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  • il y a 2 semaines
Le 6 décembre 2017, au lendemain de la disparition de Johnny Hallyday, TV5 Monde consacre une édition spéciale de son émission 64’ Le Monde en Français. Ce premier volet revient sur le parcours exceptionnel de l’artiste, ses succès, son impact culturel et l’émotion suscitée en France et à l’étranger. Témoignages, archives et analyses rendent hommage à une légende du rock français.

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Musique
Transcription
00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:30La chanson francophone perd l'une de ses plus grandes voix. Johnny Hallyday est mort à l'âge de 74 ans des suites d'un cancer.
00:37Beaucoup d'émotions en France, notamment à Marne-la-Coquette, près de Paris, où se pressent les admirateurs du rocker.
00:43Nous retrouverons sur place dans un instant, Quentin Warlop.
00:47Johnny Hallyday, de son vrai nom Jean-Philippe Smet, c'est une carrière phénoménale.
00:51110 millions de disques vendus. Le rocker n'a que 16 ans lorsqu'il débute en 1959.
00:55Un chanteur issu du milieu populaire, entré dans la mémoire collective des Français et du monde francophone.
01:01Nous reviendrons sur ses plus grandes chansons.
01:04Avec nous aussi tout à l'heure dans la deuxième partie, Patrick Simonin,
01:07qu'il avait reçu à Québec lors du festival d'été de la province francophone canadienne.
01:12C'était il y a 5 ans.
01:14Johnny Hallyday, que l'on a surnommé l'idole des jeunes en France,
01:17mais aussi en Suisse, au Québec, où nous reviendrons tout à l'heure.
01:21Et puis bien sûr en Belgique, le pays natal de son père.
01:24Nous verrons comment le monde francophone réagit à la disparition du chanteur,
01:27celui que les journaux américains et britanniques appellent aujourd'hui le Elvis Presley français.
01:35Soyez les bienvenus dans 64 minutes.
01:37Merci d'avoir choisi TV5.
01:38Monde, édition spéciale donc consacrée à la mort de Johnny Hallyday.
01:42Il s'est éteint en pleine nuit chez lui, à Marne-la-Coquette, en région parisienne,
01:47vers 2h30 du matin.
01:48Le rockeur est mort d'un cancer du poumon détecté il y a tout juste un an.
01:52La nouvelle bouleverse ses fans.
01:55Certains ont voulu lui rendre hommage en se rendant dans cette commune des Hauts-de-Seine.
01:59Un important dispositif de sécurité est mis en place devant sa maison.
02:02Le quartier est bouclé.
02:04On retrouve sur place Quentin Warlop, envoyé spécial de la RTBF, notre partenaire belge.
02:08Bonsoir Quentin.
02:09Quelle est l'ambiance autour de vous ?
02:11Il est un peu plus de 18h.
02:13Oui, Mohamed, l'ambiance est forcément un peu particulière comme tout au long de cette journée
02:22où les hommages sont succédés ici au domicile des Hallyday.
02:26En fait, un périmètre de sécurité a été installé très très tôt ce matin par la police,
02:31forcément pour respecter l'intimité de la famille et des proches qui se sont donc succédés ici à son chevet.
02:38Céline Renaud, Claude Lelouch ou encore Maxime Nucci par exemple, des personnalités.
02:43Mais pas seulement, il y a énormément d'anonymes qui ont fait le déplacement spontanément ici à Marne-la-Coquette des fans de Johnny.
02:51Les larmes dans les yeux avec une ou plusieurs roses blanches dans les mains.
02:56Beaucoup ont repris et reprennent encore tout juste derrière moi des chansons de Johnny en chœur.
03:01L'icône des jeunes aura traversé les générations et cet éteint, lui, il laissera, c'est certain, un vide immense ici en France mais pas seulement.
03:11Et Quentin donc, des fans, des admirateurs de Johnny ont tenu à venir lui rendre hommage dans cette commune de la région parisienne de Marne-la-Coquette.
