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  • il y a 5 mois
Lors de son déplacement à Angers, François Bayrou a réagi aux propos du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau qui a décrété la fin du macronisme. On y revient avec : Soazig Quéméner, rédactrice en chef de La Tribune Dimanche. Xavier Iacovelli, sénateur "Renaissance" des Hauts-de-Seine, vice-président du Sénat. Agnès Evren, sénatrice de Paris, vice-présidente et porte-parole des Républicains. Romain Eskenazi, député "Parti Socialiste" du Val-d'Oise. Et Christophe Barbier, éditorialiste politique de BFMTV.

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Transcription
00:00On attendait la réaction de François Bayrou après les propos de Bruno Rotaillot qui a décrété la fin du macronisme.
00:07Le Premier ministre était en déplacement à Angers sur le thème du tourisme.
00:10Il a été questionné sur justement les propos de son ministre de l'Intérieur.
00:15La cohésion de l'équipe gouvernementale est évidemment une mission essentielle.
00:22Et je travaille à cette cohésion en tenant compte des sensibilités différentes.
00:26Alors les différences de sensibilité sont bienvenues, le pluralisme est bienvenu.
00:33Mais il ne faut pas que ces sensibilités prennent la forme de divergence.
00:38Et donc mon travail à moi c'est de coordonner, fédérer, rassembler, rapprocher et entraîner.
00:45Voilà, il faut préciser que François Bayrou doit voir son ministre de l'Intérieur ce soir.
00:50Au départ, un entretien a été prévu entre Bruno Rotaillot et Emmanuel Macron.
00:55Emmanuel Macron l'a annulé, l'a reporté.
00:58Et donc c'est le Premier ministre qui va rencontrer Bruno Rotaillot.
01:01On vient d'entendre les propos de François Bayrou.
01:03Ce n'est pas vraiment un recadrage, c'est simplement une mise au point pour François Bayrou.
01:08Certes, on peut avoir des personnalités différentes au sein du gouvernement, mais la cohésion est essentielle.
01:14Oui, c'est ce qu'il dit finalement François Bayrou depuis qu'il est arrivé à Matignon.
01:17Il sait bien que selon la formule consacrée, il a une brouette avec un troupeau de grenouilles.
01:21Comme il disait pour les centristes, c'est exactement la même chose au gouvernement.
01:24Il est très attaché, François Bayrou, au pluralisme.
01:28C'est ce qu'il répète lors de cette conférence de presse.
01:31Et en même temps, François Bayrou va devoir dire à Bruno Rotaillot les choses qu'il fâche.
01:37Il va devoir lui parler évidemment de cette interview dans Valeurs Actuelles
01:40et de cette question du macronisme.
01:43Le macronisme existe-t-il ou pas ?
01:46On sait bien que pour François Bayrou, c'est presque existentiel.
01:49Il faut que les macronistes ou en tout cas les centristes existent.
01:53Donc effectivement, ça va être la discussion entre deux.
01:57Mais pour l'instant, je trouve que les termes de François Bayrou sont volontairement feutrés devant les caméras.
02:02En tout cas, il n'a pas envie d'ajouter de crise à la crise.
02:04Il faut dire que François Bayrou a une autre crise qu'il attend, qui a déjà commencé.
02:08C'est celle du budget.
02:09Et il sait que l'automne sera terrible.
02:11Donc il aura besoin peut-être d'aide à un moment ou à un autre.
02:14Donc je le trouve quand même assez prudent.
02:15Il est prudent.
02:16Il est gentil finalement.
02:18Et je me tourne vers le sénateur macroniste Xavier Iacovelli, sénateur Renaissance et Hauts-de-Seine.
02:22Vous auriez aimé un recadrage un peu plus sévère de la part du capitaine Bayrou vis-à-vis de Bruno Rotaillot ?
02:29Je ne vais pas paraphraser le président Chirac.
02:31Mais un chef, c'est fait pour cheffer.
