Passer au playerPasser au contenu principal
Anne Fulda reçoit Gaëlle Nohant pour son livre «L'homme sous l'orage» dans #HDLivres

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres Gaëlle Nohan.
00:03On vous a déjà reçu pour un livre précédent,
00:06le Bureau d'éclaircissement des destins,
00:08un très joli livre autour de la Seconde Guerre mondiale.
00:11Là on vous reçoit pour un autre livre qui lui se déroule
00:13durant la Première Guerre mondiale,
00:14qui s'appelle L'Homme sous l'orage,
00:16un livre qui est publié aux éditions de l'Iconoclaste,
00:19où il est question d'amour, de trahison, de guerre, de destin.
00:25Je l'ai dit, c'est un livre qui se déroule
00:27durant la Première Guerre mondiale.
00:30Dans un château, un domaine viticole,
00:32qui est dans le Roussillon.
00:34Alors vous l'avez dit, c'est une histoire qui est un peu née
00:37à partir d'un souvenir d'enfance que vous avez eue,
00:40parce que ce château, il existe,
00:42ce domaine viticole, c'était celui de votre arrière-grand-mère.
00:45Exactement.
00:46Et il y a eu un tableau, si j'ai bien vu,
00:51qui vous a inspiré et qui vous a donné l'idée de cette histoire,
00:55qui était un peu le point de commencement.
00:56Mon arrière-arrière-grand-mère,
00:59qui dirigeait ce domaine viticole pendant la Grande Guerre,
01:01recevait régulièrement des peintres dans ce château,
01:05qui, pour la remercier, lui laissaient des toiles.
01:09Et en l'occurrence, c'est une toile qui représente
01:11mon arrière-grand-mère jeune fille.
01:12Oui, c'est ça.
01:14Alors bon, là, on le verra,
01:15la peinture a un rôle important.
01:18Donc l'intrigue, en fait, commence très exactement en 1917.
01:21C'est important, cette année 1917,
01:23parce que c'est une année particulière dans la Première Guerre mondiale.
01:27La guerre commence à s'enliser.
01:29On se rend compte que les promesses du début sont loin d'être tenues,
01:34que la réalité de la guerre est assez terrible.
01:37Et on est en plein hiver.
01:39Il fait froid, il pleut.
01:43Et il y a un visiteur qui vient frapper à la porte du château.
01:48Et celle qui a le château, Isor, lui, refuse l'accès.
01:53Elle comprend que c'était un déserteur.
01:56Et cet homme, en fait, n'est pas un inconnu.
01:59Elle le laisse partir, mais elle le connaissait avant.
02:02C'est bien ça.
02:02Oui, c'est un jeune peintre.
02:05Isor, elle est un peu mécène à ses heures.
02:07Et elle s'intéresse à la peinture d'avant-garde
02:10qui était très ancrée dans ce territoire.
02:13Puisqu'il y avait Matisse et ses amis du côté de Collioure.
02:16Picasso du côté de Serré avec Braque, etc.
02:19Donc, il y a vraiment un territoire de peinture d'avant-garde par là.
02:22Et donc, elle a soutenu ce jeune homme.
02:25Elle le trouve doué.
02:27Mais là, il y va de son patriotisme.
02:31Elles, son mari et son fils sont au front.
02:33Elle ne va pas accueillir un déserteur.
02:34D'une part, c'est interdit.
02:36Mais ensuite, elle est choquée au fond d'elle-même.
02:39C'est la révolution.
02:40Elle est vraiment choquée.
02:40Oui, tout à fait.
02:41En revanche, ce n'est pas le cas de sa fille.
02:43Alors, sa fille...
02:45Qui a 19 ans.
02:46Ce n'est pas qu'elle est choquée ou pas choquée.
02:48C'est qu'elle a pitié.
02:50Elle a vraiment un réflexe de compassion.
02:52En voyant cet homme s'apprêter à dormir par terre,
02:56dehors, sur une terrasse.
02:58Et qu'elle décide de le cacher.
03:00Et au départ, c'est vraiment un geste qu'elle va s'expliquer.
03:02C'est juste comme un geste de pure charité.
03:05Sauf qu'à l'époque, l'Église a choisi son camp dans cette guerre.
03:08Et qu'elle ne serait absolument pas d'accord avec le fait qu'on cache un déserteur.
03:13Oui.
03:13Donc, la fille s'appelle Rosalie.
03:16Donc, elle décide de cacher ce déserteur, qui est peintre quand même à l'origine, on le rappelle,
03:21dans le grenier de la maison.
03:24Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, c'est un homme qui arrive dans un univers
03:29qui, depuis le début de la guerre, est un univers de femmes.
03:33Et c'est ça qui est intéressant, parce que vous mettez le projecteur aussi là-dessus.
03:36C'est bien connu, pendant cette guerre-là, surtout, les hommes étant au front pour la
03:41plupart, les femmes ont dû se débrouiller.
03:44Et la mère, notamment Isor, elle a pris goût à ce nouveau statut, à cette nouvelle
03:52indépendance.
03:53Elle s'occupe du domaine et elle aime ça.
03:56C'est intéressant, ce changement de statut.
03:58Oui, il y a la guerre, c'est terrible.
03:59Par exemple, son mari lui manque, son fils lui manque, et ce sera compliqué.
04:03Mais il y a aussi ces nouveaux horizons qui s'ouvrent.
04:07Absolument.
04:08Et c'est vrai que les femmes ont été, on leur a demandé de tenir le pays, de prendre
04:14les places des hommes du jour au lendemain.
04:16Isor, elle a dû apprendre le métier de la vigne, qui est quand même un métier très
04:19difficile.
04:20Elle a sacrifié ses mains, ce qui n'est pas rien pour une grande bourgeoise.