03:18Vous avez discuté avec certains d'entre eux. Que vous disent-ils au juste ce soir ?
03:22Ce qui est clair, c'est que pour la plupart des gens qui se sont déplacés, Johnny faisait partie de leur vie.
03:32Pour certains, Johnny comptait beaucoup dans leur vie. Pour d'autres, Johnny, c'était toute leur vie.
03:38C'est ce qu'ils nous ont dit. Des fans qui veulent désormais savoir quand auront lieu les différentes cérémonies d'hommage et les funérailles de Johnny.
03:47Et il se dit qu'une cérémonie pourrait avoir lieu samedi à Paris, place de la Concorde.
03:53Mais pas de confirmation officielle pour l'instant. Ce qui est certain, c'est que la ministre de la Culture, elle, a annoncé vouloir un hommage national.
04:00Emmanuel Macron de son côté et ses services de l'Elysée sont en contact rapproché, nous dit-on, avec les membres de la famille de Johnny Hallyday
04:08pour déterminer le lieu, la date et les modalités des funérailles.
04:12– Quentin Warlop dans cette commune de Marne-la-Coquette pour TV5.
04:17Merci Quentin pour ces précisions.
04:19Nicolas Georges nous a rejoint sur ce plateau.
04:21Bonsoir Nicolas, vous êtes notre journaliste spécial musique.
04:25On vous voit souvent dans la chronique culture de 64 minutes.
04:29On va voir avec vous pourquoi cette icône du rock'n'roll est entrée dans la mémoire collective des Français.
04:33Mais d'abord, on va regarder ces quelques images que vous avez rassemblées qui nous montrent le parcours, l'ampleur au fond
04:39et le phénomène qu'est Johnny Hallyday qui a traversé les âges et les époques.
04:43Regardez.
04:44– Eh bien, Johnny Hallyday, venez.
04:47Il a 16 ans, je crois.
04:48– 17.
04:49– 17. Vous voyez, ça change tout.
04:51– Johnny Hallyday, timide et réservé.
04:54On est en 1960.
04:56Il fait ses débuts à la télé, aux côtés de sa marraine, Lynn Renaud.
05:02Cette même année, Johnny Hallyday sort son premier disque, « T'aimais follement ».
05:08Puis quelques mois plus tard, son premier grand succès, « Souvenir se venir », qui lance définitivement sa carrière.
05:18Jean-Philippe Smed, de son vrai nom, devient alors l'idole des jeunes, des années yéyées.
05:23Il enchaîne tube sur tube, « Let's twist again », « Le pénitencier », « That's the one run » ou encore « Retient la nuit ».
05:30Son inspiration, les Etats-Unis et le rock'n'roll, encore et toujours.
05:46– Moi, j'aime le blues, j'aime le rock'n'roll, j'aime la musique qui swing.
05:53Quand on dit pop, moi, je n'ai jamais su ce que voulait dire la pop-musique.
05:57Dans les années 70, Johnny Hallyday s'ouvre à différents styles de musique.
06:05Le chanteur yéyé et rock'n'roll s'orientent vers un rock plus dur, puis vers les balades, en passant par la country.
06:11C'est à cette période qu'il compose notamment les titres « Jolie Sarah », « J'ai un problème », en duo avec Sylvie Vartan, sa femme, et surtout Gabriel, l'un de ses plus grands tubeurs.
06:25À la fin des années 70, le succès est moins au rendez-vous.
06:34Il décide alors de collaborer avec Michel Berger et Jean-Jacques Goldman dans les années 80.
06:40Des collaborations qui lui permettent de renouer avec le succès.
06:44Pour lui, ils écrivent certains de ses plus grands tubes.
06:48« Quelque chose de Tennessee », « Chanteur abandonné », « Je te promets », ou encore « Laura », en hommage à sa fille qu'il a eue avec Nathalie Baye.
06:58Superstar de la scène francophone, véritable bête de scène, il bat tous les records d'affluence en remplissant haut la main,
07:05Bercy, le Champ de Mars et les stades dans toute la France.
