Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 3 mois
Ils constituent aujourd'hui la menace la plus agressive en matière de renseignement étranger en France : les agents secrets russes. A côté des espions qui agissent sous couverture diplomatique, Moscou déploie désormais un nouveau type d'agents, recrutés en nombre via les réseaux sociaux pour submerger les services de contre-espionnage. Dans cette enquête exceptionnelle, vous allez ainsi découvrir comment l'un de ces hommes de l'ombre est suspecté d'avoir tenté de commettre un attentat en région parisienne quelques jours avant les Jeux Olympiques. "Espions de Poutine, la nouvelle menace", un document Ligne Rouge signé Benoit Sarrade avec Juan Palencia et Nicolas Duchêne. 

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00On se retrouve avec vous Sergueï Gironov pour commenter tout ce qu'on vient de voir, notamment un certain nombre de révélations.
00:05Je rappelle que vous avez espionné la France pour le compte du KGB dans les années 80.
00:11Vous allez nous raconter, vous allez nous dire ce que font vos successeurs qui espionnent la France aujourd'hui.
00:15Mais d'abord un mot sur peut-être la principale révélation du documentaire qu'on vient de voir.
00:20C'est cette affaire d'un attentat qui aurait dû avoir lieu juste avant les Jeux Olympiques à Roissy près de Paris.
00:26– Tout à fait, mais ça c'est quelque chose qui est passé dans les médias.
00:31On l'a su, ça a été bien couvert.
00:34D'ailleurs vous avez compris, c'est la faute de celui de l'exécutant qui a permis en fait de l'éviter.
00:41Parce qu'il est passé quand même sous le radar.
00:42S'il n'avait pas d'une manière mauvaise manipulé sa bombe, peut-être il aurait réussi à faire cet attentat.
00:52– Alors la bombe a explosé dans sa chambre d'hôtel et donc effectivement il n'y a pas eu d'autres victimes que lui qui a été blessé.
00:57Vous dites que ça a été assez bien couvert par les médias russes peut-être.
01:00Mais ce qu'on ne savait pas c'est le parcours de cet homme Maxime Wernic.
01:03Donc 26 ans, ingénieur, originaire du Donbass et pas un professionnel de l'espionnage.
01:09Pas comme vous, pas formé à l'école du KGB.
01:11– Mais ça c'est la grande nouveauté en fait de l'espionnage.
01:14Ça veut dire qu'un espion comme moi, un espion professionnel, ça coûte beaucoup d'argent.
01:20Moi j'ai été formé pendant 3 ans.
01:24Après je suis passé par le centre Paris-Ascènevaux.
01:27Et donc en fait si vous rajoutez tout cet argent-là, ça coûte énormément d'argent.
01:32Et bon après on est brûlé quand même assez rapidement.
01:35Ça veut dire même nous on est jetables.
01:38Tandis que maintenant on est au troisième millénaire, tout est plus rapide.
01:42Donc il faut aller très très vite.
01:44– Et low cost, et pas cher.
01:46– Et donc du coup ils ont opté, je crois qu'ils ne sont pas les seuls.
01:49À mon avis les autres services de renseignement font à peu près la même chose.
01:53Mais les Russes on le sait maintenant.
01:54Parce qu'il y a eu plusieurs affaires.
01:56Les cercueils étaient déposés par les moldables et les ukrainiens qui étaient en Allemagne.
02:02Ce cuistot c'est aussi, c'est presque un guignol.
02:06Quelqu'un qui boit de l'alcool et qui est orgueilleux et qui montre quasiment sa carte du FSB.
02:14– Oui, un influenceur qui a été quand même interpellé en français.
02:18– Après le truc c'est que le fait qu'il soit un influenceur, ça ne gêne pas un espionnage.
02:23Moi j'étais à la télévision quand j'étais espion.
02:25Ça ne m'a gêné pas du tout, au contraire.
02:27En fait ça renforce la légende, ça renforce la couverture.
02:32– Alors vous allez nous raconter ce que vous savez de ce que font les Russes
02:36quand ils espionnent la France aujourd'hui.
02:37Mais d'abord je voudrais que ceux qui nous regardent sachent qui leur parle.
