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  • il y a 3 mois

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00:00Dans cette nouvelle demi-heure, on va se poser de nouvelles questions dans Elliot de Valais-Vous.
00:04La rentrée scolaire vous inquiète-t-elle ?
00:06Puisque c'est demain, 12 millions d'écoliers reprennent le chemin des bancs de l'école dès demain.
00:10Et pour en parler, vous pouvez aussi nous appeler au 01 80 20 39 21.
00:15Et on est toujours dans le studio Europe 1 avec Jules Torres et Thomas Bonnet,
00:20respectivement journalistes au JDD et Thomas Bonnet à CNews.
00:23Et on est très heureux de recevoir dans le studio Nathan Smadja.
00:27Bonjour Nathan.
00:28Bonjour.
00:28C'est le président fondateur de l'association Résiste.
00:32Vous êtes devenu une figure de la lutte contre le harcèlement scolaire.
00:37Est-ce que vous pouvez nous raconter en quelques minutes votre parcours
00:42et pourquoi aujourd'hui vous luttez contre ce fléau-là ?
00:45J'ai été victime de harcèlement en 2015 à l'âge de 11 ans dans un collège public à Paris.
00:50Ça a été un an de longue souffrance où on est allé jusqu'à m'agresser sexuellement à la piscine
00:55pour vérifier que j'étais bien juif et circoncis.
00:58Ça a duré un an et j'ai mis un peu plus de 7 ans à me reconstruire.
01:03Et à la suite du décès de Lucas et de l'INSEE en 2023,
01:08j'ai décidé de fonder mon association pour aller à la rencontre des élèves et les sensibiliser,
01:12parler aux parents, les rassurer mais aussi les accompagner et faire des propositions.
01:16Parce qu'encore aujourd'hui, il y a trop peu d'actions pour lutter contre le harcèlement d'abord,
01:24mais aussi pour plus généralement assurer un cadre de vie sain et sûr pour nos enfants.
01:30Alors évidemment c'est un sujet qui est majeur.
01:33Je me souviens qu'à la disparition de l'INSEE, ça a été un scandale d'État
01:37parce qu'il y avait eu des signaux, ils n'avaient pas été pris en compte,
01:41si mes souvenirs sont bons, par l'éducation nationale.
01:44Et de toute façon, c'est ça aussi qui est insupportable chez nos responsables politiques,
01:48c'est que le mot responsable dans responsable politique n'existe plus.
01:52C'est courage, fuyons, c'est pas de ma faute, il n'y a pas de problème,
01:55on va faire des grandes enquêtes qui vont aboutir à rien.
01:59Vous parlez de mesures concrètes contre le harcèlement scolaire.
02:02Quelles sont par exemple les mesures qui ont permis quand même d'avancer
02:06pour lutter contre ce harcèlement scolaire aujourd'hui ?
02:09En septembre 2023, il y a un plan interministériel qui a été annoncé avec plusieurs mesures,
02:15notamment le 3018 qui est un numéro unique, qui était quand même le B.A.B.
02:20On a annoncé des cours d'empathie.
02:23Personnellement, je trouve que ça démontre bien quand même l'état de notre société
02:26qu'on doit apprendre à des enfants l'empathie.
02:29Moi, on m'a appris le...
02:31Pardonnez-moi, j'ai pas eu besoin de cours pour être empathique.
02:35Pardonnez-moi, moi j'ai du mal aujourd'hui, parce qu'on va en parler dans un instant.
02:40Pour la rentrée scolaire, il y aura des cours d'éducation à la vie affective et sexuelle.
02:45La vie affective dès la maternelle et sexuelle, ça me pose problème.
02:49Surtout qu'il y a le cadre scolaire.
02:52Moi, à l'école, je viens à l'école pour apprendre, pour être instruit,
02:56pour rêver, pour penser à l'avenir.
03:02Et puis chez moi, j'ai une éducation qui me permet justement de connaître ces principes
03:09qui sont fondamentaux, la bienveillance, l'empathie.
03:13Et on voit que ce cadre-là n'existe plus et qu'aujourd'hui, l'école fait le travail de la famille, en quelque sorte.