07:09Sans oublier, un concert mémorable au Parc des Princes en 1993 pour son 50e anniversaire.
07:16Les gens ne se trompent pas sur les artistes.
07:19Un artiste qui va sur scène et qui ne se donne pas complètement et qui fait ça uniquement comme un boulot, ça ne fonctionne pas.
07:28Année après année, les succès s'enchaînent.
07:31Ce que je sais, allumer le feu ou encore Marie.
07:34Sans oublier, l'album 100% composé avec son fils, David.
07:38Johnny Hallyday, c'est plus de 50-50 carrières, 100 millions de disques vendus, 40 disques d'or et 8 victoires de la musique.
07:46Mais aussi des millions de fans à travers le monde francophone.
07:50Dans votre relation avec votre public, il y a vraiment une histoire d'amour comme ça.
07:53Vous avez envie de divorcer parfois de votre public ?
07:55Non, non, pas du tout.
07:56Je suis très bien marié.
07:57Très bien marié, il est aussi avec Laetitia, son épouse depuis 1995.
08:05Ensemble, ils ont adopté deux enfants, Jade et Joy, d'origine vietnamienne.
08:11Johnny Hallyday s'est également essayé au théâtre et au cinéma.
08:14Une belle carrière d'acteur avec plus d'une vingtaine de films au total.
08:18J'ai toujours voulu être acteur.
08:21J'ai commencé par la chanson, mais au départ, je ne m'étais pas destiné pour être surtout acteur.
08:28Ces derniers mois, Johnny Hallyday était remonté sur scène aux côtés de ses copains Eddie Mitchell et Jacques Dutronc pour la tournée Les Vieilles Canailles.
08:35Lui qui avait annoncé souffrir d'un cancer en mars 2017, avait puisé dans ses dernières ressources pour assurer le spectacle.
08:42Jusqu'au bout, Johnny Hallyday aura démontré à tous qu'il était bien la plus grande star du rock en France.
08:50Lui qui a réussi à maintenir un lien affectif particulier avec trois générations de francophones.
08:59Dans la portrait et parcours ciné, Nicolas Georges qui est donc avec nous, notre journaliste spécialiste.
09:04Nicolas, on parle souvent de rocker en parlant de Johnny Hallyday.
09:07Lui, il parlait plutôt de rock'n'roll.
09:10C'est exactement ça Mohamed.
09:11Il employait rarement le mot rock.
09:13Effectivement, il employait le mot rock'n'roll parce que c'est un petit peu toute l'essence de sa musique, le rock'n'roll américain.
09:19Comme celui de Geneviève Saint ou Eddie Cochrane.
09:22Il parlait donc souvent de ces deux artistes-là en référence.
09:25Du blues également.
09:27Et ça, on l'oublie assez souvent.
09:28Deux racines musicales chez Johnny Hallyday.
09:30Le rock'n'roll américain, le blues.
09:32C'est les deux musiques qui l'ont inspiré.
09:35Et voilà, c'est ça qui a fait tout l'ADN de son œuvre d'une manière générale.
09:39Et c'est ça qu'il voulait importer en France, on va dire.
09:42Un peu comme Eddie Mitchell, un peu comme Dick Rivers.
09:44C'était un petit peu le triptyque du rock'n'roll de cette époque.
09:47Au point, Nicolas, que la presse anglo-saxonne, notamment des Guardian, journal britannique,
09:51New York Times aujourd'hui, journal américain, parle de la disparition du Elvis Presley français.
09:55C'est un peu ça, puisque Elvis, c'est l'autre personnalité dont Johnny Hallyday s'inspirait.
10:01Même s'il ne le cite pas toujours, toujours.
10:03Mais effectivement, il s'en est beaucoup inspiré.
10:05Et puis, quand on parle du Elvis Presley, c'est parce que Johnny Hallyday, à cette époque-là,
10:08c'était un jeu de scène, un jeu de jambes, un jeu avec la guitare.
10:11C'est ça qui était vraiment nouveau à cette époque.