02:33Et donc c'est aussi pour recadrer...
02:34Là, il n'a pas vraiment cheffé.
02:35Il n'a pas encore eu l'entretien avec le ministre de l'Intérieur.
02:40Donc je pense que peut-être qu'il y aura une discussion en privé qui sera peut-être un peu plus franche.
02:44Mais vous souhaitez que Bruno Rotaillot soit recadré ?
02:46Non. Moi, je souhaite qu'au bout d'un moment, les ministres puissent rester sur une cohésion gouvernementale.
02:52Il en va du socle commun.
02:53Il en va aussi de l'avenir du budget que nous allons voter au mois d'octobre-novembre.
02:58Et donc oui, je pense qu'il y a besoin aujourd'hui d'être solidaires dans ce gouvernement.
03:02Il a abîmé cette solidarité, Bruno Rotaillot ?
03:04Vous savez, le problème, c'est qu'il est à la fois chef de parti.
03:07Et les partis sont là pour, effectivement, faire des pas de côté, pour faire des propositions.
03:12Et il y a cette capacité, effectivement, en tant que chef de parti, de parler un peu différemment.
03:16Et puis, il est aussi membre du gouvernement.
03:18Et en tant que membre du gouvernement, on se doit d'avoir une solidarité, effectivement, avec l'ensemble du socle commun.
03:24Et donc c'est vrai que jouer avec les deux, c'est dû en même temps, pour le coup.
03:28Bruno Rotaillot fait du en même temps.
03:29Et donc, je pense que c'est peut-être difficile pour lui.
03:32Mais maintenant, je pense que l'épisode est passé.
03:35Il faut maintenant se concentrer sur l'intergénalité.
03:36– Vous croyez que c'est terminé ? Vous pensez que c'est terminé ?
03:38– Moi, je le souhaite, en tout cas.
03:39Je souhaite, effectivement, que maintenant, chacun puisse se concentrer sur la mission qui est la sienne.
03:43En l'occurrence, remettre l'ordre dans le pays.
03:46C'était sa mission et son engagement quand il a été nommé.
03:49– Agnès Évren, bonsoir.
03:50– Bonsoir.
03:51– Vous êtes sénatrice de Paris, vice-présidente et porte-parole des Républicains.
03:54Est-ce que, effectivement, Bruno Rotaillot met à mal la cohésion gouvernementale nécessaire ?
04:00– Absolument pas.
04:01Il faut rappeler l'essence, en fait, de cet actuel gouvernement,
04:05qui est pour moi, en fait, comme un gouvernement de colocation.
04:07Pourquoi ?
04:08Parce qu'en fait, il est composé de personnalités de droite et de gauche
04:12qui ont toutes pris leur responsabilité, en fait, pour travailler ensemble,
04:16alors que pour certaines, évidemment, elles ont des opinions différentes,
04:19voire des cultures politiques différentes et même parfois des divergences.
04:22L'objectif, c'était d'aider impérativement, en fait, ce pays à se redresser
04:26alors qu'il y avait un danger d'extrême gauche
04:28et que la seule perspective, en fait, crédible à l'époque, après la dissolution,
04:33c'était d'avoir un gouvernement de droite avec, donc, Michel Barnier.
04:37Et c'est pour ça que quand on parle de coalition, en fait, il faut clarifier les choses.
04:41Non, c'est un gouvernement de colocation, encore une fois,
04:43parce qu'il n'y a pas eu d'autre possibilité,
04:47plutôt que de laisser une extrême gauche qui était à la fois délirante,
04:50dangereuse et démagogique dans le programme économique qu'elle proposait.
04:54Nous, nous sommes de droite, nous l'assumons,
04:56et nous avons des ministres qui travaillent aujourd'hui au sein de ce gouvernement.
