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  • il y a 5 mois
L'incendie dans l'Aude a été fixé jeudi soir.  Il s'agit du pire incendie depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen français, selon une base de données gouvernementale répertoriant les feux de forêt depuis 1973. 

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00:00Le feu est désormais fixé dans l'eau. 17 000 hectares ont été parcourus par les flammes.
00:06Hier matin, l'enquête a débuté. Comment va se dérouler cette enquête ?
00:10Précisément, c'est l'objet de notre 7 minutes pour comprendre.
00:19Et on en parle ce matin avec toujours Ludovic Pingano qui est avec nous en plateau.
00:23Merci Ludovic, expert sécurité et risque pour BFM TV.
00:28Marc Roland, merci de nous avoir rejoints. Vous êtes capitaine de gendarmerie, habitué évidemment de ces enquêtes XXL.
00:34Essayer de remonter à la source, c'est ce qui nous intéresse ce matin.
00:36Et Paul Conge, merci Paul d'être avec nous, journaliste, police justice à BFM TV.
00:40Je commence avec vous Paul parce qu'il se trouve que hier, vous êtes rendu dans cet institut dont vous allez nous parler.
00:47C'est en quelque sorte le laboratoire, là où tout se passe une fois qu'on a récolté sur le terrain des échantillons.
00:53Eh bien, il faut les faire parler.
00:55C'est ça, l'IRCGN, l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.
00:59C'est un peu le vaisseau amiral de la gendarmerie scientifique en France.
01:03Ils ont beaucoup d'unités spécialisées.
01:04Unités spécialisées en traces de sang, en explosifs et en incendies.
01:08C'est là qu'on s'est rendu hier avec Tanguy Tricouat.
01:10On a rencontré là-bas le major Christophe Rémillon, 20 ans de boîte.
01:15Il nous a expliqué que leur travail consiste à se poser la question de savoir si un incendie est d'origine criminelle ou non.
01:21Leur travail à l'IRCGN, c'est de faire parler ces cendres.
01:24Ce n'est pas une mince affaire, notamment quand on a 16 000 hectares de terres brûlées, de zones dévastées.
01:30Leur travail, c'est de remonter à la source de l'incendie, ce qu'ils appellent le point d'éclosion.
01:34Et pour le trouver, souvent, il faut travailler très vite, dès le départ, des flammes.
01:38C'est un mélange de travail humain avec des équipes sur place, parfois des survols de drones.
01:42Ils arrivent parfois, comme là, dans l'Aude, à circonscrire la zone de départ de feu à une toute petite zone.
01:48Une fois sur place, les enquêteurs, les techniciens prélèvent des morceaux de terre, des composés organiques.
01:55Tout ce qui peut aussi avoir pu être apporté par l'homme, par exemple, des bisons d'essence.
02:01On les voit effectivement sur les images.
02:02Ça peut être des bidons d'essence, ça peut être des mégots, des bouteilles de white spirit.
02:08Tout ce qui peut être apporté là par l'homme, ce qu'ils appellent des produits accélérants,
02:11ce qui peut faire se déclencher un incendie ou accélérer, se faire propager un incendie.
02:16Et ensuite, ces prélèvements sont apportés dans ce laboratoire qui se situe à Pontoise.
02:20Ils vont analyser des fragments de ces prélèvements dans des environnements stérilisés.
02:25L'insérer dans un chromatographe, c'est une machine ultra fine qui va permettre de disperser tous les composés chimiques qu'on trouve à l'intérieur.
02:31Et c'est là qu'on va pouvoir s'apercevoir s'il y avait là, par exemple, des hydrocarbures, des alcools, qui sont des choses totalement invisibles à l'œil nu.
02:40Et ça va aider le travail d'enquête pour déterminer si l'incendie a une cause intentionnelle ou non.
02:46Pierre Barbin, avant d'entrer dans les détails de cette enquête, on sait que 9 incendies sur 10 sont d'origine humaine.
02:55Alors forcément, c'est plutôt d'origine humaine.
02:57On cherche à déterminer si c'est volontaire ou involontaire.
