36Il n'y a plus d'espace sauvegardé, ni protégé, ni sanctuarisé.
01:40Le sanctuaire a disparu.
01:41Il vous dit initialement, le policier était vu comme celui qui va venir déranger un deal,
01:47ou déranger une bagarre.
01:50Et donc, à ce moment-là, lorsqu'il arrive pour y mettre fin, on s'y attaque.
01:54Deuxième étage de la fusée, en quelque sorte,
01:56le moment où le policier n'est plus celui qui vient empêcher,
01:59mais il devient lui-même la cible et la victime.
02:02Et puis maintenant, on est arrivé à un autre point.
02:04Ce sont les policiers, c'est les policiers à Reims,
02:07c'est le policier à Tourcoing,
02:09c'est-à-dire la rencontre fortuite.
02:11On tombe sur un policier que l'on reconnaît,
02:14qui ne porte d'ailleurs pas l'habit,
02:17mais on sait qu'il est policier et on le tabasse.
02:20Vous savez, parfois il est en intervention, ce qui était le cas.
02:23Mais ce n'était pas le cas à Reims.
02:24Non, parfois il est en civil, parfois il est en civil chez lui.
02:27On essaye de l'assassiner, c'est le cas d'un gendarme ou d'un douanier,
02:30il y a quelques semaines.
02:31Qui a été visé chez lui.
02:33Chez lui, de 8 balles.
02:34Une tentative d'assassinat a été détournée.
02:36C'est une tentative d'assassinat prémédité, structurée,
02:40avec un tueur probablement à gage, puisqu'il y en a plus.
02:43Et donc on est dans cette phase-là.
02:44C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a une guerre ouverte entre la police,
02:48parce qu'elle n'est pas la police,
02:49mais parce qu'elle est une autre bande,
02:51considérée comme une autre bande,
02:52avec les mêmes moyens que l'autre bande,
02:54et une gestion par la violence et l'équilibre de la violence,
02:57donc l'équilibre de la terreur,
02:58du contrôle du territoire.
03:00Ça veut dire que c'est une guerre de clans entre policiers d'un côté
03:03et voyous de l'autre.
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