00:00On va les poser la question tout de suite. Vous m'offrez une transition toute faite, Arthur Delaporte, député PS du Calvados.
00:07Bonsoir Arthur Delaporte.
00:08Bonsoir.
00:09Bon, je ne vous demande pas ce que vous avez pensé de l'allocution de François Bayrou.
00:13Vous avez été la cible au Parti Socialiste assez régulière des sorties du Premier ministre.
00:19De bonne guerre, on disait dans ce studio ?
00:22Je dirais que ce n'est pas digne d'un Premier ministre.
00:24S'il avait été un peu à la hauteur de la situation déjà, il ne se serait pas retrouvé enfermé à faire des châteaux de cartes budgétaires dans son bureau à Matignon pendant tout l'été.
00:34Mais je crois que ce soir, il a montré qu'il était encore plus en dessous de ce qu'on pouvait attendre de quelqu'un dans sa fonction.
00:41C'était pathétique.
00:43C'était des attaques gratuites.
00:45Et il a balayé d'un revers de la main le plan budgétaire sérieux que nous avons, nous, construit pendant tout l'été.
00:50et qui visait justement à montrer qu'une alternative était possible à ces politiques qui visent d'abord à taper son oreille.
00:56Donc voilà, moi je ne suis que consterné par un Premier ministre de toute façon en sursis.
01:02Puisque la bonne nouvelle finalement de la soirée, c'est qu'on n'a plus que huit jours à supporter ce type d'émission.
01:07On va y revenir sur les attaques sur votre contre-proposition budgétaire.
01:11Mais dans le même temps, il faut être honnête, Arthur Delaporte, ça vous arrange.
01:14Finalement, j'imagine au Parti Socialiste qu'il n'y ait pas eu d'étincelle lors de cette interview.
01:19De toute manière, vous aviez acté le fait que c'était tiré vocable.
01:24Olivier Faure l'a encore redit ce matin.
01:26Donc il n'avait aucune chance.
01:28Vous ne lui avez de toute manière laissé aucune chance.
01:31Mais il ne s'est laissé aucune chance.
01:33Je crois que ce n'est pas un retournement de la responsabilité qu'il faut.
01:36C'est le véritable responsable de cette situation.
01:38Le Premier ministre, ce n'est pas les socialistes qui n'ont été que spectateurs de sa nullité.
01:42Donc voilà, moi je dis aujourd'hui, on doit changer de politique.
01:46On doit changer donc de Premier ministre.
01:48Et c'est vrai que ce soir, c'était un peu un discours d'adieu.
01:50Mais on aurait espéré quelque chose de plus digne, de plus à la hauteur.
01:53Peut-être un bilan rétrospectif sur ce qu'il avait pensé faire de bien à Matignon.
01:58Et non pas avoir l'impression de quelqu'un qui s'accroche au pouvoir, mais dans une espèce de déni absolu.
02:03Bonsoir Arthur Delaporte.
02:04J'espère que vous allez bien depuis mardi dernier.
02:07Finalement, on voit bien que vous n'avez pas changé de position par rapport à François Bayrou et lui non plus.
02:12Moi non plus, je n'ai pas changé.
02:13Voilà, non mais c'est ça, il n'y a personne qui change de position au vu de la rigidité du Premier ministre.
02:19Est-ce que les consultations de la semaine prochaine servent encore à quelque chose ?
02:23On voit bien qu'il n'y aura aucune avancée.
02:24Finalement, François Bayrou vous dit qu'il n'est finalement pas prêt de façon à bouger.
02:28Donc finalement, ça ne sert à rien, vous allez perdre du temps la semaine prochaine.
02:31Non mais c'est vrai qu'il a été extrêmement clair.
02:32Il a dit que nos propositions étaient les plus éloignées possibles de sa politique.
02:37Et donc finalement, il n'accepte pas d'entrer dans une discussion.
02:41Et il peut raconter qu'il a cherché peut-être à, ou pensé, mais comme il pensait qu'ils étaient aussi en vacances,
02:47à appeler les oppositions pour essayer de discuter avec eux.
02:50Mais comme on ne veut pas changer de politique, on va devoir changer de Premier ministre.
02:55Je suis désolé de lui dire.
02:56On ira lui dire d'ailleurs à Matignon, parce que nous, on est poli, courtois, on n'est pas dans le mépris.
03:01Quand on nous demande de venir, eh bien, on se rend aux invitations républicaines.
