Diriger : seuls les paranoïaques survivent [Cyrille Moleux]

Xerfi Canal

il y a 4 jours

Andy Grove, l’homme qui fit d’Intel un empire, avait forgé une maxime brutale : « seuls les paranoïaques survivent ». Pas du tout parce que la peur serait une vertu en soi, mais parce qu’en stratégie, l’ennemi le plus redoutable s’appelle l’auto-complaisance. En 2025, cette leçon, qui semble avoir été bien oubliée par les successeurs d’Andy Grove à la tête d’Intel, vaut pour toutes les entreprises : face aux ruptures technologiques, géopolitiques et sociétales, il ne s’agit plus de bâtir des business plans robustes, mais de cultiver une vigilance radicale. [...]

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00:00Andy Grove, l'homme qui fit d'un tel un empire, avait forgé une maxime brutale. Seuls les

00:15paranoïaques survivent. Pas du tout parce que la peur serait une vertu en soi, mais parce qu'en

00:22stratégie, l'ennemi le plus redoutable s'appelle l'autocomplaisance. En 2025, cette leçon, qui

00:31semble avoir été bien oubliée par les successeurs d'Andy Grove à la tête d'un tel, vaut pour toutes

00:35les entreprises. Face aux ruptures technologiques, géopolitiques et sociétales, il ne s'agit plus de

00:42bâtir des business plans robustes, mais de cultiver une vigilance radicale. La planification stratégique

00:49classique repose sur l'idée que l'avenir se déduit du passé. Or, l'expérience récente invalide cette

00:57logique. Pandémie, guerre en Europe, inflation, explosion de liées génératives. La paranoïa,

01:04au sens de Grove, consiste à traiter l'incertitude comme la règle. Elle invite à penser l'improbable,

01:13à envisager que l'avantage concurrentiel d'aujourd'hui puisse devenir l'angle mort de demain. C'est la

01:22traduction managériale de ce que Taleb appelle l'anti-fragilité. Transformer le choc en apprentissage.

01:30La vraie paranoïa n'est pas un repli, c'est une obsession des signaux faibles. Grove parlait de

01:38point de bascule stratégique. C'est un moment où une technologie, une norme ou un acteur redessine la

01:46carte concurrentielle. En 2025, trois inflexions dominent. L'IA, qui redistribue la chaîne de

01:55valeur dans tous les secteurs. Deux, la contrainte environnementale, qui impose de nouveaux standards

02:03ESG. Trois, la géoéconomie, qui fragilise les chaînes d'approvisionnement et favorise les

02:11relocalisations. Celui qui anticipe les conséquences stratégiques de ces ruptures peut transformer

02:18l'angoisse en avantage compétitif. Celui qui les subit risque fort de disparaître. Être paranoïaque en

02:27stratégie, c'est refuser le confort des certitudes. Cela implique d'organiser la

02:33contradiction interne. Encourager les contre-arguments pour éviter l'aveuglement des COMEX. Ensuite, de

02:42multiplier les options stratégiques. Investir dans plusieurs voies technologiques, quitte à abandonner

02:49certaines en cours de route. Et enfin, de rester agile face aux rentes. Savoir renoncer à un produit ou un marché

02:57rentable aujourd'hui, mais condamné demain. La paranoïa est ici une discipline. Elle institutionnalise

03:06le doute et en fait un moteur d'action. La Maxime de Grove n'était pas un aphorisme, mais un système de

03:13survie. Pourtant, ses successeurs chez Intel n'ont pas su rester paranoïaques. Ils ont sous-estimé la

03:20révolution du mobile, manqué le virage des processeurs pour smartphones et laissé TSMC et NVIDIA dominer les

03:28semi-conducteurs. La leçon est cruelle. La paranoïa stratégique n'est jamais acquise. Elle doit être sans

03:38cesse rejouée. Car en stratégie, on ne meurt pas d'un ennemi, mais toujours de soi-même.

03:46C'est le même.

03:53Sous-titrage FR ?

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