03:00Avant de nous expliquer, le 1 sur 10 qui n'est pas d'origine humaine, c'est quel type d'incendie ?
03:04Ça peut être des incendies d'origine naturelle.
03:06Alors on parle beaucoup de la foudre, effectivement.
03:08Il y a quelques cas qui ont été repérés et qui consolident cette thèse.
03:11La foudre, effectivement, peut déclencher un feu.
03:14Mais je pense également aux incidents électriques.
03:17Un câble qui chute au sol, l'hypertension dégagée peut effectivement produire suffisamment de chaleur,
03:22suffisamment d'énergie thermique pour provoquer un départ de feu.
03:25Donc il y a vraiment une coordination, et c'est ça le point important en fait,
03:28entre le terrain, c'est-à-dire les personnes que l'on voit à l'écran qui récoltent des échantillons,
03:33et ensuite ces scientifiques qui, dans leur laboratoire,
03:37essayent de trouver les raisons justement de potentiellement un crime qui pourrait être derrière.
03:42Comment est-ce qu'ils communiquent ensemble, ces différentes personnes ?
03:46Alors c'est une excellente question, et je ne vais pas vous faire un cours académique,
03:50mais il y a une hiérarchisation et un système pyramidal entre le terrain et le laboratoire.
03:55La gendarmerie, dans le cas d'Espèce, a mis en place des éléments de terrain
03:59avec des techniciens d'identification criminelle de proximité,
04:03au niveau du plus proche du terrain, au niveau des brigades,
04:06et puis au niveau départemental, des techniciens d'identification criminelle
04:09qui sont attachés à des plateformes, à des plateaux d'investigation,
04:12et au niveau sommital, l'IRCGN effectivement,
04:14qui constitue cette tête de vaisseau que vous évoquiez,
04:17en capacité d'engager des moyens sur le terrain, des experts sous le terrain,
04:21avec des moyens mobiles, un bus qui est équipé,
04:23à l'instar d'un laboratoire, qui est capable d'aller au plus proche du terrain
04:27pour renforcer la qualité des prélèvements et des constatations,
04:32en mesure d'analyser sur le terrain directement les produits
04:35pour avoir des premières définitions, pour accélérer le processus de l'enquête.
04:39Donc une chaîne hiérarchique, une chaîne technique,
04:42une chaîne criminalistique performante qui marche très bien.
04:44Des agents sur le terrain, et Ludovic, on l'a vu hier sur ce plateau,
04:47des chiens également spécialisés dans la recherche d'hydrocarbures.
04:50Oui, des chiens effectivement dressés spécifiquement pour capter ces odeurs d'hydrocarbures
04:55et qui vont ensuite être des alliés très importants aux enquêteurs
04:59à partir du moment où effectivement ils ont repéré ces traces d'accélérants sur la zone.
05:06Regardons ces images, Paul, de ce reportage que vous avez fait.
05:11Ce qui frappe, c'est l'extrême minutie.
05:13C'est-à-dire que là, toutes les précautions sont prises.
05:15Il ne s'agit pas de polluer les échantillons qui ont été prélevés sur le terrain.
05:19D'ailleurs, comment est-ce qu'ils voyagent, ces échantillons, jusqu'à Paris ?
05:22Ces échantillons, ils voyagent dans les pots que vous avez pu voir là sur ces images.
05:27Et ils sont évidemment dans des environnements qui sont très protégés.
05:31Il ne faut surtout pas que des composés extérieurs viennent les polluer
05:34et qu'ils viendront ensuite tronquer les analyses faites en laboratoire.
05:38Donc évidemment, tout ça est fait avec énormément de précautions.
05:41On l'a vu dans ces machines.
05:42Ils manipulent ces scellés qui sont placés sous scellés.
05:48Ils font des prélèvements dans des environnements entièrement stérilisés.
05:52Et ensuite, ce sont des flacons qui, eux aussi, sont évidemment étanches à l'environnement extérieur.
