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  • il y a 3 mois

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00:0013h15, Europe 1 Info, avec Clélie Mathias sur Europe 1, 13h17, Clélie, l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour pour décrypter l'actualité de ce mardi 26 août.
00:11Avec vous aujourd'hui Jean-Michel Salvatore, chroniqueur politique et communicant, et le journaliste Eliott Manam.
00:17Merci beaucoup Géraldine et bienvenue à vous deux.
00:20Bonjour.
00:21Beaucoup de choses à dire, évidemment le secret avait été bien gardé quand même, on ne s'attendait pas à ce coup de poker là.
00:27Oui c'est vrai qu'il est coutumier du fait François Bayrou, il prépare ses coups, il ne dit pas grand chose même à son entourage, et c'est vrai que là la surprise était vraiment totale.
00:41Pour vous aussi Eliott Manam ?
00:42Oui oui totalement, il me semble d'ailleurs que rares ont été les journalistes politiques qui ont été en mesure de révéler ce que François Bayrou allait annoncer dans les minutes qui ont précédé l'intervention.
00:52Il me semble que la seule c'est Routel-Krieff qui a eu l'information quelques minutes auparavant, mais sinon c'était extrêmement bien gardé, donc c'est assez impressionnant quand même.
01:00Oui, Jean-Michel Salvatore voulait y rajouter quelque chose ?
01:02Oui, et même les ministres, en fait les ministres n'étaient pas dans la confidence.
01:05Ils l'ont su un peu avant.
01:07Les ministres en fait ont reçu un coup de fil une demi-heure avant, donc la surprise était évidemment totale.
01:13Parce qu'eux aussi jouent leur avenir.
01:16Bien sûr, bien sûr.
01:17Ils sont liés au premier ministre.
01:18Bien sûr, donc c'est vraiment dans la manière de François Bayrou, et c'est vrai que là il a joué un coup de poker, et on est en train de se rendre compte que le coup de poker n'est peut-être pas forcément gagnant.
01:31On va le décrypter ce coup de poker, est-ce qu'on peut faire un peu de psychologie politique avec François Bayrou ?
01:36Comment je peux vous demander ça ? Comment on analyse ce geste, cette auto-dissolution finalement ?
01:43Comment vous l'interprétez de la part de François Bayrou ? Il a une personnalité quand même bien particulière au sein du personnel politique.
01:50Moi je pense qu'il peut y avoir deux explications.
01:52Bon, il y a une explication un peu narcissique.
01:54François Bayrou, il est très sûr de sa valeur, il est très orgueilleux,
01:59et c'est vrai qu'il n'avait pas l'intention d'aller à l'abattoir comme Michel Barnier l'avait fait l'année dernière.
02:08Il avait véritablement envie de choisir son moment.
02:13Et il préfère quitter plutôt qu'être quitté.
02:15Et donc voilà, il préférait choisir le scénario plutôt que de se le voir imposer par les oppositions.
02:20Et c'est un petit peu ce qu'on voit aujourd'hui.
02:23C'est-à-dire que François Bayrou est un homme politique très expérimenté.
02:27Il sait très bien où il met les pieds.
02:29Il a très vite compris que le budget serait une quasi mission impossible.
02:35Il a très bien vu également que les socialistes ne seraient pas un soutien tacite à sa politique.
02:43Peut-être que la surprise qu'il a pu avoir, c'est du côté du Rassemblement National.
02:47Parce que le Rassemblement National a réagi extrêmement rapidement.
02:50Mais si on en revient à la psychologie de François Bayrou, je pense que c'est quelqu'un d'orgueilleux.
02:55C'est quelqu'un qui veut marquer la Ve République.
03:00Il faut dire les choses comme elles sont.
03:01Alors il ne pourra sans doute pas marquer la Ve République par une élection à la présidence de la République.
03:08Alors qu'il a été quand même candidat trois fois.
03:09On entend là quand même que certains disent qu'il se prépare.
03:12Il préfère justement avoir ce geste.