02:39Donc qui vous êtes.
02:41Vous l'avez raconté dans ce livre, L'Éclaireur, qui ressort cette semaine en édition de poche.
02:48Vous aviez, donc vous étiez ce qu'on appelle un illégal.
02:51Vous dépendiez du département S, c'est-à-dire un petit peu la crème des espions du KGB ?
02:56– C'est pas un tout petit peu, c'est la crème de la crème.
02:58Parce que déjà l'espionnage en général, le KGB c'est la crème.
03:02Enfin c'est l'élite, l'espionnage c'est l'élite de l'élite
03:05et les illégaux c'est l'élite de l'élite de l'élite.
03:08– Alors au départ vous aviez été surtout un amoureux des langues.
03:11Vous aviez beaucoup aimé apprendre le français et puis l'espagnol.
03:14C'est comme ça que vous êtes repérés par le KGB, embauchés.
03:17Et puis alors vous faites déjà un certain nombre de missions dans les années 80.
03:20Vous allez nous dire peut-être ce que vous êtes venu faire dans ces années-là.
03:23Mais surtout le gros coup que vous avez réussi,
03:25c'est que juste avant l'éclatement de l'URSS en 91,
03:28vous intégrez l'ENA en France.
03:30– C'est ça, et en fait c'est ma plus grande mission.
03:34Malheureusement ça n'a pas duré parce que le KGB a disparu et l'Union soviétique avec.
03:40Mais effectivement c'est une grande mission
03:43parce que l'ENA c'est la formation de l'élite française.
03:46Ça veut dire que vous avez quatre présidents qui sortent de l'ENA.
03:50Vous avez une quinzaine de premiers ministres qui sortent de l'ENA.
03:55Vous avez des ministres par dizaines, voire par centaines qui sont sortis de l'ENA.
03:59Les politiciens, les députés, les chefs d'entreprise, etc.
04:02Et donc c'est une école qui intéresse l'espionnage au plus haut point
04:05parce que ces gens-là ils ne sont pas encore dans l'appareil très haut.
04:08donc ils sont facilement accessibles.
04:11– Et vous auriez pu, si la mission s'était poursuivie normalement,
04:15devenir très proche, amie avec un certain nombre de très hauts fonctionnaires français,
04:19avec Valérie Pécresse qui était dans votre promotion ?
04:21– Qui était dans la promotion précédente,
04:23mais c'est elle qui m'a recommandé en quelque sorte
04:26parce qu'elle était en stage à l'ambassade de France à Moscou.
04:29Donc en fait elle a recommandé, elle a fait l'enquête sur moi,
04:32elle a confirmé tout sur moi.
04:34Ma couverture était parfaite, donc elle a confirmé.
04:36Mais il y a autre chose, par exemple dans ma promotion,
04:40on avait Karine Knaiss, c'est une autrichienne
04:43qui est devenue après le ministre des Affaires étrangères
04:45et moi à mon époque, ma fille je l'ai dit,
04:48c'est un bon élément, c'est un bon élément à recruter
04:51et je suis persuadé que l'ESFR l'a recruté après.
04:54– Alors si je comprends bien, si l'URSS n'avait pas explosé en août 1991,
05:00vous auriez fait une très grande carrière au KGB dans l'espionnage russe ?
05:03– J'avais tout pour le faire, oui.
05:05Parce que le MGIMO d'abord, l'Institut de relations internationales de Moscou,
05:11après l'Institut de la Porte Rouge, après l'ENA, donc les relations en France,
05:16et puis surtout avec l'arrivée de la Nouvelle-Russie,
05:20il y a un certain nombre d'oligarques que je connaissais,
05:21parce qu'en fait MGIMO, vous savez, c'est une fabrique aussi d'oligarques,
05:25et donc il y en avait un qui était quasiment au Premier ministre,
05:28donc il aurait pu me pousser, et j'aurais pu maintenant, à cette époque-là,
05:34être le directeur du SVR.
05:36D'ailleurs, les généraux et ceux qui dirigent le SVR,
05:39c'est les gens avec lesquels j'ai fait mes dix-sudes.
