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  • il y a 6 semaines
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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Cyril Adriaens-Allemand revient sur les questions qui font l’actualité avec Raphaël Glucksmann, déouté européen, co-président du mouvement Place publique.

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Transcription
00:00Merci Adrien. Bonjour à tous. Bonjour Raphaël Glucksmann. Bonjour.
00:05Merci d'avoir choisi les 4V pour votre première interview depuis le séisme politique de lundi.
00:10Je me battrai comme un chien, a indiqué François Bayrou à nos confrères de l'Express.
00:14Il reste 12 jours avant le vote de confiance. Pour vous, le sort du Premier ministre est-il scellé ?
00:21Il est scellé. Il est scellé depuis avant-hier. Vous savez, moi je ne comprends pas.
00:25En fait, je ne comprends pas ce qu'a fait le Premier ministre. Je ne comprends pas ce coup de poker.
00:29Je lis coup de poker. Il joue son avenir à Kitudou, mais ce n'est pas un jeu.
00:33Et vous savez, il a présenté en juillet une copie pour le budget avec des pistes.
00:39Nous, nous avons dit une chose très simple à la place publique, avec nos partenaires socialistes.
00:43C'est inacceptable en l'État. On a eu des contacts en juillet et on a dit, nous, nous aurons des exigences,
00:50des exigences de retrait de textes proposés. Par exemple, les efforts absolument inacceptables
00:58sur les dépenses de santé qui vont percuter l'hôpital. Par exemple, la suppression des jours fériés.
01:04On aura des propositions sur la taxation des plus hauts patrimoines.
01:07Il y aura un rapport de force, une négociation. Depuis, plus rien, plus rien.
01:12Pas de méthode, pas de contact, pas de négociation.
01:15Et tout d'un coup, une rentrée. Personne n'est au courant.
01:19Et on a un Premier ministre qui dit, c'est tout ou rien, faites-moi confiance.
01:22C'est quoi ? C'est une faute politique pour vous ?
01:24Mais c'est un mal français. Vous savez, quand on est dans une situation où on n'a pas de majorité,
01:30ce dont on doit faire preuve, c'est d'humilité. D'humilité.
01:36On doit essayer d'avoir un budget en établissant un compromis en fonction des rapports de force présents à l'Assemblée.
01:44Il n'y a pas, depuis le 7 juillet, depuis la dissolution insensée du 9 juin 2024 du président de la République,
01:49il n'y a pas de majorité en France. Il n'y a pas une majorité de gauche, on le sait.
01:53Il n'y a pas une majorité de droite. Il n'y a pas une majorité macroniste. Il n'y a pas de majorité.
01:57Et donc, dans ce cas-là, qu'est-ce que vous devez faire ?
01:59Eh bien, vous devez essayer, par la négociation, d'aboutir à quelque chose qui soit acceptable.
02:04Et là, il le savait que c'était inacceptable en l'état.
02:08Et donc, en réalité, ce qu'il fait, c'est qu'il préfère un geste glorieux,
02:14d'avoir des commentaires sur le courage personnel.
02:16Mais le courage, c'est d'essayer d'avoir un budget en faisant des compromis.
02:20Alors justement, le compromis, il a semblé hier faire des gestes dans son discours à la CFDT.
02:26Il parle, et ça devrait vous parler, d'efforts spécifiques sur les plus hauts revenus,
02:30de niches fiscales qu'il veut corriger, de rééquilibrer des aides aux entreprises.
02:34Vous y comprenez quelque chose ? Sérieusement, là, je vous pose une question.
02:37Je sais que ce n'est pas mon rôle, c'est le vôtre.
02:38Mais vous y comprenez quelque chose ?
02:41Vous avez un ton martial la veille qui dit « c'est comme ça ».
02:46Et maintenant, vous allez devoir faire un chèque en blanc.
02:48Et vous prononcez avant même de discuter et d'engager un rapport de force et une négociation.
02:54Et là, tout d'un coup, comme il voit directement qu'il n'aura pas la confiance,
03:00il commence à dire « mais en fait, finalement, on peut quand même parler »
03:03tout en disant « mais le vote de confiance est déconnecté du budget ».
03:07Mais moi, je ne comprends même pas ce qu'il veut dire.
03:09Quand il dit « c'est déconnecté de tout ce dont on peut parler »,
03:12ça veut dire « faites-moi confiance en général » et ensuite on pourra discuter.
03:16Mais il n'y a pas de majorité, il n'y a pas de majorité pour lui faire confiance.
03:19Il faut choisir entre la responsabilité et K.O. dit-il.
03:23Vous êtes un artisan du K.O. ce moment-là.
03:25Mais vous savez, nous, on a fait des efforts.
03:28On a refusé de voter la censure.
03:31Ça a fâché toute une partie de la gauche qui voulait tout de suite faire tomber Bayrou
03:34à partir du moment où il a été nommé.
03:36On a dit « bonjour, M. Bayrou sera Premier ministre ».
03:38Et ils ont dit « non, jamais ».
03:40Vous parlez de Jean-Luc Mélenchon.
03:42Oui, mais nous, on a négocié.
03:45On a obtenu des choses avec nos partenaires socialistes.
03:47Et du coup, on n'a pas voté la première censure.
03:50On a fait passer le budget parce qu'on sait qu'il faut un budget.
03:52On sait que la situation, elle est grave.
03:54On sait que la dette est un problème immense.
03:57Et donc, du coup, on est dans une posture où il faut négocier.
04:02Où chacun est prêt à manger un peu de son chapeau
04:04pour que le pays soit géré.
04:08C'était le rôle de François Bayrou de faire ce qu'il avait fait la première fois
04:12et de ne pas croire qu'il était Premier ministre avec une majorité.
04:15Et malheureusement, ce qui se passe, c'est que dès que vous habitez
04:18un palais de la République, vous n'arrivez pas à comprendre
04:21que vous devez être humble.
04:23Vous savez ce que dit Montaigne et ce qu'oublient
04:27tous les leaders politiques en France ?
04:29Même sur le plus haut trône du monde,
04:32vous n'êtes jamais assis que sur votre cul.
04:34Et donc, quand vous n'avez pas de majorité,
04:36eh bien, vous devez comprendre une chose simple,
04:40c'est que votre job est ingrat.
04:42Et que la vraie noblesse, c'est d'accepter
04:47de sortir de son éthos vertical, de sa splendeur
04:50pour discuter, négocier et prendre en compte
04:54les rapports de force politique.
04:55Si on prend votre phrase sur le trône et le reste,
04:57on fait quoi à partir du 9 septembre ?
04:59Si François Bayrou tombe, arithmétiquement parlant,
05:01c'est quand même le plus probable.
05:03Il va tomber.
05:03Il va tomber.
05:05Et il aura décidé tout seul de le faire.
05:07Et donc, à partir du 9 septembre,
05:08est-ce que vous appelez Emmanuel Macron
05:09à nommer une personnalité issue de la gauche
05:12pour former un nouveau gouvernement ?
05:14Moi, j'appelle Emmanuel Macron à nommer une...
05:16Je préférerais que ce soit une personnalité issue de la gauche.
05:19Mais j'ai conscience, moi, je l'ai dit dès le 7 juillet,
05:22qu'il n'y a pas une majorité de gauche à l'Assemblée nationale.
05:25Il n'y a pas de majorité.
05:26Et que donc, ce qu'il faut, c'est une méthode.
05:28C'est de dire, en fait, le but, là,
05:31n'est pas de mener les grandes transformations
05:33que nous voulons pour le pays.
05:34Vous savez, moi, ça fait un an que je travaille
05:36à un projet pour la France avec Place Publique.
05:38Ce sera un projet qui proposera d'immenses transformations
05:42pour le pays.
05:43La manière dont il est gouverné, sur les politiques publiques,
05:45sur l'hôpital, sur l'éducation, sur la sécurité.
05:47Mais je sais très bien que je n'ai pas la majorité, là,
05:50pour mettre en place ces grandes transformations.
05:51Ces grandes transformations, elles seront tranchées en 2027,
05:56au moment des élections nationales,
05:57qui doivent être le moment où les Français
05:59choisissent les grandes orientations pour leur pays.
06:01Et donc, c'est plutôt une personnalité
06:02pour faire un gouvernement technique,
06:03pour avancer les affaires ?
06:04Je ne sais pas ce sera un gouvernement technique,
06:05ça peut être un politique.
06:06C'est surtout une méthode.
06:08C'est-à-dire qu'on ne fait plus de coups de menton,
06:10on ne joue plus la gloire,
06:12on ne reproduit plus à l'infini le geste du 9 juin 2024,
06:15de « je jette une grenade dégoupillée ».
06:17Ils ont tous envie de jeter des grenades dégoupillées,
06:18mais vous vous rendez compte ?
