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Anne Fulda reçoit Adélaïde de Clermont-Tonnerre pour son livre «Je voulais vivre» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres, Adélie Haït de Clermont-Thomère.
00:03On est ravis de vous recevoir pour cette rentrée littéraire.
00:07Vous êtes journaliste, vous êtes romancière également.
00:09On vous a remarqué dès votre premier roman, Fourrure, qui avait été récompensé par des prix.
00:14Ensuite, il y a eu le dernier des nôtres, qui a eu notamment le Grand Prix de l'Académie française,
00:17le Grand Prix du roman, ce qui n'est pas rien et qui avait été traduit en dix langues.
00:20Et là, vous venez de publier « Je voulais vivre », un livre qui est paru chez Grasset.
00:26C'est un roman captivant, qu'on ne lâche pas.
00:30C'est écrit d'une belle plume, alerte, vivante.
00:33Et il revient, ce qui est quand même un pari assez osé, sur une figure qui est internationalement connue,
00:41mais un personnage de fiction.
00:43En fait, vous vous mettez carrément dans les pas d'Alexandre Dumas, notre écrivain national, monument national.
00:50Alors déjà, première question, comment vous est venue cette idée ?
00:53Est-ce que vous avez hésité un moment ?
00:55Alors, bien sûr, j'ai eu un moment de vertige, parce que moi, j'ai une passion pour Alexandre Dumas.
00:59Maintenant, Alexandre Dumas est revenu à la mode pendant longtemps.
01:02On a considéré que c'était un peu une littérature un petit peu en dessous, un petit peu feuilletonnante, un petit peu facile.
01:09Moi, j'ai toujours aimé Dumas, sa générosité, sa passion.
01:12Et les trois mousquetaires, je les ai lus et relus avec passion l'été de mes douze ans,
01:16parce que j'étais dans un pays étranger et j'avais oublié de prendre des livres.
01:19Et c'était le seul livre que j'avais, cette trilogie.
01:22Donc, pendant deux mois, je n'ai lu que ce livre.
01:24Et ce qui est drôle, c'est qu'il m'a fallu, au fond, 20 ans, pour secouer un peu cette passion de Dumas que j'aime
01:30et l'illusion qu'il a créée, et me dire un jour, en entendant une histoire, un audiolivre sur les trois mousquetaires,
01:36mais est-ce qu'il n'y a pas quelque chose qui cloche dans cette affaire Milady ?
01:40Est-ce qu'elle a été justement traitée ? Et au fond, c'est parti d'un sentiment d'injustice.
01:44D'injustice, en fait. Parce qu'effectivement, on a l'impression que vous bâtissez votre roman
01:49afin de, non pas redorer son image, mais en tout cas la rendre plus équilibrée.
01:55Qu'on la comprenne.
01:55En fait, qu'on la comprenne, qu'on sache chacun d'entre nous si on a envie de lui pardonner ses crimes ou non.
02:01C'est la femme la plus détestée de la littérature, en tout cas l'une des plus détestées de la littérature.
02:06Et moi, je fais le pari qu'en la découvrant, peut-être qu'on aura envie de l'aimer.
02:10Alors, effectivement, mensonge, trahison, manipulation, meurtre, empoisonnement, le dossier est assez lourd.
02:19Il est lourd, oui.
02:20Comme le dit D'Artagnan, qui est aussi en scène dans ce roman et qu'on redécouvre avec plaisir et bonheur,
02:27on n'a pas du tout l'impression que c'est une captation d'héritage.
02:31Mais ça y est, on est dans la peau de D'Artagnan.
02:35Un D'Artagnan qui est hanté par son souvenir, en fait.
02:37En fait, j'imagine D'Artagnan au siège de Maastricht, à la fin de sa vie.
02:42Tout le monde sait que le siège de Maastricht sonne la dernière gloire et en même temps la fin de D'Artagnan.
02:47Et il se confie à son second, un jeune homme qu'il aime beaucoup,
02:51et il va raconter l'histoire de Milady et se questionner, c'est-à-dire ce qui lui semblait, il y a des années,
02:56une juste punition, il se demande s'il n'a pas commis là un crime.
03:01Et c'est tout ce que je voulais explorer, c'est-à-dire que ce n'est pas uniquement les hommes contre les femmes,
03:06c'est le parcours qu'on peut avoir, être épris de justice, avoir envie de découvrir la complexité de l'être humain, au fond.
03:13C'est ce qui me passionne depuis toujours.
03:14Alors vous faites dire à D'Artagnan, à propos de Milady, elle était toutes les femmes, anglaises ou françaises,
03:19sainte ou diablesse, grande dame ou catin.