10:13Vous savez, on sort d'une époque dans les années 60,
10:16où la scène rock, la scène blues n'existe pas en France.
10:22Et donc, lui, il révolutionne tout ça.
10:24Il révolutionne ça.
10:25Et il le révolutionne, on peut le dire, surtout sur scène.
10:28On l'a vu dans le sujet qu'on vient de passer.
10:31Il est très timide, comme ça, lors des interviews.
10:33Mais par contre, sur scène, c'est une bête de scène, quasiment dès le début.
10:36Et c'est ça qui est nouveau.
10:38Premier concert en 1963, Place de la Nation, 150 000 personnes.
10:43Je ne sais pas si vous imaginez.
10:44C'est énorme.
10:44Et des personnes hystériques, à ce moment-là.
10:47Il a vraiment apporté quelque chose.
10:49Donc, ce rock, ce rock'n'roll très scénique.
10:53Et c'est ça qui changeait.
10:54Le show, le spectacle.
10:56Les Suisses ont eu la chance aussi, on le sait, Nicolas,
10:59de voir en concert Johnny Hallyday.
11:02On va retrouver en direct de Genève.
11:03Michael Dreyberg, bonsoir.
11:04Merci d'être avec nous.
11:06Vous êtes le directeur de Live Music Production.
11:08Vous avez organisé pendant trois décennies
11:10les concerts suisses du rockeur.
11:12Peut-être pour commencer, quelques mots
11:13sur ce que vous avez ressenti en apprenant la nouvelle
11:16et la mort de Johnny Hallyday.
11:20Bonsoir.
11:20Écoutez, une grande tristesse.
11:22Pas seulement la disparition d'un chanteur,
11:25comme c'est malheureusement arrivé depuis 30 ans
11:27qu'on fait ce métier,
11:28mais vraiment l'impression d'avoir perdu un ami, un proche.
11:31On l'a tellement côtoyé depuis 30 ans.
11:35Et puis Johnny avait cette particularité,
11:36contrairement à d'autres stars,
11:38de venir, surtout ces 10, 15 dernières années,
11:41accompagnés avec ses enfants, sa femme, sa nounou.
11:45Enfin, il y avait toute cette garde rapprochée
11:47qui faisait qu'on avait l'impression
11:48de faire partie de la famille à chaque fois.
11:50Et évidemment, il y a déjà un grand, grand vide
11:53qui s'est installé.
11:53Et quelle star était-il, justement ?
11:56Quel homme ? Quelle vedette était-il ?
11:58Pour moi, il avait toutes les qualités
12:02qui en font une vedette et une star
12:04et pas seulement un chanteur.
12:06C'est-à-dire, il avait déjà l'humilité.
12:09On avait parlé de la timidité.
12:11La timidité, je crois qu'il y a quelques grandes stars
12:13qui l'ont aussi,
12:13mais elle était vraiment très prononcée chez Johnny.
12:17D'ailleurs, moi-même, j'ai mis quelques années
12:19à comprendre que ce n'était pas un air hautain qu'il avait
12:22parce qu'il est très impressionnant.
12:23Il était très grand, très barraqué,
12:25des yeux impressionnants.
12:27Et si en plus, il ne parle pas,
12:29vous pouvez prendre ça pour quelqu'un
12:31qui est un peu hautain alors que non,
12:32c'était de la timidité.
12:33Et une fois qu'on a cassé ça,
12:35on se rend compte qu'on a quelqu'un de très humain,
12:37de très attachant, mais aussi à l'écoute.
12:40La plupart des grandes stars, ils ne vous écoutent pas.
12:42Même si vous êtes à table avec eux,
12:44c'est nous qui les écoutons.
12:46Johnny, il écoutait.
12:47Et je crois que tout ça, c'est parce qu'il était
12:48sans arrêt tourné vers son public.
12:50Donc, ce qu'il écoutait, c'est aussi les retours,
12:52et aussi les préoccupations du public.
12:54Et justement, les préoccupations du public,
12:56vous avez dû gérer, vous, justement,
12:58l'organisation de ces concerts.