05:57Et ensuite, c'est vraiment une petite seringue qui va venir se planter dans le flacon
06:01pour ensuite l'insérer dans une machine qui, elle, va vraiment faire cette analyse chimique
06:05de décomposition pour déterminer la composition chimique.
06:08– Capitaine, est-ce que la plupart du temps, les enquêteurs viennent à bout des enquêtes ?
06:13C'est-à-dire déterminent l'origine de l'incendie.
06:15Et un mot aussi sur les incendies d'origine criminelle.
06:19De manière générale, quel est le profil des personnes qui allument des feux ?
06:23– Vous savez, la difficulté dans un cadre judiciaire, c'est un, de constater les faits,
06:28deux, d'en rassembler les preuves et trois, d'en identifier les auteurs.
06:31Pourquoi ? Parce que ça répond à une obligation juridictionnelle.
06:34On a obligation d'apporter une réponse par rapport à un trouble majeur à l'ordre public.
06:39Dans le cas d'espèce, effectivement, la gendarmerie parvient, grâce à ces investigations,
06:43grâce au témoignage, grâce au travail d'enquête, à identifier effectivement des profils d'incendiaires
06:48ou de gens malveillants ou des gens qui ont causé, par leur imprudence,
06:53une observation des règles de sécurité élémentaires, des incendies.
06:57– Qu'on soit bien d'accord, le mégot jeté par terre, c'est involontaire, évidemment.
07:00En revanche, la personne qui va mettre de l'hydrocarbure et un briquet, là, on est dans du volontaire.
07:05Ça arrive souvent ?
07:06– Alors, je vais quand même nuancer un peu votre propos.
07:07La personne qui jette son mégot, de manière involontaire,
07:11elle se rend quand même coupable d'une infraction pénale.
07:12– Bien sûr.
07:13– On ne va pas l'exonérer non plus.
07:14– Bien sûr, bien sûr.
07:15– Outre le bon sens, il y a vraiment la règle sociétale qui veut qu'on réprime,
07:19à hauteur de 135 euros d'amende, ce jet de mégot.
07:22Pour autant, l'acte volontaire, la volonté de mettre le feu, n'existe pas.
07:26– Ludovic, l'enquête, là, tout ce dont on a parlé,
07:29ce trajet du terrain jusqu'à Paris au laboratoire, ça peut durer combien de temps ?
07:34– Là, tout dépend, effectivement, de la zone d'intervention.
07:38Par contre, l'objectif est que l'analyse puisse se faire le plus rapidement possible.
07:43Donc, c'est, effectivement, tout ce matériel, c'est comme ça qu'on l'appelle,
07:46tout ce matériel récupéré sur les lieux et transféré, en général,
07:49dans la journée même à l'IRCGN.
07:50– Oui, c'est très rapide. – C'est très, très rapide.
07:52– Oui, les machines aussi fonctionnent très, très vite.
07:54En quelques minutes, quelques heures, au pire, les prélèvements peuvent être analysés
07:58et vous avez déjà une première idée de ce qui composait le terrain.
08:02– Donc, après, ils partent, ces résultats, en direction des autorités,
08:05c'est-à-dire que ça repart du côté des enquêteurs pour qu'ils puissent prendre en compte les résultats.
08:10– Oui, un rapport rédigé par les enquêteurs de l'IRCGN,
08:14qui est transmis ensuite, effectivement, aux enquêteurs de police judiciaire
08:17ou, en l'occurrence, de gendarmerie,
08:18qui vont pouvoir s'en servir pour déterminer les causes volontaires ou pas de l'incendie.
08:23Parce qu'il ne suffit pas simplement de faire cette analyse chimique.
08:26Parfois, il ne suffit pas pour déterminer la cause précise de l'incendie.
08:29Vous pouvez avoir un mégot.
08:31A-t-il été apporté là de manière volontaire ?
08:33Est-ce que c'est un mégot qui datait d'avant l'incendie ?
08:36Toutes ces questions-là, voilà, il faut pouvoir y répondre.
08:38Et ça, c'est un travail vraiment conjoint entre les scientifiques
08:41et les enquêteurs de terrain plus traditionnel.
08:43Merci.
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