03:19Moi, je suis pour la responsabilisation des parents, je renforce, on va un peu partout en France,
03:25sensibiliser les parents, et je crois vraiment au partenariat parent-prof.
03:29Nous, ça fait un an qu'on bosse sur une proposition phare, qui est de transférer,
03:33sur un vrai sujet, la santé scolaire, de transférer la tutelle du ministère de l'éducation nationale au ministère de la santé.
03:39Pourquoi, aujourd'hui, on s'est rendu compte qu'un détenu en prison est mieux soigné que nos enfants ?
03:43Et ça, pour moi, c'est un véritable scandale.
03:45Aujourd'hui, un détenu qui est en prison a plus de soins, voit plus un médecin qu'un enfant à l'école publique.
03:51À l'école publique, c'est un médecin pour 13 000 élèves.
03:54Et donc, pour moi, ça, c'est la mesure qui devrait créer un consensus.
03:59Parce qu'aujourd'hui, les enfants ne voient pas de médecin.
04:01Et le médecin à l'école peut régler des problèmes de santé mentale.
04:04Tout le monde parle de santé mentale en ce moment, et personne ne règle le problème.
04:07On parle de harcèlement scolaire, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
04:09On parle de cours d'empathie.
04:11Moi, je pense que le B.A.B.A., c'est d'avoir un médecin pour les élèves.
04:15Et moi, je le vois, il n'y a pas de psy, il n'y a pas de médecin, on ne voit rien.
04:20Sur les mesures qui ont été lancées il y a deux ans, je ne sais pas où elles en sont.
04:24Personne ne sait.
04:24Il n'y a déjà pas de psy et de médecin dans les hôpitaux.
04:27Si vous voulez encore des psys et des médecins dans les écoles, ça risque d'être compliqué.
04:30Il n'y a pas de prof dans les écoles.
04:31Mais vous avez raison, Nathan, d'alerter là-dessus.
04:34Je voudrais qu'on revienne sur ce que vous, vous avez vécu,
04:37puisque vous dites que vous avez été harcelé pendant un an.
04:40Comment vous en êtes sorti ?
04:42J'ai eu la chance d'avoir un soutien familial très fort.
04:46Et ils m'ont mis en confiance.
04:48J'ai très vite compris que je pouvais parler, ce qui n'est pas le cas de toutes les familles.
04:53Et donc, notamment avec mon père, j'ai pu aller déposer plainte.
04:58Elle a été classée sans suite.
04:59Mais au moins, j'avais un soutien familial qui me permettait d'avancer.
05:02Je ne vais pas vous cacher que j'ai eu des pensées suicidaires et j'ai voulu mettre ça à mes jours.
05:05Mais je ne l'ai pas fait.
05:08Et je pense qu'in fine, cette année de calvaire m'a renforcé.
05:15Et en tout cas, m'a donné la détermination de me dire, plus jamais ça pour les autres élèves.
05:19Donc je suis un peu frustré aujourd'hui de voir que les choses ne bougent qu'un tout petit peu,
05:25parfois, mais qu'il faille attendre des drames et des morts.
05:28On parle de rentrée scolaire demain.
05:29Moi, il y a Lucas, il y a l'INSEE, il y a Évaël, qui demain n'iront pas à l'école.
05:33Tout simplement parce qu'ils sont les victimes et que la société n'a rien fait.
05:36Et ça, ça me pose problème.
05:38Thomas Bonnet, peut-être une réaction sur cet enjeu qui est majeur.
05:41Notre question 01, 80, 20, 39, 21.
05:45La rentrée scolaire vous inquiète-t-elle ?
05:47Alors, il y a la question du harcèlement.
05:49Mais il y a aussi, est-ce que les parents sont inquiets pour leurs enfants
05:52pour qu'ils puissent avoir le meilleur enseignement possible ?
05:57Est-ce que ça existe encore, ça ?
05:58Est-ce que les parents n'ont pas peur de revivre les drames
06:03qu'il y a pu avoir l'année dernière avec ces attaques au couteau,
06:06avec cette élève à Nantes qui a été poignardée par un de ses camarades de classe,
06:10ou alors cette surveillante qui a été, elle aussi, poignardée par un adolescent au juin dernier ?
06:16À nos gens sur Marne, en effet.