04:59Moi, je pense que c'est surtout, en fait, la posture, j'allais même dire,
05:03la politique de François Bayrou, ou en tout cas, ce principe de liberté de parole
05:07accordé à tous, ce qui fait qu'aujourd'hui, on est dans une forme, en effet, de cacophonie,
05:10parce qu'il y a un peu un deux poids deux mesures.
05:12C'est-à-dire que quand des ministres de gauche, comme Agnès Pannier-Runacher, par exemple,
05:17critiquent la suppression de la circulaire valse par Bruno Retailleau,
05:21personne ne lui est tombé dessus.
05:22Quand Gabriel Attal, au mois de juin dernier, a dit, par exemple,
05:25qu'il n'y avait pas de projet de société commun possible avec LR...
05:29Enfin, il n'est pas membre du gouvernement, Gabriel Attal.
05:30Oui, enfin, il est ancien premier ministre.
05:32Oui, mais c'est la différence, c'est justement, c'est que lui, il est chef de parti,
05:35donc il a cette capacité de liberté de parole qu'aujourd'hui...
05:38On ne peut pas faire les deux, on ne peut pas être ministre de ce chef de parti.
05:40On peut le faire quand il y a une solidarité gouvernementale,
05:42mais quand on veut avoir une expression libre,
05:44quand on veut avoir une expression libre, effectivement, c'est plus difficile.
05:46Et c'est la différence peut-être entre Bruno Retailleau et Gabriel Attal.
05:49Là, honnêtement, ce n'est pas honnête ce que vous dites,
05:51puisqu'en fait, encore une fois, quand c'est des personnalités plutôt de gauche,
05:56comme Gabriel Attal, on sait bien qu'il vient de l'UNEF,
05:58comme Agnès Pannier-Runacher, qui est également de gauche.
06:02Honnêtement, personne ne leur tombe dessus.
06:04Aujourd'hui, Bruno Retailleau a appliqué le principe de liberté de parole
06:07et on considère aujourd'hui que c'est lui qui est à l'origine de ce chaos.
06:11Donc je trouve que Bruno Retailleau est tout à fait dans son droit.
06:13Ce qu'il a dit, il l'a toujours dit, que ce, en même temps,
06:15conduisait à une forme d'immobilisme, à une forme de nulle part
06:18et que ça empêchait tout simplement...
06:20Oui, mais là, il n'y a pas eu un désaccord de fond.
06:21Là, on est sur la forme.
06:22Il dit que c'est la fin du macronisme
06:24et que le « en même temps » ne fonctionne pas
06:26et qu'il est contrôlant maintenant.
06:28Sauf qu'aujourd'hui, il est ministre du « en même temps ».
06:30Il est ministre de cette macronisme et de ce dépassement.
06:33Donc c'est un peu incohérent.
06:34Mais s'il avait eu un désaccord, par exemple,
06:36je ne sais pas moi, sur la question des retraités,
06:39sur les 10% d'abattement, sur les jours fériés,
06:41là, ça peut s'entendre.
06:42Parce qu'il a une expression en tant qu'homme politique.
06:45C'est normal qu'il puisse avoir une expression.
06:46Moi, je voudrais encore une fois revenir à l'essence même
06:48de la participation de la droite au gouvernement.
06:50Il n'y avait aucune majorité à l'Assemblée nationale.
06:54La France était dans un paysage politique de Chouine.
06:54– Vous avez sauvé les macronistes en quelque sorte ?
06:56– Mais oui, la France était un champ de ruines.
07:01– Ça n'excuse pas.
07:02– Et pourquoi le président s'est tourné vers la droite ?
07:04Parce qu'encore une fois, nous étions les seuls
07:05à pouvoir discuter avec les autres groupes à l'Assemblée nationale.
07:08– Mais d'accord, mais rappelons, rappelons aussi.
07:11– Je dis même qu'aujourd'hui, c'est un gouvernement de colocation.
07:14Pourquoi ? Parce que toutes les personnalités de droite et de gauche
07:17ont pris aujourd'hui leur responsabilité
07:19pour travailler dans le sens de l'intérêt général.