05:41– Voilà, donc mon invité a failli être le patron du KGB ou du SVR,
05:45mais vous avez choisi une haute vie, vous avez finalement fait défection,
05:48demandé l'asile politique ?
05:50– Même pas, sur le moment, en fait, c'est le KGB qui a disparu,
05:54donc du coup, j'ai tout simplement déposé la démission,
05:57c'était le seul moment où ils laissaient partir les gens,
06:00donc ils m'ont laissé partir, après on s'est bouillé,
06:02après j'étais obligé de partir, mais j'ai jamais fait des défections.
06:06En fait, je n'ai pas trahi, ils ne peuvent pas me reprocher la trahison.
06:10– Et c'est pour ça que vous êtes toujours vivant ?
06:11– Peut-être, ça, en revanche, qu'on soit traître ou pas,
06:16il y a des gens qui n'ont jamais trahi, qui sont morts quand même.
06:19– Alors, dans le document qu'on vient de voir,
06:21on a un diplomate, Alexandre Melnik, qui nous présente les lieux de l'ambassade.
06:24– C'est un ami, hein ?
06:25– Oui, vous le connaissez bien, il était là, en poste déjà en 91,
06:30et il nous explique que le KGB occupait tout le sixième étage,
06:32on voit ces fenêtres occultées avec des ascenseurs spéciaux
06:35qui ne distribuent que le sixième étage.
06:37– C'est ça.
06:37– Vous avez connu, à cette époque-là, vous travaillez vous-même au sixième étage ?
06:40– Moi, je n'ai jamais travaillé au sixième étage, parce que j'étais un illégal,
06:43en fait, j'étais détaché, j'avais interdiction d'aller à l'ambassade.
06:46Mais je connaissais très très bien la résidentura, je connaissais les plans,
06:51en fait, j'ai rencontré les gens qui ont travaillé,
06:53donc ils m'ont expliqué au cas où, et donc, au sixième étage,
06:57se trouvait l'antenne du KGB qui, en russe, dit « résidentura ».
07:01Donc, en fait, c'est l'antenne du KGB, une quarantaine de personnes,
07:06qui, d'ailleurs, c'est uniquement eux qui avaient accès à ce sixième étage,
07:11et c'est comme ça qu'on les repérait aussi à l'intérieur de l'ambassade.
07:15– Et alors, aujourd'hui, le sixième étage est toujours occupé par le FSB ?
07:18– Bien sûr, bien évidemment.
07:19Ce n'est pas le FSB, c'est le SVR, le SVR, et puis il y a aussi le renseignement militaire.
07:24Mais le renseignement militaire, ils ont un autre bâtiment, ils ont une autre antenne.
07:28Et donc, le SVR est toujours là.
07:30Le FSB aussi, parce que le FSB, en fait, c'est le contre-espionnage interne et externe.
07:34Et l'espionnage, c'est SVR.
07:36– Alors, qu'est-ce qu'ils font, ces espions russes du sixième étage de l'ambassade ?
07:40C'est quoi leur mission ?
07:41– Actuellement, il n'y en a pas beaucoup, parce que vous avez dit qu'en 2022,
07:45il y a quasiment toute la résidentour du SVR qui a été expulsée de France.
07:51Parce que, en fait, ce sont les espions qu'on appelle les égouts.
07:54Ça a été très bien expliqué dans le documentaire.
07:57C'est les gens qui, en fait, ont deux métiers.
08:00Ils ont le métier de diplomate ou de commercial ou de représentant culturel.
08:04Et puis, ils ont un autre métier qui est le métier d'espion.
08:07Et ils couvrent, avec le premier, le vrai métier d'espion.
08:11Et donc, en fait, ils recherchent les sources d'informations.
08:14Parce que les espions, ce n'est pas James Bond.
08:16Ce n'est pas courir sur les toits.
08:18Ce n'est pas tuer les gens.
08:19Non, c'est trouver les informations là où elles sont prises.
08:22C'est-à-dire à l'Elysée, à Matignon, au Quai d'Orsay,
08:26au ministère de l'Intérieur, au ministère de la Défense,
08:29dans les entreprises qui produisent les choses militaires
08:32et dans la haute technologie française.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations