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  • il y a 5 mois
Bruno Retailleau sera-t-il recadré à Matignon par François Bayrou ? En tout cas, le ministre de l'Intérieur a rendez-vous avec le chef du gouvernement. Peut-on parler de recadrage attendu ? On en parle avec : Nicolas Dumas, journaliste politique BFMTV à l'hôtel de Matignon (Paris). Christophe Barbier, éditorialiste politique BFMTV. Pierre-Yves Bournazel, conseiller de Paris, candidat "Horizons" à la Mairie de Paris. Alma Dufour, députée "La France Insoumise - Nouveau Front Populaire" de Seine-Maritime. Et Martin Garagnon, porte-parole de "Renaissance".

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Transcription
00:00Bruno Retailleau sera-t-il recadré ce soir à Matignon par François Bayrou ?
00:04En tout cas, le ministre de l'Intérieur a rendez-vous avec le chef du gouvernement.
00:09Nous sommes sur place avec Nicolas Dumas. Peut-on parler donc de recadrage attendu ?
00:15Un entretien habituel, c'est comme ça qu'a présenté le Premier ministre depuis Angers.
00:21Ce rendez-vous avec le ministre de l'Intérieur, François Bayrou, a insisté sur le fait
00:26qu'il a déjà vu Bruno Retailleau ce matin au sujet de la Corse.
00:31Le Premier ministre veut s'employer, coordonner et fédérer l'équipe gouvernementale
00:37avec ce tête-à-tête qui débute aux alentours de 20h.
00:42Au menu, plusieurs sujets comme le budget mais aussi l'Algérie
00:46qui cristallise les critiques du ministre de l'Intérieur envers le chef de l'État.
00:51Bruno Retailleau devait rencontrer le président cet après-midi.
00:55Un rendez-vous qui a finalement été reporté à une date inconnue dans ce contexte particulier.
01:01Cette autre entrevue avec le Premier ministre au lendemain d'une interview à Valeurs Actuelles
01:07où Bruno Retailleau prédit la fin du macronisme en 2027.
01:12La polémique s'est immédiatement installée dans le socle commun
01:16avec la réaction de plusieurs membres du gouvernement critiquant cette prise de parole.
01:20Et à la mi-journée, Bruno Retailleau a assuré n'avoir aucune raison de quitter ce gouvernement.
01:27Merci Nicolas Dumas avec Vincent Gaultier pour les images.
01:31Un peu plus tôt dans l'après-midi, François Bayrou était à Angers.
01:34Un déplacement sur le thème du tourisme.
01:35Il a été interrogé sur les propos de Bruno Retailleau.
01:39Écoutez sa réponse.
01:40La cohésion de l'équipe gouvernementale est évidemment une mission essentielle.
01:48Et je travaille à cette cohésion en tenant compte des sensibilités différentes.
01:52Alors, les différences de sensibilité sont bienvenues.
01:56Le pluralisme est bienvenu.
01:58Mais il ne faut pas que ces sensibilités prennent la forme de divergence.
02:02Et donc, mon travail à moi, c'est de coordonner, fédérer, rassembler, rapprocher et entraîner.
02:11Bon, il ne va pas trop se faire taper sur les doigts ce soir à 20h à Matignon
02:15lorsqu'on entend le Premier ministre qui dit qu'il faut de la cohésion.
02:17Enfin, ce n'est pas un recadrage très sévère.
02:20Non, ce n'est ni l'intérêt ni le style de François Bayrou.
02:22Ça va donner quelque chose de modéré.
02:25Il faut quand même préciser que c'est Emmanuel Macron qui devait voir Bruno Retailleau,
02:30pas sur ses propos, mais parce que c'était prévu.
02:32Sur l'Algérie.
02:33Il piquait au vif le chef de l'État à reporter ce rendez-vous et à demander à François Bayrou de le voir.
02:37La sanction est déjà là.
02:39Elle est dans ce déclassement de la visite.
02:41On change de rive, on passe de l'Élysée à Matignon.
02:43Évidemment, c'est un peu moins important, un peu moins solennel.