04:24Mais en même temps, elle a pris goût.
04:27C'est un métier, c'est la première fois qu'elle apprend un métier, déjà, qu'elle
04:31a un métier.
04:32Et au moment où l'histoire commence, elle en est arrivée à un point où elle n'est
04:36pas loin de penser qu'elle le fait mieux que son mari.
04:39Oui.
04:41Alors, sa fille comme elle, d'ailleurs, ce qui donne quand même un lien avec la guerre,
04:46s'occupe l'une et l'autre de blessés, d'hommes qui reviennent du front, qui sont
04:54mutilés, abîmés dans leur chair.
04:58Et ça aussi, c'est quelque chose, tout d'un coup, cette confrontation avec la réalité
05:03de la guerre qui traverse le livre et qui est intéressant.
05:08Dans ce roman, en ce qui concerne Rosalie, cette jeune fille, elle n'a rien vécu.
05:14Elle sort de pension.
05:15Et la guerre l'a fait grandir à toute allure.
05:18Et elle la confronte.
05:19Moi, je trouvais ça intéressant.
05:21Pour elle, c'est vraiment un roman initiatique.
05:23Et son initiation passe par la découverte du corps de l'autre à travers des corps qui
05:29sont très abîmés.
05:31Mais elle n'est pas dans un corps d'homme.
05:34Elle l'aurait découvert à l'époque, le soir de sa nuit de noces.
05:38Là, elle n'est pas dans cette position-là.
05:41Elle est celle qui soigne, celle qui aide.
05:43Et donc, elle est active, actrice, dans cette relation-là.
05:48Et ça lui permet aussi de...
05:50Tout à coup, le corps d'un homme, ça n'est plus un objet de fantasme, de crainte.
05:54C'est la réalité du corps d'un homme et la réalité de la guerre
05:57contre ce que la propagande leur raconte.
05:59Et il y a aussi la réalité d'un homme qu'elle abrite.
06:04Enfin, ce qui l'anime.
06:06Et ce qui est intéressant, c'est qu'il va naître entre eux une relation proche
06:11qui est notamment faite...
06:13Il lui parle de ce qu'il aime, c'est-à-dire de la peinture notamment.
06:17D'ailleurs, elle lui donne de quoi peindre.
06:20Ça aussi, c'est un univers qu'elle ne connaît pas vraiment, sa fille.
06:25Elle ne le connaît pas vraiment.
06:26Mais pour elle, c'est un territoire un peu sacré
06:31parce que c'est ce qu'elle a toujours partagé avec sa mère.
06:34Sa mère l'a éduquée, lui a fait l'œil un peu.
06:38Et donc, pour elle, la peinture, c'est ça du prestige.
06:41Or, cet homme, par ailleurs, lui apparaît comme un lâche.
06:45Du reste, tout le monde le voit comme un lâche
06:46sans savoir quelle est son histoire, son vécu
06:49et sans avoir envie de s'y intéresser.
06:50Donc, comment on peut être à la fois fasciné par quelqu'un
06:56parce qu'il est peintre
06:57et en même temps, le trouver l'âge,
06:58ce qui est un tue-l'amour, a priori ?
07:01C'est cette ambivalence qui m'intéressait.
07:04Alors, ce qu'il y a aussi comme fil
07:07qui relie les uns et les autres,
07:08c'est que chacun refuse la place
07:10où il est, en fait,
07:13veut bouger.
07:14Donc, la mère, on l'a dit,
07:16elle goûte ce nouveau statut,
07:18la fille aussi.
07:20Il y a aussi un personnage,
07:22il y a le peintre qui, effectivement,
07:24enfin, le peintre déserteur
07:25qui aimerait ne pas être comme ça
07:29l'objet de toutes les vindictes.
07:31Et puis, il y a aussi un personnage
07:32qui est une bonne qui travaille au château,
07:35Marthe,
07:35qui, elle aussi, voudrait sortir de sa condition.
07:38C'est un fil comme ça, conducteur,
07:41à travers le livre.
07:42Disons que c'est vraiment un livre
07:44qui confronte un consentement collectif
07:47à la guerre,
07:48présenté comme existentiel à l'époque,
07:51avec plusieurs personnages
07:53qui n'arrivent pas à renoncer
07:54complètement à leur vie.
07:56Cette jeune fille, on lui a dit,
07:57tu retrouveras ta vie
07:58quand la guerre sera finie.
08:00La mère est censée être juste
08:01le factotum de son mari.
08:03Cette bonne est censée
08:04s'oublier entièrement dans le service.
08:06Et ces personnages n'y arrivent pas.
08:08C'est vraiment, en effet,
08:09leur point commun.
08:10Donc, quid de leur désir,
08:14de l'envie de vivre aussi,
08:15parce que ce n'est pas parce qu'on est en guerre
08:17que l'envie de vivre s'absente.
08:19Au contraire,
08:19elle peut être encore plus aiguë.
08:21Et comment concilier cette envie de vivre,
08:24ces désirs, ces besoins,
08:25avec sa loyauté,
08:26avec le devoir,
08:28avec l'envie de bien faire ?
08:29Et puis, on verra après,
08:30avec la fin de la guerre,
08:32avec le retour ou pas
08:34des uns et des autres,
08:35qui n'est pas toujours quelque chose
08:37d'évident.
08:38En tout cas,
08:39c'est un huis clos
08:40qui est vraiment très intéressant.
08:42Enfin, pas que d'ailleurs,
08:43mais dans un premier temps,
08:44un huis clos
08:44qui est vraiment passionnant.
08:46Ça s'appelle
08:47L'Homme sous l'orage.
08:48C'est paru aux éditions
08:49de l'Iconoclast.
08:50Merci beaucoup, Galdon.
08:51Merci à vous.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations

17:30
À suivre