12:59Qu'est-ce qu'il exigeait, au fond, pour ces concerts ?
13:02On sait qu'il a importé en France
13:03ses grands shows à l'américaine.
13:05On se souvient de l'hélicoptère,
13:06notamment, dans un stade de football.
13:08Il a joué au Parc des Princes,
13:09il a joué au Stade de France,
13:10il a joué aussi au Montreux Jazz Festival.
13:12Qu'est-ce qu'il voulait pour ces concerts ?
13:17Il voulait ce qu'il y a de mieux au moment
13:19où il fait son concert,
13:21que ce soit dans les effets spéciaux,
13:23dans ce qu'il y aura sur scène,
13:24dans la qualité musicale,
13:25s'il devait rajouter un orchestre symphonique,
13:27s'il devait rajouter, effectivement,
13:29des hélicoptères,
13:30la scène du Stade de France,
13:32au Parc des Princes, pardon,
13:34où les voitures passent derrière,
13:36c'est carrément un pont agréé par les marées chaussées.
13:38Donc, il ne se préoccupait pas, en fait,
13:42de l'aspect technique,
13:45de l'aspect financier.
13:46Il voulait ce qu'il y avait de mieux pour le public.
13:48Et le public l'a bien compris,
13:51puisqu'il est venu depuis un demi-siècle,
13:53voir ces spectacles qui ne ressemblaient à aucun autre.
13:56Restez avec nous, Michael Dribberg,
13:58on vous retrouve dans quelques instants.
14:00Depuis l'annonce de la mort de Johnny Hallyday,
14:01les hommages affluent du monde entier,
14:03en France notamment, mais pas seulement.
14:05Tour d'horizon de ses réactions,
14:07de la Belgique au Japon,
14:08en passant par l'Australie,
14:09image commentée par Léon Sanchez.
14:11Nous sommes devant un lycée français à Sydney.
14:15Johnny est mort,
14:16et peu importe la génération,
14:18tous sont affectés.
14:19C'était l'idole de ma mère.
14:21Donc, j'en ai eu beaucoup de souvenirs,
14:23de chansons quand j'étais petite,
14:24mais oui, voilà, c'était Johnny.
14:27C'est triste.
14:28C'est toute notre jeunesse qui part,
14:31des chansons fabuleuses,
14:33un type avec une voix géniale.
14:36C'est triste.
14:37C'est triste, mais on s'y attendait.
14:38C'était une demi-surprise,
14:40parce que j'avais appris qu'il était malade.
14:41Mais ça reste un choc,
14:42parce que j'ai grandi avec Johnny Hallyday, évidemment.
14:46Et voilà, c'est tout un pan de ma vie qui s'arrête.
14:51Les expatriés australiens ne sont pas les seuls concernés.
14:54Au Japon, même ceux qui ne l'écoutaient pas
14:56sont touchés par la mort de Johnny.
14:57Moi, j'écoutais peut-être pas forcément beaucoup personnellement,
15:00mais c'est un peu l'enfance.
15:01C'est ce que j'écoutais, par exemple,
15:03un peu mes parents, un oncle, voilà.
15:06Donc, c'est un peu la fin d'une époque.
15:08En Belgique, des fans belges expriment eux aussi leur tristesse.
15:12Je crois qu'il est passé de plus jeune au plus vieux
15:15et il a recommencé, quoi.
15:17Donc, pour moi, c'est un grand monsieur.
15:18On n'aime pas Johnny, mais c'est un phénomène.
15:20Très grande tristesse,
15:21parce que pour moi, c'est un pan de ma vie qui s'écroule.
15:25Rock'n'roll.
15:26Voilà, dans sa vie, dans sa carrière.
15:28La disparition de Johnny, français d'origine belge,
15:32est donc un deuil pour tous les francophones.
15:34Je vous aime.
15:36Merci.
15:40François Jouffat nous a rejoint sur ce plateau.
15:43Bonsoir.
15:44Merci d'être avec nous.