02:45Prends un siège, Bruno, prends et sur toute chose, observe exactement la loi que je t'impose.
02:50Le détourne Corneille, c'est des vers de Sina dont le sous-titrait La Clémence d'Auguste.
02:54Bayrou va se...
02:55Il sera clément.
02:56Voilà, il sera clément.
02:57D'abord, parce que ce n'est pas son intérêt d'avoir une crise gouvernementale.
03:00Il a besoin de Bruno Retailleau et des ministres LR.
03:03Et des ministres LR et des députés LR à l'Assemblée pour éviter de perdre toute assise dans cette majorité qui n'en est pas une.
03:12Et puis, il y a l'avenir.
03:13On a là deux personnages qui pensent à 2027.
03:16Bruno Retailleau, c'est évident.
03:17C'est d'ailleurs pour ça qu'il fait cette sortie.
03:18Il veut recréer un clivage droite-gauche et prendre l'ascendant à droite, notamment l'ascendant sur l'extrême droite.
03:25Et Bayrou, lui, il sait que son avenir présidentiel, s'il s'en rêve un, et forcément il en rêve,
03:30c'est de perpétuer la domination d'un bloc central pour repousser les deux extrêmes.
03:35C'est de faire du macronisme après Macron et de montrer que l'héritier de Macron, ça peut être Bayrou.
03:39Comme d'ailleurs, avant Macron, il y avait Bayrou.
03:42Puisqu'en 2002, en 2007, en 2012, c'est Bayrou qui jouait ce rôle.
03:45Et plus tard, plus anciennement dans l'histoire, Giscard et d'autres.
03:49Donc, ils ont intérêt à analyser leur divergence de vue sur la politique.
03:55Est-ce que c'est la polarité droite-gauche qui va revenir ?
03:58Ou est-ce que c'est le bloc central qui va continuer, comme depuis 2017, à dominer la vie politique ?
04:02Mais à ne surtout pas en faire un sujet d'affrontement.
04:05En attendant, ça donne quand même un drôle de spectacle.
04:07Pierre-Yves Bournazel, Alma Dufour, bonsoir.
04:09Bonsoir.
04:09Avec Martin Garignon qui représente Renaissance.
04:12Qu'est-ce que vous en pensez, Pierre-Yves Bournazel ?
04:14Il faudrait que Bruno Rotaillot se calme ?
04:16Je pense qu'il faut raison garder.
04:18Je pense que les Français sont inquiets par la situation internationale.
04:22Il y a des bascules géopolitiques possibles.
04:24Ils sont inquiets par la guerre sur le sol européen.
04:26On voit bien qu'il va falloir monter le curseur en matière de défense.
04:30Il y a la dette.
04:31Il y a la crise financière qui nous guette.
04:33Je pense qu'ils attendent de nos responsables politiques qui s'entendent.
04:38Ça, c'est le premier point.
04:38Deuxième point, ce qu'il y a d'un peu nouveau,
04:40c'est que pendant très longtemps, sous la Ve République,
04:43les chefs de parti étaient au gouvernement.
04:45Puis, depuis quelques années, au gouvernement, il n'y avait plus de chefs de parti.
04:48Puis voilà que Bruno Rotaillot est ministre de l'Intérieur,
04:51est chef de parti.
04:52Et en même temps, président des LR.
04:53Et président des Républicains.
04:54Donc, il y a une double casquette.
04:55La casquette du ministre d'Intérieur qui se veut un peu solidaire du gouvernement.
04:59Et puis, le président des Républicains qui dit ce qu'il pense sur beaucoup de sujets.
05:03Et souvent, c'est contraire à la ligne fixée par Emmanuel Macron, François Bayrou.
05:07Donc, les deux hommes vont discuter, s'expliquer gentiment.
05:11Et en plus, il sera 20 heures.
05:12Donc, ce n'est pas l'heure des disputes.
05:1420 heures, c'est plutôt l'heure des réconciliations.
05:16Peut-être même de l'apéro.
05:17Ça peut être l'heure de la scène de ménage aussi.
05:19Bon, je ne sais pas.
