- il y a 2 semaines
Diffusée le 6 décembre 2017 sur TV5 Monde, cette émission spéciale 64’ Le Monde en Français rend hommage à Johnny Hallyday, disparu la veille. Dans cette deuxième partie, journalistes et invités reviennent sur son parcours, son impact culturel et l’émotion suscitée par sa disparition, retraçant la carrière exceptionnelle de l’idole des jeunes.
Catégorie
🎵
MusiqueTranscription
00:00Soyez les bienvenus dans 64 minutes. Merci d'avoir choisi TV5Monde, édition spéciale consacrée ce soir à la mort de Johnny Hallyday.
00:07La chanson francophone perd l'une de ses plus grandes voix. Le rockeur français s'est éteint chez lui à l'âge de 74 ans des suites d'un cancer.
00:14Beaucoup d'émotions en France, notamment à Marne-la-Coquette, près de Paris, où ont tenu à se rendre des admirateurs du chanteur.
00:20Emmanuel Macron a, dès son arrivée en Algérie, réagi pour le président français.
00:24Johnny Hallyday fait partie des héros français. On a tous en nous quelque chose de Johnny.
00:30Johnny Hallyday, de son vrai nom Jean-Philippe Smed, c'est une carrière phénoménale.
00:33110 millions de disques vendus. Il n'a que 16 ans lorsqu'il débute en 1959.
00:38L'icône du rock'n'roll laisse derrière lui plus de 1000 chansons.
00:41Parmi les plus célèbres, Souvenir, Souvenir, le pénitencier que je t'aime, je te promets, allumer le feu,
00:47ou encore quelque chose de Tennessee, du monde francophone au monde anglophone.
00:51Tout le monde parle ce soir de Johnny Hallyday. On va aller au Québec dans quelques instants,
00:55à suivre également dans la deuxième partie. L'entretien, vous le voyez, qu'il avait accordé à Patrick Simonin.
01:00Et puis, la Belgique aussi avait des liens avec Johnny Hallyday, puisque son père était lui aussi acteur et chanteur.
01:07Il était né en Belgique. Nous verrons comment ce monde francophone réagit.
01:10Les journaux américains et britanniques parlent de la disparition du Elvis Presley français.
01:15Et direction le Canada, où l'on retrouve la productrice de radio québécoise Monique Giroux.
01:23Bonsoir, merci d'être avec nous. Bonjour plutôt, puisqu'il est midi chez vous au Québec, au Canada.
01:28Alors depuis 30 ans, vous recevez tous les grands artistes de la chanson francophone.
01:31Vous n'avez pas eu Johnny Hallyday. Je sais que vous auriez souhaité réaliser une entrevue avec lui.
01:36Peut-être d'abord à titre personnel, qu'est-ce que ça vous fait, cette disparition ?
01:41D'abord, ça me fait travailler beaucoup, pour être très honnête, Mohamed.
01:47Mais ça me fait cette peine que je ressens quand un grand, un monstre, un mythe, s'éteint.
01:55Parce que de ces artistes-là, on pense toujours qu'ils seront éternels.
01:59Et la réalité nous rattrape.
02:02On ne peut pas tous se retenir la nuit.
02:04Et celle-là, on ne l'a pas retenue non plus.
02:06Donc évidemment, ça me fait de la peine, parce que je vois aussi la peine que ça fait à mes amis français, parce qu'on est témoins.
02:15Nous l'avons appris hier en milieu de soirée.
02:18Pour vous, c'était la nuit.
02:20Donc on a eu le temps de réagir, moi dans le téléjournal en direct hier soir.
02:26Et puis j'ai suivi tout au long de la soirée et de la nuit les réactions françaises.
02:31Et je vois ce que malheureusement je présumais avec mes collègues de France, l'impact énorme que le départ de Johnny a sur la francophonie, sur la France en particulier.
02:45Il faut bien le dire.
02:45Vous perdez, c'est vrai, un vrai membre de la famille.
02:49Et au Québec, quelles sont les réactions en dehors du monde musical auquel vous appartenez?
02:52C'est très, très particulier la réaction qu'on a ici face à Johnny en général, et j'ai envie de dire incluant de son vivant.
03:05C'est-à-dire qu'on a toujours un peu regardé Johnny comme une sorte de phénomène avec respect, avec admiration, mais néanmoins avec curiosité.
03:13Puisque vous l'avez dit tout à l'heure, le Elvis français, l'original était à quelques kilomètres d'ici.
03:20Vous savez que la frontière québécoise touche à la frontière américaine.
03:26Donc nous sommes des francophones d'Amérique.
03:29Nous sommes de ces musiciens américains, fans de cette musique-là dans laquelle on baigne dès notre gestation.
03:37Donc on regardait Johnny qui s'appelait en fait Jean-Philippe, et on le savait, jouer à l'américain, apporter la couleur américaine dans cette France
03:49qui peut-être au début des années 60 était encore un peu d'accordéon et de film noir et blanc.
03:56Mais ici, on vivait cette musique.
04:00Donc on n'a pas grandi, si vous voulez, avec le même Johnny.
04:03Il est venu au Québec à plusieurs reprises dans les années 60, assez régulièrement, avec Sylvie Vartan notamment,
04:10et encore jusqu'à peu présenter des spectacles.
04:12Mais on n'a pas non plus, il faut le dire, au Québec de façon générale, et incluant avec Céline Dion,
04:18qui est quand même notre plus grande star québécoise mondiale, mais d'origine québécoise,
04:24cette façon d'admirer les artistes.
04:29On n'est pas très fan groupie, expansif, si vous voulez.
04:36Alors on a assisté au spectacle de Johnny dans toutes sortes de formules,
04:41notamment je me souviens d'un spectacle au Théâtre Saint-Denis, il y a, je ne sais plus exactement, 15 ans peut-être,
04:472000, 3000 places, une salle qui avait été remplie de Français qui avaient fait le voyage depuis Paris
04:54pour venir à Montréal voir Johnny dans ce contexte vraiment exceptionnel.
04:58Alors Monique Jérôme, restez avec nous, on va vous retrouver dans quelques instants.
05:01En tous les cas, votre allusion au titre Retient la nuit a beaucoup fait sourire sur notre plateau.
05:05François Jouffa qui a apprécié le petit clin d'œil.
05:08Sans Johnny Hallyday, le rock serait une musique étrangère.
05:11Voilà ce que dit Yves Bigot, spécialiste du rock, directeur général également de TV5MONDE.
05:15Pour lui, le chanteur a su transmettre aux Français la culture du rock et du blues.
05:20Nous l'avons joint à Dakar où il se trouve au Sénégal pour les 25 ans de TV5MONDE AFRIC.
05:25C'était notre seul et unique rockstar, Johnny.
05:30Il faut bien le dire, parce que si on regarde l'univers francophone, on a deux superstars.
05:35Il y en a une, c'est Céline Dion, elle fait autre chose que du rock.
05:39Et puis comme elle est canadienne, elle n'a pas eu de difficulté à basculer dans le monde anglophone et à chanter en anglais et à avoir du succès aux États-Unis.
05:48Johnny, lui, c'est notre totem.
05:52C'est la statue du commandeur.
05:54Et sans lui, sans doute, en France, le rock serait toujours resté une musique étrangère.
05:59C'est lui qui l'a fait intégrer, alors pour le pire ou pour le meilleur, mais au style varié qu'on pratique en France.
06:07Pour le meilleur, la chanson française. Pour le pire, la variété.
06:11Voilà pour ce que Johnny Hallyday a apporté à la musique en France.
06:14François Jouffat, Johnny Hallyday, on a le sentiment aussi qu'il incarnait un rêve américain que beaucoup de Français vivaient par procuration, au fond.
06:21Un rêve américain plein de clichés.
06:23En fait, c'est la culture pop art de plein d'artistes et de peintres surréalistes, hyper réalistes.
06:32Même Philippe Labreau, quand il écrivait des chansons sur l'Amérique, pour Johnny, il mettait plein de clichés.
06:38En gros, c'est le hamburger, etc.
06:41Mais il ne faut pas oublier autre chose.
06:43Revenons dans le contexte.
06:44Nous, enfants nés pendant la guerre ou après-guerre, la fascination de l'Amérique, pourquoi ?
06:49Pourquoi Claude Moine s'est appelé Eddie Mitchell ?
06:51Pourquoi Hervé Fornery s'est appelé Dick Rivers ?
06:54Pourquoi Jean-Philippe Smet s'est appelé Johnny Hallyday ?