06:17Moi, je suis très touché par votre témoignage, Nathan,
06:19et je pense qu'on est plutôt représentants de la jeune génération dans ce studio.
06:23Et je pense que c'est aussi notre rôle, collectivement,
06:25d'alerter sur ce qu'est devenu l'école, ce que sont devenus le collège et le lycée.
06:29Parce que je me mets à la place de certains auditeurs qui se disent
06:32« Non mais pourquoi on aurait besoin de mettre des psys à l'école ? »
06:34Moi, j'étais à l'école quand j'étais petit et je n'ai pas eu besoin d'aller consulter un psy.
06:38Mais pourquoi aujourd'hui il y a ce besoin-là ?
06:39Parce que les parents ont démissionné dans un grand nombre de cas, c'est triste à dire,
06:43mais il y a beaucoup d'élèves aujourd'hui qui n'ont plus du tout l'autorité parentale.
06:47Et c'est pour cette raison qu'il faut apprendre à l'école les notions d'empathie.
06:50Et pareil, je trouve ça terrifiant.
06:52Mais c'est important de montrer que l'école a vraiment changé.
06:55Et quand on parle du niveau scolaire qui est en dégringolade,
06:59je pense qu'il ne faut pas décorréler ça de l'état d'esprit qui règne aujourd'hui chez les élèves.
07:04Aujourd'hui, à l'école, être un bon élève, c'est parfois mal vu.
07:08C'est être pointé du doigt.
07:09C'est prendre le risque d'être pointé du doigt.
07:11Et ça, ça fait partie des questions de harcèlement.
07:13C'est très important que nos responsables politiques prennent conscience de ces questions.
07:17Jules Torres n'a pas vécu ça, c'était un cancre.
07:20Pas court.
07:21Et t'es au dernier rang, toujours avec les mauvaises notes.
07:23Mais c'est devenu un grand journaliste politique.
07:26Je voudrais qu'on écoute Elisabeth Borne cette fois-ci.
07:28On revient aux choses sérieuses parce qu'Elisabeth Borne a quand même un peu parlé de sécurité
07:32lors de cette conférence de presse.
07:34En revanche, le terme autorité, c'était mercredi après-midi.
07:39Elle n'a pas employé une seule fois.
07:41Nous devons lutter sans concession contre la banalisation de la circulation des armes blanches chez les jeunes.
07:46Depuis le mois de mars et la diffusion d'un télégramme conjoint avec Bruno Retailleau,
07:51près de 400 armes ont été saisies lors de plus de 6200 fouilles menées partout en France.
07:56Désormais, tout élève qui introduit une arme dans un établissement sera traduit systématiquement devant un conseil de discipline.
08:02Dans le même temps, un signalement sera transmis au procureur.
08:05Une mesure clé sera généralisée.
08:07Le protocole d'accompagnement et de responsabilisation des parents en cas d'exclusion définitive.
08:13Car chaque enfant, chaque adolescent doit non seulement être sanctionné quand c'est nécessaire,
08:17mais aussi accompagné et ses responsables légaux pleinement associés.
08:21Bon, sur la question de sécurité, c'est très important.
08:25J'ai l'impression qu'il y a un grand tabou là aussi.
08:27C'est qu'on refuse de voir ce qui peut se passer à l'école,
08:31c'est-à-dire des élèves qui n'ont plus aucune limite entre eux,
08:36mais des élèves qui ne respectent plus le professeur qu'ils ont en phase 2, Nathan Smadja.
08:41Et je rappelle que vous êtes président fondateur de l'association Résiste.
08:45Aujourd'hui, l'autorité, j'ai l'impression que c'est devenu un gros mot.
08:48C'est devenu un gros mot, et je le vois encore une fois,
08:51et j'interviens beaucoup chaque année partout en France.
08:54Les parents veulent qu'on les aide.
08:58Moi, j'explique souvent que le mot autorité, ça ne veut pas dire autoritaire,
09:01et que le mot autorité, ça veut juste dire mettre un cadre.
09:03Et quand on joue au Monopoly, on a besoin des règles du jeu.
09:05Pour vivre en société, on a des règles du jeu.
09:07Et quand on ne les respecte pas, il faut être sanctionné.