05:20J'espère, en tout cas, dans l'intérêt du pays, que chacun fera un effort.
05:23Parce que je pense que les Français ont suffisamment de problèmes pour ne pas que le gouvernement se dispute devant les Français.
05:29Alma Dufour, comment regardez-vous ce spectacle ?
05:31Moi, honnêtement, j'ai l'impression d'avoir deux personnes.
05:34Enfin, Emmanuel Macron et M. Retailleau qui se disputent pour savoir qui va conduire le corbillard en 2027.
05:40Parce qu'honnêtement, c'est la seule fois où je trouve que M. Retailleau a en fait raison.
05:45Il a raison de dire que le macronisme est mort.
05:48Vous êtes d'accord avec ça ?
05:49Mais ça s'applique aussi aux Républicains.
05:51Pourquoi ?
05:51Parce que, si on revient au vrai fond, qu'est-ce que c'est que le macronisme ?
05:55Le macronisme, c'est une vision politique qui consiste à essayer de stimuler l'activité économique et la croissance
06:02en attirant des investissements, en donnant beaucoup, beaucoup d'aide, notamment aux grandes entreprises.
06:07La politique de l'offre.
06:08La politique de l'offre. Mais pour traduire pour les gens, c'est ça.
06:11C'est-à-dire 211 milliards d'aides publiques par an aux grandes entreprises,
06:14en espérant avoir de la croissance, en espérant créer de l'emploi.
06:17Le problème, c'est que là, ils ont foncé dans le mur et tout leur bilan est au rouge.
06:25Le chômage réaugmente.
06:26Oui, mais il a baissé.
06:27Et on a atteint le record de faillites historiques depuis au moins 15 ans.
06:33Là, en 2025, on tape sur 70 000 faillites.
06:36Donc cette politique a échoué, selon vous.
06:37On a perdu, attendez, je vais finir parce que ce n'est pas fini.
06:39On a perdu 200 000 emplois salariés depuis janvier.
06:44On a des comptes publics qui sont au rouge.
06:46Et alors qu'on a fait plus de 40 milliards de coupes l'année dernière et qu'on va refaire 40 milliards de coupes cette année,
06:52le déficit, il est prévu à plus haut que ce qu'il était il y a trois ans.
06:57Pourquoi ? Parce que cette politique de l'offre, elle a complètement échoué.
07:00La croissance est en berne parce que les gens n'ont plus de pouvoir d'achat.
07:04Les gens ne partent plus en vacances.
07:05Il a fait, soi-disant, une conférence sur le tourisme.
07:08J'aurais bien aimé qu'ils nous disent comment on va faire pour stimuler le tourisme quand on veut supprimer la cinquième semaine de congés payés.
07:15Oui, mais quand on veut leur enlever une semaine où ils étaient payés pour pouvoir partir en vacances et où ils ne seront plus pour pouvoir partir en vacances,
07:24quand on sait qu'il y a déjà quasiment la moitié des Français qui ne partent pas en vacances,
07:28c'est absolument grotesque, j'ai l'impression d'avoir des gens qui sont complètement hors seuls.
07:32Vous dites que le macronisme est mort et vous mettez Bruno Rotaillot là-dedans ?
07:34Parce qu'il a la même ligne politique. Il est plus réactionnaire, plus dur.
07:37Il ferait une politique de l'offre s'il était au pouvoir.
07:39Évidemment, évidemment. Et il se planterait exactement comme Emmanuel Macron.
07:42Martin Garagnon, si le président était fort, il aurait demandé à Bruno Rotaillot de partir sur le champ.
07:49Et finalement, je ne suis même pas sûr que ce soit un recadrage ce soir à 20h,
07:53mais on a vu la réaction du Premier ministre François Bayrou, tout ça est assez timide.
07:57Bruno Rotaillot est en position de force. Il pourra recommencer à marquer sa différence.
08:01D'ailleurs, il l'a dit cet après-midi, je continuerai à montrer que je suis différent de la Macronie.
08:06Déjà, j'aurais préféré que la France insoumise soit d'accord avec le ministre de l'Intérieur sur la politique sécuritaire à mettre en place,
08:12plutôt que sur la fin du macronisme.