07:21– Mais pourquoi en rajouter avec des petites phrases
07:23contre Emmanuel Macron ?
07:24– Mais c'est vous qui dites ça, parce qu'il l'a toujours dit qu'en fait…
07:27– Là, il décide de le redire.
07:29– Ça a été mis en exergue, oui, il l'a redit.
07:33– Oui, dans une interview en presse écrite, relue par le ministre.
07:36– On ne peut pas lui reprocher d'avoir la langue de caoutchouc.
07:38Honnêtement, Bruno Retailleau, il a toujours été constant dans ses convictions.
07:41– Est-ce qu'il assume véritablement sa position
07:43d'être à la fois dedans et dehors ?
07:45C'est-à-dire dehors, président des Républicains
07:46et peut-être candidat à l'élection présidentielle
07:48et dedans, obligé d'être quand même solidaire
07:51avec des gens qui ne pensent pas comme nous ?
07:52– Vous me posez la question, vous savez pourquoi ?
07:53Parce que, honnêtement, si il y a neuf mois,
07:56on avait refusé d'entrer au gouvernement,
07:58l'électorat de droite nous en aurait véritablement voulu.
08:00On ne pouvait pas se retirer sur notre aventin
08:02en étant spectateur de cette situation,
08:04alors que la France, encore une fois, était au bord du chaos
08:06avec une dissolution qui nous jetait dans l'inconnu
08:08et une situation budgétaire qui était assez gravissime.
08:11Et donc oui, encore une fois, nous avons pris nos responsabilités.
08:14– On va maintenant donner la parole à l'opposition,
08:17Romain Eskenazi, qui est député socialiste du Val-d'Oise.
08:20Bonsoir, que pensez-vous du spectacle offert
08:23par ceux qui sont censés gouverner ensemble,
08:27mais on l'a bien compris, n'ont pas les mêmes sensibilités politiques.
08:29Et d'ailleurs, Bruno Retailleau veut le faire savoir.
08:31– Bonsoir, je tiens d'abord à m'excuser
08:34de ne pas être présent physiquement sur votre plateau.
08:35Il se trouve que je préside une commission,
08:38une mission d'information sur la concurrence déloyale
08:40qui met à mal nos producteurs industriels et agricoles.
08:43Et je finissais l'audition à 17h,
08:44ce qui ne me laissait pas le temps de venir sur votre plateau.
08:46Donc je m'en excuse.
08:47Bon, moi, écoutez, ce jeu de petites phrases m'intéresse peu.
08:50Moi, j'ai beaucoup plus été interpellé
08:51par une autre ministre de droite du gouvernement,
08:54en l'occurrence, Mme Rachida Dati,
08:56qui a dit cette semaine, je cite,
08:57« j'accable les magistrats qui refusent de faire leur travail
09:00selon le code de procédure.
09:02Il marche sur les droits de la défense,
09:03prétend même des propos au procureur financier
09:07qu'il a dénoncés juste après.
09:09Moi, je vous avoue qu'en termes de déclarations
09:12de ministre de droite dissonantes
09:13avec ce que doit être non seulement l'unité d'un gouvernement,
09:17mais aussi le respect de l'État de droit,
09:19moi, j'ai été profondément choqué par ces propos.
09:21Et si vous me permettez, en quelques secondes,
09:23je voudrais profiter du temps d'antenne que vous me donnez
09:26pour apporter mon ancien soutien au magistrat.
09:28Rachida Dati est une justiciable comme une autre.
09:30Et en tant qu'ancienne garde des Sceaux,
09:32on aura entendu d'elle des propos qui soient un peu moins populistes.
09:36Et je pèse mes mots.
09:37Elle a tout à fait le droit de recours.
09:39Et le fait de discréditer ainsi l'ensemble de la magistrature
09:42qui font aujourd'hui leur travail dans des conditions financières
09:44et de moyens humains extrêmement difficiles,
09:46je trouve que ce n'est vraiment pas à la hauteur
09:48d'une ministre de la République.
09:50Donc, au-delà de cette phrase de Bruno Trio,
09:51qui est un homme de droite,
09:52qui a toujours assumé être un homme de droite,
09:54et je ne vais pas aller, moi, lui reprocher
09:56de contester en même temps.
09:57Pour moi, personnellement, on fait vivre la démocratie
10:00avec la différence entre la droite et la gauche
10:02sur le plan économique, sur le plan de la sécurité.
10:04– Vous êtes d'accord avec ça, finalement ?
10:06Vous êtes d'accord ?
10:06En fait, il faut revenir au clivage gauche-droite.
10:09– Moi, en tout cas, j'estime que ce clivage gauche-droite
10:12fait vivre la démocratie.
10:14Nous, on est assez cohérents.
10:15– Ça fait vivre la démocratie,
10:17mais quand je regarde les scores à la dernière présidentielle
10:21à la fois du candidat LR et de la candidate socialiste,
10:24on ne peut pas dire que ça a été un exploit.
10:26– Alors, sur les élections présidentielles,
10:29vous avez parfaitement raison.
10:30Il se trouve que c'est une élection extrêmement personnifiée
10:33et que les autres camps ont présenté aux Français
10:35des personnalités qui ont un peu plus suscité l'enthousiasme
10:38et qui avaient, je pense, beaucoup travaillé leur projet,
10:41ce qui était, et j'en fais mon mea culpa,
10:43pas forcément le cas des formations politiques classiques
10:46et traditionnelles.
10:47Mais quand vous avez un camp qui réclame plus de fiscalité
10:50pour les plus aisés, pour plus de services publics,
10:52et un autre qui assume moins de fiscalité
10:54quitte à faire moins de services publics,
10:56ça fait vivre la démocratie.
10:57Et donc, c'est vrai que dans ce cadre-là,
10:59en même temps, on a un petit peu du mal à comprendre
11:02dans quelle mesure ça peut donner un cap à la France.
11:05Donc moi, je crois, et je suis élu local depuis très longtemps,
11:07et je m'oppose, je suis chef d'opposition d'un maire LR,
11:10et on a des divergences, on se respecte dans nos divergences,
11:13dans ce cadre républicain.
11:14Donc moi, je ne vais pas aller reprocher à Bruno Rotailleau
11:17ces propos-là.
11:18Voilà, pour moi, ça ne fracasse pas la solidarité
11:21qui doit être celle du gouvernement.
11:22J'ai été beaucoup plus choqué et interpellé
11:24par les propos d'Adam Dati.
11:24– Vous l'avez dit, alors justement,
11:25on va écouter ce qu'a dit François Bayrou
11:26concernant Rachel Dati, parce qu'il a été interrogé
11:28sur le maintien ou non au sein de son gouvernement
11:31de la ministre de la Culture, renvoyé en correctionnel.
11:36– Le respect de l'institution judiciaire
11:38est évidemment très important,
11:41et je maintiens que ce respect est pour nous tous
11:46un devoir d'État.
11:48– Alors, il a dit ça, et puis avant cela,
11:51il a rappelé que lui-même avait quitté le gouvernement,
11:56il était garde des sceaux dans le premier gouvernement Macron,
11:59premier gouvernement Philippe, il était garde des sceaux,
12:02il avait quitté le gouvernement parce qu'il commençait
12:03à être mis en cause dans l'affaire des assistants
12:05parlementaires européens.
12:06Il l'a rappelé que lui, il était parti parce qu'il ne pouvait
12:09pas faire les deux.
12:10C'est un peu ambigu, sa réaction.
12:12Est-ce que c'est un message qu'il envoie à Rachel Dati ?