09:09Aujourd'hui, les cours de récréation, c'est de plus en plus violent.
09:12Il n'y a pas grand-chose qui est fait entre nous.
09:14Et donc, ce mot autorité a beaucoup de sens,
09:17mais si on se donne les moyens de lui donner du sens.
09:20J'entends.
09:20Non, mais là, par exemple, quand Elisabeth Borne nous explique
09:23qu'un gamin qui arrive avec un couteau à l'école,
09:27automatiquement, c'est le conseil de discipline pour ce gamin.
09:32Encore là ?
09:32Mais attendez, c'est...
09:33La question, c'est pourquoi ce n'était pas le cas avant ?
09:36Bien sûr, Thomas Bonnet et Jules.
09:37Non, mais on est dans une société de toute manière qui est une société malade.
09:41Et donc, la jeunesse et nos collèges, nos lycées, nos écoles primaires
09:45ne résistent pas à cette société malade.
09:49Il y a plusieurs aspects.
09:51D'abord, il y a les responsabilités parentales.
09:53Moi, j'entends beaucoup de gens dire dans le débat public
09:55qu'il faudrait appuyer davantage.
09:57Je vous rappelle que le Code pénal prévoit déjà des amendes,
10:00des stages de parentalité pour les personnes qui seraient en démission.
10:04Donc, ça existe déjà. Il faut juste appliquer, peut-être, notre Code pénal.
10:08S'il était moins large et moins épais, peut-être que ce serait plus simple.
10:11Et puis ensuite, je suis plutôt d'accord avec Nathan, il y a les règles du jeu.
10:15Je peux vous dire que si vous appreniez aux enfants à lire, à compter,
10:19à respecter autrui et à respecter la vie,
10:21je peux vous dire qu'on aurait beaucoup moins de problèmes de violence
10:24que la société serait bien meilleure.
10:26Bien évidemment.
10:27Et puis, il y a aussi la loi du silence.
10:29C'est-à-dire que vous avez des professeurs qui vivent des grandes difficultés
10:33au quotidien, fruit d'un brassage démographique, sociétal, sociologique, culturel,
10:41qui fait qu'aujourd'hui, j'ai eu des témoignages de profs d'histoire
10:43avant l'affaire Samuel Paty,
10:46qui me disait, par exemple, je ne peux pas parler de Jésus,
10:48je ne peux pas parler de Napoléon,
10:50vous pensez bien que je ne peux pas parler du 11 septembre,
10:53parce que lorsque vous êtes face à un enfant,
10:56un élève de 6e, ça reste un enfant,
10:58mais à partir de la 4e, 3e, ça devient des adolescents,
11:03ils entrent en confrontation avec nous presque physiquement.
11:07Donc, on est obligé d'adapter nos programmes.
11:10Et c'est des gens qui rêvaient de devenir professeurs,
11:12qui avaient, j'ai le souvenir d'un garçon brillantissime
11:16qui était l'un des meilleurs à HEC,
11:19mais son rêve, c'était d'être professeur.
11:21Il a quitté HEC pour être professeur et il a vécu l'enfer
11:25parce qu'il était confronté à ce genre de témoignages-là
11:29et il était confronté à cette société
11:31qui ne supportait plus les traditions, les codes et les valeurs françaises.
11:38On est avec Laurent en direct.
11:39Et si, comme Laurent, vous souhaitez réagir,
11:41au 01 80 20 39 21, c'est le standard, vous nous appelez.
11:46La question de cette dernière heure, c'est la rentrée scolaire.
11:49Vous inquiète-t-elle ? Laurent, bonjour.
11:52Oui, bonjour messieurs.
11:53Ou messieurs-dames, je ne sais pas si vous êtes là.
11:54Oui, bien sûr, Estelle est avec nous.
11:56D'accord, messieurs-dames, alors.
11:59Alors moi, je voulais insister sur le fait
12:01qu'il faudrait nous rendre de la crédibilité.
12:03On n'a plus aucune crédibilité vis-à-vis des parents et des élèves.
12:06Pourquoi ? Parce qu'on n'a plus aucun pouvoir.
12:08Et pour qu'on soit respecté, il faut qu'on nous redonne du pouvoir.
12:11Pouvoir d'orientation, pouvoir de sanction.