08:13Mais après, la représentante de la France insoumise en plateau décide d'être d'accord avec M. Rotaillot sur la fin du macronisme.
08:17Moi, je vous ai juste donné le bilan économique.
08:19On sait bien que c'est la position aussi de la France insoumise, de vouloir justement polariser l'extrême de l'église politique.
08:24Non, non, mais je vais juste répondre à un propos.
08:26Je note que la France insoumise est d'accord avec le ministre de l'Intérieur sur un point, qui est la fin du macronisme.
08:31Oui, parce que c'est normal.
08:31C'est leur liberté. C'est plus que normal. C'est même logique par rapport à ce que...
08:34Je pense que si on interrogeait M. Le Pen, elle dirait aussi qu'elle est d'accord sur la fin du macronisme.
08:39Oui, alors...
08:40Il y a peut-être que les macronistes qui croient encore au macronisme.
08:42Mais écoutez, il faut aussi demander ça peut-être aux millions d'électeurs en France qui ont voté par deux fois pour Emmanuel Macron.
08:47Oui, sauf que vous avez perdu les élections juillet dernier.
08:49Oui, mais quand vous prenez en même temps l'histoire politique depuis 40 ans, vous voyez que ce n'est pas un accident unique.
08:56Ça s'est produit. Il y a eu des situations de cohabitation, ce qui n'est pas le cas, je le rappelle.
08:59Mais Bruno Rotaillot est en position de force. Il peut dire ce qu'il veut.
09:02Mais je pense à l'inverse. Vous me demandiez si le Président, s'il était fort, est-ce qu'il ne devrait pas sanctionner immédiatement le ministre de l'Intérieur ?
09:10J'aurais plutôt tendance à considérer que c'est parce que le Président est responsable et qu'il connaît la situation d'instabilité à l'Assemblée nationale
09:17et la nécessité pour le pays d'avoir une directrice qu'en responsabilité, justement, il y a ce socle commun.
09:23Et d'ailleurs, je rappellerai à M. Rotaillot...
09:25Donc il faut se faire critiquer parce que plus que la fin du macronisme, moi je trouve que les mots les plus durs,
09:29c'est lorsqu'il dit que le « en même temps », c'est l'impuissance.
09:34C'est fort quand même. C'est-à-dire que c'est l'impuissance au pouvoir le « en même temps ».
09:37Je rappellerai M. Rotaillot à une contradiction.
09:40C'est-à-dire que s'il considère que le « en même temps » est l'impuissance et que le « en même temps » est incarné par le macronisme,
09:44il est quand même dans un gouvernement où vous avez plusieurs ministres à l'air,
09:47mais qui restent quand même assez majoritairement fidèles au Président de la République.
09:51Donc si vous êtes dans un gouvernement...
09:51Le même c'est du « en même temps ».
09:52En faisant le constat de votre impuissance, normalement, en tant que responsable politique,
09:57soit vous quittez le gouvernement en disant « je n'ai pas les moyens de mon action ».
09:59Donc c'est à Bruno Rotaillot de quitter le gouvernement ?
10:01Non, non, moi je n'appelle pas...
10:01C'est très bien, ça serait une crise.
10:02Alors je vais vous dire, moi je ne rajoute pas de polémique à la polémique.
10:05Je trouve effectivement que les propos du ministre de l'Intérieur sont déplacés, assez inutiles,
10:10et qu'effectivement, je rappelle simplement que le principe qui a prévalu à la constitution de ce gouvernement il y a presque un an,
10:18c'est le principe de responsabilité et d'utilité aux Français.
10:21Le constat, c'était qu'il n'y avait pas de majorité à l'Assemblée,
10:23et que les LR qui étaient dans l'opposition avant ont décidé effectivement de faire preuve de responsabilité.
10:28Allons jusqu'au bout de ce principe dans son application, et soyons responsables,
10:32c'est-à-dire que quand vous êtes ministre de l'Intérieur, je pense que les sujets ne manquent pas,
10:35je ne suis pas sûr que les Français attendent de commenter la fin de tel ou tel mouvement.