03:05Mais on ne s'y rend pas pour négocier quoi que ce soit.
03:08On s'y rend pour lui signifier son congé.
03:11Avec respect et politesse.
03:13C'est à la différence d'un Premier ministre qui s'est enferré dans le mensonge.
03:16Et je dirais même, dans le ridicule, quand il s'est mis à expliquer qu'il n'y avait pas de téléphone portable
03:21et qu'on en était encore à l'heure des pigeons voyageurs,
03:23que tous les responsables politiques étaient probablement dans la jungle et sans réseau au milieu de l'été
03:28et qu'il était seul dans son bureau à Matignon.
03:30Olivier Faure l'a dit ce matin sur BFM.
03:32Il était revenu de vacances le 30 juillet.
03:34Quand est-ce qu'il l'a appelé, François Bayrou ? Jamais.
03:36Arthur, pourquoi je ne vous ai pas Arthur Alexis de La Fontaine ? Pardonnez-moi.
03:40Vous avez dit qu'il fallait changer de Premier ministre.
03:42François Bayrou a beaucoup parlé aussi de l'après 8 septembre.
03:48Et il a totalement écarté, lui, l'hypothèse d'une dissolution.
03:50Il disait que ce n'était pas une bonne solution.
03:53Ça n'est pas clarifié la situation.
03:54Et il s'en est aussi beaucoup pris à Olivier Faure
03:56parce qu'il accuse un petit peu Olivier Faure de vouloir prendre sa place.
03:59Est-ce que Olivier Faure veut aller à Matignon, sincèrement ?
04:02Ce que Olivier Faure a dit est extrêmement clair.
04:04On ne va pas jouer le concours des noms.
04:06On va jouer surtout le concours des projets.
04:09On a un projet.
04:10On pense qu'il est bon pour le pays.
04:11On pense qu'il est une alternative crédible à la suite de François Bayrou.
04:14François Bayrou dit que vous voulez augmenter encore la dette, clairement,
04:19avec votre contre-proposition budgétaire.
04:22C'est parce qu'il n'a pas ouvert nos propositions.
04:23Nous, on a un projet de réduction du déficit de 22 milliards d'euros l'an prochain.
04:26Donc, ça veut dire que la dette va diminuer
04:27si on réduit le déficit de 22 milliards d'euros.
04:30Vous avez commencé par diviser par deux les économies,
04:3321 milliards au lieu de 44 milliards ?
04:36Non, non, ce n'est pas exact.
04:38On parle d'économies, on fait des économies.
04:40Il n'y a pas 44 milliards d'économies dans le plan Bayrou.
04:42C'est totalement faux.
04:43Il y en a 20.
04:44Il y a 40 milliards de recettes nouvelles qui pèsent sur les catégories populaires.
04:48Nous, on ne fait pas 20 milliards d'économies.
04:49Certes, on en fait 14 milliards, ce qui est déjà beaucoup.
04:51Sauf que nous, on épargne les travailleurs et on épargne les services publics.
04:54Et par ailleurs, oui, on va chercher des recettes nouvelles,
04:5727 milliards d'euros, ce qui est déjà énorme,
04:59ce qui est certes légèrement moins que le Premier ministre qui fonctionne.
05:02Dans la poche des hauts revenus et des entreprises
05:04qui sont déjà dans une instabilité mortifère.
05:08Demandez aux Françaises et aux Français.
05:10Aujourd'hui, est-ce qu'ils préfèrent que le Premier ministre
05:12leur prenne 30 milliards dans leur poche ?
05:15Ou est-ce qu'ils préfèrent qu'ils prennent 26 milliards dans les poches,
05:19non pas des gens qui sont un peu riches,
05:21mais des hyper riches, des gens qui ont plus de 100 millions d'euros de patrimoine ?
05:24Je crois que ces gens-là peuvent se permettre de payer une petite contribution
05:28au redressement des finances publiques, alors même qu'ils ont...
05:31C'est déjà le cas, Arthur Delaporte.
05:34On a eu cette conversation hier avec la porte-parole Emma Rafovitch.
05:39On répète quand même une nouvelle fois que 10% des Français payent 75% de l'impôt sur le revenu.
05:46Il y a déjà cette contribution des hauts revenus, d'ailleurs sous Sarkozy, sous Nicolas Sarkozy.
05:52C'est déjà le cas.