03:15Quitter tout de suite plutôt qu'être défait par les oppositions.
03:18pour pouvoir ensuite dire attendez je vous avais prévenu, j'avais dit j'ai été incapable, élisez-moi pour la présidentielle.
03:24En fait là il y a deux références.
03:27Soit c'est la référence Mendès-France, soit c'est la référence Mitterrand.
03:31La référence Mendès-France, bon Pierre Mendès-France il est resté huit mois au pouvoir.
03:35Il a été courageux, c'est vrai qu'il n'a pas été longtemps président du conseil, mais il a énormément marqué.
03:43Et là François Bayrou joue plutôt cette carte-là.
03:47Il a quand même fait mieux que Mendès-France, puisqu'il a fait un mois de plus.
03:51Mais son idée quand même c'est d'être le monsieur courage, d'être le monsieur je vous l'avais bien dit.
03:56Donc ça c'est la première référence possible.
03:57La deuxième référence c'est celle de François Mitterrand.
04:00Mais là je pense que c'est un petit peu perdu pour François Bayrou.
04:03Vous partagez cette analyse, ce décryptage de la psychologie politique de François Bayrou et Eliott Maman ?
04:08Oui oui complètement et par ailleurs sur la référence à Mendès-France, il y avait aussi chez Mendès-France,
04:12ou du moins dans la stimulation de François Bayrou, que François Bayrou veut faire de l'héritage de Mendès-France.
04:17C'est l'idée, j'ai été contraint de partir mais en ayant l'opinion publique derrière moi.
04:21Alors au vu de la cote de popularité de François Bayrou, on ne peut pas estimer qu'il a l'opinion derrière lui.
04:26En effet, sauf peut-être sur un élément, il est assez convaincu d'avoir permis à l'opinion publique
04:33de prendre conscience de l'enjeu et de l'ampleur de la question de la dette et du déficit.
04:39Je ne suis pas sûr qu'il ait totalement réussi, mais en même temps un baromètre Ipsos en juin dernier
04:43indiquait que 88% des Français estimaient que la France allait dans la mauvaise direction d'un point de vue économique.
04:48Ce qui peut donner une espèce d'argument dans le sens de François Bayrou.
04:52Et d'ailleurs, hier, il a été assez frappant. Je pense qu'il aurait dû, en réalité, différencier et inverser
04:57sa conférence de presse de juillet dernier avec celle d'août dernier.
05:00Parce qu'hier, ce qui a été intéressant, c'est qu'il ne s'est focalisé que sur le versant de la dette.
05:05Il ne s'est focalisé que sur le versant de l'urgence budgétaire.
05:08Il n'a pas étayé les mesures qu'il entendait prendre pour contrer cette urgence-là.
05:12Ce qu'il avait pourtant fait en juillet dernier.
05:14Et peut-être que son idée de travail de l'opinion, d'entreprise de conviction idéologique de l'opinion,
05:21de se rallier derrière lui quant au constat de la gravité du problème sur la dette,
05:26aurait été beaucoup plus efficace si précisément il n'avait pas immédiatement politisé ce constat-là
05:31en lui donnant des mesures en juillet dernier, plutôt que de le faire dans l'ordre qu'il l'a fait.
05:35Il y a peut-être eu une erreur de stratégie dans la méthode, on y reviendra.
05:39Mais pour aller dans votre sens, la présidente de l'Assemblée nationale, Yann Brun Pivet,
05:44a indiqué sur TF1 ce matin que François Bayrou ne demandait pas un vote sur sa politique justement,
05:50mais sur l'importance de réduire la dette. Écoutez-la.
05:53Il pose la question essentielle. Dans quelle direction voulez-vous aller sur ce budget ?
05:59Et est-ce que nous sommes d'accord collectivement pour estimer que la charge de la dette
06:03et que la dette de notre pays sont trop importantes et qu'il faut commencer sérieusement à la résorber ?
06:09La question c'est ça. C'est pas de dire est-ce que vous êtes d'accord avec la politique que nous avons menée depuis 8 ans ?