12:14– En tout cas, si c'est un message, ce n'est pas un message
12:16de soutien franc et massif, puisqu'à la fois sur le fond,
12:19c'est-à-dire cette position de rester au gouvernement,
12:21il marque ses distances, tout en rappelant quand même
12:24qu'il était garde des sceaux, c'est une position très particulière
12:26par rapport à la justice, alors que Rachel Dati,
12:29aujourd'hui, n'est que ministre de la Culture.
12:31Ça fait une différence de nature un peu entre les deux postes.
12:33Mais après, sur la manière qu'elle a employé pour se défendre,
12:36notamment la mise en cause des magistrats,
12:37là, il prend complètement ses distances et il déjuge sa ministre.
12:40On voit bien que la pratique de la politique,
12:43beaucoup plus chafouine, beaucoup plus rusée,
12:46beaucoup plus littéraire chez Bayrou,
12:47et beaucoup plus musclée, beaucoup plus vindicative
12:49chez Rachel Dati, ce sont deux esthétiques incompatibles.
12:52Ce n'est pas la même manière de faire de la politique
12:53et ce n'est pas le même rapport ni aux adversaires,
12:56ni à l'adversité en général.
12:57Donc il ne la soutient clairement pas.
12:59Si on compare, par exemple, avec le message immédiat de soutien
13:01de Gérald Darmanin à Rachel Dati,
13:03il y a un contraste très fort.
13:05– Quand même, c'est compliqué ce gouvernement.
13:06Donc on a une ministre qui va sans doute connaître un procès,
13:09là, dans quelques mois.
13:11Un autre qui fait part de ses ambitions personnelles
13:14et qui veut marquer sa différence.
13:15Et donc, bien sûr, la difficulté de faire passer un budget
13:18dans quelques semaines, quelques mois,
13:20ça commence à être compliqué pour François Bayrou.
13:22– Oui, et vous ajoutez à ça, vous pouvez ajouter à ça
13:24la campagne présidentielle qui s'approche.
13:26Alors il y a d'abord la campagne des municipales
13:28et ensuite la campagne présidentielle.
13:30Oui, c'est très compliqué et c'est d'autant plus compliqué
13:32qu'il est affaibli, François Bayrou.
13:33Il ne serait pas dans cette situation-là,
13:35il ne serait pas affaibli par cette possible motion de censure à l'automne.
13:38Ce serait plus simple pour faire régner, en tout cas,
13:41un semblant de calme sur ce gouvernement,
13:43même si, effectivement, c'est un gouvernement
13:46qui ne fait pas illusion dans sa cohésion.
13:49En tout cas, on voit bien que chacun fait en fonction
13:51de son propre poids politique,
13:53de sa propre volonté pour plus tard, pour l'avenir.
13:57Et donc, on est sur un gouvernement,
13:59de toute façon, de transition.
14:01On le savait depuis le début.
14:03Alors le gouvernement de Barnier a duré très peu de temps.
14:05François Bayrou, c'est presque un exploit qu'il soit encore là.
14:07On l'oublie, on est au mois de juillet.
14:09Il n'y a pas eu le budget entretences.
14:09Il est là depuis la mi-décembre.
14:13Il a l'art de durer.
14:14Il a l'art de durer dans cette période particulièrement instable, effectivement.
14:18Alors, je voudrais qu'on réécoute ce qu'a dit aussi Bruno Rotaillot
14:20cet après-midi.
14:21Il était en déplacement, là, en tant que ministre de l'Intérieur,
14:25mais il a de nouveau été interrogé sur ses propos
14:28et sur son intention de continuer à exister politiquement.
14:33La démarche que j'ai faite, que nous avons faite collectivement
14:36avec les six autres ministres et l'air d'entrée au gouvernement,
14:41qui a été encore une fois une décision non pas individuelle.
14:44Ça n'a pas été du démochage.
14:45Pas du tout.
14:46C'était collégial, collectif et réfléchi.
14:49Eh bien, cette décision, tant que cette mission que nous nous sommes donnée
14:52de stabilisation, de décisions qui sont conformes à l'intérêt national,
14:57conformes à des convictions,
14:59eh bien, tant que ces décisions iront dans ce sens-là,
15:01il n'y a pas de raison que je quitte le gouvernement.