05:53D'ailleurs, François Bayrou a prévu aussi une nouvelle contribution dans son discours du 15 juillet.
06:00On a le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé de l'OCDE, 43%.
06:04Est-ce que vous pensez que par ces éternelles propositions qui datent de Mathusalem de faire la poche des Français,
06:14est-ce qu'on va s'en sortir vers le haut ?
06:16Je ne sais pas si vous vous rendez compte du mépris que vous venez d'afficher à l'instant.
06:19Parce que je vous explique qu'on va aller...
06:20Je ne vois pas en quoi c'est méprisant.
06:21Non, non, mais écoutez-moi.
06:23François Bayrou projette 30 milliards de recettes nouvelles.
06:26On projette 26,9.
06:27On va moins augmenter le taux de prélèvement obligatoire que François Bayrou.
06:31Donc je ne vois pas en quoi on va augmenter les impôts au global.
06:36La seule différence, c'est qu'on inverse la répartition de l'effort.
06:39Aujourd'hui, François Bayrou fait peser l'essentiel de l'effort, 90%, sur 99% de la population.
06:46Nous, on va aller chercher la taxe Zuckman sur les fortunes de plus de 100 millions d'euros.
06:52Un constitutionnel pour François Bayrou, il vous répond.
06:55Ce n'est pas un constitutionnel.
06:56C'est justement une proposition qui a été votée à l'Assemblée nationale.
07:01Il y a un mois.
07:02Et ce n'est absolument pas confiscatoire.
07:04Quand vous avez aujourd'hui un patrimoine de 100 millions d'euros qui accroît chaque année de 10% sa valeur.
07:10Oui, vous pouvez donner 2%.
07:11Mais Arthur Delaporte, bien sûr, tout le monde vous donnera raison sur le papier.
07:14Mais est-ce que ce n'est pas un peu démagogique ?
07:16Le patrimoine, vous savez, parfois c'est placé.
07:19C'est dans des holdings.
07:20On ne peut pas toujours l'utiliser.
07:23Vous savez ce que font les ultra-riches.
07:24Ils s'achètent des yachts.
07:25Ils les mettent dans des holdings.
07:27Comme ça, ils ne payent pas de droits sur les successions.
07:29Et derrière, ils font des packs de transmission d'entreprises.
07:32Et en fait, de transmission de foncières qui possèdent les yachts.
07:34Dans lesquels leurs enfants vont se balader en mer de l'étéranée.
07:37Jules Torres.
07:39Non, mais est-ce que vous n'avez pas l'impression...
07:40Ce n'est pas la faute au gouvernement.
07:42C'est une question assez simple.
07:44Est-ce que vous n'avez pas un peu l'impression de tomber dans le même écueil que François Bayrou ?
07:47Qui a commis, selon moi, une faute politique en s'en prenant en boomer.
07:51C'est-à-dire qu'en vous en prenant en riche.
07:54Qui d'ailleurs, a derrière cela une définition extrêmement floue.
07:57A partir de combien on est riche.
07:59Là, on parle de capitaux qui ne sont pas forcément sur des comptes courants.
08:04Donc voilà.
08:05On a mal à comprendre.
08:07Oui, mais je vois bien la taxe Zuckman.
08:08J'ai bien compris.
08:09Je vois bien.
08:10Et d'ailleurs, je pense que dans le débat, ça peut être quelque chose qui peut être intéressant.
08:14Mais du reste, on a l'impression, quand à gauche, vous parlez des riches, vous mettez beaucoup de gens derrière cela.
08:19Et ça peut heurter aussi les auditeurs d'Europe 1 qui nous écoutent.
08:21Non, là, c'était assez précis.
08:22C'était 100 millions d'euros.
08:24Vous m'avez demandé d'être précis.
08:26Et je vous ai dit, 100 millions d'euros, c'est ce qu'on appelle les ultra-riches.
08:28La différence entre ce que François Bayrou appelle les boomers, qui représentent quand même 35% de la population française,
08:33et les ultra-riches, qui représentent 0,001% de la population française,
08:38c'est qu'il y en a d'un côté qui sont pauvres, et de l'autre qui sont riches et qu'on ne va pas faire payer.
08:43Bon, vous n'allez pas résorber tous les déficits avec cette taxe.
08:46Après, c'est ultra-riches dont vous parlez, moi je peux comprendre cet argument,
08:48mais ils sont quand même créateurs d'emplois, et si eux quittent la France, on va quand même être bien embêtés.