06:56Eddie Mitchell, aussi.
06:59Claude Moine, j'ai dit Eddie Mitchell.
06:59Ah oui, je n'ai pas suivi.
07:01Parce que pourquoi ? On a été sauvés par les Américains.
07:05Le GI, pour nous...
07:06Alors, culturellement, au Canada, au contraire, c'est l'inverse.
07:09Ils ont voulu garder leur culture francophone, et tant mieux, et repoussent l'Américain.
07:14Mais nous, c'était formidable, ces Américains qui avaient débarqué, qui nous avaient sauvé la vie.
07:18Moi, de mes Juifs, je ne serais pas là en train de vous parler,
07:21si les Américains n'avaient pas sauvé, libéré la Normandie, et mes parents qui s'y cachaient.
07:26Donc, les Américains, c'était plus que des héros.
07:30Quand ils débarquaient avec leur chewing-gum, leur bas de soie, mais aussi leurs 45 tours de rock'n'roll,
07:36et leurs films westerns américains, films policiers, etc.
07:39Donc, le rêve américain, Johnny, la première fois qu'il était allé au cinéma voir Elvis Presley,
07:44il croyait voir un western, c'était Loving You, et Amour frénétique en belge.
07:50Et qu'est-ce qu'il a vu ? Quelqu'un qui chantait, et ça l'a tellement subjugué,
07:54qu'il y est retourné plusieurs fois, et qu'il est devenu un chanteur de rock.
07:57Il y a aussi les Motards, les Riders et les Hells Angels.
08:00On va maintenant prendre la direction de l'Afrique, où l'on parle aussi beaucoup de la disparition de Johnny Hallyday.
08:04Mais Alfa Blondie nous fait le plaisir d'être avec nous.
08:07Bonsoir, merci d'être avec nous.
08:09Alfa, on ne vous présente plus, chanteur de reggae, connu dans le monde entier.
08:14Alors, vous êtes un grand fan de Johnny Hallyday.
08:16Vous l'avez connu déjà à l'époque, Yéyé, l'époque Salut les Copains.
08:19Que ressentez-vous ce soir ?
08:22Je ressens une très grande tristesse.
08:25J'ai l'impression qu'il y a une partie de ma mémoire, de ma jeunesse, qui est partie.
08:33Et puis, je me sens triste, parce que Johnny, c'était vraiment notre Johnny.
08:42Pour nous, la génération, ma génération à moi, la génération Salut les Copains,
08:46Johnny, c'était la référence, ma excellence.
08:49Des grands titres comme Nathan Woolf, qui l'a repris, aussi turc que Dubois,
08:54Le Pénitencier, on a tous appris à chanter à partir de ces chansons-là.
09:00Donc, quelque part, Johnny n'est pas seulement un héros français.
09:06Il est le héros de la francophonie.
09:10C'est un frère.
09:11Donc, il a accompli sa mission, la mission que Dieu lui a confiée.
09:17Et puis, la mission a été très, très, très bien exécutée et accomplie.
09:21Et que, tout ce que je peux dire, que Dieu ait pitié de son âme, que Dieu le prenne dans ses bras.
09:27– Merci beaucoup, Alpha Blondie.
09:30C'est gentil, dit François Choufac, qui est avec nous en plateau.
09:32Nicolas Georges, je me tourne vers nous.
09:34On a un chanteur de reggae, Alpha Blondie.
09:36Et c'est vrai qu'on se dit parfois que…
09:38Alors, quand on demande à des jeunes chanteurs, vous en interviewez beaucoup,
09:41vous en réalisez beaucoup, des entrevues avec des chanteurs aujourd'hui contemporains.
09:44Rarement, on dit qu'il s'est inspiré de Johnny Hallyday.
09:47On le dit de Goldman, on le dit d'autres, de Brassens, de Brel.
09:50Pas de Johnny Hallyday.
09:52Pourquoi ? C'est étonnant ?
09:53– C'est vrai, c'est une bonne question, Mohamed.
09:54C'est vrai que j'interview souvent les chanteurs de ce qu'on appelle la nouvelle génération francophone.
09:59Et ils me citent effectivement Brel, Gainsbourg, des Brassens, exactement.
10:05Mais Johnny Hallyday ne revient jamais.