15:45Vous êtes journaliste, cinéaste, écrivain, musicologue,
15:48animateur de radio et de télévision.
15:50Vous avez consacré plusieurs livres à Johnny Hallyday,
15:52notamment l'histoire du rock,
15:54et puis Génération Johnny également.
15:56Et vous dites aujourd'hui que la mort de Johnny,
15:58c'est comme un mauvais rêve, un cauchemar éveillé.
16:00Beaucoup de Français, beaucoup de francophones,
16:01l'ont en effet appris en se réveillant ce matin.
16:03Pour vous, c'est tout un pays qui est en deuil ?
16:06La France pleure aujourd'hui.
16:08Et j'ai été surpris.
16:09Bon, je connais...
16:11Toi, j'ai du mal à parler au passé.
16:13Je connaissais Johnny depuis ses débuts de chanteur,
16:15parce que moi-même, j'ai vécu en même temps mes débuts de journaliste.
16:19C'est-à-dire qu'aujourd'hui, pardon de parler de moi,
16:21j'ai 74 ans, le jour où Johnny meurt à 74 ans.
16:25Donc, c'était un choc quand on m'a réveillé ce matin,
16:27une radio, bien sûr,
16:28parce que je savais depuis des mois qu'il allait très mal,
16:31je savais depuis des semaines qu'il n'avait aucune chance de s'en sortir,
16:33qu'il souffrait énormément.
16:36Et Dieu merci, si Dieu existe, il va mieux.
16:39Il ne souffre plus.
16:41Mais d'un autre côté, je ne sais pas pourquoi,
16:42comme des millions de Français, je me suis dit, on ne sait jamais.
16:45On dit toujours qu'il renaît le Phénix.
16:48Et je ne sais pas pourquoi, c'est Superman, c'est Batman, c'est Hulk,
16:52c'est un super-héros, un être exceptionnel.
16:55Et je me suis couché hier soir en disant,
16:56on en reparlera dans 15 jours, dans 6 mois.
16:59Eh bien non.
16:59– Que représentait-il Johnny Hallyday dans l'espace musical,
17:03dans le paysage musical français ?
17:04– Alors, on pourrait parler musique ou sociologie.
17:07Moi, ce qui m'intéresse, c'est plutôt le public.
17:10Le public de Johnny, c'est des gens âgés, comme moi, comme Johnny,
17:14qui ont vécu le baby-boom, c'est-à-dire les twists,
17:16la libération sexuelle, la libération de la parole, surtout.
17:20Johnny était une sorte de porte-parole,
17:23comme l'a été Bob Dylan aux États-Unis dans un autre contexte.
17:26Sylvie Vartan, sa femme de l'époque aussi.
17:28Et j'ai tendance à faire cette comparaison un peu idiote,
17:31mais j'y tiens, que dans les années 60,
17:33il y avait deux couples emblématiques.
17:35Emblématiques, et pardonnez-moi, ça va vous faire sourire.
17:38Jean-Paul Sartimonde de Beauvoir, Johnny, Sylvie.
17:41Ça a marqué les années 60.
17:43C'est la même époque, la même culture pop, si j'ose dire.
17:46Culture pop, et je vais vous demander votre avis d'abord,
17:49mais je me tourne vers vous, Nicolas Georges.
17:52On a tendance à l'oublier, mais il fut un temps où on interdisait
17:55les concerts de Johnny Allian, tous lesquels il n'était pas bienvenu.
17:58Il a été rebelle.
17:59Il a été rebelle.
18:00C'était effectivement des concerts qui étaient sous haute surveillance.
18:04Il y avait souvent beaucoup de forces de police,
18:06puisqu'effectivement, il y avait des débordements.
18:08On les représentait comme des blousons noirs,
18:10les fans de Johnny qui allaient à ces concerts.
18:13Effectivement, il y avait souvent des débordements.
18:14C'était très, très encadré.
18:16Et c'était vraiment les rebelles de l'époque.
18:19Et c'était vu comme un mouvement, effectivement,
18:21à surveiller de près les concerts de Johnny.