12:13Pouvoir de sanction, on en a très peu.
12:15On peut tout juste donner des retenues qui ne sont pas parfois faites.
12:18Et on nous a répété d'ailleurs en pré-rentrée la vendredi
12:21qu'il fallait absolument, à titre exceptionnel,
12:24exclure un élève de course.
12:25Il fallait vraiment qu'il nous casse les pieds à un point pas possible
12:27pour l'exclure de course.
12:28Donc on est très limité.
12:30Quand il y a des conseils de discipline,
12:31c'est le chef d'établissement qui peut les provoquer.
12:33Nous, on ne peut juste que les suggérer.
12:35Alors, on est suivi ou pas.
12:36La plupart du temps, on n'est pas toujours suivi.
12:38Quand un élève est exclu, il est renvoyé dans un autre établissement.
12:41Donc en fait, on se renvoie les patates chaudes.
12:43Et il n'est pas plus sanctionné que ça.
12:45Voilà.
12:45Donc moi, je veux insister sur le fait qu'on est plus crédible
12:48parce qu'on n'a pas de pouvoir.
12:49Il faut nous redonner du pouvoir.
12:50Et ça, ça ne coûte pas d'argent de nous redonner du pouvoir.
12:53Pouvoir d'orientation, on l'a plus en conseil de classe.
12:56Les parents font appel.
12:57Ils vont en commission d'appel.
12:58Donc c'est-à-dire qu'en fin de troisième,
13:00les parents, on leur dit,
13:01bon, votre élève, votre enfant ne peut pas aller à un lycée général.
13:05Bon, il faut appel.
13:06Mais il va quand même.
13:06Voilà.
13:07Donc ça se passe comme ça parce qu'ils ont fait appel.
13:09Et puis, pouvoir de sanction, je vous ai dit,
13:11on n'en a plus.
13:12C'est le chef d'établissement dont la carrière est soumise justement
13:15au pas de vague parce que moins il y a de conseillers de discipline
13:17dans son établissement, plus sa carrière est rapide et accélérée.
13:22Donc voilà.
13:22Il nous faut du pouvoir.
13:23Si vous voulez qu'on soit respecté, il faut nous redonner du pouvoir.
13:26Et ça, ça ne coûte rien.
13:27On n'a même pas le pouvoir de regarder dans un sac d'élèves.
13:30On ne nous donne même pas le pouvoir de vider un sac d'élèves
13:33pour assurer à quelque chose ou pas, un couteau ou n'importe quoi.
13:35Est-ce que ça coûterait au gouvernement de nous donner le pouvoir
13:38de vider un sac d'élèves devant nous ?
13:41Aucun.
13:42Aucun euro.
13:42Ça ne coûte pas.
13:43Il faut nous donner aussi une protection,
13:45comme une protection judiciaire,
13:47comme en bénéficient les magistrats.
13:49Les magistrats, vous leur crachez la figure.
13:51Maintenant, il y en a beaucoup de détenus qui le font.
13:53Ils risquent quand même d'aller en prison.
13:55Mais nous, on ne risque rien.
13:57Ils ne risquent rien.
13:58On n'a pas de protection judiciaire.
14:00Laurent, vous restez avec nous.
14:01Cher Laurent, vous allez rester avec nous
14:03parce que vous allez nous raconter un peu ce que vous vivez au quotidien.
14:06Vous êtes professeur depuis combien de temps ?
14:08J'ai 60 ans, donc ça fait 35 ans que j'enseigne.
14:10Eh bien, écoutez, vous allez nous parler de tout ça
14:12dans un instant sur Europe 1.
14:13Jusqu'au 30 septembre,
14:14le Peugeot Partner est à partir de 280 euros hors taxe par mois,
14:17sans aucun apport.
14:18Elle aide des 60 mois, 75 000 kilomètres.
14:20Apport 0 euros hors taxe pour un partenaire
14:22taillé M650 kg bleu HDI 100.
14:23Sous réserve d'acceptation l'ISIS.
14:25Conditions sur Peugeot.fr.
14:27Europe 1.
14:27Eliott Deval et vous.
14:29Il est une heure moins le quart sur Europe 1.