10:07Et effectivement, on se rend compte que dans la génération des chanteurs
10:10qui ont 20, 30, 40 ans, on va dire, aujourd'hui,
10:13on loue, on va dire, la bête scénique, le grand chanteur.
10:18Mais il y a comme une image un petit peu qui fait défaut.
10:22– Comme s'il était à part aussi.
10:23– Oui, comme s'il était à part, effectivement.
10:25Et d'une icône qu'on ne peut peut-être pas toucher.
10:27Mais c'est intéressant de voir que toute cette jeune génération de chanteurs et de chanteuses,
10:31moi, elle ne me dit jamais, voilà, c'est quelqu'un qui m'inspire.
10:36Et d'ailleurs, je me tourne vers François Jouffa.
10:38Il y a une question que je me posais, moi.
10:40Est-ce que justement, on parlait d'icône à l'instant,
10:41est-ce qu'il y a une autre icône francophone comme Johnny Hallyday,
10:45à l'heure actuelle, à votre avis ?
10:46Ou est-ce que c'est le seul, dites-moi, une carrière qui a commencé dans les années 50 ?
10:50Moi, j'ai des enregistrements de Johnny, chantant sur la place de la mairie,
10:55à Levallois, au 4 juillet 1958.
10:58Il devait avoir 15 ans.
10:59Donc, ça remonte loin, sa carrière.
11:03Citez-moi un chanteur, j'ai cherché toute la journée,
11:05qu'il y a, même ceux qu'on aime beaucoup, qui vont faire une carrière de 60 ans.
11:09Ce n'est pas possible, je pense que c'est le dernier.
11:11Je vous avais dit tout à l'heure, entre nous, que les plus grands de la chanson française,
11:16exemptés à Znavour, qui durent toujours, mais qui ne font plus de grands succès,
11:20Maurice Chevalier, qui a une grande carrière à Hollywood,
11:23Charles Trenet, qui a révolutionné la chanson française,
11:25ils ont chanté jusqu'à l'âge de 80 ans sur scène,
11:28j'ai été aux adieux de l'un et de l'autre,
11:30mais ils chantaient leurs vieux succès,
11:32alors que Johnny n'a jamais eu besoin de prendre que des vieux succès.
11:36Il en a toujours eu.
11:36Mais les chanteurs d'aujourd'hui, à partir de la génération de téléphone jusqu'au rappeur,
11:40demandez-leur qui était Johnny Hallyday, ils vont vous dire que c'était le patron.
11:45Il n'a pas influencé musicalement, mais quand même...
11:48Il reste l'icône.
11:49Oui, bien sûr.
11:50L'idole des jeunes, attendez, à 74 ans, on l'appelait toujours l'idole des jeunes.
11:54Et à cette époque, aujourd'hui, en perte de valeur totale, philosophique, politique,
11:59et encore au moment d'un chômage épouvantable, mondialisation, globalisation,
12:03les gens ont besoin d'idoles païennes.
12:06Et Johnny était, moi qui connais bien la culture hindouiste, c'est Shiva.
12:10C'est le plus...
12:11Ne vous marrez pas, une idole, c'est une idole.
12:13Il y a des millions de gens, on en a vu plein dans tous vos reportages de toutes les chaînes de télévision,
12:17des millions de gens qui meurent.
12:19Je n'aimerais pas ce que je dis, si c'est vrai.
12:21Mais il y en a bien qui vont se suicider, comme il y en a eu pour James Dean ou Valentino.
12:25Les gens, c'est Johnny qui les tenait.
12:28Les gens vont dire, dans mes gros malheurs, je pensais à Johnny.
12:31C'est ça, une idole, c'est un dieu, en quelque sorte.
12:33On pense, en vous écoutant, bien entendu, aux nombreuses sosies qui existent partout dans le monde francophone,
12:37en particulier en France.
12:38Johnny Hallyday, un chanteur populaire, entré dans la mémoire collective des Français.
12:42Regardez ces images rassemblées par Antoine Fontenot.
12:46Je l'écoute depuis que je suis toute petite.
12:49Mais Johnny Hallyday, c'est un mythe français, c'est un grand chanteur.
12:53De l'amour, de l'amour, de l'amour.
12:55Il enflammait les stades, quand il faisait les concerts.
12:58Une bête, une bête sur scène.
