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Transcription
00:00Alors c'est l'heure, Luc Besson, de votre portrait sonore.
00:04Est-ce que vous savez ce que c'est le portrait sonore ?
00:06C'est des petits extraits qui devraient vous rappeler de grands moments de votre vie
00:09que vous allez nous raconter peut-être.
00:11Et c'est parti pour le premier.
00:12Moi le gentil dauphin, je n'y suis pour rien.
00:17Bon là c'est facile, vous allez nous expliquer pourquoi.
00:20Oui c'était pas dans le film, c'est une chanson de Gérard le Normand.
00:23C'est une chanson de Gérard le Normand, elle parle d'un dauphin.
00:26Mais il y a surtout un lien avec votre enfance.
00:28C'est vrai que votre rêve de gosse était de devenir delphinologue.
00:31Pourquoi ? Et qu'est-ce qui vous a empêché finalement de réaliser ce rêve ?
00:35Je me souviens d'une conseillère d'orientation en troisième
00:39à qui j'ai dit que je voulais être delphinologue.
00:41Elle m'a dit delphi quoi ?
00:43Et elle m'a proposé d'être diamantère.
00:45Ah c'est pas mal.
00:46Elle m'a dit dans la filière il y a de la place.
00:50Diamantère c'est très bien pour vous.
00:52Mais c'est le cas rapport finalement.
00:54Ah bah non mais ça elle s'en foutait un peu.
00:55Vous souriez à renverse.
00:56Et votre maison de production, la première en tout cas c'est les films du dauphin.
01:00Alors non la première c'est les films du loup.
01:02Parce que j'avais tellement peur de me planter que je voulais pas l'appeler les films du dauphin.
01:06Et donc la deuxième c'est appeler les films du dauphin.
01:09Alors deuxième extrait.
01:10C'est un peu plus difficile.
01:16Mais ça vous dit quelque chose ?
01:18C'est James Bond mais...
01:19Parfait.
01:20Alors à vos débuts j'ai cru comprendre que vous aviez été assistant réalisateur sur le film Moonraker.
01:27Non j'étais stagiaire.
01:28J'avais 17 ans.
01:29On vous a gradé là.
01:30Non c'est le premier film où grâce à un ami qui était staffeur.
01:34C'est ceux qui font les plâtres en fait dans les décors.
01:36Et j'ai réussi à passer quelques semaines dans le décor de Moonraker.
01:41De James Bond.
01:42Donc j'avais 17 ans et c'était assez incroyable.
01:45Je voyais Roger Moore arriver trempé.
01:48Et je ne comprenais pas pourquoi...
01:50En fait il s'était battu avec un boa au Brésil la semaine d'avant.
01:55Donc il y avait un monsieur qui...
01:57Il mettait de l'eau partout.
02:00Et non c'était quand même un début assez toniculant.
02:03Et justement le déclic du cinéma il vient d'où ?
02:07Le déclic du cinéma en fait je ne savais pas trop quoi faire.
02:12J'aimais bien un peu le cinéma mais sans plus.
02:14Et on m'a invité sur un tournage d'un court métrage.
02:20Et je suis arrivé dans la rue.
02:22J'ai demandé où était le tournage.
02:24J'ai demandé excusez-moi où est le tournage.
02:25Et il y a un machinot qui m'a dit
02:26Suis les câbles.
02:29Et j'ai suivi les câbles dans ce couloir.
02:31Et au bout il y avait...
02:33Enfin on était en novembre donc dehors il devait faire 4 degrés.
02:36Et dans la cour de cet immeuble il faisait 25.
02:38Parce qu'il y avait des lumières partout.
02:40Et c'était un court métrage sur un luthier du 11ème siècle.
02:43Tout le monde était en costume.
02:45Et je suis tombé raide amoureux.
02:48Vous aviez quel âge là ?
02:49J'ai 17 ans.
02:50Et il y a une jeune fille qui s'est approchée qui m'a dit
02:52Comment tu t'appelles ?
02:55J'ai dit Luc, t'es venu pour aider le film ?
02:56Oui.
02:57Ok alors est-ce que tu peux prendre les caisses, les émettre là-bas etc.
02:59C'est tout ce que j'avais à dire
03:01Pour être intégré dans cette famille-là.