14:31Vous êtes bien dans Eliott Deval et vous jusqu'à 13h.
14:33Et avant de retrouver Laurent, enseignant qui nous appelle du Lot-et-Garonne,
14:37je vous rappelle un rendez-vous pour la grande famille Europe 1.
14:39C'est la rentrée dès demain lundi.
14:41Votre rendez-vous de 7h à 9h et de retour
14:44avec Dimitri Pavlenko et Anissa Haddadi.
14:46Vous retrouverez également Olivier Delagarde,
14:48Sonia Mabrouk, Vincent Hervouet
14:50et toutes les signatures d'Europe 1.
14:52Vincent Trémolet de Villers, Laurent Tessier, Catherine Ney
14:54ainsi que toute la rédaction.
14:56Lundi demain, ne manquez pas Europe 1 matin, 7h-9h.
14:59Merci beaucoup Estelle.
15:01On est toujours avec Thomas Bonnet, Jules Torres
15:03pour le décryptage politique.
15:05Notre grand témoin de ce dimanche midi,
15:08c'est Nathan Smadja, président fondateur de l'association Résiste,
15:12association qui lutte contre le harcèlement scolaire.
15:15Et on est en direct avec Laurent.
15:17Laurent, vous êtes enseignant depuis 35 ans.
15:20On parle de cette rentrée scolaire.
15:21Et vous êtes en colère, Laurent,
15:23parce que vous dites, en fait,
15:24je n'ai pas les moyens de retrouver un semblant d'autorité.
15:28Est-ce que vous avez l'impression en 35 ans
15:30d'avoir peut-être tombé de votre magistère ?
15:33J'ai l'impression que la situation se dégrade d'année en année.
15:37Il s'en va tant que j'arrive à la retraite.
15:38C'est ça mon problème.
15:40Arriver le plus tôt possible à la retraite
15:41pour ne plus avoir des conditions de travail aussi pénibles
15:44au niveau stress.
15:44On est stressé.
15:45On est en permanence stressé.
15:46On peut passer une heure sans s'énerver contre les élèves.
15:50Quand vous mettez un mot dans le carnet,
15:51vous vous demandez si le lendemain,
15:53vous n'avez pas un mot des parents
15:54qui vont vous demander des comptes
15:55pour vous convoquer en rendez-vous.
15:57Alors qu'avant, c'était l'inverse.
15:57On convoquait les parents.
15:58Maintenant, c'est les parents qui nous convoquent.
16:00Nous demandez des comptes en rendez-vous.
16:01On est obligé parfois de les voir à deux
16:03parce qu'on se dit, ça va être assez explosif.
16:06Il vaut mieux qu'on ait un collègue avec nous
16:07si jamais il y a un problème.
16:09Non, mais je vous dis,
16:10c'est le niveau stress qui nous tue de plus en plus.
16:12C'est-à-dire que vous allez aujourd'hui à l'école
16:15avec la boule au ventre, j'imagine que...
16:17Pas tous les jours,
16:17mais il y a des moments où on s'est dit
16:19qu'on va avoir un problème.
16:21On ne peut pas passer une journée sans s'énerver.
16:24Je ne sais pas si dans votre métier,
16:25vous énervez toutes les heures.
16:26Nous, on est obligé de s'énerver toutes les heures.
16:27Je fais beaucoup de yoga, tout va bien.
16:29Laurent, Laurent...
16:29Moi, j'essaie de marcher pour me décontracter.
16:33Eh bien, écoutez, je vous enverrai mes cours de yoga.
16:35Laurent, plus sérieusement,
16:37vous enseignez pour des élèves qui ont quel âge ?
16:40En collège, je suis.
16:41En collège.
16:42J'ai commencé ma carrière en Seine-Saint-Denis
16:45dans les années 90.
16:47Je suis arrivé chez moi, du côté d'Agen, en 98.
16:51Et depuis 98, je suis à Bonencontre, à côté d'Agen.
16:55Bon, écoutez, ça m'intéresse,
16:57de savoir aussi les élèves que vous avez en face de vous.
17:04Les élèves, ils ont pris le pli.
17:06Ils savent très bien que s'ils ne travaillent pas,
17:08ils passeront quand même d'une année à l'autre.