18:22Quand vous êtes tout jeune et tout mignon,
18:24moi qui suis un vieux monsieur, je peux vous dire quelque chose.
18:26Il faut toujours voir dans le contexte sociopolitique.
18:29On est en pleine garde d'Algérie.
18:31C'est ça.
18:32Moi, si j'avais raté mon bac,
18:33j'aurais été obligé d'aller tuer des gens qui ne m'avaient rien fait,
18:36et dont je partageais plus ou moins, d'ailleurs, les idées,
18:39ou de me faire tuer.
18:39Donc, ces jeunes en France qui avaient le droit d'aller se faire tuer à 18 ans,
18:44mais qui ne votaient qu'à 21 ans,
18:45au lycée, on n'avait pas le droit d'apporter des journaux,
18:48quel que soit le journal de l'Humanité au Figaro.
18:51Les filles n'avaient pas le droit d'avoir de mini-jupes,
18:53on n'avait pas le droit d'avoir des cheveux longs.
18:54Enfin, la jeunesse, c'était...
18:56– Mais justement, François, je vois que vous parlez de...
18:58– Je termine pas ma phrase.
18:59– Je termine pas ma phrase.
19:00– Je termine pas ma phrase.
19:00– Allez-y, allez-y.
19:00– Donc, cette jeunesse avait besoin d'exploser.
19:03Et les concerts de rock, consciemment ou inconsciemment,
19:06c'était des lieux où la jeunesse se livrait.
19:08Et puis, c'est les prémices de mai 68.
19:10Il fallait bien que ça pète ou que ça éclate un jour.
19:13– Eh bien, vous avez cité donc mai 68,
19:14mais aussi la guerre d'Algérie.
19:16Et justement, clin d'œil de l'histoire,
19:18si l'on peut dire, quand on vous écoute,
19:19eh bien, c'est en Algérie qu'Emmanuel Macron a réagi.
19:23Écoutez, le président de la République française.
19:24– Nous avions forgé au plus profond de nous-mêmes
19:28la conviction qu'il était invincible.
19:32Il fait partie de ces hommes qui auraient dû mourir 100 fois
19:35par la vie qu'ils ont menée, par les excès qui ont été leurs,
19:38par les combats qui ont été les siens.
19:41Et ils n'étaient jamais tombés.
19:43Et donc, je crois que ce qui est dur ce matin,
19:47c'est pas seulement sa disparition.
19:49C'est qu'on croyait qu'il était invincible.
19:52– Ah, il pense comme vous, le président français, François Louffat.
19:54– Moi, je trouve que c'est incroyable.
19:57En une minute trente, il dit ce qu'on a dit tous,
19:59toutes les radios et télés confondues,
20:01dans toutes les journées, avec l'alarme à l'œil aussi.
20:04Ou il est très fort, ou il aimait vraiment Johnny.
20:06Cela dit, il a dîné avec lui il y a un mois et demi
20:08chez Lynn Renaud, avec Danny Boone.
20:10Et comme Johnny était formidable, courageux,
20:13il ne disait rien de Johnny.
20:14Il n'a pas dit « je souffre, je suis mal ».
20:16Il ne disait rien et tout.
20:17Mais bon, il y a des vibrations de malheur,
20:19quand même, dans ce genre de dîner.
20:21– Vous parliez de sociologie.
20:22Comment est-ce que vous expliquez ?
20:23On a bien compris le profil de cette génération.
20:25Vous avez écrit d'ailleurs un livre
20:27consacré à cette génération, à l'idée,
20:29Génération Johnny.
20:30Comment expliquez-vous une telle longévité
20:32à travers les âges ?
20:33Parce que ces fans, ce ne sont pas seulement
20:35effectivement des gens qui ont votre âge aujourd'hui,
20:38Génération Johnny, voilà.
20:40– Le gros de la troupe, si j'ose dire,
20:42quand on va dans des concerts,
20:43c'est comme pour les concerts d'Orlingstone,
20:44c'est des gens de plus de 50 ans.