10:39Je le rappelle, les seuls qui sont habilités à le faire, c'est les Français dans les urnes lors des élections.
10:43Oui, enfin, ça ne vous a pas acheté que la présidentielle avait commencé.
10:45Oui, mais les LR, je rappellerai leur score à la dernière présidentielle.
10:48Vous voyez, si on rentre dans ce petit jeu-là, je ne pense pas qu'on en sorte très légalement.
10:52Est-ce que les LR se voient plus beaux ? Trop beaux peut-être ?
10:55Alors qu'effectivement, quand on regarde les scores des dernières élections, ce n'est pas terrible.
11:01Peut-être que là, ils ont l'impression de revivre…
11:02Échec grave à la présidentielle, échec aux législatives.
11:06Maintenant, du côté des LR, il y a la reconstitution d'un appareil militant.
11:09C'est 120 000 adhérents qui sont venus prendre leur carte pour choisir leur président.
11:12Ils ont trouvé un leader, Bruno Retailleau.
11:14Ils ont un leader. Et puis, il y a les municipales devant eux.
11:17C'est une élection qui leur est un peu plus favorable.
11:19Mais, vous savez, ça n'a pas tellement d'importance.
11:21La présidentielle est devenue maintenant une élection à part.
11:24Regardez Emmanuel Macron, il a été réélu ou reconduit par les Français
11:27parce qu'il y avait un trouble international,
11:29alors que les municipales avaient été désastreuses pour le parti présidentiel.
11:33Donc vraiment, c'est la rencontre d'un homme ou d'une femme avec le peuple
11:36et des circonstances, la présidentielle.
11:38Il faut donc choisir ce moment que les Grecs appelaient le kairos,
11:41qui est le moment de l'opportunité.
11:42Bruno Retailleau a saisi ce moment pour rentrer dans l'action exécutive avec le gouvernement.
11:47Il en a été récompensé par la prise du parti.
11:49Mais la présidentielle, ça sera une autre aventure.
11:51Il y en a un qu'on a complètement oublié dans cette séquence, c'est Édouard Philippe.
11:56Peut-être que Bruno Retailleau, il veut remettre en place un clivage,
11:59on a bien compris, gauche-droite, affirmé.
12:01Édouard Philippe, ça va l'embarrasser, vous qui le soutenez ?
12:04Non, je crois qu'il n'est pas du tout embarrassé.
12:07Il est au travail, c'est déjà pas mal.
12:08Il a la rencontre des Français chaque semaine.
12:10Il prend le temps.
12:11On dit en général, mais ça compte.
12:13Si le clivage gauche-droite revient, comme le souhaiterait Bruno Retailleau,
12:17avec une droite à droite et une gauche bien à gauche,
12:20comment Édouard Philippe peut exister ?
12:22Chacun doit garder le sens de l'intérêt général, le sens de l'intérêt de l'État,
12:27et un peu d'humilité.
12:28Pourquoi ? Parce qu'on disait tout à l'heure le macronisme.
12:31Est-ce qu'Édouard Philippe est l'héritier du macronisme ?
12:34Le macronisme n'est pas aussi flamboyant qu'il a été,
12:38mais il n'est pas aussi critique que vous le disiez tout à l'heure.
12:42Parce qu'on peut parler du mélanchonisme, on peut parler du lepénisme.
12:44Moi, je vous ai donné des bilans, je ne vous ai pas donné des idées.
12:47Non, mais ils ne sont pas flamboyants.
12:48Je vous donne les bilans comptables et les bilans ministés.
12:50Est-ce que vous faites partie de ce macronisme ?
12:52Est-ce qu'Édouard Philippe revendique le macronisme ?
12:54En 2021, nous avons constitué avec Édouard Philippe un parti horizon,
12:58dans la clarté, dans la clarté.
13:01Nous avons soutenu Emmanuel Macron pour sa réélection en 2022.
13:05Il s'agissait d'être loyaux au président de la République,
13:08mais nous avons préparé l'avenir du pays.