03:05Donc comme j'avais un peu de mal dans l'intégration de la mienne.
03:09Le fait d'en trouver une d'un seul coup comme ça
03:12Qui m'a demandé juste mon prénom.
03:15Et j'étais accepté tout de suite.
03:16J'ai fait 3 jours de tournage.
03:18Famille qu'on va retrouver.
03:19Parce que vous êtes extrêmement fidèle dans vos films.
03:22Que ce soit dans les costumes, dans les décors, dans les musiques.
03:26Que vous essayez de travailler avec des gens avec lesquels vous avez créé justement cette famille.
03:30On va y revenir.
03:31Allez, troisième extrait.
03:33Ah oui.
03:34Très compliqué.
03:36Très compliqué.
03:38On est en 1988.
03:40Après Subway, vous réalisez le Grand Bleu.
03:42Qui va être évidemment un vrai triomphe en salle.
03:45En France, on aura plus de 9 millions de spectateurs.
03:47C'est l'un des plus grosses succès du cinéma français.
03:50Et également à l'international.
03:51Pourtant, la critique ne suit pas au départ.
03:54Notamment au Festival de Cannes.
03:56C'est quelque chose dont vous avez souffert.
04:00Qu'on n'a pas compris surtout.
04:01On n'a pas compris parce que le Grand Bleu, c'est deux gamins un peu arrachés.
04:07Un peu qui ont des cheveux courts.
04:09Il n'y a pas de flingue.
04:09Il n'y a pas de politique.
04:11Il n'y a pas de sexe.
04:11C'est vraiment un film presque d'adolescent.
04:16Donc, on n'a pas compris la virulence de l'attaque.
04:19Je rappelle juste, il y a quand même 250 pages nauséabondes sur le film dès sa sortie.
04:25Il n'y a pas une seule critique, pas une radio, pas une télé qui dit du bien de film.
04:30On a vraiment essayé de flinguer le film dès le départ.
04:33À ce point-là ?
04:33Pourquoi ?
04:34J'ai gardé les 200 pages.
04:36Je les ai gardées.
04:37Mais pourquoi ?
04:39En fait, parce que j'ai tourné en anglais, parce que j'ai pris des gens pas connus
04:44et qu'on est arrivé à Cannes et qu'ils trouvaient ça prétentieux qu'un jeune metteur en scène...
04:52Pourtant, c'est le propre un peu des films d'auteurs qui sont présentés à Cannes.
04:55Ce ne sont pas forcément des gens, à part des réalisateurs connus.
04:58Je pense que le film avait une espèce de naïveté un peu bleutée.
05:02Et voilà, des garçons avec des cheveux courts qui aiment les dauphins,
05:07ce n'est pas cannois, quoi.
05:09Les journalistes arrivent là-bas avec leurs lunettes et leurs kalachnikovs
05:12et il faut tirer tout de suite sur tout ce qui bouge.
05:14Donc, ça s'est très très mal passé, vraiment.
05:17Ça a été super dur.
05:19Et le public, le jeune public a pris le film.
05:22Je ne les remercierai jamais assez.
05:24C'est ce qu'on appelle les bouches à oreilles.
05:26C'est surtout eux qui m'ont sauvé.
05:27Et si j'ai pu faire tous ces films, c'est vraiment grâce aux spectateurs.
05:32Et dans ce film, évidemment, on retrouve Jean-Marc Barre qui joue le rôle de Jacques Mayol
05:35et à ses côtés, Rosanna Arquette qui joue Johanna Bakker.
05:41Et j'ai cru comprendre qu'elle vous avait presque demandé
05:44à ce que vous puissiez jouer le rôle, justement, de Jacques Mayol dans le film.
05:49Au départ, vous choisissiez Jean-Marc Barre.
05:52Alors ça, c'est une anecdote assez...
05:54Bon, je ne trouve pas l'acteur.
05:56On est quand même à 15 jours du tournage.
05:58Et je ne trouve pas l'acteur.
06:00Je suis très très angoissé.
06:01Jean-Rénaud s'entraîne à la plongée depuis six mois, déjà.
06:05Et Rosanna me dit, mais pourquoi tu ne le fais pas ?
06:07Et j'ai dit, d'abord, je ne suis pas acteur.