17:10C'est-à-dire qu'on n'a plus le moyen de les stimuler
17:12puisque qu'ils aient 18 ou 2 ou 3 de moyenne,
17:15ils passent de toute façon au niveau supérieur.
17:17Mais ça, c'est affolant ce que vous me dites.
17:19Ils ont compris le système.
17:21Ils seraient bêtes, sinon...
17:22Les notes, en fait, ne veulent rien dire.
17:25On met des notes, mais de toute façon, tout le monde passe.
17:28Il n'y a pas de palier d'orientation.
17:30Avant, quand j'étais élève, il y avait un palier d'orientation fin 5e.
17:33Il y avait un palier d'orientation fin 3e.
17:35Ces paliers n'existent plus.
17:37Donc, qu'est-ce que vous voulez qu'ils se cassent le bol ?
17:39Les élèves, ils passent de toute façon.
17:41À un moment donné, ils ont compris le système.
17:43Et lorsque vous corrigez les copies,
17:45est-ce que vous avez des copies où c'est écrit en français ?
17:49Non, mais j'essaie encore d'être exigeant,
17:51mais on a des problèmes au niveau syntaxe énorme.
17:54Moi, je n'arrête pas de corriger des fautes de français,
17:56mais des fautes de sens.
17:58Moi, j'en parle à mes collègues de français,
17:59mais j'ai dit, comment c'est possible qu'ils confondent
18:01deux t, la conjonction avec est, le verbe être,
18:03on, le pronom avec on, le verbe avoir,
18:06son, le possessif, est, when, avec le verbe être aussi, au pluriel.
18:09Mais des fautes énormes de sens que je ne faisais pas moi-même,
18:12que j'ai du mal à faire encore.
18:13Je sais que je fais des fautes d'orthographe,
18:15mais pas des fautes de sens.
18:16Et ces fautes de français, de syntaxe,
18:18on les retrouve bien sûr en maths.
18:19La compréhension des énoncés,
18:21il faut d'abord parler français correctement.
18:23Quand ils s'expriment à l'oral,
18:24ils nous balancent des mots sans faire de phrase.
18:27En fait, c'est devenu homérique.
18:31Laurent, on est avec un jeune garçon
18:34qui a monté une association.
18:36Cette association, elle s'appelle Résiste.
18:38C'est Nathan Smadja qui est dans le studio d'Europe 1.
18:41Et son association, elle lutte contre le harcèlement scolaire.
18:45On va en parler dans un instant.
18:47Il y a des dérives.
18:49Les élèves finissent par nous acculer d'harcèlement.
18:53C'est-à-dire que chaque fois qu'on les contrarie,
18:54chaque fois qu'on les punit,
18:56on est taxé, en fait,
18:57on dit qu'on les harcèle.
18:59Voilà.
19:00J'ai une mère d'élève qui m'a menacé
19:01de porter plainte comme moi,
19:03parce que j'excluais son fils
19:05deux ou trois fois,
19:06parce qu'il était infernal.
19:07Bon, je l'ai exclu.
19:08Et on m'a dit,
19:09il faut arrêter de l'exclure.
19:11Mais on n'a pas le droit, normalement,
19:12d'exclure un élève.
19:14On nous l'a redit d'ailleurs vendredi,
19:16de court,
19:16parce qu'il est pénible.
19:17Il faut le garder.
19:18On garde tout le monde, de toute façon.
19:20Donc, le chef,
19:21le principal adjoint est venu me voir.
19:24Il m'a dit, vous savez, monsieur,
19:25il va falloir arrêter de l'exclure,
19:28parce que la mère a menacé
19:30de porter plainte contre vous
19:31pour harcèlement.
19:32Harcèlement, qu'est-ce que je vais dire ?
19:34Je l'exclus, je ne l'harcèle pas.
19:35Mais voilà, on en est là.
19:36Mais vous avez bien fait de l'exclure.
19:38Moi, vous savez, j'ai un souvenir.
19:39Ça va nous retomber dessus un jour.
19:40Ça va nous retomber dessus.
19:41J'ai un souvenir de mon professeur
19:42de sciences économiques et sociales,
19:44qui est un économiste connu,
19:46qui fait souvent les plateaux d'ailleurs,
19:47qui s'appelle Frédéric Farah.