15:03Si un jour, il y avait un obstacle, pour une raison ou pour une autre,
15:07j'en tirerais, bien entendu, les conséquences.
15:10Pas de raison de partir.
15:11Non. Et alors, comment on fait ?
15:13Donc, si Bruno Rotaillot quittait le gouvernement,
15:15il n'y aurait pas de budget de voter ?
15:16C'est-à-dire qu'ici, il ne partirait pas seul,
15:17il partirait avec les six autres, si je comprends bien.
15:19Évidemment.
15:19Pas les cinq autres.
15:20Et puis, il y a quand même un budget qui doit être voté
15:23par l'Assemblée nationale et le Sénat.
15:24On a déjà des désaccords.
15:26Alors, imaginez s'il a, pour le coup,
15:27on n'aurait même plus de majorité relative
15:29si Bruno Rotaillot quittait le gouvernement.
15:31Donc, il est en position de force,
15:32même par rapport à Emmanuel Macron.
15:33Mais il est en position de force
15:34parce que les choses ont été très claires depuis le début.
15:38Nous sommes là, nous, encore une fois, dans une colocation.
15:40Nous ne sommes pas là par soumission ou par adhésion.
15:43Nous sommes une droite indépendante.
15:45Et je pense que dans l'intérêt du débat démocratique demain,
15:47malheureusement, Emmanuel Macron a enfermé, en fait,
15:50le paysage politique dans un duel mortifère
15:52entre lui et les extrêmes.
15:53Demain, il faut qu'il y ait une droite indépendante
15:55pour incarner, justement, l'alternance au macronisme.
15:57Parce que c'est la stricte vérité
15:59qu'en 2027, Emmanuel Macron ne sera pas candidat.
16:01Et que les extrêmes n'ont pas de projet crédible pour la France.
16:04– Oui, mais il y a des candidats
16:05qui vont, dans ce camp macroniste, se déclarer.
16:09– Bien sûr, mais est-ce que d'ailleurs, par hasard,
16:12est-ce que ce qui ne gêne pas aujourd'hui,
16:14c'est que la droite retrouve un peu des couleurs
16:16et que la droite est en train de renaître
16:17et qu'on nous avait un peu enterrés
16:19et qu'aujourd'hui, c'est vrai qu'il est le ministre
16:20le plus populaire.
16:22– Oui, non, mais encore une fois,
16:24on nous avait enterrés un peu tôt.
16:25Aujourd'hui, la droite renaît de ses cendres, j'allais dire,
16:28et qu'on a une incarnation.
16:29Parce qu'on souffrait d'un manque d'incarnation.
16:31Aujourd'hui, on a une incarnation,
16:32on va avoir notre projet pour la présidentielle
16:34et que sans doute, c'est vrai que ça complique les choses
16:36pour pas mal de partis politiques, je pense.
16:39– Mais on voit quand même qu'Emmanuel Macron,
16:41politiquement, est très affaibli
16:42parce que s'il était beaucoup plus fort,
16:45il aurait viré Bruno Rotaillot.
16:47Il aurait dit de partir.
16:49– Là, aujourd'hui, il n'est pas question à la fois de démission…
16:50– J'imagine, en période de cohabitation,
16:53on en a connu avec François Mitterrand,
16:55avec Jacques Chirac,
16:57si jamais un ministre…
16:58– Attendez, c'est pas simple.
16:59– Si un ministre de cohabitation avait dit ça du président,
17:03il aurait été dégagé.
17:04– Un ministre démissionne
17:06sur proposition du Premier ministre.
17:07– Oui.
17:08– En cohabitation, le Premier ministre
17:09protège ses ministres contre le Président.
17:12Alain Duhamel, dans Midi Libre, aujourd'hui,
17:13rappelle que Charles Pasqua,
17:15sous la première cohabitation,
17:16ne se privait pas de pique contre François Mitterrand.