06:10Elle me dit, d'accord, mais il y a 50% qui est sous l'eau.
06:12Et sous l'eau, il n'y aura pas meilleur que toi.
06:15Donc moi, je peux t'aider pour les autres 50%.
06:17Et j'avoue que sur le moment, pas du tout par une envie,
06:22mais par une nécessité,
06:23je me suis dit, bon, je vais quand même me préparer.
06:26Donc je me suis mis au régime, déjà.
06:29À l'anglais.
06:31Ça va après redire votre respiration sous l'eau.
06:33Non, ça, ça, je tenais déjà 4 minutes.
06:35Ah, on en a pas mal.
06:36Mais vraiment, elle m'a poussé vraiment.
06:38Et j'avais même demandé, d'ailleurs, à un metteur en scène,
06:42qui s'appelle Becker, Jean Becker.
06:44Je lui ai dit, écoute, est-ce que tu peux me faire faire des essais
06:46pour mon propre film ?
06:48Il m'avait dit oui.
06:50Et puis, je vais à Londres.
06:52Et je tombe vraiment, au dernier moment, sur Jean-Marc Barre,
06:56qui parlait français et anglais,
06:58qui avait été maître nageur.
07:00Donc voilà, tout allait bien.
07:02Et je l'ai tout de suite engagé pour me débarrasser de ce problème.
07:08Alors, il faut dire que votre père était instructeur de plongée.
07:10Ma mère.
07:10Votre mère était instructrice de plongée.
07:12Donc vous avez vécu dans ce milieu,
07:14le milieu de la mer, le milieu de la plongée.
07:16De zéro à sept ans, je n'ai pas de chaussures,
07:18j'ai plutôt des palmes.
07:20Et on est en Grèce, en Yugoslavie,
07:22on est dans tous ces pays-là.
07:24Et moi, je passe ma vie dans l'eau.
07:25Et puis, je parlais de famille.
07:27On disait que Zoé Bleu est la fille de, justement, Rosanna Arquette.
07:30Alors, oui, ça, c'est assez incroyable,
07:33parce que je ne le savais pas au début,
07:34parce qu'elle n'a pas le même nom de famille.
07:36Zoé, je l'ai vue, elle devait avoir trois jours.
07:39Je l'ai vue jusqu'à l'âge de 7-8 ans.
07:41Après, on s'est un peu perdu de vue.
07:42Et je la retrouve, c'est Caleb Landry Jones qui m'en parle.
07:47Il me dit, tiens, j'ai vu cette fille sur les réseaux,
07:49elle a l'air bien et tout.
07:51Et j'ai réalisé seulement après, en fait,
07:54que c'était sa fille.
07:57Et donc, elle a fait des essais assez durs, je dois dire.
08:01Je ne l'ai pas ménagée.
08:02Mais on avait besoin de savoir qu'elle était suive.
08:04Elle est prodigieuse dans le film.
08:05Elle est prodigieuse et c'est son premier film.
08:07Donc, il faut quand même être sûr qu'elle peut tenir la distance,
08:10qu'elle a les nerfs.
08:12Elle a fait des super essais.
08:15Et elle a tourné à 28 ans,
08:17qui est l'âge de Rosanna Arquette.
08:19À 28 ans, quand elle joue dans le grand coup.
08:22Quelle belle ironie du sort.
08:24Et juste une petite anecdote,
08:25hier soir, on a fait une projection pour les techniciens,
08:27au Grand Rex,
08:29où il y avait sa mère, Zoé, et son papa.
08:33Et c'est à cet endroit-là que j'ai montré le Grand Bleu,
08:37à Rosanna, la première fois au Grand Rex.
08:40Émotion.
08:40Et là, il y avait Zoé qui, à côté de sa mère,
08:42regardait Dracula.
08:43Incroyable.
08:44Donc, c'était quand même une très belle soirée.
08:46Merci de nous confier toutes ces belles histoires
08:48et ces belles anecdotes, Luc Besson.
08:50Vous restez avec nous jusqu'à 11h.
08:51On va retrouver Vanessa Zah,
08:53qui, chaque jour, nous emmène à la découverte
08:56de notre patrimoine aux quatre coins de la France.
08:58C'est ce qu'elle appelle, elle,
08:58la croisée des plumes et des pinceaux.

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