13:10Et depuis maintenant 4 ans, Édouard Philippe est à la rencontre des Français,
13:13il prend le temps de les considérer.
13:16Mais c'est autre chose, en 2021.
13:17Quand Bruno Retailleau dit que le macronisme mourra avec Emmanuel Macron,
13:19est-ce qu'Édouard Philippe se sent visé ?
13:22Mais c'est très différent.
13:24Emmanuel Macron, c'est 2017-2027,
13:27et en 2027, c'est une autre étape.
13:29Ce n'est pas le même monde, ce n'est pas le même pays,
13:31ce n'est pas les mêmes tempéraments, ce n'est pas les mêmes caractères,
13:33ce ne sera pas la même vision, ce ne sera pas le même projet.
13:35Ce n'est pas les mêmes clivages.
13:36Donc est-ce que vous pensez qu'on aura de nouveau une polarisation ?
13:38Je pense que le clivage gauche-droite explique un certain nombre de choses,
13:42mais il n'est pas suffisant.
13:44Il y a d'autres formes de clivage aujourd'hui dans le pays.
13:46Au bas, entre le peuple et les élites ?
13:48Oui, bien sûr, il y a ce clivage-là.
13:50Il y a le clivage, évidemment, entre la question de la nation et de l'ouverture au monde.
13:55Et au lieu d'être dans le clivage, il faut peut-être trouver les solutions
13:57pour justement réconcilier et apaiser et transformer le pays.
14:01Il faudra un projet massif en 2027 pour répondre aux grands enjeux.
14:05La dette, la situation de la défense, parce qu'il va falloir monter notre curseur en matière de défense.
14:10Nous sommes dans un monde dangereux.
14:11On voit bien qu'il y a des bascules géopolitiques possibles.
14:14Et je pense qu'au moins, la force d'Edouard Philippe, c'est que ça donne un état.
14:16Il est solide, il est courageux, il se prépare et il est prêt à rassembler.
14:21À la main du four.
14:22Non, moi j'ai insisté, vous parlez d'une opposition.
14:24Ce n'est pas une opposition idéologique.
14:26Enfin, j'ai insisté sur un bilan qui est réel.
14:29Si vous pensez que les Françaises et les Français ne se rendent pas compte de l'état de l'économie dans le pays,
14:36du fait qu'ils ont de moins en moins de pouvoir d'achat,
14:38du fait que le 10 du mois, ils ont du mal à consommer, même au supermarché.
14:42Moi, je représente une circonscription assez pauvre.
14:45Pourtant, les gens bossent.
14:46Les gens bossent dur, les gens bossent en 3-8.
14:48Ils ont de moins en moins sur leur porte-monnaie à la fin du mois.
14:52Les gens, ils veulent des trucs très concrets.
14:53Là, je n'ai pas entendu parler de hausse des salaires.
14:56Je n'ai pas entendu parler de juguler l'inflation, les factures d'électricité, les loyers.
15:00Je n'ai pas entendu parler du fait que l'hôpital public, notre bien le plus précieux,
15:04est en train de s'effondrer sur nos yeux.
15:06Vous parlez de la politique sécuritaire.
15:09Il y a 1 500...
15:11Non, je vais revenir là-dessus.
15:12Non, non, non, mais attendez.
15:141 500 morts dans le couloir d'attente des urgences chaque année,
15:18c'est plus que le nombre d'homicides.
15:19Ensuite, sur l'inflation.
15:20L'inflation ne baisse pas.
15:22Les prix, juste, augmentent moins vite.
15:24L'inflation est à un niveau tout à fait normal.
15:26Quand vous êtes à 1,5% d'inflation, ce n'est pas une sur-inflation.
15:28Sauf que vous rajoutez ces 2% au 5% de l'année dernière.
15:32On connaissait qu'à 1%.
15:33Non, mais attendez.
15:34En 3 ans, l'alimentation, monsieur...
15:36L'alimentation, non, pas les salaires.
15:38Pas les salaires, monsieur, et pas les pensions, justement, avec le budget.
15:42L'alimentation, en 3 ans, elle a pris quasiment 25%.