13:01On était en transe, rien qu'à le voir, on était en transe de le voir.
13:07J'ai un petit peu pleuré ce matin, parce que j'ai l'air de l'oeil et j'ai aimé vraiment cet artiste, en fait.
13:12C'est des souvenirs qu'on a de nos parents, déjà.
13:17Et puis, nous, en fait, on a suivi le truc et on l'a aimé aussi.
13:20La première fois où j'ai vu Johnny Hallyday, c'était à ma télé.
13:25Et je vois un gars comme ça, danser comme ça.
13:29Je dis, mais il est complètement malade, ce type.
13:31Je l'avais jamais vu, mais pour nous, Français, c'était vraiment quelque chose de nouveau.
13:38Et après, je l'ai adoré.
13:40Il y avait certaines personnes qui disaient, t'es un peu ringarde avec ton Johnny.
13:49Mais bon, non, pas du tout.
13:51Parce que je m'aperçois que maintenant, il y a trois, quatre générations.
13:54Quand on va dans les concerts, il y a le grand-père qui emmène son fils et ses petits-enfants.
13:58Tout le monde est là.
13:58C'est la seule personne qui a réussi à rassembler tous les gens d'un milieu, de droite, de gauche, les riches, les pauvres.
14:10J'ai eu la chance de le rencontrer plusieurs fois, à Saint-Tropez, si vous voulez, sur le port, de lui parler.
14:14J'ai plein de photos avec lui et tout.
14:16Donc c'est autre chose encore que les autres fans, si vous voulez.
14:18Non, c'est dur, c'est très, très dur.
14:22Bien sûr qu'on l'a tous connus, à Saint-Tropez, puisqu'il est ici en partie de l'année.
14:26Voilà, on est tous tristes.
14:28C'était ça Johnny, il s'arrêtait partout pour dire bonjour.
14:32Vraiment, franchement.
14:33Ils vont encore en passer du Johnny.
14:35Ça ne s'arrête pas comme ça.
14:37Et ça serait dommage d'ailleurs.
14:40Voilà donc pour ces images.
14:42On voit donc le poids qu'il occupait dans les foyers français.
14:45Justement, vous savez, en France, ça ne nous a pas échappé.
14:47François, on aime bien savoir qu'il est de gauche, qu'il est de droite, quelle que soit la fonction de la personne.
14:51Il a chanté sur la scène de la fête de l'humanité.
14:53Il était plus complexe qu'on le pense.
14:55Je connais beaucoup de chanteurs qui sont apolitiques, ce qui veut dire en général de droite.
15:00Quoiqu'aujourd'hui, ça ne veut plus dire grand-chose.
15:02Mais Johnny Hallyday, c'est étonnant.
15:05En 1965, il avait appelé à voter Mitterrand contre le général de Gaulle.
15:10Après, il avait appelé à voter Giscard.
15:12Mais tu lui avais rangé un bon coup d'impôt.
15:14Il avait appelé à voter Chirac qui était devenu son ami.
15:17Sarkozy était son ami.
15:19Vous savez comment il s'est fâché avec Sarkozy ?
15:20La dernière fois que ce pauvre Johnny était dans le coma à Los Angeles, Sarkozy a cru bien faire.
15:25Il a réuni un conseil des ministres restains.
15:27Ils ont organisé des fudérailles nationales avec des centres d'un cercueil à l'ancienne sur les Champs-Elysées.
15:33Johnny, quand il s'est réveillé qu'il a appris ça, il a dit « Essaye de profiter démagogiquement de ma mort. »
15:38Elle s'est fâchée.
15:39Justement, là, on se dirige vers un hommage national qui pourrait avoir lieu, mais prudence, samedi.
15:43La ministre française de la Culture, François-Nyssen, appelle à un hommage national.
15:46Au même titre, d'ailleurs, qu'un hommage national sera rendu à Jean-Dormesson vendredi à Paris, aux Invalides.
15:52Au Panthéon, je crois.
15:53Au Panthéon, pardon.
15:54Il n'aurait pas aimé Johnny Hallyday.
15:56Il aurait dit « Je préfère qu'on fasse la fête. »
15:58Oui, oui.
15:59Johnny, c'est un personnage très complexe, timide, gentil, qui émergeait, qui se défonçait, qui s'éclatait sur scène.