06:19À la fin, l'impact, c'est sur les Français.
06:21C'est sur le pays.
06:22Hier, Raphaël Glucksmann, à votre place,
06:24Gérald Darmanin, disait,
06:25il ne faut pas écarter l'hypothèse d'une dissolution.
06:28Est-ce que c'est aussi votre point de vue ?
06:30Il ne faut pas écarter cette hypothèse, évidemment.
06:33Maintenant, la vraie question, c'est,
06:35est-ce qu'on appelle à cela ?
06:36Non.
06:37Moi, ce que je veux, c'est de la stabilité pour ce pays.
06:39Je sais qu'il y aura des grands choix à faire,
06:40mais qu'en attendant, on doit gérer la France.
06:43Et en cas de dissolution ?
06:44Et donc, je vous dis une chose simple,
06:46il faut avoir un mois
06:48où on voit si on est capable
06:50d'établir un budget qui soit équilibré
06:53et qui prenne en compte le grave problème de la dette,
06:55mais qui soit socialement juste,
06:57où les plus riches contribuent le plus,
07:00où on ne demande pas tous les efforts
07:01toujours aux salariés et aux travailleurs.
07:03Et si ça ne fonctionne pas,
07:04eh bien, il n'y aura pas d'alternative.
07:06Il n'y aura pas d'alternative.
07:07Ce sera un échec.
07:08Mais par contre, ce sera sans tambour,
07:10ni fonfard, ni trompette.
07:12Ce sera un échec de la classe politique
07:13qui aurait été incapable de prendre en compte la situation.
07:15En cas de dissolution,
07:15vous partez avec qui, Raphaël Glucksmann ?
07:18Je ne vous ai pas vu sur le communiqué
07:19de la France insoumise,
07:20je ne vous ai pas vu sur le communiqué
07:21du Parti socialiste, des écologistes
07:22et de François Ruffin.
07:23En cas de dissolution,
07:24comme pour les échéances de 2027,
07:26la ligne, elle est extrêmement claire.
07:28Le cap, il est absolument clair.
07:30Il n'y aura pas d'accord
07:32avec la France insoumise.
07:34Il faut que la gauche démocratique
07:36et républicaine
07:37se rassemble
07:38pour faire une offre politique
07:40pour les Français.
07:40Et nous, nous y travaillons
07:41et nous serons prêts.
07:43Vous savez, le 9 juin 2024,
07:44tout le monde a été surpris
07:45et moi le premier.
07:46Et on s'est retrouvés le bec dans l'eau
07:47par la décision
07:49que personne n'avait prévue
07:50du président de la République.
07:51On peut être surpris une fois dans la vie,
07:53on n'a pas le droit d'être surpris
07:54de manière constante.
07:55Donc, nous travaillons depuis un an
07:57à l'élaboration de ce projet.
07:58Nous aurons une offre prête.
08:00Dernière question, Raphaël Glucksmann.
08:00Et je serai prêt.
08:01La gauche, dans son ensemble,
08:02appelle à participer,
08:03à accompagner le mouvement
08:04Bloquons-Tout du 10 septembre.
08:06Est-ce que vous appelez aussi
08:07à soutenir ?
08:08Là, on a le 8 septembre
08:10un Premier ministre qui va tomber.
08:12À quoi sert un mouvement
08:14Bloquons-Tout ?
08:16Le but, ce n'est pas le chaos.
08:17Donc non.
08:18Moi, je vous le dis clairement, non.
08:20Le but, ce n'est pas le chaos.
08:22Et il y aura un vote le 8 septembre
08:24puisque le Premier ministre
08:25en a décidé ainsi.
08:26Donc en fait, là, ce qu'il faut,
08:28ce n'est pas bloquer plus
08:30un pays qui l'est déjà.
08:32Ce qu'il faut, c'est se mettre au travail,
08:34voir si un compromis est possible
08:35et si un compromis n'est pas possible,
08:36faire trancher par les électrices
08:38et les électeurs,
08:39les Françaises et les Français,
08:40l'avenir de leur pays.
08:40On vous a entendu, Raphaël Xupré.
08:42Merci beaucoup.
08:42Juste un mot.
08:43Peut-être qu'il ne faut pas le dire en français
08:44parce que les gens ne comprennent pas.
08:46La classe politique française
08:47doit faire preuve d'humilité maintenant.
08:49On vous a entendu.
08:50Merci d'avoir été au micro de France 2
08:52ce matin dans les Télématins.
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