19:49Il avait pour habitude,
19:50il connaissait un peu les garçons
19:51ou les filles turbulentes.
19:53Et il ne rigolait pas.
19:55On arrivait dans la salle,
19:56il disait, qu'est-ce qui est vert
19:57et qui a une poignée ?
19:58Et donc la personne ne disait pas,
19:59je ne sais pas,
19:59ben la porte.
20:00Et donc, il a été exclu.
20:02Mais voilà, c'est très bien.
20:03Alors, c'est plus peur, ça, maintenant.
20:04Non, moi, ça ne me faisait pas peur.
20:06Mais vous voyez,
20:06je m'en souviens encore.
20:08Et c'était il y a 15 ans.
20:08Mais non, je le dis,
20:09le discours ambiant veut
20:10qu'on ne doit plus exclure d'élèves.
20:12On doit tous se les garder,
20:13se les coltiner,
20:14comme on dit vulgairement.
20:15Mais faites avec.
20:16C'est votre métier.
20:18Vous êtes fait pour ça.
20:18Bon, écoutez, Laurent,
20:19vous allez...
20:20Alors là, pour le coup,
20:21quand on va parler éducation,
20:22quand on va parler école,
20:24on va souvent vous interroger
20:25parce que votre témoignage
20:26est passionnant.
20:28Alors, attendez,
20:32notre ministre a dit
20:37avec la pause numérique
20:38que, soi-disant,
20:38les portables étaient
20:39plus ou moins interdits.
20:40Oui, c'est ça, au collège.
20:41Mais c'est faux.
20:42Leur possession
20:43est encore autorisée.
20:45L'utilisation est interdite.
20:46Il faut faire la différence
20:47entre utilisation et possession.
20:49Ah bah oui, ça change tout.
20:50Depuis toujours,
20:51on interdit leur utilisation.
20:53Ils doivent l'avoir
20:54dans leur cartable
20:54ou au pire, dans leur poche.
20:56D'ailleurs, souvent,
20:57c'est problématique.
20:57Mais ils le sortent tout le temps.
20:58Non, ils ne le sortent pas.
21:00Sinon, on leur confie
21:00plus ou moins.
21:01Moi, je le confie
21:02parce qu'on n'a pas trop le droit
21:03et puis je le porte à la vie scolaire
21:04de suite pour pas qu'il y ait de problème.
21:06Mais c'est la possession
21:07qu'il faudrait interdire.
21:08Il faudrait interdire la possession.
21:10Mais oui, mais ce serait une...
21:11Mais oui, mais ce serait une...
21:11Là aussi, c'est très compliqué.
21:13Jules Torres, c'est compliqué.
21:13Il y a des enfants
21:14qui ont besoin de leur téléphone,
21:15ne serait-ce que pour prévenir
21:16leurs parents.
21:17Non, c'est sûr qu'ils font
21:18ou comment vous faites.
21:20Qui va garder les téléphones ?
21:21Laurent dit à juste...
21:22Bien sûr, vous mettez un casier.
21:24Mais bon, quand vous avez
21:251200 élèves,
21:26ça ne peut pas être compliqué.
21:27Un grand merci, cher Laurent.
21:29On va remercier également...
21:31Mais vous ne savez pas
21:31que c'était vous, Elliot Duval,
21:32que je vous suis régulièrement.
21:34C'est toujours pas moi, Elliot Duval.
21:35Moi, c'est Elliot Deval.
21:36Mais on salue Elliot Duval
21:37qu'on embrasse,
21:40qui nous écoute peut-être.
21:41Beaucoup plus sympa que vous.
21:42Elliot Duval est beaucoup plus compétent.
21:44Il fait des déjeuners beaucoup.
21:46Vous savez, Laurent,
21:47je suis la version Wish
21:48d'Eliot Duval.
21:50Vous avez entièrement raison.
21:53C'est une formule un peu de jeunisme.
21:56C'est la version, on va dire...
21:58Badgamme.
21:59Discount, exactement.
22:00Mais non, vous vous dévalorisez.
22:03Je vous embrasse.
22:04Merci beaucoup, Laurent.
22:05Merci.
22:06C'était un plaisir de vous avoir.
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