03:21Milady faisait partie de ces créatures qui incarnent vos rêves avant de peupler vos cauchemars.
03:26Je l'ai aimée furieusement et haïe de toutes mes forces.
03:29Et effectivement, à la fin de sa vie, D'Artagnan veut en fait poser une esquisse de vérité, comme vous écrivez.
03:34C'est tout à fait ça.
03:35Et en fait, je convoque des témoins, je reparcours sa vie.
03:39Je me suis fondée sur les indices de Dumas et j'ai imaginé, au fond, Dumas, c'est le précurseur de la série.
03:44C'est le premier qui fait travailler des auteurs en atelier d'écriture.
03:48Et je me suis dit, je vais me glisser à côté d'Auguste Maquet, qui était l'une de ses célèbres plumes,
03:52et je vais raconter ce qu'il n'a pas raconté.
03:55Et c'est vrai que moi, cette jeune femme, Milady, elle m'est apparue déjà petite fille.
03:59C'est-à-dire qu'on découvre son enfance, une petite fille qui cache et tient secrète un crime terrible,
04:05qui est dévorée d'un désir de vengeance, qui apprend finalement, qui a envie d'être un homme
04:11dans un monde où les femmes n'ont pas cette liberté-là.
04:15Et petit à petit, elle est venue aussi avec des personnages, une compagne d'enfance
04:19qui va témoigner évidemment nos héros mousquetaires, évidemment la grande passion avec Athos,
04:25son mari et celui qui lui en veut le plus.
04:28Et j'ai voulu aussi écrire les livres tels que Dumas nous les offre,
04:32à savoir un livre qui vous embarque, un livre écrit un peu au galop,
04:35avec les livres que j'aime lire en fait.
04:39En tout cas, effectivement, c'est réussi et vous venez d'évoquer son enfance,
04:43qui est un peu la clé de tout finalement, comme souvent d'ailleurs.
04:47Oui, parce qu'en fait, c'est la méchante par excellence.
04:51Et cette méchante par excellence, dès qu'on se penche sur son histoire
04:54et qui est ébauchée chez Dumas, il y a beaucoup d'indices,
04:57eh bien on commence à nuancer.
05:00Et est-ce que c'est normal que cette jeune femme qui meurt à 25 ans
05:05soit prisonnière de 10 hommes qui décident, en dehors de toute justice,
05:09de s'improviser ses juges ?
05:11Deux d'entre eux parmi ses juges l'ont passionnément aimée.
05:15Est-ce que c'est très objectif comme justice ?
05:17Elle n'a pas d'avocat.
05:18On n'entend à aucun moment sa voix et sa version de l'histoire.
05:21Et je me suis dit, au fond, ce n'est pas parce que c'est un personnage de fiction
05:25qu'elle ne peut pas réclamer justice.
05:27Et j'ai eu envie de lui redonner une chance.
05:30Vous avez relié les pointillés qu'avait tracé Dumas.
05:33Oui, exactement.
05:34Et fait émerger une milady à laquelle on s'attache en fait.
05:40D'ailleurs, vous vous y êtes attachée.
05:41Moi, je m'y suis considérablement attachée.
05:43D'ailleurs, elle est venue de manière insistante, un peu comme elle apparaît dans mon livre.
05:47C'est vrai que j'étais en train d'écrire un autre texte.
05:49Et à partir du moment où j'ai entendu cette histoire et où elle m'est apparue,
05:53je n'ai plus pu me débarrasser de milady.
05:57Et c'est pour ça que j'ai décidé de la suivre.
05:59En tout cas, c'est le personnage romanesque par excellence, finalement, milady.
06:03C'est vrai.
06:03Et moi, je défends la place du romanesque.
06:06Depuis le début, dans mes livres, j'ai beaucoup de respect pour l'autofiction.
06:09Il y a des textes magnifiques, d'ailleurs, en cette rentrée.
06:11Mais j'aime profondément le romanesque, la capacité d'aller ailleurs,
06:16d'expérimenter d'autres vies que la mienne.
06:18Et c'est ce que j'ai essayé de faire dans ce livre, en tout cas.
06:21En tout cas, je vous conseille vraiment ce livre.
06:24Ça s'appelle « Je voulais vivre ».
06:25C'est donc paru chez Grasset.
06:26Et vous parliez tout à l'heure de Cavalcade, de « Oui, on est emporté ».
06:31Et c'est donc un roman à lire.
06:33Merci beaucoup, Adélaïde de Clermonté.
06:35Merci infiniment, Anfield.
06:36Merci.
06:37Merci.
06:38Merci.
06:39Merci.
06:40Merci.
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