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  • il y a 4 mois
Pour son interview d'actualité, Télématin reçoit Gilles Goujon, chef de l'Auberge du Vieux Puits à Fontjoncouse (Aude).

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Transcription
00:00Il y a un peu plus d'une semaine, le massif des Corbières dans l'Aude était dévasté par un incendie.
00:05Près de 16 000 hectares ravagés, évidemment de la végétation, mais aussi des maisons et des lieux de travail.
00:12Les habitants sont encore choqués. Aujourd'hui, ils veulent s'entraider pour faire renaître leur territoire.
00:17Témoignage de l'un d'entre eux ce matin.
00:18Bonjour Gilles Goujon. Merci infiniment d'être avec nous ce matin, chef de l'Auberge du Vieux Puy, triplement étoilé.
00:24Votre hôtel, votre restaurant qui se trouve dans le village de Fonjoncouze, dans l'Aude.
00:28On aurait échappé de peu aux flammes. Votre restaurant ouvre demain, vous allez nous en parler.
00:33Mais avant, j'aimerais qu'on revienne sur cet incendie qui s'est arrêté aux portes de chez vous.
00:38Finalement, vous vous considérez chanceux aujourd'hui ?
00:40Oui, ce n'est pas aux portes du village. Le village n'a pas été épargné.
00:46Mais aux portes de votre restaurant en fait ?
00:48De mes maisons, là où nous habitons, et pas très loin du restaurant.
00:53On a été épargné, et cela grâce aux pompiers, qui sont des hommes extraordinaires, qui risquent leur vie pour sauver nos bâtiments.
01:04Comment ça s'est passé ? Vous n'étiez pas vous directement sur place, mais on vous a appris l'information par téléphone.
01:08J'étais parti avec Marie-Christine, et le feu commence à prendre vers 16h, et je découvre ça à la télévision.
01:17Donc j'appelle mes enfants, parce que c'est mes fils qui est chef de cuisine et chef pâtissier,
01:23pour savoir où ça en est, comment ça se passe là-bas.
01:27Donc à Fonjoncouze, au début, ils s'inquiètent un peu, mais je leur dis, écoutez, pour l'instant,
01:32d'après ce que je vois, le feu n'est pas sur nous.
01:35Et avec le vent, le feu est arrivé très très rapidement sur Fonjoncouze,
01:40et à ce moment-là, j'ai eu Axel, mon fils, qui me montre les images,
01:45en se mettant en scène derrière, et il m'a dit, regarde, et on voyait des flammes énormes, énormes,
01:50qui devaient faire, je ne sais pas, moi j'avais l'impression que ça faisait au moins 30 mètres de haut, ces flammes, c'est impressionnant.
01:54C'est là que vous avez dû prendre des décisions à distance.
01:56Oui, mais là je leur ai dit, écoutez, pour l'instant, les pompiers n'ont pas donné d'ordre,
02:00ni la mairie, mais je pense qu'il faut évacuer maintenant.
02:04J'ai commencé à prévenir, j'avais des clients qui étaient dans les chambres,
02:07j'avais dit, faites le tour des chambres, faites-les évacuer tranquillement, pas de panique.
02:11Mon personnage leur ai demandé de partir, à la réception, je leur ai demandé de réunir,
02:16d'aller faire un tour donc aux clients, et à ma famille, bien sûr, de réunir les chats, les chiens,
02:20parce qu'on a quelques animaux.
02:22Vous faites donc évacuer tout le monde avant l'ordre des pompiers,
02:25mais finalement vous êtes aussi en contact avec les pompiers après tous les jours suivants, bien sûr.
02:28Même pendant ce temps.
02:29Quand vous voyez les images que vous montre votre fils,
02:32mais aussi celles qu'on voyait là pendant votre interview,
02:34au final, cet environnement complètement dévasté autour de chez vous,
02:39on le disait, il y a de la végétation, mais il y a aussi des maisons qui sont parties en fumée,
02:43qui ont été détruites.
02:44Quand vous êtes chez vous aujourd'hui, qu'est-ce que vous vous dites en voyant ces images ?
02:48– Alors, c'est la désolation, quand vous voyez ces images, quand j'arrive le jeudi,
02:55puisqu'on nous a donné l'autorisation de remonter le jeudi, forcément on est ému et j'en pleure, c'est terrible.
03:02Mais il faut, à un moment donné, faire acte de résilience et se dire,
03:08de toute façon la nature va reprendre ses droits, ça va mettre quelques années,
03:11mais ça va reverdir, et reverdir je pense rapidement.
03:15Je me suis aperçu pendant ces quatre jours qu'on me sollicitait beaucoup,
03:18donc je faisais un peu le porte-parole quelque part.
03:20Donc je me suis dit, il faut faire acte de résilience et montrer l'exemple.
03:24Donc c'est pour ça qu'on ouvre vendredi.
03:26– Donc demain, vous rouvrez le restaurant, dans des conditions qui sont de bonnes conditions pour vous,
03:32ou il y a des choses difficiles justement à cause du contexte ?
03:35– Bien évidemment, mais après c'est de bonnes conditions, on est prêts.
03:39Et puis demain c'est le 15 août, le 15 août c'est la Sainte-Marie, c'est le nom de mon épouse.
03:45C'est la Renaissance par rapport à la Vierge.
03:50Donc j'y vois des signes.
03:51Le 15 août aussi, c'est quand les cultures estivales s'affaiblissent,
03:55et c'est là où on commence les moissons normalement.
03:59Donc c'est vraiment une Renaissance, et je me dis que ce jour-là, il fallait qu'il faut réouvrir.