06:14Est-ce que vous êtes d'accord avec les orientations budgétaires, telles dépenses pour l'éducation nationale, pour nos armées, etc.
06:20Donc pour vous il a raison.
06:21Ça viendra après.
06:22Il a raison même s'il risque de chuter dans 15 jours.
06:24Mais bien sûr parce que c'est une question essentielle pour notre pays.
06:28Est-ce que notre classe politique veut aujourd'hui résorber la dette ?
06:33Est-ce que nous sommes d'accord pour avoir ce cap-là ?
06:36Les oppositions sont mises devant leur responsabilité sur ce point-là Jean-Michel Sarvato.
06:41Oui mais je suis assez d'accord avec ce que dit Eliott.
06:42C'est-à-dire qu'en fait il y avait quand même mea culpa hier de la part de Bayrou
06:47parce que finalement il a présenté les mesures au mois de juillet, le 15 juillet.
06:51Et puis maintenant il présente la philosophie.
06:56Il avait quand même averti le 15 juillet.
06:57Il ne vous souvenez pas il y avait une longue introduction de 30 minutes.
07:01Vous l'avez dit attention voilà où on en est, chiffres à l'appui, etc.
07:04Oui mais là le 8 septembre il va demander aux députés de voter sur la philosophie générale.
07:10Il a déjà dit non je ne mettrai pas aux voix la suppression des jours fériés ou l'année blanche.
07:17Ce qui m'intéresse moi le 8 septembre ça va être
07:20est-ce que vous partagez ce regard de vérité sur les finances publiques du pays ?
07:25Est-ce que vous considérez qu'il y a quasiment un état d'urgence économique
07:30ou est-ce que vous considérez que ça n'est pas le cas ?
07:33Et moi je pense que, bon bien sûr, on a le sentiment que la plupart des partis politiques d'opposition
07:39resteront dans l'opposition, mais je crois quand même qu'il y a une certaine gravité
07:43et que c'est un vote qui va compter.
07:45C'est-à-dire que ceux qui vont voter pour la censure,
07:49ceux qui ne voteront pas le soutien à François Bayrou,
07:52je pense que ça sera un vote qui restera et qui marquera pour longtemps.
07:56Parce que, évidemment, on voit bien qu'on est dans une logique de chaos,
08:00une logique de chaos politique, une logique de chaos institutionnel,
08:03une logique de chaos économique, et si les choses s'aggravent véritablement,
08:08là François Bayrou pourra venir dire, oui mais je vous l'avais bien dit,
08:12et vous M. Olivier Faure, souvenez-vous de ce que vous avez voté le 8 décembre,
08:15vous M.... pas M. Mélenchon, mais Mme Panot, souvenez-vous de ce que vous avez voté le 8 septembre ?
08:21Justement, puisque l'heure est si grave, puisque les comptes publics en sont là,
08:26est-ce qu'il n'y aurait pas fallu la jouer autrement,
08:28un peu comme ça se passe dans d'autres pays, en Italie ou en Allemagne,
08:32en mettant à peu près tout le monde, tout le Parlement, devant la situation des comptes publics,
08:37peut-être que ce n'est pas possible en France, vous allez me dire,
08:39et au lieu de proposer certaines mesures et un budget avec déjà des annonces
08:43comme on a eu le 15 juillet dernier, puis après la philosophie là hier,
08:46en disant sur quoi est-ce qu'on peut se mettre d'accord,
08:48comment est-ce qu'on peut arriver à construire un budget ensemble ?
08:53Alors, c'est totalement différent de ce qu'on a l'habitude de faire en France,
08:55mais ça, ce n'était pas possible.
08:57Moi, je pense que ce n'est pas possible, parce que, d'abord, si vous voulez,
09:01les Français ont leur dit depuis presque 20 ans,
09:03la situation des finances publiques n'est pas tenable.
09:07Souvenez-vous de ce que disait François Fillon, c'était en 2007 ou 2008,
09:11ou 2008, je suis à la tête d'un gouvernement, d'un pays qui est en faillite.