16:07Mais dans la vie privée, très calme et très gentille.
16:10Mais il aurait bien sûr adoré ça.
16:12Moi, après avoir bien réfléchi, je vois Françoise Nyssen, co-créatrice avec son père des éditions Actes Sud et ministre de la Culture.
16:20Quand elle dit « Je suis une ancienne auditrice de Salut les Copains », je trouve ça formidable de l'avouer.
16:25Et qu'elle a révisé le bac avec Johnny.
16:26Voilà, on l'a vu en mini-jupe en train de twister.
16:28C'est plutôt sympa.
16:30Mais la Tour Eiffel, il y a déjà fait avec 500 000 personnes.
16:33Il avait pratiquement tout fait.
16:34On ne va pas faire ses funérailles au Stade de France.
16:37On demandait où faire ses funérailles religieux parce qu'il était de culture catholique.
16:42Moi, je dis carrément Notre-Dame.
16:44Notre-Dame.
16:45Ça vous fait sourire de me regarder et dire ça.
16:47Mais pourquoi pas ?
16:48Je veux dire, c'est le plus grand héros français.
16:51Le président de la République l'a dit.
16:53C'est incroyable.
16:53Le Premier ministre à l'Assemblée nationale a fait un discours impeccable.
16:57Vous vous rendez compte ?
16:58Même quand Elvis Presley est mort, le Congrès américain n'a rien dit.
17:01Le président américain, j'ai oublié qui c'était à l'époque, a fait un petit communiqué.
17:05Mais Johnny Hallyday, c'est tout le monde politique.
17:08Enfin, c'est toute la France, à vrai dire.
17:10Et surtout la France laborieuse, celle qui travaille.
17:13Quand je vois les interviews, je connais bien les fans de Johnny.
17:16C'est tous les âges.
17:17Mais c'est quand même ceux qui se lèvent tôt.
17:18En gros, c'est pas une blague ce que je dis.
17:21Le fan de Johnny, de ma génération BB Boomer, c'est l'ancien plombier au chômage
17:26qui a eu une femme qui s'est barrée à 15 ans, qui a eu des problèmes cardiaques ou un cancer
17:30et qui est vraiment, pardon d'être très vulgaire messieurs, mais sur TV5 Monde,
17:35les téléspectateurs après le français, qui est vraiment dans la merde.
17:39Et Johnny l'aidait à vivre, à survivre, je vous assure.
17:44Et aujourd'hui, ces gens-là n'ont plus rien à se raccrocher.
17:47Dieu est mort, comme disait Nietzsche.
17:49Et on va maintenant rendre hommage à Johnny Hallyday en musique.
17:52On va écouter un autre de ses célèbres titres.
17:55Écoutez.
17:56Toute la musique que j'aime, elle vient de là, elle vient de bleu.
18:04Les mondes ne sont jamais les mêmes pour exprimer ce qu'est le bleu.
18:12J'y mets mes joies, moi j'y mets mes peines.
18:16Et tout ça, ça devient le bleu.
18:18Je le chante autant que je l'aime.
18:22Merci beaucoup François Jouffat.
18:24Vous êtes en train de nous demander, effectivement, on parle de Johnny et on sourit parce qu'effectivement, c'est sans doute ce qu'il aurait souhaité.
18:29Oui, parce qu'il nous apporte même des extraits.
18:31Toute la musique que j'aime, elle vient de là, elle vient du blues.
18:33Chanson qu'il a co-écrite avec Michel Mallory.
18:36Il nous a donné tant de plaisir, il nous en donne encore.
18:39Donc on sourit, mais on est très triste aussi.
18:42Et on va continuer à sourire.
18:43Merci Nicolas.
18:45Merci à vous François Jouffat.
18:46On va maintenant revoir un entretien que Johnny Hallyday avait accordé au Québec à Patrick Simonin.
18:50C'était en juillet 2012, avant son spectacle au Festival d'été du Québec.
18:54Il se confiait alors à Patrick sur ses rêves d'Amérique, sur ses débuts, sur ses passions.
18:59Je vous laisse en leur compagnie.
19:00On se retrouve juste après.
19:01Merci à vous François Jouffat.
Recommandations
23:30
|
À suivre
2:54
1:55
2:54
14:35
Écris le tout premier commentaire