20:46Et puis des gens de 60 et de 70 ans.
20:48Mais il y a des gens de tous les âges,
20:49de 30 ans, de 20 ans,
20:51c'est ça qui est complètement exceptionnel chez Johnny.
20:54Sa longévité, c'est que c'est un grand artiste.
20:56Parce qu'il y en a eu plein des rockers français.
20:57Et puis après, dans la génération Yéyé.
20:59Il n'a pas été le premier,
21:01mais il y en a eu d'autres avant,
21:03il y en a eu d'autres après.
21:04Alors bon, pour les femmes et fans,
21:07il était le plus beau, sans aucun doute.
21:08Ça compte pour un artiste.
21:10Il avait la meilleure voix, ça compte aussi.
21:12Et puis comme il s'est fait connaître assez rapidement,
21:14les maisons de disques et les éditions
21:16lui offraient les meilleures chansons
21:17en ce qui concerne des adaptations américaines.
21:19On proposait d'abord à Johnny,
21:21tu veux chanter ça ?
21:22Non, je ne veux pas.
21:22Alors on le refilait à quelqu'un d'autre.
21:24Donc il a eu cet avantage-là.
21:26Mais c'est du talent.
21:27Parce qu'à part au début,
21:28où il avait un impresario,
21:31après il lui avait un manager,
21:32Johnny Stark,
21:34toute cette longue carrière
21:36n'a été faite qu'à l'instinct.
21:37C'est incroyable d'ailleurs.
21:39Parce qu'on peut imaginer
21:40des plans de marketing,
21:41on peut imaginer tout ce qui existe aujourd'hui
21:43dans le business.
21:44Ben non, c'est sentir les chansons,
21:47sentir l'idée de demander des chansons
21:48à Michel Berger, à Jean-Jacques Goldman,
21:50aujourd'hui à Iodélis
21:51ou à Yarel Poupo qu'on voit là.
21:55C'est un feeling personnel d'un grand artiste.
21:57D'ailleurs, cette longévité,
21:59pardonnez-moi d'être un peu long,
22:00c'est la plus longue longévité,
22:02pardonnez-moi de parler comme ça,
22:04de l'histoire des artistes en général
22:07en ce qui concerne la chanson.
22:08Prenez les deux plus grands artistes,
22:10Charles Trenet ou Maurice Chevalier
22:11à une autre époque.
22:13À leur fin de leur vie,
22:14quand ils chantaient son scène à 80 ans,
22:16ils chantaient leur vieux succès
22:17des années 30 ou des années 50.
22:19Alors que Johnny a eu des succès
22:21sans arrêt, à part quelques petits trous.
22:23Sans arrêt, sans arrêt, c'est exceptionnel.
22:25On va écouter justement Johnny Hallyday.
22:27On rappelle qu'il est donc décédé
22:29la nuit dernière chez lui
22:30en région parisienne à Marne-la-Coquette
22:32à l'âge de 74 ans.
22:34Il a succombé des suites
22:35d'un cancer du poumon.
22:36Pour Eddie Mitchell,
22:38c'est la perte d'un ami
22:39et même d'un frère,
22:40il déclare.
22:41Il était l'une des grandes voix
22:42de la francophonie.
22:43110 millions de disques vendus
22:44et plus de 1000 chansons.
22:45Et parmi ses célèbres souvenirs,
22:47ses célèbres chansons par exemple,
22:49Souvenir, Souvenir,
22:49Le pénitencier,
22:50que je t'aime,
22:51ou encore,
22:51on va en écouter un extrait,
22:53Quelque chose de Tennessee.
22:54Notre édition spéciale continue.
23:18Merci à vous qui nous suivez aussi sur Facebook.
23:20Marion Nagusevski s'intéresse aux chanteurs.
23:22Côté chiffres et côté argent,
23:23vous allez voir que sa fortune
23:24est loin d'être proportionnelle
23:26à son succès.
23:26On se retrouve dans quelques instants.
23:27Restez sur TV5MONDE.
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