15:46Ils ne vont pas baisser, ces 25%.
15:47Les factures des électricités, elles ont pris 45%.
15:50Ça ne va pas baisser, ça, non plus.
15:51Si vous faites une politique de la demande, c'est-à-dire la dépense d'argent public,
15:55vous nourrissez l'inflation.
15:56Donc, il faut la contrôler aussi.
15:57Ça peut être un moteur à l'inflation.
15:59Ça peut être un moteur de l'inflation,
16:00mais ce qu'on a vu avec les enquêtes du FMI, avec beaucoup d'études,
16:04c'est que la crise inflationniste que nous avons subie ces dernières années
16:06n'est pas due à la politique de la demande,
16:09elle est due à la spéculation.
16:11Les grands groupes en France n'ont jamais...
16:12Et la situation géopolitique aussi.
16:14Oui, mais parce qu'il y a une situation géopolitique,
16:16il y a un problème d'offres d'énergie,
16:18et il y a des grands groupes qui se vécuent.
16:20Le problème économique du NFP, moi, je veux bien...
16:21On la fera, mais je voudrais simplement...
16:22On est sur Bruno Rotailleau, et je voudrais quand même
16:27vous faire entendre Bruno Rotailleau,
16:29qui a repris sa casquette cet après-midi
16:31de mise de l'intérieur, et voilà ce qu'il a déclaré
16:33à propos de ceux qui s'en prennent aux forces de l'ordre
16:35et aux pompiers.
16:35Donc on a d'un côté la France qui s'engage,
16:41autour de moi, et on a de l'autre côté
16:44la France qui s'en sauvage.
16:47D'un côté, la France des héros,
16:51et je vais vous dire de façon brute,
16:54de l'autre côté, la France des salauds.
16:58Voilà, on a retrouvé le Bruno Rotailleau
17:00avec quand même une formule choc, la France des salauds.
17:03Alors Bruno Rotailleau devait montrer
17:05qu'il revenait sur les dossiers du ministre de l'Intérieur,
17:07parce qu'après les émeutes de ces derniers jours,
17:09s'occuper de la fin du macronisme et de théories politiques,
17:12ça pouvait le couper de ses devoirs de ministre.
17:14Après, la coupure héros-salauds, la rime est riche,
17:17mais la comparaison est inexacte.
17:18Les salauds, c'est les méchants, en fait, qu'il veut dire.
17:20C'est les criminels, c'est les délinquants.
17:22Et là, tout le monde est d'accord pour être du côté des héros.
17:24Salauds, c'est un concept qui a une force philosophique plus grande,
17:26puisque le salaud chez Sartre, c'est celui qui croit
17:29que son destin lui est imposé,
17:30et qui ne peut pas agir autrement que ce qu'il fait,
17:32et donc il n'est pas responsable,
17:33alors qu'en fait, il a le libre arbitre,
17:35et qu'il est responsable,
17:36et qu'il pourrait très bien être du bon côté,
17:38et que c'est par lâcheté, par hypocrisie,
17:39qu'il est un salaud.
17:40Est-ce que ce n'est pas cette définition-là
17:42qu'il faudrait superposer
17:45au parcours des politiques en général,
17:48et de Rotailleau en particulier ?
17:49Merci à tous.
17:50Vous allez me manquer, Christophe,
17:51parce que c'est votre dernière sur le plateau de BFM Story,
17:54et vous allez me manquer avec Corneille, Sartre,
17:57que vous avez réussi à citer quand même
17:58dans deux interventions.
17:59Eh oui, on peut terminer soit avec la fin du mariage de Figaro,
18:03la suite du barbier de Séville,
18:04c'est tout fini par des chansons,
18:05ou bien avec la dernière réplique d'Hamlet,
18:08le reste est silence.
18:09Merci en tout cas d'avoir participé
18:10à tous ces débats,
18:13toutes ces analyses,
18:14pendant plusieurs années sur ce plateau de BFM Story,
18:16et puis bon vent pour la suite.
18:18L'avenir dure longtemps, disait Althusser,
18:20ça c'est un philosophe.
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