08:53Mais je vais vous dire, ce qui crée de l'emploi, c'est aussi les dépenses de l'État.
08:57Et aujourd'hui, on sait très bien que si on restreint, comme le fait François Bayrou,
08:59les dépenses de l'État, notamment les dépenses d'investissement des collectivités locales,
09:03qui font tourner les boulangeries, qui font tourner les fleurises,
09:06qui font tourner l'économie locale, notamment le secteur de l'aide à la personne, etc.
09:09Vous voyez bien que ça va aussi plomber l'emploi.
09:13Je ne compte pas que sur Bernard Arnault pour créer de l'emploi.
09:15Moi, je compte sur la société, sur les artisans.
09:18Et aujourd'hui, quand je vais voir des personnes qui gagnent le SMIC
09:20et que je leur demande si elles veulent gagner moins,
09:22elles vont me dire non.
09:23Si je leur dis par contre, avec le projet qu'on vous propose,
09:25on va augmenter des personnes qui gagnent moins de 2200 euros brut par an,
09:28de 900 euros par an,
09:32je crois que ces personnes-là vont me dire
09:34« Écoutez, moi, je vote plutôt pour votre plan que pour le plan François Bayrou,
09:37qui va geler les aides sociales. »
09:38900 euros par an, ça fait 75 euros par mois.
09:41Eh bien oui, 75 euros par mois, excusez-moi,
09:44mais c'est énorme quand vous n'arrivez pas à boucler votre budget.
09:46C'est énorme, mais ça ne résout pas tous les problèmes.
09:49C'est évident que ce n'est pas ça qui va résoudre les problèmes.
09:51Mais si vous vivez avec 1500 euros par mois,
09:56et je crois que vous avez fait l'expérience de gens qui vont à l'aide alimentaire,
09:5975 euros par mois, c'est le budget alimentation.
10:01Et je vous donne entièrement raison sur le principe,
10:0575 euros, oui, ça change quelque chose,
10:07mais ça ne va pas tout résoudre non plus.
10:09François Bayrou, il préfère prélever...
10:10Rapidement, Alexis de La Fontaine, Arthur de La Porte,
10:12Alexis de La Fontaine, je vous appelle.
10:13Juste une question, parce que vous dites que vous n'allez pas faire porter la charge aux travailleurs,
10:16mais dans votre programme, vous prévoyez quand même 14 milliards d'euros de coûts budgétaires,
10:19notamment en supprimant des aides aux entreprises,
10:22mais supprimer les aides aux entreprises,
10:23ça va aussi engendrer des licenciements et des fermetures d'entreprises
10:26qui vont encore engendrer des licenciements.
10:28Là où je préfère vous les tromper, c'est que les aides aux entreprises,
10:31on ne supprime pas toutes les aides aux entreprises.
10:33C'est extrêmement limité, aujourd'hui, les aides aux entreprises.
10:35Mais ça va forcément engendrer des licenciements.
10:37Comme efficace, c'est par exemple la mise sur les armateurs,
10:40excusez-moi, mais CMACGM,
10:42c'est des gens qui préfèrent embaucher des philippins que des français.
10:45La réforme du pacte...
10:45Ça va faire plaisir à nos confrères de BFM TV
10:47qui sont sur les autres rondes, Arthur de La Porte.
10:51Non, mais je vous le dis,
10:53et je vous le dis aussi qu'on va recentrer le crédit d'impôt
10:56sur les services à la personne
10:57et qu'on va réformer le crédit d'impôt recherche.
10:59Ce n'est pas là où il y a le plus d'aides de l'État
11:02et sur les cotisations qui sont au-delà de 2,5 milles.
11:06Donc pareil, ce n'est pas là où c'est le plus créateur d'emploi.
11:09Arthur de La Porte, si vous le souhaitez,
11:11restez avec nous quelques instants.
11:12On marque une pause et on revient pour ce débriefing
11:15et ses réactions politiques dans quelques instants.
11:19Merci d'avoir été avec nous, Arthur de La Porte.
11:21On note que vous n'avez pas été convaincu,
11:24en même temps pas de surprise,
11:26par le discours de François Bayrou,
11:28que vous irez voir quand même demain à Matignon.
11:29Je pense que j'ai plus de chances de le convaincre que François Bayrou.
11:32Merci à vous et on se retrouve dans quelques instants sur Europe 1 en direct.
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