04:02Voilà, c'était ça, montrer l'exemple, parce que je crois qu'il faut qu'à un moment donné,
04:07on se retrouve sur les manches et qu'on le sache.
04:09Et pour l'instant, la clientèle est au rendez-vous, parce qu'on est complets demain soir.
04:13C'est une chance, parce que ça ne se passait pas comme ça il y a une semaine.
04:16Et puis on voit que c'est en train de réserver, que les gens qui avaient eu peur au départ reviennent.
04:23Vous sentez qu'une forme d'aide, d'entraide, peut naître de ce drame ?
04:29Je crois, je crois en tout cas, j'y compte beaucoup.
04:33C'est pour ça qu'on essaye déjà entre nous de céder.
04:37La nourriture aux pompiers, par exemple, ça c'est quelque chose qu'on a fait,
04:40parce que les gars, ils sont épuisés.
04:44Hier midi encore, vous faisiez à manger pour des pompiers.
04:46On va, je crois, voir des photos, et vous avez fait ça plusieurs fois ces derniers jours, je crois,
04:51avec de la nourriture aussi qui vient d'un peu partout dans la région.
04:54C'est un élan collectif ?
04:55Non, j'ai juste contacté deux fournisseurs pour qu'ils participent,
05:00et donc on participe tous les trois, eux et moi.
05:04Et puis après, mon personnel qui prépare, à midi, ça sera un bœuf bourguignon, par exemple,
05:08et ça sera le dernier jour, puisqu'après, le feu étant circonscrit, on va pouvoir reprendre.
05:14Reprendre une vie presque normale. Pourquoi avoir fait ça ?
05:18C'est repas pour les pompiers ?
05:20Non, je ne sais rien, c'est normal.
05:21Je l'avais déjà fait pour des choses...
05:25En fait, le maire de...
05:25De toute façon de les remercier ?
05:27Ah oui, mais je pense que c'est passé.
05:28Il va falloir faire d'autres choses.
05:30Rendez-vous compte que ces gens, c'était 2000, ils ont...
05:34Moi, je suis passionné de la cuisine, eux, ils sont passionnés de ce qu'ils font.
05:37Mais moi, je ne risque pas ma vie, quoi.
05:39Eux, ils vont au pied des maisons, et ils ne lâchent rien, coûte que coûte, quoi.
05:42C'est incroyable, il faut que les gens comprennent ça,
05:45qu'à tout moment, les pompiers peuvent sauver leur bâtiment, leur vie, etc.
05:49Il y a eu très peu de maisons brûlées.
05:51Il y a un décès, presque 20 000 hectares.
05:55C'est incroyable ce qu'ils ont fait, ces gens.
05:58La résilience, la renaissance, la solidarité,
06:01c'est les trois mots, je pense, qui résument un petit peu ce dont vous nous parlez aujourd'hui.
06:05Et après, et la suite ?
06:06Comment vous, vous l'envisagez, après avoir vécu ça ?
06:09Il reste quand même un choc et un traumatisme, on le disait.
06:11Comment vous voyez les mois à venir ?
06:14Alors, je ne sais pas, ça fait peur, je m'inquiète.
06:16Il y a des jours où j'ai le moral, je dis, allez, ça va y aller.
06:18Et puis, il y a un jour où j'ai le coup de mou, je me dis, mais on ne va jamais y arriver, quoi.
06:23Le chemin qui monte à Fronjoncouze, la route est partie par Nice.
06:26C'est-à-dire que quand on arrive chez moi, on voit des endroits brûlés sur la route, etc.
06:30Mais ce n'est pas la catastrophe de Visu.
06:34C'est quand on monte, par exemple, à ma maison, parce que j'ai la maison sur l'auteur,
06:37j'avais acheté ce terrain parce que c'était des kilomètres à la ronde de vues, de montagnes.
06:43Là, tout est noir, tout est noir.
06:45Donc là, c'est affreux.
06:46Il va falloir qu'on a commencé déjà à tronçonner, etc.
06:50Il faut essayer et puis espérer un peu de pluie pour que ça reverdisse, quoi.
06:53Voilà.
06:54Merci.
06:55Avec plaisir.
06:55Gilles Goujon, pour votre témoignage très touchant.
06:57Je rappelle que vous êtes chef de l'auberge du Vieux Puy triplement étoilé.
07:01Et j'imagine que Loïc est sensible aussi à ce témoignage.
07:03Non, c'est très intéressant parce que ces tables-là,
07:06trois étoiles au guide Michelin, c'est important de le dire,
07:08c'est un phare pour le monde entier.
07:10On vient du monde entier chez Gilles Goujon.
07:12Et le fait qu'il réouvre demain, c'est aussi un symbole que la vie reprend.
07:16Et que cette économie, il faut qu'elle reprenne, il faut qu'elle se relève.
07:19Alors, c'est des moments difficiles, mais c'est aussi un symbole.
07:23Donc, je trouve que c'est beau de réouvrir très vite pour que cette vie,
07:27elle reprenne et pour que le village aussi reprenne.
07:30Oui, et que les gens soient là, présents, qu'ils reviennent.
07:33Parce que je ne suis pas tout seul.
07:35J'ai un ami qui a des gîtes et tout est annulé.
07:38Donc, il y a les gîtes, il y a les hôtels, il y a les commerces.
07:41Nous, sans les touristes, on ne vit pas.
07:44Dans une saison économique où, justement, c'est là où tout se joue,
07:47en fait, durant l'été, en fait.
07:48Et c'est important de le dire et c'est tout ce qu'on vous souhaite à vous
07:50et puis à tous les habitants qui sont concernés, les professionnels.
07:53Merci infiniment pour votre témoignage aujourd'hui dans Télématin.
07:57La chronique consomme.
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