09:16C'était en 2007, nous sommes en 2025, la faillite n'a toujours pas eu lieu.
09:21Donc, il y a toujours le côté Pierre et le loup.
09:23On nous annonce des catastrophes, mais en fait, le loup n'arrive jamais.
09:26Donc ça, c'est le premier frein, finalement, à l'effort.
09:29Le deuxième frein, je pense que c'est Emmanuel Macron lui-même.
09:33C'est-à-dire qu'à partir du moment où les finances publiques se sont énormément dégradées
09:36sous Emmanuel Macron, les partis politiques n'ont pas envie de faire cet effort de lucidité
09:41parce qu'ils considèrent que ce serait faire un geste trop important
09:44en direction d'Emmanuel Macron, qui est leur opposant
09:47et qui est à l'origine de cette dégradation très importante des finances publiques.
09:51Il y a un risque que le FMI intervienne, a prévenu Éric Lombard,
09:55sur France Inter, ce matin.
09:56Nous avons besoin de redresser nos comptes publics.
09:58La question, c'est de trouver le chemin pour cela.
10:01Et ce chemin, c'est la négociation, c'est le dialogue.
10:03Donc quoi, Amélie Monchalin disait, si nous ne faisons pas ces choix maintenant,
10:06ce seront nos créanciers ou le FMI, Fonds Monétaire International,
10:09qui nous les imposeront, à l'exagéré ?
10:11C'est un risque qui est devant nous.
10:14Souvent, on me dit dans telle ou telle émission,
10:16mais pourquoi est-ce qu'on ne fait pas comme l'Espagne ou le Portugal ?
10:19Mais en Espagne ou au Portugal, c'est effectivement le FMI,
10:21la Banque Centrale Européenne et la Commission.
10:22Donc, il y a bien un risque que le FMI intervienne
10:25si d'aventure la situation financière se dégradée ?
10:28C'est un risque que nous souhaitons éviter, que nous devons éviter.
10:31Mais je ne veux pas vous dire que le risque n'existe pas.
10:32Il appelle à la responsabilité et il y a un gros risque, Elliot Mamman.
10:36Oui, alors vraisemblablement, ce serait plus la BCE qui interviendrait en premier lieu
10:40et s'il devait y avoir un échec des plans de redressement européens,
10:43le FMI pourrait en effet intervenir.
10:45En réalité, cela tient aussi de l'incapacité de la France aujourd'hui
10:48à assurer une politique contracyclique.
10:50C'est-à-dire que la règle élémentaire de l'État-providence,
10:53c'est de dire lorsque l'économie se porte bien,
10:56on va réduire les filets de sécurité
10:57parce que cela va stimuler la productivité
11:00et on va précisément pouvoir encourager la croissance telle qu'elle s'exprime à l'heure actuelle.
11:05Et en revanche, politique contracyclique oblige,
11:07si soudainement l'économie va mal,
11:09on est supposé augmenter les filets de sécurité
11:11pour permettre une espèce de subsistance minimale à l'intégralité des populations.
11:16Aujourd'hui, on voit bien que l'on n'arrive plus à la garantir
11:18puisque l'intégralité des décisions et des droits qui sont donnés en période de crise
11:22sont immédiatement pérennisés.
11:24Parce que si l'on estime pouvoir revenir sur un certain nombre de droits qui ont été donnés,
11:28on se retrouve immédiatement avec un pays qui est totalement bloqué.
11:31Et ça, c'est tout de même quelque chose qui est à prendre en compte.
11:33Et d'ailleurs, il est tout de même intéressant de voir qu'aujourd'hui,
11:36alors même que l'on connaît des difficultés économiques et sociales extrêmement importantes,
11:40les modalités d'allocation de l'assurance chômage, par exemple,
11:45ont été durcies.
11:47Alors que selon la logique de l'État-providence,
11:49on aurait dû être dans une logique inverse.
11:51Et ça, évidemment, ça produit un certain ressentiment auprès des Français.
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