17:18Et il était protégé par Jacques Chirac, Premier ministre,
17:21et aussi par son lien personnel d'ancien résistant
17:23avec François Mitterrand.
17:25Vous voyez, c'est plus subtil en cohabitation.
17:26Dans un gouvernement uniforme, sans cohabitation,
17:30alors là, ce genre de sortie, c'est direct la porte.
17:32– C'est direct la porte, vous êtes d'accord ?
17:33– On a un exemple récent,
17:34enfin, dont on se souvient,
17:35c'est Arnaud Montebourg,
17:37qui part en guerre contre Hollande,
17:38son président qu'il a nommé,
17:39il est viré dès le lendemain.
17:40Et par qui il est remplacé ?
17:41– Avec la fameuse cuvée du redressement
17:43brandie devant les caméras.
17:43– Et par qui est-il remplacé en août 2014 ?
17:46– Par un certain Emmanuel Macron.
17:47– Voilà.
17:48– Donc, je repose ma question.
17:49– Le destin est ironique.
17:50– Emmanuel Macron devrait demander
17:53à Bruno Retailleau de partir.
17:54– En fait, il n'est pas question à la fois
17:55de virer, ni de démissionner
17:57de la part de Bruno Retailleau.
17:58Personne ne demande la démission
17:59de Bruno Retailleau.
18:00La réalité, c'est que c'est un bon ministre
18:02de l'Intérieur.
18:03– Ah ben voilà, c'est bien
18:04ce que vous disiez, pas ça ce matin.
18:06Vous disiez qu'il manquait de résultats.
18:07– Je vous invite à écouter
18:08parce que j'étais sur BFM.
18:09– Certains de vos collègues disent
18:10qu'il manque de résultats.
18:11– Et j'ai dit,
18:11mais moi je dis juste
18:13que ça fait dix mois
18:14qu'il nous promet de rétablir l'ordre.
18:17– Mais en dix mois,
18:18on sait qu'on peut renverser la table,
18:19il n'y a pas de paquette magique.
18:20– Priorité deux, rétablir l'ordre.
18:22– Et vous le trouvez pour l'instant,
18:23ce n'est pas le cas ?
18:23– Bon, ça fait dix mois.
18:25Voilà, chacun jugera.
18:26– En dix mois,
18:27ça fait sept ans qu'on est dans l'opposition.
18:28– Je soutiens les membres du gouvernement,
18:30quels qu'ils soient,
18:30et en l'occurrence Bruno Retailleau,
18:32moi je trouve qu'il fait le job.
18:34Il n'y a pas encore de résultats,
18:35mais il fait le job.
18:37Et maintenant,
18:37on ne demande pas sa démission.
18:38– C'est quand il sort de son domaine ministériel.
18:40– On demande juste,
18:41en dehors de ça,
18:42qu'il puisse effectivement
18:42respecter la cohésion gouvernementale
18:44et qu'il ne fasse pas de déclaration
18:47qui divise en fait
18:48le socle commun qui est fragile.
18:50On le sait très bien,
18:50le socle commun,
18:51il ne s'est construit effectivement
18:52pas sur une adhésion,
18:53mais sur une nécessité
18:55d'avoir un budget cohérent
18:57pour la nation
18:58et de faire en sorte
18:58d'avoir une majorité
18:59qui est très relative,
19:01qui est quasi inexistante
19:02à l'Assemblée nationale,
19:03qui s'appuie beaucoup sur le Sénat.
19:04Et Annette Sévren et moi-même,
19:05nous le savons parfaitement.
19:07Et donc oui,
19:07on est en capacité aujourd'hui
19:08d'avoir un budget
19:09grâce à cette coalition.
19:11Maintenant, effectivement,
19:12cette coalition,
19:12elle est fragile.
19:13Il faut faire attention
19:13à ne pas la diviser.
19:14– Merci à tous.
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